29 novembre 2009

JAMES : Village fire


Acquis à La Clé de Sol à Reims en 1987 ou 1988
Réf : 80198 -- Edité par Virgin/Factory en France en 1985
Support : 45 tours 30 cm
Titres : What's the world -- Folklore -- Fire so close -/- If things were perfect -- Hymn from a village

Au début, je suis resté volontairement à l'écart de James. Je les voyais en couverture des hebdos anglais, je lisais leurs interviews et je voyais leurs photos, où ils étaient habillés de trucs en tissu à fleurs et je me disais que c'étaient des néo-hippies à fuir. Ce que j'ai fait pendant un certain temps, donc, jusqu'à ce que je trouve, dans les fameux bacs à soldes du passage du vinyl au CD à La Clé de Sol, ce maxi et Stutter, le premier album de James, à 10 francs pièce. Ne pouvant résister à une bonne affaire, je les ai pris, et je n'ai pas regretté. Après, j'ai acheté Strip-mine au prix fort, attendu la sortie de One man clapping et grosso modo acheté toutes les productions du groupe jusqu'à la sortie de Gold mother en 1990.
Ce maxi Village fire est une réédition des deux premiers 45 tours de James sortis chez Factory, Jimone en 1983 et James II en 1984, diffusée opportunément à peu près au moment de la sortie du premier album chez Blanco Y Negro/Sire. Le titre général du EP a sûrement été composé à partir de deux mots pris dans les titres des chansons. Le disque lui-même est un sans faute.
What's the world est le titre qui montre la plus grande proximité avec les Smiths. Les deux groupes de Manchester ce sont beaucoup côtoyés, James a eu l'occasion d'ouvrir pour eux et Tim Booth a pu en partie influencer Morrissey. A l'époque de Meat is murder, les Smiths iront jusqu'à en faire une reprise sur scène, dont une version est sortie en face B de la version cassette du single I started something I couldn't finish.
Folklore sonne justement très folk, avec la basse qui emmène et les voix en chorale, que pour le coup on imaginerait entendre autour d'un feu de camp rassemblant la population d'un village.
Fire so close est un titre rapide et percussif, un peu à la Feelies des débuts. Sur Stutter, cette chanson a été ralentie, enregistrée en acoustique et est devenue Why so close, mais je préfère cette version échevelée et je suis d'accord avec Jasonaparkes qui dit que ça anticipe quelque peu le son des premiers Happy Mondays.
Sur l'autre face, on a l'impression que James a à peu près fixé son style avec If things were perfect. Il me semble que cette chansons aurait pu être enregistrée telle quelle par le groupe à tout moment dans les dix années suivantes.
Quant à Hymn from a village, c'est à nouveau une chanson rapide, la basse et la guitare ayant un petit côté June Brides à mes oreilles que je n'aurais pas décelé à l'époque. Parait-il que ça reste la chanson préférée des membres du groupe. Je n'avais jamais trop fait attention aux paroles, si ce n'est à la phrase "Oh go and read a book, it's so much more worthwile.", mais je viens de les lire pour la première fois et de découvrir à cette occasion qu'elle s'attaque aux mauvaises chansons : "This song's made up, made second rate. Cosmetic music, powderpuff, pop tunes, false rhymes, all lightweight bluffs. Second-hand ideas, no soul, no hate. Wasn't meant to be built on complacency".
Comme pour les Smiths, j'ai probablement raté des occasions de voir James en concert à Londres en 1983-1984. Je ne les ai pas vus non plus à l'époque de Stutter ou de Strip-mine. Quand j'ai fini par enfin assister à l'un de leurs concerts, c'était trop tard pour moi, et surtout dans de mauvaises conditions, puisque c'était le 7 décembre 1991 dans la salle omnisports de Rennes à l'occasion des Transmusicales. Grande salle, foule immense, soirée de toute façon marquée par le concert de Nirvana, qui était au même programme (!). Je n'ai quasiment pas de souvenirs de la prestation de James, sinon que je redoutais que tout le monde s'assoie au moment où ils joueraient leur tube Sit down, comme c'était l'habitude en Angleterre. Ça aurait encore fait trop hippie pour moi, mais finalement je ne crois pas que c'est arrivé.

Les cinq titres de Village fire figurent en ouverture de la compilation double CD The complete singles collection 1983-2007, dont le titre est trompeur car il y manque au moins deux singles sortis chez Rough Trade, mais on y reviendra.

28 novembre 2009

FRANÇOISE HARDY : Comment te dire adieu


Acquis sur une bourse aux disques à Châlons-sur-Marne à la fin des années 1980
Réf : EPL 8652 -- Edité par Vogue en France en 1968
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Comment te dire adieu -- Il vaut mieux une petite maison dans la main qu’un grand château dans les nuages -/- Suzanne -- L'anamour

