30 juillet 2010

THE BOX TOPS : The letter


Offert par Philippe R. à Ludes à la fin des années 1980
Réf : FSS 507 -- Edité par Stateside en France en 1967
Support : 45 tours 17 cm
Titres : The letter -/- Happy times

Ce disque fait partie des quelques-uns que Philippe achète à chaque fois qu'il tombe dessus et offre autour de lui à qui peut en faire bon usage. Un autre de ces disques est le Why can't we live together de Timmy Thomas : j'ai aussi eu droit à mon exemplaire, mais je préfère de loin ce 45 tours des Box Tops.
En tout cas, au moment où Philippe m'a offert ce disque j'avais bien besoin de faire mon éducation en ce qui concerne le premier groupe d'Alex Chilton. Certes, je connaissais la chanson The letter grâce à une reprise par Pianosaurus, mais je ne connaissais pas du tout la version originale de ce tube de 1967, et même, j'avais une forte tendance à confondre Box Tops et Four Tops.
Je ne vais pas m'amuser à disséquer ce classique de la pop qu'est The letter, mais disons que c'est un monument d'évidence et de simplicité. Le type est très pressé d'aller retrouver sa dulcinée ? La chanson est bouclée en moins de deux minutes, de l'achat d'un billet d'avion au décollage de l'aéroplane qui interrompt brusquement le tout. La basse, l'orgue et la guitare sont très bien et même les violons qui ont été ajoutés restent à peu près discrets. L'atout principal de la chanson est quand même le chant d'Alex Chilton, qui donne vie à ces paroles toutes simples ("Give me a ticket for an aeroplane, I ain't got time to take a fast train").
La face B, Happy times, est sympa, avec grosso modo les mêmes ingrédients, mais elle n'a rien d'exceptionnel. D'ailleurs, de ce que j'en connais (quelques 45 tours glanés au fil des années et une compilation CD écoutée récemment), rien dans la discographie des Box Tops n'approche le coup de génie de The letter. Seul Soul deep m'a un peu plus accroché l'oreille.
Après la mort d'Alex Chilton en mars dernier, j'étais tombé sur l'enregistrement d'époque ci-dessous où les Box Tops miment The letter pour une émission de télé. J'aime beaucoup la petite danse que Chilton entame tout à la fin avec son tambourin. Non seulement, il avait une voix surprenante pour un gars de 17-18 ans, mais même physiquement il ne faisait pas si jeune. J'aime aussi beaucoup l'organiste qui fait le con en montrant bien qu'il n'est pas en train de jouer.

28 juillet 2010

JONATHAN RICHMAN & THE MODERN LOVERS: My little Kookenhaken


Acquis par correspondance via eBay aux Pays-bas fin décembre 2009
Réf : 11 819 -- Edité par Beserkley au Benelux en 1978
Support : 45 tours 17 cm
Titres : My little Kookenhaken -/- Roadrunner (Thrice)

L'idée en achetant ce disque c'était simplement de me faire un petit cadeau de fin d'année en m'offrant une curiosité. Je ne vais pas essayer de prétendre que c'était pour la musique, vu que j'ai depuis longtemps les deux faces de ce 45 tours sur d'autres disques, mais bon, la pochette est inédite et se suffit à elle-même.
Je n'irai même pas jusqu'à prétendre que je trouve cette pochette belle ou réussie. Non, je trouve même que Jonathan n'est pas du tout à son avantage avec cette fine moustache. Sur la pochette de l'album Modern Lovers live ! (album d'où est tirée la face A) ça passait encore à peu près, car la photo était prise de loin et la chemise blanche lui donnait un petit air d'hidalgo, mais là, avec ce gros plan ingrat... Je préfère le bouc poivre et sel qu'il arbore depuis quelques années. Mais sinon, question look, rappelez-vous que c'est à cette époque que Jonathan arborait le jean coupé en short et les chaussettes de foot remontées jusqu'aux genoux !
Ces considérations esthétiques évacuées, réjouissons-nous quand même d'avoir deux morceaux de musique excellents sur ce disque. Ce n'est pas pour rien que Modern Lovers live ! est l'un de mes albums live préférés. Il faut dire que pour une fois le fan ne se sent pas volé car quatre des neuf titres, tous excellents, n'ont jamais été publiés ailleurs par Jonathan Richman. Il s'agit de I'm a little dinosaur, Morning of our lives, I'm a little airplane et My little Kookenhaken. Chacune de ces chansons aurait fait une excellente face A de 45 tours. En Angleterre, le label a sélectionné Morning of our lives (et aussi pour un autre 45 tours New England, un titre du premier album). C'est une très belle chanson, que j'apprécie énormément, mais un choix courageux de single car ce n'est pas un titre facile. Au Benelux, le label a opté pour My little Kookenhaken, parce que la chanson est plus enjouée sûrement, mais peut-être aussi parce que le mot inventé "Kookenhaken" a une consonnance assez proche du néerlandais, il me semble. Et toute la chanson est basée sur ce mot. Il faut entendre le public éclater de rire quand Jonathan explique, après l'avoir prononcé une première fois : "Vous ne savez pas ce que ce mot veut dire". "Moi non plus" précise-t-il ensuite, mais une petite voix le fait sonner à ses oreilles à chaque fois que son coeur trouve une reine. La première fois, il avait cinq ans, et avec ce souvenir d'enfance on est dans des thèmes proches de That Summer feeling, Not yet three ou Ice cream man. Musicalement, les Modern Lovers (Leroy Radcliffe, Asa Brebner et D. Sharpe) sont parfaits. L'interprétation est fine et légère et vocalement ils s'y mettent tous les quatre pour nous chanter les "Kookenhaken".
La face B, Roadrunner, est la même que celle du 45 tours anglais Morning of our lives. Elle est dite "Thrice" car c'est la troisième officiellement éditée : la "Once", éditée en 1976, date de l'époque des Modern Lovers première époque, lors des sessions avec John Cale vers 1971-1972 et la "Twice" a été publiée sur la compilation Berserkley chartbusters en 1975. Celle-ci est issue de la série de concerts enregistrée pour l'album et elle prend tout son temps pour nous emmener combattre la solitude en ballade sur les routes du Massachussets par une froide nuit : plus de huit minutes pour une version sereine où les deux guitares supplantent sans problème l'orgue absent de Jerry Harrison. Mais même sans clavier, c'est à un autre de mes albums live préférés, où l'orgue est pourtant très présent, que Roadrunner (Thrice) me fait penser, le Live 1969 du Velvet.
Ce n'est pas tous les jours que je vais acheter des disques uniquement pour leur pochette, mais je ne le regrette pas car au bout du compte ce disque ne dépare pas dans ma collection de 45 tours de Jonathan Richman.

