28 janvier 2024

SUNGLASSES AFTER DARK : Sunglasses after dark


Acquis par correspondance via Ebay en décembre 2023
Réf : CDMGOTH32 -- Édité par Anagram en Angleterre en 2008
Support : CD 12 cm
19 titres

C'est un tweet de Miki Berenyi (Lush) qui m'a fait repenser à Sunglasses After Dark. On lui avait envoyé une vieille photo d'elle dans le public à un concert et elle cherchait à en savoir plus. Il s'avère que cette photo a été publiée en 1985 sur la pochette intérieure de l'album Untamed culture de Sunglasses After Dark.
Au-delà de la référence aux Cramps, le nom du groupe me disait quelque chose. J'ai vérifié et oui, pour une fois mon souvenir était bon : j'ai bien vu ce groupe en concert en 1983, et sur mon lieu de travail s'il vous plaît !

En effet, si j'ai pu passer l'année scolaire 1983/1984 à Londres, c'est parce que j'avais obtenu un poste d'assistant de langue vivante. J'ai été nommé à Harrow on the Hill, une ville au nord-ouest de Londres, connue pour abriter la Harrow School, une des grandes écoles privées anglaises avec Eton. Pour ma part, je n'étais pas dans le privé, mais au pied de la colline, au Harrow College of Higher Education. J'étais chargé de donner des cours de français à des étudiantes en secrétariat bilingue et en secrétariat médical, et aussi à des adultes qui avaient repris des études de français en cours du soir.
Le College était situé dans un grand immeuble de sept ou huit étages, tout près de la station de métro Northwick Park. On n'y étudiait pas que les langues, c'était un peu comme un I.U.T. en plus varié. Il y avait sûrement dans le lot des préparations à des études techniques, mais je me souviens surtout que, dans les étages du haut, il y avait des départements où l'on enseignait les beaux-arts, la photographie et peut-être le cinéma, mais aussi la mode et la coiffure. Tout ça mélangé, ça donnait des looks remarquables dans les couloirs, avec de hautes crêtes parfois colorées et des tenues quant à elles plutôt décoiffantes !
Précédemment, l'école d'art s'appelait la Harrow School of Art. Parmi ses anciens étudiants, on compte Charlie Watts et Malcolm McLaren. Au fil des années, de nombreux concerts ont été organisé sur place, dont The Who en 1964 et 1965, Dr. Feelgood en 1975 et Wire deux mois d'affilée en 1978.
Toute l'année, j'ai participé à certaines activités de l'établissement en plus de mes cours. J'ai joué avec l'équipe de basket du College, j'ai appris le bridge avec un club informel de quelques élèves... Et bien sûr, quand j'ai vu un concert annoncé sur place, j'y ai assisté.
Ce qui m'étonne rétrospectivement, c'est que ça n'est arrivé qu'une seule fois, le jeudi 10 novembre 1983. Peut-être que, plus tard dans l'année, j'ai préféré aller aux concerts de la Living Room que j'avais découverte entre-temps.


Le Harrow College of Higher Education (à gauche) et le Northwick Park Hospital à l'automne 1983. Photo : JC Brouchard.

Deux groupes ont joué ce soir-là. Rubella Ballet, une formation avec une discographie assez conséquente proche de la mouvance Poison Girls/Crass, devait être la tête d'affiche. Et les régionaux de l'étape c'était Sunglasses After Dark, originaires de Harrow. J'imagine qu'au moins une partie des quatre membres du groupe étudiait au College.

Je n'ai aucun souvenir précis du concert, même pas du lieu exact. Dans mon esprit, c'était dans le hall du rez de chaussée, mais il y avait peut-être un auditorium sur place, ou bien les groupes ont joué dans le réfectoire. Le style des musiques des deux groupes, à cheval entre le gothique, le (post-)punk et le psychobilly, n'est pas particulièrement ma tasse de thé, mais les styles sont poreux et les chapelles musicales ouvertes. Ainsi, au fil de l'année j'ai vu et apprécié The Sting-Rays, The X-Men et The Membranes à la Living Room (les deux derniers ont sorti des disques chez Creation), et ailleurs en ville The Bomb Party, The Vibes et, même si je n'en retrouve pas de trace, peut-être bien aussi Skeletal Family. D'ailleurs, ma première réaction en voyant la pochette de cet album a été "On dirait The Jesus and Mary Chain".