40 francs. C'est ce que j'ai payé pour acheter ce disque à un professionnel lors d'une bourse aux disques dans le hall des expositions de Châlons. Pendant longtemps, ça a été le prix le plus cher que j'ai payé pour un 45 tours d'occasion, et de loin. Plus récemment, il a dû m'arriver très ponctuellement de payer plus cher que ça, en euros et port compris, mais c'est rare.
C'est dire que je tenais absolument à me procurer ce 45 tours. A commencer par la pochette, que j'avais dû voir reproduite dans Rock & Folk, avec cette grosse guitare noire que tient Françoise Hardy et qui semble beaucoup trop grande pour elle. Et puis il y a Comment te dire adieu, le tube repris d'un instrumental avec des paroles de Gainsbourg, mais aussi la version originale de L'anamour, de ce même Serge Gainsbourg. Cerise sur le gâteau, on trouve ici encore une reprise de Suzanne de Leonard Cohen, dans la traduction de Graeme Allright.
Un seul défaut à ce disque, sa quatrième chanson, avec son titre à rallonge que je ne rappelle même pas. Disons que c'est juste de la guimauve à cordes aussi mauvaise que le titre le laisse craindre et que ses auteurs Jean-Max Rivière et Gérard Bourgeois ont fait mieux par ailleurs, pour Brigitte Bardot notamment avec La Madrague ou Moi je joue.
Comment te dire adieu fait partie de mes chansons favorites de Françoise Hardy, avec un petit nombre d'autres comme Le temps de l'amour, Et si je m'en vais avant toi et Je n'attends plus personne. En fait, cette chanson n'est entachée que d'une seule petite ombre : elle est sensé être une reprise. Sensée je dis bien, car, s'il s'agit effectivement d'une adaptation française de It hurts to say goodbye, chanté par Vera Lynn en 1954, on a malgré tout à faire ici à l'un des exemples assez rares d'une reprise en tout point supérieure à la version originale, aussi bien pour ce qui concerne l'arrangement musical que des paroles d'un Serge Gainsbourg à son meilleur.
Pour l'arrangement, j'ai un doute que mes recherches aujourd'hui ne sont pas parvenues à dissiper : il est tellement éloigné de la ballade sirupeuse originale que je me demande s'il n'y a pas eu entre-temps une autre version anglaise plus rythmée. Quant aux paroles, tout le monde ou presque connait la performance en "ex" réalisée par Gainsbourg. Sans rentrer dans les détails, il suffit de voir qu'au lieu de traduire directement le titre, Ça fait mal de se dire adieu (d'ailleurs, les paroles originales font explicitement référence à un éloignement passager de deux amoureux), il le suggère en en montrant les conséquences ("Sous aucun prétexte je ne veux devant toi surexposer mes yeux, derrière un Kleenex je saurais mieux
comment te dire adieu.").
Apparemment, c'est Françoise Hardy qui a eu l'idée de cette reprise, et en plus de lui fournir les paroles adaptées de Comment te dire adieu, Gainsbourg lui a aussi proposé une de ses nouvelles chansons L'anamour. Là encore, il s'agit de l'une des plus grandes réussites du parolier Serge Gainsbourg. J'adore les rimes qui alterne les i et les a (hélices/hélas, Asie/asa) et elles fonctionnent à la perfection même quand justement ce ne sont pas de vraies rimes (transistors/étrange histoire). Et puis, il y a le mystère de ces paroles, qu'il est impossible d'interpréter de façon univoque. Le mot "L'anamour" est étrange. Je le prends moi pour une version gainsbourienne de "L'amour" en javanais, en écho à sa propre Javanaise bien sûr, même si je sais que techniquement ce n'est pas du javanais. Pour les reste des paroles, il est question de portes, de transat, d'un commissariat. Il est aussi surtout question en passant de pavés, en 1968, et de grains de pavot, en pleine hippietude, qui peuvent en partie justifier le nonsense pervasif des paroles.
J'ai juste un petit problème avec cette version originale de L'anamour : je lui préfère la version qu'en a donné Serge Gainsbourg l'année suivante sur l'album Jane Birkin-Serge Gainsbourg. J'aime mieux l'arrangement presque psychédélique, justement, et l'orgue groovy de l'orchestre d'Arthur Greenslade, et j'aime aussi mieux le chant, toujours un peu détaché, de Serge Gainsbourg, mais c'est peut-être parce que j'ai d'abord connu et aimé la version de Gainsbourg avant d'écouter celle de Françoise Hardy.
La version de Suzanne est elle plutôt réussie. C'est une chanson qui convient bien à la voix de Françoise Hardy. L'arrangement est assez proche de la version originale, avec une guitare rythmique acoustique et des cordes qui savent rester discrètes.
Au bout du compte, on a quand même ici un disque presque parfait. Je me dis que si Mademoiselle Hardy y avait glissé à la place de la quatrième chanson, allez, pas complètement au hasard, une reprise en français d'une chanson des Rolling Stones (Lady Jane ?, Ruby Tuesday ? No expectations ?) c'eut été un sans faute !





Suzanne
par Françoise Hardy, pas dans la version du disque, avec des choeurs à la Leonard Cohen. Quelqu'un connait les deux guitaristes à lunettes sombres ?



Ecouter L'anamour par Françoise Hardy. Voir L'anamour par Serge Gainsbourg.

22 novembre 2009

PATSY CLINE & DR. HERMAN : Saw-blade # 6



Acquis par correspondance chez Glitterhouse en Allemagne en novembre 2009
Réf : TRAGEDY EIGHTY SIX (MT-248) -- Edité par Musical Tragedies en Allemagne en 1994
Support : 45 tours 17 cm
Titres : PATSY CLINE : Honky tonk merry go round -/- DR. HERMAN + LES JEUNES HOMMES DU VACHE : Kiss

Je cherchais quelques disques pour boucler une commande chez Glitterhouse et, en regardant leurs offres spéciales, je suis tombé une fois de plus sur ce 45 tours split de Patsy Cline et Dr. Herman soldé à 1 €. Ça fait bien un an qu'il traîne là dans ce bac à soldes virtuel mais cette fois-ci je me suis décidé à le mettre dans mon panier, peut-être parce que j'ai noté que le 45 tours en question avait une forme découpée.
Cette série de 45 tours en forme de scie circulaire du label Musical Tragedies existe depuis 1992. Plus de trente titres ont été publiés et le choix d'artistes est des plus éclectiques, des groupes actuels associés à des vieilles gloires, des gens bruyants et des crooners, ça fait un panorama intéressant. Citons Mudhoney et Gas Huffer, sur le premier disque, mais aussi Lee Ranaldo, Cher, Suicide, Philip Boa, D.O.A., Frank Zappa, Die Toten Hosen, Captain Sensible, etc.
A l'origine, ces disques étaient découpés avec une machine spéciale dans une usine de pressage. Quand celle-ci a fait faillite, Musical Tragedies a été jusqu'à racheter la machine pour presser ses disques, au risque de doigts presque coupés et de pouces bleuis par les pinçons. Cette machine est désormais au rencard et le label utilise désormais un procédé jalousement gardé secret pour produire ses scies musicales un peu spéciales.
Ce disque-ci, les responsables du label l'appellent la scie country. Honky tonk merry go round date de la toute première session d'enregistrement de Patsy Cline le 1er juin 1955, même si le titre n'a été édité qu'en 1957 sur le EP Songs by Patsy Cline, après que Cline ait enfin trouvé le succès avec Walking after midnight.
Dans l'esprit honky tonk, la chanson est enlevée, avec une basse bien marquée et le violon et la steel guitar qui se répondent. Le chant de Cline est énergique, un peu comme celui de son amie June Carter.
Dr. Herman se fait aussi appeler, entre autres, Herman Herrmann. Il a joué avec les groupes Britta, Die Regierung et Die Lassie Singers et a aussi fait pas mal de production. Ceci est l'un de ses rares enregistrements en solo, sorti alors qu'il était membre des Lassie Singers. Le groupe qui l'accompagne est bizarrement nommé Les Jeunes Hommes du Vache. Je ne sais pas où ils ont été cherché ça : c'est peut-être lié au pseudo de l'un des musiciens, Delford "Tin Tin" LaVache, mais en tout cas, ça me fait penser à l'acronyme des australiens de C.O.W. (Country Or Western), qui faisaient aussi dans la country décalée.
Comme je l'avais espéré en voyant le titre de la chanson, Kiss est bel et bien une reprise du classique de Prince, dans un style country acoustique. C'est sympathique, pas aussi radical et très différent de la version d'Age of Chance, mais ça prouve une fois de plus qu'une bonne chanson résiste à tous les traitements musicaux.
L'édition "normale de ce disque", tirée à 500 exemplaires, est en vinyl jaune, mais il y en a eu 100 de plus pressés par erreur en noir. Visiblement, Glitterhouse a récupéré une partie du stock "défectueux" car mon exemplaire est en noir...

