28 février 2010

DAVID BYRNE : Music for The Knee Plays


Acquis probablement à La Clé de Sol à Reims dans la seconde moitié des années 1980
Réf : 064 24 0381 1 -- Edité par EMI/Zonophone en Europe en 1985
Support : 33 tours 30 cm
12 titres

Mine de rien, de The Catherine wheel à The forest, David Byrne, l'une des têtes pensantes des Talking Heads, a sorti pas mal de disques de musique composée pour des spectacles, de ballet ou autre. Celui-ci est sûrement mon préféré, sûrement parce que, même si, pour le jeu des acteurs, l'inspiration est venue d'une forme de théâtre japonais, japonais, le Bunraku, la musique est elle inspirée du Dirty Dozen Brass Band, la célèbre fanfare de La Nouvelle Orleans. Or, qu'elles soient du fin fond de la campagne française, d'Europe de l'Est ou de Louisiane, j'ai un faible pour les fanfares.
Il s'agit là d'une collaboration avec Bob Wilson, réputé pour s'entourer de musiciens aventureux, de Philip Glass à Tom Waits en passant par Lou Reed.
Comme Franck Mallet l'explique bien, ces "knee plays" de David Byrne ont été composées pour The CIVIL WarS (présentation plus détaillée, en anglais, ici), un spectacle-opéra hyper-ambitieux prévu dans le cadre des manifestations culturelles accompagnant les jeux olympiques de Los Angeles en 1984. Tellement ambitieux  et coûteux que l'ensemble, confié à plusieurs dramaturges et compositeurs, n'a jamais été représenté complètement, certaines subventions ayant fait défaut, apparemment.
La partie confiée à David Byrne a bien été terminée, sûrement aussi parce que c'était une des plus faciles à monter : les knee plays étant conçues par Bob Wilson comme des intermèdes entre scènes plus complexes nécessitant des changements de décor et de plateaux, permettant aux acteurs de se dégourdir les jambes, ou les genoux plus précisément.
L'instrumentation est donc ici uniquement à base de cuivres accompagnés de batterie et de percussions. Les musiques sont en partie inspirés de thèmes traditionnels, joués aux enterrements, aux mariages, à l'église ou pour endormir les enfants. Une moitié des titres comporte des paroles, la particularité étant que celles-ci sont simplement dites par David Byrne, pas chantées.
L'ensemble du disque est très agréable à écouter, et à  mon sens c'est sur The sound of business et surtout sur le dernier titre, In the future, que la sauce prend le mieux.
The knee plays a bénéficié d'une réédition en CD en 2007, augmentée de plusieurs titres auparavant inédits et complétée d'un DVD. A cette occasion, David Byrne a mis en ligne un site dédié à The knee plays, très complet, très fouillé et passionnant.
The knee plays ont été jouées en public en deux occasions au moins. Pour la création à Minneapolis en 1984, puis à Londres en 1988 avec Les Miserables Brass Band.
Le DVD de la réédition propose un diaporama de 57 minutes du spectacle créé à Minneapolis, synchronisé avec la musique (voir In the future dans cette configuration). On peut comparer avec la version de In the future interprétée à Londres.

26 février 2010

STAN RIDGWAY : End of the line


Acquis à Reims le 10 janvier 1988
Réf : 14.162 -- Édité par Les Éditions Productions Georges Mary / Carrere en France en 1987
Support : 45 tours 17 cm
Titres : End of the line -/- Love theme "Terminus"