Cette compilation rassemble l'intégrale de la courte discographie de Sunglasses after dark, c'est à dire un titre sorti en 1983 sur la compilation Blood on the cats, quatre autres titres en studio publiés en 1984 sur le single Morbid silence (produits par Andi de Sex Gang Children) et les quatorze titres de l'album live The untamed culture, enregistré en concert devant un public de 150 invités le 29 septembre 1984.
Une chronique de Record Collector le souligne, ce CD est paru dans une collection de réédition de rock gothique, mais la musique de Sunglasses After Dark est bien plus difficile à classer que ça. Ne serait-ce que, plutôt qu'un bassiste, ce quatuor comptait un violoniste en son sein.
On sait maintenant qu'au départ Sunglasses after dark est un rockabilly de 1958 de Dwight Pullen, mais la chanson a été magistralement vampirisée et sublimée par The Cramps en 1980 sur leur premier album (en y ajoutant notamment le riff d'Ace of spades de Link Wray), et c'est bien sûr cette version que le groupe avait en tête en choisissant son nom.
J'ai apprécié l'album dans son ensemble, avec bien entendu quelques titres préférés : Sunglasses Ron, qui rappelle effectivement bien les Cramps, At the hop  avec sa deuxième voix, Grave of shades, le titre assez lent Rubber mask, Untamed culture ou Let's go.
J'aime bien aussi Monster ruck, une chanson qui s'appelait Hell-hag shuffle dans sa version studio, mais je préfère la version live, et d'ailleurs on se dit que c'est du gâchis à l'écoute de toutes ces chansons originales de voir que le groupe n'a pas tenu plus longtemps. Quand l'album est sorti début 1985, ils étaient déjà séparés. Mais entre temps, à l'automne 1984 donc, Sunglasses After Dark a tourné en Europe, en France et en Hollande. Certains d'entre vous les ont peut-être vus sur scène ?

Les notes de pochette de la compilation sont signées par le violoniste Simon Cohen, à qui on doit également les illustrations et la maquette de la pochette. Il nous explique aussi avec plein d'humour ce que les membres du groupe sont devenus : lui-même  s'est échappé d'Angleterre et la dernière fois qu'on l'a vu il jouait du bluegrass dans un restaurant japonais en Nouvelle Zélande; le chanteur Bailie Harkness est entraîneur de tennis; le guitariste David "Mitch" Mitchell fabrique des membres artificiels dans un service de santé du Hertfordshire tandis que le batteur est agent de bord/hôte de l'air pour British Airways.
Quant à moi, 40 ans plus tard, j'aurais bien aimé retrouver l'affiche (s'il y en a eu une), des photos, voire même des souvenirs personnels de ce concert au Harrow College of Higher Education.

Cet album est intégralement en écoute sur YouTube.

20 janvier 2024

MARSHALL CHAPMAN : Goodbye, little rock and roller


Acquis au Secours Populaire à Reims le 4 novembre 2023
Réf : 0-312-31568-6 -- Édité par St. Martin's Press aux États-Unis en 2003
Support : 259 p. 24 cm
12 titres

C'était un samedi où je travaillais l'après-midi, ce qui me donnait une bonne occasion de faire des emplettes de disques à Reims le matin. Et ça tombait bien, puisqu'il y avait à la fois une petite bourse aux disques dans une brasserie et une braderie au Secours Populaire.
Il y avait assez peu de disques avec quasiment rien d'intéressant, mais comme j'étais là j'ai pris le temps de regarder le rayon livres. Rien dans les policiers, rien dans le rayon arts, où on retrouve généralement les livres sur la musique. J'ai eu un peu de mal à le trouver, mais avant de partir j'ai fini par dénicher le petit coin avec des livres en langue étrangère où ce livre de Marshall Chapman n'attendait que moi.
J'ai compris en l'examinant qu'il s'agissait des mémoires d'une chanteuse et autrice-compositrice au prénom surprenant (Marshall est son deuxième prénom, celui de son grand-père paternel; c'est celui que sa famille a utilisé dès sa naissance). Je ne connaissais rien d'elle, mais j'ai tout de suite voulu en savoir plus. Et ça, avant même de remarquer que la femme qui fait un doigt d'honneur au photographe sur la couverture est en train de prendre un bain de soleil complètement nue.

