24 avril 2021

THE UNICORNS : Who will cut our hair when we're gone ?


Offert par Philippe D. à Paris le 3 juillet 2014
Réf : [sans] -- Édité par Ruff Trade en Angleterre en 2004
Support : CD 12 cm
13 titres

Oh la la. Ça fait déjà presque sept ans que je suis revenu de Paris avec un plein sac de CD promo offerts par l'ami Philippe et voilà seulement que j'en vois le fond : je crois qu'après celui-ci il ne m'en reste plus qu'un à écouter.
Il faut dire qu'il y en avait vraiment beaucoup et que le lot m'a permis de faire pas mal de découvertes puisque c'est le septième disque extrait du sac que je chronique ici, après Deerhoof, The Shaky Hands, Luzmila Carpio, Dechman, Mountain Man et Forest Fire !
Celui-ci, je l'avais mis de côté car c'est un pauvre CD-R avec une pochette imprimée maison( pas très belle), le tout glissé dans une pochette plastique. Mais bon, la musique est là, et elle est bonne !

The Unicorns était un groupe de Montréal. Après un CD auto-produit à diffusion très limitée, ce premier véritable album studio, avec un titre post-existentialiste (Qui nous coupera les cheveux une fois qu'on sera parti ?, le sens du "parti" étant explicité au dos de la pochette par la présence de tombes avec la mention "RIP !" et la question étant peut-être posée en référence au fait que les cheveux continuent de pousser après la mort...), est le seul sorti par The Unicorns avant une première séparation en 2004, le groupe épuisé par les tournées ne s'entendant plus.

Il ne faut s'attendre à rien de révolutionnaire à l'écoute de cet album, mais c'est le genre de disque frais et pêchu que j'aime bien. On est dans le foutraque bruyant basse fidélité, sans obligation de jouer ou de chanter juste, qui s'inscrit dans une longue lignée depuis les Pastels jusque par exemple MOSKDL (un autre disque offert par Philippe).

Le ton est bien donné dès l'entame avec I don't wanna die, un titre qui part dans tous les sens, puis une séquence de trois chansons qui ont le most "Ghost" dans le titre, dont Ghost mountain, et son synthé pourri en intro (un synthé qu'on retrouve tout au long du disque) et l'excellent Sea ghost, un de mes titres préférés. A plusieurs reprises à l'écoute de l'album j'ai pensé à mes chouchous The Feelings, mais The Unicorns sont quand même bien moins cinglés.
Mon titre préféré tout court c'est I was born (a unicorn), très rythmé, avec une guitare électrique aux accents africains, ce qui fait que l'ensemble évoque immanquablement Vampire Weekend. Tuff luff est aussi très bien, avec un esprit Grandaddy au début, puis une touche folk très marquée, avec il me semble des flûtes et un violon.

Le groupe s'est reformé ponctuellement en 2014, et peut-être plus récemment également puisque le micro-label américain Slyme a publié en 2019 sur Bancamp un deuxième album intitulé Glaciers, en plus de rééditer Who will cut our hair when we're gone ?. Mais il a dû y avoir un problème juridique quelconque entre-temps car le groupe est désormais nommé The Unicrons et la pochette de l'album a même été modifiée en conséquence.






The Unicorns, I was born a unicorn, en concert à Rhino's le 4 novembre 2004. Treizième et dernier titre du concert. Les autres sont aussi en ligne.

17 avril 2021

TITI ET GROSMINET : Titi à London


Acquis chez Royer à Épernay le 19 octobre 2019
Réf : 2001797 -- Édité par EMI Pathé Marconi en France en 1984
Support : 45 tours 17 cm
Titres : J'ai vu un rominet (I taut I taw A puddy tat) -/- Titi or not Titi

Même si j'ai sûrement sans le savoir couru des risques de contamination à l'occasion de ce voyage, j'ai eu la chance de séjourner quelques jours dans le Kent début mars l'an dernier, juste avant le premier confinement. Et, cerise sur le gâteau, j'y avais trouvé pas mal de disques, dont un lot intéressant de 78 tours (j'en ai chroniqué trois, de Stan Freberg, Bonnie Lou et Red Ingle).
Depuis, les perspectives de retourner en Angleterre ne font qu'être sans cesse repoussées et je me garde bien de faire des pronostics, même si, toujours un peu optimiste, je garde un petit espoir d'y aller à l'automne ou en hiver cette année.

