25 novembre 2018

BECK : Guerolito album sampler


Acquis au Record & Tape Exchange de Greenwich à Londres le 8 novembre 2018
Réf : GUEROLITO1 -- Édité par Interscope en Europe en 2005 -- For promotional use only - Not for sale
Support : CD 12 cm
Titres : Ghettochip malfunction (Hell yes) -- Shake shake tambourine -- Girl -- Heaven hammer (Missing)

Allez, encore un disque promo pour vous rappeler que Vente interdite, mon recueil de chroniques de disques dits "hors commerce", est désormais disponible.
Alors, le 8 novembre, avant le concert-hommage à Dan Treacy du soir, on s'est retrouvé un peu par hasard sur l'Île aux Chiens. De là, on a pris le tunnel piéton sous la Tamise qui mène à Greenwich et, une fois là, je n'allais pas me priver d'une visite au Music and Video Exchange, la dernière boutique de disques qui reste de cette mini-chaîne en-dehors de la maison-mère à Notting Hill Gate. Comme à mon habitude, j'ai foncé direct à la cave et j'ai pris un bon moment pour passer en revue les CD singles (1 £ les 10) et les albums CD (50 pence pièce) qui y étaient bradés. J'en suis ressorti avec 5 £ de moins dans le porte-monnaie mais plein de disques en plus dans mon sac, dont ce CD de Beck, qui servait à annoncer la sortie prochaine de son album de remixes Guerolito, avec quatre extraits de l'album et une pochette différente car elle en agrandit un détail.
En 2005, cela faisait un moment que je n'achetais plus systématiquement les disques de Beck (j'ai arrêté après Midnite vultures en 1999). J'ai quand même toujours suivi de loin son parcours, écouté ses albums quand j'en ai eu l'occasion et acheté ses disques quand je suis tombé dessus pas cher. Pour Guero, il se trouve que je suis passé complètement à côté : je pense bien ne jamais avoir écouté cet album (et encore moins les remixes de Guerolito), qui a pourtant un argument de vente intéressant, étant donné qu'il est co-produit par les Dust Brothers, avec qui Beck avait déjà travaillé sur Odelay et Midnite vultures.
En 2005, son nouveau label Interscope a vraiment exploité au maximum les productions de Beck : il y a eu Guero, trois singles officiels qui en ont été extraits (E-pro, Girl et Hell yes), des disques promo et, en toute fin d'année, Guerolito, dont certains des titres avaient déjà été diffusés sur des éditions spéciales de Guero ou en face B de single.
Habituellement, je préfère d'abord écouter les versions originales avant de découvrir les remixes et, le plus souvent, être déçu par ce que j'entends. Là, comme je n'ai qu'un disque de remixes, je les ai d'abord écoutés avant, rapidement, de les comparer à la version originale. Dans plusieurs cas, c'est la version remixée que j'ai tendance à préférer. Peut-être que depuis des années la théorie que j'ai établie est fausse, c'est peut-être tout simplement la première version entendue et appréciée que je préfère, pas spécialement la version originale par rapport à la remixée...
Le disque s'ouvre avec Ghettochip malfunction, un titre remixé par 8bit, un groupe qui se spécialise apparemment dans les sons électroniques vieille école à la Nintendo. Musicalement, c'est effectivement agréablement robotique, et ça fonctionne très bien, notamment parce que c'est tout à fait dans le style de l'âge d'or de Beck, époque Loser/Odelay. La version originale, Hell yes, est moins électronique et plus funky. Bof.
Ensuite vient Shake shake tambourine qui est un remix par Ad Rock des Beastie Boys. Là, c'est pas que c'est mauvais, mais c'est très bizarrement mixé. La musique est en avant et la voix semble cachée derrière de façon très déséquilibrée. L'effet est un peu le même dans la version originale, Black tambourine, mais ce n'est quand même pas aussi prononcé.
Le troisième titre, Girl, est remixé par Octet qui, sauf erreur de ma part, est un groupe français. C'est pas mal du tout et c'est mon titre préféré avec le premier. La version de Guero est bien aussi.
Le dernier titre, Heaven hammer, est remixé par d'autres français, Air, avec qui Beck avait déjà collaboré, dès 1998 notamment pour un remix de leur Sexy boy. C'est pas mal, et plutôt mieux que la très bossa nova version originale Missing
Au bout du compte, ces quatre extraits de Guerolito forment un disque agréable mais sans plus puisque, au mieux, j'y entends comme un écho atténué des grandes réussites du Beck des années 1990.



