05 octobre 2024
113 : Jackpotes 2000
Acquis par correspondance via Ebay en septembre 2024
Réf : CHR019/37000784002 2 -- Édité par Chronowax/Small en France en 2000
Support : 33 tours 30 cm
7 titres
Récemment, quelqu'un demandait sur Twitter, "Qui n'a pas encore fait son éloge du documentaire sur DJ Mehdi ?". Et ce matin-même, alors que je m'apprêtais à rejoindre le gros de la troupe avec cette chronique, Le Monde a publié un article entièrement dédié à l'analyse de la réaction des plus de 50 ans à ce documentaire ! Je me suis connu moins prévisible dans mes choix musicaux, mais ce n'est pas ça qui va m'empêcher de les assumer.
Je me souviens de l'annonce dans la presse de la mort de DJ Mehdi en 2011. Je m'étais fait la réflexion que je ne connaissais pas du tout ce producteur/metteur en sons qui venait de mourir accidentellement à 34 ans. Et les choses n'avaient pas évolué cet été quand est arrivée en ligne la série documentaire DJ Mehdi - Made in France. Ma première réaction quand j'ai fini par m'y intéresser, ce fut de m'étonner qu'on puisse remplir six épisodes sur le parcours de celui qui restait pour moi un inconnu. Et après chacun de ces épisodes, je me suis dit que je venais sûrement de voir la partie qui m'intéresserait le plus, mais à chaque fois la suivante réussissait à capter mon attention, avec de nouvelles collaborations, de nouvelles aventures, depuis les débuts à 12 ans à bricoler un sampler dans son HLM jusqu'au concert complet de son groupe Idéal J à l’Élysée Montmartre, puis le grand succès (double-disque de platine) avec l'album Les princes de la ville de 113 et les aventures électro avec la bande d'Ed Banger Records.
Quand j'ai commencé à chercher un disque lié à DJ Mehdi je me suis rendu compte que plein de gens étaient en train d'acheter ces disques après avoir vu le documentaire.
Et puis, il y a le cas particulier de l'album de 113. Autant j'ai suivi de très près par exemple IAM au moment de leur premier album, autant dix ans plus tard je m'intéressais tellement peu à l'actualité du hip hop français que je ne connaissais pas du tout ce groupe produit par DJ Mehdi qui, c'est l'un des grands moments du documentaire, a raflé deux Victoires de la Musique en 2000 (en partie grâce au vote du public), s'est pointé sur la scène du Zénith en Peugeot 504 et a fait se pincer le nez à une bonne partie du monde du spectacle présent dans la salle, qui a eu l'impression d'être envahi par la banlieue.
Je me serais bien acheté un CD de Les Princes de la Ville, qui contient deux chansons qui me plaisent énormément, Ouais gros (qui sample Kraftwerk, même si ce n'est pas aussi révolutionnaire que le docu le laisse entendre, puisque la fusion rap/Trans Europe Express ça remonte au moins à 1982 avec Planet rock d'Afrika Bambaattaa) et le tube Tonton du bled. Oui mais voilà, Tonton du bled contenait un sample non déclaré qui a valu au groupe un procès. C'est étonnant, mais ce n'était sûrement pas le seul échantillon non négocié sur l'album, ce qui explique pourquoi il n'a pas été réédité depuis. Et on se retrouve dans une situation paradoxale où un disque qui s'est vendu il y a 20 ans à 350 000 exemplaires vendus est devenu très rare et très cher sur le marché de l'occasion.
Pour ma part, comme à mon habitude, je me suis refusé à payer un prix "collector" et je ne suis pas mécontent d'avoir réussi à dénicher sur Ebay un exemplaire en état tout à fait correct de ce maxi extrait de l'album, pour la somme royale de 3,99 € port compris, alors qu'il m'en coûterait plus de 6 pour envoyer moi-même ce disque par la poste, et alors que ce disque s'est vendu quatre fois entre 44 et 59 € sur Discogs depuis la mi-septembre.
La chanson principale s'appelle Jackpotes 2000, parce qu'elle est parue à la veille de l'an 2000, et aussi sûrement pour la distinguer d'une première version, Jack-potes, sortie en 1998 sur le mini-album Ni barreaux ni barrières ni frontières. J'aime assez bien le sample principal d'un titre de Rene and Angela. La chanson raconte une soirée en boîte et en ça on ne peut que la rapprocher d'un immense tube, Je danse le mia.
Comme pour les maxis de rap américains, on a droit aussi à l'instrumental et à l'a'cappella.
Les deux titres de la face B ne figurent pas sur l'édition originale de l'album de 1999. Ils ont été ajoutés en bonus sur une deuxième édition parue en 2000.
Tonton d'Afrique vient compléter une série débutée sur l'album avec Tonton du bled et Tonton des îles. Ce n'est pas DJ Medhi qui a réalisé la piste instrumentale ni produit ce titre, mais Clément Chassaing/Curtis. Entre la basse, le sample de Sékouka Bambino Diabaté, le rap et les chœurs, c'est excellent.
Pour On l'a pas mérité, l'un des samples est de Bobbi Humphrey (connais pas, comme pour les précédents), mais les éléments les plus intéressants, dont la basse énorme, n'en proviennent pas. Les rappers de 113 y reviennent sur leur parcours. C'est peut-être bien mon titre préféré des trois.
Vous n'aviez sûrement pas besoin de moi pour vous décider, mais j'imagine que si ce n'était pas déjà fait vous allez peut-être maintenant aller voir DJ Mehdi - Made in France.
Le prince de la ville, le quatrième épisode de la série documentaire de Thibaut de Longeville DJ Mehdi - Made in France. Les six épisodes sont disponibles ici.
29 septembre 2024
T.H.X. : Telstar
Acquis chez Happy Cash à Dizy le 13 septembre 2024
Réf : COB 47008 -- Édité par Cobra en France en 1978
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Telstar -/- Rhizosphère suite
Ces temps-ci, la ressourcerie ne reçoit presque plus de disques en don. Il reste la même trentaine de 45 tours depuis plusieurs semaines (il y en avait plusieurs centaines il y a encore quelques mois), parfois il n'y a même plus de 33 tours et le rayon CD a été réduit au moins des deux tiers et ne se renouvelle presque plus.
Heureusement, le Cash à côté met de temps en temps en vente des lots de 45 tours à 30 centimes. La fois précédente c'était en mai. Là, ils avaient surtout l'air d'être de variétés et pas en super état, mais au final je suis reparti avec une dizaine de disques, dont un Gainsbourg, Lady Heroine, que je n'avais pas, Ali be good de Topaloff aussi, et celui-ci.
Je ne connaissais pas ce disque. Si je l'ai sorti du rayon pour l'examiner de plus près, c'est bien sûr parce que je me demandais si le Telstar en question était bien une reprise du tube des Tornados, sommet des productions de Joe Meek. J'ai noté au passage que ce disque est édité par Cobra, label éclectique qui a notamment accueilli Métal Urbain et Castelhemis. J'ai eu confirmation par le rond central qu'on avait bien affaire à une reprise du tube de 1962, et en retournant le disque, j'ai eu la grande surprise de découvrir que la face B est créditée à "R. Pinhas - F. Auger". Autrement dit, je venais de trouver un disque lié à Heldon !
Heldon et Richard Pinhas, ce n'est pas particulièrement ma tasse de thé. Je me souviens des publicités dans la presse en 1979/80 pour Stand by et East/West. J'ai acheté plusieurs albums d'occasion un jour dans les années 1980, parce qu'ils étaient pas chers, certains avec des pochettes marquantes. Je ne l'ai pas écouté récemment, mais j'avais apprécié à ce moment-là le premier album, Electronique guerilla. Mais depuis, je n'ai suivi les activités de Richard Pinhas que par le biais de ces collaborations régulières avec Pascal Comelade.
