27 février 2006

THE BEST OF YOUR SECRET'S SAFE WITH US


Acquis au Record & Tape Exchange de Notting Hill Gate à Londres en 1984
Réf : STAT LP14 -- Edité par Statik en Angleterre en 1983
Support : 33 tours 30 cm + 45 tours 17 cm
10 + 2 titres

En 1982, Statik a édité une compilation double album de vingt jeunes groupes du nord de l'Angleterre, avec un certain succès critique. Pour relancer la machine, ils ont réédité ce disque au tout début de l'année 1983, en version best-of réduite à dix titres, le tout accompagné d'un plan marketing idiot : un 45 tours avec deux titres instrumentaux et un appel aux jeunes talents façon Pop Academy pour enregistrer sur un de ces instrumentaux et gagner un contrat avec Statik.
Les nouveaux talents, ils étaient déjà sur le disque, puisque The Chameleons et Pulp, rien que ça, y font leurs débuts discographiques.
En fait, quand j'ai acheté ce disque, je ne connaissais évidemment pas Pulp, et je ne m'intéressais pas aux Chameleons. Je l'ai probablement acheté pour deux raisons : il n'était pas cher (50 pence, alors qu'il avait été proposé au départ à £ 4,50), c'était donc un bon moyen de découvrir des groupes, et il y avait d'ailleurs un de ces groupes dont le nom me disait quelque chose, Indians In Moscow, puisque je les ai vus en concert en première partie de Monochrome Set le 10 mars 1984 (même si aujourd'hui je ne garde aucun souvenir de leur prestation ce soir-là !).
Quasiment tout le disque est de la new wave poppy synthétique. Le titre d'Indians In Moscow, "I wish I had", fait partie des cinq que j'aime bien (sur dix, pas mal). Il est sorti en single par la suite, tout comme la reprise de "Subterranean homesick blues" de Sun Yama. J'imagine que les fans de Dylan doivent grincer des dents à l'écoute de cette version au synthé, mais moi je ne connaissais pas l'original avant, et cette version m'a toujours plu. L'autre titre que j'aime bien d'inconnus est le "Single dance" d'Atom Spies.
Et les Chameleons ? et Pulp ? Et bien, le titre des Chameleons n'est pas mal du tout, dans la lignée de The Sound (qui ont signé sur Statik à cette époque). C'est aussi le seul titre de tout l'album où la guitare électrique domine, et ça fait du bien. Quant au titre de Pulp, une démo enregistrée en 1981 apparemment, diffusée par John Peel en 82, il est sautillant et sympa, mais ce n'a jamais été mon préféré du disque, et à son écoute, je n'ai jamais imaginé le succès futur du groupe (ce n'est d'ailleurs que très tard que je me suis rendu compte que j'avais chez moi le premier témoignage discographique de Pulp !).

26 février 2006

THE BAND OF HOLY JOY : Who snatched the baby ?


Offert par The Beloved à Reims en février 1988
Réf : HARP 4T -- Edité par Flim Flam en Angleterre en 1986
Support : 45 tours 30 cm
Titres : Who snatched the baby ? -- One child -/- Yo !

