26 juin 2006

BINGO BILL ORCHESTRA : Les voisins dînent la fenêtre ouverte


Offert par Henri Bingo par correspondance en juin 2006
Réf : CD # 001 -- Edité par Le Saumon Bleu en France en 1998
Support : CD 12 cm
12 titres

Depuis la parution en 2004 de leur best-of "200 kilos de papier", il semble que le Bingo Bill Orchestra soit en sommeil, au minimum. Si on est sans nouvelle de Daniel Bill, son compère Henri Bingo continue ses aventures musicales, au sein des Chicken Belmondos ou comme bassiste des Frères Nubuck sur scène.
Le best-of et "Rangés des voitures", leur troisième album, m'avaient déjà conquis. Ce premier album prouve qu'ils étaient excellents dès le début.
Le ton est donné dès le premier titre, "Tous les gens", une pop claire à guitares acoustiques, avec une rythmique discrète, qui fait la part belle aux jeux de voix de Daniel et Henri, avec des petites ornementations musicales (ici un glockenspiel, là un synthé, ailleurs des choeurs ou des sifflements). Parmi les participants, on compte deux des membres de Dionysos, leurs amis et voisins de Valence.
Ce qui fait le grand atout du disque, bien sûr, c'est la qualité des chansons. Il n'y a quasiment pas de point faible, à tel point qu'ils réenregistreont deux des titres ("Super tonic" et "Home again") en 2000 pour leur album "Moustaches".
Outre ces deux là, mes préférées sont "Bulldozer" ("Il n'y a pas de bulles dans l'air, il n'y a que des Bulldozer"), "Une vie de chien", "Le bas de soie" et "Tous ces gens".
L'objet lui-même (la pochette carton sous sac plastique, le CD-R) semble plus ou moins annoncer l'esthétique Sorry But Home Recording Records, le label de Grenoble que le BBO a rejoint en 2001. Ce n'est pas étonnant quand on sait que le premier album 48 titres des Frères Nubuck, en fait un solo de Chris Gontard, lui a été inspiré par un concert de Bingo Bill Orchestra !

25 juin 2006

LAURENT VOULZY : Rockollection


Acquis au Carrefour de Châlons-sur-Marne en 1977
Réf : PC 8089 -- Edité par RCA en France en 1977
Support : 45 tours 30 cm
Titres : Rockollection (Part I, Part II, Final orchestre) -/- Le miroir

Je pense que j'ai acheté ce disque dans un moment clé : celui où je suis passé petit à petit de l'amateur de musique lambda au discophile un peu béta !
En effet, j'aurais très bien pu me contenter, comme presque tout le monde, d'acheter le 45 tours de ce tube que j'aimais beaucoup, à moins de 10 francs, avec la "Part ouane" en face A et la "Part tou" en B. Mais non, j'ai préféré payer probablement entre 20 et 30 francs pour m'acheter le maxi avec la "version intégrale club" de 11'45 (soit les deux parties enchaînées complétées non pas par un remix, ce qui ne se faisait pas beaucoup en France à l'époque, ni même par un instrumental, mais par un "final orchestre", même pas bon pour le karaoké, avec une séquence bongos, des choeurs et quelques coups de guitare électrique à la fin.) et une face B, "Le miroir", qui s'avère être en fait une vieille face A de 1975.
J'ai des copains qui réussissaient à voler des 30 cm à Carrefour, en les glissant sous le blouson et en passant devant les vigiles à l'entrée. Même des doubles, comme le "Kiss alive" en import américain. Je ne me suis jamais risqué à tenter le coup, d'autant plus que, à l'ouverture en 1973, nous avions été tous super impressionnés par les caméras de surveillance qui garnissaient le magasin, qui avaient un look futuriste un peu à la R2D2. Ces caméras étaient probablement des leurres, mais je ne me serais pas risqué à tenter le coup !
Ma théorie veut que la nostalgie pour une décennie donnée débute dans la deuxième décennie suivante, ce qui correspond plus ou moins au moment où les jeunes adultes se mettent à écouter les disques de leurs parents (d'où la vague actuelle pour les eighties...). Pour les sixties, il y a exception, car la nostalgie a débuté très tôt ("American graffiti" date de 1973). "Rockollection" est bien sûr un exercice raffiné de nostalgie pour les sixties signé Souchon et Voulzy. Mais pour les gens de ma génération, ça a aussi été un point d'entrée marqué vers la culture rock. Je connaissais les Beatles, bien sûr, très peu peu les Stones. quand j'entendais "Barbara Ann" des Beach Boys, je reconnaissais parce que j'avais le 45 tours "Ma-ry-lène" de Martin Circus, etc. Une des grandes qualités de ce tube, c'est probablement de m'avoir rendu curieux pour m'intéresser aux chansons citées dans ce médley...
Sinon, je me souviens très précisément avoir assister à un concert de Souchon à la foire exposition : je l'avais écouté chanter "S'assoir par terre", ma chanson préférée de lui, assis bien sûr sur un trottoir à côté de le foule. J'ai l'impression d'avoir peut-être vu Voulzy en concert dans le même moment et dans les mêmes conditions, mais ma mémoire me joue des tours, et je n'arrive pas à en être sûr...

24 juin 2006

PORTISHEAD : Glory box


Acquis à La Clé de Sol à Reims en 1994
Réf : 850 103-2 -- Edité par Go Beat en France en 1994
Support : CD 12 cm
Titres : Glory box -- Wild wood (Sheared wood remix) [Paul Weller] -- Scorn -- Sheared box

