28 janvier 2007

LES OBJETS : La saison des mouches


Acquis neuf à Reims en 1990
Réf : 6562431 -- Edité par CBS en France en 1990
Support : CD 7,5 cm
Titres : La saison des mouches -/- Voilà la jet set junta

Au moment même où je partage fièrement avec Ignatus (un des deux ex-Objets, l'autre officiant actuellement dans Nouvelle Vague) l'affiche de "Home/Fame", la compilation hommage au label Sorry But Home Recording Records pour ses cinq ans, j'ai vraiment bien fait d'extraire ce mini-CD de mes étagères pour y jeter un coup d'oeil et même une oreille.
En effet, j'avais complètement oublié que la face B était une reprise de l'excellent "The jet set junta" du Monochrome Set, alors qu'évidemment ce fut une de mes principales motivations pour acheter ce disque !
Certaines maisons de disques ont vraiment poussé à la fin des années 80 pour tenter d'imposer ce format de mini-CD en remplacement du 45 tours. Il y en a qui fournissaient même un adaptateur plastique avec les CDs car les premières platines ne pouvaient pas les lire sans. CBS a longtemps persévéré, ce qui fait que j'en ai quelques-uns de chez eux, dont un de The KLF, un des Satellites et un de LL Cool J. En plus, comme ils avaient pris le parti d'une pochette cartonnée ouvrante, ça fait de beaux petits objets, d'autant plus dans le cas des Objets précisément que le CD 4 titres correspondant avait une pochette toute terne en plus de sa boite plastique.
Pour "Voilà la jet set junta", la très bonne idée c'est d'avoir fait cette reprise en français. Cette version a un peu moins de dynamique que l'originale (Lester Square n'est pas là !) et la voix est un peu trop pop ligne claire pour moi (presque Daho...), mais c'est quand même une très bonne reprise d'une excellente chanson.
Dans une ambiance musicale assez proche, j'ai toujours bien aimé la face A, "la saison des mouches". Le refrain reste bien en tête et le sujet est original (les mouches empotées de la fin de l'été qui se laissent écraser !). Raffinement suprême d'amateurs de musique hyper avertis (le projet Nouvelle Vague le confirme amplement), j'ai découvert aujourd'hui que pour le clip de "La saison des mouches" les Objets avaient embauché Tony Potts, le réalisateur membre non musicien de The Monochrome Set qui est crédité comme "lui-même" sur leur premier album et comme "etc" sur le second !


Les Objets, La saison des mouches, réalisé par Tony Potts, avec l'apparition fugace de Lester Square et de Bid du Monochrome Set.

27 janvier 2007

JACOB MILLER : Tenement yard


Acquis d'occasion dans la Marne le 6 septembre 1987
Réf : 6172 873 -- Edité par Island en France en 1979 -- Echantillon gratuit - Vente interdite
Support : 45 tours 17 cm
Titres : JACOB MILLER : Tenement yard -/- THE HEPTONES : Book of rules

Je n'ai jamais vu le film "Rockers", mais j'ai acheté l'album de sa bande originale dès sa sortie. Une excellente compilation de reggae, sur laquelle je ne connaissais au préalable que le classique "Stepping razor" de Peter Tosh. Et en réfléchissant bien, c'est peut-être sur ce disque que j'ai découvert la version originale de "Police and thieves" plutôt que sur la compilation de Lee Perry "Scratch on the wire" (en tout cas, c'est l'un ou l'autre et ça se joue à quelques mois près).
Surtout, c'est sur cet album que j'ai découvert la chanson "Tenement yard" de Jacob Miller enregistrée avec son groupe Inner Circle. C'est un de mes titres préférés de reggae, archi-dominé par la performance vocale de Jacob Miller. L'accompagnement musical est assez classique, presque discret, avec quand même un petit gimmick de guitare sympathique, et dès la cinquième seconde Miller prend le contrôle de sa chanson avec un "Ra ah ah ah di da wa oh oh" et ne le lâche plus jusqu'à la fin des 2'33 que dure la chanson.
Pendant des années, je n'ai rien compris aux paroles de la chanson, à part qu'il était question d'une cour d'immeuble. Je chantai en yaourt approximatif "Dreadlock get leaping a tenement yard". En fait, elles sont excellentes et parfaitement adaptées à la situation décrite. Aves les "Su-su su-su su-su" et les "Watchie watchie watchie" on a l'impression d'entendre les ragots et de voir les voisins beuquer à leur fenêtre (désolé d'employer du patois ardennais, mais "beuquer" est un mot qui convient parfaitement à la situation décrite dans la chanson, puisqu'il signifie épier ou regarder avec un petit rien de perversion !).
J'ai longtemps cherché à acheter l'album de 1976 de Jacob Miller qui s'appelle justement "Tenement yard". Une fois, j'avais vu la pochette dans la vitrine d'un magasin spécialisé à Londres, mais soit ils n'en avaient plus, soit c'était trop cher, toujours est-il que j'ai fini par me rabattre sur le maxi "Keep on knocking" et sur son album posthume "Mixed up moods".
Ce 45 tours en tant que tel n'est pas très intéressant. La face B, un excellent titre roots du trio vocal les Heptones, figure aussi sur l'album. La pochette, comme l'album, reprend l'affiche du film, et l'album est toujours disponible en réédition CD. Malgré tout, ce 45 tours, que j'ai dû acheté dans un Emmaüs ou sur un vide-grenier comme copie de sauvegarde et parce que, quand même, c'était "Tenement yard", ne doit pas être facile à trouver : je n'ai trouvé aucune référence à ce disque sur tout l'internet, et j'ai même dû scanner moi-même la pochette ! Je pense que ce disque n'a dû être édité qu'en France, et comme il y a au dos un tampon "Echantillon gratuit - Vente interdite", je me dis que, si ça se trouve, très peu d'exemplaires du disque ont atteint les bacs des disquaires.


