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31 août 2013

LOUIS-RENÉ FRANCONY ET YVES MARSILE : En jouant guitar en moin


Acquis d'occasion dans la Marne vers le début des années 2010
Réf : DD 7 -- Edité par Disques Debs en France vers 1963
Support : 45 tours 17 cm
Titres : En jouant guitar en moin -- Epi le temps -/- Moin inmé la pointe -- Solei en Guadeloupe

Henri Debs est mort le 19 août, à 80 ans. La ministre de la culture a publié un communiqué très lapidaire, insistant sur son rôle dans la production et le développement du zouk, et soulignant involontairement l'éloignement des départements français des Antilles ("Il a mis son fameux label Debs Music au service des artistes des Antilles, pour que leur talent enchanteur parvienne jusqu'à nous"). Le communiqué du ministre des Outre-Mer, Victorin Lurel, qui a perdu un ami, est un peu plus chaleureux mais reste cantonné à l'exercice de style dans l'emploi du superlatif. L'article du Monde se contente de reprendre les informations des communiqués en y ajoutant deux vidéos piochées sur Youtube, mais il a au moins le mérite de m'avoir appris la nouvelle.
Sur place à Pointe-à-Pitre, un hommage lui a été rendu place du Marché aux Epices le 21 août (voir le reportage d'ATV) et ses obsèques ont eu lieu le 27.
Pour ma part, c'est après avoir acheté Désordre musical des Maxel's il y a cinq ans que j'ai commencé à m'intéresser aux productions antillaises. Depuis, j'ai acheté de nombreux disques sortis par Aux Ondes/Célini et par Debs. Un seul avait été chroniqué ici jusqu'à maintenant, un autre 45 tours des Maxel's, mais dans les lots de 33 tours antillais que j'ai achetés cette année, il y en avait beaucoup édités par Debs, l'auto-proclamé "Sauveur de la musique Antillaise" ("Si on la défend de nos jours c'est que DEBS l'a sauvée jadis.").
Pour l'occasion, j'ai ressorti de mes étagères ce disque crédité à Yves Marsile et Louis-René Francony, parce que c'est le plus ancien des disques du label que je possède, mais aussi parce qu'ils y sont accompagnés par le Quintet d'Henri Debs. En effet, avant d'être un commerçant (disquaire à partir de la fin des années 1950), producteur et éditeur de disques (avec un studio à l'arrière de la boutique, comme ce fut le cas pour de nombreux producteurs de reggae à la même époque en Jamaïque), Henri Debs était un musicien et chef d'orchestre. Il est au piano sur ce disque, qu'il a enregistré et dont il signe les arrangements (Il a aussi pris de nombreuses photos de pochette des disques qu'il a édités).
Les quatre titres sont apparemment signés par deux personnes nommées Gentille et prénommées Andoche Firmin pour le premier et J. pour les trois suivants.
En jouant guitar en moin est un "boléro cha" (un croisement entre boléro et cha cha cha ?), qui décolle vraiment dans les passage où Yves Marsile laisse chaque instrument décrire, très brièvement, le son qu'il produit. Epi le temps est dans l'un des styles cubains à la mode de l'époque, la pachanga, mais je lui préfère les deux biguines de la face B, Soleil en Guadeloupe, et surtout Moin inmé la Pointe, avec son refrain "Si tu n'as pas de femme, disons tu es un chien sur la terre" (je n'arrive pas à en comprendre toute la deuxième moitié de ce refrain, qui se termine par "comme des canards qui se promènent"), suivi d'un beau solo de saxo de Louis-René Francony.
Yves Marsile a visiblement eu une longue carrière de chanteur par la suite. Louis-René Francony a sûrement également poursuivi son parcours musical, mais il ne semble pas avoir sorti beaucoup de disques sous son nom.
Au 20 rue Lamartine à Pointe-à-Pitre, là où se trouvaient les Disques Debs au moment de la sortie de ce 45 tours, il semble que la boutique soit actuellement  un magasin de vêtements, mais il y a toujours une enseigne Debs Music dans la ville, ainsi qu'à Paris,rue du Faubourg Poissonnière. Je ne l'ai pas encore lu (ça ne saurait tarder), mais on peut y trouver le livre sorti par Henri Debs fin 2011, Mémoires et vérités sur la musique aux Antilles, avec en bonus pour l'occasion le CD de 2009 A Rose-marie, amour éternel (la même offre est proposée chez Antilles-Mizik).


Le verso de la pochette. Henri Debs est en haut à gauche.

13 janvier 2019

DANIEL FORESTAL ET HENRI DEBS QUINTET : En ka senti en ka houmba


Offert par Fabienne M. à Mareuil sur Ay le 7 janvier 2019
Réf : DD 18 -- Édité par Debs en France en 1963
Support : 45 tours 17 cm
Titres : En ka senti en ka houmba -- Oh ! Je t'en prie, reviens -/- Manno -- Le métis

On ne peut nier, comme l'indique Arnaud Simetiere chez Médiapart et dans sa Causerie musicale, que l'une des tendances musicales actuelles est au créole, avec une vague de rééditions  et aussi de nouvelles créations qui s'en inspirent (voir, rien qu'ici, Sages Comme des Sauvages, Mélissa Laveaux, Saodaj').
Certes, Born Bad a sorti les compilations Disque la rayé et Antilles méchant bateau, mais sinon, assez significativement, les français ne se sont pas précipités pour rééditer largement les musiques antillaises des années 1950 à 1970. On attend encore une grande rétrospective des disques Célini/Aux Ondes et, pour les Disques Debs, c'est le label anglais Strut qui a publié l'an dernier une première rétrospective, Disques Debs international vol. 1, un bel hommage à Henri Debs, qui est mort en 2013.
L'album s'ouvre avec un titre de Daniel Forestal. Certes, une page entière lui est dédiée dans le livre Mémoires et vérités sur la musique aux Antilles d'Henri Debs (toujours disponible chez Antilles Mizik et fortement conseillé), mais sinon je ne connaissais pas Daniel Forestal et je n'avais aucun titre de lui dans ma collection.
Strut a très bien choisi ce premier titre. Je l'ai écouté pour la première fois en voiture en partant au boulot et ma journée a été d'un coup illuminée :