23 novembre 2018

ENVELOPES : Sister in love


Acquis chez St Vincent's à Dalston le 7 novembre 2018
Réf : BRILS02S - 094634215176 -- Édité par Brille en Angleterre en 2005
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Sister in love -/- The Nicotines -- It is the law (Acoustic version)

Je suis allé à Londres ce mois-ci, notamment pour assister à un événement des plus sympathiques, ...And don't the kids just love it : A celebration of the genius of Dan Treacy, un concert hommage et de soutien à Dan Treacy de Television Personalities, très diminué depuis plusieurs années suite à de gros soucis de santé. L'occasion sur scène de célébrer la quantité impressionnante de chansons d'anthologie créées par Dan, avec un groupe comprenant d'anciens membres du groupe des différentes époques et de nombreux chanteurs invités. Le spectacle était aussi dans la salle, et ça tournait un peu à la réunion des anciens combattants du Living Room. A un moment dans la soirée, je me suis rendu compte qu'il y avait dans la salle à peu près tous les participants à l'enregistrement de l'album The girl who runs the beat hotel de Biff, Bang, Pow !, à l'exception de la chanteuse Christine et des copines choristes, soit: Alan McGee, Dick Green, Dave Evans, Ken Popple, Joe Foster et Andrew Innes !
La veille, à peine arrivés à Londres et les affaires déposées à l'hôtel, on est allé faire les boutiques à Dalston. De la première qu'on a visité, je suis ressorti avec une trentaine de CD, deux livres et une poignée de 45 tours. Pas mal, sachant qu'un des livres est un roman de Julian Cope et que les CD étaient à 50 pence et qu'il y en a plein d'intéressants.
Il y avait deux-trois caisses de 33 tours, mais je les ai survolées très rapidement car visiblement c'était la daube habituelles des charity shops et je n'avais pas envie de m'encombrer de toute façon. Les 45 tours, il n'y en avait que quelques-uns dans une boite à chaussures et j'ai tout de suite vu un 45 tours Debs ! Malheureusement, la pochette était vide. Je me suis rattrapé en y glissant un autre 45 tours Debs qui était sans pochette et j'en ai trouvé un autre, complet disque et pochette mais un peu décevant, plus un David Devant (que j'ai retrouvé sur scène le lendemain pour chanter un titre de Television Personalities) et ce disque d'Envelopes. Le groupe m'était complètement inconnu, mais la pochette m'a attiré l’œil et, à 50 pence aussi, ça se tentait.
Malheureusement, ce n'est pas si souvent que ça arrive à la première écoute d'une chanson inconnue : dès les premières secondes de Sister in love, j'ai dressé l'oreille et à la fin des trente secondes d'introduction j'étais déjà accroché. Puis il y a au un break, avec une autre partie différente mais aussi intéressante, chantée/parlée ce qui fait qu'on peut la qualifier d'unique couplet, avant le refrain entêtant et répété à l'envi avant et après une autre partie instrumentale dans la lignée de l'intro. Excellent ! De la noisy pop à faire danser un The Legend! comme un fou devant la scène (il était aussi à l'affiche le lendemain), quelque chose comme, pour prendre un groupe avec des influences similaires, du Urusei Yatsura à son meilleur ou The Feelings à leur plus réjouissant.
Il y a deux titre sur la face B. The Nicotines est très brinquebalant mais aussi très bien. It is the law est une version acoustique d'un autre single du groupe, qui m'a moins plu à première écoute mais qui s'avère quand même très agréable.
Bien sûr, j'ai cherché à en savoir un peu plus sur Envelopes. Le groupe était composé de trois suédois et d'une française, Audrey Pic, qui se sont rencontrés au lycée ou à l'université. Au moment de la sortie de ce disque, ils étaient installés en Angleterre, mais ils ont donné leur premier concert à Paris en 2002 sous le nom de The Nicotines (tiens, tiens...). C'est sous ce nom aussi qu'est sorti en 2004 leur premier EP, I don't like it. Mais en 2005, quand est sorti l'album Demon, le groupe était devenu Envelopes. Sur l'album, on retrouve les quatre titres du EP de The Nicotines et les deux singles suivants, It is the law et Sister in love. Le titre de l'album serait un jeu de mots sur Démos, car le groupe le considérait comme une simple compilation de ses premiers enregistrements. Un deuxième album, Here comes the wind, est sorti en 2008, mais le groupe a dû s'arrêter assez vite ensuite.
En tout cas, Sister in love est l'une de mes découvertes les plus explosives et enthousiasmantes de l'année.