Johnny dans Blogonzeureux! Enfin, presque, et indirectement puisque ce 45 tours est extrait de la bande originale d'un film, Terminus, dont Johnny est l'acteur principal.
Je n'ai pas vu ce film, et je n'ai aucune intention de le voir, mais il y avait dans l'équipe des gens qui avaient un bon goût prononcé pour la musique.
Des preuves ?
- Ils n'ont pas fait appel au talent du plus grand rocker national
- Ils ont demandé à Stan Ridgway, l'ex-chanteur de Wall of Voodoo, de composer une chanson spécifiquement pour ce film d'action
- Ils ont confié le reste de la musique (que je n'ai jamais entendue) à David Cunningham, l'homme des Flying Lizards, mais aussi le producteur de This Heat ou Michael Nyman.
Comme Stan Ridgway l'explique lui-même, il a été contacté par l'équipe du film lors de sa première tournée solo, qui suivait la sortie de son excellent premier album The big heat, et qui s'est arrêtée pour deux soirs au New Morning à Paris.
Le projet l'a intéressé. Une fois rentré à la maison, il a composé cette chanson. Parfait, sauf qu'entre-temps le projet initialement intitué End of the line est devenu Terminus. Pas grave, un détail.
End of the line est une chanson que j'aime bien. Elle n'aurait pas déparé du tout sur The big heat, les ingrédients étant grosso modo les mêmes : la voix de Ridgway, bien sûr, la boite à rythmes et autres percussions, la guitare twang, l'harmonica, l'ambiance épique façon musique de western... C'est bien meilleur que ce que je connais du second album, Mosquitoes, sorti en 89. Partyball, le troisième album, peut-être un peu plus synthétique, est sûrement plus intéressant.
La face B, par contre, est des plus anecdotiques. Ce thème instrumental pour la scène d'amour de Terminus est lent et longuet (4'30). Il y a de la boite à rythmes aussi, mais l'ambiance est à la muzak. On reconnait dans la mélodie des tics tout à fait à la Ridgway, mais c'est au ralenti et sans intérêt.

End of the line a été réédité en 2002 sur Holiday in dirt, une compilation de titres inédits ou rares, toujours disponible.



21 février 2010

DIT TERZI : Comme un schisme


Acquis chez Emmaüs à Reims le 13 février 2010
Réf : DTZ 001 -- Edité par Dit Terzi en France en 1996
Support : CD 12 cm
Titres : La petite merde -- Comme un schisme -- Aliquando -- Dans de beaux draps -- Heidenröslein

Emmaüs a ouvert un nouveau point de vente à Reims. Pas de disques vinyl, sans trop de surprise, mais quelques CD en bon état et pas chers du tout, avec quelques bonnes surprises comme ce CD 5 titres auto-édité par le groupe Dit Terzi en 1996, un an après sa formation, une "maquette" probablement destinée à démarcher les labels et les salles de concert et aussi à être vendue au public lors des concerts. Un bel objet, à la photo de pochette très travaillée avec la chanteuse en Méduse, et les paroles imprimées sur la pochette intérieure.
On sait que Dit Terzi, comme Cornu, est né après la séparation de Forguette Mi Note, dont on retrouve ici deux des membres, Claire Touzi dit Terzi et Sylvestre Perrusson. Le groupe nous propose ici des titres à mi-chemin de la chanson et du rock, aux arrangements originaux où prime souvent la contrebasse jouée à l'archet de Sylvestre Perrusson, qui a composé toutes les musiques originales. Pas d'électronique ici, contrairement aux enregistrements postérieurs, je crois.
Un seul titre parmi ces cinq se retrouvera finalement sur l'unique album du groupe, quatre ans plus tard, sur un label Boucherie en fin de parcours. Il s'agit de Comme un schisme, qui se trouve être mon titre préféré. Avec ses côtés orientalisants, on ne peut que penser, si on cherche un point de repère proche de nous, aux productions de Sapho du début des années 1980.
Aliquando ("Il pleut des vaches, les fleurs sont maigres, cette vieille sent des pieds avec sa bouche") est l'une des autres réussites de ce disque. Le tempo est plus rapide pour Dans de beaux draps et les arrangements font la part belle au travail rythmique.
Poème de Goethe, musique de Schubert, Heidenröslein donne avant tout l'occasion à Claire de prouver son aisance vocale, mais pas seulement  : j'aime beaucoup l'accompagnement la guitare et à la basse.
Après la séparation du groupe en 2001, Sylvestre Perrusson a rejoint, entre autres, le Rubin Steiner Band. Quand à Claire, elle se produit désormais sous le nom de Claire Diterzi. Elle prépare pour ce printemps 2010 un nouveau spectacle et un nouvel album, Rosa la Rouge, autour de Rosa Luxembourg.

