13 mai 2018

MÉLISSA LAVEAUX : Radyo Siwèl


Acquis par correspondance chez Nø Førmat en mai 2018
Réf : NØF. 40 - 19075806692 -- Édité par Nø Førmat en France en 2018
Support : CD 12 cm
12 titres

Dans le n° 295 de Mojo il y a un article d'une page sur Mélissa Laveaux. J'avais déjà vu passer son nom, mais je ne connaissais rien d'elle. En lisant cet article sur cette chanteuse, née au Canada de parents haïtiens qui ont fui la dictature des Duvalier, qui vit à Paris, qui allait après l'entretien donner un cours à des élèves sur le Punk et les sociétés marginalisées, qui s'est immergée pour son troisième album Radyo Siwèl dans les musiques traditionnelles haïtiennes et s'est intéressée à la période d'occupation d'Haïti par les États-Unis de 1915 à 1934, je me suis dit que j'avais un problème. C'est bien beau de s'intéresser à la musique des Antilles, de chroniquer des disques de chanteuses haïtiennes mortes depuis longtemps, comme Martha Jean-Claude, ou récemment, comme Émy de Pradines, mais ce serait quand même mieux de s'intéresser à ce que sont en train de créer des vivants tout près de chez moi. J'ai donc aussitôt commandé l'album et j'ai bien fait car j'ai été conquis dès la première écoute.
Et pourtant, j'ai été surpris. De ce que j'avais lu sur l'inspiration créole et haïtienne, sur le fait qu'il y a plusieurs chansons en commun avec mes disques de Martha Jean-Claude et Émy de Pradines, je m'attendais à quelque chose avec un son et un style assez proches de ces disques. Eh bien, ce n'est pas du tout le cas. Cet album chanté principalement en créole, enregistré en cinq jours en avril 2017 à Pantin avec deux ou trois prises par chanson, est bien celui de jeunes musiciens qui ont infusé des décennies de folk et de rock, et ça s'entend. De même qu'on n'est pas étonné d'apprendre que, outre les deux haïtiennes déjà citées, Mélissa Laveaux, qui est guitariste, dit avoir été inspirée par Sister Rosetta Tharpe.
Ce lien et en même temps cet éloignement avec les musiques traditionnelles est très bien expliqué sur le site du label Nø Førmat : "Les racines peuvent donc libérer, si l'on ne veut pas en rester prisonnier. Pour Mélissa, Haïti était comme cette voix sortie d'une radio dont le signal se brouille avant de revenir, ne livrant à l'auditeur que quelques mots épars... mais du même coup, la liberté d'inventer ceux qui manquent. Mélissa a réinventé le passé, pour mieux s'ouvrir un avenir de possibles. A partir des racines, elle a choisi les branches et les feuilles de l'arbre qu'elle continue de faire pousser. Son arbre donne des petites prunes, qu'en Haïti on appelle sirouelles, ou Siwèl en créole. Radyo Siwèl, voici le troisième album de Mélissa Laveaux."
Je suis encore en train de découvrir l'album, je ne vais pas en détailler les titres, d'autant qu'ils me plaisent  déjà tous, du premier Lè ma monte chwal mwen, avec de lointains échos de Walk on the wild side, à la comptine La sirèn la balèn, en passant par le très rock Nibo, Tolalito, Kouzen et Angeli-ko (trois titres en commun avec Martha Jean-Claude, je pense), Panama mwen tombe (dont il y a une version par Émy de Pradines). Les autres, Nan fon bwa, Simalo, Joli bwa, Twa fey et Legba na konsole sont tout aussi bien.
Un disque enthousiasmant donc,et mon prochain objectif, en sus de me procurer les deux premiers albums, sera de réussir à voir Mélissa Laveaux sur scène. Elle tourne actuellement Radyo Siwèl un peu partout dans le monde, et présentera également les 14 et 15 juin au Théâtre Le Tarmac à Paris Et parfois la fleur est un couteau, une fable afro-futuriste en forme de "concert dramatique".
Mais j'ai d'ores et déjà un regret : celui de ne pas avoir découvert cet album trois semaines plus tôt. En effet, Mélissa Laveaux a donné un concert le 21 avril à la salle Jeanne d'Arc de Verdun, là même où j'ai vu Gontard ! en février dernier, et je suis bien sûr que j'aurais fait le déplacement.

Radyo Siwèl est en vente chez Nø Førmat.


Première des vidéos de présentation de Radyo Siwèl. Bien regarder toute la liste.







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