27 novembre 2016

MAGALI NOËL : Magali se déchaîne


Acquis sur le vide-grenier de la rue de la Chaude Ruelle à Épernay le 11 novembre 2016
Réf : 432.185 NE -- Édité par Philips en France en 1957
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Un coup de foudre (I love my baby) -- Mon oncle Célestin -/- Oh si y avait pas ton père -- Eh ! Mama

Cette année, ça s'annonçait mal pour la dernière grande brocante d'automne par chez moi : il a plu toute la journée la veille, et toute la nuit jusque 7h du matin. Mais, coup de bol, le temps est resté sec et relativement doux toute la journée. Du coup, il y avait comme chaque année un nombre impressionnant de stands.
Nous y sommes allés en balade, tranquillement, pendant midi. J'ai acheté peu de disques, mais je suis bien content d'avoir trouvé cet EP de Magali Noël.
Certes, c'est son troisième disque, et j'aurais préféré trouver le deuxième, le 45 tours Rock and roll avec Fais-moi mal Johnny (présent sur ma compilation Testament du rock volume 5), mais faut quand même pas rêver.
Certes, le disque m'avait paru en parfait état lorsque je l'avais sorti de sa pochette sur place, alors qu'il a pris le chaud et est un peu gondolé sur le bord, mais il passe à 90%...
Et puis, de toute façon, c'est la première fois depuis des années que je vois un disque de Magali Noël. Pour 1€, je ne vais pas me plaindre.
Et l'illustration de la pochette est très bien. On apprend chez De Vian la zizique que cette photo de  Henri Guilbaud a été prise en 1954 au Théâtre Fontaine lors de répétitions de la pièce L'amour des quatre colonels de Peter Ustinov. Magali Noël était d'abord une actrice, il faut s'en souvenir, mais c'était aussi une excellente chanteuse, et musicalement il y a de très bonnes choses sur ce disque.
Le premier titre, Un coup de foudre, est le moins intéressant du lot. C'est, pour la plus grande partie (la fin est chantée en anglais), une adaptation en français de I love my baby (My baby loves me), une chanson des années 1920 de Harry Warren. Josephine Baker l'avait interprétée en 1927. On est dans le rétro ambiance années folles/charleston. Bien fait, mais pas trop mon truc.
Mon oncle Célestin, est la seule chanson originale du disque. Paroles de Boris Vian, dont Magali Noël est l'une des interprètes importantes, musique de Claude Bolling, dont l'orchestre de jazz Nouvelle Orléans, ici baptisé les Dixi-Faunes, fait ici merveille dans cette ambiance joyeuse de bruitages et de fête foraine. La prestation de Magali Noël, à la fois énergique et maîtrisée, est impressionnante.
En face B, on trouve deux titres signés Boris Vian pour les paroles et Henri Salvador pour la musique. Il s'agit de deux calypsos publiés pour la première fois peu de temps auparavant, sur un excellent EP crédité à Henri Salvador et ses Calypso Boys.
Les versions qu'on a ici, accompagnées par Alain Goraguer et son ensemble, de Oh si y avait pas ton père (avec des effets de voix qui rappellent par moment Fais-moi mal Johnny) et Eh ! Mama, valent bien les originales.

A l'époque, ces chansons n'ont pas été reprises en album et n'étaient disponibles que sur ce 45 tours. Depuis, de nombreuses compilations ont été publiées, dont une est intégralement en écoute sur YouTube.

20 novembre 2016

GRAEME ALLWRIGHT : Chante Leonard Cohen


Acquis chez Emmaüs à Reims le 12 septembre 2014
Réf : 6325 600 -- Édité par Mercury en France en 1973
Support : 33 tours 30 cm
9 titres