20 février 2010

LEWIS FUREY : Hustler's tango


Acquis par correspondance chez Music Obsession aux Etats-Unis via CD and LP en février 2010
Réf : 1699-S -- Edité par A&M aux Etats-Unis en 1975 -- Promotion copy - Not for sale
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Hustler's tango -/- Last night

Deux semaines ont passé, mais je continue de savourer le plaisir d'avoir revu et réentendu Lewis Furey interpréter ses chansons sur scène à Paris. Restons dans l'ambiance...
Hustler's tango, voilà une chanson au fort pouvoir d'attraction.
J'ai eu l'occasion de raconter comment, à quatorze ans, il avait suffi d'une interprétation au piano en solo en direct à la télévision pour que je sois accroché à vie aux chansons et à la voix de Lewis Furey. Mais la version orchestrée de la chanson, le premier titre du premier album (Lewis Furey, 1975), a un pouvoir encore plus fort. A l'époque, certains y ont succombé en entendant la chanson à la radio sur FIP. Pour d'autres, peut-être plus nombreux car l'émission était plus populaire, c'était à l'écoute de Poste restante de Jean-Bernard Hebey sur RTL.
En 1975 j'écoutais encore plutôt Les routiers sont sympas que Poste restante, mais je me souviens très bien en 1979, au moment du spectacle de Lewis Furey et Carole Laure à Bobino, avoir entendu Jean-Bernard Hebey repasser Hustler's tango et expliquer qu'il avait fait des pieds et des mains pour tenter de convaincre la maison de disques française de sortir cette chanson en 45 tours. En vain. Je crois bien d 'ailleurs que l'album n'a jamais été édité en Europe, même s'il y a largement été diffusé en import américain.
Et bien, je ne l'ai su qu'il y a quelques années, mais ce 45 tours avec Hustler's tango existait bien, mais dans une forme très limitée, celle d'un single hors commerce édité aux Etats-Unis à l'intention des radios et autres médias. Quelqu'un chez A&M espérait donc alors faire de ce tango acoustique, avec des cordes et des cuivres mais pas de guitare, un hit radio. Autant la chanson est excellente, autant ça semble un peu présomptueux : même au milieu des permissives seventies, quand il y avait des files d'attente devant les cinémas pour voir des films érotico-pornographiques, j'imagine qu'une chanson dont les premières paroles sont "You say you want to rape, rape me bababy" avait très peu de chances de passer sur les grands réseaux, même si le verbe "violer" n'était pas répertorié comme un gros mot interdit d'antenne.
En tout cas, je m'étais posé la question avant de recevoir le disque, mais on entend bien sur ce 45 tours la version de l'album, sans que les paroles aient été modifiées ou bippées.
Hustler's tango est une chanson magique, donc, et je vais bien me garder d'essayer d'en déchiffrer la formule. J'en serai bien incapable, même s'il y a des ingrédients importants qui peuvent être identifiés : le rythme du tango, la voix de Lewis, les choeurs, les cordes (violons, violoncelles, banjo), les trombones (j'avais l'impression d'entendre un cornet, mais dans sa présentation de la chanson pour le dossier de presse qui accompagnait le disque lors de sa sortie, Lewis mentionne des trombones), le piano, la basse, les paroles...
Ah, ces fameuses paroles. Initialement, les choses avaient l'air relativement simple. Dans ce "Tango des putains", il est assez clairement question d'une passe à 20 dollars entre un jeune prostitué et un client plus âgé. Cette transaction est assimilée à un pacte faustien.
Tout ça, je l'avais compris tout seul, le nom de Faust étant mentionné dans les paroles, et Lewis le confirme dans le dossier de presse. Par contre, il n'y faisait pas mention de la Bible. Hors, lors de son récital Selected songs, Lewis Furey ajoute un prélude à Hustler's tango, pendant lequel il récite des versets de la Bible (Genèse, chapitre 32, versets 28-32) où il est question du combat de Jacob contre un ange (dans les paroles d'Hustler's tango, il est aussi question de lutter avec un ange).
En 1982, dans le programme du spectacle au Théâtre de la Porte Saint-Martin,  on trouvait à propos d'Hustler's tango une citation d'un poème de Jacques Prévert. Ce poème, c'est Le combat avec l'ange.
Je ne suis pas assez versé dans l'exégèse de la Bible ni dans celle de Jacques Prévert, mais Corinne François note bien, dans son analyse du recueil Paroles, que ce poème est "une savoureuse interprétation, au pied de la lettre, du combat spirituel entre Jacob et l'émissaire de Dieu". Au bout du compte, les correspondances semblent plus nombreuses entre Hustler's tango et le poème qu'avec la Bible, puisque chez Prévert et dans la chanson il est question de lutter avec un ange, donc, mais aussi de match truqué où tout est combiné d'avance et de ne plus jamais pouvoir faire l'amour.
Passer de la prostitution masculine sur les trottoirs de New-York ou Montréal à Prévert, le chantre des faubourgs parisiens, en faisant un crochet par la Bible : la chanson nous fait vraiment voyager !
Pour choisir la face B, A&M ne s'est pas trop foulé : ils ont tout bonnement pris la chanson qui suit Hustler's tango sur l'album, Last night.
C'est une ballade. Une "pop song du lendemain", comme le précise Lewis Furey, son Walk on the wild side sans saxophone mais avec une fanfare joyeuse à la fin. L'atmosphère de la chanson pointe vers une bluette, une ode à un nouvel amour au lendemain d'une rencontre, mais, comme souvent sur ce premier album, la dépravation côtoie le romantisme : Lewis (les paroles le mentionnent comme tel) avait l'habitude de ramasser des garçons pour les jeter aussitôt, et son nouvel amour de lady est sorti avec tous les gars du club...

