24 février 2019

BURTON GREENE : Presenting Burton Greene


Offert par Fabienne M. à Mareuil-sur-Ay le 16 août 2018
Réf : S63719 -- Édité par CBS aux Pays-Bas en 1969
Support : 33 tours 30 cm
6 titres

C'est la 1500e chronique de ce blog et, pour marquer le coup, on va regarder un peu en arrière, vers les tous débuts, le 29 octobre 2005, et même avant puisque ce disque a en fait servi de "numéro zéro" à Blogonzeureux!, comme ce blog s'intitulait initialement.
De septembre à novembre 2005, j'ai fait un stage à la Bibliothèque Pompidou de Châlons. J'avais choisi ce stage parce qu'il était proche de chez moi et surtout parce que je savais que cette bibliothèque était chargée de récupérer et de conserver pour toute la région Champagne-Ardenne les collections de 33 tours que les bibliothèques ne prêtaient plus et dont elles ne savaient plus que faire. Certains établissements se sont séparés d'une manière ou d'une autre de leurs disques, d'autres heureusement les ont confiés à Châlons, pour qu'ils soient conservés en tant que "fonds patrimonial".
Une de mes missions au cours de ce stage était d'évaluer ce fonds, qui avait été installé dans les réserves suite à la construction de la bibliothèque en 2001 mais dont personne ne s'était encore vraiment occupé, et de proposer des pistes pour sa mise en valeur. Pas simple, alors que l'on était vraiment au creux de la vague pour le vinyl, support qui était logiquement en train de mourir de sa belle mort, que seules la passion irrationnelle des fans et un débouché économique inespéré (à plus de 20 € l'album !) ont relancé depuis. De plus, le fait que les disques étaient devenus du "patrimoine" interdisait de relancer un service de prêt.
Les propositions que j'ai faites à l'issue de mon stage n'ont rien de très original (les signaler, communiquer sur leur existence, les valoriser, voir s'il était envisageable d'en numériser une partie,...). Certaines ont été mises en œuvre (reprise de l'intégration dans le catalogue, présentation lors des Journées du Patrimoine et lors d'autres animations), ainsi que d'autres que je n'avais pas imaginées (vente des exemplaires en double, triple, quadruple ou quintuple, ce qui m'a permis de récupérer des disques intéressants comme un Memphis Slim, Chants et danses d'Afrique ou le Neil Diamond).
L'une de mes propositions consistait à transformer les catalogueurs de vinyl en "catablogueurs" :
"Le travail de catalogage est un travail « souterrain», invisible du public. Pour ce qui concerne la collection de microsillons de la BMVR de Châlons, au vu des moyens humains qu’il est possible de mobiliser, on sait que ce travail prendra des années. Nous proposons malgré tout une solution pour informer le public de l’avancement de ce travail de catalogage, qui aurait également l’avantage pour les catalogueurs de rompre la monotonie de cette tâche et de valoriser presque immédiatement leur travail, par le biais d’un travail éditorial en commun. Il s’agirait pour l’équipe de catalogage de choisir à intervalle régulier (toutes les deux semaines par exemple) un disque récemment catalogué, et de rédiger une notule présentant ce disque, en insistant par exemple sur son histoire éditoriale, ses auteurs, les particularités de l’exemplaire conservé,... Le texte pourrait être repris dans une rubrique spécialisée du site de la BMVR ou sur un CataBlogue hébergé sur un site extérieur spécialisé. La pochette du disque accompagnée du texte pourrait également être présentée dans une vitrine à l’Espace musique, avec possibilité d’écouter le disque sur place."
Cette proposition n'a pas été retenue par l'équipe de la bibliothèque mais, vous me voyez venir, aussitôt après l'avoir formulée j'ai commencé à penser que je pourrais l'appliquer à moi-même et à ma propre collection, pour raconter l'histoire de mes disques, ceux déjà dans mes étagères et les nouvelles acquisitions, pour lesquelles j'avais pris l'habitude depuis quelques temps de rechercher des informations, que j'oubliais très vite ensuite car je ne les notais pas. C'est comme ça que j'ai décidé de lancer ce blog, très vite, avant même la fin de mon stage.
Pour illustrer la proposition de blog dans mon rapport, j'avais décidé de proposer un exemple de chronique. Je suis donc allé dans les réserves farfouiller dans les milliers de disques présents et, très vite, je suis tombé sur un album qui m'a paru correspondre parfaitement à ce que je cherchais. Un disque CBS, pas tout jeune (1969), produit par John Hammond, par un gars que je ne connaissais pas du tout, Burton Greene, qu'on voit au dos de la pochette en train de jouer du Moog. Parfait ! Et plus que parfait quand je suis tombé sur un entretien avec Dan Warburton pour Paris Transatlantic grâce auquel j'ai appris que cet album est le premier disque de jazz sur lequel on entend du Moog et qu'il n'avait jamais été réédité (il ne l'a toujours pas été depuis...).
Voici donc ce qu'on peut considérer comme le billet précurseur de ce blog :



