26 avril 2009

THE ROCKINGBIRDS : Jonathan Jonathan


Acquis dans l'un des Record and Tape Exchange de Londres vers 1992
Réf : HVN 17CD -- Edité par Heavenly en Angleterre en 1992
Support : CD 12 cm
Titres : Jonathan Jonathan -- Time drives the truck -- Older guys

Voici l'un des nombreux titres enregistrés en hommage à Jonathan Richman, parmi lesquels on compte notamment le Jonathan Richman de France-Angleterre ou The man who was too loud de Frank Black.
Il s'agit de la deuxième sortie de ce Jonathan Jonathan, promu de la face B du premier single des Rockingbirds à la face A du second, dans une nouvelle version. Au passage, le titre y a gagné une pochette clin d'oeil en référence à l'album compilation The Modern Lovers de 1976 (l'un des très nombreux exemples dans l'histoire du rock de pochette en référence à une autre). C'est d'ailleurs la référence aux Modern Lovers première époque qui différencie cette version produite par les vétérans pros Langer et Winstanley de la version originale produite par Peter Astor : si les paroles font bien référence à tout le parcours de Jonathan Richman, y compris l'alors très récent Jonathan goes country, si l'arrangement très réussi de choeurs à la californienne a été conservé, une citation évidente de Roadrunner est faite en début et en fin de morceau (avec le décompte "One two three four five six" et le riff de ce classique) et un nouveau venu, un orgue à la Jerry Harrison, remplace quasiment complètement la pedal steel, très en avant sur la première version. Au bout du compte, c'était certainement un peu plus vendeur, mais j'ai quand même un faible pour la version plus country.
Question country rock, on est servi avec les deux autres titres du disque. Time drives the truck d'abord, l'un des excellents titres originaux du premier album des Rockingbirds, un "truckin' song" dans le plus pur style, avec un beau chant à deux voix et des solos de guitare qui se succèdent, soutenus par des cuivres. Ensuite, il y a Older guys, une reprise enlevée des Flying Burrito Brothers. On reste là dans la sphère de référence de Jonathan Richman, puisque les paroles de Jonathan Jonathan mentionnent l'amitié des Modern Lovers et de Gram Parsons, qui avaient les mêmes managers en 1973, d'où le concert du 5 novembre 1973 auquel ont participé les Modern Lovers pour aider à payer les frais de justice de Phil Kaufman, coupable d'avoir "enlevé" le corps de Parsons.

Monter un groupe country à Londres en 1991, s'habiller en cowboy avec des vestes à frange, c'était quand même parfaitement incongru, à une époque où toutes les stars du rock indé n'étaient pas encore redescendues de leurs trips à l'ecstasy dans les raves et où la vague de l'Americana n'avait pas conquis la terre entière (moi compris). Mais les Rockingbirds étaient visiblement sincères et, s'ils se sont assez vite séparés après un deuxième album plutôt décevant, ils ont continué à jouer la musique qu'ils aiment, notamment le chanteur et auteur des chansons Alan Tyler.
On en serait sûrement resté là si, l'an dernier, les Rockingbirds n'avait pas été invités à jouer au festival organisé pour les 18 ans de leur label Heavenly. Ils y ont fait un tabac et du coup Heavenly vient de ressortir le premier album, intitulé tout simplement The Rockingbirds, assorti d'un CD bonus qui propose l'intégralité des titres inédits en album de leurs singles (ce qui comprend Older guys et les trois titres du premier simple) ainsi que deux titres live. Pour fêter ça, les Rockingbirds ont donné cinq concerts ce mois-ci en Angleterre, dont l'un à Norwich, leur ville d'origine (lire à ce sujet une une interview intéressante du deuxième chanteur Sean Read publiée par l'Evening News 24).
Même si l'époque est beaucoup plus favorable à leur style musical et même si d'autres concerts sont prévus dans des festivals cet été, je doute fort que cette reformation annonce une véritable seconde carrière pour les Rockingbirds, mais je ne saurais trop vous conseiller de vous procurer la réédition de l'album, d'autant plus qu'il me semble que ce double-CD est disponible à un prix tout à fait correct. 

25 avril 2009

J.S. BACH : Danses d'Anna Magdalena


Acquis chez Troc de l'Île à Tinqueux le 24 avril 2009
Réf : 470 112 -- Edité par Cassiopée en France vers 1970
Support : 45 tours 17 cm
9 titres