LFP rec'ds vient de rééditer le premier album de Lewis Furey, sur lequel on trouve ces deux chansons. Le disque est désormais en vente sur le site de Lewis Furey. Il devrait l'être prochainement dans les grandes surfaces culturelles, en ligne et en téléchargement.
Il existe un enregistrement de Jacques Prévert récitant Le combat avec l'ange avec Henri Crolla qui l'accompagne à la guitare.

19 février 2010

LE QUART DE SIECLE DE FRANCO DE MI AMOR ET LE T.P. O.K. JAZZ : Vol. 4 Mandola


Acquis sur le vide-grenier de Moslins le 26 juillet 2009
Réf : POP 04 -- Edité par Edipop en Côte d'Ivoire en 1981
Support : 33 tours 30 cm
Titres : Mandola -- Lolaka -/- Sandoka -- Ambozi ya pambu

C'est le meilleur des quelques disques africains que j'ai achetés l'été dernier à 20 centimes pièce avec notamment l'album de Pete Seeger.
J'avais cherché des informations sur ce disque juste après l'avoir trouvé et je n'avais pas trouvé grand chose. Quelques mois ont passé et entre-temps, à l'occasion du vingtième anniversaire de la mort de Franco, WorldService a mis en ligne les quatre albums de la collection Quart de siècle tandis que Franco et TPOK Jazz Restored diffuse les pochettes et la liste des titres de chacun des albums.
Comme le titre l'indique, cette série de disques est sortie à l'occasion des vingt-cinq ans de carrière de Franco. Quatre disques (Il existe un volume 5, mais qui n'a rien à voir avec Franco, apparemment), quatre titres par album, pour leur laisser le temps de se développer et, si j'en crois la qualité de ce dernier volume, quatre excellents disques. Franco a aussi édité des disques pour ses vingt ans et ses trente ans de carrière.
D'après les précisions apportées par WorldService, ces enregistrements dateraient de début 1981 et, si j'ai bien compris, Franco lui-même ne jouerait sur ce disque que sur sa composition, Sandoka.
L'album s'ouvre sur un tempo moyen avec Mandola, un titre où la guitare et les cuivres se répondent. Comme sur la plupart des titres ici, des expressions en français se glissent dans les paroles ("La vie est un combat").
Lolaka serait le plus vieil enregistrement du disque (il daterait d'avant 1981). C'est aussi le morceau le moins exceptionnel, mais c'est sûrement une coïncidence.
Avec Sandoka, Franco se taille la part du lion (presque deux tiers d'une face) et porte le disque à son sommet avec ce morceau qu'on pourrait diviser en trois mouvements, le second faisant la part belle aux chants et aux choeurs et le dernier étant principalement instrumental.
Ambozi ya pambu, cominé par les guitares, est presque du même niveau que Sandoka et conclut parfaitement ce disque et cette série.
Une très bonne trouvaille, donc, mais il n'en reste pas moins qu'il y a un seul disque de Franco que je recherche absolument, sa version de Si vous passez par là sortie en 45 tours chez Pathé Marconi (référence PF 11 541) sous le nom de l'Orchestre O.K. Jazz. J'y crois, mais je ne veux pas me contenter d'une édition juke-box sans pochette à 10 € !

