28 novembre 2021

LES SWIFTS : Athos avec Les Swifts


Acquis chez Emmaüs à Reims le 12 novembre 2021
Réf : 3 -- Édité par Athos de France en France en 1963 -- [Les chaussures Athos ont édité ce disque pour votre plaisir] - [Chaussures Athos, chaussures jeunes pour les jeunes]
Support : 33 tours 17 cm
Titres : Choo-choo -- Shaking all over -/- Sylvie -- Je m'ennuie

Les 45 tours sont repassés de 1 € à 50 centimes chez Emmaüs à Riems. Ce jour-là, il n'y en avait pas beaucoup, mais ils étaient en bon état. Ma meilleure pioche a été ce disque publicitaire à la pochette très réussie, qui aurait pu figurer dans mon livre Vente interdite.
Athos était une des marques de l'entreprise Fenestrier de Romans-sur-Isère. Ce disque est le troisième et dernier d'une collection qui comporte aussi Twist chez le Cardinal et Boum chez Milady !
La pochette est une feuille de papier épais, plus grande qu'une pochette "normale" de 45 tours, pliée et agrafée, avec imprimé au dos le nom et l'adresse du chausseur détaillant. Dans mon cas, c'est Dupré à Saint-Quentin, pas Galy à Carcassonne comme sur l'exemple ci-dessous.

L'intérêt de ce troisième volume Athos, c'est que, plutôt que de faire appel comme pour les deux premiers à Paul Mattéi et son Orchestre, qui apparaissent sur des dizaines de disques publicitaires, comme mon Dima, on a choisi ici de proposer quatre titres d'un groupe surf-yéyé, Les Swifts.
C'est un groupe d'Annecy, composé de cinq membres, qui a sorti deux EP. Ils se sont séparés après une mésaventure, quand Barclay a refusé de leur offrir le contrat promis après qu'ils aient remporté le concours La Vedette Inconnue début 1964.

Les trois premiers titres sont extraits de C'est gagné !.., le deuxième EP des Swifts. Le titre qui manque, c'est justement C'est gagné, leur adaptation de I saw her standing there des Beatles. Au bout du compte, on ne perd pas trop au change car leur version est un peu molle du genou et le chant pas super.
Le disque s'ouvre avec un instrumental, Choo-choo. Ici, il est crédité aux Swifts, mais sur le disque original il était bien précisé que c'est une adaptation, d'un morceau signé A. Schwab et intitulé My lovely girl, dont je n'ai pas réussi à retrouver l'original. Dans une première partie, leur version est très surf avec une guitare à la Shadows, mais ça évolue ensuite avec l'atout maître du groupe, la présence d'un orgue dans la formation.
Après un message publicitaire arrive une reprise du classique de Johnny Kidd and the Pirates. C'est une chanson inoxydable, mais originale. Cette version de Shaking all over tient bien la route. Je ne crois pas que tant de groupes français s'y sont essayé à l'époque.
Sur la face B, on trouve Sylvie. L'ambiance est un peu à la Tous les garçons et les filles et, s'agissant d'un slow à prénom de fille, c'est un peu Aline avant l'heure. Comme souvent à l'époque, même avec les groupes de rock (Beatles compris), les paroles sont très conservatrices, la Sylvie elle papillonne un peu trop et ne prend pas l'amour assez au sérieux, elle ferait mieux de penser à vite se caser : "Crois-moi, ce n'est plus de ton âge d'être aussi légère, si volage. Prends un garçon, oui Sylvie, et garde-le pour la vie".
Le dernier titre, Je m'ennuie, est extrait du premier disque des Swifts. C'est un rock sympathique. Là aussi, contrairement à ce qui est indiqué, il s'agit d'une adaptation. C'est un commentaire sur 45cat qui m'a appris que l'original est Yes you did par Valerie Mountain. Sûrement un titre obscur : les Swifts devaient avoir des goûts très pointus...

Les deux disques originaux des Swifts se vendent à plusieurs dizaines d'euros sur Discogs. Celui-ci, qui contient la moitié de la discographie du groupe, s'y trouve à 5 € ou moins. Il y a une bonne affaire à faire...