C'est une longue histoire, mais en février 1988 The Beloved a remplacé au pied levé Biff, Bang, Pow ! pour les deux derniers concerts d'une tournée européenne qui comptait aussi Momus à l'affiche. Il y avait un concert à Paris, et avant ça un premier concert en Suisse. Ils ont donc fait étape chez moi à l'aller et au retour, et m'ont offert au passage un exemplaire de chacun des disques de leur label qu'ils avaient avec eux, soit trois disques de Beloved, alors en train de suivre le même chemin que New Order, avec quelques années d'écart, du rock à guitares vers la musique de danse (avec notamment le maxi "Surprise me" / "Forever dancing"), un chemin qui allait les mener au succès au moment de la vague Acid House. Et il y avait aussi quatre disques du Band of Holy Joy, deux maxis et deux albums, avec sur trois d'entre eux une version différente de leur morceau de bravoure, "Who snatched the baby ?".
J'aime toutes ces versions, mais j'ai choisi celle-ci, parce que c'est la première, mais aussi parce que j'aime bien le long passage à la fin avec le banjo, le trombone, l'orgue et le piano. La chanson est sur un rythme de valse, ce qui est toujours un plus pour moi, avec une ambiance assez folk. L'atmosphère générale et le chant me font penser un peu aux meilleurs moments de Pulp, alors à venir. Pour une référence plus récente, il se trouve que j'ai justement écouté ce soir pour la première fois "He woke me up again" de Sufjan Stevens, avec aussi du banjo, et il me semble que quelqu'un qui aime ce titre de Sufjan Stevens devrait aussi aimer "Who snatched the baby ?". Par contre, aucune comparaison possible du point de vue des paroles. La chanson de Sufjan Stevens a un côté cureton extatique, alors que "Qui a piqué le bébé ?" est plutôt noire, même s'il y est question de paradis : "And hey all you protest kiddies must have the answer, Still you'll all get to heaven when you die of cancer, And I'm bringing up a child in this glorious land, Where monsters roam streets, sweeties in hand, Me ! I don't understand this world anymore, And the future of our child looks very poor".
Ça fait plusieurs fois que je les écoute, mais à chaque fois les deux autres titres me glissent dessus sans rien me faire. Les ingrédients musicaux sont les mêmes pourtant, mais ils n'ont pas l'accroche et la force mélodique de "Baby"...

25 février 2006

CAKE : Rock 'n' roll lifestyle


Acquis chez Parallèles à Paris vers 1997
Réf : Pro 2035 -- Edité par Capricorn aux Etats-Unis en 1994 -- For promotion only. Not for sale.
Support : CD 12 cm
Titre : Rock 'n' roll lifestyle

J'aime bien récupérer des disques promo, surtout quand il y a de la musique rare ou inédit dessus, ou au moins une pochette spéciale, comme c'est le cas ici. Il s'agit d'un des premiers disques promo de Cake, et il y en a eu pas mal d'autres depuis, avec presque à chaque fois un graphisme original.
Comme beaucoup, je crois, je n'ai commencé à m'intéresser à Cake qu'avec la sortie de leur deuxième album, "Fashion nugget". Ce n'est qu'après m'être éclaté sur leurs reprises de "I will survive" et "Perhaps, perhaps, perhaps" et les quelques excellents titres originaux de cet album que je suis parti en quête du premier, "Motorcade of generosity", dont "Rock 'n' roll lifestyle" est extrait.
Cette chanson est une critique bien sentie du consumérisme rock ("Tickets to concerts and drinking at clubs sometimes for music that you haven't even heard of, And how much did you pay for your rock 'n' roll t-shirt that proves you were there, that you heard of them first? How do you afford your rock 'n' roll lifestyle ?), une réussite qui n'est même pas ma chanson préférée de l'album (j'hésite entre "Haze of love" et "Comanche").
C'est d'ailleurs une des grandes qualités de "Motorcade of generosity" d'avoir une majorité de petits chefs d'oeuvre écrits par le groupe. Sur "Fashion nugget", donc, les reprises étaient aussi bonnes, voire meilleures, que les originaux, et à partir du troisième album la magie ne s'est pas prolongée et le nombre de chansons excellentes est tombé à un ou deux par disque. Ce dont beaucoup de groupes se satisferaient, mais on avait espéré mieux de Cake après leurs premiers disques.



Cake, Rock 'n' roll lifestyle, en concert au Bluebird Theater de Denver le 15 mai 1995.

24 février 2006

ECHO AND THE BUNNYMEN : Rescue


Acquis probablement en 1981
Réf : KOW 1 -- Edité par Korova en Angleterre en 1980
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Rescue -/- Simple stuff