La pochette extérieure a été imprimée en France, mais cette pochette intérieure en papier bleuté, avec les précautions essentielles pour la bonne conservation du disque fournies avec les compliments de la Société Ivoirienne du Disque, semble avoir été produite localement. On dirait même qu'elle vient d'un stock remontant aux années 1960...

14 février 2010

THE DOLPHINS : Thin fine line


Acquis dans l'un des Record & Tape Exchange de Notting Hill Gate vers 1984
Réf : DAY 1 -- Edité par Day Release en Angleterre en 1981
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Thin fine line -/- She took a long cold look -- Cable Hogue

Syd Barrett fait la une du n°196 de Mojo (daté mars 2010 mais sorti fin janvier), à l'occasion du 40e anniversaire de son premier solo, The madcap laughs, qui a séjourné une semaine en tout et pour tout dans les charts anglais en février 1970.
Je n'ai pas encore lu les articles, mais j'ai écouté le CD qui accompagne le magazine, The madcap laughs again, qui propose  une relecture complète et dans l'ordre de l'album original par divers artistes, jeunes et moins jeunes, connus et moins connus , de R.E.M. à Jennifer Gentle ou Captain Sensible et de Hush Arbors à Hawkwind.
Globalement, j'ai apprécié l'écoute de ce disque, même si ça a surtout servi à me rappeler combien cet album de Syd Barrett compte d'excellentes chansons. J'ai cependant été un peu déçu par la version de She took a long cold look proposée par les Skygreen Leopards : elle n'est pas intrinsèquement mauvaise mais j'ai du mal à l'apprécier car il se trouve que je connais depuis longtemps une autre reprise de cette chanson, qui est cent fois meilleure.
Cette reprise, c'est celle publiée par The Dolphins en 1981 sur leur unique 45 tours Thin fine line. Un disque sûrement très peu diffusé d'un groupe globalement inconnu, qui n'a même pas bénéficié ces derniers temps de l'une des nombreuses rééditions de pépites post punk.
Ce disque, je l'apprécie tellement que je l'avais sélectionné, en 2002 je crois, pour inaugurer Arrêtez-moi (pas) si je radote encore ! (un parallèle vaseux avec le Stop me if you think you've heard this one before des Smiths), une rubrique de Vivonzeureux! qui contenait en germe l'idée de Blogonzeureux!, sauf que j'avais alors décidé de sélectionner des disques pour leur rareté supposée et que je proposais systématiquement un extrait de 30 secondes des titres concernés.
Mais la principale différence, c'est que j'ai chroniqué en tout et pour tout deux disques dans cette rubrique (l'autre est un album d'Alvaro), alors que ce billet est le 625e de Blogonzeureux!
Sinon, même quelques années plus tard, je n'ai pas grand chose à rajouter à ce que j'écrivais dans Vivonzeureux! à propos de ce disque des Dolphins :

Ce disque fait partie du très grand nombre de ceux que j'ai achetés au pif - mais pas tout à fait par hasard - dans les caves des Record & Tape Exchange de Londres. Souvent, on est déçu par ces pêches presqu'à l'aveuglette, mais parfois on tombe sur une véritable perle...
Et je me souviens très bien pourquoi j'ai pris celui-ci parmi les centaines d'autres du bac à 10 pence. Pas pour sa pochette cheapo en papier plié impression deux couleurs noir/orange (le sytème solaire dessiné à l'encre au recto, un labyrinthe peut-être bien dessiné en cours de techno pour passerle temps au dos...), mais tout simplement pour le choix des deux reprises qui figurent en face B : une de Syd Barrett et une de John Cale, excusez du peu !
Tout laisse à penser que les Dolphins sont anglais. La "Bible" ("International discography of the new wave, volume 1982/83" par B. George et M. de Foe) liste ce disque, mais aucun autre. On peut raisonnablement en déduire que c'est leur seule parution.
La face A est signée Al Turner. Il y a une maison d'édition indiquée sur l'étiquette du disque (Decor Din), ce qui me fait hésiter entre une reprise d'un titre que je ne connaîtrais pas par ailleurs et un original des Dolphins. De toutes façons, c'est un morceau plus qu'honnête. Seuls certains maniérismes très new wave du chant ont un peu mal vieilli.
Mais c'est bien la face B qui fait vraiment l'intérêt du disque, avec ses deux reprises de très bonnes facture. Celle de Barrett, courte (1'23"), réorchestrée pour un groupe de rock classique, sobre, propre, rend parfaitement hommage à la chanson, sans chercher à en copier le style ou le son de la version originale. L'autre est peut-être plus proche de la version de Cale (mais je connais mal l'original), mais est aussi très bonne, et d'autant plus méritoire qu'on a sans doute affaire ici à un groupe amateur resté dans les oubliettes - ou en tout cas les caves - de la new wave anglaise.
Ca risque peu d'arriver, mais si un jour chez un disquaire vous avez en main ce 45t des Dolphins, achetez-le, même s'il coûte un peu plus de 10 pence !