27 juillet 2010

NICK HORNBY : Juliet, naked


Acquis dans une boutique de la British Heart Foundation à Southampton le 21 mai 2010
Réf : 978-0-141-02064-8 -- Edité par Penguin en Angleterre en 2010
Support : 249 p. 17 cm
15 titres

L'un de mes objectifs lors de ce séjour en Angleterre était d'en revenir avec un exemplaire pas cher du dernier roman de Nick Hornby. Il faut dire que ses livres se vendent tellement bien qu'on trouve souvent dans les boutiques de charité High fidelity ou About a boy à un prix dérisoire. Mais là, je n'avais pas réalisé que l'édition en poche de Juliet, naked venait de sortir depuis quelques semaines à peine et n'avait pas eu le temps de rejoindre les étagères de livres d'occasion. J'ai quand même fini par avoir un coup de chance et par le trouver, juste après le 45 tours de Chuck Berry, dans la belle et grande boutique de la British Heart Foundation de Souhampton, dont le rayon livres était presque digne d'une librairie.
En bon fan de musique, Haute fidélité a intégré dès que j'ai eu fini de le lire la liste de mes romans préférés. Par la suite, j'ai lu la plupart des autres livres de Hornby au fil des bonnes affaires. J'ai bien aimé About a boy, trouvé How to be good ? un peu bancal, pas lu Fever pitch et bien sûr lappé les chroniques de 31 songs.
Si je tenais à me procurer assez rapidement Juliet, naked, c'est que j'avais lu quelques critiques qui expliquaient que, comme pour Haute fidélité, la musique tenait une place importante dans ce nouveau roman. C'est effectivement le cas, même si les thèmes principaux tournent plus sûrement autour du sentiment d'avoir (ou pas) gâché sa vie, de la question d'avoir (ou pas) des enfants et d'avoir assumé (ou non) leur éducation. Et aussi, quand même beaucoup, autour des relations entre les stars du rock et leurs fans.
Quinze ans ont passé depuis Haute fidélité, qui mettait en scène le collectionneur de disques obsédé des années 80 et 90. Depuis, les disquaires sont pour la plupart au cimetière du petit commerce et Juliet, naked réussit très habilement à mettre en scène les pratiques des amateurs de musique des années 2000 : les forums et groupes de discussion, les sites de fans, l'achat en ligne et le téléchargement. Grâce au net, les fans d'une vedette peuvent partager rapidement à l'échelle mondiale leurs opinions sur l'album de démos inédit d'une vedette recluse des années 80. Grâce au net, cet américain peut se retrouver en quelques semaines dans une ville paumée du nord de l'Angleterre. Et grâce à Nick Hornby, plutôt un très bon écrivain, dont les livres sont souvent très drôles, on peut lire un roman en ayant l'impression qu'il a été écrit par un pote qui vit la musique en passionné et au quotidien, et qui a des goûts proches des nôtres en plus ! Que le cadre de références culturelles de Juliet, naked recoupe à peu près exactement les miennes, ça a renforcé mon plaisir de lecture de façon exponentielle. A part Haute fidélité, et dans une moindre mesure The song reader,  la seule fois où ça m'est arrivé ces dernières années c'était avec Bienvenue au club (The rotters' club) de Jonathan Coe.

Juliet, naked est édité en français chez 10-18.

26 juillet 2010

LIPPS, INC : Funky town


Acquis chez Troc.com à Tournai le 20 mars 2010
Réf : NB 2233 -- Edité par Casablanca aux Etats-Unis en 1979
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Funky town -/- All night dancing

Parmi les 45 tours à 25 centimes achetés chez Troc.com au mois de mars, il y avait celui-ci, avec le fameux tube de Lipps, Inc. Je l'ai pris parce qu'il était en parfait état, parce que la pochette n'était pas la pochette habituelle (je pensais qu'il s'agissait d'une de ces pochettes - souvent moches - spécifiques au Benelux, mais il s'agit bel et bien d'un pressage américain) et aussi parce que, au fil du temps depuis 1979, Funky town a peu à peu remonté dans mon estime.
A l'époque, autant j'ai beaucoup apprécié un autre tube qui en est proche musicalement, le Pop muzik de M, autant Funky town n'était pour moi qu'un de ces truc matraqués à la radio, même si je le trouvais quand même plus supportable que d'autres avec son gimmick super-simple mais très accrocheur de quelques notes jouées d'un doigt au synthé et son refrain très enlevé.
Mais en entendant régulièrement ce titre à la radio ces dernières années, j'ai fini par y reconnaître des sons synthétiques quasi new wave (séquenceur, vocoder) qui ne peuvent que me plaire. Et puis, autant je ne suis pas un fan de funk en tant que tel, autant les différents éléments qui en sont utilisés ici (la basse élastique, la guitare rythmique,...), très dissociés les uns des autres, le sont d'une façon qui convient parfaitement à mes oreilles.
Et puis, un matin de la semaine dernière, j'étais en plein rasage quand les infos régionales se sont terminées si bien que je n'ai pas eu le temps d'éteindre la radio. Coup de chance, au lieu d'un Michel Sardou comme c'est souvent le cas, c'est Lipps, Inc qui est passé, et là, en entendant le violon sur le refrain, j'ai eu une petite révélation : ce qui me plait dans Funky town c'est que la disco-funk y est digérée et régurgitée à peu près de façon qu'elle l'est chez Kraftwerk, distancée, minimale et synthétique. Bon, je préfère toujours largement The robots à Funky town, mais il y a trente ans je n'aurais carrément jamais pensé à associer les deux dans la même phrase !