Presque annoncée par lui-même quelques semaines plus tôt, la mort de Leonard Cohen le 7 novembre à 82 ans, quelques jours après la sortie d'un nouvel album, You want it darker, n'a été une surprise pour personne mais n'en a pas moins déclenché une avalanche méritée d'hommages à grands coups de Suzanne et de Hallelujah, facilités par une profusion de titres de chansons à disposition faciles à replacer ou détourner, de A singer must die à Hey, that's no way to say goodbye, en passant par Death of a ladies man, Passing through ou So long, Leonard.
Parmi les personnalités invitées à témoigner dans les médias, Daniel Schneidermann a relevé une prestation remarquable de Françoise Hardy sur France Inter, où elle a indiqué qu'elle n'appréciait pas trop les chansons de Cohen et a semblé avoir oublié qu'elle avait elle-même enregistré une version de Suzanne en 1968.
Je me suis étonné que, à propos de la France et de Leonard Cohen, on fasse aussi peu référence à Graeme Allwright. S'il y avait quelqu'un à inviter, c'était bien lui. Comme le précise Schneidermann, il a 90 ans et donne encore régulièrement des concerts.
Avec les éditions 10/18, qui ont publié en France dans la première moitié des années 1970 des traductions de ses romans, poèmes et chansons, Graeme Allwright a contribué à faire connaître l’œuvre de Cohen par chez nous en adaptant ses chansons en français, soit quatorze chansons publiées de 1968 à 1985.
Pour ma part, je suis à peu près certain que c'est par Graeme Allwright que j'ai découvert les chansons de Leonard Cohen. Dans nos carnets de chant en colonie de vacances, il y avait Il faut que je m'en aille, ses adaptations de Sacrée bouteille et Petites boîtes, peut-être aussi Petit garçon et je parierais bien qu'il y avait aussi au moins Suzanne.
J'ai cherché un peu, et j'ai trouvé la trace d'un média qui a eu la bonne idée de faire intervenir Graeme Allwright dans un hommage à Cohen. C'est une radio catho, s'il vous plaît, qui, pour son émission Décryptage du 16 novembre, a invité Christophe Lebold, auteur du livre L'homme qui voyait tomber les anges (je ne l'ai pas lu, mais j'ai vu passer de chaudes recommandations) et a téléphoné à Graeme Allwright. J'ai écouté le début de l'émission, jusqu'à la fin de l'entretien avec Allwright, qui débute vers la neuvième minute. Un hommage sobre, sans révélation éclatante, mais on apprend au passage que les deux chanteurs se sont vus régulièrement au fil des années.
Graeme Allwright a adapté deux chansons de Cohen sur son album Le jour de clarté en 1968, deux autres en 1972 sur Jeanne d'Arc. En 1975, après la sortie de New skin for the old ceremony, il en a adapté deux titres sur son album De passage, dont Lover lover lover (également sorti en 45 tours), plus Passing through, de Live songs. Il y a eu des versions de certaines de ces chansons sur deux double 33 tours en public à l'Olympia en 1973 et 1979, plus un So long, Marianne en anglais. Et, en 1985, il a aussi adapté en français, sur un 45 tours, Dance me to the end of love et If it be your will de l'album Various positions (quatre autres adaptations de titres de cet album sont restées inédites).
Il y a le choix donc, et je possède plusieurs de ces disques, mais aujourd'hui j'ai fort logiquement sélectionné cet album Graeme Allwright chante Leonard Cohen de 1973. On y retrouve les quatre chansons précédemment publiées en 1968 et 1972 (je ne sais pas s'il s'agit de nouveaux enregistrements ou pas), plus cinq autres, toutes extraites des trois albums de Cohen alors publiés, Songs of Leonard Cohen (Suzanne, Winter Lady, The stranger song, Sisters of Mercy), Songs from a room (Tonight will be fine) et Songs of love and hate (Avalanche, Last year's man, Diamonds in the mine, Joan of Arc).
Les quelques mots de la main de Graeme Allwright au recto du disque sont une bonne indication du bon esprit qui anime ce disque : "En adaptant ces chansons j'ai essayé de respecter dans la mesure du possible la pensée de Leonard Cohen que j'estime beaucoup. J'espère que mon travail aidera l'auditeur français à mieux comprendre et pénétrer l'univers souvent difficile de Cohen. Je lui dédie ce disque dans l'espoir de nous retrouver un jour sur un chemin plus ensoleillé.".
C'était un projet assez casse-gueule, mais Graeme Allwright s'en tire admirablement. Tout le monde s'accorde pour dire que les adaptations des paroles en français sont réussies. Il chante bien, heureusement sans chercher à imiter Cohen. Les arrangements et la direction d'orchestre de Christian Chevallier sont dans la tradition de la variété française de qualité, et les chœurs féminins couramment employés par Cohen sont bien présents ici sur plusieurs titres.
Avec un matériau de base d'une telle qualité, on pourrait penser qu'il était facile de faire un bon disque, mais je ne pense pas que d'autres auraient aussi bien réussi.
Mes titres préférés sont Diamants dans la mine et Demain sera bien pour les chansons enjouées avec chœurs, ainsi que L'étranger, Suzanne et surtout Avalanche, avec des arrangements très réussis. La version n'est pas mauvaise, mais j'espérais encore mieux de Les soeurs de la Miséricorde. 