Jacob Miller, Tenement yard dans le film Rockers de Theodoros Bafaloukos (1978).

20 janvier 2007

LEONARD COHEN : Do I have to dance all night


Acquis d'occasion ou en solde dans la Marne vers la fin des années 1980
Réf : CBS 4431 -- Edité par CBS en France en 1976
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Do I have to dance all night -/- The butcher

Je passe pas mal de temps avec Leonard Cohen en ce moment. il y a d'abord eu cet excellent concert diffusé par la BBC en 1968, trouvé chez Kwaya Na Kisser. Je l'ai écouté au casque dans le train et je l'ai vraiment apprécié : c'est Cohen à ses tous débuts de chanteur, sa voix est jeune, mais l'ensemble est plus orchestré que sur ses disques de l'époque. Et puis j'ai lu "The favourite game" ("Jeux de dames" en français), son premier roman, paru en 1963. Je m'attendais à un truc décousu, un peu expérimental, mais pas du tout. C'est un très bon roman d'apprentissage, très autobiographique visiblement, qui faiblit juste un peu sur la fin, dans le quatrième livre.
Ce 45 tours n'est pas rare en France. J'ai dû acheter mon premier exemplaire neuf en solde (peut-être chez Royer à Epernay), on m'en a offert au moins un, et j'en ai acheté au moins un autre d'occasion. J'en ai gardé deux exemplaires, notamment parce que leurs étiquettes centrales sont de couleurs différentes.
Ce même 45 tours est sorti dans plusieurs pays d'Europe, avec les mêmes deux chansons mais sous cinq pochettes différentes quand même.
Mais au Royaume-Uni, au Canada et aux Etats-Unis, ce 45 tours est sûrement très recherché, car il n'y a jamais été édité, et la chanson "Do I have to dance all night" ne figure sur aucun album ni aucune compilation de Cohen.
Les deux faces ont été enregistrées à l'Olympia le 6 juin 1976, un concert diffusé par Radio France dans le cadre des Spectacles Inter.
Pour ma part, je me suis d'abord intéressé à ce 45 tours parce que le bassiste et chef d'orchestre est John (ou Jon) Miller, un gars qui joue sur un disque très important dans mon panthéon personnel, le tout premier album de Lewis Furey. Il joue aussi, comme Lewis Furey, sur l'album qui était le dernier en date de Leonard Cohen au moment de ce concert, "New skin for the old ceremony". En fait, ces deux disques, "New skin..." et "Lewis Furey" ont été enregistrés par la même équipe de musiciens sous la houlette du producteur John Lissauer.
Musicalement, "Do I have to dance all night" se rapproche plus de l'esprit de l'album suivant, "Death of a ladies' man", produit et co-écrit par Phil Spector en 1977. La chanson est très orchestrée, rythmée, presqu'un peu disco. Les paroles, traduites en français au dos de la pochette, sont très bien ("J'ai quarante et un ans, la lune est pleine Tu fais l'amour vraiment bien (...) O, dis-moi Oiseau de Paradis Fuat-il que danse toute la nuit ?"). La référence à l'Oiseau de Paradis fait bien sûr penser à Tahiti, et cela nous ramène d'ailleurs "Death of a ladies' man", sur la pochette duquel on voit Leonard Cohen attablé avec deux femmes dans un restaurant polynésien.
J'aime moins "The butcher", une chanson qui figurait à l'origine sur l'album "Songs from a room" en 1969, mais là encore cette version live ne se trouve que sur ce single.

Le site Heck Of A Guy propose un très bon billet en anglais sur "Do I have to dance all night", avec la possibilité d'écouter la chanson.

ORCHESTRE ROUGE : Soon come violence


Acquis dans une FNAC (probablement Montparnasse) à Paris en 1982
Réf : PB 8868 -- Edité par RCA en France en 1982
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Soon come violence -/- Kazettlers zeks

Martin Hannett au mixage, des passages dans Feedback (un concert en direct du Palladium le 16 mars 1982), c'était largement suffisant pour que je m'intéresse à Orchestre Rouge et que j'achète leur premier (et unique) 45 tours.
Et puis surtout, il y a eu le 20 octobre 1982 le concert d'Orchestre Rouge dans la grande salle de la Maison de la Culture André Malraux à Reims, qui m'a donné l'occasion juste après le concert de participer à ma toute première interview de grandes vedettes ! Oh, c'était très modeste, certes, puisque je n'étais là qu'en tant que troisième larron de l'interview d'Orchestre Rouge menée par Etienne Himalaya et Jules Berrisson (alias Dorian Feller), publiée dans le n° 9 du magazine Notes en mars 1983.
Ça a d'ailleurs dû être une grande joie pour moi quand ce numéro du magazine est paru, puisqu'on y retrouve également ce qui doit être les deux premières chroniques de disques que j'ai publiées ("Let's go to bed" de The Cure et "Moderne musique" de WC3 si vous voulez savoir) et même une fausse interview de Rock Feller rédigée entièrement par moi-même avec l'aide de Dorian. Précisons qu'à l'époque je signais du pseudonyme Stéphane Polarroc.
J'ai toujours préféré la face B du 45 tours, "Kazettlers zeks", reprise en 1984 sur la compilation "Des restes". C'est d'ailleurs cette chanson qu'on avait passée pour annoncer le concert le 4 octobre 1982, dans le deuxième numéro de Camisole, ma toute première émission sur La Radio Primitive (co-animée avec Philippe R.). J'aime bien la basse lourde, qui me rappelle le générique des films sans paroles qui passaient le dimanche après-midi à la télé, la guitare rythmique un peu reggae, l'autre guitare plus bruyante et le chant.
"Soon come violence" n'est pas mal du tout. Elle sonne vraiment de son époque, très new wave, pas loin de Marquis de Sade. L'intro et le premier couplet sont parfaits, mais après il y a une sorte de break qui fait perdre de son élan à la chanson. Et surtout, c'est peut-être avec raison que le groupe s'est un peu plaint du mixage de Martin Hannett. Tout est un peu assourdi, et la voix surtout semble engluée dans le mix.

