11 septembre 2007
TELEPHONE, STARSHOOTER : French rock
Offert par Coca-Cola par correspondance en 1979
Réf : COC 1 -- Edité par Pathé Marconi-EMI en France en 1979 -- Echantillon hors commerce
Support : 45 tours 17 cm
Titres : TELEPHONE : Hygiaphone -/- STARSHOOTER : Betsy party
Des légendes urbaines, j'ai activement cru à au moins deux d'entre elles vers le milieu des années 1970, et ce n'est évidemment pas un hasard si elles étaient toutes les deux en lien avec une certaine forme d'appât du gain. La première c'était celle des points dans les angles des paquets de Marlboro : en démontant le paquet, on trouvait dans un des angles un nombre qui changeait d'un paquet à l'autre. Selon la légende, si on avait un certain nombre de points, on pouvait les envoyer à Marlboro et on gagnait un lot. Même chose avec les tablettes de chewing-gum Hollywood : il fallait garder le bout de papier en couleurs qui les emballait, et quand on en avait 1000 on pouvait les envoyer à Kréma pour aussi recevoir un beau lot.
J'ai emmerdé pas mal de gens à leur démonter leur paquet de Marlboro pour récupérer les points, mais le coup des chewing-gum j'y croyais encore plus car au moins j'en consommais, et puis ça me semblait plus proche et plus crédible car il y avait à Reims au bord de la nationale une usine Kréma que je remarquais à chaque fois que je passais devant (on ne pouvait pas la rater vu qu'elle affichait en grand l'heure sur son toit).
Evidemment, quand on en parlait entre nous il y avait toujours quelqu'un qui connaissait quelqu'un qui connaissait quelqu'un qui avait réuni assez de points ou d'emballages et qui avait reçu un super cadeau... que personne présent n'avait jamais vu !
Mais ce disque Coca-Cola, ce n'est pas grâce à une légende urbaine que je l'ai gagné, mais grâce à une toute bête opération promotionnelle, organisée dans le plus pur style de ce qui faisait fureur dans les années 1960. Pendant un certain temps, il y avait des points-musique à collecter sous la forme de rondelles de plastique imprimées glissées à l'intérieur des bouchons à vis et des capsules de bouteilles de Coca. Une bouteille en verre consignée de 2 l rapportait plus de points qu'une cannette.
On ne buvait pas du Coca tous les jours à la maison. C'était plutôt réservé aux week-ends et aux jours de fêtes. Mais, pendant quelques temps, nous avons récupéré avec mon frère et ma sœur tous les points-musique qu'on pouvait trouver, chez les grands-parents, chez les copains et à l'occasion des mariages et autres fêtes de famille.
Au bout du compte, nous avons réuni assez de points pour commander deux des 45 tours en vinyl couleur proposés comme lot. Nous avons laissé de côté les 45 tours de disco et de blues et commandé ceux de rock français et de reggae.
Mon frère n'aimait pas spécialement le reggae, mais il s'est retrouvé avec le 45 tours reggae en vinyl jaune avec Bob Marley sur une face et Jimmy Cliff sur l'autre, peut-être tout simplement parce que, moi, je voulais absolument le 45 tours de rock français, vu que j'aimais beaucoup et Hygiaphone et Betsy Party, mais il se trouvait que je n'avais aucun de ces deux disques. Comme il n'y avait que deux 45 tours pour trois, c'est bien sûr la petite sœur qui n'a rien eu…
Toujours comme dans les années 1960, le dos de la pochette propose, en plus de la partition d'un hymne à la gloire de Coca-Cola, un texte de présentation des deux groupes :
Avec STARSHOOTER, TELEPHONE et quelques autres, la NEW-WAVE du rock français annonce la couleur de la jeune génération : gaie, rapide, incisive et plus que décontractée.
Le vaste succès remporté par ces deux groupes indique, de façon certaine, la réconciliation du Rock avec la Variété, après une longue traversée du désert qui fit plus d'un nostalgique.
Les deux groupes n'ont probablement pas eu leur mot à dire sur l'accord de licence qui a permis à Coca d'éditer ce disque et encore moins sur ce texte qui, sous prétexte de bonnes ventes, les met dans le même panier que la variété française.
Ce qui est sûr c'est que, avec Téléphone et Starshooter, on a eu en 1978 pour la première fois depuis longtemps deux jeunes groupes de rock qui ont eu un véritable succès populaire, Starshooter surtout avec son single Betsy party, Téléphone plutôt avec son premier album Anna.
Que par la suite ces deux groupes, ou leurs anciens membres dans leurs carrières solo, aient rejoint la grande famille de la variété française, c'est un fait, mais au moment de leurs premiers disques respectifs, on avait quand même bien l'impression d'une bouffée de fraicheur et de jeunesse qui déboulait sur le devant de la scène.
Les deux chansons ont plutôt bien vieilli, surtout Betsy party avec son rythme endiablé, son refrain accrocheur avec ses yé yé yé et la fougue de Kent qui emporte tout.