Comme quoi (je n'en doute pas et j'en ai eu maintes fois la preuve), on peut faire du CD un objet aussi valable et intéressant qu'un EP années 60 ou un beau timbre rare. C'est juste une question de choix industriels et commerciaux.
La preuve avec ce single de Portishead, livré dans une pochette cartonnée ouvrante qui lui donne justement un aspect de 45 tours en réduction, uniquement gâchée par le triangle blanc qui rappelle que ce disque rentrait dans la catégorie marketing du "CD 2 titres". Il en compte quatre, mais c'est pas grave : un bon vendeur y verra un argument de vente imparable : 2 titres + 2 gratuits !
"Glory box" n'est pas ma chanson préférée de "Dummy", mais presque (c'est "Wandering star"). C'est en tout cas une grande réussite. Beth Gibbons y est beaucoup plus convaincante à chanter ici "Give me a reason to love you, Give me a reason to be, a woman", et même de façon plus coquine "So don't you stop, being a man" que sur "Sour times", l'autre tube de l'album, quand elle entonne "Nobody loves me, Its true, Not like you do".
Je ne reviendrai pas sur la production géniale, sur laquelle tout le monde a glosé. La guitare sur le refrain, notamment, semble sortie tout droit de "Melody Nelson". Notons simplement que tout est ici affaire d'équilibre fragile : les deux remixes proposés ici,"Scorn" et "Sheared box", prouvent que cette alchimie est particulièrement instable, la chanson magique redevenant brusquement citrouille !
Pour revenir à la politique commerciale du label, saluons le cadre qui a eu la bonne idée de virer un troisième remix de "Glory box", qui figurait sur le maxi anglais, pour le remplacer par un titre de Paul Weller, à l'époque compagnon de label de Portishead. "Wild wood" est une bonne ballade de Weller, et le remix finalement assez discret qu'en fait Portishead (quelques beats et un sample de basse) en fait une des plus belles réussites de l'ex-leader de Jam !

23 juin 2006

MAGAZINE : Rhythm of cruelty


Acquis chez Music Box à Paris en 1979
Réf : VS 351 -- Edité par Virgin en Angleterre en 1979
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Rhythm of cruelty -/- T.V. baby

Dans un article sur Lewis Furey, je racontais il y a quelques années un voyage à Paris en avril 1979 :
"En avril 1979, Lewis Furey et Carole Laure sont donc au théâtre Bobino pour un spectacle beaucoup plus médiatisé que le précédent, avec Europe 1 comme partenaire par exemple. J'y suis allé, bien sûr. Ce n'était peut-être pas la première fois que j'allais seul à Paris, ce 18 avril 1979, en tout cas c'était, à 16 ans, une des toutes premières fois. J'y suis allé en train, pour une de ces expéditions qui allaient devenir presque habituelles, à Paris ou à Londres, qui a commencé, j'imagine, par des étapes à la FNAC Rennes, à Music Action au Carrefour de l'Odéon, et surout à Music Box, tout près, où j'ai dû acheter ce jour-là certains des 45t de Magazine que je chéris toujours et la deuxième édition du "Spiral scratch" des Buzzcocks."
J'allais réécrire plus ou moins la même chose aujourd'hui, donc c'est plus facile de simplement le recopier ! En fait, je ne sais plus exactement quel jour j'ai acheté les 45 tours "Give me everything" et "Touch and go" de Magazine et le "Spiral scratch" de Buzzcocks, mais je suis à peu près certain que c'est bien ce jour-là que j'ai acheté "Rhythm of cruelty", qui venait de sortir.
Initialement, j'ai été assez déçu par "Rhythm of cruelty". La pochette est l'une des moins marquantes des premiers disques du groupe, et musicalement c'était plus ou moins le premier disque de Magazine que j'écoutais après le choc de la découverte de "Real life" (sept écoutes de l'album en intégrale le même soir, c'est dire !). Je n'ai pas trouvé "Rhythm of cruelty" aussi bon que le chef d'oeuvre "Real life", ni l'album "Secondhand daylight" dont il est extrait, d'ailleurs. Cela ne m'a pas empêché de beaucoup les écouter à l'époque, et il faut bien admettre aujourd'hui que, pris isolément de "Real life", les deux sont d'excellents disques.
Pour ce qui est de ce 45 tours, "Rhythm of cruelty" a énormément de qualités. C'est un titre assez rapide, avec une bonne intro et une batterie énergique, ce qui explique sûrement pourquoi le label l'a sorti en single.
Les paroles sont excellentes. Un peu mystérieuses, bien sûr, comme c'est souvent le cas pour des paroles de chanson réussies, et c'est d'autant plus normal pour une chanson qui se termine par "We don't know what it could mean" ("Nous ne savons pas ce que ça peut bien vouloir dire"). Je ne me lancerai donc bien évidemment pas dans une tentative d'interprétation trop littérale ou univoque, mais avec des expressions comme "le rythme de ta cruauté" et "ça me fait même mal quand je crie", on est visiblement dans une relation dominant-dominé, mais c'est sûrement plus compliqué que ça : souvenons-nous que le recueil des paroles de Howard Devoto est intitulé "It only looks as if it hurts" ("On dirait que ça fait mal mais ce n'est qu'une impression") ! En tout cas, le chant de Devoto est excellent, et les deux premières phrases ("I brought your face down on my head, It was something I rehearsed in a dream") et la façon dont il prononce "I've got to admire your ingenuity" sont vraiment marquantes.
Pour couronner le tout, la face B, uniquement disponible ici à l'époque, est l'une des meilleures de Magazine. Elle s'inscrit parfaitement à la suite de la face B du 45 tours précédent, qui était une reprise de "I love you you big dummy" de Captain Beefheart. Là, c'est un original dans le même style, avec une ligne de basse tournante, le saxo de John McGeoch qui est très présent, et encore une grande performance de Devoto.

21 juin 2006

LEWIS FUREY : Lewis is crazy


Offert par John Lissauer par correspondance en 2003
Réf : GA-5042 -- Edité par Gamma au Canada en 1972
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Lewis is crazy -/- What a sad summer

Là je triche un peu, car j'ai déjà raconté l'histoire de ce disque dans un article disponible sur Vivonzeureux! depuis 2003. Ça fait un moment que je m'étais dit que j'utiliserais cet article pour le blog un jour où je manquerais de temps, car il est bien dans l'esprit. Outre le manque de temps, c'est de voir qu'un exemplaire de ce 45 tours vient d'être vendu aux enchères plus de 100 € qui m'a fait repenser à en parler aujourd'hui (comme souvent, ce sont deux collectionneurs japonais qui ont fait monter le prix à ces hauteurs folles).
Reste que je ne remercierai jamais assez John Lissauer pour la joie qu'il m'a procuré en m'offrant ce disque de Lewis Furey en 2003.