Pour illustrer ce que je disais tout à l'heure à propos des différences entre le monde du rock et celui du classique, essayons de comprendre ce que tente de nous vendre cette pochette de disque (car c'est bien à vendre que sert avant tout une pochette de disque).
C'est J.S. Bach qui est mis en avant. Mais l'entend t'on sur le disque ? Non bien sûr. Pas d'enregistrement au XVIIIe siècle, que je sache. Tout au plus des partitions (mais là il s'agit de disques pas de partition), et encore, Bach a très peu été publié de son vivant. Là, il n'est que le compositeur. Mettre Bach en gros sur la pochette, c'est un peu comme si on avait mis en avant Jerry Leiber et Mike Stoller en omettant Elvis sur son 45 tours Hound dog (A propos de Leiber et Stoller, il y avait récemment dans le n° 185 de Mojo un article captivant centré sur une discussion entre ce duo de compositeurs-producteurs et Rick Rubin).
Est-ce un disque d'Aimée van de Wiele alors ? Oui, dans les faits, puisqu'elle est la seule à jouer (du clavecin) sur ce disque solo instrumental. Mais la brave Mamie, très réputée dans son domaine, était moins renommée que Bach et son label n'a pas dû la trouver suffisamment photogénique pour la mettre en photo sur son disque (encore que, quand on vu ça, on sait que tout est possible !).
Alors, du coup, un troisième nom apparait sur la pochette, celui de Mireille Nègre, alors Première danseuse de l'Opéra de Paris. Mademoiselle Nègre a peut-être eu l'occasion de danser en public sur ces airs de Bach, mais c'est un 45 tours, pas un DVD, et il ne faut pas la chercher sur le disque ailleurs que sur la pochette. Là encore, il est évident que c'est sa beauté divine qui lui vaut d'occuper les deux-tiers de la pochette, sur un décor d'orchidées de la collection Vacherot & Lecoufle. J'utilise l'adjectif "divine" sciemment puisque Mireille Nègre a un parcours de vie très original (raconté dans plusieurs livres, dont la biographie Je danserai pour toi), qui l'a notamment vue abandonner la danse alors qu'elle était Etoile de l'Opéra de Paris pour entrer dans les ordres. Depuis une vingtaine d'années, Soeur Mireille du Coeur immaculé et transpercé (son nouveau pseudonyme, à la ville comme à la scène) danse à nouveau, mais uniquement dans des lieux consacrés.
Voilà, tout ça pour dire que, pour un 45 tours de Chuck Berry, les choses auraient été beaucoup plus simples : son nom en gros et sa photo ! (sauf à ses débuts, quand on évitait de mettre des noirs en photo sur les pochettes, comme ci-dessous sur la pochette de son premier EP anglais, en 1956).
Sinon, question musique, mon tiercé dans l'ordre pour les préludes et danses interprétés ici est : Musette en ré majeur, Petit prélude en do majeur et Prélude en fa majeur.

ROCK'N'ROLL 39-59


Acquis chez Parallèles/Gilda à Paris le 6 avril 2009
Réf : BS11001 -- Edité par Body & Soul en France en 2007 -- Offert par Directsoir -- Interdit à la vente
Support : CD 12 cm
Titres : ELVIS PRESLEY : Hound dog -- LITTLE RICHARD : Good golly, Miss Molly -- CHUCK BERRY : Roll over Beethoven -- CARL PERKINS : Blue suede shoes

Voilà un disque bizarre. Je suis bien certain de ne pas être un puriste borné du rock'n'roll, mais il y a là des incohérences et des incompatibilités qu'on perçoit au premier coup d'oeil. Rock'n'roll/Cartier d'abord.
Le rock des années 50 et le monde de la joaillerie de luxe, même via une fondation artistique, rien à voir. Ça ne m'évoque au mieux que des amateurs de rock ventripotents sur le retour avec des catogans. J'ai bien dit au mieux...
Rock'n'roll/Art contemporain ensuite. Autant essayer de mélanger l'eau et le feu. L'art contemporain au sens où on l'entend dans le nom de la fondation, c'est l'art du concept par execellence. Le rock'n'roll c'est l'art de la musique qui a su rester primitive, celle qu'on joue et qu'on ressent avec son corps et son âme.
Rock'n'roll/Directsoir pour finir, puisque ce disque a été distribué par ce qui doit être le pire des journaux gratuits. Même si le rock'n'roll est intrinsèquement lié à la société de consommation, on atteint plus de cinquante après des abîmes dans l'assimilation et la commercialisation...
Autre problème avec ce disque, sa pochette très moche. C'est d'autant plus surprenant qu'elle reprend l'affiche d'une exposition d'art, donc, présentée à la Fondation de juin à octobre 2007. Heureusement, s'il a plus ou moins la même couverture, le catalogue de l'exposition édité chez Xavier Barral semble regorger de superbes documents graphiques : photographies, affiches, pochettes.
Bon, terminé les critiques, car côté musique, et c'est bien ce qui compte, la sélection est imparable. Quatre joyaux incontestables (tiens, le voilà peut-être le rapport avec Cartier !), tous sortis en 1956 (peut-être parce qu'en 2007 c'était l'année la plus récente à être tombée dans le domaine public) par quatre grande figures du rock'n'roll.
Saluons particulièrement Little Richard et Chuck Berry, deux artistes qui sont encore nos contemporains, et attribuons quand même une mention spéciale à Chuck qui, avec Roll over Beethoven, revendique haut et fort dès mai 1956 la place du rock au sein de l'art musical, tous styles confondus, en balayant Beethoven et Tchaïkovski, en faisant référence à la radio, au disque et à la danse, et en citant d'ores et déjà un autre classique présent sur ce CD (Blue suede shoes). Comme quoi le rock était non pas à ses débuts mais bien déjà à son apogée en 1956.
Chuck Berry incarne parfaitement ici l'une des spécifités de l'art du rock'n'roll qui est trop rarement mise en avant : les rockers comme Chuck sont des artistes complets. Là où dans la musique classique ou l'opéra on a des compositeurs, des auteurs de livret, des musiciens, des chanteurs, des danseurs (et rares sont ceux qui excellent dans plusieurs de ces spécialités), on tient avec Chuck Berry un virtuose qui compose sa musique et l'interprète, qui écrit ses paroles et les chante, et en plus qui danse sur scène.
Roll over Cartier, tell Directsoir the news, rock'n'roll will stand.

