08 mai 2011
THE ROLLING STONES : (I can't get no) Satisfaction
Offert par Philippe Roger à Reims le 2 mai 2011
Réf : 72.039 S -- Edité par Decca en France en 1965
Support : 45 tours 17 cm
Titres : (I can't get no) Satisfaction -/- The under assistant West Coast promotion man
Fin avril, à Bisseuil, j'ai trouvé pour 50 centimes le EP Heart of stone des Rolling Stones (sorti en mars 1965, avec aussi The last time et Play with fire), après avoir eu un coup au coeur car quand je suis arrivé sur le stand une ménagère de plus de cinquante ans avait pris le disque pour le poser sur le carton. En fait, elle n'avait pas l'intention d'acheter ce 45 tours, elle l'avait juste déplacé pour se faire de la place !
Après ça, j'avais expliqué à Philippe que j'avais cru un instant ne pas avoir chez moi la version studio du classique absolu qu'est Satisfaction. J'en ai depuis très longtemps une version live sur l'album Got live if you want it et je savais que je n'avais pas le 45 tours. Après vérification, je me suis rendu compte que j'avais quand même depuis quelques années l'album titré Satisfaction dans la série L'âge d'or des Rolling Stones, qui correspond en fait à la version de l'album Out of our heads qui contient les titres sortis en single, contrairement au pressage anglais.
Le 1er mai, sur la place du village à Mareuil, autrement dit à domicile, je me procurais, selon les jeunes filles qui tenaient le stand, "des CD à 20 centimes", c'est à dire un petit paquet de 45 tours parmi lesquels la plus belle pièce est un EP de Ronnie Bird sorti en mai 1965 dont la face A est Elle m'attend !, une excellente version française de The last time. Avec celui trouvé dans une poubelle, cela me fait deux EP de Ronnie Bird pour un coût total de vingt centimes !
Ce même 1er mai, à quelques dizaines de kilomètres de là sur un vide-grenier de l'Aisne, Philippe achetait à mon intention cette superbe pièce, la version deux titres de Satisfaction en pressage français, sortie en juillet 1965.
Je pense que j'ai toujours connu Satisfaction, mais je suis d'une génération qui a grandi avec cette chanson chantée pas seulement par les Stones mais aussi par Tritons, Laurent Voulzy dans Rockcollection et surtout Devo. Avec ce 45 tours, il n'est plus simplement question d'un "classique" : on touche à l'essence même du rock'n'roll, un peu comme si on avait en main un 78 tours de 1955 de Chuck Berry ou de Little Richard.
1955 et 1965, ce sont probablement et sans les fixer artificiellement les deux bornes du premier âge du rock'n'roll. Le jaillissement originel en 1955 avec Chuck, Elvis, Little Richard et Bo Diddley, ses conséquences qui font le tour du monde et reviennent aux Etats-Unis avec la British invasion, qui culmine en 1965 avec les séquences de hits imparables alignées respectivement par les Beatles et les Stones. A partir de la fin 1966, ça change. Les drogues et la musique tournent psychédéliques, le rock évolue, part dans tous les sens, mais la fraîcheur et la simplicité des débuts s'estompent.
Je ne vais pas disséquer un classique aussi connu, assez long pour l'époque (3'45), surtout pas la musique et les parties de guitare. Côté chant, il y a un contraste très fort entre les parties, comme au début, où Jagger chante assez calmement et mixé assez en avant "I can't get no satisfaction", et les autres parties, notamment le refrain, où il s'étrangle presque d'énervement et de tension sexuelle et se retrouve noyé sous le volume sonore et la distorsion de la musique. L'association des habituelles questions de convoitise sexuelle et d'amour avec une ébauche de critique sociale, ici contre la publicité et plus largement la société de consommation, contribue largement à la réussite des Stones à cette période, et de ce point de vue ils avaient un temps d'avance sur les Beatles.
La chronologie hyper-ramassée de la création et de l'édition de ce disque me fascine et confirme qu'on est encore dans une phase d'explosion où rien, ou presque, n'est contrôlable :
Une première version de la chanson à peine écrite est enregistrée le 10 mai 1965 à Chicago, plus acoustique et plus bluesy, avec Brian Jones à l'harmonica. Ils remettent ça le lendemain et le surlendemain, les 11 et 12 mai à Los Angeles, sans harmonica mais avec cette fois-ci la fameuse guitare fuzz et Jack Nitzsche au tambourin.
La chanson est jouée pour la première fois à la télé le 20 mai, en play-back sur la version de Chicago.
Le 45 tours sort le 6 juin (ou le 27 mai selon les sources) aux Etats-Unis. Les anglais attendent un peu car ils avaient prévu de sortir le EP Got live if you want it.
Satisfaction est n°1 des ventes aux Etats-Unis le 10 juillet. Ce même moi, ce 45 tours deux titres sort en France, avec une photo de pochette tirée de la même session que celle de Heart of stone.
La sortie anglaise n'aura lieu que le 20 août, avec une face B différente, The spider and the fly. Satisfaction est n°1 des ventes le 9 septembre en Angleterre, le mois-même où sort en France le EP 4 titres, qui est l'édition la plus courante de Satisfaction.