Voici l'article de Vivonzeureux! de 2003
:

Parfois, la vie peut donner l'impression de se vivre un peu comme un conte de fées...
Lorsque que j'ai publié sur ce site mon article sur Lewis Furey, j'ai eu bien sûr quelques "retours" de lecteurs du web. L'un des plus intéressants est venu en 2001 de Leslie Radowill, un fan américain de Lewis et Carole, qui m'a gentiment demandé si je pouvais traduire ce long article en anglais. Il m'a également proposé de m'envoyer des copies d'articles de presse américains sur Lewis qu'il conservait...
J'ai commencé la traduction, et je ne l'ai jamais finie (désolé Leslie et les anglophones !). Par contre, j'ai bien reçu les documents de Leslie. Une véritable mine, puisqu'ils datent tous de l'époque des deux premiers albums, une époque pour laquelle je dispose de très peu de documentation.

Dans l'enveloppe, j'ai trouvé notamment le dossier de presse original du label A&M pour la sortie américaine du premier album (lire ici les commentaires de Lewis sur les chansons du premier album extraits de ce dossier), un article de Peter Lester paru dans l'"Interview" d'Andy Warhol à l'époque du premier album, et plusieurs extraits très intéressants du magazine new-yorkais "After dark". Ce n'est pas très étonnant que"After dark" ait rendu compte régulièrement des activités de car, à plusieurs reprises de 1972 à 1975, Bill Como, le rédacteur en chef d' "After dark", a publié des poèmes de Lewis Furey, comme "Sugar's suicidal trance" et "Rusty's swan song". En 1973, c'est une interview de l'actrice Carol Kane - ils ont fréquenté à un moment le même établissement de formation artistique - par Lewis Furey qu' "After dark" publie.

C'est dans un article de deux pages publié par "After dark" en avril 1977 à l'occasion de la sortie de l'album "The humours of Lewis Furey" que j'ai trouvé le plus d'informations intéressantes sur les débuts de la carrière de Lewis.
Apparemment, Lewis a été découvert à Montreal par Frazier Mohawk, une légende inconnue du rock (allez lire sa bio), qui l'a accompagné à la batterie pour son tout premier concert "rock", dans un grand magasin de la ville. Il a ensuite été signé par Gamma Records (un label connu pour ses productions de chanson québécoise), qui aurait sorti CINQ SINGLES de Lewis Furey entre 1972 et 1975, produits par John Lissauer, avec des choeurs de Manhattan Transfer (avec qui John Lissauer a travaillé par ailleurs, et dont la chanteuse Erin Dickens, qu'on retrouve sur plusieurs disques de Lewis Furey, fut membre fondatrice). C'est après avoir entendu ces disques que le manager Barry Krost aurait fait le déplacement à Montréal pour voir Lewis Furey jouer et le signer chez A&M. On apprend par ailleurs dans l'article que Lewis, Leonard Cohen et le poète-romancier Barrie Wexler avaient fondé en 1972 une société poétique qui se réunissait chaque semaine pour confronter leurs sonnets écrits sur des thèmes donnés.

Il va de soi que l'existence éventuelle de cinq 45 tours de Lewis Furey, sortis au Canada avant le premier album, m'a rendu tout fébrile. Ces disques ont d'ailleurs aussitôt pris la tête de ma liste mentale des disques que je recherche le plus. A tout hasard, j'ai indiqué sur ce site que je les recherchais, et j'ai un mis un message en ce sens shttp://www.blogger.com/img/gl.link.gifur le forum du site officiel de Lewis Furey. En visitant à nouveau ce forum début 2003, j'y trouve un message 'un certain Bill disant qu'il possède un single de Lewis Furey sur Gamma de 1972, "Lewis is crazy" / "What a sad summer". Aussitôt, je lui réponds que je suis intéressé par des précisions, voire une copie de ce disque.

Grosse surprise quelques semaines plus tard : je reçois un email de M. John Lissauer, le producteur de , donc, de Leonard Cohen et de bien d'autres, qui me dit qu'il a peut-être une copie du premier single de Lewis, et qu'il a apprécié mon article sur Lewis Furey !!! Deux semaines plus tard, autre email de John Lissauer : il a retrouvé trois exemplaires du single "Lewis is crazy", et il se propose de m'en offrir un. Parfois, la vie peut donner l'impression de se vivre un peu comme un conte de fées...
Encore quelques jours d'attente fiévreuse, à imaginer le pire (le 45 tours arrive cassé...), et je reçois l'objet tant attendu. Un objet oui, un 45 tours à la pochette en carton orange très épais, imprimée en noir et blanc. Au recto, quelque chose qui se présente comme le dossier d'un malade de l'hôpital psychiatrique Gray Cross. Le "patient" est un très juvénile, vue la photo d'identité présentée, et le diagnostic est évidemment que "Lewis is crazy" !! Au dos, les paroles de la chanson, et un petit laïus ("Une chanson très originale par un nouveau talent canadien important"), qui pourrait donner à penser qu'on a affaire ici plutôt à un single promotionnel qu'à un disque vendu dans le commerce.

C'est très cérémonialement que j'ai placé le disque sur ma platine. La version de "Lewis is crazy" jouée ici, de 1972, est bien entendu différente de celle de l'album de 1975, mais pas tant que ça. Il n'y a pas de crédits pour les musiciens, mais le producteur est le même, et les arrangements sont proches de ceux de l'album. Mais la chanson commence et finit au piano, avec un couplet qu'on ne trouve pas dans la version de l'album. Les choeurs sont différents. Le banjo est moins présent dans le mixage, et Lewis s'adresse directement à celle qui l'a quitté ("When you left me for Billy") alors qu'il parle d'elle à la troisième personne dans la version de l'album.
Dans le couplet inédit, il est question d'un vieux basson. Ça m'a rappelé quelque chose, et j'ai sorti le premier album de Carole Laure, "Alibis", pour réécouter "Tout le monde dit", la reprise en français de "Lewis is crazy". Et là, surprise : le couplet figure dans cette version, traduit assez fidèlement par Dominique Issermann ("Dans ma maison toute craquelée (...) je prends mon vieux basson pour jouer cette triste symphonie"). Les arrangements sont très proches de ceux du single, ce qui n'est pas très surprenant, puisqu'ils sont signés John Lissauer, et que les musiciens sont les mêmes que sur la version de 1975 (y compris le bassiste Jon Miller, qui n'est présent que sur cette seule chanson d'"Alibis"). Mais cela signifie en tout cas qu'au moment d'enregistrer "Alibis" en 1979, c'est à partir de la version originale de la chanson que la traduction a été faite, pas à partir de la version de l'album.