Pour le chroniquer aujourd'hui, sachant que je me suis donné comme principe de ne chroniquer que des disques que je possède, je me suis fait offrir un exemplaire de cet album l'an dernier. Mes goûts concernant le jazz ont évolué au fil des années et il y en a certains styles que j'apprécie désormais pleinement, y compris au moins une des faces du 45 tours de Pharoah Sanders que j'ai trouvé il y a quelques années. Comme ce 45 tours, Presenting Burton Greene c'est du free jazz, et autant je trouve l'histoire de ce disque intéressante par certains aspects, autant je mentirai en affirmant que je peux l'écouter sans grincer des oreilles.
C'est le deuxième album de Burton Greene, sorti en 1968 aux États-Unis. Le premier était sorti chez ESP en 1966.
Celui-ci, Greene l'avait enregistré avec son quartet mais avait du mal à trouver un moyen de le publier. Il a finalement fait affaire avec le légendaire John Hammond, mais à la seule condition qu'on entende sur ce disque l'instrument électronique du Dr. Robert Moog, que Greene avait testé dès 1963. L'enregistrement était déjà terminé, mais Greene est retourné en studio pour ajouter du synthé sur Slurp !, un titre datant de 1966, présenté par Burton Greene dans ses notes de pochette comme un commentaire sur la "National Oral Gratification Week". Même avec le synthé, c'est difficile à digérer pour moi...!
Il suffit de voir l'accoutrement des gars sur la pochette pour comprendre qu'on a affaire à du jazz, certes, mais enregistré en pleine période hippie. L'une des pistes s'intitule Nirvana vibrations et la dernière, Voice of the silences, reprend le titre d'un livre d'Helena Petrovna Blavatsky, fondatrice de la Société Théosophique. Burton Greene a dû conserver cet intérêt pour la spiritualité puisque, sur son site officiel, il est présenté comme "Narada Burton Greene".
Après la sortie de Presenting..., Burton Greene est venu en Europe. Il a séjourné en France en 1969, et il nous en reste un document, l'album Aquariana, enregistré aux studios Saravah et paru chez Byg dans la collection Actuel. Puis il s'est installé aux Pays-Bas, où aux dernières nouvelles il vit toujours, sur un bateau à Amsterdam. Vous pouvez en découvrir plus sur son parcours en regardant les deux documentaires ci-dessous.
Pour ma part, après plus de 13 ans et 1500 chroniques, je ne suis pas lassé du blog. Certes, les publications sont plus espacées, mais elles sont aussi plus détaillées. Tant que j'aurai de nouveaux disques qui m'inspirent et tant que je redécouvrirai dans mes étagères des disques intéressants, il est probable que je continuerai. Alors rendez-vous peut-être dans quelques années pour le n° 2000...


Documentaire Burton Greene's Moldavian blues, filmé en 2008.


Documentaire The struggle can be enobling, 2017.

16 février 2019

EDICATION SEXELLE : Si i bon di i bon


Offert par Philippe R. à Nantes le 27 janvier 2019
Réf : NCR 006 - ENC-006 -- Édité par ENC en France probablement dans les années 1970 -- Interdit aux moins de 18 ans
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Bell' mè [Belle.Me] -/- Sille bon dille bon [Si i bon di i bon]

