Acquis sur le vide-grenier d'Athis le 14 septembre 2014
Réf : 071 081 -- Édité par Barclay en France en 1966
Support : 45 tours 17 cm
Titres : See see rider -- Mama told me not to come -/- Help me girl -- That ain't where it's at
J'ai vraiment fait de bonnes emplettes sur la broc d'Athis en 2014 : une vingtaine de 45 tours, un CD et même sept 78 tours. Fait exceptionnel je crois, c'est le quatrième disque des achats de ce jour-là que je chronique, après les McCoys, les Sheiks et les Four Tops. Excusez du peu !
Si je suis allé rechercher ce disque, c'est à nouveau pour Mama told me not to come. Je n'avais pas du tout prévu de me lancer dans cette aventure quand j'ai acheté J'ai bien mangé, j'ai bien bu de Patrick Topaloff, mais de toute façon je ne savais pas au moment de l'acheter qu'il y avait en face B une adaptation de la chanson de Randy Newman. Ensuite, on s'est intéressé à la première version que j'ai connue de cette chanson, celle par The Wolfgang Press en 1991. Et aujourd'hui, avec Eric Burdon, on termine le tour des versions que j'ai chez moi, et surtout on se penche sur ce qui est chronologiquement la toute première parution de cette chanson, tous territoires confondus !
Comment se fait-il qu'un titre inédit, écrit par un américain, enregistré par un anglais aux États-Unis, soit sorti d'abord sur un
45 tours en France ? Eh bien tout simplement parce que l'industrie du disque dans les années 1960 c'était parfois un beau chantier, et en plus l'année 1966 a particulièrement été chaotique pour les Animals et Eric Burdon.
On peut d'abord s'étonner que la première version n'ait pas été publiée par son auteur-compositeur, Randy Newman. Mais en fait, pendant presque toutes les années 1960 Randy Newman a surtout fourgué ses chansons à d'autres, américains ou anglais. Ce n'est qu'en 1968 qu'il a sorti son premier album comme interprète et il a attendu 1970 et 12 songs pour publier sa propre version de Mama told me not to come.
Pour Eric Burdon, la situation en 1966 c'est que le groupe The Animals se sépare officiellement en septembre. Lui continue sous le nom d'Eric Burdon and the Animals, mais le groupe qui l'accompagnera, également connu sous le nom de The New Animals, ne sera formé qu'en fin d'année. Ce qui n'empêche pas les disques de sortir, avant et après la séparation des Animals, avec des différences selon qu'ils sortent aux États-Unis chez MGM ou en Angleterre chez Decca. Sans parler des licences dans d'autres territoires comme ici avec Barclay.
Essayons de retracer l'origine des quatre titres de cet EP :
- See see rider paraît en juin 1966 en Angleterre sur l'album des Animals Animalisms.
- See see rider paraît en single en septembre 1966 aux États-Unis, avec She'll return it en face B. Crédité à Eric Burdon and the Animals, mais les deux titres ont été enregistrés par The Animals.
- Decca prévoit de sortir Help me girl en single en septembre 1966 avec Mama told me not to come en face B, mais cette sortie est annulée.
- Help me girl paraît en single en Angleterre en octobre 1966, avec See see rider en face B.
- Help me girl paraît en single aux États-Unis en décembre 1966, avec That ain't where it's at en face B.
- L'album Eric is here crédité à Eric Burdon and the Animals paraît aux Etats-Unis en mars 1967. Il contient Mama told me not to come, Help me girl et That ain't where it's at.
Logiquement, la première parution de Mama told me not to come aurait dû être en septembre 66 chez Decca, mais la sortie du single a été annulée, ou en mars 1967 sur l'album MGM. Mais à l'automne 1966, quand cet EP a dû paraître, Barclay avait besoin de piocher quatre titres récents dans la production d'Eric Burdon. Officiellement publiés, il y avait See see rider, She'll return it, Help me girl et That ain't where it's at. Mais Barclay avait déjà sorti She'll return it sur l'EP Outcast et l'album The Animals. C'est comme ça qu'ils ont dû sélectionner Mama told me not to come dans les bandes à leur disposition, sans savoir que ce titre était inédit.
See see rider est une version du standard du blues parfois intitulé C.C. rider. L'arrangement est crédité au clavier des Animals Dave Rowberry et ça s'entend, car l'orgue tient une bonne place dans cette bonne version rhythm and blues, avec une batterie sèche, un riff de guitare entêtant, Burdon qui fait son truc et une partie instrumentale guitare/orgue.
Les trois autres titres sont enregistrés par Burdon avec le batteur des Animals Barry Jenkins (le seul membre du groupe à être resté avec lui) et l'orchestre d'Horace Ott. Ils sont produits par Tom Wilson, qui à cette époque a notamment travaillé avec Bob Dylan, The Mothers of Invention, Simon and Garfunkel et The Velvet Underground.
La version de Mama told me not to come, avec ses arpèges en introduction et à la fin, sonne bien 1966. Je l'aime bien, notamment l'arrangement de cuivres. Plutôt que celle de Newman, c'est sûrement à partir de cette version que Three Dog Night a travaillé, en exagérant les traits jusqu'à la parodie.
Help me girl est plus pop, c'est sûrement pour ça que les labels l'ont sortie en face A de single. Burdon y est moins à son aise. That ain't where it's at confirme que la face B est inférieure à la face A.
A 83 ans, Eric Burdon a un concert à son programme pour la suite de l'année 2024, ce qui n'est déjà pas si mal.
Je ne sais pas avec quelle autre série je vais enchaîner. Peut-être avec d'autres chansons de Randy Newman ? (après tout, sur Eric is here, Mama told me not to come est enchaînée avec I think it's going to rain today, une chanson interprétée notamment par Nina Simone ou UB40). A moins que je retourne piocher dans mes trouvailles d'Athis...
Eric Burdon and the Animals, See see rider, en direct en 1967 dans l'émission de la télévision allemande Beat-Club.
Eric Burdon and the Animals, See see rider. Un montage vidéo sur la version du disque.
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