19 avril 2009

P.A.O.L.A : Si t'as été à Tahiti


Acquis sur le vide-grenier de Mardeuil le 30 avril 2006
Réf : 432.327 BE -- Edité par Philips en France en 1958
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Torero -- Sous son chapeau cloche -/- Si t'as été à Tahiti -- Vache de java

Le même jour et au même stand, j'avais trouvé un bon disque de vraie musique tahitienne, celui de l'Ensemble Tauhiti, que j'avais décidé de chroniquer ici. Du coup, comme je ne voulais pas multiplier les billets sur Tahiti, je m'étais contenté pour ce 45 tours bizarre à la pochette me rappelant Annie Cordy d'une ou deux écoutes avant de le ranger. Mais j'avais trouvé ça sympa et rigolo et, après mes découvertes récentes de 45 tours Fontana et Philips des années 50 (dont ceux de Gabriel Dalar et de Monsieur Dupont et ses solistes campagnards), j'ai regardé ce disque avec beaucoup plus d'attention quand je suis retombé dessus cette semaine en en rangeant un autre. Label Philips, orchestre d'Alain Goraguer, grosses blagues, et même une chanson signée André Popp et Boris Vian : pas de doute, le Bison Ravi a dû avoir quelque chose à voir dans l'édition de ce 45 tours.
Je n'ai trouvé absolument aucune information biographique sur P.A.O.L.A. Si j'en crois la discographie disponible chez Encyclopédisque et les informations figurant au dos de mon disque, elle a sorti au moins un 45 tours chez Typic en 1957 avant de signer chez Philips, où son premier disque consistait en des interprétations de trois chansons de l'opérette Maria-Flora. Celui-ci est le deuxième, et il y en a eu au moins trois autres par la suite, de 1959 à 1962.



Ci-dessus, la première pochette de ce 45 tours, très moche, qui mettait en valeur Sous son chapeau cloche, le titre de Popp et Vian. C'est pourtant, et de loin, le titre des quatre que j'aime le moins. Il n'est pas mauvais, mais c'est du jazz comme l'aimait Vian et ce n'est pas très drôle.
Mais c'est l'autre titre original du disque, Si t'as été à Tahiti, qui avait le plus fort potentiel commercial. Je pense d'ailleurs que c'est le seul de P.A.O.L.A qui est un peu connu. Il a donc bénéficié d'une édition en 45 tours deux titres (sûrement pour les juke-boxes), d'une nouvelle pochette pour le EP le mettant bien en valeur, avec une pochette colorée à l'exotisme de pacotille de bon aloi, et sa partition a même été commercialisée. Au Québec, Les Jérolas ont repris la chanson sur leur premier album en 1959.
Parmi des milliers d'autres exercices d'exotisme chansonnier utilisant les ingrédients de Tahiti ou d'Hawaï, cette chanson de Robert Pierret et Jean Guillaume fait partie de celles qui obtiennent une bonne note, tout comme, quelques années plus tard, La polygamie de Marcel Amont, dont j'ai déjà parlé ici. Je ne doute pas que, lorsqu'il a composé son propre A Tahiti en 1992, où il est question de moyens de transport pour se rendre notamment à Tahiti et Hawai, parmi lesquels une auto et un vélo, Jean-Luc Fonck de Sttella avait en tête ce précédent des années cinquante.
Même si je faisais une erreur en associant la photo de P.A.O.L.A à Annie Cordy, car Annie Cordy avait ce type de look plutôt dans les années 60 et 70 que dans les années 50 il me semble, j'avais quand même mis dans le mille, car il s'avère que Torero, l'excellente reprise d'une chanson italienne écrite par Renato Carosone, a aussi été chantée par Annie Cordy, également en 1958 mais j'imagine qu'Annie Cordy en est la créatrice en France, pas P.A.O.L.A. C'est une chanson que j'aime beaucoup et que je connais depuis longtemps, mais... dans une version en allemand publiée par les Lost Gringos en 1984 sur le maxi Troca troca !
Vache de java fait bien sûr penser aux grandes javas du duo Goraguer/Boris Vian, dont La java des bombes atomiques. Dans le lot, celle-ci fait partie des grandes réussites, mais ils n'en sont pas les auteurs. En écoutant les paroles, et en pensant à l'espagnolade de Torero et à l'exotisme de Si t'as été à Tahiti, je me disais que ces chansons étaient vraiment typiques d'un esprit années cinquante, et je pensais notamment à Henri Génès, et à sa Vaca maladiva. Et bien bingo, puisque Vache de java est justement une reprise d'une chanson sortie par Génès en 1957 !

On peut écouter sur Youtube une version en public de Si t'as été à Tahiti, proche mais pas tout à fait aussi bonne que la version en studio.



Ajout du 22 mars 2011 :


Voici quelques informations sur la biographie de PAOLA communiquées par son mari, le trompettiste et chef d'orchestre Lucien Juanico, qui a composé plusieurs chansons pour elle et qui l'accompagnait déjà avec son orchestre sur son premier 45 tours en 1957.
Avant ça, ayant monté un tour de chant "international", elle était partie en Italie pour un contrat de quinze jours et y est resté huit ans ! Ce sont les italiens qui transforment son prénom Paule et lui attribuent le pseudonyme Paola Paola.
Revenue à Paris et signée chez Philips, elle obtient un grand succès avec avec Si t'as été à Tahiti (600 000 exemplaires vendus). Elle passe à l'Olympia en vedette américaine de Paul Anka, puis deux fois à Bobino en tête d'affiche, où est enregistré en public le 33 tours 25 cm Rue de la gaité - A Bobino.
Outre cet album, Paola a publié au moins neuf 45 tours et un album "gospel", Révélation, sur lequel elle reprend des negro spirituals, des psaumes et des chansons de Michel Legrand.
Outre Boris Vian, elle a eu notamment l'occasion d'interpréter au cours de sa carrière des compositions de Gilbert Bécaud, Mireille, Francis Lemarque, Bernard Dimey, Ricet Barrier, Jean Constantin, Henri Salvador.
Paola est décédée en 2010.