Impossible de me souvenir où j'ai bien pu acheter ce disque, en France ou en Angleterre. Et il n'y a pas d'étiquette dessus pour me donner un indice. Je pencherais plutôt pour New Rose... En tout cas, je suis à peu près sûr que j'ai acheté ce disque bien après sa sortie, plutôt au moment du deuxième album "Heaven up here" que de "Crocodile" (ce disque, le deuxième single du groupe, a servi à annoncer la sortie deux mois plus tard de "Crocodiles", leur premier album).
"Rescue", la face A, figure sur l'album. C'est un bon titre de rock épique, et un des nombreux sommets de "Crocodiles" ("Going up", "Stars are stars", "Villiers Terrace",... qu'est-ce qu'il y a comme bons titres sur ce disque). On peut penser que U2 avait ce genre de morceau en tête quand ils ont enregistré leur premier album, notamment "I will follow".
Mais si je chéris ce single, c'est surtout pour sa face B, "Simple stuff", qui est peut-être ma chanson préférée d'Echo & the Bunnymen. Elle ne figure pas sur "Crocodiles", et est produite par le groupe, pas par Ian Broudie : elle doit donc dater d'autres sessions que celles de l'album. Pourtant, à part les paroles qui n'ont pas l'air finies quand on les lit (mais à l'écoute ça passe très bien : ça ne m'a jamais gêné pendant vingt-cinq ans avant que le les lise ce soir !), le titre est parfaitement construit et très fort : intro à la guitare, plein d'énergie quand ça décolle, solo de guitare énergique et un petit glou-glou de synthé bienvenu pendant ce qui sert de refrain, et McCulloch qui chante bien sans en faire trop, bref un petit chef d'oeuvre presque trop court.
La bonne nouvelle, c'est que la dernière édition en date de "Crocodiles" en CD contient dix titres en bonus, dont cette version de "Simple stuff", et même une autre version dite "early" (que je ne connais pas, mais je risque d'être déçu).

PS : J'ai piqué l'image de la pochette ici : mon exemplaire n'est pas autographié !

18 février 2006

MARCEL BIANCHI ET SES BRAZILIANOS : Voyage en Amérique du Sud


Acquis sur le vide-grenier du Jard à Epernay le 12 février 2006
Réf : EPL. 7031 -- Edité par Vogue en France entre 1953 et 1960
Support : 45 tours 17 cm
Titres : O'cangaceiro (2 parties) -/- El negro zumbon -- Adios

J'ai acheté encore d'autres disques sur ce stand hivernal, mais on va dire que celui-ci est le dernier qui mérite sa place ici, au moins pour l'instant.
Marcel Bianchi, c'est un nom que je connaissais. Je l'associais plutôt à des disques de guitare hawaïenne, et il en a effectivement enregistré beaucoup, mais il est aussi réputé, entre autres, pour avoir fait partie du quintette de Django Reinhardt en 1937. Mais ce n'est qu'un petit aspect de sa carrière, lisez plutôt sa biographie détaillée si vous voulez en savoir plus.
La face A est un pot-pourri des airs du film "O'cangaceiro", un film d'aventures brésilien primé à Cannes en 1953. Le plus connu de ces airs est sûrement "Mulher rendeira", dont il existe des versions chantées en français. Ce qui est très bien ici, c'est que l'ambiance est tout sauf au kitsch. Le tout ne sonne d'ailleurs pas particulièrement brésilien à mes oreilles. La guitare domine, bien sûr, et dans la seconde partie elle dialogue avec un piano (ce qui me fait plus penser à Comelade ou à la musique de "Mon oncle" qu'à ce que j'imagine être de la musique brésilienne). Ce que j'aime surtout, c'est la rythmique, très particulière, mais que je suis bien incapable de décrire.
Je soupçonne que les deux titres de la face B sont aussi des airs de musiques de films. C'est sûr en tout cas pour "El negro zumbon", qui est la chanson du film "Anna", réalisé par Alberto Lattuada en 1951, avec notamment Silvana Magnano. C'est un film italien, pas d'Amérique du Sud, mais c'est pas ça qui va nous gêner. On retrouve la même rythmique, avec une guitare slide un peu façon hawaïenne.
Le dernier titre, "Adios", est (enfin) sur un rythme et avec des percussions très latino-américaines (de la samba ?), avec deux guitares à faire pâlir Santana !
Le label Djaz a édité l'an dernier "The exciting electric guitar of Marcel Bianchi",une compilation double-CD. On y trouve de nombreux titres enregistrés pour Vogue dans les années 1950, mais bizarrement aucun extrait de ce disque.

Marcel Bianchi et ses guitares sur la pochette d'un disque appartenant à Dorian Feller.