25 juillet 2010

THE WALKABOUTS : Lift your burdens up


Acquis par correspondance chez Glitterhouse en Allemagne en juillet 2010
Réf : LC3098 -- Edité par Virgin en Allemagne en 1997
Support : CD 12 cm
Titre : Lift your burdens up

J'ai repéré ce CD single en solde chez Glitterhouse. L'annonce précisait que le disque était découpé (suivant la forme de la caisse du violoncelle et de son archet). Le disque est logé dans un emballage cartonné ouvrant de la taille d'un longbox. Ce n'est pas expressément écrit, ni sur le disque ni sur la pochette, mais il est évident que ce disque a été édité à des fins de promotion à l'occasion de la tournée des Walkabouts avec le Nighttown Orchestra, qui les a menés en juin 1997 d'Amsterdam à Hambourg, en passant par Paris, Athènes, Londres, Bruxelles et Berlin. Le site consacré aux Walkabouts le confirme, tout en indiquant par ailleurs que le disque était aussi en vente lors de ces concerts de 1997.
Cette tournée a dû être une grosse affaire, associant les six membres des Walkabouts, treize musiciens de l'orchestre et des intervenants dans les différentes villes (écrivains, artistes visuels...).
J'aime beaucoup la voix de Carla Togerson, qui chante ici, mais quand Chris Eckman chante, j'aime bien aussi. Du coup, je n'ai jamais pu déterminer si je préfère l'un des deux chanteurs et c'est très bien comme ça !
Lift your burdens up est extrait de l'album Nighttown, qui se situe au coeur de la période finalement assez courte que j'aime vraiment beaucoup de la carrière des Walkabouts. Cette période, qui pourrait aller de The light will stay on en 1996 sur Devil's road à l'album Trail of stars en 1999 (en incluant l'excellent album Swinger 500 de Chris & Carla), se caractérise notamment par une utilisation prononcée mais bien dosée de musique orchestrale, à la façon des Tindersticks, à tel point qu'on peut se demander si la collaboration de Carla Togerson avec les anglais sur Travelling light en 1995 n'a pas eu un impact déterminant sur la direction musicale du groupe.
Cette tournée très ambitieuse de 1997 a dû coûter très cher et a sûrement été déficitaire. Cela, et des ventes décevantes je suppose, a peut-être convaincu Virgin d'arrêter les frais avec les Walkabouts : la sortie commerciale du single Lift your burdens up a été annulée au dernier moment, tout comme celle d'un autre single avec Immaculate en titre principal et les trois mêmes faces B inédites. C'est ainsi qu'après deux albums chez Virgin les Walkabouts se sont retrouvés chez Glitterhouse qui, parmi de très nombreuses autres parutions, a inclus ces fameuses faces B sur la compilation Drunken soundracks en 2001.

18 juillet 2010

ROMEO : Ton petit amoureux


Offert par mes parents à Châlons-sur-Marne en 1973
Réf : 49.050 -- Edité par Carrère en France en 1973
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Ton petit amoureux -/- Ce monde où je suis né

Au cours de ma jeunesse, j'ai eu l'occasion de m'identifier à plusieurs chanteurs de mon âge, comme Eric Berda, le canadien René Simard, vu un jour à la télé, Noam ou Roméo.
Je n'ai eu des disques que des deux derniers. Je suis tout à fait capable d'entonner le tube d'Eric Berda (Moi je veux vivre tango) ou la face A du 45 tours de Noam que j'avais (facile, une reprise de Lollipop), mais je n'avais aucun souvenir de Ton petit amoureux avant de mettre la main chez ma maman sur mon exemplaire d'époque, encore en état correct, à l'exception de la pochette dont le recto est complètement détaché du verso.
En réécoutant finalement la chanson, j'ai trouvé une bonne raison pour l'avoir enfouie si profond dans ma mémoire. Roméo (Georges pour l'état civil, mais ça fait moins romantique) chante techniquement bien, il a du souffle et une pointe d'accent du sud, tant et si bien qu'en l'entendant, un seul point de référence me vient à l'esprit, Mireille Mathieu ! Ou alors un Tino Rossi très jeune, vu qu'on lui a aussi fait enregistrer Petit Papa Noël...
Heureusement, je crois ne jamais avoir essayé de chanter à une copine de classe, sous un balcon de HLM ou non, "Ton petit amoureux fidèle, ton gentil Polichinelle, tu le vois bien que c'est moi".
Deux ans plus tard, Roméo publiait La vie commence à 13 ans. Les producteurs avaient sûrement omis de lui expliquer que, pour un garçon chanteur, la carrière s'arrête souvent à 14 ans, après la mue. Mais au moins, Roméo a eu une vraie carrière, alors que la mienne, même si je m'y croyais en écoutant ses disques, n'a jamais décollé. D'un autre côté, vu comme je chante, le contraire aurait été très étonnant !