Après cette première écoute, j'ai repris mon souffle, retourné le disque, et je me suis concentré pour écouter pour la première fois une chanson absolument inconnue d'avant le premier album. Sauf que, et je n'arrive pas à savoir si je suis un peu déçu ou pas, sauf que "What a sad summer" ne m'était pas du tout inconnue, puisqu'il s'agit tout simplement de l'une des chansons les plus marquantes de Lewis, "Louise" !!
Là encore, la version est différente, mais relativement proche de celle de l'album. L'ambiance est peut-être un peu plus dramatique ; la voix de femme ne semble pas être la même, il y a plus de choeurs et la fin est un peu plus longue, avec des répétitions "Louise... the name". L'expression "What a sad summer" est dite par Lewis au moment où la femme parle. Cette phrase ne figure pas dans la version de l'album, mais là encore j'aurais dû ne pas être trop surpris (et j'aurais pu deviner que "What a sad summer" était la même chanson que "Louise") puisque, dans le seul autre enregistrement disponible de "Louise", sur l'enregistrement en public au Théâtre de la Porte Saint-Martin en 1982, Lewis prononce bien cette phrase...

Au bout du compte, l'association de ces deux chansons est intéressante. On a l'impression qu'il pourrait s'agir de la même histoire d'amour dans les deux cas (et Lewis a expliqué lui-même que "Louise" était à propos de son premier amour). Je ne peux que remercier une fois de plus John Lissauer pour ce magnifique cadeau, et comme parfois la vie peut donner l'impression de se vivre un peu comme un conte de fées, je continue à rêver aux quatre autres singles Gamma (qui en fait n'existent pas, comme me l'a confirmé John Lissauer : 5 chansons avaient été enregistrées lors de la session qui a produit le single "Lewis si crazy", mais aucun autre disque n'est sorti sur Gamma), à la cassette vidéo de "L'Ange et la femme", aux BO inédites de Lewis Furey, dont "Jacob Two-Two and the hooded fang", etc, etc.

18 juin 2006

PRIMAL SCREAM : Higher than the sun


Offert par Creation Records en 1991
Réf : CRE 096T -- Edité par Creation en Angleterre en 1991
Support : 45 tours 30 cm
Titres : Higher than the sun 6.43 -/- Higher than the sun 6.20 (American Spring mix)

J'aime beaucoup de choses dans le long et varié parcours de Primal Scream, mais je n'ai aucun intérêt pour leurs phases rockistes, qui reviennent à intervalles réguliers, comme en 89 avec le deuxième album "Primal Scream", en 94 avec "Give out but don't give up" et tout récemment avec le nouvel album "Riot city blues", d'après ce que j'ai pu en entendre.
Le pire pour moi, ce fut ce concert au New Morning le 23 janvier 1990 avec un son "néo stoogien", le groupe en pantalons de cuir, ou pire en pantalons moulants, jambes écartées dans une posture digne de hard-rockers qui ne pouvait que me rappeler les groupes de hard de mon frère et de ses copains du quartier...
La seule lueur du concert fut quand Luke Hayes m'annonça qu'une des chansons de l'album avait été remixée par Andrew Weatherall et allait sortir en single. Je ne sais plus si j'ai eu l'occasion d'entendre "Loaded" ce jour-là, en tout cas, ça annonçait la rencontre fructueuse de Primal Scream avec le monde de la dance music.
Et "Higher than the sun" est le summum de cette rencontre fusionnelle entre les pop rockers néo-sixties et les ravers, avec le psychédélisme comme terreau commun.
Ce maxi est un disque parfait, de la superbe pochette, due à feu Paul Cannell, à la musique gravée dans les sillons, soit mes deux versions préférées de cette chanson, "Higher than the sun", joyau emblématique du psychédélisme post-house sous ectasy (dont les stars du mouvement sont presque toutes présentes sur la compilation "Give Peace a dance")
Ces deux versions sont l'intégrale de celle produite par The Orb et le "American spring mix" de Weatherall. (Il est fort dommage qu'aucune de ces deux versions ne figure sur l'album "Screamadelica", alors que la version courte de The Orb et la version "A dub symphony in two parts" de Weatherall y figurent).
Entre les sons électroniques de The Orb (Il me semble avoir lu dans une interview de The Orb qu'ils seraient eux-mêmes responsables de la majorité de la musique qu'on entend sur cette version, et je veux bien le croire), notamment la respiration de synthé grave qu'on entend à plusieurs reprises et qu'on croirait sortie de sous le casque de Darth Vader, la mélodie et le chant de Bobby Gillespie, l'osmose est parfaite.
Les paroles ("My brightest star's my inner light, let it guide me. Experience and innocence bleed inside me. Hallucinogens can open me or untie me. I drift in inner space, free of time. I find a higher state of grace in my mind (...) My soul's an oasis higher than the sun. I'm higher than the sun") pourraient raconter l'expérience utopique de milliers de rêveurs sous ecstasy. Personnellement, cette musique magique et cosmique me suffit pour planer !

17 juin 2006

JOHNNY PAYCHECK : The real Mr. Heartache - The Little Darlin' years


Acquis par correspondance chez la Country Music Foundation aux Etats-Unis en 2003
Réf : CMF-023D -- Edité par la Country Music Foundation aux Etats-Unis en 1996
Support : CD 12 cm
24 titres