BIG DADDY AND HIS BOYS : Bad boy


Acquis sur le vide-grenier du Jard à Epernay le 12 février 2006
Réf : PRC. 53 -- Edité par President en France probablement entre 1957 et 1960
Support : 45 tours 17 cm
Titres : BIG DADDY AND HIS BOYS : Bad boy -- Bacon fat -/- THE GUM DROPS : I wonder and wonder and wonder -- I'll follow you

Toujours sur le même stand du vide-grenier du 12 février, avec peut-être le disque le plus intéressant du lot (non, en fait, ils sont tous intéressants, chacun à leur façon...). Là, je l'ai examiné avec attention avant de me décider à le prendre, car je voulais être sûr qu'il ne s'agissait pas de jazz. J'avais un doute, à la fois au vu de la pochette et parce que le premier titre est signé "L Armstrong". Mais il y avait bien du rhythm'n'blues listé au dos (mais aussi du Platters et du Belafonte), et surtout quand j'ai vu qu'il s'agissait d'enregistrements parus originellement chez King aux Etats-Unis, je n'ai plus hésité du tout.
Et je m'en réjouis, car on trouve là quatre titres vraiment intéressants, mélange de rhythm'n'blues, de doo wop et de jazz.
La face consacrée à Big Daddy & his Boys était à l'origine un 78 tours, avec deux reprises. "Bad boy" a été créé en 1936 par un membre du couple Armstrong, mais pas par Louis, par son épouse Lil. Ici, ça sonne un peu comme du Louis Prima, avec quand même des choeurs presque doo-wop. "Bacon fat" est encore meilleur. C'est une reprise du premier et plus gros hit d'Andre Williams, de 1956. Il y est soi-disant question d'une danse, qui aurait à voir j'imagine avec la reproduction des mouvements du bacon quand on le jette dans la graisse. Mais ça, c'est sans tenir compte des allusions salaces... Comme "Bad boy", ce titre a beaucoup été repris, notamment par Frank Zappa à plusieurs reprises.
Sur la face B, les Gum Drops interprètent des titres moins connus. La seule info que j'ai trouvée sur eux, c'est qu'ils faisaient partie de ces groupes de doo-wop composés de chanteurs blancs. Ils ont fait au moins trois singles, dont le plus connu semble être "Gum drop". Le premier titre est des plus classiques dans le genre. "I'll follow you" est plus rigolo. Les couplets ont un rythme de tango, et le refrain sonne afro-cubain. Avec quelques touches de guitare et un chorus d'orgue, ça en fait un une chanson qui ne vaut quand même pas "Perhaps perhaps perhaps", mais qui nous fait passer un bon moment !

13 février 2006

GERARD SAINT PAUL : 10 hits de Lennon & McCartney


Acquis sur le vide-grenier du Jard à Epernay le 12 février 2006
Réf : STEC LP 82 -- Edité par Disc'AZ en France en 1970
Support : 33 tours 30 cm
10 titres

On en voit beaucoup des disques avec des reprises des Beatles, mais rarement des disques entiers, ou alors il s'agit de versions instrumentales façon trompette Tijuana, ou d'éditions de supermarché genre "par le Carnaby Group". Mais je n'étais jamais tombé sur ce disque, dont l'intérêt est d'être un vrai album de reprises des Beatles en français, un peu comme le "Aufray chante Dylan" en son temps.
Musicalement, rien de honteux, mais pas de (bonne) surprise non plus. Il y a deux noms dans les crédits, deux grands noms de la variété française, le chef d'orchestre Hervé Roy (Anarchic System, Richard Clayderman,...) et l'arrangeur Bernard Estardy. C'est compétent, il y a pas mal de piano, mais c'est un peu mou, surtout quand les titres sont sensés être rapide (sur "Instant karma" par exemple). Le chant est assez typique de la variété française.
L'intérêt c'est qu'il s'agit donc d'adaptations françaises. Avec des limites quand même, car sur plusieurs chansons, les phrases clé sont conservées en anglais ("Let it be", "Don't let me down", "Come together", "Get back", "Instant karma").
L'avantage aussi du français, c'est qu'il peut prêter à sourire. "Rentre Jojo à la maison" me fait carrément rigoler : "Jojo pauvre vieux, tu bois trop prends bien garde, sans quoi ta femm' s'en ira, va rentre chez toi, arrose tes salades, surveille ce qui est à toi, Get back, get back, rentre Jojo à la maison" !! "Let it be" est pas mal non plus : "Let it be, c'est la vie, let it be, elle est bonn' quand même cette vie, si comme tant d'autres tu sais, tu n'as rien compris petit, au pourquoi des guerres c'est la vie"...
Mon titre préféré, celui où ils se lâchent le plus, c'est la version de "You know my name", la face B du single "Let it be". Je ne connais pas l'original, mais c'est apparemment déjà une grosse blague, et là ils ont probablement bien rendu l'ambiance, et on entend même la voix off lâcher "salope" une ou deux fois à un moment...!
Sinon, la question subsidiaire est bien sûr de savoir si le Gérard Saint Paul chanteur dont il est question ici est le même que le Gérard Saint Paul journaliste de télé qui est actuellement directeur de la rédaction d'Arte. Mon intuition me dit que, étant donné que les tranches d'âge sont compatibles, il n'y a aucune raison pour qu'il s'agisse de deux personnes différentes...