A écouter sur France Culture, l'émission A voix nue sur Graeme Allwright en cinq parties.



Graeme Allwright, L'étranger, en direct dans Le cercle de Minuit sur France 2 le 9 décembre 1992, en présence de Leonard Cohen.
Dans le deuxième extrait de la mếme émission, Cohen contredit Graeme Allwright et insiste sur la gaieté de ses chansons.

13 novembre 2016

ADAM GREEN : Aladdin


Visionné à La Cartonnerie à Reims le 22 octobre 2016
Réf : [sans] -- Édité par Aladdin Green aux États-Unis en 2016
Support : 1 fichier vidéo
Titre : Adam Green's Aladdin

J'avais vu passer l'annonce de la projection du film d'Adam Green à Reims, suivie d'un concert, mais je ne comptais pas m'y rendre. Un film d'Adam Green, je ne cours pas particulièrement après. Un concert, pourquoi pas, mais les deux derniers albums que j'ai écoutés de lui, étonnamment fades, me sont entrés par une oreille pour ressortir par l'autre.
Oui, mais voilà, Monsieur Philippe était de passage en ville ce jour-là, et cette programmation de La Cartonnerie était ce qui me semblait le mieux pour passer la soirée en musique. Et je n'ai pas regretté car au bout du compte cette soirée a été réjouissante !
Elle a commencé par le film Adam Geen's Aladdin. Comme le titre l'indique, il s'agit de la version toute personnelle de Green du conte Aladin ou la lampe merveilleuse. Ici, la lampe magique est une imprimante 3D, ce qui est une excellente trouvaille. Le film délire bien, mais se tient de bout en bout, ce qui me convient parfaitement. C'est aussi un film musical, avec plusieurs excellentes chansons. Et, visuellement, il est à la fois bricolé et très coloré. Une réussite, que vous pouvez visionner en intégralité de suite :



Moins d'un quart d'heure après la fin du film, on a eu droit au concert, et là aussi j'ai été agréablement surpris et j'ai passé un bon moment.
Je ne sais pas pourquoi, je m'étais mis en tête qu'il s'agissait d'un mini-concert pour compléter la projection, peut-être bien en solo. Pas du tout, on a eu droit à un concert complet d'un Adam Green accompagné par un quintet.
Le concert a commencé par deux titres en solo à la guitare du batteur du groupe. J'avais bêtement oublié le nom de ce projet, présenté de façon très sympathique comme toutes les étapes de la soirée par Adam Green lui-même, mais je viens de le retrouver : il s'agit de Ryder The Eagle.
Il s'est avéré que le groupe qui accompagne Adam Green sur scène en Europe depuis quelques temps déjà est un groupe français, Coming Soon, qui a déjà plusieurs disques à son actif, qui a participé à la bande originale du film Juno sous le nom d'Antsy Pants, et dont les deux guitaristes se produisent également sous le nom Mont Analogue. Ils ont eux aussi interprété deux de leurs titres au cours de la soirée.
Le concert d'Adam Green lui-même était vraiment bien. Il a interprété plusieurs chansons du film et toutes mes préférées de ses chansons solo (Emily, Dance with me, Jessica). Au premier rappel, on a même eu en droit à une version en solo de Who's got the crack ? des Moldy Peaches. Que demander de plus ?

La bande originale d'Adam Green's Aladdin a été éditée en disque. Le film peut être visionné intégralement et gratuitement en ligne, mais on peut soutenir le projet en commandant une version de meilleure qualité technique.


Adam Green accompagné par Coming Soon, Reims, La Cartonnerie, 22 octobre 2016. Photo : Pol Dodu.


Un reportage sur le film de l'émission Tracks d'Arte.


Un documentaire sur les coulisses du tournage, avec notamment des explications sur la façon dont les décors ont été construits.