Philippe m'a fait ce beau cadeau en pensant que ce disque ne pouvait que m'intéresser. Il avait raison, bien sûr, et je n'ai eu besoin que de jeter un coup d’œil à la pochette pour le confirmer. C'est vraiment exceptionnel ! La paire de fesses sur le panneau sens interdit, les couleurs criardes façon emballage de paquet de lessive, le nom du groupe, Edication Sexelle, la mention "Interdit aux moins de 18 ans"... Une parfaite réussite !
Là où mon intérêt est monté d'un cran, c'est quand j'ai entrepris de trouver des informations sur ce disque pour savoir un peu plus à quoi j'avais affaire. Et là, c'est bien simple et c'est quand même étonnant en 2019 : je n'ai trouvé absolument aucune mention de ce disque en ligne. Rien, nada, que dalle sur un groupe nommé Edication Sexelle ou sur ce disque !
Il faut dire que les données à disposition sont parcellaires et peu fiables en-dehors du nom du groupe : les chansons ont des titres différents sur la pochette et sur l'étiquette du disque; la référence sur la pochette est NCR 006 mais c'est ENC-006 sur le rond central. Il n'y a aucune mention de label non plus, peut-être en raison de la thématique sexuelle du disque, qui était peut-être censé être diffusé sous le manteau. Il y a juste en petit au verso de la pochette la mention "Distribution : ENC Records, 48, rue Tiquetonne, 75002 PARIS - Tél. 236-68-13".
La présence d'un code postal à 5 chiffres nous indique que ce disque date d'après juin 1972. Pour ce qui concerne ENC Records, j'ai trouvé une référence sur Discogs, une seule valable (l'autre correspond à un label homonyme), celle d'un 45 tours des Vikings de la Guadeloupe, Lé en ké maillé, ce qui confirme simplement ce que mes oreilles m'avaient indiqué à l'écoute: il s'agit de musique des Antilles.
C'est tout ce que j'ai trouvé sur ce disque, une bien maigre récolte, et j'espère que les commentaires de cette chronique pourront la compléter.
La présence sur le même label n'est pas suffisante pour avancer qu'il y a un lien direct entre Les Vikings de la Guadeloupe et Edication Sexelle, mais je saisis quand même l'occasion de vous montrer la pochette de leur album Message aux pachas, qui doit dater de la même époque et qui visuellement a un point commun avec celle de mon 45 tours :



Le nom du groupe Edication Sexelle fait clairement référence à l'éducation sexuelle, un sujet d'actualité dans ces années-là, une actualité qui m'a concerné au premier chef puisque j'étais au collège dans les années qui ont suivi la circulaire Fontanet de 1973 sur cette question. Mais sur ce sujet, la meilleure leçon c'est Pierre Perret qui nous l'a donnée en 1975 avec son tube Le zizi. Dans mon souvenir, avec mon frère et ma sœur on avait appris les paroles par cœur et on se faisait un point d'honneur de les chanter un peu partout le plus fort possible. Quand je les relis aujourd'hui, je me demande quand même si on connaissait l'intégralité des trois couplets et du refrain...
Passons à l'écoute du disque. Contrairement à ce que pourrait laisser penser la pochette, la face A n'est pas Si i bon di i bon mais Bell' mè. Je ne comprends pas les paroles en créole, mais il est bien question à la fois de sexe ("69", "position",...) et de belle-mère, deux sujets qu'on n'associe pas d'emblée ! Musicalement, l'accompagnement est de qualité, avec notamment un pianiste remarquable.
Pour la face B, j'ai failli être complètement nul : il m'a fallu trois semaines pour retrouver la trace de Si i bon di i bon, une chanson de Ry-Co Jazz ! Et pourtant, j'ai la pochette de leur 45 tours depuis vingt-cinq ou trente ans, c'est même l'un des tous premiers disques antillais que j'ai jamais acheté (sauf que ce n'est pas le bon disque qui est dans la pochette...) et j'ai écouté cette chanson il y a à peine quelques mois, car elle figure sur la compilation Disques Debs Internation vol. 1, dont j'ai parlé récemment à propos de Daniel Forestal. Comme pour Edication Sexelle, Si i bon di i bon est mis en valeur sur la pochette, mais relégué en face B du 45 tours :






Les paroles sont différentes, la version est beaucoup plus courte, ce qui fait qu'il manque ce qui fait tout l'intérêt de la chanson originale, la longue partie instrumentale et dansante avec orgue et cuivre, mais la chanson Si i bon di i bon d'Edication Sexelle est bien une reprise de celle de Ry-Co jazz. Et là encore, on sent que les musiciens, notamment le guitariste au toucher très jazz, sont de grande qualité.
En tout cas, j'espère qu'on en saura bientôt un peu plus sur ce disque car tout, tout, tout je voudrais savoir tout sur Edication Sexelle !

Ceci était la 1499e chronique de Vivonzeureux!. En attendant la 1500e prévue la semaine prochain, je vous invite à relire celles qui ont marqué les précédentes bornes, la 100e, la 500e et la 1000e.