12 février 2006

MAX ROMEO : One step forward


Acquis sur le vide-grenier du Jard à Epernay le 12 février 2006
Réf : 6138 101 -- Edité par Island en France en 1976
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Chase the devil -/- One step forward

Je vais finir par vraiment apprécier ce vide-grenier mensuel, même par un froid glacial, surtout si j'y trouve à chaque fois quelques disques intéressants. Là, une table tenue par un pro qui affiche en gros "1 € les 33 tours" avec un album de Siouxsie & the Banshees qui dépasse, c'était des plus alléchants.
J'ai ramené plusieurs disques intéressants, mais celui-là, c'est quelque chose ! Il vaut surtout par sa pochette. Non pas que la musique soit mauvaise, loin de là : il s'agit de deux extraits de l'album "War ina Babylon" de Max Romeo, produit par Lee Perry, un grand classique du reggae (Il existe une version single de "One step forward", reprise sur une réédition CD de l'album, mais ici c'est bien la version de l'album).
Je ne sais pas si Max Romeo est déjà tombé sur cette pochette, mais si c'est le cas il a dû se prendre la tête dans les mains, comme la jeune femme dessinée sur la pochette de son album. Ses paroles sont militantes, socialement conscientes, et là ce qui s'est passé c'est que le label et un night-club, le François Patrice - Saint-Hilaire (tout un programme !) ont essayé de lancer nouvelle danse, le reggae. On a donc droit à ces danseurs qu'on dirait échappés d'une version française de "Saturday night fever", et surtout il y a eu, en parallèle à cette "version originale anglaise" de "One step forward" une "version originale française", attribuée à Doudou, avec quasiment la même pochette !
Mais le pire, c'est quand on commence à regarder les paroles. Là où Max Romeo commence effectivement sa chanson par "Ooh yeah ooh yeah, Na na na na na na, un pas en avant, deux pas en arrière", avant de se lancer dans un avertissement martial aux dreadlocks qui se laissent attirer par les sirènes commerciales de Babylone ("Are you a commercialized grabbing at the cash-backs ?), la version française "Oye oye reggae" reste au ras des pâquerettes : "Un pas en avant, deux pas derrière, on danse le reggae", soit le degré zéro de la chanson !
Quant au hit "Chase the devil", qui voit Max Romeo prêt à s'habiller d'acier pour chasser le Malin de la terre, il devient en français une chansonnette fleur bleue, "Vanille et chocolat reggae" : "Tes cheveux sont de la vanille, t'as les yeux couleur chocolat, t'es vraiment le genre de fille que l'on aime tenir dans ses bras." !!
Comme dans l'âge d'or des années 60, les deux versions du disque nous gratifient au dos de la même série de photos expliquant comment danser le reggae (Le dos de pochette est visible sur l'excellent site consacré aux 45 tours de rock français, et vous pouvez même y écouter un court extrait de "Oye oye reggae"). On apprend aussi que les supers costumes sont de David Molho, et la chorégraphie de Victor Upshaw...