En octobre, Eddy Mitchell sort Rien qu'un seul mot, sa version en français de Satisfaction. Enregistrée avec les London All Stars, elle se tient fort bien musicalement, mais comme à chaque fois avec les yéyés il ne reste des paroles qu'une bluette, et évidemment aucune allusion à l'agression publicitaire...
La face B de ce disque a été enregistrée le 10 mai à Chicago, le même jour que la première version de Satisfaction. Là, Brian Jones est bien à l'harmonica (et Ian Stewart au piano), pour une chanson moins révolutionnaire, très bluesy, mais néanmoins excellente, notamment grâce aux solos d'harmonica et de guitare.
Côté paroles, c'est féroce, comme Jagger savait très bien l'être, pour ce Sous-fifre chargé de promotion pour la Côte Ouest : "J'attends à l'arrêt de bus et je pense que j'ai vraiment la classe (...) Je fais la promo des groupes quand ils passent en ville. Eh bien, mon postiche les fait rire et ils se moquent systématiquement de moi. (...) Je suis un talent nécessaire derrière chaque groupe de rock'n'roll.". Apparemment, le pauvre gars visé par cette descente en flammes était clairement un certain George Sherlock Jr, un croulant de presque quarante ans à l'époque. George est décédé il y a quelques semaines seulement, le 5 février 2011.
Des questions se posent quant au statut des 2 titres français des Stones. Il y en a pas mal de listés chez 45 Vinyl Vidi Vici, mais certains sont indiqués comme des éditions promo ou pour juke-box. Celui-ci ne comporte aucune mention indiquant un promo et, comme pour The last time, Philippe se souvient bien l'avoir vu en magasin. Ce n'est peut-être pas le cas pour tous les autres, mais il parait évident que, dans la précipitation et vu le succès énorme aux Etats-Unis, Decca France a sorti Satisfaction en plein été, avant même les anglais, avant d'éditer le EP à la rentrée.
Les Rolling Stones dans l'émission américaine Shindig en 1965, filmés à Twickenham dans la banlieue de Londres le 28 juillet 1965.
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9 commentaires:
SI l'on en croit Keith Richards, cette version avec la fameuse fuzz, n'était en fait qu'une version démo enregistrée à Los Angeles. Keith Richards voulait, en utilisant la fuzz et ce son particulier, se rapprocher des cuivres qu'il aurait voulu sur le titre. Lorsqu'ils sont rentrés en Angleterre le titre allait sortir en single. Trop tard pour reprendre l'enregistrement et y ajouter ces fameux cuivres qu'il entendait.
L'histoire en aurait été changée. En bien ou en mal ça on ne le sait pas.
La version avec les cuivres, ce sera finalement Otis Redding qui s'en chargera en reprenant la chanson.
http://www.youtube.com/watch?v=hQszoQJT0Tc
Les stones au top,l'intro c'était quelque chose, il n'y a pas tant de morceaux qui ont cette grande classe à l'intro: en 65 chez les beatles:day tripper (mais après satisfaction) et plus tard le riff de black is black en 66 (une autre éferlante avec cette fois ci une version française de l'alter égo d'eddy, à croire qu'ils se partageaient le marché), de baby come back en 67 mais là on est dans un sous genre (même si je ne m'en lasse pas).
Tous ces morceaux ont été d'immenses succès mais satisfaction largement en tête. Ph
KMS,
La version d'Otis Redding est excellente, mais je pense que, sans la fuzz, "Satisfaction" n'aurai pas autant marqué les esprits.
Ph,
Question intro, j'aime aussi beaucoup "Day tripper", mais c'est quand même moins sauvage...
Ce 45 tours est un juke box.
On dit beaucoup que c'est un single pour juke box mais en fait non car on pouvait l'acheter en magasin (vous savez ces boutiques où on allait régulièrement pour acheter des disques ou pour regarder pour la énième fois les pochettes de disques qu'on ne pouvait pas se payer.)
Ph
J'aime beaucoup les fables de l'Oncle Pol. La version 2011 est beaucoup plus intéressante que celle en bd du journal Pilote. 20 centimes en tout pour 2 ep de Ronnie Bird ! Pol, voyons !!! Les fables de l'Oncle Pol, j'aime beaucoup.
Charlie,
Pour les histoires de l'Oncle Paul, j'aurais dit Le journal de Mickey plutôt que Pilote, mais en fait c'était Spirou. Il s'agissait de 'belles histoires' historiques, pas de 'fables'. Eh bien, on a déjà eu l'occasion d'évoquer la question, mais c'est pareil pour moi avec les EP de Ronnie Bird : j'ai beau être adepte par ailleurs du virtuel ou du plausible pas forcément véridique, dans ce cas précis c'est de la vérité même pas enjolivée !
Oui, je sais que c'est la vérité, saligaud !
Spirou ou Pilote, j'ai hésité entre les deux. Je ne savais plus auquel mon frangin aîné était abonné. Moi, c'était Tintin !
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