15 avril 2008
MEAT WHIPLASH : Don't slip up
Offert par Creation Records à Londres en 1985
Réf : CRE 020 -- Edité par Creation en Angleterre en 1985
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Don't slip up -/- Here it comes
Meat Whiplash est le groupe d'un seul et unique disque, celui-ci, ce qui en fait un candidat parfait pour les compilations style Nuggets couvrant les années 80. Ils figurent d'ailleurs en bonne place sur CD86, le double CD compilé par Bob Stanley il y a deux ans.
Meat Whiplash, c'est surtout un groupe dont la très courte carrière, l'année 1985 globalement, s'est déroulée entièrement dans l'ombre de The Jesus and Mary Chain. Pas seulement parce que les deux groupes étaient amis et venaient tous les deux d'East Kilbride, la ville nouvelle au sud-ouest de Glasgow qui est désormais la commune la plus peuplée d'Ecosse. Pas parce que la première apparition notable de Meat Whiplash eut lieu le 15 mars 1985, en première partie des Jasmine Minks et de Jesus and Mary Chain à la North London Polytechnic, où ils ont joué un rôle non négligeable dans l'émeute qui a suivi. Mais surtout parce que, moins d'un an après Upside down, les deux faces de ce 45 tours reprennent toutes les facettes de l'identité sonore de Mary Chain : feedback, chant désabusé, ligne de basse primitive, les petits "Ah ah ah" après "You souldn't slip up" qui font très Jim Reid, etc.
Le mimétisme est tel que certains ont cru pouvoir affirmer que Meat Whiplash était un groupe fantôme derrière lequel se cachaient les frères Reid. Ça semble peu probable. Plus souvent, et dès les chroniques du disque à sa sortie, les Mary Chain ont été présentés comme producteurs du disque. Ce que semble confirmer le batteur Michael Kerr interrogé par John Robertson pour sa biographie de Jesus and Mary Chain (Omnibus Press, 1988). En tout cas, il n'y a aucune mention de producteur sur le 45 tours, dont la pochette avec une photo de Robert Vaughn dans Agents très spéciaux (Man from U.N.C.L.E.) a, à juste titre, été très remarquée à l'époque (A propos de cette pochette, toutes les bios qu'on trouve en ligne mentionnent qu'elle a été imprimée par Bobby Gillespie et pliée à la main par Alan McGee, comme si c'était un traitement spécial qu'avait reçu cette pochette. En fait, les vingt premiers singles édités par Creation ont tous bénéficié, pour des questions d'économie, de ces fameuses pochettes pliées en deux glissées dans un sac en plastique. Elles étaient bien imprimées à Glasgow dans une imprimerie où Bobby Gillespie travaillait ou avait travaillé, et les pochettes étaient pliés à Londres, principalement par Alan, mais aussi par Joe Foster ou tous ceux qui traînaient par là. Votre serviteur a lui-même eu l'honneur de passer une paire d'heures pendant une après-midi de début 1985 à plier des pochettes d'Upside down de Jesus and Mary Chain dans l'entrepôt de Rough Trade pour éviter que les disquaires ne se retrouvent en rupture de stock de ce disque, resté pendant des semaines n°1 des charts indépendants).
Ce que peu de gens savent, c'est qu'avant de se décider pour cette pochette efficace avec Robert Vaughn, Meat Whiplash et Creation avaient fait imprimer une première pochette, bien moins réussie. Ils ont dû se raviser au dernier moment et cette pochette n'a jamais été distribuée. Ça a dû être un sacrifice tellement les budgets de Creation étaient riquiquis à l'époque. J'ai récupéré un exemplaire de cette pochette, soit chez Luke de Chromatone Design, qui s'occupait alors des pochettes Creation, soit chez Alan, et au verso de cette pochette originale et inédite, il est précisé, contrairement à la pochette définitive, que le disque est "arrangé" (ah! ah!) et "produit" par Meat Whiplash, ce qui peut laisser un doute sur l'implication des frères Reid.