Cette chanson est extraite du 45 tours DD 28 Daniel Forestal et sa guitare et bénéficie énormément d'un arrangement minimal avec guitare et percussions. Il existe une autre version, que je ne connais pas, enregistrée à Paris avec l'Orchestre Robert Joyce et publiée sur le 45 tours Le fond du verre, mais je ne pense pas qu'il soit possible d'enregistrer une meilleure version que celle-ci qui, aussi bien pour sa musique que ses paroles, est un concentré de simplicité, d'émotion et de joie de vivre, semblable à ce que peut nous apporter Jonathan Richman en concert et dans un grand nombre de ses chansons sur disque.
Idéalement, j'aurais bien aimé chroniquer ici le 45 tour Daniel Forestal et sa guitare, mais je n'en ai pas trouvé d'exemplaire en vente (Du coup, pour l'instant, je n'ai écouté aucune des trois autres chansons de cet EP). Alors j'ai fait un pas de côté et repéré cet autre disque, sorti un peu plus tôt (DD 18), en bon état et à un prix correct, et je me le suis fait offrir pour les fêtes.
Comme l'indique le tampon au dos du disque, mon exemplaire a été vendu chez Week End Musical, un commerce situé rue Lamartine à Fort de France en Martinique. Coïncidence, car le siège de Disques Debs, également indiqué au dos, était aussi rue Lamartine, mais à Pointe à Pitre en Guadeloupe.
Sur ce 45 tours, Daniel Forestal est accompagné par le quintet d'Henri Debs, je savais donc que je ne retrouverais pas ici le dépouillement de Ces p'tits je t'aime, mais j'ai quand même eu de la chance d'en retrouver un peu de l'ambiance car le dernier titre du disque, Le métis, est un instrumental avec Daniel Forestal à la guitare solo et, comme Ces p'tits je t'aime, il est annoncé comme étant dans le style cubain guaracha. C'est excellent, et ludique également. Visiblement, Daniel Forestal était un excellent guitariste.
Le titre principal, En ka senti en ka houmba, est présenté comme étant dans le style houmba, que je ne connais pas mais dont je suspecte qu'il a été inventé pour l'occasion. Selon le dictionnaire créole guadeloupéen Wabap, "senti" signifie "ceinture" et "houmba" "besace" ou "gibecière", mais je ne me hasarderai pas à donner une traduction du titre ou des paroles. En tout cas, la chanson est une réussite, avec de belles parties de piano (par Henri Debs) et de cuivres. Tardivement (probablement dans les années 1990) et toujours pour Henri Debs, Daniel Forestal a réenregistré En ka senti en ka houmba pour son album Daniel Forestal story (Le magnifique).
L'autre titre rapide et chanté du EP, présenté lui aussi comme un succès dans les notes de pochette, est Manno, très proche dans l'esprit et la production d'En ka senti, mais un peu inférieur.
Le dernier titre, Oh ! Je t'en prie, reviens, est présenté comme un boléro, autant dire un slow. Aussi bien musicalement que pour le chant, c'est celui que j'aime le moins, même si Henri Debs brille aussi au piano. Il a aussi été réenregistré pour Daniel Forestal story.
Daniel Forestal est mort à 83 ans en octobre 2016. Il a sorti son premier disque en 1956. Il a vraiment joué un rôle important dans la musique guadeloupéenne pendant toutes ces années. Avec ses compositions et ses interprétations, d'abord, qu'il a fait voyager au-delà de la France, au Canada, en Allemagne ou aux États-Unis, mais aussi en tant que professeur de collège enseignant le français, la musique et l'histoire-géographie : bon nombre de ses élèves ont fait carrière par la suite. Après avoir appris les claquettes à New York, il a également fondé une école de danse et de claquettes à la Maison de la Culture du Raizet, avec laquelle il a produit le spectacle Soleil Show, qui a tourné en Guadeloupe de 1981 à 1985.
Pour en savoir plus sur Daniel Forestal, vous pouvez regarder l'émission de de France Télévision de 2012 Mémoire vivante de Guadeloupe ou Fruits de la passion (On y l'y voit notamment interpréter superbement seul à la guitare quelques secondes d'En ka senti en ka houmba) et écouter les propos recueillis par Marie-Line Dahomay pour La Médiathèque Caraïbe le 30 décembre 2005.

A écouter : Le métis et En ka senti en ka houmba

30 novembre 2019

LES HARICOTS ROUGES : Tu as calé le moteur


Acquis à la Broc' Livres-BD-CD-DVD du 111 à Châlons-en-Champagne le 24 novembre 2019
Réf : MS 59 -- Édité par Milan en France en 1980
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Tu as calé le moteur -/- Caravan

Jamais je n'aurais imaginé être aussi content de trouver un disque des Haricots Rouges ! Ce n'est pas que je ne les aime pas (j'ai même un de leurs EP des années 1960), mais c'est juste que je les associe surtout à une adaptation à la sauce française du gumbo du jazz Nouvelle-Orléans, un style de musique que je me suis mis à apprécier au fil du temps (la preuve ou par exemple), mais je n'en suis pas à en rechercher avidement toutes ses expressions discographiques.
Comme je devais passer par Châlons ce jour-là, je me suis arrêté à cette petite bourse organisée avenue de Paris. Une petite douzaine de stands, dont un seul m'a vraiment intéressé : on y trouvait des 45 tours, 33 tours, 78 tours et CD à prix modique.
Il n'y avait pas des quantités astronomiques de disques, mais j'ai fait vite quand même, et parfois dans ces cas-là mes doigts vont plus vite que mes yeux quand je fais défiler des disques. Là, le temps que vienne à mon cerveau le fait que j'avais repéré le nom "Les Haricots Rouges", j'étais déjà trois ou quatre disques plus loin.
Je m'étonne encore d'avoir pris la peine de revenir en arrière pour examiner ce disque. Ce qui m'a décidé est très ténu, simplement le fait que ce n'est pas très courant de tomber sur un 45 tours deux titres de ce groupe. Mais je n'ai pas regretté ma décision quand j'ai vu indiqué au recto le titre Tu as calé le moteur. J'ai tout de suite retourné la pochette et j'ai eu la confirmation immédiate que la chanson est créditée à Henri Debs et que j'avais donc bien affaire à une reprise de Tu as calé le moteur par Henri Debs et son Combo International, chanté par Serge Christophe et Claude Tranchot, un 45 tours sorti en 1971, que j'ai découvert cet été quand on s'est éclaté dessus avec Philippe R. à Nantes. J'en avais parlé ici, et j'ai inclus ce titre dans mon excellente compilation Parfois c'est compliqué, toujours disponible à l'écoute en ligne pour votre plus grand plaisir.




Certes, en quelques clics je pourrais aller sur Discogs et m'offrir le disque original ci-dessus pour une trentaine d'euros port compris, mais c'est presque trop facile et je n'en tirerais pas grand plaisir, sachant que j'ai déjà pu écouter et télécharger ce morceau.
Non, je suis très content, pour 50 centimes essence non comprise, d'avoir appris qu'il existait cette reprise de Tu as calé le moteur par Les Haricots Rouges.
Si on m'avait posé la question, j'aurais dit que la musique des Haricots Rouges était intégralement instrumentale. C'était vrai à leurs tous débuts en 1963 mais, dès 1965, avec Maman n''veut pas, ils ont inclus des titres chantés à leur répertoire. Et déjà à cette époque, ils ne limitaient pas au jazz Nouvelle-Orléans, puisqu'on trouve sur le même EP une version de Le barbu sans barbe d'Adamo, qui enregistrait comme eux chez Pathé Marconi.
La reprise de Tu as calé le moteur est donc chantée. Heureusement, car les paroles gentiment à double sens (pas besoin d'avoir l'esprit mal placé pour le saisir...) sont essentielles. L'arrangement qui en est donné, avec beaucoup de percussions et de cuivres, sonne à mes oreilles plus Samba/Brésil qu'Antilles ou Nouvelle-Orléans. Au bout du compte, on est dans un territoire commun à Zanini et Henri Salvador.
Caravan, de Duke Ellington, doit être l'un des thèmes les plus populaires du jazz. Il y en a des centaines de reprises et, sans l'avoir cherché, j'en ai déjà plusieurs versions sur disque, par des artistes très différents. La version des Haricots Rouges n'est pas mal du tout, surtout pour moi dans ses parties les plus orientalisantes.
Ces deux titres sont extraits de l'album Les Haricots Rouges, enregistré à Genève et sorti en 1980. On y trouve des versions de Freight train, Hé là-bas, Love me tender, ou Shake, rattle and roll, ainsi qu'un original au titre intrigant, Tu peux pas étrangler ta femme.
La pochette de l'album présente six dessins illustrant des chansons, dus à Boss, alias Michel Quéraud, l'un des membres du groupe. Pour la pochette du 45 tours, c'est le dessin illustrant Caravan qui a été préféré à celui de Tu as calé le moteur.
Une formation des Haricots Rouges existe et tourne encore. Le dernier album, French melodies, est sorti en 2013 chez Frémeaux & Associés. Actuellement, il y a un membre fondateur dans la formation, Pierre Jean (piano). Si j'en crois les infos trouvées chez Fleurs de Vinyl, il n'y avait aussi qu'un membre fondateur au moment de l'enregistrement de l'album de 1980, mais c'était Gérard Tarquin (clarinette).
Bon, maintenant, il ne me reste plus qu'à mettre la main sur le 45 tours d'Henri Debs...