18 novembre 2018

STROMAE : Alors on danse


Acquis par correspondance via Discogs en novembre 2018
Réf : 0600753254899 -- Édité par B1 en Allemagne en 2010
Support : CD 12 cm
Titres : Alors on danse -- Alors on danse (Vidéo)

C'est ce disque que je tenais à commander et qui m'a amené à me procurer un petit lot de disques auprès d'un vendeur allemand, dont le Grandaddy dont on parlait hier.
Quand ça m'arrive, j'assume complètement le fait d'arriver après la bataille. Bien sûr, ce n'est pas le mois dernier que j'ai entendu parler pour la première fois de Stromae. J'étais conscient que ce jeune belge avait eu un énorme succès, mais j'étais persuadé que Formidable était son plus grand tube (c'est sûrement le cas) et que c'était le titre qui l'avait révélé (c'est faux, c'est Alors on danse).
Ce n'est pas non plus le mois dernier que j'ai entendu pour la première fois Alors on danse. En fait, j'ai dû souvent en entendre des bribes ces dernières années, à la radio ou dans des magasins, mais je n'ai jamais su qui était l'interprète. A chaque fois, je trouvais ça pas mal, et je pensais que c'était Gaëtan Roussel qui chantait, avec ou sans Louise Attaque. Je ne suis pas le seul à avoir trouver une analogie entre ces deux voix, Les Inrocks, par exemple, l'ont mentionnée dès 2010.
C'est bien le mois dernier par contre que, un matin en me rasant, pré-annoncé comme étant une chanson de Stromae, j'ai écouté à la radio pour la première fois attentivement et intégralement Alors on danse.



Et là, j'ai eu la confirmation que cette chanson me plaisait vraiment bien, et j'ai été impressionné par l'efficacité et l'économie de moyens de la production. Il y a la suite de notes au synthé du début qu'on entend tout au long ou presque et le son entêtant de saxophone, mais il y aussi, avec presque rien, un pouvoir d'évocation très fort : un petit rythme et un peu de synthé, le tout très minimaliste, suffisent à nous transporter en boîte avec la techno à fond ou dans une rave. Les paroles en français sont très bien aussi.
Dès ses débuts, Stromae a pris l'habitude de filmer des "leçons" pour expliquer ses méthodes de production. Avec le succès d'Alors on danse il a eu de nombreuses occasions de le faire à la télévision, en français ou en anglais, et on en trouve des témoignages sur YouTube, mais cette leçon-ci, en public, est particulièrement intéressante, car elle a été mise en ligne le 8 mai 2009, alors que le titre était sûrement déjà diffusé sur les les radios belges mais avant que le disque sorte et qu'il devienne un tube mondial :



Allez, je vous laisse danser toute la semaine, et prochaine fois je vous parle de 1987, le titre électro-pop de Calogero, et du nouvel album de Patrick Bruel, qui sont aussi tous les deux souvent au programme de France Bleu Champagne le matin.