Recto et verso de la pochette inédite de Don't slip up (document JC Brouchard)
Quoi qu'il en soit, Don't slip up est un témoignage excellent de la première période noisy de Creation, moins bien que Upside down mais mieux que le I'll follow you down de Slaughter Joe alias Joe Foster, pourtant l'homme qui a le premier noyé Mary Chain dans le feedback. Here it comes est sans aucun intérêt.
J'ai fait la connaissance des membres de Meat Whiplash en novembre 1985 au cours d'un séjour d'une vingtaine de jours bien occupés en Angleterre, qui m'ont vu participer à des séances d'enregistrement pour le deuxième album de Biff, Bang, Pow!, qui devait s'appeler Submarines ! (Cet album n'est jamais paru, mais plusieurs titres se sont retrouvés un peu plus tard sur The girl who runs the beat hotel) et partir en tournée pour deux dates avec The Jesus and Mary Chain, Felt et les Shop Assistants !
Entre ces deux événements, j'ai accompagné Dick Green, le bras droit d'Alan, chargé de convoyer une camionnette de location de Londres à Glasgow, puis d'accompagner ("tour manager" serait un bien grand mot pour l'organisation de l'époque) Primal Scream et Meat Whiplash pour deux concerts, à Aberdeen le 14 novembre 1985 et à Croydon, dans la banlieue de Londres, le 20 novembre 1985, en première partie des Weather Prophets.
Nous avons fait l'aller le 13 et nous avons été hébergés à l'arrivée chez Paul et Joogs de Primal Scream à Glasgow. Le lendemain a été une longue journée. A partir de la fin de matinée, nous avons collecté les membres des deux groupes à différents points de Glasgow et d'East Kilbride, ce qui m'a permis de vérifier depuis la fenêtre de la camionnette que ce n'est effectivement pas le genre d'endroit où on rêve de vivre. Après un trajet quand même assez long, nous sommes arrivés à Aberdeen, dans ce club, le Flesh Exchange à l'Hôtel Metro, situé dans une avenue qui montait depuis le bord de la mer (du Nord). Le concert s'est bien passé. Il me semble que nous y avons retrouvé des membres des Jasmine Minks, qui sont originaires d'Aberdeen, mais mes souvenirs sont peut-être flous car la semaine suivante Jim était à Croydon, son domicile londonien, où il m'a hébergé après le concert.
Au retour d'Aberdeen, en pleine nuit, il a fallu faire le périple inverse pour redéposer tout le monde chez soi.
Quelques jours plus tard, le voyage retour Londres-Glasgow, avec dans la camionnette une bonne dizaine de membres agités des deux groupes, a été beaucoup moins calme qu'à l'aller, avec les bêtises habituelles, comme le raid dans cette boutique de station-service qui s'est fait dépouiller de quelques confiseries et de rouleaux de papier WC, vite transformés en longs serpentins sur l'autoroute à l'arrière du véhicule. Il y avait de la musique dans la camionnette, et je me souviens que ça chambrait sec à propos d'un groupe de Glasgow dont je me suis fait préciser le nom : il s'agissait des Soup Dragons alors débutants. On a également écouté ce que j'avais pris pour des démos ou l'enregistrement du prochain maxi de Meat Whiplash. Je pense qu'il s'agissait en fait des quatre titres de la Peel session enregistrée le 15 octobre et diffusée le 28 octobre 1985. A l'écoute de ces quatre titres, on comprend qu'ils n'aient finalement jamais donné lieu à un second single. Seule l'intro de Loss me fait dresser l'oreille : elle semble pompée sur Gut feeling de Devo, avec un bassiste incapable de reproduire toutes les notes.