18 avril 2009

HEARTBREAKERS : L.A.M.F.


Acquis à La Clé de Sol à Châlons-sur-Marne vers fin 1979
Réf : 940552 -- Edité par Track en France en 1977
Support : 33 tours 30 cm
12 titres

Je pense bien que c'est à l'automne 1979 que j'ai acheté ce disque car c'est pendant l'été, à Suippes, que j'ai vraiment dû découvrir les Heartbreakers en m'éclatant sur Born to lose (la face B de leur premier 45 tours, devenue Born too loose sur l'album) que François B. avait sur l'une de ses nombreuses compilations sur cassette.
En tout cas, j'avais dû aussi lire une ou deux références à L.A.M.F., expliquant que c'était l'un des grands albums de référence du punk avec Never mind the bollocks et le premier Clash, et du coup j'étais allé voir Gilbert à La Clé de Sol pour lui commander le disque, qu'il n'avait bien entendu pas en stock. Il avait farfouillé dans ses catalogues, trouvé une référence chez Barclay et tenté le coup sans être sûr que le disque était encore disponible. Mais bingo !, voilà comment je suis entré en possession de l'un des relativement rares exemplaires du pressage français de ce premier album des ex-New-York Dolls Johnny Thunders et Jerry Nolan, Walter Lure et Billy Rath complétant la formation de ces Heartbreakers.
On parle de punk à propos des Heartbreakers parce qu'ils ont été invités par Malcolm McLaren à venir en Angleterre fin 1976 pour participer à l'Anarchy Tour, et parce que leur album est sorti pile en 1977, mais un peu plus tôt ou un peu plus tard, on aurait tout simplement parlé de rock à leur propos, le son ici n'étant pas du tout éloigné de celui des New-York Dolls ou des Stones période 69-71.
Une légende s'est également développée à propos de cet album autour de la façon dont il aurait été (mal) mixé, largement entretenue par les différentes éditions remixées ou démixées éditées depuis une vingtaine d'années par le label Jungle Records. Franchement, il faut savoir ce qu'on veut : si c'est de la haute fidélité, il faut passer son chemin et se précipiter, au hasard, sur Dark side of the moon. Si c'est du rock punk, ce disque fait parfaitement l'affaire : les chansons sont excellentes, l'interprétation également (ce qui, quoi qu'on ait pu dire à propos du punk, n'est pas toujours complètement négligeable en matière musicale) et les éventuelles faiblesses de mixage ou de qualité du son n'empêchent absolument pas d'apprécier la qualité de l'album, surtout si le volume est suffisamment fort. Il n'y a guère que pour Chinese rocks et Goin' steady (l'un des rares titres faibles du disque) que j'avais noté à l'époque un son un peu sourd et faible, mais franchement, pas de quoi mettre une prothèse auditive à un punk vieillissant !
Franchement, j'adore quasiment tout sur cet album. Born too loose, qui est l'un des grands hymnes punks. Les titres composés par Walter Lure et Billy Nolan, All by myself, Get off the phone et One track mind. Baby talk, I love you et I wanna be loved aussi, avec un petit truc à la batterie sur les toms que je trouve excellent. Pirate love, dont je ne savais pas à l'époque que c'était une proche cousine de Private world, un titre du premier album des New-York Dolls même pas écrit par Thunders. It's not enough aussi, l'une des deux grandes ballades signées par Thunders (l'autre étant You can't put your arms around a memory), un titre dont ni le groupe ni l'auditeur n'ont jamais assez, tant et si bien qu'il a fallu couper brutalement la chanson après quatre minutes.
Quel que soit le mixage, quelle que soit l'édition, voilà bien un disque qui a sa place chez tous les fans de rock.

La dernière édition en date publiée par Jungle comporte un CD bonus de démos, de répétitions instrumentales (!) et de live.
Sinon, on trouve l'album en téléchargement un peu partout, et notamment .
Deux discographies des Heartbreakers parmi d'autres, ici et .

17 avril 2009

BECK : It's all in your mind


Acquis peut-être bien chez Rough Trade à Paris vers septembre 1994
Réf : IPU 45 -- Edité par K aux Etats-Unis en 1994
Support : 45 tours 17 cm
Titres : It's all in your mind -/- Feather in your cap -- Whiskey can can

Ça ne parait pas comme ça, mais l'année 1994, l'année Beck dont je parlais ici il y a presque deux ans, c'était il y a déjà quinze ans. Pour l'occasion, Beck a choisi parmi ses trois albums de 1994 de rééditer en version "de luxe" One foot in the grave, initialement paru chez K Records, le label de Calvin Johnson, des Halo Benders entre beaucoup d'autres.
Ce n'est pas le premier des disques de Beck à bénéficier de ce traitement puisque, bien que plus récent, Odelay, son album qui s'est le mieux vendu, a déjà eu droit au traitement de la réédition "de luxe" par Geffen l'an dernier.
Le deuxième CD contient 16 titres, dont 13 précédemment inédits plus les trois de ce 45 tours, enregistrés pendant les sessions de l'album et sortis quelques mois plus tard.
On ne peut pas dire que les meilleurs titres des sessions aient été mis de côté pour le single, loin de là. Aucune des chansons n'est mauvaise, mais aucune n'est absolument renversante (contrairement à quelques-uns de One foot in the grave). Globalement, la tonalité est sombre, comme sur une bonne partie de l'album, voire même lugubre pour It's all in your mind, un titre lent interprété en solo et en acoustique par Beck, qui chante avec presque une voix d'enterrement "C'est tout dans ta tête et je voulais être ton bon ami". Malgré tout, la chanson a tendance à rester en tête après l'écoute.
J'aime mieux la face B, globalement. Feather in your cap, toujours en solo et en acoustique, a un peu plus de rythme, même si les paroles ne sont guère plus gaies ("La déception est l'une de tes fiertés")
Ces deux chansons ont été réenregistrées en groupe et republiées par Beck plus tard : en 2002 sur Sea change pour It's all in your mind et dès 1994 pour Feather in your cap, sur la BO du film Suburbia. Aucune des deux versions n'apporte quoi que ce soit de vraiment intéressant ou nouveau par rapport aux versions originales.
Whiskey can can, enregistré avec un bassiste et un batteur et de la guitare électrique, est légèrement plus entraînant, mais ça ne respire pas la gaieté quand même.