Quelqu'un indique en commentaire sur Bide & Musique que l'enregistrement de cette reprise est une réponse au label qui réclamait un single plus commercial. En tout cas, le disque enregistré avec le batteur d'Heldon François Auger a été sorti prudemment sous le pseudonyme T.H.X. (il n'y a pas eu d'autre sortie sous ce nom). Il semble clair à l'écoute de Telstar que cette version synthétique n'existerait pas si Jean-Michel Jarre n'avait pas eu un tel succès avec Oxygène.
En face B, Rhizosphère suite reste accessible, avec pas mal de zigouigouis au synthé. C'est sauf erreur de ma part la troisième version publiée de cette composition, après Rhizosphère et Rhizosphère sequent en 1977 sur le premier album de Richard Pinhas sous son nom, Rhizosphère. La version Suite est assez logiquement plus proche de la version Sequent que de l'autre, qui dure 17 minutes. Cette version, comme la face A, a été enregistrée en février 1978 au studio Davout. Les deux faces du 45 tours ont été incluses en 2006 sur la compilation Singles collection 1972-1980 (mais attention, sur Bandcamp la compilation s'appelle Singles collection 1972-1981, comporte moins de titres, et par erreur la Suite y est titrée Sequent !).
Un 45 tours d'Heldon/Richard Pinhas chez Cash, je ne l'avais pas vue venir celle-là ! Si seulement je pouvais faire quelques autres trouvailles de cet acabit d'ici la fin de l'année...
21 septembre 2024
PIERRE MALAR : Boléro flamenco
Acquis sur le vide-grenier de Sarry le 8 septembre 2024
Réf : 282.047 -- Édité par Odéon en France en 1949
Support : 78 tours 25 cm
Titres : Boléro flamenco -/- Sérénade argentine
Ces temps-ci, je repars bredouille des brocantes plus d'une fois sur deux. Et quand ce n'est pas le cas, ce n'est pas pour autant que j'y trouve des disques intéressants en nombre. La plupart du temps, c'est juste un ou deux disques "de consolation".
A Sarry, par un beau temps frais, j'ai commencé par assurer le minimum en voyant à l'avant d'un carton de 33 tours à 3 € (j'ai ignoré les autres cartons à 5, 10 et 15 €) le troisième album de George Thorogood and the Destroyers. Je l'ai pris de bon cœur, d'autant que je ne le connaissais pas du tout.
Pas grand chose sur les autres stands. J'ai examiné une première petite pile de 78 tours sur une table, sans succès. Puis une deuxième un peu plus tard, avec quelques disques de chansons, dont deux des Soeurs Etienne, que j'ai pris. Je suis déjà tombé sur des disques de Pierre Malar, j'en ai même déjà un, mais là, quand j'ai eu en mains celui-ci, il m'a fallu un instant quand j'ai vu inscrit Sérénade argentine sur la rondelle pour réaliser que je venais de boucler une quête entamée il y a des années : trouver la version originale de Si vous passez par là.
J'ai déjà raconté cette histoire ici en deux étapes, en 2006 avec la chronique de Si vous passez par là de 3 Mustaphas 3, disque acheté en 1986 qui m'a fait découvrir cette chanson, puis en 2015 avec un autre 78 tours, une version instrumentale à l'accordéon de Sérénade argentine par Tony Murena.
Je me suis demandé quel pouvait être l'original de la reprise des Mustaphas dès 1986. Il m'aura fallu 29 ans pour avoir les références de ce titre (Sérénade argentine par Pierre Malar, donc) et 9 ans de plus pour l'acquérir.
Je vais essayer de profiter de l'occasion de ce nouvel achat pour tenter de retracer, peut-être une bonne fois pour toute, l'historique de cette chanson, connue sous les titres Amparito, Sérénade argentine et Si vous passez par là.
Les auteurs
Ce serait presque le plus simple, s'il n'y avait pas des pseudonymes dans tous les sens.
Ils sont trois.
Pueca signe la musique.
C'est le pseudonyme de quelqu'un appelé Puech, mais qui ? Par le passé, j'avais repris des informations signalant qu'il s'agissait d'Yves Puech, dont l'un des pseudonymes serait Enrico Cueca. La BnF donne cette information. Mais Discogs indique plutôt un certain Henri Puech et la BnFne fait pas de lien entre la fiche de Pueca et les fiches des deux Puech, tout en donnant la même année de décès, 1951, pour Henri et pour Pueca. Et les deux Puech ont des titres au catalogue des Editions Universelles, l'éditeur de la chanson qui nous intéresse.
Alors je ne me prononcerai pas aujourd'hui. D'ici à ce qu'on apprenne qu'Yves et Henri sont une seule et même personne, ou qu'ils étaient deux frères qui utilisaient le pseudonyme Pueca il n'y a pas loin...!
J. Teruel signe les paroles espagnoles sous le titre Amparito. C'est un pseudonyme de José Sentis (1888-1983). Né en Espagne et installé en France, il aurait contribué à l'introduction du tango dans notre pays.
Max François signe les paroles françaises sous le titre Sérénade argentine. C'est le pseudonyme de Max Raio de San Lazaro (1914-1995). Il est notamment le co-auteur des paroles de Si toi aussi tu m'abandonnes, du film Le train sifflera trois fois.
Tous les auteurs et le label étant basés en France, je ne m'explique toujours pas pourquoi, sur une partition d'époque, il est fait mention d'une maison d'édition A. Teruel à La Havane à Cuba. La seule explication que je vois, c'est que ce serait bidon pour faire authentiquement afro-cubain, mais ça parait vraiment tordu.
Les versions de la chanson
Sur le site Musée SACEM, on trouve une partition Ⓒ 1948 tirée d'un recueil postérieur. Sous le titre Sérénade argentine (Amparito), on y trouve à la fois les paroles françaises et espagnoles. C'est la seule trace concrète que j'ai trouvée d'Amparito. Autant que je sache, aucun enregistrement de ces paroles n'a été publié. Et les paroles françaises ne sont visiblement pas une traduction de l'espagnol.
En 1949, Pierre Malar crée la chanson sur disque chez Odéon.
Assez vite, deux versions chantées par des femmes sont publiées, celle de Jacques Hélian et son Orchestre et celle de Rina Ketty.
A la même époque, plusieurs versions instrumentales sortent, à l'accordéon surtout, par Tony Muréna, donc, mais aussi Edouard Duleu et René Sudre. Mais ma préférence irait presque à celle au piano d'Emil Stern, accompagné par les Careno Cuban Boys, qui devaient être aussi cubains que moi !
Vers 1966, sort Si vous passez par là par l'Orchestre O.K. Jazz de Franco. C'est là que le titre alternatif apparaît. Cette version, chantée à deux voix, est fortement ralentie et épurée. C'est un chef d’œuvre.
En 1986, sort donc la version de 3 Mustaphas 3 de Si vous passez par là, clairement basée sur celle d'O.K. Jazz, pas seulement pour le titre, et excellente également.
Je vous déconseille de cliquer sur ce lien pour écouter une version instrumentale très tardive par André Verchuren !
Pierre Malar
Pierre Malar est né il y a 100 ans à huit jours près, le 29 septembre 1924 à Montréjeau en Haute-Garonne, sous le nom de Louis Azum. On l'a vu avec les auteurs de la chanson, la musique et les pseudonymes hispanisants étaient en vogue à l'époque. Mais ce n'était pas qu'une question de mode pour Pierre Malar, puisque sa mère était d'origine espagnole et son père, tiens tiens, était né en Argentine.
Présenté à Piaf lors d'une émission de radio à Toulouse, il monte à Paris à son invitation et fait ses débuts au Théâtre de l’Étoile en février 1945. Sérénade argentine est l'un de ses plus grands succès. Sa carrière de chanteur décline à partir de la fin des années 1950 et il se reconvertit avec succès en 1968 comme professeur de chant. Il est mort à 89 ans le 13 décembre 2013.