Alors, faute de pouvoir se déplacer, on peut se plonger dans les souvenirs de voyages des autres, avec notamment ce disque centré sur le séjour à Londres de Titi et Sylvestre en 1984 (une année que j'ai moi-même passée à moitié à Londres).
Ce disque-ci s'est beaucoup moins bien vendu que ceux du milieu des années 1970, comme Titi à la neige ou Titi sur la côte, on le rencontre donc beaucoup moins souvent. C'est d'ailleurs le tout dernier titre paru de la série. En fait, je ne soupçonnais même pas son existence avant de tomber dessus, neuf, il n'y a pas si longtemps, à l'occasion de ce qui s'est avéré être mon ultime visite chez Royer avant la fermeture définitive de cette institution du commerce sparnacien, qui était aussi le tout dernier disquaire de la ville. J'avais fait de bonnes pioches ce jour-là, puisque j'avais aussi trouvé le 45 tours de Move it on over de George Thorogood et un album de Bombes 2 Bal.

J'ai vu un rominet sur la face A est une adaptation en français d'I taut I taw A puddy tat, une chanson sortie à l'origine en 1950 par Mel Blanc, l'acteur qui faisait les voix originales de Titi et de Grosminet, mais aussi de Bugs Bunny et de la plupart des grands personnages de dessins animés de la grande époque de la Warner. J'ai trouvé il y a quelques années une réédition de 1970 de cette version originale.
On trouvait déjà en 1974 sur le premier album Titi et ses amis J'ai cru voir un gros minet, mais c'est une chanson différente, qui n'est pas une reprise.
Cette adaptation insère dans ses paroles quelques vers en anglais au milieu des paroles française pour la tonalité British. Sinon, son intérêt est que l'accompagnement musical est complètement dans une tonalité de pop synthétique, un peu comme du Elli et Jacno accéléré, proche dans l'esprit des productions de Pit et Rik. Le tout est fort sympathique.

La vraie surprise arrive en face B. La thématique du 45 tours c'est Londres, pas New York, et pourtant il s'avère que Titi or not Titi est un titre hip hop, qui s'ouvre par une série de scratches ! On sent l'influence de Chagrin d'amour et surtout de H.I.P. H.O.P.. C'est fait pour me plaire, même si ça ne va pas chercher loin, surtout côté paroles ("Titi ot not Titi, est-ce ou n'est-ce pas la question ? La réponse est London").

Pour me tourner un peu plus le couteau dans la plaie, j'ai trouvé il y a quelques semaines un beau 45 tours-souvenir dans sa pochette-enveloppe prête à affranchir, qui nous plonge dans les sons du Londres des années soixante. Je risque de finir nostalgique, mais pas au point quand même de suivre en direct les obsèques du Prince Philip !


10 avril 2021

PABLO MASTER : Boire ou conduire


Acquis neuf je ne sais plus où vers la fin des années 1980
Réf : NS 5502 -- Édité par Nova Scratch en France en 1987
Support : 45 tours 30 cm
Titres : Boire ou conduire (C'est à chacun de choisir) -- Instrumental version -/- Boire ou conduire (Version album)

C'est un article récent d’Étienne Menu dans Musique Journal sur son album Y a-t'il un problème ? qui a rappelé Pablo Master à mon bon souvenir.
Du coup, j'ai vérifié dans le blog et j'ai constaté que, si j'ai bien parlé ici de Catch 22, Saï Saï ou Les Zulums ! (deux fois), je n'ai pas encore chroniqué de disques de Puppa Leslie, Tonton David ou Pablo Master. C'était l'occasion ou jamais de réparer cet oubli.

J'ai bien l'album, dans son édition CD 17 titres, avec des versions de dub de tous les titres, mais j'ai préféré ressortir ce maxi, qui contient son morceau le plus connu (il y a une édition en 45 tours avec une pochette différente qui a dû sortir peu de temps avant ou après celle-ci).

Je pense que, avec Raoul Ketchup et Phil Sex, on a eu l'occasion de passer cette chanson dans Rock comptines sur Radio Primitive, mais le disque ne figurait pas dans la discothèque de la station. Je ne sais plus du tout comment je me le suis procuré, mais en y repensant, ma mémoire l'a associé au Tigre, pendant longtemps la seule boite rock de Reims. Pourquoi ? Je n'en sais fichtre rien, peut-être que j'y ai entendu un soir cette chanson (même si c'est peu probable) ou peut-être que j'y ai acheté le disque lors d'une des rares bourses aux disques qui y ont été organisées. Ou peut-être rien du tout. Mystère...

En tout cas, Boire ou conduire, avec ses paroles qui font penser à une campagne de sensibilisation conjointe de la Prévention Routière et la Ligue Anti-Alcoolique, est une chanson qui semble faite pour moi. Non seulement j'ai toujours apprécié ces titres ragga/reggae en français, mais en plus je n'aime pas l'alcool et déteste qu'on me fasse prendre des risques sur la route...
Je suppose que la première version doit être la version album. La version single, qui est aussi celle de la vidéo, est plus courte d'une grosse trentaine de secondes et est remixée avec, comme le signale Étienne Menu, un trafiquage amusant sur la deuxième voix.
La troisième version est un instrumental de la version album. C'est bien, mais pas autant que la deuxième version qu'on trouve sur mon CD de l'album, qui est un vrai dub.