21 novembre 2009

AIMABLE : Main dans la main


Acquis chez Maman Dodu à Louze le 21 novembre 2009
Réf : [sans] -- [Extrait du double 33 tours 28 tubes, référence 404524, édité par Vogue en France en 1980]
Support : 1 fichier MP3
Titre : Main dans la main

Une fois de plus, ça m'apprendra à tergiverser. Mais bon, autant pour Bo Diddley, dont je savais qu'il était âgé et malade, j'ai pu regretter de n'avoir pas chroniqué un de ses disques avant sa mort, autant pour Jacno je n'ai pas trop à avoir de regrets car je ne m'attendais pas à ce que sa mort survienne aussi peu de temps - relativement - après sa naissance.
Quand même, ça m'énerve car ces deux ou trois dernières années, j'ai sorti plusieurs fois son premier disque, celui avec Rectangle, dans sa superbe édition originale en maxi 45 tours sur disques Dorian, pas la réédition chez Celluloid en 33 tours avec un titre en plus, avec l'idée d'en parler ici. Je ne l'ai finalement pas fait, et toujours pas non plus la semaine dernière, malgré mes hésitations, notamment car je n'aime pas trop faire dans la nécrologie. Ce sera sûrement pour plus tard.
Pour ce qui concerne Aimable, je croyais y avoir fait allusion quand j'ai chroniqué son EP de reprises de Françoise Hardy, mais apparemment non : vers 86-87 j'avais emprunté à ma mère un de ses albums pour en extraire une version de Could you be loved de Bob Marley, que j'avais programmée dans Rock Comptines, au grand dam de Phil Sex il me semble me souvenir.
Ce disque, je suis retombé dessus aujourd'hui en fouinant chez ma maman et j'ai été surpris de redécouvrir que, outre celle de Marley, il ne contient que des reprises (28 tubes, c'est son titre !), avec une sélection très éclectique des succès de l'année 1980, de Bécassine c'est ma cousine à Food (for thought) de UB 40 en passant par La salsa de Lavilliers et T'es OK, t'es bath, t'es in.
Mais ce qui a attiré mon attention, vu les tristes circonstances, c'est la présence en fin de face C d'une version du premier 45 tours d'Elli et Jacno, Main dans la main, dont j'avais complètement oublié l'existence.
Grâce à une mini-chaîne, de piètre qualité, certes, mais pratique car elle comporte un tourne-disques mais aussi une prise USB et une fonction d'enregistrement direct sur support numérique, j'ai pu en un tournemain enregistré ce morceau, le voici :

Qui sait, si Jacno n'avait pas produit Amoureux solitaires de Lio (une excellente chanson signée Elli et Jacno), qui est devenu un énorme succès, peut-être que c'est Main dans la main qui se serait bien vendu à sa place. Après tout, après le succès de Rectangle, Jacno avait la cote et il a utilisé sa recette d'une new wave minimaliste et géométrique pour les deux chansons.
Oui mais voilà, Amoureux solitaires a été enregistré d'abord, en juin 1980, juste avant Main dans la main (juillet à septembre) et Lio avait aussi une énorme cote après l'énorme succès du Banana split. Lio a donc touché à nouveau le gros lot, tandis que le premier disque d'Elli et Jacno ne se vendait que très parcimonieusement. En fait, Elli et Jacno n'auront jamais de grand succès ensemble et Elli devra attendre son premier disque solo pour avoir finalement droit à son tube, Toi mon toit.
Si Aimable a sélectionné Main dans la main pour l'insérer dans son album, ce n'est donc pas à cause de sa popularité, c'est parce qu'Aimable était signé chez Vogue, tout comme Elli et Jacno. Les deux versions ont d'ailleurs été enregistrées au même endroit, les studios Sidney Bechet de Vogue à Villetaneuse.
Chose assez rare pour ce genre de disque, les musiciens ayant participé à l'enregistrement de l'album d'Aimable sont en photo sur la pochette intérieure du double album. Je n'ai relevé qu'un seul nom de ma connaissance, celui de Léo Petit à la basse.
A près de vingt ans d'écart, il y a quand même une certaine logique à voir Aimable reprendre Tous les garçons et les filles de Françoise Hardy puis Elli et Jacno. Après tout, les paroles de Françoise Hardy contiennent aussi l'expression "Main dans la main" et ce n'est sans doute pas un hasard car en 1980 il était impossible de lire un article sur Elli et Jacno sans voir mentionner leur admiration pour le travail de Françoise Hardy, qui au bout du compte signera les paroles de Tant de baisers perdus, le premier 45 tours solo de Jacno.
Quant à la version d'Aimable, elle substitue certes de l'accordéon à une partie des synthés, et elle est un peu plus "dansante", mais elle n'est pas très éloignée de l'instrumental de la version originale. Tiens, elle aurait fait un bon générique pour Platine 45 !