17 juillet 2010

XTC : Love on a farmboy's wages


Acquis à Londres à l'automne 1983
Réf : VS 613 -- Edité par Virgin en Angleterre en 1983
Support : 2 x 45 tours 17 cm
Titres : Love on a farmboy's wages -/- In loving memory of a name & Desert island -/- Toys

Virgin a dû essayer à peu près toutes les ficelles du marketing pour convevoir les singles d'XTC et essayer de les vendre, du vinyl transparent aux cartes postales, des pochettes poster à celle en carton qui se déplie pour obtenir un théâtre miniature. Dans le lot, il y a eu trois double 45 tours, Generals and majors, Towers of London (deux pochettes séparées dans un sac plastique imprimé) et ce Love on a farmboy's wages, dont la pochette représente un portefeuille qui a bien vécu, les disques se sortant par le haut comme des billets de banque.



 Après The black sea, Mummer est le deuxième album d'XTC à m'avoir déçu. Heureusement, entre les deux il y avait eu le coup de maître English settlement, qui reste l'un de mes albums préférés d'XTC, avec Go 2 et Drums and wires.
Il y a quand même des titres que j'aime beaucoup sur ce disque, notamment le premier single qui en a été extrait, Great fire. Par contre, je n'aime pas le second, Wonderland, Love on a farmboy's wages se situant entre les deux : c'est une chanson que j'aime bien, qui reprend les principaux éléments du son d'English settlement, le côté folk, la guitare acoustique, les percussions légères avec juste des toms et un tambourin et le thème pastoral. Même si ça accroche bien et ça reste en tête quand Andy Partridge chante le titre dans le refrain, cette chanson n'a rien d'un tube formaté pop-rock, à tel point que, selon ce que rapportent les membres d'XTC eux-mêmes, c'est quand Partridge a demandé au batteur Terry Chambers de jouer un rythme jazzy sur ce titre qu'il a posé ses baguettes et décidé de quitter le groupe.
La face B du premier 45 tours, In loving memory of a name, est aussi extraite de Mummer et pour le coup, sans que je puisse expliquer vraiment pourquoi, elle fait partie de celles que je n'aime pas et qui m'ennuient. J'ai même eu du mal à l'écouter jusqu'au bout aujourd'hui.
Le véritable intérêt de cette publication réside donc bel et bien dans le disque bonus, qui propose deux titres enregistrés lors des sessions de Mummer, mais finalement écartés de l'album. Au moins, ces deux chansons sont gaies et légères.
Le narrateur de Desert island est naufragé avec Crusoë sur une île déserte dont le nom est Grande-Bretagne, mais ça n'a pas l'air de le déprimer, comme l'exprime la basse un peu reggae, l'accordéon, la guitare espagnole et même les paroles : "Don't rescue me, no. This is my home, sweet home.".
Comme Julian Cope avec ses voitures de collection, Andy Partridge était réputé pour sa collection de soldats de plomb, suite à une ou deux interviews qui avaient mentionné ce fait. Pas étonnant alors qu'avec Toys il ait consacré une chanson aux jouets.
Le groupe a ressorti son harmonica, un peu oublié depuis White music, et même s'il est question de conflits entre jouets qui font comme les humains, la chanson est aussi à la fois entraînante et pas prise de tête.
Franchement, j'ai toujours eu du mal à comprendre pourquoi ces deux titres avaient été laissés de côté alors qu'ils auraient égayé et renforcé Mummer. Pour Desert island, Andy a expliqué qu'il trouvait la chanson très bien mais l'enregistrement horrible. Ceci explique sûrement cela et c'est sûrement pour la même raison que les deux chansons  n'ont pas été retenues non plus en 1990 pour la compilation de raretés Rag and bone buffet (qui compte selon moi plusieurs titres beaucoup moins intéressants que ces deux-là).
Heureusement, Toys et Desert island figurent ces temps-ci parmi les bonus des rééditions CD de Mummer. Quant à moi, c'est après Mummer que j'ai cessé d'acheter systématiquement tous les disques d'XTC...

L'édition maxi de ce single proposait des faces B différentes, avec trois titres en concert à Londres en mai 1981, intéressants à titre documentaire car XTC avait arrêté la scène depuis un bon moment déjà quand ils sont sortis.



14 juillet 2010

PETER TOSH : Get up, stand up


Acquis sur le vide-grenier d'Avenay-Val d'Or le 29 juin 2010
Réf : CBS 6993 -- Edité par CBS en France en 1978
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Get up, stand up -/- Legalize it