En 2002, Beck interprétait encore It's all in your mind en public, dans une version toujours très sage, mais avec l'accompagnement des Flaming Lips.

11 avril 2009

CORB LUND BAND : Unforgiving mistress


Acquis par correspondance via Amazon en Angleterre en avril 2009
Réf : CLB02 -- Edité par Corb Lund Band au Canada en 1999
Support : CD 12 cm
11 titres

C'est début 2003 que j'ai entendu parler pour la première fois du Corb Lund Band, peut-être bien grâce à cette chronique de Comes with a smile. En tout cas, c'est sûrement parce que cette chronique précisait que Howe Gelb soutenait ardemment ce groupe et leur avait facilité l'obtention d'un contrat chez Loose pour la sortie de leur troisième album en Angleterre que je suis parti en quête d'infos sur eux et que j'ai eu l'occasion de télécharger quelques MP3, à l'époque disponibles sur leur site.
Parmi ceux-ci, deux ont fait les beaux jours de ma playlist radio, de mes compilations mensuelles et de certains voyages en voiture : Mora (Blackberry) et Where is my soldier ?.
C'est parce que les ai encore réécoutées récemment et que je les ai trouvées toujours aussi bonnes, au point de vouloir les présenter ici, que je me suis mis en quête de ces chansons sur disque. Si elles avaient été sur deux disques différents, je n'aurais peut-être pas acheté les deux albums, et j'aurais eu bien du mal à faire un choix, mais par chance on les trouve sur le même CD, ce deuxième album du Corb Lund Band, Unforgiving mistress.
Corb Lund lui-même a une biographie de roman. Il vient d'une famille de cowboys canadiens ! Ses grands-parents ont tourné en Europe dans des spectacles de rodéo. Son père D.C., avant de se mettre à la peinture, était un cowboy de rodéo professionnel, tout comme sa mère, Patty Ivins, qui a remporté par deux fois en 1959 et 1960 le fameux Stampede de Calgary !
Corb a suivi la voie familiale en faisant du rodéo, puis il est parti étudier à la musique à la ville (Edmonton) où il a fait partie d'un groupe punk rock The Smalls, qui a sorti en indépendant quatre albums pendant son parcours de 1990 à 2001, avec un certain succès au Canada.
Parallèlement, Corb Lund a lancé son projet country folk en 1993, d'abord avec le Band puis plus récemment avec les Huntin' Albertans, un projet qui est devenu son activité principale depuis l'album Five dollar bill.
Unforgiving mistress, c'est l'album d'avant. Les illustrations de pochette sont très belles. Je pensais qu'il s'agissait de mosaïques, mais en fait ce sont des reproductions de lithographies d'Alphonse Mucha, l'un des grands représentants du style Art nouveau.
Le disque est complètement acoustique, à part un peu d'orgue joué par l'un des invités. Il s'ouvre justement avec Mora (Blackberry), dont Corb nous explique dans les notes de pochette que c'est une bossa nova (je n'y aurais jamais pensé...), qui raconte l'histoire (Lund est un très bon raconteur...) d'un ami rencontré au travail, immigré chilien.
Musicalement, c'est léger et parfait, et le côté anglais deuxième langue est parfaitement rendu :
And if I not so good with English much when I arrive
But I sent for my old father to come start a brand new life
If you come close but don't quite sing my accent right
Well exactly who or what would I be ?
My name would be Jose Alberto Mora (Blackberry)
And I would be a good man

Une histoire universelle, pleine d'humanité. Une chanson à apprécier pleinement, avec juste un petit peu d'amertume en se souvenant que nous vivons dans un pays qui ne semble pas s'inquiéter d'avoir le triste privilège de posséder un ministère de l'immigration, de l'intégration, de l'identité nationale et du développement solidaire.

Where is my soldier ?
est du même acabit. Là, je reconnais sans problème une valse, avec des choeurs très réussis sur le refrain, et là encore c'est l'histoire éternelle et universelle d'Enrita, tombée amoureuse d'un soldat stationné près de son village et qui se demande ce qu'il est devenu. Tué ? Blessé ? Prisonnier ? Au dernier couplet, une dernière hypothèse :

Il y a juste une autre chose, un autre petit doute agaçant...
A-t-il oublié sa nouvelle épousée quand son unité est partie ?
Eh bien, si c'est ça j'espère qu'il est vivant, brisant des coeurs à l'envie
Car je suis une femme assez forte pour souhaiter ça pour lui

Je ne sais pas d'où vient le titre de l'album, mais Enrita en est exactement l'opposé : une Forgiving mistress...

Je n'attendais pas de miracle et il n'y en a pas eu : Mora et Where is my soldier ? sont, et de loin, mes deux titres préférés de l'album. Si tout avait été du même niveau, on aurait tenu là l'un des meilleurs disques inconnus des années 90. Le reste n'est pas mauvais du tout, loin de là, simplement c'est de la country folk plus ordinaire. J'ai quand même quelques préférés dans le lot, comme The oldest rhythm ou Remains of you.