15 novembre 2009

BRENTON WOOD : Gimme little sign


Acquis sur le vide-grenier de la rue de la Chaude Ruelle à Epernay le 11 novembre 2009
Réf : AZ 10 340 SG 8 -- Edité par Disc AZ en France en 1967
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Gimme little sign -/- I think you've got your fools mixed up

Le vide-grenier de la rue de la Chaude Ruelle à Epernay est généralement une date importante : il est grand et sympa et il marque la fin de la saison : pour le reste de l'automne et pour l'hiver, il n'y a plus ensuite que des rendez-vous de taille réduite avant tout fréquentés par des professionnels.
Cette année, il ne pleuvait pas, c'est déjà ça. J'ai eu l'impression d'y faire de moins bonnes affaires que d'habitude, mais au bout du compte, je suis rentré avec six 45 tours, principalement années 60, avec de grands noms du rock (Jimi Hendrix, les Doors et le MC5, avec des disques en mauvais état pour ces deux derniers, quand même) et puis surtout, il y eu ce 45 tours de Brenton Wood, le dernier trouvé ce jour-là et de loin le plus intéressant.
Brenton Wood, ce nom m'était absolument inconnu. Je trouve que la maquette de la pochette ne fait pas trop rhythm and blues, mais je me suis quand même arrêté sur ce disque car le titre, Gimme little sign, avec sa faute d'orthographe (Il manque l'article "a"), me disait quelque chose. J'étais sûr d'en connaître une version par Lambchop, dans la lignée de leurs reprises soul de Frederic Knight (I've been lonely for so long) ou de Curtis Mayfield (Give me your love).
J'étais persuadé que cette reprise par Lambchop était sur l'un de leurs disques. J'ai vérifié vite fait, mais non. Et sur internet, aucun résulat dans les discographies, mais une trace qui prouvait que j'avais inclus ce titre dans une de mes playlists en 2002 ! En fait, il est probable que Lambchop a repris cette chanson assez rarement sur scène, mais ils l'ont fait au Belcourt Theater de Memphis le 27 mars 2000, très probablement avec James McNew de Yo La Tengo au chant, si j'en crois cette interview. J'avais dû récupérer un MP3 extrait de ce concert et le trouver assez bon pour le mettre dans l'une de mes compilations mensuelles.
Celui-ci est le premier des 45 tours de Brenton Wood édités en France. C'est aussi son plus gros succès aux Etats-Unis (n° 9 au hit-parade), l'autre étant The oogum boogum song. Les hits se sont malheureusement arrêtés assez vite pour Brenton Wood. Il n'enregistre plus, mais chante encore ponctuellement.
Gimme little sign est une excellente chanson. Elle vous prend tout de suite à la gorge, avec ses deux voix qui ouvrent le titre, sans introduction musicale. La batterie est sèche et énergique, la basse est souple, les cuivres sont discrets mais bien présents, le refrain est accrocheur, le chant est parfait et il y a même un solo réussi, de synthétiseur ou au minimum d'orgue trafiqué (On est en 1967 et les synthés étaient rares). Tout ça en 2'14. Cool.
La face B, You got your fools mixed up, n'est pas mal non plus. Elle est plus lente, mais cette fois une guitare au son cristallin est bien mise en valeur.
Voilà une très bonne façon de boucler la saison des vide-greniers, et si vous voyez d'autres 45 tours de Brenton Wood pas chers et en bon état, n'hésitez pas à me faire un petit signe !

Une version de Gimme little sign en direct à la télé américaine pour l'émission Playboy after dark.
On peut aussi écouter la version du 45 tours ou regarder une autre version en direct à la télé, en Angleterre pour Top of the Pops en 1968.

14 novembre 2009

JACQUES HIGELIN : Pars


Acquis chez Emmaüs à Tours-sur-Marne vers le début des années 2000
Réf : JBPAT 600.219 -- Edité par Pathé en France en 1978 -- Tirage limité - Vente interdite au public - Réservé aux exploitants des juke-boxes
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Pars -/- Denise

Le principe de ce blog c'est que je chronique des disques qui m'appartiennent, en espérant les conserver une fois qu'ils sont chroniqués. Mais en plus de trente ans d'acquisitions de disques, il y en a un certain nombre, très minoritaire certes, que j'ai eus mais que je n'ai plus. Soit que je les ai perdus, donnés, prêtés et pas récupérés. Il y en a même quelques-uns que j'ai été assez bête pour revendre, comme le Physical world EP de The Sound ou l'édition chez Wessex de The odd man out des Teenage Filmstars.
J'avais envisagé à un moment de créer une rubrique spéciale pour parler de ceux de ces disques "disparus" que je regrette, mais j'ai renoncé car j'ai bien assez de matière avec ceux qui me restent ou que j'acquiers au fil du temps. En tout cas, parmi ces disparus, j'aurais fait figurer l'album No man's land de Jacques Higelin, dont ce 45 tours est extrait.
LienHigelin, c'est à part Ange le seul français que je retrouvais presque systématiquement dans les collections de disques des voisins et copains de lycée un peu plus âgés vers 1976-1977. Il était alors peu question des disques de la période Areski-Fontaine, mais les trois albums BBH 75, Irradié et Alertez les bébés étaient présents un peu partout (Et on se repassait le mot : "Oui, regarde, là, au dos de la pochette d'Irradié, c'est bien Louis Bertignac de Téléphone").
Higelin a été important pour moi vers 1978. J'ai écouté les disques des copains, bien sûr. J'ai vu sa prestation dans l'émission Chorus d'Antoine de Caunes. J'ai acheté No man's land à peu près au moment de sa sortie, ce qui est loin d'être anodin car c'est la seule fois que c'est arrivé pour moi pour un album d'Higelin, mais surtout, à 15 ans je n'avais pas les moyens d'acheter beaucoup de disques et No man's land est peut-être l'un des dix ou vingt premiers 33 tours que j'ai achetés.
Encore plus important : le tout premier vrai concert rock auquel j'ai assisté, si mes souvenirs sont bons, est un concert de Jacques Higelin, au Palais des Fêtes d'Epernay, en 1978 je pense, mais peut-être plutôt à l'automne qu'au printemps.
Avant ça, j'avais vu des groupes sur scène, dont Martin Circus, à la Foire-Exposition de Châlons ou sur les podiums d'été d'Europe 1 ou du Tour de France, mais là, pour Higelin, on était partis pour Epernay à quatre ou cinq en 4L, avec un copain qui avait le permis, donc. Je n'en suis plus certain, mais je pense bien que mon copain Bruno était de la partie et que c'est lui qui m'avait entrainé dans cette aventure.
Je ne garde aucun souvenir de la prestation d'Higelin elle-même. Mon seul souvenir précis, c'est avant de rentrer dans la salle. On attendait dehors. C'était sûrement mal organisé car on a attendu longtemps et il y avait beaucoup de monde. Quand enfin le public a pu rentrer un par un en montrant son billet, ça a poussé tellement fort qu'une des portes en verre a éclaté : pas de blessé, mais ceux qui étaient tout près se sont retrouvés avec plein d'éclats de verre dans le dos et le pantalon...
Quant à mon exemplaire de No man's land, je l'ai prêté vers 1980-1981 à l'un des membres du groupe Ouane Brothers Band, sûrement Hervé, le chanteur.
Les Ouane donnaient dans le rock sudiste, à fond, avec drapeau de la confédération en fond de scène et tout. Pour ma part, je n'ai jamais acheté le double live One more for the road de Lynyrd Skynyrd, qui était leur disque de référence, mais j'appréciais vraiment leurs versions de Sweet home Alabama et Free bird (Les Ouane n'ont jamais fait de disques mais ont longtemps joué autour de Châlons, et ils avaient un vrai groupe de fans qui les suivaient), et surtout, j'ai passé un grand nombre de bonnes soirées à faire la fête avec eux dans leur local de répétition, vers Fagnères.
Le groupe n'existe plus depuis longtemps, mais au moins trois des anciens membres du groupe constituent depuis plus de quinze ans la cheville ouvrière de l'association qui organise le festival Les Moissons Rock à Juvigny.
Toujours est-il que mon album d'Higelin, je l'ai réclamé et réclamé pendant des mois, jusqu'à ce qu'un jour, dans la salle à manger de mes grands-parents, deux des Ouane finissent par m'avouer que le pauvre exemplaire de No man's land n'existait plus, qu'il avait été cassé au cours d'une déconnade, en servant de frisbee ou quelque chose de ce genre. Sur le coup, je croyais qu'ils me faisaient marcher, mais non, il a bien fallu me rendre à l'évidence que je ne reverrais pas mon disque...


