28 novembre 2009
FRANÇOISE HARDY : Comment te dire adieu
Acquis sur une bourse aux disques à Châlons-sur-Marne à la fin des années 1980
Réf : EPL 8652 -- Edité par Vogue en France en 1968
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Comment te dire adieu -- Il vaut mieux une petite maison dans la main qu’un grand château dans les nuages -/- Suzanne -- L'anamour
40 francs. C'est ce que j'ai payé pour acheter ce disque à un professionnel lors d'une bourse aux disques dans le hall des expositions de Châlons. Pendant longtemps, ça a été le prix le plus cher que j'ai payé pour un 45 tours d'occasion, et de loin. Plus récemment, il a dû m'arriver très ponctuellement de payer plus cher que ça, en euros et port compris, mais c'est rare.
C'est dire que je tenais absolument à me procurer ce 45 tours. A commencer par la pochette, que j'avais dû voir reproduite dans Rock & Folk, avec cette grosse guitare noire que tient Françoise Hardy et qui semble beaucoup trop grande pour elle. Et puis il y a Comment te dire adieu, le tube repris d'un instrumental avec des paroles de Gainsbourg, mais aussi la version originale de L'anamour, de ce même Serge Gainsbourg. Cerise sur le gâteau, on trouve ici encore une reprise de Suzanne de Leonard Cohen, dans la traduction de Graeme Allright.
Un seul défaut à ce disque, sa quatrième chanson, avec son titre à rallonge que je ne rappelle même pas. Disons que c'est juste de la guimauve à cordes aussi mauvaise que le titre le laisse craindre et que ses auteurs Jean-Max Rivière et Gérard Bourgeois ont fait mieux par ailleurs, pour Brigitte Bardot notamment avec La Madrague ou Moi je joue.
Comment te dire adieu fait partie de mes chansons favorites de Françoise Hardy, avec un petit nombre d'autres comme Le temps de l'amour, Et si je m'en vais avant toi et Je n'attends plus personne. En fait, cette chanson n'est entachée que d'une seule petite ombre : elle est sensée être une reprise. Sensée je dis bien, car, s'il s'agit effectivement d'une adaptation française de It hurts to say goodbye, chanté par Vera Lynn en 1954, on a malgré tout à faire ici à l'un des exemples assez rares d'une reprise en tout point supérieure à la version originale, aussi bien pour ce qui concerne l'arrangement musical que des paroles d'un Serge Gainsbourg à son meilleur.
Pour l'arrangement, j'ai un doute que mes recherches aujourd'hui ne sont pas parvenues à dissiper : il est tellement éloigné de la ballade sirupeuse originale que je me demande s'il n'y a pas eu entre-temps une autre version anglaise plus rythmée. Quant aux paroles, tout le monde ou presque connait la performance en "ex" réalisée par Gainsbourg. Sans rentrer dans les détails, il suffit de voir qu'au lieu de traduire directement le titre, Ça fait mal de se dire adieu (d'ailleurs, les paroles originales font explicitement référence à un éloignement passager de deux amoureux), il le suggère en en montrant les conséquences ("Sous aucun prétexte je ne veux devant toi surexposer mes yeux, derrière un Kleenex je saurais mieux
comment te dire adieu.").
Apparemment, c'est Françoise Hardy qui a eu l'idée de cette reprise, et en plus de lui fournir les paroles adaptées de Comment te dire adieu, Gainsbourg lui a aussi proposé une de ses nouvelles chansons L'anamour. Là encore, il s'agit de l'une des plus grandes réussites du parolier Serge Gainsbourg. J'adore les rimes qui alterne les i et les a (hélices/hélas, Asie/asa) et elles fonctionnent à la perfection même quand justement ce ne sont pas de vraies rimes (transistors/étrange histoire). Et puis, il y a le mystère de ces paroles, qu'il est impossible d'interpréter de façon univoque. Le mot "L'anamour" est étrange. Je le prends moi pour une version gainsbourienne de "L'amour" en javanais, en écho à sa propre Javanaise bien sûr, même si je sais que techniquement ce n'est pas du javanais. Pour les reste des paroles, il est question de portes, de transat, d'un commissariat. Il est aussi surtout question en passant de pavés, en 1968, et de grains de pavot, en pleine hippietude, qui peuvent en partie justifier le nonsense pervasif des paroles.
J'ai juste un petit problème avec cette version originale de L'anamour : je lui préfère la version qu'en a donné Serge Gainsbourg l'année suivante sur l'album Jane Birkin-Serge Gainsbourg. J'aime mieux l'arrangement presque psychédélique, justement, et l'orgue groovy de l'orchestre d'Arthur Greenslade, et j'aime aussi mieux le chant, toujours un peu détaché, de Serge Gainsbourg, mais c'est peut-être parce que j'ai d'abord connu et aimé la version de Gainsbourg avant d'écouter celle de Françoise Hardy.
La version de Suzanne est elle plutôt réussie. C'est une chanson qui convient bien à la voix de Françoise Hardy. L'arrangement est assez proche de la version originale, avec une guitare rythmique acoustique et des cordes qui savent rester discrètes.
Au bout du compte, on a quand même ici un disque presque parfait. Je me dis que si Mademoiselle Hardy y avait glissé à la place de la quatrième chanson, allez, pas complètement au hasard, une reprise en français d'une chanson des Rolling Stones (Lady Jane ?, Ruby Tuesday ? No expectations ?) c'eut été un sans faute !
Suzanne par Françoise Hardy, pas dans la version du disque, avec des choeurs à la Leonard Cohen. Quelqu'un connait les deux guitaristes à lunettes sombres ?
Ecouter L'anamour par Françoise Hardy. Voir L'anamour par Serge Gainsbourg.
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3 commentaires:
Je connais assez mal Hardy mais c'est également mon titre préféré d'elle. C'est dingue combien ce titre a influencé d'autres chanteuses par la suite comme par exemple Mylène Farmer ("Maman a tort").
J'apprécie aussi son talent d'astrologue et le fait qu'elle ait été la première à chanter le "Sabiá" de Jobim en français (sous le titre "la mésange").
Françoise, à la guitare, je préfère cette photo là.
Les deux sont bien, mais c'est vrai que sur Comment te dire adieu on dirait que la guitare est juste là pour la pose, alors que pour Dis-lui non c'est vraiment sa guitare et elle est en train d'en jouer...!
Mais je suis d'accord, si ce n'était que pour la photo de pochette, je choisirais aussi l'autre disque...
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