20 novembre 2021

REVOLUZION : Song of songs


Acquis à la Bourse BD Disques d'Hautvillers le 7 novembre 2021
Réf : [LUV 001] -- Édité par Les Anges Pressés en France en 1992 -- Record 4 free / Gratuit - Please copy it
Support : 45 tours 30 cm
Titres : Song of songs (Kingston roots) -/- Omega rap (London mix) -- Big Bang mix (Dub version)

Cette année, je suis revenu de la bourse d'Hautvillers avec une douzaine de disques, pour 13 €. C'est une meilleure récolte que les fois précédentes.
Celui-ci, je l'ai trouvé dans un bac à 2 € sous une table. La pochette, avec le recto et verso identiques mais au noir et blanc inversés, sans aucune autre indication qu'une sorte de tag difficilement lisible, ne portait aucune autre information.
J'ai donc sorti le disque de sa pochette pour en savoir plus, et ça m'a intrigué quand j'ai vu sur le rond central l'indication que le disque était gratuit avec en plus l'incitation à le copier (alors qu'il ne s'agit visiblement d'un habituel disque promo). Il était clair aussi que ce disque avait un rapport avec le reggae, et ce n'est pas tous les jours que des français enregistrent à Kingston et à Londres.
Il y avait aussi un grand poster dans la pochette, avec les paroles d'un côté, et un message reproduit en une dizaine de langues de l'autre côté, qui montre qu'on a affaire à un disque militant :



Habituellement, c'est assez simple de déterminer le nom de l'artiste qui publie le disque qu'on a entre les mains. Là, ce n'était pas très clair. Chez Discogs, le disque est attribué à Les Anges Pressés, mais il s'agit en fait de l'association qui l'a édité. Aux Archives du Monde du Travail, il est attribué à Acte d'Alliance de la Génération Planète, mais c'est simplement le titre du manifeste. Sur les étiquettes du rond central, il n'y a que les titres des chansons.
Au bout du compte, j'ai opté pour le nom qu'on trouve sur la pochette, Revoluzion, qui se trouve être un beau mot-valise qui résume parfaitement le propos du disque.

Je suppose qu'il y a un rapport, même si je ne le saisis pas : en anglais, le Song of songs c'est le Cantique des cantiques.
J'ai eu un peu peur quand il y a eu au début de la chanson une intervention vocale en anglais avec l'accent parigot, mais au bout du compte Song of songs (Kingston roots) s'avère être un très bon ragga, avec les membres du groupe (ils étaient une douzaine, apparemment) qui se succèdent au micro.
Dans ce contexte, le titre Omega rap (London mix) m'a instantanément fait penser à Basement Five et son Omega man, même s'il n'y a aucun rapport. Ce mixage londonien, effectivement moins roots et plus au goût du jour de 1992, est moins intéressant.
Le Big Bang mix est bien le dub de la version de Kingston. Il est très bien.

Je n'en suis pas sûr mais, vus le nom et les thématiques abordés, je pense que le groupe Planet Generation Global Move et le label du même nom, actifs à partir du milieu des années 1990, sont liés au collectif qui a publié ce Song of Songs. Je ne le trouve pas en ligne, mais ils ont notamment sorti en 1996 le single Le grand pardon, avec deux invités de marque, Dee Nasty et l'Abbé Pierre !

Malheureusement, je n'arrive pas à remettre la main sur le commentaire lu sur un site où une membre du collectif expliquait que ce disque est un projet du sound system Ghetto Activité lancé au début des années 1990 par Puppa Leslie. Et effectivement, je n'y avais pas prêté attention, mais le logo de Ghetto Activité figure en bonne place sur l'insert.
J'ai déjà chroniqué ici Les Zulums !, Catch 22 et Pablo Master. Je pensais aussi avoir chroniqué un disque de Puppa Leslie, car j'ai et j'apprécie ses collaborations avec Ausweis et Gom Jabbar DC, mais en fait non. Celui-ci, s'il est bien présent dessus, est donc le premier.