C'est par l'album de T. Tex Edwards & Out On Parole intitulé "Pardon me, I've got someone to kill" que j'ai entendu parler pour la première fois de Johnny Paycheck. Figurait sur cet excellent disque la reprise de la chanson de Johnny Paycheck qui (donnait son titre à l'album. Mais la version originale, je ne l'avais jamais vue passer nulle part.
Quelques années plus tard, mon intérêt pour Paycheck a été revitalisé par une autre reprise, celle d'une autre excellente chanson, "It won't be long (And I'll be hating you)" par Go To Blazes, qui figure sur la BO du film "Kill the moonlight", au côté de titres inédits de Beck qui avaient motivé mon achat du disque (Sur le disque, ce n'est pas tout à fait le bon titre qui est donné, résultat, j'ai mis une demie-heure à retrouver le disque dans mes étagères car j'étais parti sur une fausse piste, persuadé que j'étais que cette reprise figurait sur une compilation Glitterhouse, un des labels pour lesquels Go To Blazes a enregistré).
A ce moment là, j'avais Internet à ma disposition, et j'ai fait quelques recherches. J'ai d'abord appris que ces deux chansons remontaient à la première partie de la carrière de Paycheck, avant les années 70, qui l'ont vu devenir un chanteur country populaire, notamment grâce au tube "Take this job (and shove it)" ("Prends ce boulot (et mets-toi le où je pense)", décidément, il adorait les parenthèses !).
Je me suis rendu compte également qu'il existait peu disques disponibles s'intéressant à cette partie de la discographie de Paycheck, à part cette compilation, "The real Mr. Heartache", éditée par la Country Music Foundation, qui n'était malheureusement à l'époque disponible qu'en cassette.
Après l'annonce du décès de Paycheck début 2003, j'ai refait une tentative, et j'ai enfin pu me procurer ce CD, très mal distribué, auprès de la fondation (il y est toujours disponible).
Qu'est-ce qu'on trouve sur ce disque ? Vingt-cinq chansons enregistrées entre 1964 et 1968 (la majorité sont de 66-67) pour deux labels indépendants country. Dans le lot, seule "The lovin' machine" (une référence à la masturbation, apparemment), a vraiment été un hit country, même si d'autres titres, comme "The cave" (histoire d'un gamin qui se perd dans une grotte, entend un très gros orage, et en ressort survivant d'une apocalypse nucléaire !), sont rentrés dans le Top 40.
Outre ces deux chansons, celles que je préfère sur ce disque, c'est la série de chansons anti-romantiques et pleines d'humour noir qui ont fait la réputation de Paycheck : "He's in a hurry (To get home to my wife)" ("Il est pressé (de rentrer à la maison retrouver ma femme)": il s'agit de son ex-femme en fait !), "(Pardon me) I've got someone to kill" ("(Excusez-moi) J'ai quelqu'un à aller tuer"), "It won't be long (And I'll be hating you)" ("Ça fera pas long feu (Et je te détesterai)"), "The late and great me" ("Feu le grand moi") ou "If I'm gonna sink (I might as well go to the bottom)" ("Si je dois couler (Autant aller au fond)"), etc !
Les paroles sont excellentes, vous l'avez deviné, la voix grave de Johnny Paycheck prenante, et la musique, de la country aux racines honky-tonk, aussi. Bref, le tout forme un disque que les fans de rock peuvent placer sans souci sur leurs étagères au côté des meilleurs Johnny Cash...

16 juin 2006

THE UNDERTONES : All wrapped up


Acquis au Virgin Megastore à Londres en 1983
Réf : ARD 1654283 -- Edité par Ardeck en Angleterre en 1983
Support : 2 33 tours 30 cm
30 titres

Puisqu'on parlait de "Femmes sous cellophane", en voici une qui est réellement enrubannée comme un paquet de viande sous du film alimentaire. Pauvre Cath Johnson, photographiée par Rupert Pretious, et surtout pauvres Undertones : ils venaient de se séparer au moment de la sortie de cette compilation de leurs singles, et ils n'ont probablement pas eu grand chose à voir dans la préparation de ce disque et surtout dans le choix de la pochette. Pourtant, à l'époque et encore récemment, ils se sont faits vilipender de tous côtés pour cette pochette, à tel point qu'on en oublierait presque la qualité de la musique stockée sur les sillons des disques cachés à l'intérieur de cet emballage.
J'étais à Londres quand cette compilation est parue. Il y en avait des piles au Megastore, mais je n'ai pas traîné pour l'acheter car il s'agit de l'édition limitée avec un album en bonus.
Le premier disque contient toutes les faces A des 13 singles sortis par les Undertones. Il a le classique "Teenage kicks" bien sûr, et parmi mes chansons préférées, on compte le de saison "Here comes the summer", et les singles sortis au moment de "Positive touch", mon album préféré des Undertones ("It's going to happen", "Julie Ocean", "Beautiful friend"), ainsi que "The love parade".
L'album bonus contient 17 titres qui figuraient au dos des galettes de la face A (ne manquent que les faces B supplémentaires des quelques maxis), et la prouesse c'est que ce disque est aussi bon que le premier, avec des sommets qui sont pour moi "True confessions", "Emergency cases", "She can only say no" (un "La poupée qui fait non" en haiku punky !), "Kiss in the dark", "Life's too easy", "Like that" et "Turning blue".
Depuis la parution de ce disque, plusieurs compilations CD sont venues compléter la discographie des Undertones, en reprenant plus ou moins ces mêmes titres, mais bizarrement, aucune ne s'est simplement contenté de reprendre l'intégralité des versions singles des faces A et B de leurs 45 tours. Mais bon, nous on s'en fout : on a "All wrapped up", le parfait équivalent en double album du "Singles going steady" des Buzzcocks, et pour en profiter sans se gâcher la vue, il suffit de retourner la pochette et de contempler celles des 45 tours qui sont reproduites au dos !

13 juin 2006

EDITH NYLON : Femmes sous cellophane


Acquis à Châlons-sur-Marne vers 1980
Réf : CBS 7958 -- Edité par CBS en France en 1979
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Femmes sous cellophane -/- Waldorf