Ce 45 tours sans pochette, je l'ai acheté surtout parce qu'il était hors commerce.
Pars a été le petit tube de cet album. C'est une chanson que j'aime bien, de l'intro au motif musical au synthé et à l'accompagnement à l'accordéon. Il n'y a que le couplet sur "- Mais, et l'enfant ? - L'enfant ? , mais il est là, il est avec moi" qui m'irrite toujours un peu, avec son côté "Mon fils, ma bataille". J'aime bien aussi la reprise qu'en a fait Grace Jones en 1980 sur l'album Warm leatherette.
Denise, c'est la double face B : cette chanson se trouvait déjà fin 1977 au dos du 45 tours, Jaloux d'un rêve, issu des mêmes sessions que l'album mais qui n'y a pas été inclus (du coup, je ne l'ai jamais entendu). Denise est sur l'album, par contre, et aussi en face B de ce 45 tours réservé aux juke-boxes (Je ne crois pas qu'il y en a eu de version commercialisée).
Denise, c'est Higelin qui fait du rock. Et en général, Higelin qui fait du rock, c'est avant tout du bon vieux boogie auquel il ajoute bien sûr sa touche personnelle, son lyrisme, son abattage, son grain de folie. C'est encore plus évident dans le document ci-dessous, la version live enregistrée lors de la fameuse émission Chorus que j'ai vue à l'époque. Le groupe avec ses trois guitares reste bien sagement aligné à l'arrière pendant que le chanteur fait son grand Jacques, face à un public du Théâtre de l'Empire très surprenant : vu son âge et son attitude, on a bien l'impression qu'il s'agit du public familial de L'école des fans arrivé en avance pour réserver sa place et qui est médusé par cet extraverti.
N'empêche, en y réfléchissant bien, sans trop déconner et sans que les chansons se ressemblent vraiment musicalement, je trouve qu'il n'y a pas si loin dans l'esprit de la Gabrielle de Johnny en 1976 à la Denise d'Higelin en 1977. Est-ce qu'Higelin a voulu s'amuser à décalquer Gabrielle, à la transposer à sa façon ? Est-ce que c'est inconscient ? En tout cas, Johnny a peut-être raté une bonne occasion de faire la fortune d'Higelin en n'incorporant pas Denise à son répertoire, alors que cette chanson aurait très bien pu lui convenir.

PS : Pour être complet, je précise que j'ai récupéré ces dernières années un autre exemplaire de No man's land. Aussi chez Emmaüs, je crois, contrairement à d'autres albums d'Higelin qui m'ont été légués par des amis qui se débarrassaient de leurs vinyls.

Ajout du 30 décembre 2009 :

En rangeant mes archives, je suis tombé sur cet article de L'Union annonçant un concert du Ouane Brothers Band à Châlons le 28 mai 1983, avec une photo du groupe, prise dans une maison à pans de bois typiquement champenoise, mais vu le look du groupe, on pourrait quand même presque se croire dans le sud des Etats-Unis !

11 novembre 2009

RON CAPONE AND HIS ORCHESTRA : Gloo gloo water trumpet


Acquis sur le vide-grenier de Mutigny le 1er novembre 2009
Réf : 86 027 -- Edité par Ami en France vers 1972
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Gloo gloo water trumpet -/- Black soul train