C'est quand même le principal attrait du marché de l'occasion : on ne sait jamais sur quoi on va tomber. Et même après tant d'années, les modalités de circulation des biens culturels à travers le monde ne laissent pas de m'étonner. Quelle était la probabilité de tomber dans le gourbi du Secours Populaire sur un livre édité aux États-Unis écrit par une artiste dont aucun disque n'a jamais été édité par chez nous ? A peu près nulle, nous sommes bien d'accord. Et je me demande bien quel rémois s'intéressant à ce type de musique a bien pu le donner à l'association.

Je ne pense que, même chez elle, Marshall Chapman n'a jamais eu un très grand succès populaire sous son nom, mais elle est loin d'être une inconnue. Née en 1949, elle a sorti quatorze albums et a écrit ou co-écrit des dizaines de chansons, dont certaines ont été interprétées par Jimmy Buffett, Emmylou Harris, John Hiatt, Tanya Tucker, Irma Thomas, Joe Cocker ou même Dion.

Marshall Chapman a eu la bonne idée de raconter sa vie à travers ses chansons. Chacun des douze chapitres est consacré à l'une d'elles et elle explique comment elle a été amenée à l'écrire et les événements qu'elle vivait à cette époque. Et la boucle se referme puisque, comme elle l'explique, même si elles ne sont pas strictement autobiographiques, ses chansons retracent quand même aussi l'histoire de sa vie.

Le titre du livre l'indique, Marshall Chapman se situe dans le monde du rock and roll, à commencer en 1956, quand elle avait 7 ans, par un concert d'Elvis Presley où une domestique noire de sa maison l'avait emmenée. Plusieurs des chansons sélectionnées, comme Rode hard and put up wet, Running out in the night ou Betty's bein' bad, sont effectivement tout à fait dans le style musicalement, mais Chapman est du Sud des États-Unis, elle a des attaches à Nashville, et son monde c'est tout autant celui de la country. Elle s'est d'ailleurs produite au Grand Ole Opry.

Parmi toutes les personnes qu'on croise au cours du livre, dont beaucoup que je ne connais pas du tout, il y a des gens qui comptent pour moi : John Prine, Jack Clement, Shel Silverstein (avec qui elle a failli collaborer, jusqu'il se mette à jouer au professeur et à faire la critique de sa chanson The perfect partner qu'elle venait de lui chanter) et son ami Doc Pomus,  avec qui elle a effectivement co-écrit en 1985 Don't go messin' with a country boy pour le lutteur Hillbilly Jim !

J'ai lu ce livre avec grand plaisir et je suis bien content de l'avoir trouvé. Seul souci : j'ai du mal à accrocher aux chansons de Marshall Chapman ! Dans un registre proche, j'aime beaucoup Lucinda Williams, mais pour Chapman la production est trop propre et lisse pour moi et les chansons me touchent peu. Mais parmi les douze du livres, que je vous propose de découvrir, j'ai quand même des préférées : Goodbye, little rock and roller et Somewhere South of Macon.

Marshall Chapman, Goodbye, little rock and roller, en 2021 en direct dans l'émission Songs at the Center.


Marshall Chapman, Call the lamas !, en 2010 pendant l'Americana Music Festival and Conference à Nashville.

13 janvier 2024

HUGUES AUFRAY : Debout les gars


Acquis chez Récup'R à Dizy le 21 octobre 2023
Réf : 70 692 -- Édité par Barclay en France en 1964
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Debout les gars -- Nous avons beaucoup dansé -/- Pends-moi (Dang me) -- Ja-da