Le premier album d'Edith Nylon a donné d'eux une image très forte, avec des chansons comme "Edith Nylon", "Chromosome x,o" ou "Etre automatique" : un groupe synthétique, futuriste, növö comme disait Adrien. C'était vrai pour les paroles, mais côté musique, avec deux guitares, basse et batterie (et un synthé, aussi), Edith Nylon était bien un groupe de rock, new wave certes, mais rock quand même. Mais cet impact fort du premier album les a fortement désservis : personne n'a rien compris quand est arrivé "Johnny Johnny" en 1980, leur deuxième album, avec leur photo en gros plan, tous habillés en cowboys rockabillys, pour un disque placé sous la figure tutélaire des Clash.
Entre les deux albums, deux singles sont sortis, ce 45 tours en 1979 et le maxi "Quatre essais philosophiques" en 1980.
"Femmes sous cellophane" est à mon avis l'un des tous meilleurs singles de new wave français. Le son est bien plus puissant que chez Taxi Girl, par exemple. Le titre "Edith Nylon" faisait penser au Magazine de "Real life", mais là l'influence est bien plus sensible, surtout pendant l'intro (sans qu'il soit du tout question de plagiat), et si je faisais encore de la radio je ne manquerais pas d'enchaîner "Femmes sous cellophane" avec le "Rhythm of cruelty" de Magazine. Le refrain reste bien en tête et, sans être un tube, ce titre est pas mal passé en radio, même s'il s'est peut-être surtout vendu comme bonus, sous cellophane bien sûr, à l'album "Edith Nylon" repromotionné pour l'occasion.
La face B, "Waldorf", est très bonne aussi, avec un petit côté Wire cette fois. C'est l'occasion d'ailleurs de donner un coup de chapeau au réalisateur du disque, Patrice Fabien, également responsable de la production du "Moderne musique" de WC3/A trois dans les WC.
Personnellement, j'ai un petit regret que les sessions de "Femmes sous cellophane" et "Quatre essais philosophiques" n'aient pas été utilisées à l'époque comme base à un deuxième album. Mais on retrouve presque tous ces titres, sauf un, sur la réédition CD de l'album "Edith Nylon", sortie en 2001, mais déjà plus disponible.

12 juin 2006

GIVE PEACE A DANCE : A CND COMPILATION


Acquis probablement chez Danceteria/Rough Trade à Paris en 1991
Réf : DISARM 2 CD -- Edité par Beechwood Music en Angleterre en 1991
Support : 2 CD 12 cm
29 titres

Les bonnes compilations, qu'elles soient remplies de bonnes intentions ou non, sont plutôt rares. Celle-ci, publiée au profit du CND britannique (Campagne pour le désarmement nucléaire), fait partie de celles qui sont excellentes.
Les intentions sont bonnes, certes, puisqu'il s'agissait de lever des fonds en soutien au CND pour protester contre la course aux armements, qui perdurait après la fin de la guerre froide, et se reportait, déjà, sur de nouveaux terrains d'opération en Irak, avec le pétrole et la religion comme décor à l'exercice de la virilité militaire.
Du côté musical, cette compilation livre un instantané parfait de la scène "dance" britannique (principalement), à un moment particulier où elle dominait le paysage musical du pays, juste après la période house, le phénomène rave et la folie Madchester, en plein succès des têtes de file comme The KLF et Primal Scream, au moment où pas un groupe "rock" ne sortait de single sans son remix "dance", qu'il soit signé par Andrew Weatherall ou un autre des DJs vedettes.
On retrouve tous les grands noms du genre ici, des Shamen à KLF, de Coldcut à The Orb, en, passant par S'Express et des Massive Attack débutants, rebaptisés simplement Massive pour cause de première guerre d'Irak.
Pour schématiser très grossièrement, il y a stylistiquement et dans cet ordre quatre grandes parties dans la compilation : techno-reggae, rap britannique, musique ambiante et techno.
Ma préférence va à la première moitié du premier disque, qui fait la part belle à un reggae synthétique, représenté notamment par deux titres produits par Norman Cook (entre les Housemartins et Fatboy Slim, il était dans sa phase Beats International) et trois par Adrian Sherwood. Le "Stop this crazy thing" de Coldcut, qui date de 1988, semble avoir été écrit par l'occasion. La séquence rap est moins à mon goût, mais elle reste un bon témoignage historique de ces groupes prometteurs (Hoodlum Priest, Ruthless Rap Assassins) qui n'ont finalement jamais vraiment décollé.
L' "ambient" n'est pas trop ma tasse de thé non plus, mais la séquence démarre avec un chef d'oeuvre indiscutable, un mix du "Little fluffy clouds" de The Orb, et elle fait la part belle aux influences kraftwerkiennes (Kraftwerk sont les grands absents de ce disque, alors qu'ils ont par ailleurs soutenu des causes anti-nucléaires, notamment Greenpeace à Sellafield en 1992) sans s'aventurer dans les contrées néo-hippies synthétiques.
Côté techno, mes titres préférés sont l'abeille sautillante de The Scientist ("The bee") et le "Mr Kirk's nightmare" de 4 Hero.
Pour finir, on a même droit à une version inédite par ailleurs du "What time is love" de The KLF, rebaptisée "What time was love", mais comme souvent avec The KLF c'est plus une blague qu'un titre indispensable que les fans devraient chercher absolument à se procurer (Disons qu'on aurait pu l'appeler le "Après la bombe" mix...).
A l'époque, j'ai joué énormément d'extraits de cette compilation dans l'émission Vivonzeureux! sur La Radio Primitive. Elle fait partie des quelques disques fondateurs de ce que j'avais appelé la hip-pop optimiste.

09 juin 2006

ANTHONY MORE : Judy


Acquis dans l'un des Record & Tape Exchange de Londres vers 1984
Réf : HMGS 10 -- Edité par Quango en Angleterre en 1980
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Judy -/- Lucia