Le vide-grenier de Mutigny, petit village perché sur la "montagne de Reims" que j'e peux apercevoir de la fenêtre de ma chambre, a lieu le jour de la Toussaint. L'atmosphère y est donc humide ou froide, ou les deux, selon les années. Cette fois, c'était plus humide que froid, même s'il n'a pas vraiment plu. Comme souvent à cette époque de l'année, les exposants étaient avant tout des professionnels, pour la plupart pas de bonne humeur. Sauf ce monsieur, pas de la région, le seul à qui j'ai acheté quelque chose, qui proposait une boite de 33 tours et une boite de 45 tours à prix correct.
De cette dernière, j'ai extrait finalement quatre disques, dont Fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve de Jane Birkin, un Jouvin que je n'avais pas (ça ne m'arrive plus si souvent) et ce Gloo gloo water trumpet, que j'ai sélectionné pour trois raisons : le titre, quand même, le mauvais goût certain de la pochette avec ce bras tenant la trompette qui sort d'un bidet, et aussi, on peut rêver, le titre la face B, Black soul train, qui me semblait prometteur.
Et quand je ramène un disque à la maison et que je découvre qu'il a été programmé par les amis de L'Opération Kangourou, je sais d'emblée que je ne me suis pas trompé. Puisqu'on parle de Georges Jouvin et de trompette , rappelons que l'un de ses premiers albums 25cm s'appelait Georges Jouvin et sa trompette wa-wa, le wa-wa étant une sourdine utilisée par les joueurs de cuivres pour faire un effet de... ben, de wah-wah, quoi, cela des années avant que la fameuse pédale d'effet électrique équivalente soit utilisée par les guitaristes.
Là, si je peux me permettre, Ron Capone pousse le bouchon un peu plus loin, en se faisant une spécialité de la guitare glou-glou, un effet sonore aquatique qui donne l'impression qu'il joue avec son instrument plongé dans un liquide. Dans les faits, je ne sais pas si ce son est produit effectivement comme ça, ou avec un autre effet type pédale, chambre d'écho ou technique de mixage, toujours est-il que Gloo gloo water trumpet c'est ça, un slow instrumental assez classique, plutôt réussi dans le genre, avec du piano et même un orgue à la A whiter shade of pale, dont l'instrument solo est une trompette au vibrato fortement prononcé, accompagnée de quelques glou-glou.
Il faut dire que Yan Tregger, l'auteur des deux titres de ce disque, était visiblement spécialisé dans l'illustration musicale. Ce disque en est peut-être un exemple, d'ailleurs, vu qu'il est précisé au dos qu'il fait partie de la série Radio-Télé Ciné 16. Alors, soit ce disque s'est bien vendu, soit Yan Tregger est devenu accro à sa trompette glou-glou car, à quelques temps d'écart, avant ou après la sortie de ce disque, il en a sorti un autre, sous son propre nom cette fois mais sur un autre label, intitulé Bubble bubble, dont voici la pochette :
  


Pas besoin de l'écouter pour savoir qu'ici aussi la trompette fait des bulles ! Je suis surtout fasciné par la comparaison des deux pochettes : le concept est strictement le même, mais l'appareil sanitaire est différent, le bidet laissant la place ici à une baignoire (volante ?). Quelle persévérance dans l'originalité et le bon goût !
En fait, il semble que Yan Tregger a enregistré au moins cinq titres différents à la "water trumpet", dont on peut écouter des extraits sur un site de téléchargement. (On peut aussi les acheter, mais faut pas déconner quand même.

Et la face B, alors ? Eh bien, elle explique peut-être en partie le choix du pseudonyme de Yan Tregger. En effet, Ron Capone était un ingénieur du son, un pilier des studios Stax, qui est mort le 1er février 2006. Et, comme son titre le laissait penser, Black soul train est bien dans l'esprit soul/rhythm'n'blues, avec un soupçon de funk. Le titre s'ouvre par un pseudo-sifflet de locomotive (on est toujours dans le domaine de l'illustration musicale) et ensuite le rythme est effréné, avec un son dominé par de l'orgue, de la guitare électrique et ce qui est peut-être bien une flûte. En tout cas, Black soul train justifie bien plus l'achat de ce disque si vous tombez dessus que le gimmick sonore de la face A.

08 novembre 2009

MJ HIBBETT AND THE VALIDATORS : My boss was in an indie band once


Acquis par correspondance chez Artists Against Success en Angleterre en octobre 2009
Réf : AAS 063 -- Edité par Artists Against Success en Angleterre en 2009
Support : CD 12 cm
Titres : My boss was in an indie band once -- House of fun + 17 titres MP3 (Dinosaur planet bootleg) + 1 vidéo

Avant de lire l'autre jour le billet d'Alistair Fitchett sur ce disque, je n'avais jamais entendu parler de MJ Hibbett. J'ai bien aimé cette histoire de patron qui a joué dans le temps dans un groupe indé et qui le reforme car un label japonais souhaite rééditer ses 45 tours. Elle est basée semble-t-il sur un copain de MJ qui s'est retrouvé à un concert avec ses collègues subordonnés et sur des discussions avec Phil Wilson des June Brides qui, comme d'autres (The Monochrome Set, Television Personalities par exemple), a effectivement été contacté par des japonais pour une réédition.
Du coup, j'ai décidé de commander ce CD single, en prenant même le soin de ne pas regarder au préalable la vidéo qui figurait sur le site, des fois que ça me fasse changer d'avis.

Etant donné que MJ Hibbett enregistre énormément (sur cassette au départ, depuis 1983 : il avait 13 ans !) des chansons souvent autobiographiques, je m'attendais en fait à recevoir un enregistrement très lo-fi et peut-être plus drôle qu'intéressant musicalement, mais MJ est accompagné depuis plusieurs années par un groupe, The Validators, et j'ai eu la très bonne surprise de découvrir que My boss was in an indie band once est une chanson rigolote, effectivement, mais aussi accrocheuse et bien produite, avec même des choeurs féminins, quelque part entre les Popticians et Helen Love.
Le titre n'étant pas inscrit sur le disque, il m'a fallu attendre le refrain pour reconnaître la deuxième chanson, la reprise de House of fun de Madness, une chanson que je connais, mais pas sur le bout des doigts. Pendant le premier couplet, je m'étais dit que ça sonnait un peu ska-pop, façon Piranhas : je ne me trompais pas de beaucoup !