Ce qui m'a surpris initialement dans la version de Sérénade argentine de Pierre Malar, c'est sa voix placée assez haut, celle d'un chanteur de charme un peu à la Tino Rossi. L'accompagnement d'orchestre de Jean Faustin, avec beaucoup de cordes, est moins "typique" que pour certaines des reprises. Pour les paroles, comme pour toutes les versions, il y a toujours quelque chose qui me gêne : dans un premier temps, le narrateur se lamente, "Pourtant je suis parti", avant d'expliquer à la fin "que j'attends son retour". A chaque fois je me dis que si c'est lui qui est parti, c'est peut-être plutôt à lui de revenir.
Même si ce fût le succès du disque, Sérénade argentine n'en est que la face B. Le titre principal, Boléro flamenco, s'annonce cette fois doublement hispanisant, boléro comme la Sérénade, et flamenco en plus. On est strictement dans la même veine, musicalement et thématiquement ("Puis elle est partie à son tour, alors loin d'elle tout mon ciel est devenu lourd, la vie cruelle, sans espoir j'attends son retour et je l'appelle, car sans ma belle, mon cœur meurt d'amour").
Ce coup-ci je pense avoir fait le tour du sujet Sérénade argentine, à un ou deux questionnements près. Je ne compte plus y revenir, sauf peut-être dans neuf ans, pour garder le rythme, si je réussis d'ici là à me procurer un exemplaire en 45 tours de Si vous passez par là par O.K. Jazz.
14 septembre 2024
DAOUDA : Gbakas
Acquis par correspondance via Ebay en septembre 2024
Réf : MOY.451 -- Édité par Moya en France en 1976
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Gbaka -/- Lola
Parmi toutes les chaînes accessibles sur la box télé de mon fournisseur internet, il n'y en a guère que deux susceptibles de m'intéresser, BBC News et Melody d'Afrique, un robinet à musique nostalgique entièrement dédié à la musique africaine des années 1960 à 1990.
L'autre jour, en allumant l'appareil resté réglé sur Melody d'Afrique la fois précédente, j'ai entendu quelques notes de musique qui m'ont tout de suite accroché l'oreille. Je me suis donc mis à regarder l'émission et j'ai passé un excellent moment.
J'ai vite compris que l'artiste s'appelle Daouda. Dans cette émission Pour une fête, enregistrée en public en 1986, il interprétait à la guitare acoustique ses plus grands succès, avec des paroles principalement en français, accompagné uniquement par un percussionniste au jeu léger et inventif. Ce style de "chanson africaine", douce et acoustique, m'a instantanément fait penser à G.G. Vikey, et je suis loin d'être le premier à faire ce rapprochement.
Après l'émission, j'ai voulu en savoir plus sur Daouda, et surtout j'ai cherché à commander un disque pour pouvoir en parler ici. J'en ai trouvé un assez vite, en bon état et pas cher, même avec le port. Ce n'est qu'après l'avoir reçu que j'ai su qu'il s'agit en fait du premier disque publié par Daouda, dont il avait joué les deux faces lors de l'émission.
Tout dans ce 45 tours indique que c'est une édition "française" : il y a le tampon SACEM, l'imprimeur est français. Mais comme souvent avec les disques d'Afrique ou des Antilles, je suis à peu près persuadé que l'essentiel du tirage a été distribué hors de l'hexagone, en Côte d'Ivoire dans ce cas précis. L'enregistrement, lui, s'est fait au Nigeria avec un orchestre de Lagos.
Daouda Koné est né en 1951. On l'a surnommé "Le sentimental" d'après le titre de l'un de ses succès. Parmi ses autres titres de référence, on trouve La femme de mon patron, Le villageois, Le margouillat et Match nul. Contrôleur technique à la Radio Télévision Ivoirienne, sa carrière a été lancée quand ses collègues qui l'entendaient souvent chanter ont alerté les animateurs de la station. C'est le directeur des programmes Georges T. Benson, un grand nom de l'audiovisuel ivoirien, qui l'a mis à l'antenne et lui a proposé d'enregistrer ce premier 45 tours.
Comme l'explique Soro Solo chez #AuxSons, Gbaka est une chanson d'actualité. Les gbakas (ainsi nommés en raison du bruit qu'il font en brinquebalant) sont les minibus privés et pirates qui assurent une bonne partie des transports en commun à Abidjan, dont la SOTRA, Société des Transports Abidjanais, est censée avoir l'exclusivité. L'insécurité routière étant forte, le ministère des transports a publié en 1976 une proposition de loi pour interdire les transports informels, pourtant très utiles à la population, dont Daouda, qui en a fait une chanson/tranche de vie qui met en scène un trajet en gbaka. La popularité de la chanson a alimenté la contestation contre cette mesure. Au bout du compte, la présidence l'a suspendue et les gbakas ont simplement été soumis à un contrôle technique.
La pochette est très réussie. On note que le gbaka est nommé "Petit SOTRA", en référence à la SOTRA officielle, et qu'il vient de Blokosso, un village de la commune de Cocody, celle dont Daouda est originaire; ça ne peut pas être un hasard.
Le dessin est signé G. Ferrant, qui a fait au moins une autre pochette, celle d'un album du Conjunto Estrellas Africanas. Il s'agit en fait de Gilles Ferrant, qui s'y connaît en dessin de transport puisqu'il est l'auteur en 1971 de la première série non-publicitaire publiée en Cote d'Ivoire, Yapi, Yapo et Pipo, dont l'un des héros, Yapi, est chauffeur de taxi.
Ce n'est pas la première fois que ça m'arrive (la fois précédente c'était avec les Chambers Brothers je crois) : il m'a fallu un bon moment pour me rendre compte que les versions des chansons qui sont en ligne, même quand elles reprennent la pochette en illustration, ne sont pas celles de mon 45 tours. Je les ai donc numérisées pour que vous puissiez faire la différence.
Sur le 45 tours, l'Orchestre Melodia est une formation électrique. Gbaka dure 5'15, sur un tempo assez lent, avec des arrangements délicats. Il y a des chœurs et, à partir de 2'45, une partie instrumentale à la guitare de plus d'une minute.
Daouda a enregistré plusieurs autres version de Gbaka. La plus courante en ligne est celle qui dure 4'45, qui doit être tirée de l'album Le sentimental de 1978 et reprise sur la compilation Le margouillat. Elle est plus acoustique et sans chœurs.
Il y a aussi une version sur un album en 1986 et une autre en 2009 sur un album qui a connu deux éditions, La misère et la mer et C'est pas ma faute.
Pour la face B, Lola, une autre excellente chanson, dont je n'ai trouvé que deux versions. Je ne veux pas dire de bêtises, mais celle du 45 tours sonne un peu rumba congolaise à mes oreilles. Et là encore, celle de 1978 et de Le Margouillat fait trente secondes de moins et est plus dépouillée et acoustique.
Au final, vous vous en doutez, je ne regrette pas du tout d'avoir allumé la télé ce soir-là !
A écouter :
Daouda : Gbaka
Daouda : Lola
Daouda et son orchestre interprètent Gbaka en direct dans une émission de la RTI vers 1977-78. Une excellente version, dans la veine de celle du 45 tours.
Daouda, Le sentimental, bande annonce de l'émission Pour une fête, rediffusée par Melody d'Afrique.
Survol du parcours de Daouda en trois minutes de morceaux choisis, dont des extraits de l'émission Pour une fête.
Emission spéciale Daouda de C'Midi du 15 février 2019. Il y raconte notamment ses débuts et fait une explication de texte de certaines paroles de Gbaka.
