
Acquis à La Clé de Sol à Châlons-sur-Marne probablement début 1980
Réf : POLX 1 -- Edité par Polydor en Angleterre en 1979
Support : 33 tours 30 cm
20 titres
C'est l'une des toutes première compilations que j'ai achetées, avec
Wanna buy a bridge ? de Rough Trade,
Rock against racism's greatest hits ou
First year plan de Fast Product.
Là, il s'agissait d'un des plus gros labels, Polydor, qui faisait pour la deuxième fois le point de ce que lui et ses labels associés ou distribués (Beggars Banquet, Fiction, Small Wonder, RSO) avaient signé à tour de bras au moment de la frénésie créative
new wave qui a suivi la vague punk.
Un album en import, même s'il était sensé être en "Special price" à l'origine, comme l'indique un gros autocollant tout moche sur mon exemplaire, ce n'était pas vraiment dans mes moyens de lycéen. Sauf que celui-ci, comme beaucoup d'autres, j'ai attendu qu'il soit soldé pour l'acheter.
Pendant plusieurs mois, avant que ne sorte la version américaine du premier album, le principal intérêt de ce disque a été de me procurer un enregistrement de
Boys don't cry de
The Cure, que je n'avais pas en 45 tours. Avec
Killing an Arab, qu'on trouvait sur le volume 1 (dans un mixage pas définitif, parait-il), cette chanson reste l'une des plus grandes réussites pop en single de The Cure. Par la suite, ils ne feront qu'approcher cette perfection pop (leurs albums et singles ont d'autres qualités que j'apprécie énormément), en 1985 par exemple avec
In-between days.
La priorité est donnée aux célébrités du label qui ont droit à deux titres chacun, comme The Jam, qui ouvre l'album avec
Strange town, une des excellentes face A hors album de leur période la plus productive, une chanson à la construction un peu complexe avec des ponts et des trucs comme ça. L'autre titre est une non moins excellente face B, la ballade
Butterfly collector.
Même principe pour Sham 69 qui ouvre la face B de l'album avec
Hersham boys, mais là je préfère de loin la face B de single
No entry, qui revient sur l'interdiction des Etats-Unis de leur accorder un visa. Avec les paroles, ils s'assurent ainsi, assurément, de ne
jamais aller visiter les States !
Gary Numan a lui aussi droit à ses deux titres. C'est le seul de tout l'album à avoir un son synthétique. L'enchaînement avec The Jam et The Cure n'a musicalement aucun sens, mais j'ai toujours bien aimé
Down in the park de Tubeway Army et un peu moins
Tracks.
Le principal intérêt de cet album, ce sont les titres des groupes nouvellement signés, dont beaucoup n'ont fait que quelques 45 tours et n'ont pas été réédités. Trois de ces jeunes pousses ont aussi droit à deux titres, ce qui montre l'espoir que Polydor plaçait en eux, mais aucun n'a en fait décollé.
C'est notamment grâce à
20 of another kind volume two que j'ai découvert
Patrik Fitzgerald. On a ici les faces A de ses deux singles de1979 chez Polydor. j'ai toujours préféré de très loin
Improve myself à
All sewn up. Si Patrik a quitté Polydor après un seul album,
Grubby stories, et n'a jamais rencontré le grand succès, il suit son chemin dans les marges depuis plus de trente ans. Pistez-le et vous ne serez pas déçu.
Les deux autres groupes doublés sont restés inconnus, ayant sorti chacun deux-trois 45 tours et un album. Twist et The Invaders évoluent tous les deux dans un registre pop/power pop qui est au bout du compte la couleur dominante de la compilation. De Twist, j'aime bien
This is your life et surtout
Ads. Des Invaders, que j'attendais plus cybernétique avec un nom et des pochettes pareils, je préfère
Best thing I ever did à
Girls in action. On reparle de Twist ci-dessous.
Aujourd'hui, on en est pour la période psychédélique sixties à sortir des compilations de groupes signés par des majors mais qui sont restés obscurs. Quand on en sera là pour la période post-punk, on trouvera ici de la matière intéressante, outre Twist et The Invaders.
Si les Lurkers, pourtant assez connus, sont plutôt bof, si The Carpettes (
Lost love) et Xdreamysts (
Bad news) sont aussi assez moyens, on trouve ici toute une série d'excellents singles dans une veine mod-pop dont Polydor avait dû se faire une spécialité dans la lignée de The Jam. Il y a les irlandais de Protex (
I can't cope), les Headboys écossais (
The shape of things to come, le meilleur titre de leur courte carrière, valable surtout pour son excellent refrain),
The Chords avec
Now it's gone et les Purple Hearts avec
Millions like us.
Avec le recul, en réécoutant aujourd'hui Protex et surtout les Chords et Purple Hearts, je me rends compte de la proximité avec le son
Creation qui allait émerger quatre ans plus tard. Je savais bien sûr que les groupes sixties et les Jam aussi étaient des influences majeures du label, mais il parait évident que les membres de
Biff, Bang, Pow ! ou des
Jasmine Minks ont aussi écouté très attentivement
Millions like us ou
Now it's gone.
Il y a eu en 1989 un
Best of 20 of another kind avec seulement vingt titres étalés sur un double album ou un CD, mais à part les Chords aucun des bons inconnus n'a été sélectionné. C'est donc à peu près sans intérêt.
En préparant ce billet, j'ai cherché des informations sur les groupes les moins connus, notamment sur Twist dont les deux titres sont co-produits par Roger Bechirian, longtemps le bras droit de
Nick Lowe, qui a notamment travaillé avec
Elvis Costello, Squeeze et les
Undertones. Sans surprise, mon titre préféré de Twist,
Ads, a un fort goût de Costello. Tu m'étonnes, John ! Il ne m'a pas fallu cinq minutes pour apprendre que
le King à binocles est même carrément présent sur cet enregistrement !! Et effectivement, une fois qu'on le sait, on arrive à reconnaître sa voix parmi les choeurs, au moment où il prononce le mot "
television" dans le court refrain "
Ads ! Ads ! Television ads !".
Bechirian, Costello... c'est ensuite que j'ai regardé de plus près les pochettes des deux 45 tours (Il y aurait aussi un album,
This is your life, chroniqué par Trouser Press mais dont je ne trouve trace nulle part ailleurs). J'ai vu le logo avec les lettres en tornade. J'ai vu les triangles et je me suis dit "
Barney Bubbles" ! Oui, il se pourrait bien que ces pochettes aient été réalisées par ce graphiste réputé pour ne quasiment jamais signer son travail, sauf par un pseudo loufoque.
Mon intuition s'est trouvée fortement confortée quand j'ai appris ensuite que Peter Marsh, le membre principal de Twist, avait participé au début des années 1980 au projet
Blanket Of Secrecy, dont les pochettes de l'album et du 45 tours
Say you will ont été conçues, ça c'est avéré, par Barney Bubbles.
J'ai interrogé Paul Gorman, l'auteur du livre sur Barney Bubbles, et même
Peter Marsh lui-même, qui vit désormais en France. J'attends confirmation, mais j'espère ainsi contribuer à ajouter deux éléments à
la galerie des pochettes de 45 tours réalisées par Barney Bubbles proposée par Paul Gorman sur son site.