
Acquis par correspondance chez Momox en juin 2025
Réf : GED21715 -- Édité par DGC en Europe en 1992
Support : CD 12 cm
Titres : Come as you are (LP version) -- Endless, nameless -- School (Live) -- Drain you (Live)
En 1991-1992, je me suis pas mal baladé un peu partout en France avec Eric, le directeur de Radio Primitive, pour participer à des réunions de la Férarock, dont la création a été décidée en février 1991, du Réseau des Découvertes du Printemps de Bourges ou du Centre Info Rock.
Quand on arrivait en voiture dans une ville, on mettait souvent la radio pour écouter ce que faisait la "concurrence" et, à partir de l'automne 1991 et pendant au moins dix-huit mois, c'est devenu une blague entre nous parce que, systématiquement, on tombait sur Ouï FM, France Inter ou NRJ qui nous annonçait une nouveauté, une découverte, un tube qui vient de sortir... avant d'envoyer Smells like teen spirit de Nirvana ! Plus le temps passait, plus c'était drôle d'entendre annoncer comme nouveauté un disque que la Primitive, comme toutes les radios Férarock, passait depuis sa sortie en septembre 1991.
Je précise que, à titre personnel, je n'ai joué aucun rôle dans la découverte et la promotion de Nirvana : j'appréciais le tube, mais je n'ai pas acheté les disques à l'époque et, autant cet automne-là je passais les Pixies presque chaque semaine dans mon émission, autant je n'ai passé Nirvana qu'une fois, pour annoncer leur passage aux Transmusicales.
Les Transmusicales de Rennes 1991, c'est le festival qu'on avait choisi pour présenter au monde notre nouvelle association Férarock, avec une conférence de presse le 7 décembre, accompagnée par un concert mémorable de Billy Ze Kick et les Gamins En Folie.
Une fois la conférence terminée, une bonne partie d'entre nous est passée du bar L'Inconnu à la salle Omnisports de la ville pour le grand concert de la soirée, avec au programme, Curve, Momma Stud, James et... Nirvana.
En effet, les Trans ont toujours été un festival défricheur plutôt que suiveur et, après avoir vu le groupe à Rotterdam (le 1er septembre, je suppose), l'équipe des Trans avait aussitôt décider de les programmer, et c'était à la fois leur premier gros concert en France et la toute dernière date de leur tournée européenne pour la sortie de Nevermind.
Déjà bien fatigué et avec un salle bien pleine, je ne suis pas allé sur le parterre pour assister au concert de Nirvana. Je me suis installé dans une zone peut-être bien réservée à la presse, tout en haut des gradins, à droite quand on regardait la scène. J'ai donc vu le concert "de côté".
Je n'ai pas beaucoup de souvenirs précis de leur prestation ce soir-là. Juste une image, tout à la fin du concert, celle du grand bassiste qui se penche pour ramasser le chanteur écroulé par terre et qui le porte dans ses bras pour sortir de scène. J'ai toujours pensé que Kurt Cobain était à moitié dans les vapes à ce moment-là, mais dans les images du reportage télé ci-dessous on voit qu'il fait au passage un signe d'au-revoir au public.
Ce concert est plutôt bien documenté, on peut écouter le son des trois-quarts d'heure de la prestation de Nirvana, et voir, ci-dessous également, deux titres filmés, dont une excellente version de Smells like teen spirit.
Nirvana aux Transmusicales, Salle Omnisports à Rennes, le 7 décembre 1991. Un sujet visiblement diffusé dans une émission de Bernard Lenoir, avec un extrait de Smells like teen spirit et la fin du concert.
Nirvana, Jesus wants me for a sunbeam et Smells like teen spirit, aux Transmusicales, Salle Omnisports à Rennes, le 7 décembre 1991.
Come as you are est le deuxième single extrait de Nevermind. Apparemment, la maison de disques pensait que c'était ce titre qui avait le plus gros potentiel commercial. Smells like teen spirit est sorti en premier dans le but de défricher le terrain et de faire monter la sauce. On sait ce qu'il en est advenu. Personne que ce premier single aurait un tel succès et que c'est lui qui allait devenir un classique.