Si Hygiaphone souffre un tout petit peu de la comparaison, c'est surtout parce que, musicalement, la chanson cumule les repompages éhontés de plans piqués à Chuck Berry. Ça me gêne plus aujourd'hui qu'à l'époque, peut-être parce que je me suis régalé récemment avec une anthologie des grands succès de Berry, qui aurait quand même bien mérité d'être crédité en partie pour la composition d'Hygiaphone !
(J'ai mis une étiquette "concert" au message, mais ça aurait dû être une demie : j'ai bien assisté à un concert de Téléphone à Reims au printemps 1979, lors de la tournée Crache ton venin, mais je n'ai jamais vu Starshooter sur scène).
Ajout du 17 mai 2008 :
Ci-dessous, une pleine page de pub pour l'opération points-musique et disques couleur de Coca-Cola parue dans Best en avril 1979. Visiblement, c'est la moitié d'une double-page. J'ai conservé ce bout-là car on y trouve au dos une rare interview de Leroy Radcliffe qui s'exprime, juste après la sortie de Back in your life, sur son récent départ des Modern Lovers.
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13 commentaires:
C'était sorti bien avant 1978 Hygiaphone non?
Je me souviens des points Coca, mais aussi des points Marloboro. Mais bon, je fumais des Camel et c'était quand même un peu fumeux (si je puis dire) cette hsitoire de point. Je croyais qu'en fait c'était pour indiquer KKK pour Klux Klux Klan ou un truc dans le genre... la légende devait varier suivant la région :-)
Et il écoute jamais de nouveautés le Pol Dodu ?
dans la série "les points", lors du 1er passage des stones à l'olympia il y a eu des places ofertes aux gagnants du concours du "chocolat meunier", si mes souvnirs sont bons ça s'appelait "les copains meunier". Le chocolat existe tjrs , les stones aussi....finalement ils étaient faits pour s'entendre!
ph.
ah ah, génial ces rumeurs urbaines !!!
tu connais le bouquin de Berroyer "rock n roll et chocolat blanc" ? il suit la tournée de téléphone/starshooter à cette époque et c'est l'occasion de digressions gonzo hilarantes.
Bloggie,
Je connais le livre de Berroyer, que j'ai lu il y a très longtemps.
Si je m'étais souvenu que le livre parlait justement d'une tournée commune Téléphone-Starshooter, je l'aurais mentionné dans le billet !
Merci pour l'info !
Tony,
J'écoute des nouveautés, mais beaucoup moins que par le passé. Et, comme beaucoup, j'écoute plus souvent ces temps-ci des extraits de disques plutôt que des disques entiers. Et comme j'ai choisi de chroniquer ici des enregistrements entiers que je possède, quel que soit leur support, ça limite les nouveautés.
Aussi, les souvenirs ça se construit avec le temps. J'ai remarqué que, quand je parle de disques récents, je dois faire attention à ne pas faire une simple critique de disque...
Il y a quand même à ce jour 42 disques des années 2000 chroniqués dans le blog...
Kill Me Sarah,
Hygiaphone est effectivement sorti en 45 tours en public courant 77, puis en studio sur le premier album fin 77, mais autant que je m'en souvienne le succès a été assez long à démarrer et ne s'est vraiment fait sentir pour le grand public que courant 78, c'est pourquoi j'ai mentionné cette date...
Ph,
Je suis toujours partant pour un carré de chocolat, du Menier ou autre, et même pour un concert gratuit des Stones, dans un club ou dans un salon, mais pas dans un stade !
Salut Polo! T'as oublié de mentionner la couleur du vynil: rouge transparent! Je sais pas si t'es comme moi mais les vynils en couleur, ça m'a toujours fait de l'effet. C'est comme les capotes parfumées ou les clopes goût "pêche-abricot" que mes copines fumaient quand j'étais au lycée. Bref, je reste persuadé qu'il y a matière à psychanalyse dans toutes ces exemples.
Amitiés.
Sébastien Lhopital
Sébastien, qu'est-ce qu'elles fumaient, au juste, des copines ? Les unes , les autres ou les deux ?
C'étaient des "pêche-abricot", bi-goût quoi! Comme les malabars! Je crois que ça a été interdit parce que ça certains ont jugé que ça encouragé les jeunes à fumer. Moi, c'est le genre de clopes qui me donnait plutôt la gerbe. Et puis, c'était pa vraiment de la vrai clope, cétait de l' "extra-light" genre "il m'en faut 12 entre chaque heure de cours pour tenir la distance". Une meuf avec laquel je sortait à l'époque en fumait. Point de vue salivaire, c'est moi qui avais le dessus vu que je cartonnais aux Marloboros.
Toute une époque!
Je vous invite à découvrir Versatil :
French Rock : http://www.mediafire.com/?2kqgymgjqzq
Vous devriez aller voir sur culture factory.fr! Ils font des rééditions de rock français dont Starshooter!
Leurs rééditions sont dans un format inédit: le vinyl replica
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