15 janvier 2007

THE REVOLVING PAINT DREAM : Mother watch me burn


Offert par Luke Chromatone à Londres en février 1989
Réf : CRE LP 039 -- Edité par Creation en Angleterre en 1988
Support : 33 tours 30 cm
11 titres

Rev-Ola, le label de Joe Foster, vient d'éditer en CD l'intégrale de The Revolving Paint Dream sous le titre "Flowers In The Sky : The enigma of The Revolving Paint Dream". Enfin, une intégrale à laquelle il manque un titre, la version de "In the afternoon" parue sur la compilation Whaam! "All for art and art for all", mais bon, cette version d'une chanson écrite par Alan McGee est chantée par lui aurait peut-être dû être créditée à Biff, Bang, Pow ! dès le début... Vivonzeureux! est mentionné dans les notes de pochette, signées d'une certaine Nicole Garcia (!), et je figure même dans les crédits sous mon pseudonyme de JC Brouchard. C'est sympa (dommage par contre que Luke Chromatone, qui joue sur le disque, qui a fait les deux pochettes et qui m'a offert cet exemplaire, ait été oublié...).
Du coup, ça me donne l'occasion de parler de ce deuxième et dernier album du groupe, paru fin 1988 ou tout début 1989, qui s'est vendu à très peu d'exemplaires, et qui reste pour moi un des joyaux inaperçus de Creation Records, avec l'album de Bill Drummond notamment.
Ce qui fait que je préfère "Mother watch me burn" à son prédécesseur, "Off to heaven", ce sont les excellents titres psychéliques bruitistes qu'il contient, "Dune buggy attack battalion" et "Garbagebrain", qui ouvrent chacune des faces, et "Mandra mandra", qui est repris en fin d'album sous le titre "Mandro mandro". Par la suite, en me souvenant de ce son, je me suis toujours demandé pourquoi Creation avait claqué des fortunes en heures de studio pour l'enregistrement de "Loveless" de My Bloody Valentine (même si Kevin Shields explique, et je veux bien le croire, dans le n° 74 de Magnet Magazine que ce disque n'a pas eu le budget légendaire qui lui est généralement attribué), alors qu'il avaient à leur disposition depuis le début un sorcier du son, Andrew Innes, qui prouve avec ces trois titres qu'il avait les capacités artistiques, techniques et peut-être même lysergiques pour élaborer un mur du son digne de celui de My Bloody Valentine. Enfin, bon, Creation n'a quand même pas gâché le talent d'Andrew, puisqu'il a intégré Primal Scream dès 1987 et qu'il en est rapidement devenu le principal architecte sonique.
En-dehors de ces trois titres, "Mother watch me burn" est proche de la pop psychédélique de "Off to heaven", avec une série de bons titres dont le chant est réparti entre Andrew et l'excellente Christine Wanless. Mais là où "Off to heaven" a dû être enregistré en 4 pistes entièrement à la maison, on sent que sur celui-ci il y a des parties enregistrées en studio, puisqu'on entend un batteur, du violon, et même des cuivres. Mais qui peut donc bien jouer sur ce disque, réputé pour la sobriété de ses notes de pochette (il n'y a aucune information à part le nom du groupe, et les titres de l'album et des morceaux) ? On peut avancer quelques pistes. Pour les enregistrements de base de "Electra's crying loaded in the basement", en fait une version chantée par Christine de "It happens all the time" de Biff, Bang, Pow !, je peux affirmer, car j'y étais, que ça se passait à l'Alaska Studio les 27 et 28 septembre 1986, lors des deuxièmes sessions d'enregistrement de l'album "The girl who runs the beat hotel" de Biff, Bang, Pow ! Pour le reste, sans se lancer dans de vaines suppositions, il suffit d'avoir la bonne idée de se pencher sur les crédits de "Green sea blue", le single extrait de l'album, sorti quelques temps plus tôt. Car sur ce single figurent des crédits complets pour cette bonne chanson de l'album ! On apprend donc que Dave Morgan, des Weather Prophets, est à la batterie, que Robert Young, de Primal Scream, est à la basse, et que les cuivres sont tenus par S. Pollock et K. Clinton (saxophone) et M. Wall (trompette). L'enregistrement s'est fait à l'Acid Factory, le studio-maison de Revolving Paint Dream, et au Townhouse, un vrai grand studio. Pour le violon, je suis à peu près certain qu'il est tenu par Frank Sweeney, des June Brides. Sachant qu'en 1987, Innes, Young, Morgan et Sweeney on tous participé aux nombreuses sessions d'enregistrement de "Sonic flower groove", le premier album de Primal Scream, financées par la major Warner pour l'étiquette Elevation, créée par Alan McGee, je pense qu'on peut avancer sans trop se tromper que l'enregistrement de "Mother watch me burn" a dû bénéficier au moins en partie du budget de celui de Primal Scream !!
Mais revenons aux chansons. De celles chantées par Christine, le poppy "Green sea blue" rappelle un peu le Weekend d'Alison Statton, "Electra..." est poignante, et "(Burn this house) Down to the ground" n'est pas loin de "If I die", que Christine a chantée pour Biff, Bang, Pow !. Sur "Untitled (Love song)", la voix très pure de Christine fait encore beaucoup d'effet.
Pour celles où Andrew officie, ma préférée est peut-être "Mother wash my tears away", qui me fait penser aux TVP's de "Mummy you're not watching me", et pas seulement à cause du "Mother" dans le titre. J'aime aussi beaucoup "300 (coda)" avec le violon et son côté folk-western. Quant à "Fever mountain", elle fait aussi tout à fait logiquement penser aux chansons écrites et chantées par Andrew pour Biff, Bang, Pow !