21 juillet 2014

QUINTETTE ROBERT MAVOUNZI, MANUELLA PIOCHE ET CLAUDE TRANCHEROT : Adieu foulard, adieu madras


Acquis sur le vide-grenier du Mont-Héry à Châlons-en-Champagne le 22 juin 2014
Réf : RC 20 -- Edité par Aux Ondes/Disques Célini en France en 1966
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Adieu foulard, adieu madras -/- Nino ban moin Ninon

Je connais la chanson Adieu foulard, adieu madras depuis l'enfance. Il y en avait une version sur le fameux album Chansons des îles et d'ailleurs de Marcel Amont, mais aussi, j'en suis presque sûr, on l'avait apprise à l'école. Même que j'avais du mal à comprendre qu'on puisse orthographier et prononcer "i ka pati" et "cé pou toujou", n'ayant jamais été confronté auparavant à du créole. L'explication de l'institutrice ne m'avait pas vraiment convaincu que cette autre orthographe était aussi "bonne".
C'est justement parce que je connais bien la chanson que mon premier réflexe a été de ne pas prendre ce disque quand je suis tombé dessus le mois dernier à Châlons, sur un vide-grenier grand mais plutôt familial et sympathique. C'est une complainte assez traditionnelle et je n'attendais pas grand chose d'un 45 tours pourtant luxueux avec pochette ouvrante qui ressemble avant tout à un produit destiné aux touristes en Guadeloupe qui auraient envie de ramener en souvenir des "vieilles chansons guadeloupéennes" (mon exemplaire a été offert à Sœur Isabelle, directrice probablement d'une école privée). Si finalement, j'ai acheté ce disque, en parfait état et au prix correct d'1 €, c'est surtout qu'il est édité sur le label Aux Ondes, avec la référence RC 20 qui indique que c'est l'une des premières productions de René Célini.
Franchement, je n'ai pas regretté ma décision. Rien que l'introduction d'Adieu foulard, adieu madras, avec le piano et la clarinette, vaut le détour. La partie chantée par Manuella Pioche et Claude Trancherot est très bien également. On retrouve Manuella Pioche au chant sur la face B pour Ninon ban moin Ninon, une biguine endiablée avec là encore une orchestration et une interprétation d'une très grande qualité, due à une formation, le Quintette Robert Mavounzi, dont le nom n'apparait que sur les étiquettes du disque.
Des enregistrements de cette qualité ne sont pas le fruit du hasard. J'avais repéré le nom de Robert Mavounzy il y a quelques mois dans le livre d'Henri Debs. Initialement batteur, il débute le saxophone en 1933 et s'illustre, avant et après guerre, dans l'orchestre Fairness's Jazz, puis dans de nombreuses formations, notamment à  La Cigale. Il est réputé pour avoir été le premier musicien en France à se lancer dans le style be-bop et plus généralement comme un grand nom du jazz en France.
Revenu à la Guadeloupe de 1964 à 1970, il s'y trouve quand meurt en octobre 1966 Roger Fanfant, le fondateur de Fairness's Jazz. Il était tout désigné pour participer à l'hommage que souhaitait lui rendre René Célini. Cet hommage a pris la forme d'un disque, Album d'or de la biguine, dont les deux faces de ce 45 tours sont extraites. Preuve de sa qualité, cet album a fait l'objet d'une réédition chez Frémaux et Associés (il est actuellement disponible en CD et en téléchargement). Le livret présente en détails les différents protagonistes et le répertoire sélectionné.
Quant à moi, il faut que je mette en tête, d'une part que même des enregistrements de simples chansons traditionnelles peuvent être bigrement intéressants, et d'autre part (mais ça c'est déjà bien enregistré), que toutes les productions Célini et Debs des années soixante et du début des années 1970 sont intéressantes.



27 juillet 2011

LES MAXEL'S : Dansez Ou-Lé-Lé


Acquis sur le vide-grenier de la FCPE à Ay le 26 juin 2011
Réf : HFD 1931 -- Edité par Debs en France en 1969
Support : 2 x 45 tours 17 cm
Titres : Dansez Ou-Lé-Lé -- Les Maxel's endiablés -/- Aoua pipip -- Pour la première fois

Voici donc le disque que j'ai acheté à Ay en même temps que le 45 tours de Ti Ken. Les disques, devrais-je dire, car il s'agit là d'un double 45 tours, dans la pochette duquel était même glissé un autre disque des Maxel's (Wight is Wight / M. Zemba), sans sa propre pochette, mais pour 50 centimes il ne faut quand même pas trop en réclamer !
Le luxe de cet album 2 disques et les notes de pochette indiquent clairement que cette parution est un hommage à Jacques Bracmort, l'un des chanteurs des Maxel's, mort à dix-neuf ans en mai 1969. La superbe photo de pochette, prise par Henri Debs lui-même, montre Jacques Bracmort et Pierre Richard, un autre chanteur des Maxel's.



Cette multiplicité de chanteurs s'explique sûrement en partie par l'histoire des Maxel's, qui ont débuté comme groupe instrumental avant d'incorporer différents chanteurs, dont l'haïtien déjà renommé Emile Volel et Christian Zora, qui chante sur Wight is Wight.
Sur ces quatre titres, on a trois chanteurs différents, et trois morceaux rapides aussi.
Jacques Bracmort ouvre le disque avec Dansez-Ou-Lé-Lé, une de ses compositions. Orgue, cuivres, guitare, ce titre de danse on n'est pas éloigné de ce qui se faisait en Afrique à la même époque et fait partie de ces titres antillais qui semblent annoncer le zouk.
Emile Volel sait faire dans le crooner, mais avec un titre pareil, Les Maxel's endiablés est bien sûr un hymne au groupe, chanté sur un rythme de danse enlevé (compas ? contredanse ?).
Pour l'excellent Aoua pipip, c'est Pierre Richard qui est au chant principal. Il n'y a pas d'auteur crédité mais il s'agit probablement d'une reprise d'un titre de 1967 de Nemours Jean-Baptiste et son Super Ensemble, ce même Nemours qui est déjà l'auteur du Désordre musical, la chanson avec laquelle j'ai découvert Les Maxel's.
Le dernier morceau, écrit et chanté par Jacques Bracmort, est un slow, dans la plus pure tradition des années soixante, celle par exemple de ses idoles Christophe ou Adamo. Avec un titre comme Pour la première fois, on est en droit de s'attendre à une chanson d'amour, comme il a eu l'occasion d'en interpréter sur d'autres ballades (C'est pour toi que je chante, Donna mon amour, Je t'aimerai), mais pas du tout. De façon assez surprenante, Jacques Bracmort commente ici son statut de chanteur :