17 novembre 2018

GRANDADDY : Elevate myself


Acquis par correspondance via Discogs en novembre 2018
Réf : VVR5040088P -- Édité par V2 en Europe en 2006 -- For promotional use only - Not for resale
Support : CD 12 cm
Titre : Elevate myself (Edit)

Allez, un petit disque promo de plus pour marquer la sortie de mon nouveau livre, Vente interdite.
J'ai déjà chroniqué ici deux disques promo de Grandaddy. Nature anthem se retrouve dans Vente interdite. Machines are not she n'y est pas, car j'avais déjà inclus cette chronique dans Mes disques improbables en 2010. J'avais décidé de ne pas faire de doublon d'un livre à l'autre, mais je viens de me rendre compte que j'en ai laissé passé au moins un. Je vous laisse trouver lequel, si ça vous chante...!
Il parait clair que ce CD est moins alléchant que les deux promos que j'ai déjà chroniqués : la pochette n'est pas illustrée (contrairement à celle du 45 tours qui a été commercialisé) et il n'y a qu'un seul titre, extrait d'un album qui plus est. Je n'aurais d'ailleurs pas commandé spécifiquement ce disque, mais le vendeur Discogs le faisait pas cher et je pouvais l'ajouter sans augmenter les frais de port à une commande où il y avait d'autres disques qui m'intéressaient plus, alors je l'ai pris.
Ce disque n'est malgré tout pas dénué d'intérêt, ne serait-ce que parce que c'est un vrai CD (pas un CD-R) avec une pochette imprimée, qui n'a pas d'équivalent dans le commerce puisque le single n'a pas été édité au format CD. Et aussi, mais c'est un détail, ce n'est pas tout à fait la version de l'album qu'on trouve ici, mais une version réduite d'une trentaine de secondes, dans l'espoir de faciliter les passages en radio. Mon exemplaire était destiné à un professionnel allemand, si j'en crois le communiqué de presse dans cette langue glissé dans la pochette cartonnée. Mais ce qui compte vraiment c'est que la chanson Elevate myself est ma préférée de l'album Just like the fambly cat sur lequel elle figure.
Arrivé en 2006, Jason Lytle n'en était plus à cacher le fait que Grandaddy en studio c'était lui et lui seul, ou presque (Aaron Burtch assure quasiment toutes les parties de batterie sur l'album). C'est apparent dans les notes de pochette : elles sont rédigées à la première personne du singulier et les membres du groupe sont désignés comme "my boys". De toute façon, ça ne prêtait plus trop à conséquence d'exprimer que Grandaddy n'était vraiment un groupe que sur scène puisque sa séparation avait été annoncée avant la sortie de l'album.
Alors qu'il s'apprêtait à quitter sa ville de Modesto, Jason exprime dans sa chanson un rejet de son rôle de "rock star" et sa volonté de prendre du champ :
"I don't wanna work all night and day on writing songs that make the young girls cry
Or playing little solos on the keyboard so the kids will ask me how and why
I just wanna, I just wanna, I just wanna elevate myself
And maybe for a little, get to where I find it really hard to hate myself
(...)
I don't wanna be a part of all the quality that falls apart these days
I'd rather make an honest sound and watch it fly around, and then be on my way"
L'ironie, bien sûr, c'est que, pour accompagner ces paroles, il a composé une chanson très accrocheuse, un de ses hymnes pop les plus réussis, dans la lignée de AM 180, Go progress chrome ou Chartsengrafs !
Par la suite, Jason Lytle a sorti deux albums solo, mais Grandaddy s'est reformé, d'abord sur scène, avant de sortir un nouvel album, Last place, en 2017. Malheureusement, cette sortie a été suivie quelques semaines plus tard de la mort soudaine du bassiste Kevin Garcia.