Au tout début des années 1980, Anthony More a visiblement essayé de toucher le grand public. Après avoir sorti en 1979 ce que tout le monde considère comme son meilleur album solo, "Flying doesn't help", il a édité ce single, puis le single "World service", deux fois dans deux versions différentes. Porté par le succès de Paul Young, dont il avait composé le morceau-titre, "No parlez", il a même ensuite signé chez une major, Parlophone, mais n'a jamais rencontré de grand succès sous nom.
Il faut dire que, tout en essayant de le séduire, il a tout fait pour égarer le public. Son nom, d'abord. Un coup c'est "More", un coup c'est "Moore", sans parler des fois où "Anthony" devient "A." ou "Tony", comme sur la pochette de ce single. La pochette de ce single, d'ailleurs est un très bon exemple, il faut la retourner dans tous les sens et avoir de la suite dans les idées pour y lire "Tony More", "Judy" et "Lucia". D'ailleurs, il est quasiment impossible de déterminer quel titre est en face A. J'ai dû me reporter aux numéros de matrice gravés au centre du disque pour placer "Judy" en face A, ce qui explique que Little Hits puisse ne pas être d'accord avec moi sur ce point (ça ne m'a pas empêché de leur piquer la photo de la pochette !).
Mais après avoir tenté d'égarer tout le monde, Anthony Moore livre ici un 45 tours excellent et très accessible.
"Judy" est la même chanson, dans la même version, que le "Judy get down" de "Flying doesn't help" (pour faire simple...), simplement amputée de l'intro instrumentale qui figure avant toutes les chansons de l'album. More est souvent comparé à Bowie. Si on devait garder cette comparaison pour cette chanson, il faudrait se référer au Bowie de "Lodger", sorti au même moment. Avec ce son un peu new wave, cette basse en avant, et les choeurs réussis sur le refrain.
"Lucia" porte le même titre que la même chanson sur l'album, mais il s'agit d'une toute nouvelle version. Beaucoup plus rock et électrique, elle me fait beaucoup penser dans l'esprit à l'album live "Sabotage" de John Cale. Et c'est plein d'humour noir, le refrain étant "Lucia, je creuse ta tombe"...
Une anecdote pour finir. L'album suivant de More s'appelait "World service". Il a été réédité il y a quelques années, mais sans prévenir personne et surtout sans le mentionner dans les notes de pochette, Moore a remplacé la plupart des versions originales par des versions alternatives et nouvelles. Et il y a inclus une version de "Lucia" intitulée "Lucia still alive", alors qu'aucune version de "Lucia" n'apparaissait sur l'album original. Je ne l'ai pas écoutée, mais m'est avis que cette Lucia toujours vivante est la même que celle qu'on enterrait en face B de ce single !

06 juin 2006

MOMUS : The poison boyfriend


Offert par Creation Records en 1988
Réf : CRE LP 021 -- Edité par Creation en Angleterre en 1987
Support : 33 tours 30 cm
8 titres

"The poison boyfriend" est le second album de Momus, et son premier pour Creation. Pour moi, il restera toujours associé à la tournée française que Momus a faite en février 1988 pour la promotion de cet album, en première partie de Biff, Bang, Pow !. Si cette tournée a été une catastrophe par bien des aspects, je garde un très bon souvenir des balances et des concerts de Momus auxquels j'ai assistés, pendant lesquels je buvais littéralement ses paroles pour essayer de les comprendre.
Sur le disque, Momus est accompagné d'un groupe tout au long, mais pour la tournée il jouait en solo avec sa guitare acoustique. Et chaque soir, son set était marqué par trois chansons particulièrement : "I was a maoist intellectual" et "Bishonen" (alors inédites, mais qui figurent sur "Tender pervert", sorti en 1988), et "Sex for the disabled", qu'on retrouve ici, et qui est de loin le monument du disque.
Le 14 février 1988 (ou le 13), pour faire la promotion du concert à la M.J.C. Claudel de Reims, Momus a participé à l'émission du midi de FR3 Champagne-Ardenne. J'ai traduit l'interview de Momus par l'animateur, dans le super décor de l'émission avec ses hauts tabourets jaunes, et Momus a enregistré en playback un clip d'une des chansons du disque. Il s'est fait un plaisir de sélectionner "Sex for the disabled" pour cette prestation, cette parabole sur la diversité des années Thatcher qui, à mon avis, concentre en quelques minutes l'essence même du propos de Jonathan Coe dans ses deux derniers romans, "Bienvenue au club" et "Le cercle fermé". Vu la pudibonderie de la télé anglaise à l'époque, il aurait sûrement été impossible pour lui de jouer cette chanson sur une télévision anglaise...
Quelques jours plus tôt à Rennes, Momus avait enregistré une autre chanson ("I was a maoist intellectual" je crois) pour "Décibels", l'émisssion de Jean-Lou Janeir.
L'album dans son ensemble est loin d'être parfait. Outre "Sex for the disabled", j'aimais beaucoup "Closer to you" à l'époque, mais moins maintenant. Les deux premiers titres du disque, "The gatecrasher" et "Violets", sont excellents, mais j'accroche moins aux autres.

Deux documents :

Momus devant le programme surréaliste de la journée du 6 février 1988 au parc des expositions de La Roche sur Yon.
Oui, l'animation coiffure par le salon Diminu'tif a bien eu lieu pendant le concert acoustique de Momus, et oui l'animateur avait bien un micro et une sono très forte pour annoncer et commenter cette animation.

Momus en concert dans une boite de Sète le 12 février 1988.
Cette boite au décor et à la programmation rétro sixties était parfaite pour accueillir un concert de Biff, Bang, Pow ! Elle convenait beaucoup moins bien pour Momus. Dommage, car Biff, Bang, Pow ! avait quitté prématurément la tournée la veille, et Momus a malgré tout assuré courageusement son concert.

05 juin 2006

THE HALO BENDERS : Don't touch my bikini


Acquis dans l'un des Record & Tape Exchange de Londres en 1995
Réf : BLAZE 82CD -- Edité par Fire/K en Angleterre en 1995
Support : CD 12 cm
Titres : Don't touch my bikini -- Please please let me -- Comet tailings

Je n'ai toujours pas grand chose à changer à ce que j'ai écrit sur les Halo Benders il y a environ dix ans et un jour maintenant, dans le n° 3 du fanzine Vivonzeureux!.
J'ai acheté ce CD à peu près au même moment que l'édition en 45 tours du même titre, "Don't touch my bikini", dans la même version. Ce qui est très surprenant, c'est que Fire ait sorti en Angleterre la même année des deux éditions complètement différentes, qui n'ont strictement rien à voir entre elles. En plus, le nom du groupe a gagné un "The" entre les deux éditions, et le titre de la reprise des Smiths a été écourté.
On voit plus le lien avec l'album "God don't make no junk", dont ce single est extrait car les deux pochettes sont les mêmes dans des couleurs différentes. Ce single contient quand même deux titres inédits en album, la reprise des Smiths, donc, et "Comet tailings", qui est sur l'album, mais dans une version différente, et sous un autre titre, "I can't believe it's true".