Comme il se l'était promis, Adam Green a rendu visite à l'Ange au Sourire de la Cathédrale de Reims le lendemain du concert.

11 novembre 2016

WHITE WILLIAMS : Smoke


Acquis chez Human Relief Welfare à Dalston le 16 août 2016
Réf : DS004CDP -- Édité par Double Six en Angleterre en 2008 -- For promotional use only / Not for sale. This promotional CD remains the property of Double Six Records and must be surrendered upon request.
Support : CD 12 cm
10 titres

Après le David Grubbs et le Chain and the Gang, voici un troisième disque tiré du lot que j'ai eu la chance d'acheter cet été, choisi dans un carton pas encore mis en rayon.
Il est nommément édité par Double Six, qui est une filiale de Domino : il vient donc s'ajouter à ma collection de CD promo de ce label, constituée par accrétion ces quinze-vingt dernières années. Je ne me suis pas amusé à les compter, mais avec les Will Oldham, les James Yorkston et tous les autres, je dois bien en avoir une centaine.
Avec ce disque-ci, c'était mal engagé. Le nom du groupe, White Williams et le titre de l'album Smoke sont bateaux. La pochette est à vomir. En plus, dès les premières notes, je me suis rendu compte que les références musicales du groupe sont rétro, ancrées dans l'électro-pop des années 1980.
En temps normal, je fuis ce genre de disque, mais là je me suis rendu compte au fil de l'écoute que j'arrivais à faire abstraction du manque d'originalité de l'ensemble et que j'appréciais la plupart des chansons. Certes, c'est surtout bien fait et agréable, ni révolutionnaire ni renversant, mais c'est déjà pas mal.
Dans l'esprit, surtout à l'écoute de New violence, je trouve qu'on est proche de New Musik, groupe au succès éphémère apparu en 1979.
J'apprécie particulièrement aussi Violator, Headlines et The shadow. Going down a une rythmique électro-pop et sur Route to Palm il y a des des touches de guitare exotique.
Rassemblé autour de Joe Williams, White Williams était un véritable groupe, aussi bien sur disque que sur scène. Ils n'auront sorti que cet album. Depuis, Joe Williams s'est lancé dans le projet Motion Graphics, avec lequel il produit musiques de film, illustrations sonores, et un album, sorti cette année, également chez Domino. J'imagine que c'est dans la lignée de Lice in the rainbow, le seul instrumental de Smoke.

Smoke est en vente chez Domino.






White Williams, Going down, en concert au festival South by Southwest à Austin en 2008.

05 novembre 2016

SAFARI SOUVENIR VOLUME 2


Acquis sur le vide-grenier de Magenta le 9 octobre 2016
Réf : SSC 002 -- Édité par Polydor au Kenya en 1981
Support : Cassette
11 titres