En fait, si, j'ai une chose à rajouter !
Certes, The Dolphins sont et restent de grands inconnus, autant que je sache, sûrement pas des amateurs quand même, mais aujourd'hui j'ai regardé les crédits de mon double album reprenant les deux sorties solo de Barrett et juste après j'ai ressorti mon 45 tours des Dolphins. Et là, un nom m'a sauté aux yeux. J'ai revérifié trois fois, mais oui, l'ingénieur du son des Dolphins est bien Peter Bown, très probablement le même Peter Bown qui a été ingénieur du son de 1951 à 1991, notamment chez EMI, et qui a notamment travaillé avec Syd Barrett sur The piper at the gates of dawn de Pink Floyd et sur Barrett ! On peut être certain que The Dolphins ne l'ont pas embauché au hasard.

Des extraits de 30 secondes des trois titres sont en écoute sur Vivonzeureux!.
Pour ceux que ça intéresserait, un exemplaire du disque est actuellement en vente à 12 £ sur eBay.

Ajout du 21 avril 2012 :
Pour en savoir plus sur The Dolphins, il faut lire le billet sur l'album The fine art of daydreaming de Lewinus Mone.

13 février 2010

WHITE DENIM : Workout holiday


Acquis chez Parallèles/Gilda à Paris le 4 février 2010
Réf : FTH053CDP -- Edité par Full Time Hobby en Angleterre en 2008 -- Promotional use only - Not for sale
Support : CD 12 cm
12 titres

Je ne connaissais pas ce groupe, et je n'aimais pas ce nom bateau, White Denim, mais j'ai tout de suite eu envie de prendre ce disque à cause de sa belle pochette, qui m'a fait penser au travail de Linder, notamment au verso de la pochette du single Never understand de Jesus And Mary Chain. Je l'ai écouté sans chercher à en savoir plus sur le groupe que ce qu'il y a d'écrit sur la pochette de cet album promo, c'est à dire rien.
Les premières notes du disque sont réservées à l'énergique batteur, qui me fait penser tour à tour à celui de Bow Wow Wow ou à Anton Fier sur le premier Feelies. Ce ne sont pas des références qui me viennent comme ça au hasard car, globalement, à l'écoute de ce disque les points de repère sonores qui me viennent sont presque tous de la période post-punk. Pour le premier titre, Let's talk about it,je pense au Wire des débuts, voire même à Way Of The West quand le morceau vire un peu dub dans la deuxième moitié. Le deuxième titre, Shake shake shake, quasiment un instrumental, est dans la même veine. Pour Sitting, l'irruption d'un piano surprend un peu sur ce disque où domine l'électricité et les rythmiques fracturées. Parmi mes autres titres préférés, I can tell m'évoque le Gang Of Four de Paralysed, Mess your hair up plutôt Sonic Youth et Heart from us all et WDA (un autre instrumental) me ramènent aux Feelies, mais plutôt à cause du son de la guitare électrique.
Avec toutes ces références, je ne voudrais pas laisser croire pour autant que White Denim se contente de repomper de grands anciens, au contraire. On peut très bien apprécier ce disque sans connaître aucuns de ces groupe du tournant des années 80 et, comme avec MOSKDL, on n'a pas l'impression d'écouter une pâle resucée d'une vague qui n'est plus nouvelle depuis longtemps, c'est pourquoi ce disque parvient à gagner mes suffrages.
Au bout du compte, j'ai fini par aller à la pêche aux infos sur ce groupe, qui est un trio américain. En tout cas, bonne chance à ceux qui souhaiteraient suivre de près toute leur production discographique : ils ont d'abord sorti en 2007 aux Etats-Unis deux EP, Let's talk about it et Workout holiday. En 2008, ils ont sorti en Europe seulement cet album, Workout holiday, composé en partie de titres de ces deux EP, mais réenregistrés. Plus tard dans l'année, ils ont sorti aux Etats-Unis un premier album différent, Exposion, qui comprend des titres de l'album Workout holiday, mais peut-être bien dans des versions encore différentes. Ah ah ! Je vous avais dit que c'était pas simple !