16 novembre 2018

POL DODU : Vente interdite : Mes disques hors commerce


Acquis par correspondance chez The Book Edition à Lille en novembre 2018
Réf : 978-2-9536575-9-3 -- Edité par Vivonzeureux en France en 2018
Support : 290 p. 21 cm
3 titres

Après Mes disques improbables en 2010 et Discographie personnelle de la New Wave en 2015, voici le troisième recueil de chroniques de disques publiées ici-même.
Cette fois, le fil rouge qui relie les disques sélectionnés c'est leur statut : tous autant qu'ils sont, ces disques n'ont pas été distribués dans le circuit traditionnel. Certains sont des objets publicitaires, d'autres des tirages promotionnels destinés aux professionnels de la profession. A un moment ou un autre, j'ai réussi à mettre la main dessus, souvent dans des magasins d'ailleurs, indépendamment de toutes les mentions restrictives qui peuvent être apposés dessus.
Sur 180 chroniques de disques promos publiées ici, j'en ai sélectionné environ 140, qui ont toutes été revues et actualisés.
Comme les précédentes parutions Vivonzeureux, ce livre est disponible gratuitement au format pdf. L'édition imprimée est disponible chez TheBookEdition.com.
Pour agrémenter votre lecture, je vous ai concocté une compilation de 17 titres qui ont pour point commun, sauf erreur de ma part, de n'avoir été diffusés que sur des disques dits "hors commerce".



  1. Mario Pagaro - Le rock du roc
  2. Pascal Comelade - Under my thumb
  3. ? (Marlène Jobert) - Monsieur Maurice
  4. Pierre Spiers - Cha Cha Shah de Perse
  5. Brigitte Fontaine - Le chef de gare
  6. Castafiore Bazooka - NTP remix
  7. Alain Bashung - L'arrivée du tour (Remix club)
  8. Radar - Living eyes
  9. Wave Machines - Punk spirit (Instrumental)
  10. Primal Scream - Subterranean
  11. The Go‐Betweens - The devil’s eye
  12. Catchers - Clocks and clones
  13. Papas Fritas - Live by the water (Live in Paris)
  14. Ramsay Midwood - Shadow mayor of tiny town
  15. Michel Colombier - Surfari (2)
  16. Golden Smog - Love & Mercy (Live)
  17. Joseph Arthur - Crying like a man

11 novembre 2018

ZAO : Ancien combattant


Acquis probablement chez A la Clé de Sol à Reims en 1991
Réf : 67016-7 -- Édité par Barclay en France en 1991
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Ancien combattant -/- Ne va pas là-bas

11 novembre 2018. La date est éminemment symbolique pour nous tous qui avons toujours vécu avec un jour férié commémorant l'armistice du 11 novembre 1918. Elle l'est peut-être un peu plus pour moi qui suis né dans la Marne, qui ai vécu à Reims, qui habite une maison qui a probablement été endommagée pendant l'une des guerres mondiales, dans un village où l'on trouve un bon nombre de tombes militaires dans le cimetière municipal.