11 février 2006

ALBERT MARCOEUR : Celui où y'a Joseph


Acquis probablement à La Clé de Sol à Reims vers 1985
Réf : LDX 74796 -- Edité par Le Chant du Monde en France en 1983
Support : 33 tours 30 cm
10 titres

Non, il n'y a pas erreur. La pochette originale de ce disque, en 33 tours, se présente bien comme un grand carré noir, sans aucune inscription. Il s'agit en fait d'un carton fort plié en quatre, et une fois déplié, à l'intérieur on découvre le dessin de Pascal Doury qui est ci-dessous. Ensuite il y a une sous-pochette toute noire, puis une sous-pochette grise avec les crédits et les paroles dessus, et le disque à l'intérieur. J'avoue que je n'ai jamais vraiment saisi la symbolique de cet emballage.
J'ai acheté ce disque parce qu'il était en soldes, et parce que j'avais été conditionné par mes amis pour savoir que la musique d'Albert Marcoeur était intéressante. Je me souviens notamment que Dorian Feller m'avait parlé de ce disque au moment de sa sortie. Plusieurs mois avant la sortie du disque, il avait enregistré sur bande avec son Revox une émission de France Culture au cours de laquelle plusieurs titres de l'album avaient été diffusés.
Avec ses côtés parfois (je mets des guillements) un peu "progressifs" ou "jazz", la musique de Marcoeur n'est pas a priori du genre à me plaire spontanément, et pourtant, plus ça va et plus je l'apprécie. Ce qui me permet d'entrer dans son univers, ce sont en général les paroles, que ce soit des observations du quotidien ("Au moment de monter dans la rame, mon billet s'échappe de mes mains"), des interrogations quasi-métaphysiques ("J'aimerais avoir un pantalon qui m'serre le cul (...) Même que j'aurais pas d'slip (...) Mais à chaque fois faudra qu'je cache la dernière goutte de pisse") ou des histoires d'amour ("Elle disait toujours non, mais en fait c'était oui ; je l'ai pas su tout d'suite"). Ou un peu tout ça à la fois et bien d'autres choses encore.
Depuis le début, mon titre préféré sur ce disque est "Con que j'étais", mais là en le réécoutant, je craque bien pour "Joseph" (Oui, il y a un morceau qui s'appelle "Joseph", d'où le titre du disque), la "Ballade à jean", avec sa batterie et son basson qui sonnent presque new wave, tout comme "Non long", d'ailleurs, avec en plus Marcoeur qui fait la grosse voix. J'aime aussi beaucoup "Bonne entente", avec sa batterie et ses instruments à vent.
Ce disque a été réédité par le Label Frères de Marcoeur. Allez-y voir, vous pourrez y écouter des extraits et vous procurer le disque.

10 février 2006

MIOSSEC : Regarde un peu la France


Offert par La Radio Primitive à Reims en juin 1995
Réf : PROMOBIAS 025 CD -- Edité par PIAS en France en 1995 -- Echantillon promotionnel interdit à la vente -- Tirage limité à 3000 exemplaires
Support : CD 12 cm
Titres : Regarde un peu la France -- Non non non non (Je ne suis plus saoul) -- Crachons veux-tu bien

Après plus de dix ans, après les albums plus ou moins décevants, les concerts trop avinés, puis les concerts trop sages, avec l'habitude qui s'est installée aussi, il devient presque difficile de se souvenir que, lors de sa sortie en 1995, le premier album de Miossec, et le personnage lui-même, ont fait l'effet d'une bombe dans le paysage musical français.
Avant même d'écouter "Boire" en entier, c'est avec ce trois titres promo que j'ai découvert Miossec. La Radio Primitive en avait distribué lors d'un concours pour faire la promotion du concert de Miossec à la MJC Claudel de Reims le 9 juin 1995.
Je garde un excellent souvenir de ce concert, le seul que j'ai vu dans la formation originale en trio, et mon préféré des quatre-cinq auxquels j'ai dû assister en tout. Quelle claque de se prendre toutes ces chansons dans les oreilles, avec les deux guitares acoustiques et Christophe qui s'emparait de tout ce qui trainait sur scène (le pied de micro, la batterie du groupe de première partie) pour s'occuper les mains et faire un peu de percussions.
Les trois extraits de "Boire" choisis pour ce disque promo sont et restent excellents, que ce soit le portrait au vitriol "Regarde un peu la France", la promesse d'ivrogne "Non non non non", dont le sous-titre me fait toujours rire, et "Crachons veux-tu bien", chanson "d'amour" typique de Miossec (je voulais faire un adjectif genre miossecienne mais ça fait vraiment très moche).
Les chansons sont toujours aussi bonnes, et l'enregistrement n'a pas changé, mais bizarrement elles sonnent beaucoup plus douces maintenant. Mes oreilles se souviennent peut-être trop des concerts, mais j'y entends beaucoup moins de violence rentrée que dans mes souvenirs...