Il faisait beau et très chaud dimanche, au point que les disques commençaient à fondre sur les stands avant onze heures. Mine de rien, j'ai trouvé plusieurs trucs intéressants, chez des marchands différents, ce qui est toujours un bon indice au moment de faire le bilan d'un vide-grenier.
Je suis revenu notamment avec deux 45 tours de Tahiti, un d'un groupe de musique africaine, un 33 tours de Trini Lopez et aussi ce 45 tours de Peter Tosh.
La pochette m'a tout de suite plu, car elle reprend la photo et le principe de sa duplication de l'album Equal rights, sur le quel on trouve cette version de Get up, stand up, mais ce fond rouge préféré à celui marronnasse de l'album la rend tout de suite beaucoup plus sympatique.
J'ai connu Equal rights chez ma cousine Nicole à Paris, au tout début des années 1980. Elle avait l'album en pressage américain. Pour ma part, je me suis contenté une fois rentré à Châlons de l'acheter en pressage français.
C'est un disque que j'ai toujours beaucoup aimé, bien qu'il n'ait pas du tout un son roots. La guitare solo électrique,notamment, est proéminente sur tout le disque, y compris sur Get up, stand up, l'une des contributions majeures de Tosh au répertoire des Wailers (titre d'ouverture de l'album Burnin' en 1973), réenregistrée et mise aussi en début de face A de son deuxième album en 1977. Un hymne militant, un appel au soulèvement, une excellente chanson, mais ce qui fait la force d'Equal rights c'est que les sept autres titres du disque sont largement de ce calibre, de I am that I am à Jah guide et de Downpressor man à Stepping razor (ces deux derniers titres étant aussi de nouvelles versions de titres précédemment enregistrés par Peter Tosh).
La face B de ce 45 tours, Legalize it, figurait aussi à l'origine en ouverture de l'album du même titre, le premier de Peter Tosh, sorti en 1976 (alors que son premier 45 tours solo remonte à 1965). Dans un autre style, il s'agit aussi d'un chanson politique, d'un titre militant, susceptible de plaire aux fumeurs d'herbe séchée, même si on n'est pas forcé de souscrire à toutes les affirmations de l'auteur ("C'est bon pour l'asthme, pour la tuberculose"... Pour les attraper, peut-être !). Le tempo de Legalize it est bien plus relâché que celui de Get up (on imagine bien l'effet recherché...) et le son est beaucoup plus roots. C'est sûrement le cas de l'album dans son entier, mais j'avoue que, même si j'en ai récupéré un exemplaire il y a quelques années, ce premier album m'avait un peu déçu et je n'ai pas dû l'écouter plus d'une ou deux fois.
Reste une question à laquelle, pour une fois, il semble relativement facile d'apporter une réponse. Pourquoi donc les gens de CBS ont-ils eu l'idée de faire la promotion en 1978 de deux titres parus initialement sur des albums de 1976 et 1977 ? Et bien, je pense que c'est pour essayer de récupérer une partie des miettes du succès que Tosh a eu en 1978, après avoir quitté CBS pour Rolling Stone Records, avec l'album Bush doctor et surtout le single (You gotta walk) Don't look back en duo avec Mick Jagger, qui ne s'est sûrement pas vendu à des centaines de milliers d'exemplaires mais qui était bien présent partout chez les disquaires. Ce parasitage, ou plutôt cette tentative d'amortir un investissement, a dû faire long feu car je n'avais jamais vu ce 45 tours avant dimanche dernier !

11 juillet 2010

NINO FERRER : Je veux être noir


Acquis sur le vide-grenier de Montcetz-Longevas le 4 juillet 2010
Réf : 121 104 -- Edité par Riviera en France en 1966
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Je veux être noir -/- Si tu m'aimes encore (It's a man's man's man's world)

Ce jour-là, après Cramant, j'avais calé mon itinéraire sur le calendrier des vide-greniers. Pour Montcetz-Longevas, celui-ci précisait qu'il s'agissait de la première manifestation de ce type organisée dans le village, ce qui promet généralement une probabilité un peu plus grande de bonnes affaires.
Montcetz, ça fait grosso modo trente ans que je n'y pas passé autant de temps, depuis les boums lycéennes rendues possibles grâce à une copine de classe  qui pouvabit nous avoir un accès gratuit à la salle municipale. Mais ça fait longtemps que cette vieille salle, dont les murs dégoulinaient d'humidité dès que l'ambiance montait, a été remplacée par un bâtiment plus grand.
La brocante était plus grande que je ne l'avais espéré, très familiale, alors que le soleil tapait déjà fort sur la rue principale où elle avait lieu.
J'y ai trouvé des disques à plusieurs stands dont, bizarrement quand même, le CD américain du premier album des Flat Duo Jets (à 50 centimes), un groupe que j'ai vu aux Transmusicales en 1994.
Au stand où j'ai fait mes premiers achats, il y avait une grosse poignée de 45 tours sixties, dont plusieurs portaient une mention indiquant que leur utilisation était réservée aux exploitants de juke-box. J'en ai extrait deux disques, un beau 45 tours sixties avec pochette en couleurs d'Ella Fitzgerald chez Reprise (Get ready) et ce deux-titres sans pochette de Nino Ferrer.
Ce n'est pas écrit dessus, mais je sais que ce disque a lui aussi été édité à destination des juke-boxes, ne serait-ce que parce qu'il y avait justement un 45 tours deux tubes (Mirza et Les cornichons) de Nino Ferrer à  la référence Riviera 121 quelque chose dans le lot de disques de juke-box qu'un oncle avait offert à notre famille au début des années 70.
On trouve donc ici les deux titres de la face A du EP Je veux être noir de 1966, EP extrait tout entier du premier album de Nino Ferrer, un album qui n'est pas comme on aurait pu le penser une compilation des premiers tubes mais officiellement un Enregistrement public. J'écris "officiellement" car il parait clair à l'écoute de ce 45 tours, vues notamment l'exceptionnelle qualité technique de l'enregistrement et la grande discrétion des cris et applaudissements de fans, qu'on a ici un "faux live" typique, comme l'époque en a beaucoup produit (une intuition partagée avec les rédacteurs de Wikipedia). Mais, studio ou live, le principal c'est évidemment que les deux chansons ici présentées sont excellentes.
Côté musique, pas de surprise ni vraiment d'originalité. Le "nouvel orchestre" de Nino Ferrer joue soul et rhythm and blues façon Stax, mais il le fait excellemment, comme peu de formations françaises étaient capables de le faire en 1966. Il y a du rythme, du coeur, de la technique, de l'âme. C'est excellent.
Quant à Nino Ferrer, même s'il exprime sur Je veux être noir son regret de ne pas avoir la voix d'un chanteur noir, il chante parfaitement bien, utilisant à bon escient ses propres qualités vocales et prouvant par la même que le français peut parfaitement s'adapter au rhythm and blues (tout comme au rock d'ailleurs, quoi qu'en disent certains).
Nouvelle preuve encore en face B, avec l'exploit de réussir à ne pas se planter en reprenant en français It's a man's man's man's world de James Brown. Là encore, c'est parfaitement dosé. Nino n'en fait pas trop et n'essaie surtout pas de se mesurer au Parrain de la soul. Quant aux paroles, elles restituent une bonne partie de l'esprit de la chanson, sans chercher à fournir une traduction littérale. Au bout du compte, Si tu m'aimes encore finit par évoquer un des titres fétiches de Nino Ferrer, Pour oublier qu'on s'est aimé, un titre qu'il a publié au moins quatre fois au cours de sa carrière.
Pour revenir à Je veux être noir, on se souvient qu'en 1978, Lou Reed a enregistré sur Street hassle une chanson intitulée I wanna be black., aux paroles provocatrices poussant les stéréotypes à l'extrême ("Je veux être noir, avoir le rythme dans la peau et faire gicler mon foutre à six mètres").
Et quitte à enregistrer ce disque soi-disant à l'Ambassy de Dijon, comme il est indiqué au dos de la pochette du EP Je veux être noir, Nino et sa bande auraient peut-être pu pousser une centaine de kilomètres plus au sud, jusqu'à Mâcon, qu'on aurait pu considérer comme l'équivalent français de Macon, Géorgie, la ville d'Otis Redding !