Andrew Innes en studio à Londres en 1987, enregistrant pour Primal Scream, ou pour The Revolving Paint Dream ?



Andrew Innes (de dos), Alan McGee et Christine Wanless, puis JC Brouchard (au fond, à la porte des coulisses), Alan McGee et Christine Wanless lors de l'une de ses rares apparitions sur scène, avec Biff Bang Pow ! à la M.J.C. Claudel de Reims le 25 octobre 1986 (Photos probablement prises par Jean-Frédéric Albert).

14 janvier 2007

SUICIDE : Dream baby dream


Acquis à La Clé de Sol à Châlons-sur-Marne en 1980 ou 1981
Réf : 12WIP 6543 -- Edité par Ze / Island en Angleterre en 1979
Support : 45 tours 30 cm
Titres : Dream baby dream -/- Radiation

Ça fait un moment que j'ai l'intention de parler de ce disque, et l'autre jour j'ai dressé l'oreille en entendant "Sad song" d'Au Revoir Simone chez Lenoir : ce n'est peut-être pas tout à fait du plagiat, mais l'ambiance générale du morceau est proche de "Dream, baby dream", et surtout la suite d'accords de basse de la chanson de Suicide est reprise quasiment à l'identique sur celle d'Au Revoir Simone. Du coup, ça m'a décidé à faire ce billet le plus tôt possible.
Quand j'ai acheté ce disque, je n'avais qu'un seul titre de Suicide en disque, "Rocket USA", une version d'un titre de leur premier album sur la compilation "New York new wave du Max's Kansas City. Ce maxi était en import, donc cher, mais je l'ai acheté en soldes, donc à un prix abordable pour le budget d'un lycéen.
Sur ce disque, Suicide est associé pour la première fois avec Ric Ocasek des Cars, qui le produit. Cette association du duo arty underground avec un artiste pop rock à succès a un peu surpris à l'époque, mais on apprend en lisant une lettre adressée par Suicide à ses fans anglais à l'automne 1979 que les Cars avaient d'abord invité Suicide à ouvrir pour eux en tournée. Quelques mois après ce maxi, Ric Ocasek allait à nouveau produire Suicide, pour leur deuxième album, "Alan Vega - Martin Rev" (le titre provisoire mentionné dans leur lettre, "Disco kings", était quand même bien meilleur !), mais le grand drame c'est que "Dream baby dream", qui aurait dû être le tube de Suicide, n'a pas été inclus sur l'album. Du coup, comme cette chanson n'était sortie, fin 79 en Angleterre et en 1981 en France, que sur ce single par définition éphémère, elle a été complètement indisponible pendant la majorité des années 80 et 90, jusqu'à la réédition du deuxième album par Blast First en 1999.
Pourtant, la chanson a dû être écrite au tout début de l'aventure Suicide. Elle ne figure pas sur les "First rehearsal tapes" (de 75, éditées en 1999), encore que l'idée de considérer "Be my dream" comme une toute première ébauche de la chanson me plaît bien, même si à part le "Dream" des paroles et la boite à rythmes, tous les ingrédients ne sont pas encore là musicalement. Par contre, la chanson est là et bien formée dès 75 quand même, sous le titre "Dreams", dans une version studio de 2'12 qu'on trouve sur la compilation "Half alive", éditée pour la première fois en 1981.
La chanson prend ensuite le titre "Keep your dreams", qu'elle gardera jusqu'à la veille de la sortie de ce maxi (c'est comme ça qu'elle est désignée dans la lette du 8 septembre 1979). Et figurez-vous qu'elle a même été enregistrée en 1977, dans une version un tout petit peu plus lente, lors des sessions du premier album ! C'est même le seul des deux inédits de ces sessions que l'on connaît, mais le premier, "I remember", est sorti dès 1978 en face B du single "Cheree", alors que la version de "Keep your dreams" studio de 1977 ne verra le jour qu'avec la réédition Blast First du premier album en 1978...
Bon, je vous passe toutes les versions live de "Keep your dreams" qu'on peut trouver, dont beaucoup enregistrées en 1978. En fait, on peut se demander quel a été l'apport de Ric Ocasek dans cette version de plus de six minutes, chronologiquement la première éditée, donc, tant tous les éléments musicaux qui la composent semblaient déjà bien en place auparavant. Il a su probablement rester discret et juste polisser un peu le tout. "Cheree", ma chanson préfére du premier album, était un bon slow électronique, pas si loin que ça des titres solo d'Alan Vega. "Dream baby dream", par contre, est une réussite électro-pop que Kraftwerk n'aurait pas reniée, une sorte de mantra électronique rehaussée de xylophone, un titre assez lent et hypnotique, dans lequel on se glisse comme dans de la ouate, à écouter Alan Vega consoler sa baby ("Keep your dreams forever", "Dry your eyes", "I just want to see you smile"). On est loin de l'ambiance sombre et dure généralement associée à Suicide, qu'on retrouve en partie sur la face B, "Radiation", un titre honnête mais sans plus.


Suicide, Dream baby dream, en direct à la télévision.