A écouter :
Edication Sexelle : Bell' mè
Edication Sexelle : Si i bon di i bon

10 février 2019

PORTA S. : Enfants de la rosée


Offert par Thomas B. par correspondance en janvier 2019
Réf : [sans] -- Édité par Stomoxine en France en 2019
Support : 9 x mp3
9 titres

C'était il y a quelques semaines. Un inconnu profite de la nouvelle année pour m'offrir un petit album de musique réalisé avec des amis. Comme ça, sans engagement. Par la suite, j'ai appris que Thomas B. est un lecteur régulier de Vivonzeureux!, qu'il apprécie Jonathan Richman (même si ça ne se reflète pas dans sa musique), Pascal Comelade, Albert Marcoeur et Robert Wyatt, et qu'il m'est reconnaissant de lui avoir fait découvrir Brodé Tango et Family Fodder.
Je suis toujours content quand j'ai un contact avec un lecteur de Vivonzeureux!. Je suis toujours content aussi quand on me fait des cadeaux, et encore plus quand il s'avère que j'apprécie sincèrement la musique qu'ils contiennent.
Déjà, avec Enfants de la rosée, avant même d'écouter on peut apprécier les titres, en français. Outre celui de l'album, il y a Convergence des flûtes, Hôtel Califourchon, Goût rossignol, Les langues se lavent...
Une fois le disque lancé, j'ai découvert que la musique de Porta S. n'est pas dans un style que j'écoute quotidiennement, mais que j'apprécie quand même. Pas de chant, mais pas de la musique instrumentale non plus, puisque des voix, sûrement des échantillons, parsèment les enregistrements. C'est original et varié, proche dans l'esprit (même si je n'ai pas réécouté pour vérifier) du disque de La Semence Pastorale que j'ai chroniqué l'an dernier.
En le sachant d'avance, j'ai pu faire des correspondances avec Brodé Tango (Convergence des flûtes, au début) ou Comelade (Vermicelles, tout à la fin).
L'ordre des titres doit être bien choisi car, pour l'heure, mes préférés sont les deux premiers, Crémaillère, avec orgue, guitare et percussions et des voix qui font "Na na na", et Vermicelles. J'ai repéré aussi particulièrement Convergences des flûtes, plus rythmé, avec voix traitées, saxophone et orgue, et Tasseau, avec un rythme qui évoque un convoi de western ou une caravane, et qui du coup me fait penser à Procession towards learning land, de la série Homo safari de XTC. Dans le même ordre d'idée, Rancho Marâtre, avec ses percussions, me rappelle un peu Work away Tokyo day, de l'album solo de Mr. Partridge, qu'avec Philipe R. nous avions choisi comme indicatif de notre émission Camisole en 1982.
A noter également, Raisin de Caroline et sa guimbarde, et Hôtel Califourchon, avec des coups de grosse caisse dans la deuxième moitié qui sont comme un appel à la piste de danse.
Un album que je vous recommande chaudement, donc, par un groupe qui reste assez mystérieux. Sur le même label Stomoxine, ils ont déjà sorti deux autres album, Babe en 2016 et Gloria minou en 2017. Dans les crédits de ce dernier, il est indiqué que le groupe est composé de Louboulbill, Noboupilou et Pounil. Sur la photo de leur page Facebook, il y a trois têtes, ce qui tendrait à confirmer qu'on a affaire à un trio.

Enfants de la rosée est disponible chez Stomoxine, en cassette si ça vous chante mais mais pour ma part ce n'est pas mon truc, ou en version numérique.




03 février 2019

THE HILLS : Juanita Banana - THE IN-BETWEENS : Take a heart


Acquis chez La Ressourcerie de l'Île à Rezé le 26 janvier 2019
Réf : 70 987 -- Édité par Barclay en France en 1966
Support : 45 tours 17 cm
Titres : THE HILLS : Juanita Banana -- Fun -/- THE IN-BETWEENS : Take a heart -- Little nightingale

Dans une ville comme Nantes, on ne s'attend pas de nos jours à trouver des disques années soixante intéressants dans la grande ressourcerie de la ville. Celui-ci, acquis originellement le 14 juin 1966 si j'en crois l'inscription à la Dymo collée au dos, a attiré mon regard car je me suis dit que j'avais peut-être affaire à la version originale de Juanita banana, popularisée chez nous par Henri Salvador. Et puis, cet autre groupe sur la face B, The In-Betweens, pouvait réserver une bonne surprise.
Bon, pas de mystère en tout cas, si ce disque était encore là, c'est que la face A est en grande partie hachée de rayures très marquées. Et puis, bien sûr, je n'ai que le disque, pas le porte-clés : "Ce disque est accompagné d'un porte-clés offert par le Comité inter-professionnel de la Banane 123 rue de Lille, Paris. Réclamez-le à votre disquaire qui se fera un plaisir de vous le remettre."
Le porte-clés n'était donc pas à l'origine attaché petit trou fait dans la pochette du disque, ce qui n'est pas très pratique de toute façon. J'ai quand même trouvé un exemple, sans doute assez rare, des deux ensembles :