07 juillet 2010

GENOA KEAWE ET SON GROUPE FOLKLORIQUE : Hawaï, île de rêve


Acquis sur le vide-grenier de Cramant le 4 juillet 2010
Réf : FX-45-1094 M -- Edité par Fextival en France vers 1956
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Aloha oe -- Kaulana o Hilo -/- Mauna kea -- Kipi koa hula

En ces temps de grosse chaleur, le vide-grenier de Cramant, organisé dans un lotissement bien ombragé, est des plus agréables, d'autant plus que j'y suis allé assez tôt et qu'il faisait encore frais. Mais ce dimanche il était tranquille, trop tranquille, avec moins de stands que d'habitude et aussi beaucoup moins de chalands. Du coup, en-dehors de quelques cerises aigres grapillées en chemin sur une branche qui dépassait d'un jardin, qui sont allées directement dans mon estomac, j'en suis reparti quasiment aussi léger que j'étais arrivé, avec juste ce 45 tours de folklore recueilli par Jacques Chegaray, qui fut notamment le fondateur du Club des conférenciers de Connaissance du monde.
J'ai quelques disques de collectage de folkore, de Tahiti ou d'ailleurs. Ils sont en général intéressants, mais rarement renversants, du fait principalement de leur captation sur le vif et des moyens techniques d'enregistrement utilisés. Mais dans ce cas précis, je n'avais pas remarqué qu'un nom précis d'artiste était mentionné, et surtout je n'avais pas idée que Geona Keawe était l'une des grandes dames de la musique hawaïenne.
Chanteuse et musicienne, sa longue carrière a débuté en 1939, jalonnée à partir de 1946 par environ 150 singles (78 et 45 tours) et plus de 20 albums, sur son propre label à partir de 1966. Elle se produisait encore en public début 2008, quelques semaines avant sa mort : elle a même chanté par téléphone depuis l'hôpital pour un gala de charité qu'elle avait dû annuler !
Les premiers documentaires de Jacques Chegaray, accompagnés généralement de la publication d'un livre, relataient ses voyages en bâteau-stop ou en auto-stop de par le monde. Après un livre sur la Polynésie paru en 1952, il a publié en 1956 Hawaï, îles de rêve, ainsi que ce 45 tours chez Festival (mais la pochette pelliculée de mon exemplaire me fait penser qu'il s'agit peut-être d'un retirage du début des années 1960).
Dans ses notes de pochette, Jacques Chegaray fait le lien entre Tahiti et Hawaï, peuplée il y a mille ans par des polynésiens qui ont couvert en pirogue les 4000 km qui séparent les deux archipels. Que ce soit par la langue ou la musique, les deux cultures sont très proches, et c'est très sensible à l'écoute du disque. La principale différence avec les enregistrements tahittiens des années cinquante, comme ceux réalisés par Gaston Guilbert, c'est la présence en plus du ukulélé, de la guitare steel  qu'on n'appelle pas pour rien la guitare hawaïenne.
Elle est très présente et très douce en intro de Aloha oe,  avant que le chant haut et très pur de Genoa, réputée pour sa voix de falsetto, et de ses Hula girls n'entre en jeu. Elle l'est encore plus sur Mauna kea, le seul instrumental du EP.
Dans leur construction musicale et leur chant, Kipi koa hula et Kaulana o Hilo, une reprise d'un titre écrit par Lena Machado, sont très proches des chansons tahitiennes, notamment les intros qui me font dresser l'oreille à chaque écoute. La principale différence est que les voix sont bien plus hautes que celle, par exemple, de Maeva.
D'une manière générale, le son du disque est très bon, à tel  point qu'on peut se demander s'il ne s'agit pas d'un repiquage de disques 78 tours (Genoa Keawe avait publié un enregistrement de Kaulana o Hilo en 1949),  plutôt que d'une captation en direct pour le documentaire.
En tout cas, cet excellent disque est une très bonne surprise, qui m'a permis de faire la connaissance de "Tatie" Genoa, comme on l'appelait à Hawaï.