En plus des deux titres principaux du single, du superbe badge vert et du clip vidéo de My boss was in an indie band once, la partie multimédia du CD extra contient en plus un document, l'enregistrement de l' "opéra rock" de MJ, Dinosaur planet, live au dernier festival Fringe d'Edimbourg (le off du Festival International, l'un des plus grands au monde).
Pour le coup, MJ est tout seul à la guitare acoustique et il y a pas mal de narration entre les chansons. Il y a de bons moments, comme We are the giant robots, mais je pense que c'était bien mieux d'assister au spectacle en direct. A ce sujet, d'ailleurs, je note que MJ Hibbett & The Validators donnent deux concerts en Allemagne la semaine prochaine. Je ne sais pas s'ils ont déjà joué en France mais en tout cas j'aimerais bien avoir l'occasion d'aller les voir.
En attendant, je vous suggère de vous procurer, pour pas cher du tout port compris, ce CD single (limité à 200 exemplaires). S'il est épuisé ou si vous en voulez plus, vous pouvez lui préférer l'album sur lequel il figure, Regardez, écoutez et répétez, également disponible en lot avec les deux premiers singles extraits, l'excellent Do the indie kid et It only works because you're here, que j'ai moins aimé.

07 novembre 2009

BAGAD FEMININ NOMINOE (REDON) : Folklore breton


Acquis sur le vide-grenier de Magenta le 11 octobre 2009
Réf : FY 2344 M -- Edité par Festival en France probablement vers 1963
Support : 45 tours 17 cm
8 titres

Après le Aimable et le Mario Bua, voici le troisième (et dernier pour l'instant) disque improbable ramené de Magenta cette année.
Autant, quand j'en ai l'occasion, j'apprécie toujours d'écouter des prestations de fanfares, quel que soit leur genre musical, autant j'achète rarement leurs enregistrements. Aucun disque ne parvient à capter de façon suffisamment efficace les vibrations de l'air provoquées par les percussions et le bourdon des cornemuses que l'on ressent physiquement lorsque l'on est à proximité des musiciens.
Mais là, outre la pochette bucolique, c'est l'association de "féminin" à "bagad" qui m'a attiré l'oeil.
Déjà, j'ai appris des choses puisque je pensais que cette formation musicale particulière de groupe de sonneurs qu'est le bagad était vieille comme la Bretagne, alors qu'en fait elle ne s'est stabilisée sous cette forme que depuis les années 1940. Ensuite, comme beaucoup je pense, je connais surtout le Bagad de Lann Bihoué, la formation militaire popularisée par Alain Souchon qui est l’un des moyens privilégiés des relations publiques de la Marine. Et, même si ce dernier Bagad est actuellement mixte, on n'a pas l'habitude d'associer le militaire au féminin, et encore moins au féminisme, car, à n'en pas douter, fonder en 1956 à Redon un groupe 100% féminin comme le Bagad Nominoë n'avait rien d'anodin.
Filles ou pas, une fois le bras posé sur le disque, on ne fait pas et on ne cherche pas à faire de différence. Les bombardes et les binious sonnent, les batteries claquent et moi, comme je ne me refais pas, je préfère les titres les plus rythmés et rapides comme l'Air du roti (Son ar rost), Bale merch'ed Redon (Marche des filles de Redon) ou Les rondes, même si ce dernier titre est profondément rayé sur mon exemplaire.
Après plus de cinquante ans, on est content de savoir que le Bagad Nominoë, bagad de 5e catégorie, existe toujours. Son costume, originellement kabig blanc, jupe noire, béret noir avec des pompons blancs et noirs, a été modifié par deux fois, en 1972 (robe noire et blanche) et en 1994 (gilet de la région), date à laquelle le groupe est devenu mixte, ce dont un partisan de la mixité comme moi ne peut que se réjouir.
Quant à Soazig Noblet, fondatrice et directrice pendant au moins cinq ans du Bagad,
elle a continué à oeuvrer pour la diffusion de la musique bretonne en collectant de nombreuses chansons et en entreprenant l'étude et la diffusion de la harpe celtique. Le site de sa fille Enora Laouenan nous apprend qu'elle a créé en 1968 le groupe Les Tregeriz, formation qui a enregistré plusieurs disques et qui se produisait en public encore récemment.

06 novembre 2009

THE JUNE BRIDES : In the rain


Acquis probablement chez Rough Trade à Londres en juin 1984
Réf : PI 001 -- Edité par Pink en Angleterre en 1984
Support : 45 tours 17 cm
Titres : In the rain -/- Every conversation

Après l'arrêt brutal des concerts Living Room à l'Adam's Arms le 10 février 1984, il a fallu quelques semaines aux gens de Creation pour se retourner. Le concert suivant auquel j'ai assisté, c'était le 1er mars 1984, dans un autre pub, l'Union Tavern. Ça n'a pas duré longtemps à cet endroit et en avril le club s'est transporté au Three Johns pub. Je ne sais plus lequel de ces deux lieux était situé près de la station de métro Angel, à une encablure de King's Cross, toujours est-il que c'était bien moins pratique pour moi que l'Adam's Arms car ça me faisait un changement et quelques stations de métro de plus, et plusieurs fois je suis sorti en courant du pub, préférant sprinter jusqu'à King's Cross pour ne pas rater le métro et être certain de regagner ma lointaine banlieue.
En tout cas, le premier groupe que j'ai vu jouer à l'Union Tavern la première fois que j'y suis allé, c'était The June Brides. Ce jour-là, ils ouvraient pour The Living Room (le groupe qui s'apprêtait à devenir The Loft) et les Television Personalities.
Dès ce premier concert, ils étaient remarquables. Leur répertoire, celui qu'ils allaient enregistrer les deux années suivantes, était déjà en place. La plupart des groupes qui passaient au Living Room avaient d'excellents titres aussi, mais eux, ce qu'ils avaient en plus, c'est de travailler leur mise en scène. Dans ces salles de pub pourries et riquiqui, ce sont les seuls que j'ai vus qui avaient un décor de fond de scène (une peinture au bombage d'après une photo connue) et même des tenues de scène (des chemises peintes, un peu à la Buzzcocks). Musicalement, ils étaient tout à fait dans le ton des groupes Creation, de The Loft aux Pastels en passant par les Jasmine Minks et Biff, Bang, Pow!, sauf que leur son était un peu plus riche grâce à l'apport d'un violon et d'une trompette.
Jusqu'à mon départ de Londres fin juillet 1984, j'ai assisté en tout à cinq concerts des June Brides, quatre au Living Room et le dernier, le 4 juillet 1984, au Noise Above, un club tenu au Bridgehouse par des habitués du Living Room, pour une affiche mémorable qui les associait aux Pastels et à Biff, Bang, Pow !. A tous les concerts où je les ai vus, ils ont de toute façon été associés à du beau monde (The Loft, TV Personalities, The Nightingales, Five Go Down To The Sea ?, The Times, Ut) sauf que, au bout d'un mois et demie, c'est déjà eux qui étaient en "tête d'affiche" au-dessus de Ut et FGDTTS?.