07 septembre 2024
NME's BIG FOUR
Acquis probablement d'occasion à Londres en 1986
Réf : GIV 3 -- Édité par NME en Angleterre en 1986 -- Given free with NME Feb '86 -- Not for sale
Support : 33 tours 17 cm
Titres : TOM WAITS : Downtown train (NME version) -- THE JESUS & MARY CHAIN : Some candy talking -/- HUSKER DÜ : Ticket to ride -- TROUBLE FUNK : Let's get small
J'ai lu plusieurs articles sur Tom Waits ces derniers temps dans Mojo/Uncut suite à la réédition de ses albums chez Island. Du coup, j'avais ressorti son 45 tours Downtown train pour éventuellement le chroniquer, vu que le cas In the neighborhood a déjà été abordé en 2008.
Par ailleurs, on parle aussi pas mal de The Jesus and Mary Chain, avec un nouvel album il y a quelques mois et un livre autobiographique, Never understood, qui vient de paraître.
C'est alors que j'ai repensé à ce 45 tours diffusé par le NME avec son numéro du 1er février 1986. Il y a toujours eu à boire et à manger avec les enregistrements offerts par des journaux et magazines (45 tours, parfois souples, cassettes ou CD selon les époques). Mais là, comme avec le Sounds waves 3 qui contenait deux inédits des Pixies, on est dans le haut du panier.
A l'époque, c'était la croix et la bannière pour récupérer à Reims ces "cadeaux" des hebdos anglais. Déjà, les magazines arrivaient de façon aléatoire. Plus d'une fois, j'ai fait la demi-heure de marche aller-retour à pied depuis chez moi pour rien car ils n'avaient pas été livrés. Et ensuite, quand il y avait un disque, c'était la loterie. Parfois le disque était bien là et en bon état. Parfois, il avait disparu en route et il ne restait que la trace du scotch. Souvent, il n'y avait rien, sauf une mention expliquant que le disque pouvait ne pas être disponible dans certains territoires pour des questions de droits.
Celui-ci, je pensais bien l'avoir eu comme d'autres chez Guerlin-Martin à Reims, mais en retrouvant les quelques pages du magazine que j'ai conservées, j'ai su que ce n'était pas le cas.
En effet, voici la couverture du NME en question trouvée chez Discogs :
Or, pour mon exemplaire, l'illustration est pleine page, le titre Ten years on est en gros et toute la partie de gauche sur le "Free E.P." est absente. Ça signifie qu'il y eu une couverture spéciale pour l'Europe continentale et que le 45 tours n'y a pas été diffusé. J'en déduis que je l'ai acheté par la suite lors d'un séjour à Londres : ces 45 tours étaient diffusés à tant de milliers d'exemplaires qu'on les trouvait généralement d'occasion facilement et pour pas cher.
Au fil des années, j'ai viré à peu près tous mes hebdos anglais, après y avoir découpé ce qui, sur le moment pouvait m'intéresser. Je n'ai gardé que 3 ou 4 numéros entiers, et quelques dizaines d'articles pleine page. Quand j'ai revu la couverture, ça m'a rappelé des souvenirs et je me suis dit que j'avais peut-être conservé ce numéro précis pour l'article sur Mary Chain qu'il devait contenir. En fait, c'est pour une autre raison que je l'ai gardé : c'est précisément dans ce numéro que j'ai eu mon millionième de seconde de gloire : dans les NME charts, c'est ma sélection du moment que j'avais envoyée qui a été publiée dans le Dancefloor 20 ! :
C'est une sélection dont je ne suis pas mécontent encore aujourd'hui. On voit bien que j'ai tenté d'y placer un maximum de mes obsessions musicales, celles du moment et celles sur un plus long terme. Avec le recul, le seul choix qui me laisse perplexe c'est celui d'Imperial bedroom d'Elvis Costello. Certes, comme il s'agit de chansons individuelles plutôt que de disques, c'est à la face B du single Party party que je pensais, pas à l'album. Je l'aime bien et je la chante souvent, mais je m'étonne de ne pas avoir sélectionné un de ses nombreux autres titres qui me tiennent plus à cœur.
J'étais dans le ton avec ma liste où figurent Tom Waits et The Jesus and Mary Chain, puisqu'ils venaient justement, selon les journalistes du NME, de produire dans cet ordre les deux meilleurs albums de 1985 avec Rain dogs et Psychocandy. C'est sûrement pour cette raison qu'on les retrouve en face A de ce disque.
A l'époque, quand on parlait des guitaristes invités sur Rain dogs, j'ai surtout retenu les noms de Keith Richards et Marc Ribot. Mais parmi ce beau monde il y avait aussi Chris Spedding, sur un titre, et Robert Quine, des Voidoids et de Lou Reed, sur deux chansons, dont Downtown train.
Downntown train sonne un peu à part, sur l'album, un peu plus "normale" que certains autres titres. Ce n'est pas un hasard si, à mes oreilles, elle sonne très Springsteenienne et si Rod Stewart en a fait un tube en 1990 (une version que je ne vous conseille pas particulièrement !). C'est le résultat de la volonté de Tom Waits, qui a fait appel à des musiciens différents pour cette session, notamment Tony Levin, un ancien de King Crimson et Peter Gabriel. L'autre guitariste est G.E. Smith, qui a notamment beaucoup joué avec Hall & Oates. Ce ne sont pas des références qu'on associerait d'emblée à Tom Waits !
La prise de cette version NME de Downtown train est différente de celle de l'album. Les variations ne sautent pas aux oreilles lors d'une écoute distraite, mais les écarts sont bien là, surtout dans la guitare et l'orgue. Je les différencie notamment avec la guitare vers 3'35, qui ne joue pas la même chose dans les deux cas.
En Angleterre, cette version NME n'est pas restée "exclusive", puisque c'est elle qui a été choisie comme face A du single en Angleterre, où il est bien précisé sur le rond central que la version est différente de celle de l'album. Mais ce n'est pas la cas partout : mon 45 tours français a la même pochette et la même face B, mais la face A est celle de l'album...
Parmi tout le catalogue de mon label de disques virtuels, une des références dont je suis le plus content est la compilation de Tom Waits Trained Gods, pour la sélection elle-même, mais aussi pour le titre et la pochette.
A l'entame de 1986, The Jesus and Mary Chain avait sorti quatre singles, dont trois figuraient sur leur premier album, qui a marqué les esprits à sa sortie à l'automne 1985. Avec cet album, et avec une Peel session entièrement acoustique en octobre, ils avaient amplement démontré qu'on ne pourrait pas longtemps réduire leur talent au bruit et à la furie. Il y avait deux chansons inédites sur quatre pour cette session, dont Some candy talking.
Cette excellente chanson n'était donc pas complètement inconnue des fans quand elle est arrivée sur ce 45 tours, mais cette version NME est le premier titre studio publié par le groupe après l'album et aussi la première version officielle de cette chanson qui, six mois plus tard, serait publiée en titre principal d'un EP, avant d'être incluse en bonus des éditions CD de Psychocandy.
Les deux versions sont différentes l'une de l'autre : musicalement, et aussi par le chant. Je ne l'aurais pas repéré par moi-même, mais c'est William plutôt que Jim qui fait la voix principale sur la version NME. Celle-ci est restée longtemps exclusive à ce 45 tours. Elle n'a été rééditée que sur la version Deluxe de Darklands, que je regrette de ne pas avoir achetée à sa sortie en 2011 car son prix s'est envolé depuis.
La face B est moins exceptionnelle, mais reste très intéressante.
Elle s'ouvre avec Husker Dü, qui s'attaque au bon vieux Ticket to ride des Beatles (par ailleurs, ils ont aussi fait un sort au Eight miles high des Byrds). De ce que je vois, cette version studio est restée inédite par ailleurs. Par contre, on trouve en ligne une version en concert à Londres en 1985 (diffusée notamment sur l'émission Décibels de FR3 en 1986), qui nous permet de constater que c'est le batteur Grant Hart qui en assure le chant principal.