Au moment de confirmer le choix de ce second single, alors que tout le monde savait qu'il ne passerait pas du tout inaperçu, Kurt Cobain n'était pas trop chaud pour le choix de cette chanson, parce qu'il savait très bien que son motif principal avait des accointances marquées avec le titre de 1985 Eighties de Killing Joke. La parenté musicale s'entend bien à l'écoute, mais elle me semble encore plus marquée avec un titre paru encore deux ans plus tôt, Life goes on des Damned, qui avait peut-être, consciemment ou non, inspiré Killing Joke.
Pour la pochette du disque, Cobain avait juste demandé au graphiste Robert Fisher des micro-organismes et du violet. D'où ces petites bestioles qui doivent être du plancton, plus quelques spermatozoïdes. Par contre, il n'y a que Robert Fisher lui-même qui pouvait pointer du doigt que la zone bleutée dans la partie gauche de la pochette est une radio de son visage de quand il s'était cassé le nez à l'école !
Come as you are est vraiment une excellente chanson, que le groupe n'a pas jouée à Rennes. Mine de rien, Nirvana en a quand même produit pas mal de ce niveau en très peu de temps. Celle-ci est dans la veine de Lithium, All apologies ou Rape me, c'est à dire du rock pas trop bourrin, avec pas mal de nuances, enregistré simplement en trio par des gars bourrés de talent. On a même droit à un petit bout de solo de guitare tout à fait bienvenu.
Les paroles sont volontairement contradictoires ("Viens en ami, en vieil ennemi", "Prends ton temps, dépêche toi"), mais ce qui marque a posteriori c'est d'entendre Kurt Cobain chanter "Je jure que je n'ai pas d'arme".
Endless, nameless n'est pas un titre inédit : il était caché à la fin des éditions CD de Nevermind. C'est un enregistrement plein de rage et de frustration : le groupe s'était lancé dedans parce qu'il n'arrivait pas à mettre Lithium dans la boite. A la fin, Cobain a cassé sa guitare, ce qui a mis fin à la session car il n'y avait pas d'autre guitare de gaucher disponible... Par la suite, le groupe a pris l'habitude de détruire du matériel à la fin du concert, souvent à la fin de cette chanson. Ils l'ont fait de manière limitée à Rennes, et franchement, je ne vois rien de très malin là dedans.
Les deux derniers titres étaient eux inédits avant la sortie de ce single. Ils ont été enregistrés au Paramount de Seattle le 31 octobre 1991, un concert publié vingt ans plus tard en DVD et CD sous le titre Live and loud, l'une des multiples parutions posthumes du groupe. Ils ont joué ces deux chansons à Rennes.
School est une chanson du premier album Bleach. Pour le coup c'est du rock bien graisseux, pour ne pas dire grunge. Je n'écouterais pas ça tous les jours, mais quand même c'est très bien dans son genre.
Quant à Drain you, c'est l'une des quelques chansons de Nevermind que j'aime beaucoup. Bon riff, et bon rythme, bon chant. Excellent, rien à dire. Encore une preuve que Nirvana n'est pas le groupe d'un seul tube et que ce n'est pas un hasard s'ils ont eu un tel succès.
Nirvana, Come as you are, en concert au Festival de Reading le 30 août 1992.
Nirvana, Come as you are, à New York le 18 novembre 1993 pour l'émission MTV unplugged.
Nirvana, Come as you are, au Pier 48 à Seattle le 13 décembre 1993, publié en DVD en 2013 sous le titre Live and loud.
Nirvana, School, en concert au Paramount à Seattle le 31 octobre 1991.
Nirvana, Drain you, en concert au Paramount à Seattle le 31 octobre 1991.
Nirvana, Drain you, en direct dans l'émission Nulle part ailleurs, en 1994.

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