Pour la première fois, j'affronte le grand public
Et moi je crains déjà qu'il me critique
Pour la première fois, je joue mon avenir
Et moi je ne sais pas si l'on va m'applaudir
Si non, je m'effacerai à jamais pour oublier
Si oui, je triompherai et ne vivrai que pour chanter
Car cette foule immense m'attend impatiemment
Et demeure en silence jusqu'à l'heure du jugement
Pour la première fois, je domine la grande salle
Et c'est parti, déjà, je donne un récital
Public, fais ton devoir, et juge-moi sans indulgence
Public, fais ton devoir, et rassure-toi, je te fais confiance

Sachant que le jeune homme qui chante était mort avant même qu'elle soit commercialisée, je trouve cette chanson particulièrement poignante. Et avec le recul, certaines expressions ("mon avenir", "à jamais", "vivrai, "l'heure du jugement") ont une résonance particulière.
En 1988, à l'initiative d'Al-Brack (Alain-Claude Bracmort, le frère de Jacques il me semble), l'album Hommage à Jacques Bracmort a été édité, avec huit reprises de son répertoire.
Il existe au moins deux CD de Jacques Bracmort. Celui de 2005 dans la série Nostalgie Caraïbes ne compte que sept titres. Dans la même série, il vaut mieux lui préférer L'intégrale Jacques Bracmort, parue en 2006, qui compte seize titres (dont Aoua pipip avec Pierre Richard au chant principal, ce qui signifie que trois des quatre titres de ce double 45 tours sont sur le CD).

L'Hommage à Jacques Bracmort et l'Intégrale Jacques Bracmort sont en vente sur le site Antilles-Mizik, où l'on peut écouter de larges extraits de l'intégrale.

01 janvier 2020

MES GRANDES TROUVAILLES DE CHINE 2019

Voici une nouvelle sélection de mes découvertes discographiques achetées d'occasion pendant l'année écoulée et chroniquées ici.
Je chronique de moins en moins de disques dans le blog (60 en 2019 contre 120 en 2010, soit moitié moins), la sélection se fait donc sur un plus petit corpus.
Sur ces 60 chroniques, environ les deux-tiers (40) concernent des disques acquis en 2019, mais quand on enlève les cadeaux et les disques achetés neufs (dont les excellentes nouveautés de Philémon Cimon, Arlt, Gilia Girasole et Ray Bornéo, The Ready-Mades et Porta S., par exemple), il doit rester une grosse vingtaine de disques achetés d'occasion, parmi lesquels j'en ai retenu 10 pour la liste d'aujourd'hui.
Sur ces 10 disques, il y en a 2, signe des temps, que j'ai chinés en ligne sur Discogs. Les deux fois, cet achat a été inspiré par une compilation de Born Bad Records. On compte dans le lot un seul 33 tours, 2 CD et 1 78 tours, ce qui fait que les 45 tours (6) dominent encore largement.
Mes deux meilleurs souvenirs de l'année dans ce domaine restent les deux 45 tours de Brigitte Fontaine vieux de cinquante ans trouvés sur le trottoir d'une banlieue parisienne et le petit lot de 45 tours cambodgiens trouvé pendant l'été à la ressourcerie tout près de chez moi.

Un clic sur le titre ou la pochette vous emmènera sur la chronique correspondante.
Les disques sont listés dans l'ordre d'apparition de leur chronique sur le blog.



Un groupe pop léger américain habilement flairé dans un rayon de Noz.


Suite à la parution de la compilation Antilles méchant bateau, je n'ai pas réussi à me procurer le 45 tours de Daniel Forestal qui contient Ces p'tits je t'aime. Mais celui-ci, qui contient Le métis et En ka senti en ka houmba, est très bien lui aussi.


Un disque indonésien trouvé chez Emmaüs à Reims. Une production officielle, ce qui ne l'empêche pas d'être de grande qualité.


Un album pioché dans les soldes de Cash Express. L'un des nombreux disques de musiciens antillais chroniqués cette année. Je n'en attendais pas grand chose, mais ce fut une excellente surprise, avec notamment des chansons très fortes comme Fre d'Afrik et Tou piti.


Une vraie rareté. Deux excellentes chansons parues hors album. Super !


Une bonne surprise. Pas seulement un disque tahitien de plus, mais une production qui réussit le mariage improbable du chant tahitien et du son rock sixties.


Six mois plus tard, toujours aucune information sur les artistes et les titres de ce 45 tours surprenant paru au Cambodge.


Une excellente version instrumentale de la chanson connue en anglais sous le titre Brown skin gal. Je regrette de ne pas avoir pris ce jour-là tous les 78 tours afro-cubains du lot. D'autant que j'ai trouvé peu d'autres 78 tours tout au long de l'année.


Je recherche depuis cet été Tu as calé le moteur par Henri Debs. Je ne l'ai pas encore trouvé, mais j'ai eu la bonne surprise de tomber à la place sur cette reprise dont j'ignorais l'existence.


L'une des meilleures rééditions de l'année, c'est sans doute Un dandy en exil de Mazouni chez Born Bad, une compilation qui m'a incité à acheter cet excellent 45 tours.

23 novembre 2018

ENVELOPES : Sister in love


Acquis chez St Vincent's à Dalston le 7 novembre 2018
Réf : BRILS02S - 094634215176 -- Édité par Brille en Angleterre en 2005
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Sister in love -/- The Nicotines -- It is the law (Acoustic version)