Corb Lund a visiblement du succès au Canada et en Australie. Il vient de signer chez New West et devrait sortir son sixième album cet automne.
Mora (Blackberry) et trois autres titres d'Unforgiving mistress sont en écoute sur le site de Corb Lund, où l'on peut aussi acheter l'album, en CD ou via iTunes.

09 avril 2009

GEESHIE WILEY : Last kind words

Acquis par correspondance chez Archive.org aux Etats-Unis en avril 2009
Réf : 12951 -- Edité à l'origine par Paramount aux Etats-Unis en 1930
Support : 2 fichiers MP3
Titres : Last kind words -- Skinny legs blues

L'an dernier, j'ai levé l'oreille à l'écoute du dernier titre d'une compilation du magazine Mojo, réalisée autour des goûts de Paul Weller. Il s'agissait de Take your burden to the Lord and leave it there, une sorte de gospel blues où le chanteur Washington Phillips était accompagné par un instrument au son cristallin, une sorte de cythare apparemment. Je suis tombé de ma chaise quand j'ai vu le copyright sur le disque : 1927 ! J'ai même cru à une erreur tellement je ne m'attendais pas à apprécier autant un enregistrement aussi ancien, pour ses qualités propres, pas pour son aspect historique.
La même chose s'est passée tout récemment, quand Philippe R. m'a conseillé de jeter l'oreille que j'avais rabaissée sur Last kind words de Geeshie Wiley. C'est un enregistrement beaucoup plus récent, puisqu'il est de 1930 (!), mais qui lui aussi me plait profondément.
Dans les notes de pochette de la compilation Mississipi masters (qu'on peut lire sur cette page consacrée à une discographie illustrée de Geeshie Wiley), Don Kent explique que les paroles doivent remonter à la la fin de la première guerre mondiale (Le premier couplet donne à peu près ça : "Les derniers mots gentils que j'ai entendu mon père prononcer, Si je meurs, si je meurs, dans la guerre allemande, Je veux que tu envoies mon corps, que tu l'envoies à ma belle-mère" !). Il explique aussi avec plein de termes techniques que l'arrangement de guitares (Geeshie est acccompagnée par une autre guitariste, Elvie Thomas) est l'un des plus imaginatifs de son époque, mais peut-être aussi l'un des plus archaïques.
Archaïque, je ne sais pas, je lui fais confiance s'il le dit. En tout cas, l'ensemble sonne tout sauf archaïque à mes oreilles (qui ont retrouvé leur place) et je peux écouter la chanson en boucle et l'apprécier toujours autant à chaque fois.
Je n'avais jamais entendu parler de Last kind words, mais c'est un titre réputé, qui passe notamment dans le documentaire consacré par Terry Zwigoff à Robert Crumb en 1994, et qui a été repris par David Johansen sur son album Shaker et dans le film Seaching for the wrong-eyed Jesus.
La face B du 78 tours original, Skinny legs blues, est un blues de grande qualité, mais moins surprenant car beaucoup plus classique dans sa facture et son arrangement.
Encore quelques années, et j'écouterais peut-être des transcriptions de cylindres des années 1910 avec la version originale des paroles de Last kind words...

Last kind words :

Skinny legs blues :

07 avril 2009

MONSIEUR DUPONT ET SES SOLISTES CAMPAGNARDS : La polka des démobilisés


Acquis sur le vide-grenier de Oiry le 5 avril 2009
Réf : 460.062 TE DELUXE -- Edité par Fontana en France vers 1958
Support : 45 tours 17 cm
Titres : La java des moutards -- La polka des démobilisés (Polka rekruta) -/- Valse du printemps -- La danse de la banane

C'est le printemps. Il fait beau (en tout cas, il faisait beau dimanche) et les vide-greniers éclosent dans les villages. Deux m'auront suffi et, même si à chaque fois je n'ai acheté des disques qu'à un seul stand, je suis rentré content.
Il faut dire qu'à Oiry, le stand où j'ai acheté des disques proposait deux boites à chaussures de 45 tours, surtout années 60-70, à 10 centimes pièce ! J'en ai pris vingt, dont celui-ci, que j'aurais acheté même à 50 centimes ou à 1 €, tellement ça me fait plaisir rien que de taper le nom du groupe et le titre des chansons.
En plus, comme mon attention a été attirée depuis que j'ai trouvé le disque de Gabriel Dalar, j'ai tout de suite pensé que, s'agissant d'un disque paru chez Fontana probablement dans les années 50, avec autant d'humour et les mentions de java et de polka, Boris Vian pouvait avoir été impliqué à un moment ou un autre dans sa publication.
C'est probablement effectivement le cas, même s'il n'est fait mention de lui nulle part sur mon disque : le site De Vian la zizique nous informe que Boris Vian a signé sous le pseudonyme de Fanaton les notes de pochette d'un précédent disque de Dupont.
En tout cas, l'imagination était au pouvoir pour ce qui concerne le nom des groupes de Dupont puisque, si les deux premiers 45 tours Fontana créditaient sobrement "Dupont à l'accordéon et son ensemble" (mais le second proposait quand même une reprise du Poinçonneur des Lilas !), Les filles de mon village, le disque avec le texte de Vian, est attribué à "L'accordéoniste Dupont et ses commis agricoles" !!
Par rapport aux disques précédents, celui-ci bénéficie d'une pochette avec photo en quadrichromie très réussie. La jeune femme qui pose est Sophie Perrault, probablement celle-là même qui tient un rôle dans le premier film d'Eric Rohmer, Le signe du Lion.
Dans un premier temps, je n'ai vu dans l'accoutrement de Dupont qu'un clin d'oeil à la Vieille France mais, en y réfléchissant, et surtout par contraste avec ses autres photos, je me suis dit que chapeau melon + costume noir + grosse moustache + Dupont = peut-être bien un clin d'oeil au personnage de la série Tintin !!
Sinon, avec une pochette pareille, un nom de groupe pareil et des titres de chansons pareils, c'est bien entendu le genre de disque qui ne peut que décevoir un peu lorsque l'on se décide à le mettre sur la platine, et ce d'autant plus que, derrière des titres bien trouvés comme La java des moutards, La polka des démobilisés et La danse de la banane, on ne trouve que des instrumentaux avec quelques choeurs. Il y a juste un gamin qui pleure et une phrase parlée — et bien vue — au début de La java des moutards, "Pleure pas mon petit père, tu l'auras ta java". Dommage, avec des chansons on aurait eu un disque épatant façon Endimanchés.
Musicalement, le côté musette de l'accordéon est agréablement tempéré par les solistes campagnards, qu'ils jouent des instruments à vent ou à cordes, et ça fonctionne particulièrement très bien sur La java des moutards et La danse de la banane.
Entre musique de cirque et bal des Pompiers, on a un disque au final agréable avec, pour La valse du Printemps, quelques paroles anodines chantées en choeur et des sons rigolos pour évoquer les zoziaux.

