07 novembre 2010

PRIMAL SCREAM : Loaded E.P.


Acquis neuf en 1990
Réf : CRE 070 T -- Edité par Creation en Angleterre en 1990
Support : 45 tours 30 cm
Titres : Loaded -/- I'm losing more than I'll ever have -- Ramblin' rose (Live N.Y.C.)

Le 23 janvier 1990, Primal Scream a joué au New Morning à Paris. Un concert assez affligeant de mon point de vue, le groupe que j'avais vu quatre ans plus tôt en pleine obsession pop sixties ayant entre-temps, comme une bonne partie des troupes de Creation, adopté une attitude rockiste avec futals en cuir et même - pire - pantalon moulant en spandex pour les guitaristes, et solos de guitare quasi heavy metal à l'avenant. La version live de Ramblin' rose proposée ici en face B, modelée sur celle du MC5 je n'en doute pas, est un témoignage de cette tournée. Ce n'est absolument pas ma tasse de thé.
Cette tournée servait à la promotion de Primal Scream, le deuxième album du groupe. Je me souviens que mon titre préféré due ces sessions était I got you split wide open over me, avec une mélodie pop dans le style des débuts du groupe boostée et habillée d'électricité rock adosée de façon supportable. Mais ce titre rappelait sûrement un peu trop la noisy pop de 1986, c'est sûrement pour ça qu'il a été relégué en face B du single Ivy ivy ivy.
Aujourd'hui cependant, quand je réécoute I'm losing more than I'll ever have, proposée ici dans une version légèrement remixée par Pat Collier (le patron d'Alaska Studios, là où tous les premiers disques Creation ont été enregistrés), je me dis que cette chanson est sûrement ce qu'ils ont fait de mieux à l'époque. Certes, la voix de Bobbie Gillespie manque de coffre et de profondeur pour interpréter une ballade soul de cet acabit, ce qui me gênait déjà à l'époque, mais, des bongos à la ligne de basse en passant par la guitare slide, le piano et les cuivres à la fin, l'arrangement est très réussi. On sent bien que les disques d'Aretha Franklin et Otis Redding qu'Andrew Innes avait chez lui en 1987 quand nous avons enregistré Bébé Tchernobyl ont été une importante source d'inspiration.
A la fin du concert du New Morning, Luke Hayes, de Chromatone Design (C'est lui qui a pris les photos de pochette de ce disque) et de Revolving Paint Dream, qui participait à la tournée en tant que chauffeur et technicien son (lui et Dave Evans, de Biff, Bang, Pow !, l'ont souvent fait pour The Jesus and Mary Chain et Primal Scream dans ces années-là), m'a annoncé qu'un très bon remix de I'm losing more than I'll ever have par Andrew Weatherall allait bientôt sortir en maxi. Ce remix a tellement transformé la chanson qu'elle est devenue Loaded, un single qui a inauguré de manière magistrale les années 90, une réussite du psychédélisme ecstatique des années rave qui a mis Primal Scream sur le chemin de son album Screamadelica.
Sans nier le rôle essentiel d'Andrew Weatherall dans cette réussite, il apparait aujourd'hui, à la lumière des articles d'Uncut, en 1999 et dans le numéro daté de décembre 2010, et du Guardian, qu'Andrew Innes, le sorcier fou de Revolving Paint Dream et Biff, Bang, Pow ! et l'architecte sonore de Primal Scream depuis 1987, a joué un rôle non négligeable dans la transformation de I'm losing more... en Loaded.
On apprend ainsi que c'est lui qui a proposé le remix à Weatherall et qu'il en a retoqué une première version trop timide qui se contentait d'accentuer la rythmique. Et si Weatherall a bien fourni les samples de batterie, c'est Andrew qui a amené une cassette vidéo du film The wild angels pour en tirer les fameux dialogues "- Just what is it that you want to do? - We want to be free to do what we want to do... we want to get loaded and we want to have a good time". Et même, vus les moyens techniques rudimentaires à leur disposition, c'est lui qui a joué avec les touches "Play" et "Pause" du magnétoscope pour insérer les extraits au bon moment quand Weatherall a enregistré son remix !
Loaded a rendu possibles sur les singles Come together, Higher than the sun (Le coup de maître de Primal Scream) et Don't fight it feel it, rassemblés en 1991 sur l'album Screamadelica, un disque emblématique de l'impact des raves et de l'ecstasy sur le monde du rock, un classique qui souffre de son côté compilation et de son hétérogénéité, ce qui fait que je suis à peu près incapable de l'écouter de bout en bout. Et pourtant, vingt ans après et suivant en cela une vogue qui a cours depuis plusieurs années maintenant,  Primal Scream vient de reprendre la route (à guichets fermés en Angleterre) pour une tournée mondiale au cours de laquelle ils vont interpréter Screamadelica en intégralité. En dehors du succès commercial quasi-assuré, je ne vois vraiment pas l'intérêt d'un tel projet. D'autant plus que j'ai assisté à l'étape parisienne de la tournée originale de Screamadelica le 19 janvier 1992 et que je n'en garde pas un souvenir particulièrement fort.
Certes, le concert de l'Elysée Montmartre fut bien meilleur que celui qui avait eu lieu deux ans plus tôt presque jour pour jour au New Morning, mais ce ne fut pas la grande expérience espérée. J'ai apprécié les meilleurs des nouveaux titres, il y avait quelques projections, mais j'étais assez loin de la scène dans une salle bien pleine et ce ne fut pas un concert inoubliable.
L' "after" qui a suivi au Rex fut carrément un non-événement. Il y avait un DJ connu (Weatherall ou pas, je ne sais plus) pour une vague ambiance de discothèque. J'ai attendu assez longtemps que les membres de Primal Scream se pointent. Ils ont peut-être fini par arriver, mais moi je n'y étais plus vu que j'avais 150 km de route à faire avant d'aller bosser le lendemain matin !
Je ne serai donc pas aux concerts de 2010/2011. Je préfère de loin m'éclater sur ceux des disques de Primal Scream qui n'ont pas pris une ride, comme ce Loaded ou Higher than the sun.

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