14 novembre 2021

THROWING MUSES : Not too soon


Acquis par correspondance via Rakuten en novembre 2021
Réf : BAD 1015 CD -- Édité par 4AD en Angleterre en 1990
Support : CD 12 cm
Titres : Not too soon -- Cry baby cry -- Him dancing (Remix) -- Dizzy (Remix)

J'avais entendu de-ci de-là des titres des Throwing Muses sans qu'aucun m'ait particulièrement accroché l'oreille, jusqu'à ce qu'on reçoive à Radio Primitive leur album The real Ramona. Là, j'ai craqué pour Not too soon et j'ai diffusé régulièrement cette chanson. C'est uniquement pour elle que j'avais classé l'album parmi mes préférés de l'année 1991, mais je n'avais jamais acheté le disque, ni ce single qui en avait été extrait. Une omission que j'ai souhaité réparer après avoir entendu la chanson à nouveau tout récemment.

Côté écriture des chansons, la répartition des rôles était assez claire chez les Throwing Muses : Kristin Hersh écrivait tout, sauf un ou deux titres par album, façon Harrison avec les Beatles, qui étaient signés par Tanya Donnelly. Mais, quand ce quatrième album est sorti, les choses avaient commencé à changer. Quelques mois avant d'enregistrer The real Ramona, Tanya Donnelly avait formé les Breeders avec Kim Deal et enregistré l'album Pod, dont les chansons étaient toutes écrites par Deal. Mais il était prévu que celles du suivant seraient signées Donnelly. Au bout du compte, Donnelly va quitter en 1991 à la fois les Breeders et Throwing Muses pour former Belly, qui sortira avec succès ses premiers disques en 1992.

Not too soon est l'un des deux titres de Donnelly sur The real Ramona, mais c'est la première fois qu'une de ses chansons a été choisie comme face A de single. L'ironie est que, quand le single est sorti, elle était sur le point de quitter le groupe ou venait de le faire !  Mais comme chant du cygne, quelle réussite !!
C'est une chanson très nerveuse et dynamique, très accrocheuse aussi. J'aime particulièrement les moments où Tanya Donnelly se met à vocaliser en suivant la ligne de guitare.
Musicalement, on est très proche des Breeders, voire même des Pixies, mais j'ai aussi pensé à la new wave tendue d'XTC période Drums and Wires. Et c'est une comparaison pas si saugrenue que ça, puisque j'ai appris au passage que Not too soon est une chanson qui date en fait du début des Throwing Muses. Elle figure sur l'une des premières démos du groupe, de 1984. Et ce qui est magique de nos jours, c'est qu'en quelques clics on peut l'écouter. C'est très intéressant. Le son est différent, et les paroles un peu aussi, mais tous les ingrédients sont là et ce qui m'étonne le plus c'est que le groupe ait attendu le quatrième album pour l'enregistrer.

Cry baby cry
est une chanson des Beatles (de l'album blanc), que je vais connaître mieux au bout du compte par ses reprises. Il y a celle, très bien, de Richard Barone. Celle-ci est sympathique (c'est une très bonne chanson...), mais plus quelconque.

Sur The real Ramona, Him dancing dure juste 1'10. Pour ce remix, la durée de la chanson est plus que doublée, et c'est très bien comme ça. Avec sa grosse basse, cette chanson aurait pu être la face A d'un single.

Une face A, Dizzy, un titre de l'album Hunkpapa, l'avait été en 1989. Là, un peu étonnamment, le groupe a choisi d'y revenir avec un remix assez discret.

Le tout fait un excellent single, qui vaut notamment pour sa face A, un classique d'il y a pile trente ans.




Throwing Muses, Not too soon, en concert à Düsseldorf au printemps 1991.


06 novembre 2021

LOVE : Alone again or


Acquis sur le vide-grenier de Plivot le 5 septembre 2021
Réf : E-45056 -- Édité par Elektra aux États-Unis en 1984
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Alone again or -/- My little red book

Comme le Nina Simone, ce 45 tours fait partie du beau lot d'une dizaine de disques que j'ai achetés à 1 € pièce il y a quelques semaines.
Certes, c'est une simple réédition sans pochette de deux faces A de single, mais j'ai été bien content de tomber dessus. De votre côté, vous en voyez souvent des 45 tours de Love ? Moi, jamais. Je crois bien sans exagérer que c'est l'une des très rares fois où j'en ai vu un.
Et il ne faut pas se leurrer, il y a très peu de chance de voir un jour sur un vide-grenier les éditions françaises originales de My little red book et Alone again or !! Mais ça ne coûte rien de regarder les pochettes et de baver un peu :