06 février 2006

TAPPER ZUKIE : Man ah warrior


Acquis sur le vide-grenier des bords de Marne à Epernay le 2 octobre 2005
Réf : MER 101 -- Edité par Mër aux Etats-Unis en 1977
Support : 33 tours 30 cm
9 titres

Il ne faisait pas beau, mais il ne pleuvait pas. On s'est donc décidés à aller à ce vide-grenier en début d'après-midi, alors que ce n'était pas prévu. Comme d'habitude, il n'y avait que peu d'exposants, surtout des professionnels et quelques rares amateurs, comme ce couple d'environ 45 ans dont le mari s'était réfugié dans la voiture. Pas grand chose sur leur stand, mais quand même une caisse d'une trentaine de disques, ça me suffit pour m'arrêter...
C'est ce disque de Tapper Zukie qui a vite retenu mon attention. Quand j'ai soulevé la pochette, le disque m'a paru lourd. Pas étonnant, puisqu'un des deux disques de "Babylon by bus" de Bob marley & les Wailers avait été glissé en surnombre dans la pochette. J'ai rendu ce disque de Marley à ses propriétaires, et je leur ai demandé s'ils savaient comment le disque de Tapper Zukie se retrouvait ici. Apparemment, il s'agissait de leur propre collection, et ils avaient acheté ce disque à Paris au moment de sa sortie.
J'étais intrigué, en effet, car on voit rarement des disques de Tapper Zukkie sur les vide-greniers, mais ce qui m'a surtout surpris c'est de voir au dos de la pochette le logo du label Mër, que je connaissais pour l'avoir vu sur le maxi de Patti Smith "Hey Joe" -/- "Radio Ethiopia (live)", sorti en France en 1977. Mër est un label créé par Patti Smith, Lenny Kaye et Robert Mapplethorpe, et je n'avais pas du tout idée jusque là que ce label ait pu sortir un album de reggae !
En fait, Tapper Zukie a fait la première partie de Patti Smith à Londres en octobre 1976, et Patti Smith a été tellement scotchée par la prestation du DJ jamaïcain qu'elle s'est arrangée pour embarquer Tapper Zukie en première partie de sa tournée suivante et pour éditer ce disque aux Etats-Unis, avec une superbe photo de pochette signée Robert Mapplethorpe.
Cet album, "Man ah warrior", le premier de Tapper Zukie, avait déjà une longue histoire derrière lui. Il est issu de sessions enregistrées par Zukie à Londres en 1973, mais il a été édité par le producteur Clement Bushay sans que Tapper Zukie en soit averti. J'imagine la tête qu'il a dû faire en découvrant cet album chez un disquaire lors de son retour à Londres en 1975 ! En plus, le disque a eu pas mal de succès...
Tapper Zukie est surtout réputé pour être le pionnier d'une approche du toasting sur des dubs très dépouillés, comme ici sur "Man ah warrior" ou "Ire lion", en avance de quelques années sur le travail de gens comme Prince Far I ou Linton Kwesi Johnson. Personnellement, j'ai quand même tendance à préférer sur ce disque les titres comme "Viego" ou "Black cinderella", qui conservent un peu plus d'instrumentation que le seul squelette basse-batterie.
Jusqu'à une réédition CD en 2003 par Trojan, ce disque était assez recherché, apparemment. L'édition Trojan comporte sept titres en bonus, dont la version longue de "Born to be black" qui est, et de loin, mon titre préféré parmi ceux que je connais de Tapper Zukie.