Deux des membres de Meat Whiplash dans les loges au Croydon Underground le 20 novembre 1985 (Photo : JC Brouchard)
Quelques jours plus tard, tout ce petit monde s'est retrouvé au Croydon Underground, avec aussi bien sûr toute la bande londonienne de Creation, pour un concert avec en tête d'affiche les Weather Prophets, qui faisaient leur toute première tournée, Oisin Little et Greenwood Goulding ayant été recrutés tout récemment, après l'enregistrement de Worm in my brain sorti pendant l'été 1985 sur la compilation It's different for domeheads.
Il y avait du monde partout dans les loges (voir la photo de pochette de ma compilation I believe in rock'n'roll), mais à un moment de calme entre les balances et le concert, j'ai été tout surpris d'y trouver Paul, le chanteur de Meat Whiplash, en train de remballer dans son sac le sèche-cheveux avec lequel il venait de retoucher son "brushing". Je crois que c'est la seule fois que j'ai vu un rocker s'apprêter de cette façon avant un concert !
Meat Whiplash n'a donc sorti qu'un seul et unique disque, mais les membres du groupe ont continué par la suite sous le nom de The Motorcycle Boy, après avoir recruté Alex Taylor, l'ex-chanteuse des Shop Assistants. Trois singles sont sortis sous ce nom.
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3 commentaires:
"en mars 1985, en première partie des Jasmine Minks et de Jesus and Mary Chain à la North London Polytechnic, où ils ont joué un rôle non négligeable dans l'émeute qui a suivi"
...Il me semble que ce soir là, conspués par le public, ils avaient balancé des bouteilles en verre dans la foule, non? Faut pas s'étonner que tout soit parti en vrille ensuite (rires)
Et William qui pendant que ça se foutait sur la gueule était selon la légende euh, "upstairs with a lady" et qui dans le lien video se faufile et arrive comme une fleur pour déclarer "My favourite colour is gold" (re-rires)
John Moore a raconté que quand il a auditionné l'année d'après pour remplacer Bobby G, il est arrivé en pantalon de cuir et a annoncé tout fier aux Jesus qu'il avait assisté à l'émeute de la North London Poly. Réponse de Douglas: "je me souviens de toi, t'es le petit gars avec la mèche qui s'est fait démonté la gueule par 3 flics... ça nous avait bien fait rire à l'époque..."
Glory days...
L'excellent blog Little Hits propose "Don't slip up" en téléchargement. C'est ici.
Tiens, je n'avais jamais pensé que des images existent du concert à Polytechnic (merci pour le lien).
j'ai toujours aimé faire découvrir les JAMC avec l'enregistrement de cette émeute de 85 grâce aux productions Fierce (au choix, le Riot ep, le Riot box ou le fameux kit Fierce, avec seringue et morceau de la chemise de Bobby (???), et un texte délirant avec faux articles Mary chain achetables : lunettes noires pour 20 livres, 80 livres pour le moule-burnes si sexy, 50 pennies pour des capotes JAMC ou 800 livres pour les guitares Vox, et une annonce pour une prochaine vente aux enchères des couilles de B Gillespie (deux exemplaires seulement ! ^^)).
brefle, une grande joie débile que ce concert.
selon la bio de Robertson, la bouteille en verre aurait été jetée par paul mc dermott (de meat Whiplash, justement), mais que les JAMC ont quand même fait attendre 1 plombe un public du vendredi soir déjà passablement énervé et émeché, peu prêt à supporter un set de seulement 20 minutes (alors que Mc gee rétorqua que tout le monde savait qu'ils ne jouaient que 3 ou 4 chansons).
Allez, je me retape la vidéo, j'ai pas tout compris (bloody accent d'écossais, j'ai passé une soirée avec bobby sans comprendre plus de 10% de ce qu'il me baragouinait ! ^^).
Ah, j'aurais quand même bien aimé vivre ça, même si je me garde un petit échantillon avec le concert de décembre 89 à l'Elysée Montmartre (environ, peut-être novembre ou ...) avait été chaud aussi, mais pas d'émeute et un concert presque trois fois plus long.
undauth
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