07 juin 2008

BO DIDDLEY : Drive by - Tales from the funk dimension 1970-1973


Acquis par correspondance via Amazon en Australie en avril 2008
Réf : RVCD-196 -- Edité par Raven en Australie en 2004
Support : CD 12 cm
20 titres

En règle générale, j'essaie d'éviter d'utiliser ce blog pour publier des notices nécrologiques, même si, évidemment, quand on apprend le décès d'un artiste on a tendance à ressortir ses disques pour les réécouter. Mais là, même si j'ai évidemment envie de rendre hommage à Bo Diddley, l'un des pionniers du rock les plus attachants et l'un des derniers survivants (jusqu'à cette semaine !) des tous débuts, son premier single étant sorti chez Chess en 1955 (sauf erreur, lui survivent parmi les monuments, Fats Domino, Chuck Berry et Little Richard), je veux surtout parler d'un disque que je gardais sous le coude depuis plus d'un mois. Ça m'apprendra à procrastiner : je savais que Bo avait près de 80 balais, et surtout qu'il était très diminué depuis plus d'un an suite à une attaque cérébrale.
Comme beaucoup, j'ai fait la connaissance du fameux Diddley beat par l'intermédiaire de Not fade away des Stones. J'ai assez vite connu le blues I'm a man, mais je l'ai pendant longtemps beaucoup plus associé à Muddy Waters qu'à Bo Diddley (pas entièrement à tort d'ailleurs). Ensuite, il y a eu la version de Who do you love par George Thorogood, et la même chanson reprise quelques années plus tard par Jesus & Mary Chain, qui ont aussi enregistré Bo Diddley is Jesus.
Tout cela était déjà suffisant pour que Bo Diddley compte beaucoup pour moi musicalement, mais il y a 5 ans j'ai découvert avec Crackin' up un aspect que je ne soupçonnais pas de son talent. J'ai appris ensuite que c'était un de ses classiques, repris par tout le monde, des Stones à Paul McCartney, mais la guitare, le rythme et les choeurs de cette chanson m'ont révélé une parenté insoupçonnée entre le Bo Diddley de 1959 et le Jonathan Richman & the Modern Lovers de 1977.
Et les découvertes ont continué, qui montrent l'étendue du talent de Diddley, qui ne saurait se réduire au fameux rythme. En début d'année, je finissais par me rendre compte que le I'm alright signé Nanker/Phelge sur les éditions européennes de (Got live) If you want it des Stones est en fait une reprise du She's alright de Bo, créditée comme tel aux Etats-Unis. Et en mars, j'ai téléchargé un album de 1970, The black gladiator, en me méfiant un peu car il y était question de la période funky de Bo Diddley. Et là, la claque, dix titres avec un son excellent, un peu funky, certes, mais avec aussi beaucoup d'orgue et de grands moments comme I don't like you, If the bible's right et Shut up woman.
A Damery l'an dernier j'avais acheté un 45 tours de Bo Diddley de 1972 avec au départ l'intention de le chroniquer ici, mais je n'aime pas la face A, A good thing, et la pochette est très moche, alors, même si la face B Bo Diddley-itis est un bon titre typique du Diddley beat, je l'ai mis de côté. Mais, après avoir apprécié The black gladiator en pirate, je me suis mis en quête d'un disque pour en parler ici. L'album n'étant actuellement pas disponible, mon choix s'est porté sur ce disque australien, une compilation de titres titrés de quatre albums de la première moitié des années 70, The black gladiator, Another dimension, Where it all began et Big bad Bo.
Le disque s'ouvre avec 5 titres de Black gladiator, dont mon préféré, I dont' like you (en écoute sur le radio-blog dans la colonne de de droite de ce blog), un duo avec la choriste-percussioniste Cornelia Redmond, une scène de ménage d'anthologie avec Bo en chanteur d'opéra qui échange des insultes avec sa partenaire ("Si un oiseau avait ta cervelle il volerait de travers", "Pour moi, tu ressembles à un million de dollars, et comme je n'ai jamais vu un million de dollars, tu ressembles à quelqu'un que je n'ai jamais vu"), mais la femme porte le coup de grâce à Bo, qui se perd alors en vocalises déchirantes, quand elle lui assène qu'elle a vu sa mère à Juarez au Mexique, vagabondant un matelas sur la tête.
Autre grand moment de cette sélection, Shut up, woman (Ferme-là, bonne femme) un titre à la I'm a man qui pourrait a priori passer pour sexiste, mais dont l'humour et la dignité sont garantis quand on sait qu'il est en fait écrit, comme tous les titres de l'album, par l'organiste Bobby Alexis, Cornelia Redmond et... Kay McDaniel, la propre épouse de Bo au moment où ce disque est sorti !
L'autre excellent disque du lot, c'est visiblement Where it all began, produit par Johnny Otis, celui-là même dont était extrait A good thing (absent ici, à juste titre), comme en témoignent les excellents I've had it hard, Bad trip et la version complète, live en studio, de Bo Diddley-itis.
Les 6 extraits de l'album de reprises Another dimension ne sont pas déshonorants, surtout les versions de Bad moon rising et The shape I'm in, mais bon, si on veut écouter du Creedence ou du Band, on n'a pas besoin que quelqu'un du talent de Bo se dévoue pour les reprendre. Quant à la reprise d'Elton John...
C'est un peu pareil pour les trois titres extraits de Big bad Bo, vraiment funky pour le coup, que Bo chante avec moins de personnalité que d'habitude.

Sur Bo Diddley, un grand article du New-York Times de 2003, une série de billets-hommages de Boogie-Woogie Flu (1, 2, 3 et 4 : je vous conseille particulièrement Pills, Aztec et Untitled instrumental plus bien sûr Crackin' up sur le premier billet et les extraits de Black gladiator du troisième). Et enfin, la preuve qu'il n'y a pas que Bo Diddley qui a tourné funky !

3 commentaires:

mediamus a dit…

Les couleurs de la pochette sont vraiment dans le goût flashy de l'époque. ça me rappelle une collection de numéro de la revue de Best que j'ai trouvé chez Emmaüs. Année 1970-1971. Nicolas

Patsoul a dit…

Dac avec toi pour le black gladiator, si tu as l'occas, écoute sa version longue de "Oh baby" enregistrée sur le LP "the super super blues band" ou il est avec Howlin Wolf et Muddy Waters. Seul il en a fait une version courte sur un single Chess.
Patsoul

Pol Dodu a dit…

Salut Patsoul,
Merci pour tous les commentaires que tu as disséminés sur Blogonzeureux!. Je ne suis absolument pas spécialiste de soul/r'n'b, mais je constate que tu as trouvé pas mal de billets intéressants pour toi.
Je vais suivre tes différents conseils, dont celui sur "Oh baby".
Et je fais appel à ta science : si jamais tu as des infos sur les musiciens de sessions qui se cachent derrière The Black Inspiration, je suis preneur !