09 janvier 2010
MON ONCLE
Offert par Philippe R. à Mareuil-sur-Ay le 24 décembre 2009
Réf : 460.565 ME -- Edité par Fontana en France en 1958
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Mon oncle -- Adieu Mario -/- Le vieux quartier -- Arrangement sur les trois thèmes du film
Pour Noël, Philippe R. m'a offert plusieurs disques à chérir, chinés récemment du côté de Nantes. Avec la musique de Mon oncle, il était certain de faire mouche car il sait depuis longtemps combien je l'apprécie particulièrement, et en plus ce disque est une pièce, qui fait partie des nombreux disques édités par Boris Vian lorsqu'il était directeur artistique de label chez Fontana, Philips ou Barclay. Il vient s'ajouter à ceux dont j'ai déjà parlé ici, comme le Gabriel Dalar, le Monsieur Dupont, celui de P.A.O.L.A. et sûrement celui des Pinsons).
Outre que c'est sûrement l'un de ses plus réussis, Mon oncle occupe une place centrale dans la filmographie de Jacques Tati. A mi-chemin du village de Jour de fête et de la ville futuriste de Playtime, Mon oncle montre justement la banlieue-village en train de se faire détruire pour laisser place aux maisons modernes "tout confort".
De la musique de Mon oncle, j'aime tout particulièrement les deux compositions de Franck Barcellini qu'on trouve sur la face A de disque. Je ne connais pas la biographie de Barcellini, mais si j'en crois sa filmographie (une chanson pour Georges Guétary dans Liebe ist ja nur ein Märchen et les musiques des films Auguste, Les bidasses au pensionnat et surtout Couche-moi dans le sable et fais jaillir ton pétrole !), je pense pouvoir avancer sans trop de risque de me tromper que ces deux titres sont ce qu'il a fait de mieux !
Je n'ai pas souvent vu le film Mon oncle, et la dernière fois c'était il y a déjà quelques années, je ne me souviens donc pas pour quelles scènes en particulier sont utilisées chacun des trois morceaux, mais ce qui est évident c'est qu'ils correspondent parfaitement à l'esprit du film. Quand j'écoute le disque, je vois les chiens qui courent, les scènes de banlieue - et peut-être un peu moins la villa moderne et tous ses automatismes. Et non seulement les compositions sont excellentes et appropriées, mais surtout les arrangements sont parfaits, frais et légers, avec chacun des instruments qui se détachent bien l'un de l'autre, pas une soupe informe.
J'espère que, dans le livret de 72 pages qui accompagne le coffret Sonorama sorti en 2008, qui regroupe toutes les musiques des films de Tati, on trouve des précisions sur le nom de l'orchestre et des musiciens qui interprètent cette musique car sur ce 45 tours il n'y a strictement rien, et au générique du film non plus je pense (Je voterais pour l'orchestre d'Emil Stern et son piano magique si je devais essayer de deviner).
Dès les premières notes de piano, le morceau Mon oncle dégage un sentiment de nostalgie. Ensuite, divers instruments passent au premier plan, des flûtes (je pense), une guitare acoustique (espagnole ?), un accordéon, des percussions, un instrument à cordes qui est sûrement une balalaïka. Le tout est soutenu par une batterie très discrète, une contrebasse, et un vibraphone est présent en soutien. C'est parfait mais, si j'ai du mal à dissocier les deux morceaux, je crois que je préfère encore Adieu Mario où, avec à peu près les mêmes ingrédients musicaux, la nostalgie fait place à la gaité d'un gamin sautillant ou d'un oncle malicieux. C'est à Adieu Mario qu'il m'arrive souvent de penser quand j'écoute certains titres de Pascal Comelade, sur Un tal jazz par exemple, ou dans les musiques pour André le magnifique ou Zumzum-ka.
Le vieux quartier est une composition d'Alain Romans, qui avait déjà signé la musique des Vacances de Monsieur Hulot. Il y a un côté musette un peu plus facile et moins original, mais les musiciens sont visiblement les mêmes et c'est très bien quand même.
L'Arrangement sur les trois thèmes du film n'est pas simplement un medley fabriqué à la va-vite en collant des bandes bout à bout. Non, c'est bien un arrangement musical spécifique des trois morceaux, et surtout, si je ne suis pas sourd, il s'agit une interprétation spécifique et différente de ce qu'on a entendu auparavant sur le disque.
Boris Vian signe au dos un texte assez long (repris dans le recueil Derrière la zizique) où il dit tout le bien qu'il pense de Tati et de Mon oncle. Il précise : "En vous présentant la musique originale, naïve et gaie, de ce ravissant chef d'oeuvre, nous savons ce que nous faisons : nous vous offrons l'illustration sonore d'un film qui durera autant que les bandes immortelles de Chaplin... (...) Nous sommes heureux et fiers que le n°1 de la collection Fontana-Cinémonde porte l'effigie de ce grand bonhomme."
Car effectivement, ce disque est le premier d'une série de quelques-uns édités par Fontana proposant en EP des bandes originales de films. Vian était bien placé pour suivre de près le projet Mon oncle : selon ce site et le recueil Derrière la zizique, il avait écrit des paroles pour la chanson-titre du film qui n'ont pas été retenues. Cela ne l'a pas empêché, avec sa casquette de directeur de label, d'éditer ce disque, et au bout du compte, ce n'est peut-être pas plus mal que les paroles aient été refusées, tant ces instrumentaux se suffisent à eux-mêmes.
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