Le Père Jean Lebar (1908-1993) a joué un rôle important dans ma vie. Déjà, c'est lui qui m'a baptisé, à trois mois. Ensuite, en tant que curé depuis 1948 de la paroisse Sainte-Thérèse de l'Enfant Jésus de Châlons-sur-Marne, il tenait une place essentielle dans le quartier du Verbeau où j'habitais. Il a supervisé le remplacement d'une chapelle des années 1930 par une nouvelle église, ouverte en 1961 et complétée dans les années 1970, financé en partie sur ses deniers personnels. On allait régulièrement à la messe, mais surtout on a participé à de nombreuses activités dans les salles sous l'église, comme les clubs Fripounet et Formule 1. Et puis il y avait juste à côté de l'église l'école privée Sainte-Thérèse du Verbeau, où j'ai été scolarisé en maternelle et en primaire de 2 ans 1/2 à 10 ans 1/2.
L'été, l'abbé Lebar organisait un camp de vacances de deux semaines aux Granges de Largillat, dans le Doubs. J'y suis allé trois années de suite, de 1977 à 1979.
J'y ai plein de très bons souvenirs, mais c'était rustique et je pense que, même à l'époque, c'était très limite par rapport à la réglementation de la Jeunesse et des Sports : le camp se tenait sous tentes, avec comme seul bâtiment en dur une ferme inhabitée le reste de l'année. Mais l'activité d'élevage continuait sur le site, il y avait donc une fosse à purin bien remplie entre la cuisine dans le bâtiment et le réfectoire sous tente. Les toilettes étaient "sèches", comme à l'armée (les plus âgés étaient chargés de les refaire en début de camp et de les nettoyer). Il n'y avait pas d'électricité dans le camp, ni d'eau courante. On se lavait à l'abreuvoir et, pour l'eau potable, le propriétaire nous amenait une "tonne", une citerne qui habituellement servait à abreuver les vaches.
L'abbé Lebar était réputé pour circuler à moto, sur une vieille Motobécane. Il l'avait à Largillat au moins la première année, ce qui implique qu'il avait fait le trajet depuis Châlons à moto. Pour nous, c'était train, notamment une Micheline avec plusieurs changements, et autocar pour les derniers kilomètres. J'ai eu l'occasion de faire un grand trajet à moto quand je me suis enfoncé dans le genou un barbelé tout rouillé lors d'une excursion (suite à un faux mouvement après avoir pissé le long d'une clôture...!) : l'abbé m'a emmené dans les lacets jurassiens jusqu'à l'hôpital de Pontarlier pour un rappel anti-tétanique.


Non, ce n'est pas une pochette inédite de The Cure ! C'est une vue du paysage au Camp de Largillat que j'ai prise depuis l'arrière des tentes, peut-être bien au moment du pipi du matin, mais ce jour-là j'ai évité les barbelés !

Quel rapport avec Hugues Aufray tout ça ? Eh bien, il y avait des veillées, et dans les veillées on chantait, et pour chanter on avait des carnets de chant.
Extérieurement, ces carnets de chant ressemblaient à ceux qu'on trouvait à l'église : format A6 en paysage, pages reliées par une grosse agrafe métallique amovible et couverture découpée dans une sorte de lino souple. Il devait d'ailleurs y avoir une section chansons religieuses dans ces carnets, mais il y avait surtout des chants de veillée, très variés, de Chevaliers de la table ronde à Stewball, en passant par La bataille de Reichshoffen, Se canto que canto, Il faut que je m'en aille, Santiano, Je cherche fortune ou Sur le pont de Nantes. Notons que ces chansons, on les chantait également à la colonie "laïque" de la M.J.C. du Verbeau, quelques années plus tôt et à quelques kilomètres de là, à Mi Bois, entre Bonnevaux et Mignovillard.

Le truc c'est que, toutes ces chansons, je les ai découvertes comme ça, mises sur le même plan dans un carnet. Pour moi, elles étaient toutes vieilles comme le monde, traditionnelles. Ce n'est que des années plus tard que j'ai fini par me rendre compte qu'une part non négligeable de ces chansons, comme L'eau vive, était de création récente et datait parfois de moins d'une vingtaine d'années. C'est peut-être une question de contrat d'édition, mais le répertoire de deux chanteurs était particulièrement bien représenté dans ces carnets. Il s'agit de Graeme Allwright avec Sacrée bouteille, Petit garçon, Il faut que je m'en aille, Petites boites,... et Hugues Aufray avec Santiano, Debout les gars, Allez, allez mon troupeau, Stewball, Céline.

Et c'est bien comme ça que je me suis familiarisé avec le répertoire d'Hugues Aufray, plus que par la radio, la télé ou même ses disques. J'ai bien acheté sur leur réputation il y a longtemps l'album et les EP Aufray chante Dylan, mais ils ne m'ont jamais particulièrement accroché.