13 janvier 2007

KEVIN AYERS & MAX LA VILLA : Concert for Tibet


Offert par www.kevin-ayers.com en mai 2006
Réf : [sans] -- Edité par www.kevin-ayers.com en 2006 -- Disponible sur www.kevin-ayers.com
Support : 1 fichier MP3 29,4 Mo
9 titres

Il y a presque un an, début 2006, Mojo nous faisait une belle joie en annonçant que l'enregistrement d'un nouvel album de Kevin Ayers était en cours, et qu'il devait sortir prochainement sous le titre "The unfairground". Sacrée nouvelle, sachant que "Still life with guitar", l'album précédent d'Ayers, qui marquait un net retour en forme après des années 80 qui l'avaient vu sortir toute une série d'albums passés largement inaperçus, remonte à 1992.
Quelques semaines plus tard, son site non officiel était remplacé par un site officiel, www.kevin-ayers.com, qui donnait les coordonnées d'un manager et annonçait aussi l'album. De bonnes nouvelles alors que l'année 2005 avait été marquée par la réédition en fanfare et avec bonus de ses quatre premiers albums, mais assombrie par l'annulation pour raisons de santé de quelques-uns de ses rares et discrets concerts.
Bon, il a fallu un peu déchanter. On est début 2007, et le site de Kevin Ayers annonce toujours la sortie prochaine, prévue pour mai, de "The unfairground", qui en est au mixage pendant que les contrats de distribution sont à la signature. Le disque a été enregistré à Londres, New-York et Tucson (!), notamment avec des membres de The Ladybug Transistor, qui avaient repris "Puis-je ?" il y a quelques années.
En tout cas, pour patienter en attendant la sortie de ce disque on a depuis mai dernier un petit bijou d'enregistrement live mis en ligne gratuitement sur son site. Il s'agit d'un enregistrement d'un concert privé donné pour le bénéfice de Ropka, un organisme caritatif qui agit en faveur de la culture tibétaine. Une ambiance très sympathique, un court concert de juste une demie-heure, que du bonheur…
Les neuf chansons au programme ont dont leur grande majorité plus de trente ans, mais elles sont excellentes et vieillissent très bien, d'autant plus qu'on les redécouvre dans une nouvelle orchestration : Kevin Ayers à la guitare acoustique et au chant accompagné pour la première fois par un guitariste soliste acoustique, Max La Villa (ils ont refait quelques concerts ensemble depuis). Dans le lot, il y quelques-unes de mes chansons préférées du gars, comme "May I" et "Whatervershebringswesing", deux titres extraits de son tout premier album, "Eleanor's cake" et "Lady Rachel", et même un petit exploit, un petit blues complètement formé de trente secondes !
Ce somptueux cadeau prouve, comme il est précisé sur son site, que Kevin Ayers "est toujours resté fidèle aux idéaux qui ont formé à l'origine sa créativité unique et influente", et il donne bien sûr envie d'acheter "The unfairground" les yeux fermés, et surtout d'avoir la chance d'aller écouter Kevin Ayers en concert en 2007. On peut espérer quelques concerts par ici après la sortie de l'album, puisque après tout il semble bien que Kevin Ayers vit désormais une partie de l'année dans le sud-ouest de la France…

07 janvier 2007

BRODé TANGO : Recueil 86-89


Acquis chez Dorian Feller à Villedommange le 30 décembre 2006
Réf : LET 1234 -- Edité par Dorian Feller en France en 2006
Support : CD 12 cm
12 titres

J'ai déjà eu l'occasion d'évoquer dans Vivonzeureux! l'histoire de Brodé Tango, le projet dans lequel Dorian Feller s'est lancé après l'aventure Rock Feller.
La bonne nouvelle, c'est que Dorian Feller vient de publier ce CD qui compile 32 des 49 titres édités sur cassette entre 1986 et 1989. Ces titres étaient depuis longtemps introuvables, bien sûr, mais plus le temps passait et plus ils devenaient inécoutables, non pas que leur qualité intrinsèque décline, mais le support cassette est quand même le moins pratique et celui qui vieillit le moins bien ! Pour l'occasion, les enregistrements maison 4 pistes d'origine ont été remixés et remastérisés.
A l'exception des parties de batterie, Brodé Tango est un projet solo, qui a démarré en 1986 en instrumental intégral (orgue, guitare et boite à rythmes principalement) avant de faire beaucoup de place à de la guitare acoustique en picking et surtout d'inclure des voix dès 1987.
Cette compilation très chargée (près de 80 minutes) n'est pas du tout indigeste car les morceaux sont courts (rien n'atteint les quatre minutes), variés et surtout de qualité !
On retrouve les différents styles abordés par Brodé Tango, des titres où l'orgue domine qui peuvent faire penser un peu à Pascal Comelade ("Entêté", "Entrelune", "Les tristes aventures d'un gros bonnet") ou aux Young Marble Giants du "Testcard EP" ("Le sens du poêle", "L'automne à béguin"), et aussi des titres à guitare, qu'elle soit acoustique ("Nota Béné", "Les Moumou-Tontons du Mama-Tintin") ou très électrique ("Elle laisse... des traces", "Nymphe alors !", "Marie extase").
Des titres plus "musiques de traverses" avec des sons à la Snakefinger il y en a aussi ("Flotte"), tout comme des ambiances glaugues avec des bouts de dialogues ("Raga zha", "Six cha-cha-cha") et même des ambiances jazzy ("Ze jay") ou des tendances carrément easy listening ("Do you (re)know", "L'année dernière à la plage" "Petit r' d' roll de siamois au Tonkin").
Je précise que je ne cite ici que des titres que j'aime beaucoup, c'est dire la qualité de ce disque ! (et je ne dis pas ça uniquement parce que Dorian Feller est un ami...) Et encore, je n'ai pas parlé des titres chantés, qu'ils soient un peu reggae ("J'ai mal", "Complainte jamaïcaine du célibataire") ou pas ("Choux gras", "Grincer", "Mam'zelle Grenouille") ou carrément a capella ("Coups de coeur" alias "Boum bada" pour ceux qui l'ont entendu ou "La viviane").
Bon, vous pouvez vérifier, je n'ai pas cité les 32 titres du disque !