05 avril 2009

JOHNNY CASH : Forty shades of green


Acquis sur le vide-grenier de Mareuil-sur-Ay un 1er mai un peu avant ou un peu après 2000
Réf : AGG20050 -- Edité par CBS en Angleterre en 1963
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Forty shades of green -- Bonanza! -/- Tennesse flat-top box -- Pick a bale of cotton

A l'époque où j'ai vraiment commencé à m'intéresser à la musique de Johnny Cash, dans la seconde moitié des années 90, j'ai acheté pas mal de CD mais il m'est aussi arrivé à plusieurs reprises de tomber sur des vinyls intéressants. Et parfois, la bonne affaire est presque littéralement au coin de la rue, comme ce fut le cas pour ce superbe EP ou pour un album sixties américain trouvé une après-midi de juillet à Avenay Val d'or. J'ai aussi récupéré plusieurs albums seventies plus ou moins intéressants, dont, un jour de chance à Douvres sous la pluie, une série de compilations cheap à l'origine mais intéressantes aujourd'hui, sorties chez Hallmark, une des étiquettes de la maison mal famée Pickwick, avec des titres superlatifs comme The great Johnny Cash, The mighty Johnny Cash ou The magnificent Johnny Cash !
Mais avec la mort de Johnny et le succès du film de sa vie version Hollywood, cette époque est belle et bien révolue. Tout ce qui porte le nom de Cash, même les rééditions merdiques ou les pires albums des années 80, doit être récupéré par les pros pour être revendu dans les bourses. Ça fait bien longtemps que je n'ai pas vu un seul de disque de Cash sur un vide-grenier mais par contre le rayon Johnny Cash dans les FNAC a quintuplé de volume en dix ans, une bonne partie des disques proposés étant des compilations de titres anciens à prix prohibitif.
Bref, ceci est mon seul 45 tours années 60 de Johnny Cash et il est probable qu'il restera le seul.
Les trois premiers titres figurent sur l'album Ring of fire, de 1963. Le dernier était la face B du 45 tours Bonanza!, paru l'année précédente.
Les notes de pochette de Joe Goldberg ont beau faire référence à la sobriété de l'accompagnement que les Tennessee Two fournissent à Johnny Cash, le premier titre du disque, dès les premières notes, le contredit totalement. En intro de Forty shades of green, on a droit à des choeurs et des violons envahissants, et ensuite Cash nous chante une ode à l'Irlande, vaguement folky et fortement vaseuse. C'est insupportable. Quand on pense que c'est sorti sur le même disque que Ring of fire...
Ça s'améliore grandement ensuite avec la reprise de la chanson de la série télé western Bonanza!. Il y a toujours des choeurs, mais là au moins on entend le tchikitak de l'accompagnement de Luther Perkins et Marshall Grant.
La face B est d'une toute autre qualité et ça s'entend dès l'intro de Tennesse flat-top box, un titre qui a été un tube aux Etats-Unis. Il n'a pas fait aussi fort que Ring of fire, mais ça a été un tube quand même. Les sons de guitare sont super (Norman Blake et Jack Clement sont probablement dans le coin...) et la chanson est rigolote et elle le reste même une fois qu'on s'est fait la remarque que la trame de la chanson est rigoureusement la même que celle que Dalida utilisera en 1974 pour son méga-tube Gigi l'amoroso !
Pick a bale of cotton est une très bonne reprise de la chanson de Leadbelly avec un accompagnement de basse, batterie et banjo. Une chanson qu'on ne trouvait donc sur aucun album avant les compilations et les rééditions avec titres bonus. Elle prend une saveur particulière quand on sait que Johnny Cash lui-même a passé une bonne partie de son enfance à ramasser du coton en famille, une activité à laquelle il a plusieurs fois fait allusion, dans ses chansons ou son autobiographie.
Voilà donc un disque qui est loin d'être parfait, mais, au moment où la saison des vide-greniers reprend, je me dis que je voudrais bien en trouver un comme ça toutes les semaines !