Pour illustrer cette chronique, j'aurais pu choisir Santiano, qui est sûrement la chanson d'Aufray qu'on chantait le plus avec mon frère et ma sœur, ou bien Allez, allez mon troupeau, que j'ai toujours particulièrement appréciée. Finalement, j'ai pris Debout les gars, que j'ai trouvé il y a peu de temps à la ressourcerie.
C'est une chanson qui fonctionnait parfaitement dans au moins deux situations au camp : le matin pour réveiller une tente ("Debout les gars ! Réveillez-vous ! Y va falloir en mettre un coup. Debout les gars ! Réveillez-vous ! On va au bout du monde") et pour se donner du rythme lors des randonnées.
La musique sonne un peu grecque à mes oreilles, la percussion qui donne le rythme (marteau ou pelle) est en référence à l'ambiance "work-song" des paroles de Pierre Delanoë, qui dans l'ensemble (la construction de la route, nos enfants qui seraient fiers de nous en 1983...) nous passaient par-dessus la tête.

Pour les autres titres, Nous avons beaucoup dansé est une chanson folky lente. Pends-moi est une adaptation un peu empesée de Dang me de Roger Miller. Ja-da est aussi une adaptation, d'une chanson entraînante composée en 1918 par Bob Carleton, reprise par plein de monde au fil des années. C'est ma préférée de ce disque.

A 94 ans, Hugues Aufray a choisi de ne pas prendre de retraite, même si sa tournée actuelle, qui se termine dans quelques semaines, s'intitule Pour la dernière fois. C'est un hasard, mais il se produira justement demain à L'Olympia.


Une partition pour Debout les gars qui crédite Jimmy Walter comme co-compositeur de la musique, alors que son nom n’apparaît pas sur le disque.

05 janvier 2024

SLIM HARPO : I love the life I'm living


Acquis par correspondance via Ebay en octobre 2023
Réf : 2239 -- Édité par Excello aux États-Unis en 1963
Support : 45 tours 17 cm
Titres : I love the life I'm living -/- Buzzin'

Allez, une petite chanson 100% hip-pop optimiste pour démarrer l'année du bon pied. Quand j'ai acheté le Watch your step, je pouvais prendre un second 45 tours sans augmenter les frais de port. J'ai virtuellement sauté sur celui-ci quand je l'ai vu listé car c'est un de mes titres préférés de Slim Harpo. Certes, comme souvent avec les singles américains, celui-ci n'a pas de pochette illustrée, mais le très beau rond central du label Excello vaut toutes les pochettes.

Étant donné qu'il est mort à 46 ans en 1970, la discographie de James Moore dit Slim Harpo ne couvre que 14 années depuis son premier disque en 1957. Mais il a été très influent et, même si on peut le considérer comme méconnu, c'est une figure importante mais méconnue du blues, du rhythm and blues et du rock and roll.
En fait, on connaît surtout Slim Harpo par chez nous pour les reprises qui ont été faites de ses chansons, à commencer par I'm a king bee par les Rolling Stones sur leur premier album en 1964.
Il a pourtant eu un certain succès de son vivant aux États-Unis et a laissé une série de chansons importantes, comme Rainin' in my heart, Baby scratch my back, Tip on in, I've been a good thing for you (reprise par George Thorogood), Got love if you want it et Shake your hips.
Il n'a sûrement pas été aidé par le fait d'être signé par un indépendant avec peu de contrats d'édition à l'étranger. C'est un signe que, avant ce 45 tours, je n'avais aucun disque de Slim Harpo chez moi, juste I'm a king bee et Got love if you want it sur des compilations Uncut et Mojo. Et de son vivant, seuls trois 45 tours ont été édités en France, et aucun album.

Grâce au blog, je sais que c'est au printemps 2010 que j'ai vraiment écouté attentivement Slim Harpo pour la première fois, puisque je mentionne dans ma chronique d'El Combo Moderno que j'avais écouté une de ses compilations. Leur titre Seul au monde est soit une adaptation, soit un repompage très proche d'I love the life I'm living.

Ce 45 tours a été enregistré en septembre 1963. Comme pour presque toutes les faces Excello d'Harpo, ça s'est passé dans le petit studio de Jay Miller à Crowley en Louisiane (C'est Jay Miller qui a surnommé Moore Slim Harpo). Les musiciens sur cette session ne sont pas ceux avec qui il jouait le plus souvent. Pour cette fois uniquement, il est accompagné de musiciens cajuns comme Rufus Thibodeaux à la basse, Austin Broussard à la batterie et Al Foreman à la guitare. Slim Harpo est au chant et à l'harmonica et il y a également trois saxophones.