05 février 2006

THE DELGADOS : Sucrose


Acquis dans l'un des Record & Tape Exchange de Londres fin 1996 ou début 1997
Réf : chem 008 CD -- Edité par Chemikal Underground en Ecosse en 1996
Support : CD 12 cm
Titres : Sucrose -- Chalk -- Eurosprint -- The dirge

C'est l'un des premiers singles des Delgados, sorti une quinzaine de jours avant leur premier album, "Domestiques". Seul "Sucrose" est repris sur l'album. C'est un bon titre de noisy pop, et même s'ils le compliquent à la fin en le rallongeant inutilement, on est loin ici des titres très élaborés de leurs derniers albums avec Dave Fridman à la production.
"Chalk" et "Eurosprint" sont deux ballades à la guitare acoustique qui sonnent comme des démos solo, la première chantée par Alun Woodward, la seconde par Emma Pollock.
Mon titre préféré de ce disque, et de loin, c'est le dernier, "The dirge". C'est d'ailleurs le seul que j'ai régulièrement passé à l'époque dans l'émission Vivonzeureux!.
Seul petit problème, mais ça n'en est pas vraiment un, ce n'est pas un titre écrit par les Delgados, mais une reprise des New Bad Things, un groupe contemporain des Delgados, originaire de Portland aux Etats-Unis. Les deux groupes devaient se connaître puisqu'ils ont sorti ensemble un split single sur le petit label Lissy's (sur lequel les Delgados reprenaient "Sacré Charlemagne" de France Gall !!).
Je n'ai malheureusement jamais entendu la version originale de "The dirge", je ne peux donc pas faire la comparaison. mais ce n'est pas très grave, car cette version me suffit largement ! C'est aussi un peu noisy. Ça commence avec le garçon-chanteur et la fille-chanteuse qui se répondent (un peu comme pour Melon Galia), et j'adore. Ensuite, c'est presque mieux quand ils se mettent à entonner ad libitum une sorte de deuxième refrain ("I love you, no matter where you spend the night, you can always come back to me, because I love you and you are everything"). Et ça se finit en joyeux bordel, avec des sifflements, des coups de cymbale du batteur et l'impression qu'ils se sont bien amusés à enregistrer ça.

04 février 2006

WAY OF THE WEST : Don't say that's just for white boys


Acquis à La Clé de Sol à Châlons-sur-Marne en 1981
Réf : 6359 072 -- Edité par Mercury en France en 1981
Support : 45 tours 30 cm
Titres : Don't say that's just for white boys -/- Prove it

La carrière de ce groupe a été des plus courtes. D'après les renseignements que j'ai pu glanés, ils ont sorti trois singles la même année, plus un morceau sur un flexi donné avec un magazine, et c'est tout, soit sept titres pour l'intégrale. Ils étaient pourtant signés sur un gros label, Mercury, mais le manque de succès des singles n'a pas dû les inciter à financer un album.
Ça se comprend aussi, car ce groupe n'a pas laissé de chef d'oeuvre oublié derrière lui ! Leur problème, c'est le manque d'originalité. En 1981, on était en plein dans les suites du raz de marée du deuxième album de Police, et c'est exactement ce qu'on retrouve ici, dès les premières notes de leur premier single : ligne de basse regatta de blanc, saccades de guitares,... Le refrain n'est pas mal, comme sur leurs autres singles : j'ai d'ailleurs hésité entre parler de ce disque ou du suivant, "See you shake". J'ai finalement choisi celui-ci car la face B, "Prove it" a aussi un petit quelque chose de bien dans le refrain.
On sait très peu de choses de ce groupe anglais. Ils étaient cinq, dont une bassiste, et le leader était Peter Carney, le chanteur-guitariste qui a écrit toutes leurs chansons. Ce premier single a bénéficié d'un producteur connu, Richard Strange, l'ex-Doctors of Madness, mais pas les deux suivants.
Bernard Lenoir a beaucoup passé "Don't say that's just for white boys" et "See you shake" a l'époque dans Feed Back, c'est comme ça que je m'étais intéressé au groupe.