Je suis allé à Londres ce mois-ci, notamment pour assister à un événement des plus sympathiques, ...And don't the kids just love it : A celebration of the genius of Dan Treacy, un concert hommage et de soutien à Dan Treacy de Television Personalities, très diminué depuis plusieurs années suite à de gros soucis de santé. L'occasion sur scène de célébrer la quantité impressionnante de chansons d'anthologie créées par Dan, avec un groupe comprenant d'anciens membres du groupe des différentes époques et de nombreux chanteurs invités. Le spectacle était aussi dans la salle, et ça tournait un peu à la réunion des anciens combattants du Living Room. A un moment dans la soirée, je me suis rendu compte qu'il y avait dans la salle à peu près tous les participants à l'enregistrement de l'album The girl who runs the beat hotel de Biff, Bang, Pow !, à l'exception de la chanteuse Christine et des copines choristes, soit: Alan McGee, Dick Green, Dave Evans, Ken Popple, Joe Foster et Andrew Innes !
La veille, à peine arrivés à Londres et les affaires déposées à l'hôtel, on est allé faire les boutiques à Dalston. De la première qu'on a visité, je suis ressorti avec une trentaine de CD, deux livres et une poignée de 45 tours. Pas mal, sachant qu'un des livres est un roman de Julian Cope et que les CD étaient à 50 pence et qu'il y en a plein d'intéressants.
Il y avait deux-trois caisses de 33 tours, mais je les ai survolées très rapidement car visiblement c'était la daube habituelles des charity shops et je n'avais pas envie de m'encombrer de toute façon. Les 45 tours, il n'y en avait que quelques-uns dans une boite à chaussures et j'ai tout de suite vu un 45 tours Debs ! Malheureusement, la pochette était vide. Je me suis rattrapé en y glissant un autre 45 tours Debs qui était sans pochette et j'en ai trouvé un autre, complet disque et pochette mais un peu décevant, plus un David Devant (que j'ai retrouvé sur scène le lendemain pour chanter un titre de Television Personalities) et ce disque d'Envelopes. Le groupe m'était complètement inconnu, mais la pochette m'a attiré l’œil et, à 50 pence aussi, ça se tentait.
Malheureusement, ce n'est pas si souvent que ça arrive à la première écoute d'une chanson inconnue : dès les premières secondes de Sister in love, j'ai dressé l'oreille et à la fin des trente secondes d'introduction j'étais déjà accroché. Puis il y a au un break, avec une autre partie différente mais aussi intéressante, chantée/parlée ce qui fait qu'on peut la qualifier d'unique couplet, avant le refrain entêtant et répété à l'envi avant et après une autre partie instrumentale dans la lignée de l'intro. Excellent ! De la noisy pop à faire danser un The Legend! comme un fou devant la scène (il était aussi à l'affiche le lendemain), quelque chose comme, pour prendre un groupe avec des influences similaires, du Urusei Yatsura à son meilleur ou The Feelings à leur plus réjouissant.
Il y a deux titre sur la face B. The Nicotines est très brinquebalant mais aussi très bien. It is the law est une version acoustique d'un autre single du groupe, qui m'a moins plu à première écoute mais qui s'avère quand même très agréable.
Bien sûr, j'ai cherché à en savoir un peu plus sur Envelopes. Le groupe était composé de trois suédois et d'une française, Audrey Pic, qui se sont rencontrés au lycée ou à l'université. Au moment de la sortie de ce disque, ils étaient installés en Angleterre, mais ils ont donné leur premier concert à Paris en 2002 sous le nom de The Nicotines (tiens, tiens...). C'est sous ce nom aussi qu'est sorti en 2004 leur premier EP, I don't like it. Mais en 2005, quand est sorti l'album Demon, le groupe était devenu Envelopes. Sur l'album, on retrouve les quatre titres du EP de The Nicotines et les deux singles suivants, It is the law et Sister in love. Le titre de l'album serait un jeu de mots sur Démos, car le groupe le considérait comme une simple compilation de ses premiers enregistrements. Un deuxième album, Here comes the wind, est sorti en 2008, mais le groupe a dû s'arrêter assez vite ensuite.
En tout cas, Sister in love est l'une de mes découvertes les plus explosives et enthousiasmantes de l'année.





16 février 2019

EDICATION SEXELLE : Si i bon di i bon


Offert par Philippe R. à Nantes le 27 janvier 2019
Réf : NCR 006 - ENC-006 -- Édité par ENC en France probablement dans les années 1970 -- Interdit aux moins de 18 ans
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Bell' mè [Belle.Me] -/- Sille bon dille bon [Si i bon di i bon]

Philippe m'a fait ce beau cadeau en pensant que ce disque ne pouvait que m'intéresser. Il avait raison, bien sûr, et je n'ai eu besoin que de jeter un coup d’œil à la pochette pour le confirmer. C'est vraiment exceptionnel ! La paire de fesses sur le panneau sens interdit, les couleurs criardes façon emballage de paquet de lessive, le nom du groupe, Edication Sexelle, la mention "Interdit aux moins de 18 ans"... Une parfaite réussite !
Là où mon intérêt est monté d'un cran, c'est quand j'ai entrepris de trouver des informations sur ce disque pour savoir un peu plus à quoi j'avais affaire. Et là, c'est bien simple et c'est quand même étonnant en 2019 : je n'ai trouvé absolument aucune mention de ce disque en ligne. Rien, nada, que dalle sur un groupe nommé Edication Sexelle ou sur ce disque !
Il faut dire que les données à disposition sont parcellaires et peu fiables en-dehors du nom du groupe : les chansons ont des titres différents sur la pochette et sur l'étiquette du disque; la référence sur la pochette est NCR 006 mais c'est ENC-006 sur le rond central. Il n'y a aucune mention de label non plus, peut-être en raison de la thématique sexuelle du disque, qui était peut-être censé être diffusé sous le manteau. Il y a juste en petit au verso de la pochette la mention "Distribution : ENC Records, 48, rue Tiquetonne, 75002 PARIS - Tél. 236-68-13".
La présence d'un code postal à 5 chiffres nous indique que ce disque date d'après juin 1972. Pour ce qui concerne ENC Records, j'ai trouvé une référence sur Discogs, une seule valable (l'autre correspond à un label homonyme), celle d'un 45 tours des Vikings de la Guadeloupe, Lé en ké maillé, ce qui confirme simplement ce que mes oreilles m'avaient indiqué à l'écoute: il s'agit de musique des Antilles.
C'est tout ce que j'ai trouvé sur ce disque, une bien maigre récolte, et j'espère que les commentaires de cette chronique pourront la compléter.
La présence sur le même label n'est pas suffisante pour avancer qu'il y a un lien direct entre Les Vikings de la Guadeloupe et Edication Sexelle, mais je saisis quand même l'occasion de vous montrer la pochette de leur album Message aux pachas, qui doit dater de la même époque et qui visuellement a un point commun avec celle de mon 45 tours :



Le nom du groupe Edication Sexelle fait clairement référence à l'éducation sexuelle, un sujet d'actualité dans ces années-là, une actualité qui m'a concerné au premier chef puisque j'étais au collège dans les années qui ont suivi la circulaire Fontanet de 1973 sur cette question. Mais sur ce sujet, la meilleure leçon c'est Pierre Perret qui nous l'a donnée en 1975 avec son tube Le zizi. Dans mon souvenir, avec mon frère et ma sœur on avait appris les paroles par cœur et on se faisait un point d'honneur de les chanter un peu partout le plus fort possible. Quand je les relis aujourd'hui, je me demande quand même si on connaissait l'intégralité des trois couplets et du refrain...
Passons à l'écoute du disque. Contrairement à ce que pourrait laisser penser la pochette, la face A n'est pas Si i bon di i bon mais Bell' mè. Je ne comprends pas les paroles en créole, mais il est bien question à la fois de sexe ("69", "position",...) et de belle-mère, deux sujets qu'on n'associe pas d'emblée ! Musicalement, l'accompagnement est de qualité, avec notamment un pianiste remarquable.
Pour la face B, j'ai failli être complètement nul : il m'a fallu trois semaines pour retrouver la trace de Si i bon di i bon, une chanson de Ry-Co Jazz ! Et pourtant, j'ai la pochette de leur 45 tours depuis vingt-cinq ou trente ans, c'est même l'un des tous premiers disques antillais que j'ai jamais acheté (sauf que ce n'est pas le bon disque qui est dans la pochette...) et j'ai écouté cette chanson il y a à peine quelques mois, car elle figure sur la compilation Disques Debs Internation vol. 1, dont j'ai parlé récemment à propos de Daniel Forestal. Comme pour Edication Sexelle, Si i bon di i bon est mis en valeur sur la pochette, mais relégué en face B du 45 tours :






Les paroles sont différentes, la version est beaucoup plus courte, ce qui fait qu'il manque ce qui fait tout l'intérêt de la chanson originale, la longue partie instrumentale et dansante avec orgue et cuivre, mais la chanson Si i bon di i bon d'Edication Sexelle est bien une reprise de celle de Ry-Co jazz. Et là encore, on sent que les musiciens, notamment le guitariste au toucher très jazz, sont de grande qualité.
En tout cas, j'espère qu'on en saura bientôt un peu plus sur ce disque car tout, tout, tout je voudrais savoir tout sur Edication Sexelle !