Le dernier titre du disque Let's get small, est une version en concert de 1983 d'un single de 1982 de Trouble Funk. Je ne suis généralement pas un grand fan de Go-Go music, mais là c'est entraînant, et surtout, ce son électro-funk semble bien en avance sur son temps. Une bonne façon de boucler un excellent petit disque en remuant son popotin !
Husker Dü, Ticket to ride, en concert au Camden Palace de Londres le 14 mai 1985.
Thèmes :
1980s,
jesus and mary chain,
promo,
vidéo,
vinyl
30 août 2024
OUI OUI : Formidable
Acquis chez Emmaüs à Tours-sur-Marne le 9 août 2024
Réf : 593127 -- Édité par FNAC Music en France en 1992
Support : CD 12 cm
Titres : Formidable (Remix) -- Tornade blanche
Je ne vais plus souvent à l'Emmaüs près de chez moi : pas beaucoup de stock, des prix qui ont augmenté et la forte probabilité d'en repartir bredouille. Ce jour-là, j'en étais à me dire que ça ne valait pas la peine de prendre la voiture pour aller y faire un tour quand m'est venue l'idée, vue la météo clémente, d'en profiter pour y aller à vélo. J'étais au moins assuré d'une balade à vélo agréable d'une dizaine de kilomètres aller-retour le long du canal.
Une fois de plus, j'ai bien failli ne rien acheter. A 1,50 € le 45 tours, il faut que le disque soit vraiment intéressant et en bon état pour que je me lance. Là, j'ai bien vu un 45 tours de Van der Graaf (je crois que c'est la première fois), mais il était sans pochette, et un autre d'une chorale de jeunes chantant en créole, mais une des faces était labourée de rayures en travers des sillons.
Rien dans les quelques 33 tours non plus, et j'étais en train d'examiner la tranche des derniers CD stockés dans un petit meuble quand j'ai vu la mention " Oui Oui / Formidable" sur une boite fine comme celle d'un maxi-CD.
Je n'ai pas sauté de joie, mais presque, car j'ai su tout de suite que c'était un single extrait du deuxième album de Oui Oui, qui porte le même titre. Je n'ai pas acheté l'album à sa sortie (je l'avais emprunté à Radio Primitive), mais j'en ai toujours eu une copie (en cassette, CD-R puis MP3). Je n'ai toujours pas eu l'occasion de me procurer le disque original car celui-ci est assez recherché et, comme toute la discographie du groupe, il n'a jamais été réédité (La bio de Oui Oui précise : "Plusieurs projets de ressortie des disques de Oui Oui ont vu le jour, notamment celui de l’Anthologie Oui Oui are the World. Aucune n’a abouti pour le moment.". Rien que pour le titre, on se serait précipité sur cette anthologie !).
La pochette du single reprend exactement celle de l'album, avec son super-héros façon Le fantôme. C'est dommage qu'il n'y ait que deux titres et six minutes de musique sur ce CD.
Formidable est annoncé comme un remix. J'ai essayé de comparer avec la version de l'album et franchement, à part la fin shuntée quelques secondes plus tôt, je n'entends pas de différences.
Les odes à son chef ce n'est pas si courant. Je n'en ai qu'une autre en tête, tout aussi sarcastique, Merci Patron, un grand succès pour Les Charlots en 1971.
Pour Oui Oui aussi, le patron est "franc comme l'argent, droit et généreux". C'est un modèle pour tout le personnel, mais le voile se déchire vite : "Il nourrit mes cauchemars les plus formidables" et "Il est parfait, il me fait horreur".
Musicalement, l'ambiance est très New Wave, notamment dans les petites sections instrumentales.
Étienne Charry, chanteur et guitariste ici avec Oui Oui, s'est confronté à nouveau au monde du travail quelques années plus tard en se produisant avec la troupe Grand Magasin pour son spectacle 5e Forum du Cinéma d'Entreprise. On aurait presque pu retrouver Formidable dans les chansons de ce spectacle que j'ai eu la chance de voir à Lyon et à Reims.
Si on parle de Tornade blanche, toute une génération pense à Ajax et à son détergent. C'est bien à ce produit que fait référence la chanson de Oui Oui, où une "odeur de propre" et la cuisine qui étincelle "du sol au plafond" sont mentionnées en sus de la tornade. Et même, en écoutant bien les paroles je me suis rendu compte qu'elles font en fait référence en détails à l'un des spots publicitaires de la marque, probablement celui de 1986 ci-dessous.
La publicité ménagère avait déjà inspiré Oui Oui pour la pochette de Ma maison, qui ressemblait à un baril de lessive pop art.
Oui Oui s'est arrêté en 1992, peu de temps après la sortie de Formidable et la faillite de son label. Il y a eu quelques concerts ponctuels en 2011 et 2014. A moins que les élusives rééditions se matérialisent, il y a peu de chance qu'on entende à nouveau parler du groupe. J'espère quand même tomber un jour sur les deux disques qui me manquent, le deuxième album et le single La ville.
Mais, pour notre bonheur, Étienne Charry continue d'alimenter son Catalogue d'artistes inventés. Il y a désormais une centaine de références, dont certaines, comme le Protozoaires d'Ernie Motka, sont dans une veine très proche de Oui Oui.
Oui Oui, Formidable, dans l'émission Une pêche d'enfer de FR3 en décembre 1992. L'image est pourrie, mais c'est un document inestimable, ne serait-ce que parce qu'il préserve pour la postérité les chorégraphies du groupe.
24 août 2024
VIOLENT FEMMES : American music
Acquis par correspondance chez Momox en février 2024
Réf : 869 415-2 / LASCD 29 -- Édité par Slash / London en Europe en 1991
Support : CD 12 cm
Titres : American music -- American music (LP version) -- Promise (Live) -- Kiss off (Live)
Quand l'album des Violent Femmes Why do birds sing ? est sorti en 1991, j'ai dû l'emprunter à Radio Primitive, l'écouter une fois, et c'est leur reprise surprenante de Do you really want to hurt me ? de Culture Club que j'avais choisi de passer dans mon émission. J'étais passé à côté de l'excellente chanson d'ouverture, la première du disque à être sortie en single, et ce n'est que cet hiver que je me suis rattrapé lorsque, ça devient de plus en plus rare, j'ai fait de bonnes affaires chez Momox en commandant pour à peine plus de 17 € huit CD de Dick Annegarn, Buzzcocks, Pulp, Deus, Francis Bebey et donc Violent Femmes.
La photo de pochette est très sympa. Il n'y a aucun crédit la concernant, alors je suis parti à la pêche aux infos. Ça m'a pris du temps, mais j'ai fini par en retrouver la trace. Elle n'est pas tirée d'une comédie musicale comme je le pensais, mais elle a été prise par un photographe de studio professionnel, George Marks. Près de 10000 de ses photos sont commercialisées par l'agence Getty, et parmi elles on trouve celle d'un "jeune couple dansant dans une salle vide". Sur ma lancée, je me suis dit que George Marks était peut-être aussi l'auteur de la photo utilisée pour la pochette de Why do birds sing ?. C'est bien le cas, mais le "couple espiègle" de cette photo n'est pas comme je l'avais pensé le même que celui qui danse. On trouve quelques autres photos des deux couples dans le lot, je vous laisse vous amuser à les chercher.
L'album est produit par Michael Beinhorn, un ancien de Material. Les commentateurs semblent s'accorder sur le fait qu'il marque un retour salutaire au son épuré des débuts du groupe.
Le rythme d'American music est particulièrement entraînant. Je ne sais pas le reconnaître moi-même, mais sachez qu'il s'agit d'un shuffle.