04 juin 2006

HALO BENDERS : Spawning monsters


Acquis chez Rough Trade à Londres en 1995
Réf : 7SM 5 -- Edité par Fire/K en Angleterre en 1995
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Don't touch my bikini -/- Please please please let me get what I want

Je n'ai pas grand chose à changer à ce que j'ai écrit sur les Halo Benders il y a dix ans maintenant, dans le n° 3 du fanzine Vivonzeureux!.
Je pense que j'ai acheté ce 45 tours alors que j'avais déjà l'album "God don't make no junk" en CD, et peut-être bien aussi l'édition en CD single, qui comprend les deux faces de ce 45 tours. Mais bon, ce disque en édition limitée n'était pas trop cher, et c'est un bel objet, avec sa pochette transparente et son vinyl vert. Et la musique est excellente bien sûr, et les Halo Benders étaient parmi mes groupes préférés cette année-là !
Ce qui est vraiment surprenant, c'est que Fire ait sorti en Angleterre la même année deux éditions complètement différentes de la même version de "Don't touch my bikini", celle-ci et celle en CD single, qui n'ont strictement rien à voir entre elles : aucun lien entre les illustrations de pochette et la référence catalogue, contrairement à l'habitude.

03 juin 2006

MR. PARTRIDGE : Take away / The Lure of salvage



Acquis à La Clé de Sol à Châlons-sur-Marne en 1980
Réf : V2145 -- Edité par Virgin en Angleterre en 1980
Support : 33 tours 30 cm
11 titres

Je crois que j'ai fait la connaissance d'XTC quand ils ont joué live pour Chorus fin 78/début 79 (A quand la rediffusion ou la mise à disposition sur le réseau de tous ces concerts Chorus ? Devo, Magazine, XTC, Iggy Pop, Higelin, etc. ?). Cet album solo est lui sorti quelques mois après ce qui s'avère être ma période préférée du groupe, celle qui va de "Go 2" à "Drums and wires", en passant par "Making plans for Nigel" et "Life begins at the Hop".

Comme la maison de disque française à l'époque n'avait pas jugé bon d'inclure le EP "Go +", fourni avec les premières copies anglaises de "Go 2", je ne savais pas du tout à quoi m'attendre quand j'ai écouté pour la première fois ce "Take away/The lure of salvage", puisque le principe est le même que pour "Go +" : prendre des enregistrements de XTC, les triturer en studio dans un esprit électro-dub, éventuellement rechanter dessus et en faire de nouveaux titres. Le tout est emballé dans une pochette très réussie, due à Andy Partridge et Pearce Marchbank, graphiste réputé pour ses couvertures du magazine londonien "Time out".

 C'est donc ce qu'a fait Andy Partridge ici, pour son premier album solo. Et quand ses bidouillages fonctionnent, ça donne de superbes réussites qui auraient pu figurer sur des disques d'XTC : "Commerciality", "Cairo", "I sit in the snow", "New broom".
Quand ça marche moins bien, rien de catastrophique, ça donne au pire des musiques d'ambiance ou des instrumentaux synthétiques (comme "Work away Toyo day", qui fut en 1982 l'indicatif de ma première émission de radio, "Camisole", animée avec Philippe R. sur Reims Radio FM, future Radio Primitive). Et il y aussi cet ovni, "The forgotten language of light", où Andy Partridge nous emmène en Afrique, avec une bande sonore adéquate et une performance vocale impressionnante (Il faut se souvenir que cet album est certes sorti après le "I zimbra" de Talking Heads, mais avant le "My life in the bush of ghosts" d'Eno et Byrne.

 De nos jours, avec une connexion à internet, il ne faut pas plus de trente secondes pour trouver la liste des correspondances entre les morceaux originaux de ce disque et les titres de "Take away". Mais à l'époque, c'était un vrai mystère, et ça m'interrogeait assez pour que je prenne ma plume pour écrire à XTC (probablement en 1982). Andy Partridge a eu la gentillesse de répondre quelques mois plus tard, en avril 1983 (voir ci-dessous, cliquer sur la lettre pour l'agrandir). La référence à Simple Minds est une réponse à une question que je me posais : j'étais persuadé d'entendre sa voix sur "Veldt", un titre de l'album "Real to reel cacophony de Simple minds", produit par John Leckie, également producteur des deux premiers albums de XTC.




"Take away/The lure of salvage" est disponible en CD depuis plusieurs années, avec son compagnon "Go +", mais il est désormais crédité à XTC et disponible sous le titre "Explode together".

01 juin 2006

THE MARQUIS DE TREN & BONNY "PRINCE" BILLY : Get on jolly


Acquis par correspondance chez Action Records en Angleterre en 2000
Réf : RUG109CD -- Edité par Domino en Angleterre en 2000
Support : CD 12 cm
6 titres

La discographie de Will Oldham part dans tous les sens, mais toutes ses productions sont au minimum intéressantes, et souvent excellentes. Comme ce disque, en collaboration avec Mick Turner (de Dirty Three et de plein d'autres projets, dont Bonnevill), qui avait pourtant au départ tout pour me faire fuir, moi qui craint tout ce qui peut rappeler les errements hippies.
D'abord, il y a la pochette, qui représente un chromo d'un temple indien, et le concept général, des adaptations chantées et mises en musique de poèmes lyriques de Rabindranâth Tagore, extraits de son oeuvre "Gitanjali", traduite en français en 1913 par André Gide sous le tire "L'offrande lyrique". Il y la musique, ensuite, qui procède par petites touches impressionnistes, à l'aide de notes de guitare, de basse, d'orgue à pompe, avec des passages à l'envers qui font un peu orientaux/psychédéliques. Et la voix, plus proche de la simple diction que du chant, sans jamais tomber dans la simple déclamation.
Malgré tout ces handicaps, ce disque fonctionne et est une réussite. Certes, ce n'est pas du rock, ni de la pop, mais ce n'est pas non plus de l'expérimentalisme abscons. Disons que, dans mon monde, je peux trouver des points de comparaison chez Wyatt ou Nico, voire même chez James Yorkston, que j'ai vu sur scène en duo avec un gars qui jouait de l'orgue à pompe, lui aussi.
Un très bon disque, donc, pas parfait, mais qui aurait pu l'être à mon goût si tout le disque m'avait plu autant que les deux derniers titres, qui ont tous les deux un peu plus de batterie et de mélodie (ceci expliquant peut-être cela !).