Heureusement, il semble que leur vrai deuxième album, Fits, est sorti de façon identique des deux côtés de l'Atlantique.

06 février 2010

FRUITKEY : Chevaline


Acquis chez Parallèles/Gilda à Paris le 4 février 2010
Réf : TR006P -- Edité par T-Rec en France en 2007 -- Promotional copy - Not for sale
Support : CD 12 cm
13 titres

Choisir un disque parmi des dizaines d'autres, de groupes inconnus pour la plupart, ça reste un jeu subtil. Même à 80 centimes, il est hors de question d'en prendre trop à l'aveugle. Ecouter ces disques, souvent mauvais il ne faut pas se leurrer, et les recycler ensuite, ça devient vite pénible.
Pour ce deuxième album de Fruitkey, le choix a été facile à faire. Le titre, Chevaline, me rappelle les bouchers de Châlons, qui me tendaient une tranche de saucisson les jours de marché, avant d'en glisser trois ou quatre autres dans l'emballage du bifteck. Il y a aussi la pochette, rigolote, avec ce cowboy à qui il manque justement son cheval, et au dos on retrouve Le fantôme, ce héros de BD, déjà vieillot quand je grandissais mais qui me fascinait quand même, surtout quand je tombais sur de vieilles BD où son costume était violet et non pas rouge comme pour les premières histoires que j'ai lues.
Pour ce disque, j'ai su dès les premières notes que j'avais eu la main heureuse : guitare rythmique acoustique, guitare électrique western à la Monochrome Set, relents de Calexico, claquements de mains, rythme entrainant, chant féminin réussi, Hand in the dark m'a tout de suite mis de bonne humeur.
Le  titre suivant, San Andreas fault, me plait presque autant. On retrouve la rythmique acoustique (presque tous les titres de l'album construits comme ça sont réussis), mais le chant cette fois-ci est masculin (plusieurs chanteurs se succèdent en fait tout le long du disque).
Bon, tous les titres ne me plaisent pas autant - j'aime moins le troisième et le quatrième par exemple - mais il y en a plusieurs autres qui font encore mon bonheur, comme Funny friend, avec sa rythmique électro-bricolée et son synthé pourri (qu'on retrouve plus ou moins intacts sur Without a fight), White steeple, plus long et plus élaboré dans sa construction, Monument, situé sur le versant acoustique de Neil Young, Restaurant et son synthé cheap comme sur le deuxième Television Personalities, ou 73 Wounded Knee.
Chevaline, avec son refrain avec ce mot francophone et sa voix féminine, fait immanquablement penser, en plus calme, à Caribou, le premier sommet des Pixies, sur Come on pilgrim.
C'est le genre de disque frais et léger pour lequel on n'a pas besoin de se creuser longtemps (ou de le réécouter plusieurs fois) pour savoir qu'on l'aime.
Après une écoute à l'aveugle, j'ai évidemment cherché à en savoir un peu plus sur Fruitkey. Je me demandais notamment si le groupe était français ou anglophone. Et bien les deux, mon général, puisque Fruitkey est au départ le projet de Jason Glasser, qui a longtemps joué avec Clem Snide et est installé en France depuis quelques années. Pour cet album, il avait rassemblé autour de lui un groupe au complet, avec notamment d'anciens membres des Hurleurs et de Sloy et la chanteuse  Sophie Mathoulin.
Même si j'étais certain de ne pas connaître ce groupe, ce nom Fruitkey me disait quand même quelque chose. Et effectivement, il se trouve qu'en chroniquant un maxi de Clem Snide l'an dernier, j'avais été amené à propos d'un remix à mentionner ce projet de Jason Glasser.