Quelle surprise, cette chanson est un hommage à... la musique américaine ! Avec un certain recul par moments, qu'on ressent notamment à la façon dont le "Baby" est placé et prononcé dans les fins de vers.
Dans un entretien à Radio Milwaukee en 2021, le bassiste Brian Ritchie expliquait qu'ils se sont amusés à glisser dans la composition, les arrangements et la production des références/hommages à des figures telles que les Beach Boys et Phil Spector. Tout ne saute pas aux oreilles à l'écoute : par exemple, c'est Heroin du Velvet Underground qu'ils avaient en tête quand ils ont décidé d'accélérer le tempo à la fin.
Au moment du pont, les claquements de mains et la réponse des chœurs ("We like American music") sont très efficaces et facilitent la participation du public en concert.
Il y a quinze secondes et quelques bidouillages d'écart entre la version du single et la version de l'album. Il n'était peut-être pas nécessaire de mettre les deux sur ce CD. J'aurais préféré une face B supplémentaire.
Deux autres versions ont de la chanson ont été publiées depuis. Une Alternate sur l'édition des trente ans de l'album, un peu inférieure à l'originale, sans apporter grand chose de nouveau, et une Live sur l'album Viva Wisconsin.
J'ai bien l'impression que les Violent Femmes étaient particulièrement populaires en Australie au début des années 1990. Une compilation, Debacle : The first decade, n'est sortie que dans ce pays. Tout comme un troisième extrait de Why do birds sing ?, Used to be. Single qui a été ajouté en bonus à une édition de l'album avec une pochette spécifique. Et c'est justement en Australie que les deux faces B de ce single ont été enregistrées, en concert à Melbourne le 8 novembre 1990.
Ces deux chansons sont parues initialement sur le premier album du groupe. Il faudrait peut-être que je prenne le temps de réviser ce classique, car les titres que j'en retiens sont Blister in the sun, Gone Daddy gone, Good feeling ou Add it up, mais Promise et Kiss off sont deux excellentes chansons à rajouter à cette liste, où l'influence des Talking Heads des débuts se fait par moment sentir. Et ces chansons, le public les connaît parfaitement, lui. C'est impressionnant de l'entendre chanter tout au long des deux titres.
Les Violent Femmes sont actuellement toujours actifs. Une tournée est prévue cet automne, aux États-Unis et, tiens tiens, en Australie.
Violent Femmes, American music, en direct dans le Dennis Miller Show, en 1992.
Violent Femmes, American music, en direct pour la radio 92.5 The River, en 2018, dans une configuration particulière avec barbecue, banjo et saxophone. Suivi par Blister in the sun.
Violent Femmes, Promise, en direct dans l'émission de la TVE La Edad de Oro, à Madrid le 4 avril 1985.
Violent Femmes, Promise, en concert pour le YTV CAnada Day, à Barrie au Canada en 1991.
Violent Femmes, Kiss off, en concert à l'Hacienda à Manchester, en 1983.
Violent Femmes, Kiss off, en concert.
Violent Femmes, Kiss off, enregistré en direct pour l'émission 120 minutes diffusée le 5 décembre 1993.
16 août 2024
BACCARA : Parlez-vous français ?
Acquis chez O'Chineur à Warcq le 30 juillet 2024
Réf : PB 5777 -- Édité par RCA en Belgique en 1978
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Parlez-vous français ? -/- Amoureux
Dans ses fanzines Langue Pendue et Groupie, et actuellement dans le webzine Arrière Magasin, Renaud Sachet s'intéresse aux "artistes étrangers, qui, pour une raison ou une autre, s’emparent de notre langue exotique pour s’exprimer".
C'est un sujet qui me passionne également depuis un bon moment déjà, à tel point que j'ai concocté en 2011 une compilation pour mon label virtuel intitulée Une chanson French. Et du coup, j'ai été amené à contribué à l'Arrière Magasin, avec des textes sur Dogbowl, Laurie Anderson, The Truffauts, Walter Martin ou Anna Karina et Howe Gelb.
En introduction de cette dernière chronique, Renaud a expliqué qu'il dénommait désormais cette rubrique Parlez-vous français ?, en précisant bien que son titre est emprunté à "une chanson du groupe espagnol Baccara qui l’a présentée à l’Eurovision en 1978".
C'est une information que je me suis empressé d'oublier, ne connaissant pas cette chanson. En conséquence, j'ai été surpris et tout content de tomber sur ce 45 tours, un pressage belge qui a voyagé quelques kilomètres pour atterrir dans le chef-lieu des Ardennes. Je n'aurais jamais pensé qu'un disque de Baccara pourrait me faire un tel effet !
Cette chronique est bien entendue dédiée à Renaud.
Baccara est un duo composé des chanteuses-danseuses Mayte Mateos et María Mendiola qui s'est fait connaître en 1977 avec ses deux premiers 45 tours, Yes Sir, I can boogie et Sorry, I'm a Lady (notez le parallèle entre les deux titres...) qui ont été deux tubes coup sur coup. Je connais et j'apprécie le premier, je ne connais pas le second.
Je crois que Baccara n'a jamais eu autant de succès par la suite, mais en 1978 le groupe avait un gros potentiel commercial et cela explique sûrement pourquoi, dans les circonvolutions géopolitiques si particulières à ce concours, le Duché du Luxembourg a fait appel à un duo espagnol signé par un label allemand pour le représenter à l'Eurovision 1978. Il faut dire que, en 1965, choisir France de France leur avait permis de gagner avec Poupée de cire, poupée de son !
Parlez-vous français ?, dans sa version du concours, est bel et bien une chanson en français. Peut-être parce que c'est l'une des langues officielles du Luxembourg (mais ce n'était pas une obligation). Peut-être aussi parce que, la France ayant gagné l'année précédente avec Marie Myriam, le concours avait lieu à Paris et c'était un moyen d'espérer gagner des points supplémentaires. Baccara était donné comme l'un des favoris avant le concours, mais la tactique n'a pas fonctionné à plein, car Parlez-vous français ? n'a terminé qu'à la septième place d'un concours remporté par Israël avec A-ba-ni-bi par Izhar Cohen.
Mais cette chanson a été incluse sur le deuxième album de Baccara, Light my fire (allez, on ne recule devant rien, un lien vers leur version ibéro-disco du tube des Doors !!) et a eu un succès respectable dans de nombreux pays.
Sans surprise, les paroles de Parlez-vous français ? multiplient les clichés sur la France, les vacances et les difficultés de communication qui, au bout du compte, ne sont pas un obstacle aux amours d'été.
La musique, comme les autres tubes du groupe, est une sorte de disco-pop, assez dans la ligne d'autres succès récents de l'Eurovision comme ABBA, Teach-In ou Brotherhood of Man.
Si la chanson a été chantée en version française au concours, une deuxième version est sortie en 45 tours simultanément à la version originale. Il s'agit donc de Parlez-vous français ? en anglais !! Et bizarrement, le français des deux chanteuses étant tellement difficile à comprendre dans les couplets, cette version anglaise, qui garde deux expressions en français, le titre et "Voulez-vous danser ?", "fonctionne" mieux avec ces paroles anglaises.
La plage, le soleil, l'amour, le disco, l'année 1978, l'Eurovision avec le Luxembourg, au bout d'un moment je n'ai pu que penser à Sea, sex and sun de Gainsbourg. En-dehors de ces thématiques communes, les deux chansons ne se ressemblent pas vraiment, mais quand même, c'est à se demander si, quand il a composé cette chanson au tout dernier moment pour l'enregistrer à Londres du 22 au 24 mai 1978, le Serge n'a pas été inspiré par la prestation à l'Eurovision de Baccara à le 22 avril à Paris.
L'exercice de style se poursuit sur la face B puisque Amoureux est aussi une chanson en français. C'est tout à fait dans la même veine que la face A ("La vie en rose à deux"...). Peut-être que les deux chansons ont été enregistrées avant de décider laquelle présenter au concours. Et, oui, cette chanson a aussi eu droit à sa version anglaise, You and me.