Ceci était la 1499e chronique de Vivonzeureux!. En attendant la 1500e prévue la semaine prochain, je vous invite à relire celles qui ont marqué les précédentes bornes, la 100e, la 500e et la 1000e.

A écouter :
Edication Sexelle : Bell' mè
Edication Sexelle : Si i bon di i bon

06 juillet 2013

LES LOUPS NOIRS : Cé rèl....


Acquis sur le vide-grenier de Mairy-sur-Marne le 5 mai 2013
Réf : MRS 1048 -- Edité par Mini aux Etats-Unis en 1974
Support : 33 tours 30 cm
8 titres

Par chez nous, c'est l'un des rares dimanches de ce printemps où il a fait un temps parfaitement agréable. Pour fêter ça, je m'étais concocté un petit programme de trois vide-greniers de villages, pas trop grands. Le circuit fut sympathique et agréable, mais j'en étais presque à regretter mon choix quand je me suis retrouvé à parcourir les allées du dernier vide-grenier avec un sac toujours vide. Mais il suffit parfois d'un seul stand pour rendre une pêche aux disques fructueuse...! Là, il y avait deux gros cartons d'albums sur une table, et le premier disque apparent était un album du groupa haïtien Les Shleu-Shleu. J'ai vite déchanté quand j'ai vu que l'épaisse pochette cartonnée était vide et ne servait que d'intercalaire, mais j'ai retrouvé le disque dans sa pochette intérieure quelques disques plus loin, et à ce moment j'avais déjà compris que j'étais tombé sur une mine de disques antillais.
Le vendeur m'a expliqué qu'il s'agissait de la fin d'un lot de disques qu'il avait acheté il y a quelques années en région parisienne et écoulé depuis au fil du temps auprès de collectionneurs ou de D.J. Vue la qualité des restes, le lot devait être énorme et plein de pépites. Il y avait là principalement des disques des années 1970. Quelques-uns sur les labels Debs ou Célini que je connaissais, et beaucoup d'autres édités par 3A, Shango, Mini, Macaya... Je n'ai pas tout pris, mais j'en suis reparti avec un gros sac de plus de vingt-cinq 33 tours : des Vikings (de Martinique, Guadeloupe ou d'ailleurs), des Tabou Combo (des Isles ou non), Coupé Cloué, Grammacks, Georges Plonquitte... Tout un pan de la production antillaise des ces années-là. Dans le lot, quatre albums des Loups Noirs d'Haiti ou d'un de leurs chanteurs, Gardner Lalanne.
J'ai découvert Les Loups Noirs l'an dernier sur la compilation Tumbélé ! avec leur titre Jet biguine, une tuerie avec un rythme et un riff de guitare de folie.
Malheureusement, l'album de 1973 qui contient cette chanson ne figure pas dans mes acquisitions, mais on s'en approche au plus près avec Cé rél..., l'un des trois ou quatre albums que le groupe aurait sorti pendant la seule année 1974, qui s'ouvre avec 747 biguine, qui, sans trop de surprise, s'avère être une nouvelle version, moins explosive, de Jet biguine. Elle est quand même excellente, simplement le saxophone et l'orgue d'Henri Pigniat sont plus en avant que la guitare.
Les meilleurs des autres titres de l'album, dans le style kompa je suppose, sont construits sur le même modèle : un rythme effréné, un lancement chanté et de longues parties instrumentales où les solos s'enchaînent. De ce point de vue, on est proche dans l'esprit des productions des orchestres africains électriques de la même époque, comme celui de Franco, et l'invitation à danser est tout aussi pressante, les grands orchestres haïtiens à succès étant avant tout des orchestres de bal (je n'y vois là rien de péjoratif, bien sûr). Ces meilleurs et excellents titres, ce sont Bam lagen pito, Cé rèl, Jamais, Musicien ce metie'm et Roi des rois. Pour ce dernier titre, j'en ai une autre version, sortie la même année sur l'album Avant le nouveau départ — Gardner Lalanne et les Loups Noirs sont partout !, et pour le coup c'est la version Cé rèl que je préfère. Pourtant, l'intro ne m'accroche pas trop, mais dès que les chanteurs (Gardner Lalanne, Ricardo Franck alias Ti Plume et Jérôme Jean-Baptiste) entrent en action avec des "Lolé lolé" le morceau décolle et les passages où ils scandent "Roi des rois" atteignent des sommets, et je ne vous parle même pas du solo de guitare époustouflant. C'est peut-être bien mon titre préféré du disque.
Quand on danse toute une soirée, il faut bien souffler un peu de temps en temps. Ici, même les passages obligés, Porque te conoci en style cubain et le slow Lamento, sont des réussites.
Depuis deux mois, je baigne donc dans la musique haïtienne. Et vous savez quoi ? Je n'ai même pas encore écouté tous mes disques !

Cé rél... est en écoute et en vente chez Antilles Mizik.

16 avril 2022

LES LEOPARDS : Maïs


Acquis par correspondance via Discogs en avril 2022
Réf : GR 112 -- Édité par Hit Parade en France vers 1973
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Maïs -/- Mal palan

La pochette est importante pour un disque, et parfois une photographie bien choisie peut en dire beaucoup.
Celle-ci, prise par Paul Roy-Camille, nous place directement au cœur du sujet et elle est parfaitement mise en valeur puisque, à part le logo du label et la référence, elle est libre de toute mention du groupe ou des chansons, façon New Order/Factory.
Et que nous dit cette photo ? Eh bien, que le ciel de Martinique est d'un azur parfait et que le maïs qui y pousse, et qui occupe ici toute la diagonale de la pochette, est d'une qualité incomparable.
On distingue sur cette photo l'extrémité d'un membre. Prise dans les "cheveux de maïs", on suppose qu'il s'agit de la main d'un paysan qui exhibe fièrement son plus bel épi.
Le maïs en métropole c'est une engeance car il faut l'irriguer et ça épuise les nappes phréatiques. Mais là où il pousse naturellement, comme en Martinique, c'est une richesse, comme d'autre productions locales emblématiques telles que la banane et la canne à sucre. On est loin de la Gaule !

Pour ma part, le maïs me rappelle les cours de sciences naturelles au lycée, avec cette pauvre prof qui avait bien du mal à tenir ses classes et qui était un peu le souffre-douleur de ses élèves. Et encore, quand elle abordait les lois de Mendel avec des épis de maïs aux grains noirs et jaunes, ça pouvait aller, mais quand il s'agissait de disséquer une souris ou de stimuler électriquement une grenouille pour déclencher une réponse réflexe, c'était vraiment le chantier.