Parmi ces tombes, il y en a plusieurs de "tirailleurs sénégalais", dont les trois ci-dessus, qui sont celles de :
  • SANA, né en 1898 en Haute-Volta, mort le 18 août 1918.
  • Guilaogui TIECOURA, né en 1892 en Guinée, mort le 14 août 1918.
  • LANDOGO, né en 1896 en Haute-Volta, mort le 12 août 1918.
Mareuil sur Ay n'était pas sur la ligne de front en août 1918. Si ces soldats du 103e Bataillon de Tirailleurs Sénégalais sont enterrés ici, c'est parce que l'ambulance militaire n° 13/22 y était stationnée, à l'arrière des lignes et qu'ils y sont morts, comme l'indique la fiche de SANA, qui a été victime d'intoxication au gaz.
Je fais rarement dans l'actualité ou dans la commémoration pour mes chroniques de disques, mais je suis tombé cette semaine en rangeant un autre disque sur ce 45 tours de Zao, avec sa pochette très réussie dessinée par Ben Radis et je me suis dit que c'était l'occasion ou jamais d'en parler.
Ancien combattant est la chanson la plus connue de Zao. La première version sur disque date de 1984. C'est la version essentielle, avec un bel arrangement, avec guitare et ce qui doit être de la flûte. Les paroles de cette chanson à la fois pacifiste et légère ont fait beaucoup pour le succès de la chanson :
"Mundasukiri
La guerre mondiaux
Ce n'est pas beau, ce n'est pas bon
Quand viendra la guerre mondiaux
Tout le monde cadavéré
Quand la balle siffle, il n'y a pas de choisir
Si tu ne fais pas vite changui, mon cher, ho!
Cadavéré
Avec le coup de matraque
Tout à coup, patatras, cadavéré"
Ces paroles, Zao l'a reconnu, sont inspirées en partie d'une chanson plus ancienne, Petit imprudent d'Idrissa Soumaoro, qui n'a jamais été crédité sur les disques de Zao. Mais "l'emprunt" de Zao se limite aux paroles. Tout ce qui "accroche" musicalement dans Ancien combattant, je ne l'entends pas dans Petit imprudent.
Sur mon 45 tours, ce n'est pas la version de 1984 d'Ancien combattant que l'on entend, mais une nouvelle version produite quand Zao a signé chez Barclay. C'est une version survitaminée, électronisée, réalisée par Rap Two et Vi Avelino. On perd beaucoup en subtilité par rapport à la version originale, mais la chanson elle-même est assez forte pour résister à ce traitement, et on comprend que Barclay ait essayé d'en faire un succès. Le disque, ça passe, donc, mais pour la vidéo j'ai vraiment du mal avec les chorégraphies et les danseuses :



Cette version d'Ancien combattant a été incluse sur l'album Barclay Zao 93, qui contient notamment une nouvelle version "techno" d'un autre ancien titre de Zao, Moustique.
Par contre, la face B du 45 tours, Ne va pas là-bas, n'est pas reprise sur l'album. C'est une chanson déconseillant l'exil, avec une production qui laisse plus de place à la guitare et aux percussions et avec des paroles très réussies :
"Là-bas on n'aime pas les autres. Si tu vas là-bas, on t'arrête. Si tu parles beaucoup, on te coupe la tête. Là-bas, on dort dehors. Toi aussi, tu vas dormir dehors. Là-bas, c'est la prostitution. Là-bas, on demande des papiers (...) Ne va pas là-bas, mon cœur est blessé, mon moral est cassé,..."
L'ironie de l'histoire, c'est que Zao a eu lui-même à souffrir de la guerre, en partie en raison de la notoriété d'Ancien combattant. Menacé, il a dû quitter Brazzaville pendant la guerre civile de 1997-1998 au Congo pour se réfugier pendant neuf mois dans la forêt, où l'un de ses enfants est mort de déshydratation.
Par la suite, il a repris son parcours artistique. En 2014, il a sorti un album dont le morceau-titre, Nouveau combattant, est une nouvelle version de son titre fétiche.

06 novembre 2018

NEIL DIAMOND : Classics : The early years


Acquis à la Bibliothèque Georges Pompidou à Châlons-en-Champagne le 3 décembre 2016
Réf : CBS 25531 -- Édité par CBS en Europe en 1983
Support : 33 tours 30 cm
12 titres