04 avril 2009

GUIDED BY VOICES : Under the bushes under the stars


Acquis à La Clé de Sol à Reims en 1996
Réf : OLE 161-2 & OLE 161-2 BONUS -- Edité par Matador au Royaume-Uni en 1996
Support : 2 x CD 12 cm
33 titres

Robert Pollard
est connu pour son côté excessivement prolifique, mais là, à lire les deux étiquettes apposées sur cette édition limitée anglaise de l'album, c'est à se tordre de rire :
Première étiquette : 18 nouvelles chansons plus 6 nouveaux titres.
Deuxième étiquette : Et aussi, CD bonus en édition limitée contenant le EP Tigerbomb (inédit en CD) et trois titres précédemment inédits.
L'album étant lui-même précédemment inédit, cela nous amène à 27 nouveaux titres, plus les 6 du EP. Par là-dessus, Pollard a suffisamment d'humour pour dénommer sa maison d'édition Needmore Songs !
Heureusement, la logorrhée musicale de Guided By Voices s'exprimait par un grand nombre de titres écrits, enregistrés et édités, mais ils ne sont pas tombés par contre dans les tares des néo-progressifs de tout poil avec des morceaux interminables. Ici, on reste dans le format court (les 33 titres auraient en fait pu tenir sur un CD de 75 minutes) et plutôt lo-fi, même si le groupe a enregistré là pour la première fois dans un studio 24 pistes. Il faut dire qu'avec leur pote Kim Deal aux manettes, tout juste sortie de l'enregistrement des Amps, on ne risquait pas une production trop raffinée.
Je dois bien avouer que, si je me suis décidé à l'époque à acheter pour la première fois un disque de Guided By Voices, c'est certes parce que j'avais eu l'occasion au préalable d'écouter et d'apprécier Under the bushes under the stars, mais aussi parce que, comme souvent, j'ai été attiré par la perspective d'une bonne affaire que représentait ce CD bonus.
L'album lui-même se tient parfaitement, très peu de titres étant en-dessous du lot (les six titres supplémentaires ne sont pas très différents du point de vue du son et ne sont surtout pas moins bons), mais quelques-uns se dégagent du lot, à commencer par Cut-out witch (une réussite parfaite), mais aussi Big boring wedding, The official ironmen rally song, Ghosts of a different dream et Sheetkickers. Le côté épuré des titres courts et électriques me fait un peu penser à Wire et le chant parfois, bizarrement, à Michael Stipe.
My valuable hunting knife, qui ouvre le CD bonus, est l'autre titre parfait de l'album et il justifie à lui seul l'existence de ce deuxième disque, qui se tient bien aussi, même s'il y a deux titres que je trouve à peu près inécoutables. Delayed reaction brats (1' 7") est très bien aussi.
Par la suite, j'ai écouté les albums réputés Alien lanes et Bee thousand, que je n'ai pas aimés, j'ai acheté deux EP du groupe, qui m'ont plutôt déçu, et à la rigueur j'ai plutôt préféré certains titres isolés des albums un peu tardifs comme Mag earwhig !, Do the collapse ou Universal truths and cycles.

03 avril 2009

THE CRAMPS : All tore up


Acquis à La Clé de Sol à Reims vers la fin des années 1980
Réf : SAFE 001 -- Edité par Revisited vers 1983
Support : 33 tours 30 cm
12 titres

Il s'est trouvé que, après Gravest hits, je n'ai acheté ni Songs the Lord taught us ni Psychedelic jungle. En fait, à part une musicassette de A date with Elvis achetée en solde sur le tard, je n'ai jamais acheté aucun autre disque des Cramps, à l'exception notable de cet album.
Ça se passait à l'époque dorée de la liquidation des stocks de vinyls de la Clé de Sol, des quantités impressionnantes que la maison a mis plusieurs années à écouler, probablement parce que le magasin était adossé à Disco Services, un distributeur qui desservait les détaillants de la région. Pendant cette période, une fois par an au moment de la Foire de la Quasimodo, La Clé de Sol sortait des milliers de 33 tours qu'elle vendait à 10 F. pièce (je l'en délestais chaque fois de plusieurs dizaines) et aussi des CD, genre à 100 F. les cinq. Et même, pendant un certain temps il y avait un bac ou deux de disques dans le magasin qui restait à 10F. pièce pendant une partie de l'année, mais je crois bien que c'est un jour de Quasimodo que je suis tombé sur cet album pirate, en un seul exemplaire, ce qui n'a pas manqué de susciter des envies chez certains de mes amis primitifs.
Il faut dire qu'il y a de quoi, puisque ce disque, également édité sous le titre 1979 Ohio demos (ce qui a l'avantage d'être explicite), est excellent, au point que certains le considèrent comme l'un des meilleurs disques des Cramps, voire comme l'un des meilleurs disques pirates de tous les temps !
Ces enregistrements, apparemment produits par Alex Chilton quelques mois avant l'enregistrement de Songs the Lord taught us, regroupent des versions excellentes de six titres de cet album, dont tous mes favoris, plus Jungle hop, également mon titre préféré de Psychedelic jungle.
L'enchaînement des trois premiers titres de l'album est imparable (Teenage werewolf/Jungle hop/Mad daddy). J'adore toujours autant et Sunglasses after dark et TV set. Si on ajoute All tore up (également connu sous le titre I can't hardly stand it), Twist and shout et Mystery plane, on est autorisé à finir essoufflé l'écoute complète de l'album, avec une pensée pour Lux Interior qui, comme à chaque fois, se donne à fond d'un bout à l'autre du disque.

Vingt ans plus tard, l'avantage pour ceux qui n'ont pas pu se procurer cet album c'est qu'ils peuvent le télécharger sur un paquet de sites, dont celui du français Dr Faustroll.