06 juillet 2010

NEW ORDER : Krafty


Acquis à la boutique de l'Hospice Earl Mountbatten à Ryde le 20 mai 2010
Réf : NUCDP13 -- Edité par London Records 90 en Angleterre en 2005
Support : CD 12 cm
Titres : Krafty (The Glimmers 12" extended mix) -- Krafty (Phones Reality remix) -- Krafty (Andy Green remix) -- Krafty (Re-edit of album version) + vidéo

C'est l'un des trente CD achetés à 10 pence sur l'île de Wight. Celui-là, je l'ai écouté pour la toute première fois dans la voiture, tôt le matin en partant au boulot. Une expérience assez saisissante.
Comme je conduisais, j'ai mis le CD dans le lecteur sans regarder précisément la liste des titres. Je savais juste qu'il s'agissait de différentes versions de Krafty, un single tardif de New Order.
La musique démarre et je suis assez surpris car l'intro est à la batterie. De la batterie toute simple, pas de la boite à rythmes ni du séquenceur. On a l'impression d'être dans la pièce avec le batteur. Au bout de quinze secondes, la basse entre en jeu, très mélodique, un élément essentiel du son de New Order. Ça dure comme ça une minute, en basse-batterie avec juste quelques glou-glou discret de synthés. C'est alors que Bernard Sumner prend la parole et me chante aux oreilles, en anglais, "Il y a des gens qui se lèvent à l'aube. Faut aller au boulot avant qu'il soit trop tard. Assis dans une voiture et conduisant sur la route. Ce n'est pas une fatalité, mais c'est ce que tu fais pour gagner ta croute. C'est le genre de monde dans lequel on vit. Ce n'est pas ce que tu veux être. Et ce n'est pas ce que tu veux faire."
Etant donné que j'étais justement en train d'aller au boulot en voiture, j'ai vraiment eu l'impression bizarre que ce premier couplet s'adressait directement à moi ! Le refrain qui suit n'a apparemment pas grand chose à voir. C'est le truc habituel chez New Order du "Laisse-moi encore une chance, laisse-moi un peu de temps, j'ai déconné mais c'est fini, je ne veux pas te laisser partir".
Outre les paroles, ce qui m'a vraiment frappé à l'écoute de ce premier titre c'est le côté dépouillé du son, batterie-basse, un peu de synthé et de guitare. Je me suis étonné que New Order soit revenu quasiment aux ingrédients de son premier album Movement. Il faut dire que je pensais qu'il s'agissait de la version originale de la chanson, qui en général est en premier sur les CD qui contiennent des remixes. Sauf que là ce n'est pas le cas, et je me suis fait bien eu.En effet, ce qui se rapproche le plus ici de la version originale est le titre 4 ("Re-edit of album version", tu l'as dit mon con !) et cette version a le son typique du New Order de toutes les dernières années, avec des sons traités et de l'électronique, alors que la version dépouillée qui m'a tant fait sursauté est bel et bien un remix, dû aux Glimmer Twins, un duo de DJs belges qui a bêtement piqué son nom au pseudo de producteurs de Jagger et Richards.
N'empêche, en enlevant des couches de son et en s'éloignant des méthodes habituelles des remixeurs qui rajoutent pistes et des pistes de sons et de rythmes à la chanson originale (On en a un bon mauvais exemple ici avec le remix pseudo-techno de Phones Reality; le remix d'Andy Green, qui survitamine la chanson avec notamment de la guitare électrique, est plus intéressant), les Glimmers ont fait un travail très réussi qui donne de l'intérêt à une chanson qui n'est au départ, comme le reste de Waiting for the siren's call, l'ultime album du groupe dont elle est extraite, qu'un assemblage sans trop de saveur de tous les ingrédients qui ont fait la réputation de New Order au fil du temps.
Et, alors qu'en réécoutant l'edit de la version album j'entends à peine la vraie batterie et pas du tout la basse non synthétique, je me dis que les Glimmers ont peut-être fait plus que de baisser des potars pour couper la chique aux sons synthétiques. Il n'est pas impossible, comme ça se pratique parfois, qu'ils aient tout bonnement réenregistré "à la New Order" la basse et la batterie pour réaliser ce remix rafraichissant.


La vidéo de Krafty, mais il est surtout conseillé d'écouter le remix des Glimmers.

03 juillet 2010

20 OF ANOTHER KIND VOLUME TWO


Acquis à La Clé de Sol à Châlons-sur-Marne probablement début 1980
Réf : POLX 1 -- Edité par Polydor en Angleterre en 1979
Support : 33 tours 30 cm
20 titres