María Mendiola est morte en 2021. Le duo original s'est séparé en 1981 et, depuis, une multitude de versions de Baccara a tourné et enregistré, avec l'une ou l'autre des membres originales, voire aucune, comme c'est le cas actuellement avec la formation officielle de Baccara qui détient les droits sur la marque.
Baccara, Parlez-vous français ?, en direct à l'Eurovision au Palais des Congrès à Paris le 22 avril 1978.
Baccara, Parlez-vous français ?, dans l'émission Der Musikladen le 1er juin 1978.
La pochette de l'édition française de Parlez-vous français ? en anglais !
11 août 2024
RACHID TAHA : Voilà, voilà que ça recommence
Acquis par correspondance via Ebay en juillet 2024
Réf : 861 850-2 -- Édité par Barclay en France en 1993
Support : CD 12 cm
Titres : Voilà, voilà que ça recommence -- Yamess
Voilà, voilà que ça recommence est une chanson de plus de trente ans qui reste terriblement d'actualité :
"Voilà, voilà, que ça recommence
Partout, partout, ils avancent
La leçon n’a pas suffi
Faut dire qu’à la mémoire, on a choisi l’oubli
Partout, partout, les discours sont les mêmes
Étranger, tu es la cause de nos problèmes"
Je me garderais bien de tenter de répertorier les endroits du monde où la haine de l'étranger fait des ravages mais, si on s'en tient à la France, on a le Rassemblement National qui est passé d'1,5 million de voix et 8 députés aux législatives de 2017 à 3,5 millions de voix et 89 députés en 2017 pour atteindre 10 millions voix et 142 députés en 2022.Partout, partout, ils avancent
La leçon n’a pas suffi
Faut dire qu’à la mémoire, on a choisi l’oubli
Partout, partout, les discours sont les mêmes
Étranger, tu es la cause de nos problèmes"
Parallèlement, Marine Le Pen à la présidentielle a obtenu 6 millions de voix en 2012 (éliminée au 1er tour), puis 10,5 millions en 2017 et 13 millions en 2022.
Après la délirante soirée de "victoire" au soir du deuxième tour, qui a complètement oblitéré le fait que le RN est actuellement, et de loin, le premier parti politique en France, on vit depuis plus d'un mois dans un entre-deux dangereux, sans gouvernement ni majorité parlementaire. Ça nous en promet d'ici à la présidentielle de 2027 et s'il y a une chose dont je suis sûr, c'est que chaque jour qui passe où le monde politique fait mine d'ignorer ou de minimiser le vote en faveur du RN, c'est des votes gagnés pour ce parti aux prochaines élections et un pas de plus vers l'arrivée de l'extrême-droite au pouvoir par chez nous.
Il y a une chose qui me surprend, c'est la suite du texte de Rachid Taha :
"Moi, je croyais qu’ c’était fini
Mais non, mais non, ce n’était qu’un répit"
Il me semble qu'il fait là un surprenant aveu de naïveté. On est toujours l'étranger de quelqu'un et je crains que les moments dans l'histoire où la fraternité l'emporte sur l'hostilité sont bien rares. Le problème n'est pas tant que ça recommence, mais plutôt que ça ne s'arrête jamais. Pour ce qui est de la France, je n'ai pas le sentiment qu'il y ait eu un "répit" dans les années précédant la sortie de la chanson en 1993, avec le mouvement SOS Racisme au milieu des années 1980 (s'il s'est développé, ce n'est pas sans raison), le duo Pasqua-Pandraud au gouvernement de 1986 à 1988 et la sortie sur "Le bruit et l'odeur" de Chirac en 1991.Mais non, mais non, ce n’était qu’un répit"
Ce single est tiré du deuxième album, sans titre, de Rachid Taha, qui marque le début de sa fructueuse collaboration avec Steve Hillage. Je suis bien sûr qu'elle a été jouée lors du concert au Printemps de Bourges le 23 avril 1994 auquel j'ai assisté.
Musicalement, l'atmosphère est techno/dansante, très bien dosée. En écoutant, je me disais qu'on n'était pas loin de ce que faisait Jah Wobble à l'époque avec ses Invaders of the Heart. J'avais juste oublié que c'est justement lui qui tient la basse sur ce titre !
Sur les couplets, le chant-parlé de Rachid Taha m'a rappelé celui de Gainsbourg sur Bonnie and Clyde. Je ne sais pas qui fait la voix grave qui dit le texte en anglais dans la dernière partie de la chanson.
La chanson a été raccourcie d'une minute trente par rapport à la version de l'album. C'est la fin qui a été coupée; il ne manque rien d'essentiel.
La sortie de ce single a été accompagnée d'une série de remixes, principalement par Justin Robertson, notamment pour le marché anglais. La plupart du temps, les paroles y sont réduites au titre. C'est très techno pour le coup et globalement sans intérêt. Je ne vous mets même pas de liens, mais il y a une bonne présentation ici.
Vingt ans plus tard, Rachid Taha a enregistré une nouvelle version de Voilà voilà pour son album Zoom. Cette fois avec Brian Eno qui co-produit et joue plein de trucs et Mick Jones à la guitare et au chant. Cette version est plus électrique, mais je préfère l'originale. En tout cas, mieux vaut la version de l'album Zoom à celle de la vidéo avec plein de chanteurs invités, de Rodolphe Burger à Eric Cantona, en passant par Oxmo Puccino et Camilia Jordana, ce qui rappelle les grands projets à but humanitaire façon Live aid ou Tam tam pour l'Ethiopie.
La face B, Yamess, est le titre qui ouvrait l'album. Apparemment, le titre signifie Hier en arabe. C'est une excellente chanson.
Rachid Taha est mort en 2018 à presque 60 ans. S'il avait vécu plus longtemps, il aurait malheureusement eu de nombreuses occasions de chanter ou de ré-enregistrer Voilà, voilà que ça recommence.
Rachid Taha, Voilà, voilà que ça recommence, une très bonne version en direct dans l'émission Le Cercle de Minuit sur France 2 le 29 novembre 1993.
Rachid Taha, Voilà, voilà que ça recommence, une des versions très techno, en concert le 11 mars 2001 à l'Ancienne Belgique de Bruxelles, extrait du CD/DVD Live.
Rachi Taha, Yamess, avec toute la première partie en solo par Hakim Hamadouche, en concert le 13 juillet 2016 au Métropolis de Montréal dans le cadre des 30 ans des Nuits d'Afrique.
07 août 2024
BOB MARLEY & THE WAILERS : Is this love
Acquis neuf à Châlons-sur-Marne en 1978
Réf : 6172 538 -- Édité par Island en France en 1978
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Is this love -/- Easy skanking
Je crois qu'il va falloir que je revois la chronologie de mon accoutumance au reggae. Dans mes souvenirs, tels que je les ai racontés en 1995 dans un article de mon fanzine Vivonzeureux!, il y a eu une écoute très décevante d'Exodus chez un copain probablement courant 1978, une autre tout aussi rebutante d'Egyptian reggae au Prisunic de Châlons, et il a fallu ensuite plusieurs années pour que je m'intéresse à la fois à la musique de Jonathan Richman (ça c'est vrai) et au reggae. Et ça c'est faux puisque j'ai acheté l'album Survival de Bob Marley dès sa sortie fin 1979. Et surtout, bien avant, au moment où il passait beaucoup à la radio, c'est à dire entre sa sortie début 1978 et l'été suivant, j'avais acheté ce 45 tours d'Is this love, probablement chez Carrefour, ce qui en fait un des tous premiers disques entrés dans ma collection, avec par exemple Moviestar d'Harpo ou I'm not in love de 10cc.