Maïs est extrait du cinquième album des Léopards, groupe originaire de Saint-Pierre en Martinique. C'est le premier sorti après le grand succès rencontré en 1972 avec D'leau coco, qui est resté depuis leur titre emblématique.
Je connais mieux les labels Célini/Aux Ondes et Debs, mais au bout du compte je finis aussi par avoir pas mal de disques de Hit Parade et 3A, les deux principaux labels successifs des Léopards, tous deux basés en Martinique.
En 1972, et sûrement encore en 1973, Les Léopards étaient composés de Guy Francisque, Max Ransay, Albert Nadeau, Casino, Baby Fidel, Marcel Charles, Alex Martine, Alain Joséphine. L'instrument qui donnait alors sa couleur au groupe, c'était l'orgue, très présent sur beaucoup de leurs titres. C'est bien le cas sur l'excellent Maïs, un tumbélé, genre importé aux Antilles par Ryco Jazz, un groupe proche des Léopards (ils ont eu un membre en commun, Casino, et ont partagé l'affiche sur deux disques, un album et un 45 tours). C'est vrai aussi pour la face B Mal palan, qui est dans le style compas direct d'Haiti.

Je n'ai pas trouvé en ligne de biographie détaillée des Léopards, qui ont quand même sorti une trentaine d'albums, mais si vous voulez en savoir plus vous pouvez écouter l'émission de radio spéciale d'A la recherche du groove perdu, dans laquelle on entend notamment des extraits d'une émission de Zouk TV, visible intégralement sur YouTube.

09 juin 2023

LES JUNIORS : Ce chome la


Acquis chez Emmaüs à Courtisols le 20 mai 2023
Réf : RC 95 -- Édité par Aux Ondes/Disques Célini en France au début des années 1970
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Ce chome la -- Sparow dead -/- Tumbélé des Juniors -- No puedo vivir

Ça faisait longtemps que je n'étais pas allé chez Emmaüs à Courtisols.
Une bonne quantité de disques en bon état, bien rangés dans des meubles accessibles, à un prix tout à fait correct : je crois bien que c'est la seule communauté de la Marne qui remplit actuellement tous ces critères.
L'immense majorité des disques étaient d'artistes français. J'en ai trouvé une poignée, dont un superbe EP de Ricet-Barrier, La "Norton".
Et puis je suis tombé sur ce disque des Juniors.

Sur la pochette, les neuf membres du groupe posent sur les marches de l'escalier d'un château. Le donjon très particulier à l'arrière permet de l'identifier comme étant le château de Vincennes.
Il n'y a aucune indication au recto, en-dehors du nom du groupe. J'ai bien sûr noté que tous les membres du groupe étaient noirs, ce qui était plutôt de bon augure, mais je ne m'attendais pas en retournant la pochette à découvrir que j'étais tombé sur un très bel EP 4 titres des Disques Célini/Aux Ondes !

Alors je m'intéresse de près à ce label depuis une quinzaine d'années maintenant, je découvre à cette occasion que j'ai laissé passer l'annonce du décès de son fondateur Raymond Célini, à 84 ans fin 2020. Il faut dire que, même si les labels Debs et Célini suscitent l'intérêt depuis plusieurs années, j'ai bien l'impression qu'aucun média de métropole n'a relayé cette information.

Quatre titres sur ce disque, donc, quatre styles musicaux différents. Les deux morceaux plus intéressants sont ceux qu'on trouve sur chaque début de face.

Ce chome la est indiqué comme étant du cadence rampa,un genre haïtien. Après une partie chantée, ça décolle vraiment dans une partie instrumentale où guitare, cuivres et percussions jouent des coudes pour tenir le premier rôle. On regrette presque que ça ne soit pas un 45t simple et que la piste ne dure pas deux minutes de plus.

Tumbélé des Juniors, c'est bien sûr un tumbélé, la version antillaise de la rumba congolaise. Un motif de guitare entraîne tout le morceau. C'est excellent.

Les deux autres titres ne sont pas tout à fait au même niveau.
Sparow dead est une reprise de Sparrow dead, un titre de 1969 de Mighty Sparrow. Le chant est typiquement calypso, l'arrangement musical un peu moins, mais de fait il est assez fidèle à celui de la version originale.

Pour No puedo vivir, annoncé comme boléro avec un titre en espagnol, on donne sans surprise dans le style cubain. Ici, ça fait un peu figure de style imposée. Dans le genre, il y a mieux.

Ceci est apparemment le seul 45 tours publié par Les Juniors. Sur Discogs, il est associé à la fiche d'un groupe nommé Les Juniors de Paris, qui a sorti sous ce nom un unique album, Regrets. Ça doit effectivement bien être le même groupe : ils sont aussi neuf en photo sur la pochette...!
Tous les titres originaux des Juniors de Paris sont signés Alex Dorothée, qui a sous son nom un palmarès discographique bien plus étoffé. Son album Au Krisma Discothèque et sa collaboration avec la chanteuse Meliza ont été réédités ces dernières années.

Au moment où je passais en revue les dizaines de 45 tours chez Emmaüs, je désespérais de trouver au moins un 45 tours africain ou antillais. Je suis bien content d'être tombé sur celui-là, qui a suffi à faire mon bonheur pour ce jour-là.

24 août 2019

MAURICE ALCINDOR : Pilules


Acquis probablement sur le vide-grenier de la FCPE à Ay le 26 juin 2011
Réf : RCG 5041 -- Édité par Aux Ondes/Disques Célini en France dans les années 1970
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Pilules -/- Ouvè la pote la ba moin