Dorian Feller n'a toujours pas d'ordinateur personnel, mais on peut désormais écouter de la musique ou contacter Brodé Tango sur sa page Myspace. On peut aussi s'y renseigner pour commander les disques.

06 janvier 2007

FELT : Ballad of the band


Offert par Creation Records par correspondance en mai 1986
Réf : CRE 027 -- Edité par Creation en Angleterre en 1986
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Ballad of the band -/- I didn't mean to hurt you

Je ne sais pas si c'est au moment des concerts de novembre 1985 en première partie de The Jesus & Mary Chain que les premiers contacts entre Felt et Creation ont été pris, toujours est-il que dès avril 1986 Creation annonçait l'arrivée de Lawrence sur sa cassette de promotion "Come !", et dès le mois de mai sortait ce single, premier fruit du partenariat entre le groupe et le label.
J'ai reçu quelques exemplaires du maxi et du 45 tours dès leur sortie pour faire la promotion du concert que j'organisais à Reims pour la Fête de la Musique 1986 en partenariat avec la M.J.C. Claudel et l'association Un Autre Emoi.
Le maxi a une pochette différente (deux belles photos "solaires" en couleurs de Lawrence), mais il manque d'unité avec en face A les deux titres de ce 45 tours et deux instrumentaux au piano en face B. Je lui préfère de beaucoup ce 45 tours, objet pop très réussi et très cohérent, même si je n'aime pas trop sa pochette (une photo bleutée du batteur Gary Ainge datant de quelques temps, prise par l'ancien bassiste Mick Lloyd).
Pour le reste, ce disque est parfait. Comme "Ignite the seven cannons", il est produit par Robin Guthrie, mais la patte du leader des Cocteau Twins m'a toujours semblé moins marqué sur cet enregistrement que sur l'album. A propos de ce disque, j'ai souvent lu des comparaisons au Dylan du milieu des années 60, époque "Like a rolling stone" / "Blonde on blonde", et même si les deux faces du 45 tours ne me font penser à aucune chanson de Dylan en particulier, je ne trouve pas cette comparaison aberrante : les guitares électriques et l'orgue dominent le son, et Lawrence a une voix particulière.
"Ballad of the band" est une chanson pop-rock parfaite, dès l'intro avec le riff de guitare rythmique et la guitare solo, jouées toutes les deux par Lawrence. L'orgue est relativement plus discret sur cette face. Pendant longtemps, je n'ai pas compris les paroles, jusqu'à ce que je lise un article qui y faisait allusion, et que je les vois écrites. En fait, il faut prendre le titre au pied de la lettre : c'est une chanson qui parle du groupe, Felt, et plus particulièrement du départ de Maurice Deebank, son guitariste. Le premier couplet est plein de reproches ("Où étais-tu quand je voulais bosser ? T'étais encore au lit, t'es un abruti complet"), mais le ton change complètement dans le deuxième et dernier couplet : "Tout est de ma faute, oui c'est moi le responsable, Je n'ai pas d'argent, je ne suis pas connu Et c'est pourquoi j'ai presque envie de renoncer Et toutes ces chansons, comme 'Crystal ball', 'Dismantled king' Tu sais je les aime toutes Mais malgré tout j'ai presque envie de renoncer". Pour la face A du single qui marquait un nouveau départ du groupe pour la deuxième moitié de sa carrière, on n'a pas l'impression que Lawrence était très confiant d'obtenir le succès durable et la reconnaissance dont il rêvait, et qu'il mentionnait dans toutes les interviews... Quant à cette rupture avec Maurice, elle a quand même dû considérablement marquer Lawrence, puisque sur son dernier album en date, "Tearing up the album chart" de Go-Kart Mozart, il lui adresse encore un message codé, "Delta echo echo beta alpha neon kettle".
A proprement parler, la face B "I didn't mean to hurt you" est plus une ballade que la face A : une belle chanson lente, dominée par l'orgue de Martin Duffy, avec encore une fois un titre qui décrit bien le sujet de la chanson: excuse-moi, je ne voulais pas te blesser.


Felt à Reims le 21 juin 1986 (photo JC Brouchard)
De gauche à droite, Martin Duffy,Marco Thomas, le ventilateur, Gary Ainge, Lawrence et Neil Scott