On parle très peu de lui dans les médias grand public, mais Pablo Master poursuit son parcours. Il a sorti en 2017 l'album Sang & crimes, et encore tout récemment en 2020 un autre album, Shuga shuga shuga.

04 avril 2021

ANDREAS DORAU : Das Telefon sagt Du


Acquis par correspondance via Momox en février 2021
Réf : 851 505-2 -- Édité par ElektroMotor en Allemagne en 1995
Support : CD 12 cm
Titres : Das Telefon sagt Du (Radio) -- Das Telefon sagt Du (Video) -- Das Telefon sagt Du (Deep Thought mix) -- Von Siemens nach Telefunken

Parmi toutes les annonces qui se succèdent de personnalités qui décèdent, celle de la mort de Françoise Cactus le 17 février m'a plus particulièrement touché. D'abord parce qu'elle était (plutôt) jeune - en tout cas pile de ma génération - et aussi parce que, depuis quelques mois, j'étais plongé dans la découverte de plusieurs disques de Stereo Total que je venais d'acheter. Cela s'était traduit dans les jours précédents par la chronique du maxi Schön von hinten et par l'ouverture d'une de mes compilations Mixcloud avec Ne m'appelle pas ta biche.
L'excellente Section 26 lui a rendu hommage le jour-même, en republiant les deux faces d'une compilation-maison réalisée spécialement il y a deux ans par Françoise et Brezel Göring.
Je ne l'avais pas écoutée à l'époque, mais là j'ai pris le temps de le faire et j'ai passé un très bon moment. Il y a dedans plein de choses que je connaissais et apprécie, mais, dans un style que je connais pourtant bien, le synthétique pop et rigolo, elle m'a aussi permis de faire des découvertes, comme Ruth, Deux ou Namosh.
Il y avait aussi dans le lot le très bon Tulpen und Narzissen de Die Doraus und die Marinas, un projet d'Andreas Dorau du début des années 1980.
Andreas Dorau, le nom aurait dû me dire quelque chose, ne serait-ce que parce qu'il a co-réalisé l'un des remixes de Schön von hinten, mais en fait je ne le connaissais pas du tout. Françoise précisait sur l'enregistrement qu'il avait eu un tube en France dans les années 1990 avec Girls in love. Effectivement, mais ce succès très pop n'a pas dû beaucoup popularisé son nom en France, car autant les autres éditions européennes du single sont bien créditées à Andreas Dorau, autant la pochette de l'édition française, très bizarrement, mentionne uniquement les remixeurs Grungerman et Forever Sweet, comme s'ils étaient les artistes principaux, et elle omet Andreas Dorau !

Du coup, j'ai commandé quelques disques d'Andreas Dorau, dont Girls in love, et j'ai choisi de chroniquer cet excellent single à la pochette légère et colorée, extrait de l'album Neu ! de 1994.
C'est à nouveau très léger et très réussi, de l'électro-pop dansante et joyeuse. Dans les paroles, la tonalité du téléphone est associée au pronom allemand "Du" et, avec les chœurs qui font "Du du du du du", on pourrait presque dire qu'Andreas invente le Du-Wop !
Évidemment, s'agissant d'un artiste allemand faisant une musique en partie synthétique, on ne peut s'empêcher de penser à Kraftwerk, particulièrement dans ce contexte à Der Telefon Anruf, le single de 1986 extrait de l'album Electric Café. Dans les faits, les deux titres ont peu à voir l'un avec l'autre, même s'ils s'enchaîneraient bien sur une compilation. Et au bout du compte, en-dehors des jeux sonores de Kraftwek sur l'enchaînement des tonalités, pour la partie chanson je préfère Der Telefon sagt Du.

Sur les quatre versions présentes sur le CD, la première version Radio est très bien et les autres sont par définition superflues. La version Video est très proche de la première et est donc très bien aussi. Le Deep thought mix est plus techno, plus instrumental et moins pop. Quant à Von Siemens nach Telefunken, comme souvent avec certains remixes, ce titre n'a plus grand chose à voir avec la version originale, voire rien du tout, en-dehors des "Allo Allo" répétés régulièrement au cours des huit minutes.

Ce qui est frappant au bout du compte, c'est que, quand on écoute Das Telefon sagt Du, il y a plein de choses dans la composition, l'orchestration, la mélodie, le rythme du chant, qui font immanquablement penser à Stereo Total. On imagine bien Françoise faire les "Du du du du du", ou bien reprendre le titre sur scène avec Brezel.

On trouve la version Video de Das Telefon... sur la compilation Hauptsache Ich (Retrospektive 1981​-​2014). Le dernier album en date d'Andreas Dorau, Das Wesentliche, est sorti en 2019.


Une excellente vidéo réalisée par un certain Borja Martin. Habituellement, je ne mets ici que des vidéos "officielles", mais celle-ci est parfaitement dans le ton, alors on ne va pas s'en priver !