Notons au passage que, la pochette plus le porte-clés constituent ensemble une œuvre pop-art par excellence. Je ne serai pas surpris que, au détour d'un séjour à Paris en 1966, elle ait influencé Andy Warhol pour la création de la pochette de The Velvet Underground & Nico...
Il s'est avéré très vite que cette version de Juanita Banana par The Hills n'est pas la version originale. Celle-ci est due à un groupe de studio nommé The Peels, subtile différence, ce qui nous confirme instantanément que cet EP édité par Barclay n'est ni plus ni moins que ce que j'appelle un disque parasite, dont la seule raison d'être est d'aspirer une partie des bénéfices générés par le succès d'un titre. Bien tenté ! Dans le même genre, il y a eu en France un 45 tours Panorama crédité à The Reels ! Tout cela a incité le label original, Karate, à réimprimer la pochette du 45 tours de The Peels en y ajoutant la mention "La véritable "Juanita Banana"", parade classique mais sûrement pas suffisante pour limiter le siphonnement des ventes.
Par souci de justice, et parce que les vidéos valent le coup, je ne résiste pas au plaisir de vous proposer un passage à la télé française de The Peels et le Scopitone d'anthologie d'un Henri Salvador en grande forme :


The Peels, Juanita banana, en public pour la télévision française, le 5 mai 1966.


Henri Salvador, Juanita banana, Scopitone de 1966.

Avant de publier, cet EP, Barclay avait édité l'enregistrement de The Hills sous forme d'un 45 tours deux titres, avec une pochette choc ! Celui-là, je ne le laisserai pas passer si je tombe un jour dessus :



Notons que, pour que la contrefaçon soit parfaite, on a choisi de repomper l'intégralité du 45 tours, puisque Fun, l'instrumental sympathique de la face B, est une reprise/copie de la face B du  45 tours de The Peels !
Bien malin qui pourrait dire qui se cache derrière ce nom de groupe The Hills. Ce disque n'est sorti qu'en France, mais l'accent anglais étant parfait, je pense qu'il ne s'agit pas de français. En tout cas, leur version de Juanita Banana se tient parfaitement.
Si vous voulez en savoir plus sur le phénomène Juanita Banana, qui a surtout sévi en-dehors des États-Unis, je vous conseille d'aller faire un tour chez PopArchives et chez Probe is turning-on the people !, où vous pouvez télécharger plein de versions de Juanita Banana, jusqu'à l'indigestion !
Ce n'est qu'après la publication du 45 tours que le partenariat avec le Comité Inter-Professionnel de la Banane a dû émerger avec l'idée du porte-clés. Du coup, on a dû décider chez Barclay de sortir un EP quatre titres, qui se vendait plus cher et rapportait plus. Mais, ne disposant sûrement que de deux titres par The Hills, le label a été piocher dans son catalogue deux titres d'un groupe inconnu, The In-Betweens, parmi les quatre de son seul EP, Feel so fine.
Quand on a écouté Take a heart par The In-Betweens avec l'ami Philippe R., on a été agréablement surpris. Dans le style rock de l'époque, ce n'est pas mal du tout, avec même un peu de chœurs à la fin, et, même si on l'espère toujours, on ne s'attendait pas vraiment à trouver quelque chose de cette qualité en face B du 45 tours au porte-clés à la banane ! Le deuxième titre, Little nightingale, est dans la même veine, mais je préfère le premier.
En cherchant un peu, j'ai vite découvert que ces deux titres sont des reprises, de The Sorrows et The Mindbenders respectivement.
Et surtout, en creusant encore un peu, j'ai vite compris que The In-Betweens étaient en fait The 'N-Betweens, et que ces deux titres font tout simplement partie des premiers enregistrements du groupe qui allait devenir Slade !
Je n'ai pas trouvé d'explications détaillées à ce mystère, mais c'est un fait que les seuls enregistrements publiés par la première version de The 'N-Betweens, réalisés en 1965 avec John Howells au chant, n'ont été diffusés qu'en France sur le EP Barclay. Après l'arrivée en 1966 de Noddy Holder, The 'N-Betweens ont sorti quatre autres titres, sur un 45 tours commercialisé en Angleterre et sur un 45 tours promo aux États-Unis. Ensuite, le groupe est devenu Ambrose Slade, puis tout simplement Slade. On retrouve tous les enregistrements parus des 'N-Betweens plus des inédits sur la compilation The genesis of Slade, parue initialement en Autriche en 1996.
En tout cas, à partir d'une reprise-contrefaçon d'une chanson rigolote, même sans porte-clés, je ne pensais pas voyager si loin et me retrouver avec deux titres rares d'un groupe anglais à succès.