Je connais bien la série de rééditions Spun gold d'Elektra. En effet, l'un des premiers 45 tours que j'ai achetés, au début des années 1980, est une réédition de Light my fire des Doors dans cette collection. Une belle erreur de débutant, puisque je me suis retrouvé avec une version de la chanson de moins de trois minutes, à comparer avec les presque sept minutes de la version de l'album. Évidemment, c'est la longue partie instrumentale presque hypnotique qui a été coupée.
Comme mentionné sur la rondelle, ce 45 tours est sorti initialement après la compilation de 1970 Love revisited, mais mon pressage est plus tardif. Le premier 33 tours de Love que j'ai écouté, dans les années 1980, c'est justement l'exemplaire de Love revisited de l'ami Dorian Feller. Et si je m'intéressais à ce groupe à ce moment-là, c'est parce que je venais de le découvrir avec la reprise de 7 and seven is que les Jasmine Minks faisaient en concert (comme on peut l'entendre sur Alive in the Living Room) et parce que les fanzines anglais de l'époque en parlaient beaucoup.

Il devait y avoir d'immenses batailles d'égos et de pouvoir au sein de Love. Arthur Lee en était la tête de proue, le principal auteur-compositeur et chanteur, et aussi le co-producteur de Forever changes, l'album devenu un classique dont Alone again or est extrait. Mais l'auteur et le chanteur d'Alone again or, ce n'est pas Arthur Lee, c'est l'un des autres guitaristes du groupe, Bryan McLean, qui co-signe aussi avec David Angel les arrangements des deux titres de l'album dont il est l'auteur. Et c'est Alone again or qui ouvre l'album et qui en a été le premier single extrait.
Mais Bryan McLean a quitté Love peu de temps après la sortie de l'album (l'une des raisons étant peut-être qu'il avait signé un contrat solo). A la suite de quoi, Arthur Lee a viré les autres musiciens du groupe pour en embaucher de nouveaux.
Ce n'est sûrement pas un hasard si, au verso de la réédition européenne de 1971 de Forever changes, la photo du groupe de 1967 a été remplacée par une photo du seul Arthur Lee ! Et au dos de ma réédition CD, on lit la mention "All songs written and sung by Arthur Lee", et il faut continuer la lecture, sans qu'apparaisse le mot "except" pour apprendre plus bas que "Tracks 1 & 5 - written & sung by Bryan McLean" !!
Forever changes est dans l'ensemble un excellent album, mais pour moi Alone again or en est la plus grande réussite. Il se passe vraiment plein de choses en à peine trois minutes. Il y a la guitare acoustique un peu hispanisante, les voix à la Byrds, un arrangement de cordes pour une fois réussi, rythmique et pas sirupeux, et puis, de façon surprenante, une trompette façon mariachi qui arrive à un moment.Excellent.
Bizarrement, je n'aime pas la reprise qu'en a fait en 2003 un de mes groupes fétiches, Calexico. Je trouve même que c'est l'un de leurs singles les moins intéressants.

En face B, on trouve My little red book. Ce fut en 1966 le premier titre du premier album de Love, et aussi leur premier 45 tours. C'est une reprise d'un titre de Hal David et Burt Bacharach, ce qui signifie qu'aucun des titres de mon disque n'est composé par Arthur Lee. Par contre, c'est tout comme si c'était un original car on est dans le cas plutôt rare où la reprise transcende complètement la version de départ.
Dans ce cas précis, il s'agit d'une chanson du film What's new pussycat ? de 1965 interprétée par Manfred Mann. Que ce soit la version du film ou celle sortie en 45 tours , elles paraissent toutes les deux complètement molles du genou et inécoutables une fois qu'on a entendu la version beaucoup plus rock et électrique de Love.

Demain, il a près de chez moi la bourse aux disques de BD-Bulles. Comme je suis toujours optimiste, j'espère bien y trouver d'autres grands classiques du rock de cette trempe à petit prix !


Love, My little red book, dans l'émission American bandstand, le 18 juin 1966.