
Acquis au Record & Tape Exchange de Notting Hill Gate dans les années 2000
Réf : LAST 1 -- Edité par Stiff en Angleterre en 1977
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Born a woman -- Shake that rat -/- Marie Provost -- Endless sleep
J'achète des disques de
Nick Lowe régulièrement depuis une trentaine d'années maintenant. Donc, de toute façon, j'aurais été très content de tomber sur ce superbe EP Stiff de 1977 en bon état pour 1 £. Mais en plus, il se trouve que, depuis que j'avais appris pourquoi ce disque s'intitule
Bowi, il faisait partie de ceux qui m'intéressent particulièrement.
En effet, je suis sensible aux blagues, même mauvaises ou légères, et le fait que ces coquins de Nick Lowe et de Stiff aient décidé de répliquer ainsi à David Bowie, qui avait sorti quelques semaines plus tôt son album
Low, suffit à me faire sourire.
Comme l'explique Paul Gorman dans son livre Reasons to be cheeful (qui bénéficiera très prochainement d'une nouvelle édition, à l'occasion de l'exposition
Process : The working practices of Barney Bubbles, qui ouvre à Londres la semaine prochaine),
Barney Bubbles n'a pas manqué d'utiliser la même typographie que pour l'album de Bowie. Gorman explique aussi que le premier album de
The Rumour, sorti aussi en 1977, avait été nommé
Max en réaction au
Rumours de Fleetwood Mac !
Si mon disque date bien de 1977,
il ne s'agit pas du tout premier tirage, qui apparemment s'écoutait en 33 tours.
Comme souvent quand je rentre d'Angleterre, j'ai une énorme pile de disques à écouter. J'ai donc écouter une fois
Bowi, en notant que je connaissais un seul titre,
Marie Provost, qui a été inclus sur le premier album de Nick Lowe en 1978. J'ai trouvé ça pas mal, sans plus, et j'ai rangé le disque en me disant quand même que je le ressortirais probablement à la première occasion, sûrement pour en parler ici.
Cette occasion s'est présentée il y a une dizaine de jours quand j'ai écouté en voiture la compilation
The wilderness years, parue en 1991, qui regroupe des singles et des raretés parues pendant la période Stiff de Nick Lowe et juste avant. Plusieurs titres m'ont notablement accroché l'oreille, dont l'instrumental
Shake that rat, le titre
Born a woman (Ça fait bizarre d'entendre Nick Lowe chanter "
If you're born a woman, you're born to be hurt") et
Endless sleep, chanté tout doucement, presque chuchoté, un peu comme
Basing Street, qu'on trouve aussi sur cette compilation. En entendant ça, je me suis dit qu'il faudrait que je vérifie une fois rentré à la maison si au moins de ces titres se trouve sur
Bowi, pour finalement ressortir ce disque. Bingo ! C'est bien plus que ce que j'espérais, puisque tous les trois sont dessus !!
Marie Provost raconte l'histoire et le fin tragique de
Marie Prevost, d'origine canadienne, qui fut une star hollywoodienne du cinéma muet. Retrouvée
morte dans son appartement quelques jours après son décès, ses jambes avaient servi de repas à son teckel... Lowe raconte cette histoire peu ragoûtante comme si de rien n'était, dans son style de pop pure habituel, avec des choeurs très sixties sur le refrain.
Shake that rat est un instrumental à guitare dans un genre à peu près surf, mais comme Nick Lowe est plutôt un bassiste, la guitare solo est ici, sauf si je me méprends, de la basse. C'est excellent, mais
Dr Feelgoed rapporte que Nick Lowe a indiqué dans les notes de pochette de
The wilderness years qu'il avait pompé sur un morceau de Dr. John. Sauf qu'il indique un mauvais titre... Dr. Feelgoed a découvert que le morceau pompé était
One night late, qu'on trouve sur
Zu zu man, un obscur album pirate. Feelgoed explique aussi que c'est volontairement que
Endless sleep est joué le plus lentement possible. Ce titre a quand même été repris par Leo Kottke.
Born a woman, écrit par Martha Sharpe, a été un gros tube pour
Sandy Posey en 1966. Sur la même longueur d'onde que
Stand by your man, mais deux ans plus tôt, sa vision timorée du rôle social de la femme a logiquement prêté le flanc à la critique et à la parodie. Interprétée par un homme, la chanson prend encore une autre dimension.
Les petits jeux de Nick Lowe et Barney Bubbles ne se sont pas arrêtés au choix du titre du disque. Au recto, le slogan "
Pure pop for now people" a été opportunément ressorti au moment où il a fallu trouver un titre de remplacement pour l'édition US du premier album,
Jesus of cool, un titre original qui risquait d'indisposer certains américains zélotes.
Je ne sais pas pourquoi la référence du disque est LAST 1 et pas un numéro dans la série normale des BUY de chez Stiff. Par contre, j'imagine que la face A est dite LIVE par opposition à la face B DEAD, dont les deux titres traitent l'un de la mort de Marie Provost, l'autre de sommeil sans fin.
Sur l'étiquette du disque, encore une énigme avec la face A indiquée en "Swan stereo" et la B en "Duck Stereo". Certes, il s'agit de deux volatiles, mais associés à Nick Lowe et au pub rock, ça me fait penser à Swan Song, le label de Dave Edmunds, et au groupe Ducks Deluxe. Oui, mais encore ? Mystère.
Les quatre titres de ce disque ont été plusieurs fois réédités, notamment en 2008 sur l'édition des trente ans de Jesus of cool, qui contient dix titres bonus par rapport au 33 tours original.