C'est l'une des toutes première compilations que j'ai achetées, avec Wanna buy a bridge ? de Rough Trade, Rock against racism's greatest hits ou First year plan de Fast Product.
Là, il s'agissait d'un des plus gros labels, Polydor, qui faisait pour la deuxième fois  le point de ce que lui et ses labels associés ou distribués (Beggars Banquet, Fiction, Small Wonder, RSO) avaient signé à tour de bras au moment de la frénésie créative new wave qui a suivi la vague punk.
Un album en import, même s'il était sensé être en "Special price" à l'origine, comme l'indique un gros autocollant tout moche sur mon exemplaire, ce n'était pas vraiment dans mes moyens de lycéen. Sauf que celui-ci, comme beaucoup d'autres, j'ai attendu qu'il soit soldé pour l'acheter.
Pendant plusieurs mois, avant que ne sorte la version américaine du premier album, le principal intérêt de ce disque a été de me procurer un enregistrement de Boys don't cry de The Cure, que je n'avais pas en 45 tours. Avec Killing an Arab, qu'on trouvait sur le volume 1 (dans un mixage pas définitif, parait-il), cette chanson reste l'une des plus grandes réussites pop en single de The Cure. Par la suite, ils ne feront qu'approcher cette perfection pop (leurs albums et singles ont d'autres qualités que j'apprécie énormément), en 1985 par exemple avec In-between days.
La priorité est donnée aux célébrités du label qui ont droit à deux titres chacun, comme The Jam, qui ouvre l'album avec Strange town, une des excellentes face A hors album de leur période la plus productive, une chanson à la construction un peu complexe avec des ponts et des trucs comme ça. L'autre titre est une non moins excellente face B, la ballade Butterfly collector.
Même principe pour Sham 69 qui ouvre la face B de l'album avec Hersham boys, mais là je préfère de loin la face B de single No entry, qui revient sur l'interdiction des Etats-Unis de leur accorder un visa. Avec les paroles, ils s'assurent ainsi, assurément, de ne jamais aller visiter les States !
Gary Numan a lui aussi droit à ses deux titres. C'est le seul de tout l'album à avoir un son synthétique. L'enchaînement avec The Jam et The Cure n'a musicalement aucun sens, mais j'ai toujours bien aimé Down in the park de Tubeway Army et un peu moins Tracks.
Le principal intérêt de cet album, ce sont les titres des groupes nouvellement signés, dont beaucoup n'ont fait que quelques 45 tours et n'ont pas été réédités. Trois de ces jeunes pousses ont aussi droit à deux titres, ce qui montre l'espoir que Polydor plaçait en eux, mais aucun n'a en fait décollé.
C'est notamment grâce à 20 of another kind volume two que j'ai découvert Patrik Fitzgerald. On a ici les faces A de ses deux singles de1979 chez Polydor. j'ai toujours préféré de très loin Improve myself à All sewn up. Si Patrik a quitté Polydor après un seul album,Grubby stories, et n'a jamais rencontré le grand succès, il suit son chemin dans les marges depuis plus de trente ans. Pistez-le et vous ne serez pas déçu.
Les deux autres groupes doublés sont restés inconnus, ayant sorti chacun deux-trois 45 tours et un album. Twist et The Invaders évoluent tous les deux dans un registre pop/power pop qui est au bout du compte la couleur dominante de la compilation. De Twist, j'aime bien This is your life et surtout Ads. Des Invaders, que j'attendais plus cybernétique avec un nom et des pochettes pareils, je préfère Best thing I ever did à Girls in action. On reparle de Twist ci-dessous.
Aujourd'hui, on en est pour la période psychédélique sixties à  sortir des compilations de groupes signés par des majors mais qui sont restés obscurs. Quand on en sera là pour la période post-punk, on trouvera ici de la matière intéressante, outre Twist et The Invaders.
Si les Lurkers, pourtant assez connus, sont plutôt bof, si The Carpettes (Lost love) et Xdreamysts (Bad news) sont aussi assez moyens, on trouve ici toute une série d'excellents singles dans une veine mod-pop dont Polydor avait dû se faire une spécialité dans la lignée de The Jam. Il y a les irlandais de Protex (I can't cope), les Headboys écossais (The shape of things to come, le meilleur titre de leur courte carrière, valable surtout pour son excellent refrain), The Chords avec Now it's gone et les Purple Hearts avec Millions like us.
Avec le recul, en réécoutant aujourd'hui Protex et surtout les Chords et Purple Hearts, je me rends compte de la proximité avec le son Creation qui allait émerger quatre ans plus tard. Je savais bien sûr que les groupes sixties et les Jam aussi étaient des influences majeures du label, mais il parait évident que les membres de Biff, Bang, Pow ! ou des Jasmine Minks ont aussi écouté très attentivement Millions like us ou Now it's gone.
Il y a eu en 1989 un Best of 20 of another kind avec seulement vingt titres étalés sur un double album ou un CD, mais à part les Chords aucun des bons inconnus n'a été sélectionné. C'est donc à peu près sans intérêt.

En préparant ce billet, j'ai cherché des informations sur les groupes les moins connus, notamment sur Twist dont les deux titres sont co-produits par Roger Bechirian, longtemps le bras droit de Nick Lowe, qui a notamment travaillé avec Elvis Costello, Squeeze et les Undertones. Sans surprise, mon titre préféré de Twist, Ads, a un fort goût de Costello. Tu m'étonnes, John ! Il ne m'a pas fallu cinq minutes pour apprendre que le King à binocles est même carrément présent sur cet enregistrement !! Et effectivement, une fois qu'on le sait, on arrive à reconnaître sa voix parmi les choeurs, au moment où il prononce le mot "television" dans le court refrain "Ads ! Ads ! Television ads !".
Bechirian, Costello... c'est ensuite que j'ai regardé de plus près les pochettes des deux 45 tours (Il y aurait aussi un album, This is your life, chroniqué par Trouser Press mais dont je ne trouve trace nulle part ailleurs). J'ai vu le logo avec les lettres en tornade. J'ai vu les triangles et je me suis dit "Barney Bubbles" ! Oui, il se pourrait bien que ces pochettes aient été réalisées par ce graphiste réputé pour ne quasiment jamais signer son travail, sauf par un pseudo loufoque.
Mon intuition s'est trouvée fortement confortée quand j'ai appris ensuite que Peter Marsh, le membre principal de Twist, avait participé au début des années 1980 au projet Blanket Of Secrecy, dont les pochettes de l'album et du 45 tours Say you will ont été conçues, ça c'est avéré, par Barney Bubbles.
J'ai interrogé Paul Gorman, l'auteur du livre sur Barney Bubbles, et même Peter Marsh lui-même, qui vit désormais en France. J'attends confirmation, mais j'espère ainsi contribuer à ajouter deux éléments à la galerie des pochettes de 45 tours réalisées par Barney Bubbles proposée par Paul Gorman sur son site.