Le concert du 21 juin 1986 s'est très bien passé, et pourtant c'était une sacrée organisation avec quatre groupes dans la soirée. Felt est arrivé à l'heure prévue, conduit par Dave Harper, un ancien membre de Five Or Six. Le seul impondérable de la soirée, c'est qu'il y avait un quart de finale de coupe du monde de foot France-Brésil. Ça on le savait, mais on n'avait pas prévu qu'il y aurait des prolongations et des tirs au but ! On a donc dû décaler un peu l'horaire des concerts, mais la France avait gagné, et l'atmosphère de la soirée n'en a été que plus festive.
Lawrence a une réputation très forte d'excentrisme. De ce que j'en connais, cette réputation est très surfaite. Après tout, c'est un rocker comme un autre, qui a passé des journées entières dans des camionnettes inconfortables, entassé avec les membres de son groupe, avant de jouer dans des bouges enfumés et inconfortables. Sa seule demande un peu particulière ce jour-là a été de demander s'il pouvait avoir un ventilateur avec lui sur scène. Il faut dire qu'il faisait vraiment très beau et très chaud ce soir-là, que la MJC Claudel était plus que bondée, et que même sans ça cette salle était toujours très chaude et très enfumée. Les rockers de Claudel ont souri à cette demande, mais objectivement elle ne semble pas démesurée !
Trois groupes rémois étaient au programme avant Felt mes amis de Brigitte Rurale avec leur rock agro-alimentaire et leurs tubes "Elle est partie aux Baléares" et "En Sibérie l'automne dure toute l'année", les Scavengers, avec Michel Jovanovic, futur responsable de l'Usine à la basse et
Funeral Service, un groupe qui se perpétue encore aujourd'hui sous le nom des Volfonis.
Comme d'habitude, la loge-salle à manger de Claudel était la salle de musique à l'étage. La fenêtre était ouverte pour avoir un peu d'air, et Martin Duffy égrenait des notes sur le piano droit. Une journaliste de Libération avait même fait le déplacement depuis Paris pour ce premier concert de Felt. Ça a donné l'article pleine page ci-dessous.
Pour ce concert, la formation de Felt était celle du 45 tours (Lawrence, Gary Ainge, Marco Thomas, Martin Duffy) augmentée du guitariste émérite Neil Scott, qui avait notamment joué sur le deuxième album d'Everything But The Girl. Ils ont joué un set d'une quarantaine de minutes d'une qualité exceptionnelle, avec un répertoire bien rôdé couvrant leurs premières années de carrière ("Fortune", "Penelope Tree", "Roman litter", "Scarlet servants", "The day the rain came down", "Primitive painters", "Spanish house", plus "Ballad of the band" deux fois (dont une en rappel), et chose plus rare chez Felt, deux reprises, une excellente version de "Outdoor miner" de Wire, qu'ils jouaient assez régulièrement apparemment, et une de "Hyacinth house", un titre de "LA woman" des Doors, qu'ils ont rarement dû interpréter. Les chansons de "Forever breathes the lonely word", l'album qui allait sortir trois mois plus tard, étaient probablement écrites, mais le groupe ne les connaissait sûrement pas encore : ils n'en ont joué aucune, alors qu'elles constituaient la majeure partie du set d'un concert de la fin août 86.


Felt à Reims le 21 juin 1986 (photos JC Brouchard)
De gauche à droite, Lawrence, Dave Harper (au fond), Neil Scott (coupé), Gary Ainge à la batterie, Lawrence et Neil Scott


Vingt ans après, PopNews a publié une interview de Lawrence et l'a interrogé sur le concert de Reims. Le moins que l'on puisse dire c'est que ses souvenirs sont très flous ! Pour éclaircir un peu la phrase "Je ne voulais pas partager une chambre avec les autres, et le propriétaire d'un bar où nous avions atterri m'avait laissé dormir dans une pièce à part, tout seul, sans lumière. Au milieu de la campagne. C'était très beau, la Champagne. Je devrais vivre là.", disons que si je rassemble un peu mes propres souvenirs, le "propriétaire d'un bar" était Philippe R., membre actif d'Un Autre Emoi et guitariste de Brigitte Rurale, qui avait effectivement dû tenir la buvette du concert une bonne partie de la soirée, et qui a hébergé la moitié du groupe ce soir-là, chez lui à Rilly-la-Montagne, dans une chambre aménagée dans son grenier qui n'était peut-être pas très éclairée !!

04 janvier 2007

ABUS 30


Acquis par correspondance avec la Face 42 d'Abus Dangereux en 1995
Réf : ABUS 30 -- Edité par Abus Dangereux en France en 1995
Support : CD 7,5 cm
Titres : DENIZ TEK : Blood from a stone -- ED HALL : White house girl -- SEVEN HATE : Fat -- NICK RIFF : Calling you -- BUSHMEN : Wait a minute -- VIC CHESNUTT : Raindrops keep fallin' on my head

Abus Dangereux
, le fanzine basé à Bordeaux et lié au label Vicious Circle, va sortir son centième numéro dans les prochains jours. Je ne sais plus s'il y a un lien direct (par les personnes) entre les deux, mais dans mon esprit ils avaient plus ou moins pris la succession de Nineteen, de Toulouse, tombé au champ d'honneur de l'aventure de la distribution en kiosque. C'est une sacrée performance que réalise là l'équipe d'Abus, avec peu de publicité et une distribution limitée aux abonnements et à un réseau de points de vente (les disquaires principalement) en pleine déconfiture.
La majeure partie des numéros d'Abus comporte un CD inclus dans le numéro, et souvent ces CDs sont bien plus qu'un simple objet publicitaire promotionnel soutenu par les labels (voire même par des sponsors commerciaux comme ça se voit chez d'autres magazines) : très souvent, les groupes choisis par Abus ne sont pas signés, ou proposent des démos, des inédits, des live...
Sur ce CD en particulier, les cinq premiers titres sont dans un style de rock électrique dont Abus Dangereux est très friand et moi un peu moins, et il se trouve qu'aucun de ces titres ne m'accroche particulièrement, mais c'est pas grave, le sixième et dernier titre suffit à mon bonheur et a permis à ce CD de gagner une place particulière dans mon coeur.
Impossible de remettre la main sur mon exemplaire de la face 42 d'Abus Dangereux (J'ai bien retrouvé la 43 et la 44 dans mes piles au grenier, mais la 42 a disparu), je n'ai donc pas pu relire l'interview de Vic Chesnutt qui devait y figurer, ni vérifier les précisions quant aux conditions d'enregistrement de cette reprise de "Raindrops keep fallin' on my head", un titre signé Bacharach/David pour la BO du film "Butch Cassidy & the Kid" en 1969, où elle était chantée par B.J. Thomas.
Mais autant que je me souvienne, cet enregistrement a été fait au magnétophone par l'équipe d'Abus, dans les loges d'une salle de concert (à Bordeaux ?), avec le magnéto qui a servi à l'interview. Autant dire que les amateurs de haute-fidélité peuvent se sauver tout de suite ! Les amateurs d'émotion pure ne se sont pas trompés d'adresse...
Vic Chesnutt s'accompagne à la guitare, il chante "Raindrops keep fallin' on my head", et le monde pourrait bien s'écrouler tout autour qu'il continuerait à chanter sa chanson, en s'adressant au micro, et donc personnellement à chacun de nous, sans se soucier de ce qui se passe autour. Et bon sang, il s'en passe des choses dans les loges avant un concert, des gens entrent et sortent, un gars raconte sa vie... On a l'impression que personne ne fait gaffe au gars qui est en train de chanter. A un moment, Vic fait un break, ou reprend sa respiration, ou réaccorde sa guitare, je ne sais pas. On a l'impression qu'il va s'arrêter et piquer une grosse colère comme le chanteur des Baptist Generals quand un truc se met à sonner pendant qu'il enregistre "Ay distress" sur l'album "No silver / No gold". Mais non, il continue, imperturbable, comme le narrateur de la chanson sous la pluie ("The blues they send to meet me won't defeat me , It won't be long till happiness steps up to greet me"). Le souffle de l'enregistrement imite assez bien le bruit de la pluie, les conversations autour sont insupportables, mais Vic nous chante sa chanson jusqu'au bout et il réussit un exploit, qui consiste à dissocier au moins partiellement dans ma mémoire "Raindrops keep fallin' on my head" du souvenir de Sacha Distel et Petula Clark chantant "Toute la pluie tombe sur moi" à la télé sous une ombrelle et un jet d'eau !