Musicalement, I love the life I'm living, c'est la musique de la Louisiane à l'état pur, particulièrement la rythmique. A tel point que j'étais persuadé que Fats Domino l'aurait mise à son répertoire, mais ce n'est apparemment pas le cas. C'est aussi une chanson d'une extrême simplicité : un coup d'harmonica pour lancer la machine, deux couplets chantés, les deux mêmes couplets parlés, un couplet chanté à peine modifié et un coup d'harmonica pour boucler le tout en pile deux minutes trente. Côté paroles, c'est aucune fioriture non plus. C'est une déclaration d'amour la plus basique possible, mais l'ensemble est réjouissant et reste bien en tête.

Changement d'ambiance avec Buzzin' en face B. C'est un court instrumental sur un tempo rapide. C'est du blues, mais c'est tout aussi bien du rock and roll ("Small ensemble electrified country blues that really rocks !", comme le disent des notes de pochette de Bear Family). Il y a des  milliers d'autres compositions dans ce style, mais c'est agréable et efficace, avec l'harmonica et la guitare qui se répondent en instrument principal.
On a le témoignage sur l'album Live in concert, publié pour la première fois en 1994, d'une version plus longue et en public enregistrée à Mobile en Alabama en 1961.

Voilà en tout cas deux titres qui font un excellent 45 tours !

On peut lire un peu partout que Slim Harpo est mort d'une crise cardiaque. Je ne retrouve pas l'article, mais j'avais lu il y a quelques années que cette crise cardiaque était une conséquence de son activité professionnelle hors musique. Si je me souviens bien, il avait sa propre entreprise de transports routiers et, quelques jours auparavant, il avait eu la poitrine écrasée par un moteur démonté pour réparation.

Si vous voulez en écouter plus, pas mal de compilations sont disponibles mais, comme souvent, le nec plus ultra c'est Buzzin' the blues - The complete Slim Harpo, un coffret de cinq CD édité par Bear Family.

01 janvier 2024

MES GRANDES TROUVAILLES DE CHINE 2023

2023 a bien commencé : quelques instants après avoir mis les pieds sur mon premier vide-grenier de l'année, j'ai dégoté un superbe 45 tours de Tabu Ley Rochereau ! Au fil des mois, j'ai fait de belles découvertes, en ressourcerie, chez Emmaüs et même dans une bourse aux disques mais, comme l'an passé, la quantité d'achats a fortement diminué, même si j'arrive à en extraire les quelques pépites que je vous présente ici.
Ce qui est inquiétant, c'est que la source semble s'être quelque peu tarie en cours d'année : à une exception près tous ces disques ont été achetés avant septembre.

Un clic sur le titre ou la pochette vous emmènera sur la chronique correspondante.
Les disques sont listés dans l'ordre d'apparition de leur chronique sur le blog.



La librairie Gilda a définitivement fermé ses portes en 2023. Les CD promo à pas cher que j'achetais à chaque visite à Paris, c'est donc fini. Mais il reste la grande sœur Parallèles, où j'avais trouvé cet album dans une superbe édition hors commerce.


Pochette superbe, disque en parfait état, de la rumba sénégalaise... Hourra !


On arrive à faire de bonnes affaires, même dans une bourse aux disques. D'autant que cette version sauvage d'Are you ready est très différente de celle publiée en album trois ans plus tard. 


Le premier disque en bois de ma collection ! Il y a de fortes chances pour que ce soit aussi le dernier...


Des colombiens édités en Argentine qui atterrissent à deux pas de chez moi. La musique, ça fait vraiment voyager.


Je n'ai chroniqué qu'un seul disque antillais cette année, mais c'est un très bel EP sorti chez Aux Ondes / Célini.


Ma chansons préférée de Kevin Coyne éditée furtivement en 45 tours en France il y a cinquante ans. Ça ne se laisse pas passer.


Ce 33 tours est anomalie discographique complète, depuis le titre et la photo de pochette jusqu'à la musique qui, de façon presque surprenante, n'est pas sans intérêt.


Le seul 78 tours chroniqué cette année. En 2022, j'avais sélectionné un disque de reprises de Georgius. Là, place à l'artiste original.


Si les trois-quarts des titres de cet EP sont des chansons de Noël, le quatrième est un petite pépite rhythm and blues sortie en face A de 45 tours aux États-Unis.


J'ai passé une bonne vingtaine de minutes à retourner de fond en comble le rayon 45 tours de la ressourcerie pour réussir à associer ce disque et sa pochette. Mais ça valait le coup !