Je ne le savais pas jusqu'à aujourd'hui, mais Kaya a été enregistré pendant les mêmes sessions de 1977 qui ont donné l'album Exodus. Is this love a été un succès en France, probablement le plus grand de Marley de son vivant par chez nous avant le véritable tube qu'a été Could you be loved en 1980.
C'est une chanson pop toute simple très efficace. Les paroles sont hyper basiques, mais elles sont particulièrement accrocheuses, dès les couplets ("I wanna love you...", "We'll be together...", "We'll share the shelter...") et bien sûr pendant le refrain ("Is this love, is this love, is this love, is this love that I'm feeling ?" et "I wanna know, wanna know, wanna know now"). C'est bien sûr une chanson d'amour et France Inter nous explique que Bob Marley l'a écrite pour l'une de ses amoureuses, ce qui a donné une situation un peu particulière au moment de l'enregistrement, puisque parmi les trois choristes des I Threes qui font notamment des "Love" figurait l'épouse en titre du chanteur, Rita Marley.
La production n'est pas des plus roots, bien sûr, mais j'aime toujours cette chanson. Simplement, je me passerais vraiment bien de la guitare électrique et je donnerais cher pour que la section de cuivres soit mieux mise en valeur dans le mixage !
Fin 1978 est sorti le double album live Babylon by bus. Celui-là, jusqu'à preuve du contraire, il ne m'a jamais plu. On peut y entendre une version d'Is this love enregistrée en juin 1978 au Pavillon de Paris lors de la tournée Kaya.
En Angleterre et dans la plupart des autres territoires, la face B du single Is this love est une version instrumentale de Crisis, un autre titre de Kaya. Rien d'exceptionnel, mais au moins ça donnait une face B spécifique au consommateur, inédite par ailleurs.
En France, on ne saura sûrement jamais pourquoi, Phonogram a préféré mettre en face B une autre chanson de Kaya, Easy skanking, qui est du coup mentionnée au recto de la pochette, comme une double face A. C'est une chanson cool dont le message est des plus simples : "Take it easy". Là, il y a juste le saxo qui irrite un peu les oreilles. J'ai trouvé en ligne une version alternative qui résout ce problème, mais sans information sur sa provenance.
Je suis donc tout étonné de (re)découvrir que j'ai commencé à apprécier le reggae dès mes 15 ans. Trois ans plus tard, Stuart Moxham et The Gist allaient apporter l'une des réponses possibles à la question de Bob Marley.
Bob Marley & the Wailers, Is this love, en concert à Santa Barbara en 1979.
Bob Marley & the Wailers, Is this love, en concert à Dortmund le 13 juin 1980 lors de la tournée Uprising.
27 juillet 2024
SUPERFLU : Dieu que cette nuit est belle
Acquis par correspondance chez Rakuten en juillet 2024
Réf : VIVE 039 / VVR 5002233 -- Édité par Le Village Vert / V2 en France en 1998
Support : CD 12 cm
Titres : Dieu que cette nuit est belle -- Vingt-cinq ans -- Journal de bord (Démo) -- Mékita (Démo)
Une souscription est actuellement en cours pour la réédition de Et puis après on verra bien, le premier album de Superflu. Pour 15 €, on peut pré-commander un CD qui comptera trois titres bonus par rapport à l'édition originale. Un très bon investissement.
Au fil des années, depuis que j'ai découvert la chanson Vingt-cinq ans sur la compilation Une rentrée 98 des Inrockuptibles, j'ai fini par acquérir quasiment toute la discographie de cet excellent groupe, originellement de Lille. En fait, à part quelques singles promo, il ne me manquait que cet EP, leur tout premier disque, sorti en mars 1998, six mois avant l'album, et tiré à 500 exemplaires.
Le disque s'ouvre avec deux titres qui seront repris sur l'album.
Dieu que cette nuit est belle est une bonne chanson, bien représentative de ce qui fait la spécificité du groupe, avec l'association des voix de Nicolas Falez et Sonia Bricout sur un tempo plutôt lent. Mais difficile d'envisager un large succès radio avec un tel single. En réécoutant l'album, je me dis que, à la place du label, j'aurais peut-être joué la sécurité en optant pour la chanson la plus enlevée du lot, Elle & lui, que j'avais l'intention de qualifier de "disco", entre guillemets. Et j'aurais mis dans le mille : A l'occasion de cette chronique, j'ai découvert que trois des membres de Superflu se produisaient auparavant sous le nom de Les Fleurs. Ils ont sorti un 45 tours, plusieurs titres sur diverses compilations et ont diffusé au moins deux cassettes démo, dont l'une, Chanson(s) pour hier soir, contenait une première version d'Elle & lui sous-titrée pour l'occasion "Discotrash".
Vient ensuite le petit chef d’œuvre du groupe, Vingt-cinq ans, une ritournelle, une chanson d'amour existentialiste, avec des paroles marquantes et une mélodie qui reste en tête. J'ai toujours associé cette chanson à Je ne veux pas mourir de Mendelson, découverte pile un an plus tôt sur une autre compilation des Inrocks, Une rentrée 97.
Un quart de siècle a passé depuis que le groupe chantait "Regarde-nous, vingt-cinq ans, ce n'est plus pareil déjà. Tu vas me dire ça n'est pas encore vieux, mais ça pourrait le devenir". Peut-être que la réédition de l'album serait l'occasion de se lancer dans une version actualisée, Cinquante ans ?
Les deux titres suivants sont des démos enregistrées en février 1998, quelques mois après les sessions de l'album. Je les ai connues en les téléchargeant sur le site du groupe, vers 2003-2004.
Journal de bord est très bien, mais la perle pour moi, c'est Mékita ("Mais qui t'accompagne maintenant et t'embrasse sur ton seuil ?, mais qui t'embrasse maintenant et te tient par la main ?"), ma chanson préférée du groupe avec Vingt-cinq ans. Je l'avais d'ailleurs mise en 2004 sur ma compilation virtuelle On a tous des défauts. On y trouvait aussi Les Frères Nubuck et je pense souvent à eux en écoutant Superflu. Les deux formations devaient se connaître et s'estimer, une autre démo de Superflu s'étant retrouvée en 2004 sur la compilation Les banlieusards du label des Nubuck.
Superflu a sorti deux autres albums par la suite, dont La chance, mais Mékita et Journal de bord n'ont jamais été publiées autrement que dans ces versions démos (qui par ailleurs se suffisent parfaitement à elles-mêmes). J'espère vraiment qu'elles feront partie des trois bonus pour l'instant confidentiels de la réédition de l'album (peut-être, si l'on s'en tient à des titres déjà parus, avec la version inédite de Le tournebride, qu'on trouvait en face B d'un single promo).
En tout cas, on a là un grand disque francophone, à rapprocher de celui d'un groupe établi juste de l'autre côté de notre frontière septentrionale, Melon Galia, qui a sorti Vous me quittez déjà au cours de cette même année 1998.
PS : Au-delà de soixante ans, je peux vous le garantir, c'est devenu vieux. Au moment de boucler cette chronique, je me suis demandé si par hasard je n'aurais pas vu Superflu en concert à la même affiche que les Nubuck. Ce n'est pas le cas, mais j'ai bien assisté à l'un de leurs concerts, le 5 mars 1999 à la MJ.C. Claudel de Reims, avec Calc et LW en première partie. Je me souviens bien des amis LW, peut-être un tout petit peu vaguement de Calc, mais je n'ai malheureusement aucun souvenir de la prestation de Superflu. Pourtant, c'était la tournée qui a suivi la sortie de l'album, alors ils ont certainement joué Vingt-cinq ans, et peut-être même Mékita. Alors regardez-moi, même pas capable de remonter le temps...
Superflu, Vingt-cinq ans, en concert aux Rockomotives de Vendôme en octobre 2000.
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