30 octobre 2022

THE MEXICANO : Gorilla in Manilla


Offert par Dorian Feller à Villedommange le 15 juillet 2022
Réf : EPC 5344 -- Édité par Epic en France en 1977
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Gorilla in Manilla -/- Cut throat

Dorian avait trouvé ce disque peu de temps auparavant. Ses sillons ne le faisaient pas trop vibrer positivement, alors que moi si, du coup il m'en a gentiment fait cadeau.
Un "mexicano" qui fait du reggae ? Je n'en avais jamais entendu parler. Je connaissais par contre la collection Reggae Power d'Epic (quelques disques parus, dont une compilation), surtout pour les disques de Bag-O-Wire qu'on voyait régulièrement dans les bacs. Je ne pense pas qu'il y ait un lien avec la précédente collection Reggae Power de Soul Posters, qui comprend mon 45 tours de Jah Woosh.

Il s'avère que derrière le pseudonyme de The Mexicano se cachait Rudy Grant, frère d'Eddy, qui a enregistré une série de singles sous ce nom de 1977 à 1980, parmi lesquels c'est Move up starsky qui a eu le plus de succès. C'est sous son nom de naissance qu'il a poursuivi sa carrière dans les années 1980, en enregistrant notamment des reprises, dont Lately de Stevie Wonder.

Le 45 tours est produit par Sidney Crooks des Pioneers, groupe qui avait été lui-même produit par Eddy Grant en 1976 pour l'album Feel the rhythm. On reste en famille...
Le style qu'on entend ici, c'est du chant talkover de DJ jamaïcain sur du gros reggae bien fumeux.
Je n'ai pas fait le lien tout seul, mais la base musicale de Gorilla in Manilla, c'est le "riddim" de Marcus Garvey de Burning Spear.
Pour comparer, on peut écouter la version chantée de Burning Spear, sa version instrumentale, ou d'autres versions DJ par Big Youth en 1975 ou Dillinger en 1979. Ce riddim est tellement connu, qu'on trouve un peu partout des des listes qui en compilent des versions, comme celle-ci.

Et ce gorille à Manille dont parle le Mexicano, kesako ? Eh bien, Rudy fait référence à un combat de boxe hyper-médiatisé qui a eu lieu le 1er octobre 1975 et qu'on a appelé Thrilla in Manilla. Il s'agissait du troisième combat entre Mohamed Ali et Joe Frazier. C'est Mohamed Ali qui, dans la période précédent le match, a comparé à plusieurs reprises Frazier à un gorille. Il avait annoncé que le match serait "a killa and a thrilla and a chilla, when I get that gorilla in Manila".

La face B, Cut throat, est musicalement dans une veine très proche et je crois que c'est ma préférée des deux pistes. Il est fort possible que la base musicale soit aussi un riddim connu, mais je ne l'ai pas identifié.
Côté paroles, il est aussi question de rivalité dans ce Coupe-gorge et de titiller et défier ses "adversaires" : sur un ton à ne pas prendre trop au sérieux, le Mexicano annonce qu'il part à la recherche de deux autres DJs, I-Roy et Prince Jazzbo, et qu'il leur crachera à la gueule s'il les trouve. Il explique ensuite qu'il est le plus beau et le meilleur chanteur...!

Il y a un peu d'actualité autour de ce disque puisque Gorilla in Manilla a été réédité en 2021, avec un titre de Bag-O-Wire en face B.


Mohamed Ali, bon acteur, fait la présentation des émissions spéciales prévues avant le match Gorilla in Manilla.

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