La brocante de Magenta est toujours aussi grande et cette année il faisait un temps superbe, mais je n'y ai pas fait pour autant de grandes découvertes.
Quand même, une dame avait sur une table une douzaine de cassettes, de musiques du monde entier, de l'Espagne à Tahiti, du Japon au Brésil. Je lui ai dit qu'elles avaient dû appartenir à des voyageurs, et elle m'a dit que c'était elle et son mari qui les avaient rapportées de leurs voyages.
Autant l'édition de nouvelles cassettes de nos jours a tendance à m'exaspérer, autant je n'ai rien contre acheter une cassette d'époque à cinquante centimes, même si je sais qu'elle aura un son plutôt pourri et même si ce n'est pas très pratique car je n'ai plus qu'un seul appareil pour les écouter.
Comme le confirme l'expérience de ma vendeuse et comme le titre l'indique, la collection de disques Safari Souvenir était clairement éditée à l'intention des touristes qui visitaient le Kenya, et plus largement l'Afrique de l'Est. Et comme les clients n'étaient pas les mêmes d'une année sur l'autre, Polydor ne se gênait pas pour reprendre une bonne partie des titres d'un volume à l'autre !
Comme ce qui intéresse les touristes c'est le souvenir plus que la musique, et comme cette cassette a un livret réduit au strict minimum, on a droit à la liste des titres, mais pas au nom des artistes.
Heureusement, ces noms figurent sur l'édition en 33 tours, dont tous les titres sont téléchargeables gratuitement chez Soul Safari.
Sur le recto de la pochette, on a quand même trouvé la place pour annoncer que la cassette contient le tube Kenya hakuna matata. Notons au passage que la moitié des titres des chansons contient des noms de lieux susceptibles d'être reconnus par les touristes (Kenya, Kilimanjaro x 2, Nairobi, Soweto, Mombasa). Ce tube de Them Mushrooms ouvre la cassette, sur laquelle on trouve en fait les quatre faces de deux de leurs 45 tours, Mombasa et Bonde kwa bonde, chantées en Swahili. C'est de la pop à l'africaine, pas infamante mais pas du tout renversante.
Ce qui est plus difficilement supportable c'est la sélection de titres dans les styles en vogue de l'époque, sur lesquels les touristes devaient danser le soir à l'hôtel lors des étapes de leur safari. On a droit à de la disco (Night in Nairobi de Bozuma), à du funk et à un reggae (Kilimanjaro et Soweto's voice de Bakambi N'Kela), à un slow, bien sûr ((With my) Hands on my heart de Bozuma) et même à un slow avec solo de saxophone ! (Wewe bwana de Bakambi N'Kela).
Heureusement, il se cachait sur la bande deux perles, et c'est bien sûr pour elles que j'ai pris la peine de faire cette chronique.
Ces deux perles sont dues à John Ondolo, dont Amadi Kwaa Atsiaya nous dit dans son article Effect of Rhumba on the Kenyan pop scene, en citant le collectionneur Tony Najori, qu'il était "un musicien de rumba des années 1960 et 1970 qui utilisait la flûte en métal dans la plupart de ses chansons.
Apparemment, John Ondolo a été accompagné à la guitare par une figure de la musique kenyane, George Mukabi, guitariste réputé pour jouer en arpège, notamment pour une chanson intitulée Kilimanjaro, éditée à l'origine en 78 tours, et reprise en 2012 sur le CD A search for CMS : A story by Blue Flamingo.

John Ondolo : Kilimanjaro., à l'origine un 78 tours, réédité sur la compilation A search for CMS : A story by Blue Flamingo.

Superbe, n'est-ce pas ? Mais cet enregistrement n'est pas sur ma cassette. Ce qu'on y trouve, c'est Safari Kilimanjaro, c'est à dire la même chanson dans un enregistrement différent, avec le flûtiau en métal cette fois-ci. C'est tout aussi bon :

 
John Ondolo : Safari Kilimanjaro, extrait de Safari Souvenir Volume 2.


L'autre titre de John Ondolo, plus enlevé, c'est Ahsante. Il est dans la même veine et très réjouissant également :

 
John Ondolo : Ahsante, extrait de Safari Souvenir Volume 2.


Je pense que ces deux titres de John Ondolo sont les plus anciens enregistrements de la cassette. Ils datent peut-être des années 1960 et, même si je n'ai trouvé aucune référence de la publication originale, je parierais bien qu'il s'agit des deux faces d'un même simple, 45 ou 78 tours.
J'aurais certes préféré tomber sur le disque original mais, les choses étant ce qu'elles sont, je me contente très bien d'être revenu avec cette cassette de mon safari-brocante à Magenta.

01 novembre 2016

GEORGES JOUVIN ET SA TROMPETTE D'OR : Amoureusement vôtre


Acquis d'occasion dans la Marne dans les années 2000
Réf : FELP 257 -- Édité par La Voix De Son Maître en France en 1963
Support : 33 tours 30 cm
14 titres