L'abonnement à
Abus Dangereux
est à 19 € par an pour cinq numéros du magazine et les cinq CDs qui les accompagnent.

01 janvier 2007

JULIAN COPE : Sunspots EP


Acquis chez Rough Trade ou au Virgin Megastore à Londres en février 1985
Réf : MER 1822 -- Edité par Mercury en Angleterre en 1985
Support : 2 x 45 tours 17 cm
Titres : Sunspots -/- I went on a chourney & Mik mak mok -/- Land of fear

Je n'ai pas raté ce double 45 tours en édition limitée car j'étais à Londres au moment de sa sortie. C'est chez Alan McG. que j'ai dû l'écouter la première fois. Je connaissais la version sur l'album "Fried", un peu perdu en fin de première face, mais c'est l'ensemble du "paquet", le bel objet double 45 tours à pochette ouvrante, la face A remixée et les faces B, qui m'ont beaucoup plu tout de suite. Julian Cope explique que Phonogram lui a refusé le budget pour un maxi et qu'avec son manager ils ont fait ce qu'ils ont pu pour rendre le double 45 tours intéressant. Personnellement, je préfère cent fois ce double 45 tours à un maxi, et question budget il devait y en avoir quand même, puisque dans les bureaux de Creation les gars faisaient joujou avec une voiture en modèle réduit identique à celle qui figure au dos de la pochette, envoyée par le label aux fins de promotion !
Par rapport à la version de "Fried", le remix de "Sunspots" a surtout consisté à donner un peu plus de relief au morceau et à réduire énormément la longue partie instrumentale à la fin. C'est une chanson des plus réussies, le riff de guitare en intro, le rythme, le cor anglais qui fait la basse, le solo de flûte, le solo de guitare, la petie mélodie à l'orgue vers la fin. Globalement, c'est au Kevin Ayers des deux premiers albums que ce titre me fait le plus penser, et je ne dis pas ça seulement parce qu'une Saint John a participé à l'enregistrement ! (C'est Kate, au cor anglais, pas Bridget comme chez Ayers). Bon, les paroles ne veulent pas vraiment dire grand chose (on se demande ce que viennent faire ces taches solaires dans une chanson qui parle de rouler avec sa meilleure amie), mais le tout me plaisait suffisamment pour que je m'amuse à traduire les paroles en français, et même que j'enregistre le tout avec la bonne vieille méthode du karaoké de base, en chantant avec un micro près de la baffle pendant que le disque passe ! Je suis toujours assez content du titre français que j'avais trouvé, "Nous sommes potes", qui ne traduisait pas du tout "Sunspots" mais s'en rapprochait phonétiquement. Globalement, ça donnait quelque chose comme ça :
Nous sommes potes, on se change, je marche avec ma meilleure amie
Chanson d'amour dans la tête, en ballade avec ma meilleure amie
Je me retourne mais je ne vois rien, je marche avec ma meilleure amie
Elle a l'air bien, parfaite pour moi, je suis amoureux de ma meilleure amie
Et nion ion ion, ça disparait !

"I went on a chourney" est le titre le moins intéressant du lot, avec des samples de voix sur une piste instrumentale sympathique, mais sans plus. Par contre, les deux faces de l'autre 45 tours sont excellentes.
"Mik mak mok", ça me fait toujours penser au "Mic-mac moche au Boul'Mich" de Léo Malet. C'est un titre électrique assez rythmé qui décolle vraiment avec son refrain tout en onomatopées, "Mik mak mok mon mon balabalabala zig zag" (ou quelque chose comme ça !).
"Land of fear" est l'une des chansons de Julian Cope que je préfère. Lui aussi doit bien l'aimer, puisqu'il l'a publiée trois fois sur disque. La première fois, en 1983, c'était une ébauche acoustique tout à la fin de son premier maxi solo, "Sunshine playroom". Il y a aussi une version avec un choeur passé au Fairlight tout à la fin de l'album "20 mothers" en 1995. Mais la version la plus aboutie et ma préférée, c'est celle-ci, au son très proche de Teardrop Explodes, avec de l'orgue joué par Cope, comme on en trouve beaucoup sur ses deux premiers albums solo et sur les albums de Teardrop Explodes aussi.