 
Clip de In the rain réalisé à partir d'images d'époque tournées en Super 8.

Dans les quelques discussions que j'ai eues au moment de leurs concerts, tout le monde pensait que Creation allait sortir les disques des June Brides. Sauf que, apparemment, Alan McGee a finalement décidé de ne pas le faire, parce que "c'était trop évident". Ils ont quand même dûment été inclus sur Alive in the Living Room, mais In the rain, leur premier 45 tours, est sorti au bout du compte sur Pink, un nouveau label créé par Simon Down, un autre habitué du Living Room Donc, ce disque n'est pas sur Creation, mais il en a toutes les autres caractéristiques. La pochette d'abord (la seule que j'aime bien de leurs cinq disques), réalisée par Luke de Chomatone design sur une feuille de papier pliée en deux (sûrement imprimée à Glasgow là où travaillait Bobby Gillespie) et glissée dans un sac en plastique, avec la même façon d'indiquer le copyright (19©84). Le studio ensuite (Alaska) et le producteur aussi pendant qu'on y est (Joe Foster) Ce disque dû être enregistré au cours de ce printemps 1984 (le second, Every conversation, ayant été enregistré le 3 juillet 1984, à la veille du concert au Noise Above). Les deux chansons sont excellentes, mais le disque est sorti juste avant l'été et n'a probablement pas été tiré à plus de 1000 exemplaires, il n'a donc pas eu un énorme impact. Le deuxième 45 tours, Every conversation, a mieux marché mais c'est l'unique album qui a suivi, There are eight million stories, qui, malgré son horrible pochette, a fait le succès du groupe : n° 1 des charts indépendants, couverture des hebdos anglais, soutien inconditionnel de Raoul Ketchup dans Rock Comptines... Après un changement de label, les June Brides ont sorti deux autres singles, toujours avec un certain succès, avant de se séparer. C'est alors que Phil Wilson, le chanteur du groupe, s'est enfin retrouvé signé chez Creation pour deux singles qui, malgré un effort certain de promotion par le label, n'ont pas vraiment décollé. Il est bien dommage que le groupe ait choisi de ne pas inclure In the rain sur son court (8 titres) album. Cette erreur est réparée grâce à la compilation Every conversation, sortie par Cherry Red en 2005 et toujours disponible, qui propose en deux CD une quasi-intégrale des enregistrements des June Brides et de Phil Wilson, y compris des sessions pour la BBC. Le groupe, qui se reforme occasionnellement pour des concerts, a même eu droit en 2006 à un album hommage, Still unravished, avec plein de beau monde, des Manic Street Preachers aux Jasmine Minks, en passant par les TV Personalities et Jeffrey Lewis. Pour ma part, je n'ai pas eu l'occasion de revoir les June Brides en concert après le printemps 1984 et, si le concert de Biff, Bang, Pow ! a bien eu lieu à Reims le 25 octobre 1986, c'est finalement sans Phil Wilson, qui était à l'affiche mais qui n'a pas pu faire le déplacement.

01 novembre 2009

SOMETHING FOR THE WEEKEND


Acquis peut-être bien chez Rough Trade à Paris en décembre 1994
Réf : FNUN2 -- Edité par Flying Nun en Angleterre en 1994
Support : CD 12 cm
12 titres

Allez, un petit truc pour le week-end.
Avec sa pochette cartonnée, ce disque ressemble vraiment à un CD promo distribué aux professionnels pour faire connaître les nouvelles parutions d'un label, mais il y a un code-barre, aucune mention "promo" et je crois me souvenir l'avoir acheté chez Rough Trade à Paris. Cette compilation tomberait donc dans une autre catégorie très courante, celle des disques mis en vente à bas prix pour faire connaître au public les nouvelles parutions d'un label.
Something for the weekend n'est d'ailleurs pas à proprement parler une vraie compilation, avec une liste de titres variée et travaillée. Non, on a ici tout simplement six albums récents (en 1994) de Flying Nun dont on a extrait deux titres de chacun. Du coup, aucun recoupement avec mes précédentes compilations Flying Nun, In love with these times et The Flying Nun compilation, sorties bien avant 1994.
Du fait de l'actualité, c'est David Kilgour qui se taille la part du lion ici, avec quatre titres, deux de son album solo Sugarmouth et deux avec The Clean, groupe historique pour lequel Flying Nun a été fondé, qui a enregistré l'album Modern rock à l'occasion de l'une de ses reformations (Ils viennent de sortir un tout nouvel album, Mister Pop).
Dans le lot, Filter (David Kilgour) et Starting point (The Clean) sont mes préférés, mais l'instrumental Stomp the guru de The Clean est aussi intéressant, d'autant plus qu'il s'écarte un peu de leur veine indie-pop habituelle.
J'aime d'ailleurs bien au moins un des titres de chacun des groupes. La seule exception, c'est Solid gold hell : en les écoutant, je me disais que ça sonnait comme une fusion jazz et hardcore. En voyant que le titre de l'album était Swingin' hot murder, je me suis dit que je ne devais pas trop me tromper. En tout cas, ce n'est absolument pas mon truc.
Par contre, pour Chug, j'aime beaucoup Evil knievel alors que pour les 3Ds c'est l'excellent Beautiful things, proposé ici dans sa version single.
Les titres des Tall Dwarfs sont extraits de 3 EPs, un album qu'on avait reçu à La Radio Primitive, ce qui m'avait permis de vraiment faire connaissance avec ce groupe et de pas mal le passer dans mon émission Vivonzeureux!. Bee to honey et Self-deluded dream boy ne sont pas mal, surtout le premier, mais franchement, si j'avais eu le choix, j'aurais extrait d'autres titres de cet excellent album, What goes up et For all the Walters in the world pour commencer, ou même Kidstuff, Two dozen lousy hours, More 54, Bob's yer uncle...
N'empêche, voilà au bout du compte un bon petit disque pas cher qui donne un bon instantané sonore de la (riche) production de Flying Nun en 1994.