Georges Jouvin a trépassé le 24 octobre, à 93 ans d'une vie bien remplie de musicien professionnel et de représentant de ces musiciens au sein de sociétés civiles (SACEM, SDRM) et de nombreux autres organismes (fédérations professionnelles, mutuelles, caisses de retraite...).
La dernière fois, que j'avais vu un écho en ligne de sa présence publique, c'était en mars 2015 lors d'une cérémonie à la SACEM.
J'ai rendu hommage à Georges Jouvin et à la chanteuse Dominique en 2004 avec Tu m'as trompette mon amour, publié en livre en 2010 et disponible en téléchargement gratuit (servez-vous et faites tournez !). Cela m'avait valu quelques temps plus tard un long appel de Georges Jouvin pour me remercier de cet hommage et discuter de son parcours.
Sans trop de surprise, la SACEM a été la première à communiquer sur ce décès, le 25 octobre : "Avec son instrument, Georges Jouvin représente à lui seul un palmarès à couper le souffle : 70 albums, 3000 titres enregistrés, 25 millions de disques vendus, un Oscar de l’Académie du Disque en 1981… En qualité d’auteur-compositeur, il a déposé plus de 300 œuvres à la Sacem".
Si a priori on peut faire confiance à la SACEM sur le nombre d’œuvres déposées en tant que compositeur, et peut-être sur le nombre de titres enregistrés et de disques vendus, il me parait évident que le nombre d'albums est sous-évalué. J'en ai répertorié 69 sortis sous son nom, et cette liste ne comprend qu'une petite partie des 40 et plus "Hit" Jouvin sortis dans les années 1970 et 1980. Il faudrait ajouter les disques sortis sous pseudonyme, dont les musiques typiques de Ray Tchicoray des années 1950, et je suis à peu près sûr que, rien que pour la France, on atteint les 140 albums.
Pour les 45 tours, j'en ai répertorié justement 140, mais il y en a plus. Dans mes étagères, j'ai actuellement 62 albums et 99 45 tours sortis sous le nom de Jouvin. Ça fait bien longtemps qu'il a enfoncé Elvis Costello pour être, en nombre de disques, l'artiste le plus présent dans ma discothèque. Il n'est pas près d'être rattrapé.
Il a fallu attendre encore un jour pour que l'AFP publie une dépêche. Sans surprise là encore, Le Figaro a été parmi les premiers à la diffuser.
Ensuite, on a pu assister aux bals des titres de presse, nationaux ou régionaux, et des méta-sources d'information qui se sont contentés de reprendre la dépêche, avec la même photo, au mieux avec un titre bien choisi, Georges Jouvin à bout de souffle, ou une vidéo trouvée sur YouTube. Dans la presse nationale, seul Le Monde a pris la peine de confier à un journaliste de son service Culture la rédaction d'un court article en forme de service minimum, avec la photo fournie par l'AFP.
Il y a aussi tous ceux qui sont allés lire la notice de Wikipedia. Et là, comme par hasard, une phrase semble attirer l'attention de tous : "En novembre 1950 il enregistre à Paris dans un orchestre conduit par Maurice Moufflard avec Charlie Parker en guest star.".
Ah ça, c'est super le jazz, c'est de la musique sérieuse. On sait que Georges Jouvin a suivi une formation musicale classique, qu'il a eu tous les grands prix de conservatoire possibles. Comme tous les musiciens de sa génération, Jouvin a dû apprécier et jouer du jazz et avait des amis jazzmen, mais mettre en épingle dans son parcours cette anecdote en mentionnant le nom de Charlie Parker, c'est encore une fois un moyen d'évacuer ce qui caractérise sa carrière, celle d'un musicien directeur d'orchestre très populaire, qui a écumé pendant des dizaines d'années les bals, les fêtes et les galas dans toute la France et dans le monde, qui a enregistré les airs les plus connus et vendus des millions de disques aux gens qui avaient dansé avec son orchestre et dansaient avec ses disques...
Quant à l'anecdote, donnée sans aucune référence dans Wikipedia, elle semble confirmée par La Gazette des Cuivres et, avec plus de détails par Les Dernières Nouvelles du Jazz. On passe d'un enregistrement de l'Orchestre Maurice Moufflard avec Charlie Parker en guest-star à une session de deux titres enregistrés pour la RTF en novembre 1950 avec Charlie Parker en vedette accompagné par l'orchestre de Maurice Mouflard, dans lequel Jouvin était, "probablement" si j'en crois un article intitulé Bird in Paris, le deuxième ou troisième trompettiste avec Mouflard et Roger Guérin !
Pour ma part, j'ai choisi aujourd'hui pour rendre hommage à Jouvin un album de l'époque de ses grands succès, Amoureusement vôtre, particulièrement parce que j'ai trouvé une vidéo pour l'illustrer. On trouve en effet en ligne relativement peu de documents filmés retraçant son parcours. Il y a un excellent scopitone, Le train de nuit, mais la qualité de la copie est mauvaise. J'adore par contre cette interprétation par Dominique et Georges Jouvin de Si j'avais un marteau (et non pas Le surf comme indiqué par erreur par l'INA) à la télévision en décembre 1965, notamment pour le côté un peu amateur de la chose quand Dominique interrompt au début ses "Hou hou hou hou" pour poser son micro et danser le surf.