La même semaine, j'ai chroniqué le I'm a believer de Robert Wyatt, j'ai acheté une compilation des Inrockuptibles de titres des B.O.F. de Tarantino avec Girl, you'll be a woman soon par Urge Overkill dessus et j'ai entendu Red red wine par UB 40 à la radio un matin en me rasant. Si avec ça je n'avais pas compris le message m'indiquant qu'il était temps de ressortir cette compilation de Neil Diamond, alors ça voudrait dire que je suis en train de devenir sourd !
J'ai acheté ce disque la dernière fois que je suis allé à une des ventes de la bibliothèque municipale de Châlons, qui écoule notamment une partie des 33 tours en double de son stock. Les fois d'avant, j'avais ramené l'album de Kanté Facelli et Keita Fodéba et un Memphis Slim, pas mal...
Avec Neil Diamond, j'ai débuté sur un mauvais pied. J'ai grandi à l'époque où il était devenu une vedette mondiale, celle de la bande originale de Jonathan Livingston le goëland, notamment, avec sa pochette ouvrante, sa photo romantique de lui sur une plage avec le soleil couchant. C'était parfait pour mes tantes et mes cousines, mais très vite j'ai su que ce n'était pas pour moi. J'ai classé le Neil dans la pop mièvre et je ne m'y suis plus intéressé, sans savoir par exemple que son album de 1976 Beautiful noise était produit par Robbie Robertson du Band (Diamond a participé à The last waltz).
Puis, dans les années 1980, j'ai commencé à voir le nom de Neil Diamond associé à des titres intéressants, comme I'm a believer, que les Monkees ont été les premiers à enregistrer, ou le Red red wine de UB 40. Mais je crois que ce n'est que quand Johnny Cash a sorti son American III : Solitary man que j'ai vraiment commencé à m'intéresser à la première partie du parcours de Neil Diamond, celle où il a écrit et interprété toutes ces chansons qui sont devenues des classiques (Outre celles déjà mentionnées, Kentucky woman a aussi été reprise, par Deep Purple dès 1968).
Et j'ai fini par tomber sur cette compilation il y a presque deux ans. Pour le coup, sur la pochette, avec son blouson et ses bottines, sa banane, ses favoris et sa guitare acoustique, le Neil a plus l'air d'un croisement entre Elvis Presley et Johnny Cash que d'un bellâtre pour midinettes.
Toutes les chansons de cet album ont été enregistrées par Neil Diamond en 1966 et 1967 quand il était en contrat avec Bang Records, après avoir été repéré par Jeff Barry et Ellie Greenwich. Elles avaient déjà été compilées, à deux exceptions près, en 1968 après son changement de label sous le titre Neil Diamond's greatest hits. La plupart sont sorties en face A ou B de 45 tours, et sur deux albums, The feel of Neil Diamond (1966, pour trois d'entre elles) et Just for you (1968, pour huit autres).
Il parait que certains des enregistrements étaient à l'origine des démos, devant servir à proposer les chansons à d'autres éditeurs ou interprètes. Cela explique sûrement pourquoi il y a souvent une production pas trop chargée, dans une ambiance pop-folk, avec relativement peu de cordes. Et du coup, la bonne nouvelle c'est qu'il n'y a quasiment que du bon ici, et que ça donne un disque très agréable à écouter.
Le titre d'ouverture, Kentucky woman, est peut-être l'un de ceux qui m'accrochent le moins, mais j'aime beaucoup les versions par leur créateur des titres que je connaissais, Solitary man, I'm a believer, Red, red wine et même Girl, you'll be a woman soon, quand j'arrive à faire abstraction des paroles ("Jeune fille, tu seras une femme bientôt. Bientôt, tu as auras besoin d'un homme"). Et avec ce disque j'ai découvert d'autres bonnes chansons, comme Cherry, cherry (avec une accroche à l'orgue qui rappelle le truc de I'm a believer), Do it, The boat that I row. You got to me et Thank the Lord for the night time ont même d'agréables accents gospel.
Le succès ultérieur de Neil Diamond a eu tendance à éclipser cette première partie de sa carrière, mais ces titres ont eu suffisamment de succès pour qu'ils les interprètent presque tous à la télévision américaine et qu'on en trouve trace aujourd'hui sur YouTube.

L'intégrale des 23 titres enregistrés par Neil Diamond pour Bang Records est actuellement disponible sur une compilation CD, The Bang years 1966-1968.


En 2011, Neil Diamond se souvient de ses années Bang.