L'autre jour, chez Philippe R., on s'est mis à écouter de la musique sur YouTube. Le réglage était sur lecture automatique. Je ne sais plus d'où on était parti, mais à un moment la machine a enchaîné Bourrico par Les Léopards, le monumental Tu as calé le moteur d'Henri Debs et l'excellent Ouvè la pote la ba moin de Maurice Alcindor ! A la fin de la séquence on en était presque tous les deux à danser sur le carrelage !
Je savais que je n'avais pas les deux premiers titres cités. J'avais l'impression de ne pas connaître Ouvè la pote la ba moin, mais je savais que j'avais plusieurs 45 tours de Maurice Alcindor (dont un offert par Philippe il y a un an, d'ailleurs). J'ai donc fait un tour sur sa discographie chez Discogs et j'ai vu que cette chanson est la face B d'un 45 tours dont j'ai instantanément reconnu la pochette, avec Pilules en face B. J'étais à un peu près certain de l'avoir, ce qui m'a été confirmé après connexion par l'état de ma collection Discogs.
Mais, une fois rentré à la maison, impossible de mettre la main sur ce disque pour éventuellement le chroniquer. Il n'était pas dans la boite des 45 tours antillais, ni dans la pile des disques en attente de chronique. J'ai bien cherché un peu ailleurs, sans succès, mais j'ai vite abandonné et je me suis même résolu de le supprimer de ma collection Discogs.
Ce n'est qu'une semaine plus tard que je suis finalement retombé dessus, complètement par hasard, bien sûr : il y a quelques semaines, j'avais ressorti ce disque avec quelques autres pour les réécouter et en choisir un à chroniquer après avoir bien écouté les compilations Born Bad Antilles méchant bateau et Disque la rayé (sur cette dernière on trouve Sékirité de Maurice Alcindor). Mais, comme un con, j'ai ensuite posé ces disques sur la pile des disques à écouter, où ils ont assez vite été recouverts, en cette saison de brocantes (même si les brocs ce n'est plus ce que c'était ma bonne dame !).
Enfin bref, j'ai bien ce disque et je le chronique. J'ai une chance sur deux de me tromper, mais je pense que c'est bien celui-là que j'ai acheté à Ay en 2011, le même jour que le Ti Ken et le double 45 tours des Maxel's.
Sportif, agent de l'éducation nationale, chansonnier, fantaisiste, animateur de télévision, Maurice Alcindor est sur le devant de la scène martiniquaise depuis plus de cinquante ans. Il a fêté en juin ses 89 ans.
A un moment (au tout début des années 1970 je pense), Maurice Alcindor a enchaîné trois références de 45 tours chez Célini/Aux Ondes, Sékirité, Pilules et Tuma tu m'as eue. Les notes de pochette de Tuma tu m'as eue, par le journaliste Jean Chomereau-Lamotte, le situent parfaitement : "Avec Maurice Alcindor on s'achemine de plus en plus vers une chanson réaliste qui s'adapte parfaitement au fait social antillais. S'il nous a été présenté sous un premier aspect de chansonnier humoristique, il nous apparaît maintenant nanti de la verve d'un perspicace observateur de la chose antillaise."
Et effectivement, on sent bien qu'il a un côté fantaisiste/rigolard à la Salvador mais, après avoir traité de la sécurité sociale sur le 45 tours précédent, il s'attaque ici au Planning Familial avec Pilules et, même si le ton est léger, l'analyse de la situation sociale est bien présente, même si, comme souvent avec le créole, je ne comprends pas toutes les paroles.
En face B, Ouvè la pote la ba moin est une autre biguine. C'est presque du théâtre de boulevard ou un sketch, avec le bruitage du gars qui frappe à la porte et qui demande à Doudou de lui ouvrir en lui promettant qu'il a changé "tout bonnement". Musicalement, comme pour la face A, l'interprétation est excellente. Il y a notamment pendant une bonne partie de la chanson une ponctuation rythmique au saxophone originale et efficace. Sur une compilation, cette chanson s'enchaînerait parfaitement avec Keep on knocking, surtout dans sa version cajun par Clifton Chenier, Tu peux cogner mais tu peux pas rentrer.
Un excellent disque, donc, que je vais ranger bien à sa place et que je vais essayer de tenir à l’œil !

16 septembre 2017

ROGER ZAMI - LES MAXELS : Salut champion


Acquis chez Emmaüs à Tours-sur-Marne le 9 septembre 2017
Réf : RC 80 -- Edité par Aux Ondes/Disques Célini en France en 1970
Support : 45 tours 17 cm
Titres : ROGER ZAMI : Salut champion -- LES MAXELS : Tumbélé -/- Biguine Roger Zami -Vini dansé tumbélé

Samedi dernier, la presse avait annoncé que les vinyls de l'Emmaüs de Tours-sur-Marne seraient de sortie, sûrement pour la première fois depuis juin dernier, quand j'avais acheté le 45 tours de Freddie Bell.
J'imagine que les voraces du disque piétinaient devant la porte bien avant l'ouverture. Pour ma part, je me suis assuré d'arriver tranquillement un quart d'heure plus tard. Évidemment, à cette heure les 33 tours étaient pris d'assaut, mais on pouvait encore se contorsionner pour accéder aux 45 tours.
L'ami Damien m'avait précédé, il a donc pu empocher le Lola des Kinks. Pour ma part, j'ai su que j'avais fait ma trouvaille du jour quand j'ai mis la main sur cette pochette très colorée, que j'ai vu qu'elle était du label Aux Ondes de René Célini, et, en la retournant, que Les Maxels étaient de la partie. Il y avait deux autres 45 tours Aux Ondes dans les bacs, qui venaient du même propriétaire, mais je les avais déjà : ils compléteront la collection de Philippe R.
Au bout du compte, j'ai trouvé aussi quelques autres 45 tours, deux 78 tours et deux CD intéressants. Bonne pioche, donc.

Je n'avais jamais entendu parler de Roger Zami, mais je me suis bien douté qu'il y avait quelque chose de particulier puisqu'il est précisé au dos de la pochette que Salut champion, le premier titre du disque, est une interview avec lui.
Une fois rentré à la maison, j'ai écouté le disque et j'ai cherché son nom en ligne, et j'ai appris que Roger Zami était un boxeur né en Guadeloupe en 1941, devenu champion de France en janvier 1970, c'est le moment où ce disque a été enregistré, puis champion d'Europe en février 1972.
Il a perdu son titre européen en octobre 1972 et disputé son dernier combat en août 1974. il est mort, "tragiquement", en novembre 1977. A Le Gosier en Guadeloupe, sa ville natale, la rue qui le longe et le stade municipal portent le nom de Roger Zami.
Il est assez attachant dans l'interview, avec des réponses sur un ton très posé aux questions du journaliste.


Roger Zami, champion de France de boxe, photo trouvée sur le site Boxing nazairien.

Je connais et j'apprécie Les Maxels depuis 2008, quand j'ai acheté en bas de chez moi leur excellent Désordre musical. Depuis, j'ai pu acheter plusieurs de leurs disques, dont Dansez Ou-Lé-Lé.
Le nom du groupe n’apparaît pas au recto de la pochette, et il est seulement en tout petit au dos, cela explique sûrement pourquoi ce disque n'est pas répertorié dans leur discographie, ni sur Wikipedia ni sur Discogs. Pourtant, en-dehors de l'interview, cet EP nous propose bel et bien trois excellents titres des Maxels, non édités par ailleurs.
Biguine Roger Zami est un titre hommage de circonstance, qui mentionne les exploits sportifs l'année précédente d'un autre guadeloupéen, Roger Bambuck. Musicalement, c'est très bien, avec un assez long solo de saxophone suivi d'une autre partie de cuivres.
Les deux autres chansons, Tumbélé (où il est question de rendez-vous au bar à Gégé) et Vini dansé tumbélé, sont, comme leur titre l'indique je suppose, des tumbélés, concoctés avec des ingrédients similaires : une rythmique basse et percussions implacable, autour de laquelle s'enroule  un tricot d'orgue, un chant entraînant, le saxophone en instrument principal, avec les guitares électriques qui ne sont jamais loin derrière, les deux instruments se relayant pour les solos.
Les Maxels ont enregistré plusieurs albums, notamment chez Debs. Chez Célini, ils ont sorti plusieurs 45 tours sous leur nom et ils ont accompagné plusieurs autres artistes. Il y a largement la matière pour produire une excellente compilation, rien qu'en se concentrant sur leurs premières années. Ça viendra peut-être...

A écouter :
Roger Zami : Salut champion (Interview).
Les Maxels : Tumbélé.
Les Maxels : Biguine Roger Zami.
Les Maxels : Vini dansé tumbélé.

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