Dominique, avec Georges Jouvin à la trompette et l'Orchestre de Raymond Lefèvre, Si j'avais un marteau, en direct à la télévision dans l'émission Palmarès des chansons le 9 décembre 1965.

La date de l'émission m'a un peu fait tiquer car le succès de Si j'avais un marteau par Claude François date de 1963, tout comme cet album Amoureusement vôtre, sur lequel Dominique et Jouvin ont enregistré cette chanson. Et je ne pense pas que la vague du surf (ah ! ah !) a duré bien longtemps au-delà de 1964 et de Viens danser le surf par Sylvie Vartan.
Je pense que le choix d'interpréter à la télé une "vieille" chanson de deux ans est dû au principe de l'émission Palmarès des chansons, un de ces télé-crochets comme il en existe à nouveau de nos jours dans lequel des jeunes chanteurs inconnus devaient interpréter en direct un succès du chanteur invité. Claude François devait être l'invité du jour et l'idée était sûrement de lancer sous son nom Dominique qui, en plus d'enregistrer avec Jouvin, a sorti à cette époque plusieurs disques sous son nom chez Trianon.
Le choix des 14 titres de cet album obéit à une série de règles bien établies.
Il faut reprendre les succès du moment (Si j'avais un marteau et Si tu veux être heureux de Claude François, Le sifflet des copains de Sheila, Tu te reconnaîtras de Lény Escudero), si possible en faisant la part belle aux productions Pathé-Marconi, chez qui Jouvin était signé (Enfants de tous pays et Adieu mon pays d'Enrico Macias, C'est ma fête de Richard Anthony, Trop beau et Toi de Gilbert Bécaud, et T'en vas pas comme ça (Don't make me over), enregistré notamment par Franca di Rienzo).
Il faut aussi faire la part belle aux danses en vogue. Quatre titres sont labellisés Surf (dont America de West Side Story !), mais le Hully gully est mentionné tout autant, ainsi que le Rock, le Boléro, le Charleston et le Twist.
Mais il n'y a pas que des reprises sur cet album. Comme à son habitude, Jouvin signe ici (avec Jerry Mengo) une composition "à la manière de", Ballade du surf. Et il y a deux chansons pour lesquelles je n'ai pas trouvé trace d'une autre version qui serait "l'originale" : La leçon de surf, avec un titre anglais mentionné, Surfin' on the sea, mais ça semble être une fausse piste car le parolier est Michel Jourdan et le compositeur Armand Canfora sous son pseudonyme d'Al Blakins, et Je n'vous l'dirai pas, une chanson légère de Maurice Tézé et Gérard Gustin, qui sert de prétexte à mentionner le nom de plusieurs vedettes, dont Jouvin.
A cette époque, Georges Jouvin ne se contentait pas de sillonner la France et le monde pour ses galas et de vendre des disques par milliers (son contrat prévoyait la sortie de six albums par an, plus sûrement de huit à dix 45 tours), il y avait autour de lui une véritable industrie, avec les disques de Dominique, des mini-33 tours de la série Gala des Variétés, et aussi l'édition de partitions, avec souvent des titres différents de ceux sortis en disque.
J'en ai deux de cette époque.
Dis moi... Dorothée, avec la même photo d'Edward Mandinian que sur le disque, est une composition de Jouvin avec des paroles d'André Jean Dervaux, qui était le saxophoniste de son orchestre et qui, pure coïncidence, est originaire de tout près de chez moi, à Ay, dans la Marne. Dominique est mentionnée en couverture et il y a des paroles, mais je n'ai pas trouvé de trace d'un enregistrement de cette chanson.



L'autre partition est un recueil de cinq compositions aux Editions Radio-Dancing, qui s'appuie sur la notoriété de Jouvin en le mettant en photo sur la couverture avec la mention "Georges Jouvin présente", mais les compositions ne sont pas de lui mais d'André Jean Dervaux (deux sous son nom et deux sous le pseudonyme de Jeff Clyton), et je ne serai pas surpris que le Jean Degeorge, qui signe le cinquième titre, soit aussi un de ses pseudonymes.