04 novembre 2018

ORCHESTRE NEGRO-SUCCES : Bea nakokufa


Acquis sur le vide-grenier de Magenta le 14 octobre 2018
Réf : 2C 006-15144 M -- Édité par Pathé en France en 1971
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Bea nakokufa -/- Diaka malou

Après le Dany Doriz, c'est l'autre disque intéressant que j'ai trouvé à Magenta cette année.
Là, c'est un brocanteur professionnel qui le vendait et, entre la dame qui négociait les trois cadres dont un avec le verre cassé et les amateurs de capsule de Champagne, le gars ne savait plus où donner de la tête. Il m'avait annoncé 1,50 € pour ses 45 tours qui se battaient en duel dans une boîte à chaussures. Pour la plupart, ils ne les valaient pas du tout. Pour celui-ci, j'aurais bien sûr accepté de payer ce prix mais, par principe avec un pro comme ça, je l'ai marchandé à 1 €.
Ce disque est l'un des centaines et des centaines de 45 tours d'artistes africains sortis par Pathé Marconi EMI. Comme pour mon 45 tours d'Orchestre Tembo chez African, les pochettes Pathé étaient génériques et interchangeables.
Cette fois-ci, pas de bijou, de plante tropicale, de sculpture ou de coquillage, juste un musicien en tenue traditionnelle jouant du tam-tam. La même photo a été utilisée deux références plus tard pour un autre 45 tours du même orchestre, et je ne serais pas surpris de trouver des 45 tours d'autres groupes avec cette photo.



Plus j'y pense, et plus je trouve que ces pochettes reflètent parfaitement un mépris colonialiste qui n'avait pas diminué après les indépendances. Quand on connaît la qualité des instrumentistes sur ces disques, la richesse des arrangements, la précision des enchaînements avec des rythmiques élaborés, quand on sait que ces orchestres devaient avoir une présentation scénique élaborée, avec costumes et chorégraphies, on ne peut que trouver ces pochettes carrément insultantes pour les artistes. Pour rester dans les mêmes années, c'est un peu comme si, pour éditer un disque de Magma aux États-Unis, un label avait choisi une photo d'une alsacienne en costume traditionnel...
Mais la musique gravée dans les sillons de ces 45 tours est souvent excellente, et ça sauve tout. La liste des "succès africains et sud-américains" au verso de la pochette est impressionnante !
Il n'y a que chez Musikifan que j'ai trouvé un historique et une discographie détaillés de l'Orchestre Négro-Succès. Comme souvent avec ces grands ensembles au long cours, c'est assez compliqué.
Les deux principaux personnages sont les guitaristes Bholen, un ancien de l'OK Jazz de Franco, et Bavon Marie Marie, qui était lui carrément un jeune frère de Franco. L'orchestre a même compté parmi ses membres en 1961-1962 Vicky, qui avait été viré de l'OK Jazz, mais qui y est retourné ensuite. L'histoire du groupe a été marquée par la mort accidentelle de Bavon en 1970. Mené par Bholen, qui est mort en 2007, l'orchestre a encore eu quelques succès avant de se séparer en 1973.
Mon 45 tours fait donc partie de ces enregistrements sans Bavon. Pathé sortait tellement de disques que je ne suis pas sûr qu'ils étaient toujours diffusés en grand nombre. Mon 45 tours n'est pas référencé sur Discogs. Il est bien listé chez Afrodisc et un exemplaire est en vente chez Groove Collector, mais c'est à peu près tout.
Je n'ai trouvé nulle part en ligne ces deux excellentes rumbas congolaises qui, sauf erreur de ma part, n'ont été rééditées qu'une seule fois, en 1977 sur un double-album compilation de l'Orchestre Négro-Succès édité en France par Pathé. Alors je vais vous les faire écouter.
Chacune des faces est la plus longue possible, soit cinq minutes (mais on sent bien que l'enregistrement a pu atteindre les vingt minutes), avec un très bon son et une production excellente, même si visiblement c'est du mono. Guitares et cuivres, chant et chœurs, rythmes et percussions, c'est parfait. J'aime beaucoup Bea nakokufa et j'aime tout autant Diaka malou, difficile d'exprimer une préférence, même si j'ai l'impression que c'est la face B qui me reste le plus longtemps en tête après l'écoute.
Je trouve de moins en moins de disques intéressants sur les vide-greniers, mais tant qu'il y aura de temps en temps une exception comme celle-ci, je serais encore incité à mettre le nez dehors le dimanche matin...

 Orchestre Négro-Succès: Bea nakokufa. Orchestre Négro-Succès : Diaka malou.