22 février 2022

ARNO : Je veux nager


Acquis par correspondance via Discogs en février 2022
Réf : DE 6787 -- Édité par Delabel en France en 2002 -- CD promo interdit à la vente
Support : CD 12 cm
Titre : Je veux nager

J'ai vu Arno deux fois en concert.
La première fois, c'était le 17 mars 1984 au Marquee à Londres, avec TC Matic. Je me souviens surtout que, comme pour The Sound au même endroit trois semaines plus tard, le son était beaucoup trop fort dans ce club loin d'être rempli.
La deuxième fois, dix ans plus tard, le 16 juillet 1994, c'était à la même affiche qu'IAM, en clôture du festival de Blaye les Mines/Carmaux. Comme pour Bourges avec les Tindersticks, je m'étais rendu à Albi pour une réunion de la Férarock, calée pour qu'on puisse assister à ce festival. On n'avait juste pas pensé que la ville d'Albi serait sens dessus dessous parce qu'elle accueillait l'arrivée du Tour de France ! (et n'y voyez aucune référence à Bashung...). Là, je sais que la prestation d'Arno n'était pour nous qu'une musique d'ambiance, puisqu'on était tous allongés dans l'herbe au fin fond du site du festival, à discuter pendant le concert, avant de s'en prendre plein les yeux et les oreilles avec le feu d'artifice qui a suivi.

Je pense qu'à ces deux concerts Arno a dû chanter Putain putain, une de mes chansons favorites de son répertoire. La première fois c'est à peu près sûr, puisque TC Matic devait être en train de faire la promotion de Choco, l'album sur lequel on trouve cette chanson. A Blaye c'est à peu près sûr aussi car j'ai bien l'impression qu'il la joue à peu près à tous ses concerts...
De tête comme ça, parmi mes autres chansons préférées d'Arno, il y a Lonesome Zorro, Bathroom singer, Tango de la peau, Jive to the beat,... Mais ma préférée de toutes, plus que Putain putain même, c'est Je veux nager, une chanson parue en 2002, cela fait pile vingt ans, sur l'album Charles Ernest.
Cet album produit par Pete Briquette des Boomtown Rats est excellent, et ce dès les premières notes d'ouverture de Lola, etc.
Je veux nager est le deuxième titre de l'album et il avait sûrement le plus fort potentiel pour sortir en single. Il y a bien eu ce CD promo, que je viens de décider de me procurer, assez travaillé, avec des photos de pochette tirées du livret de l'album, mais ça s'est arrêté là. Pas de vidéo (que je sache...) et surtout pas de sortie commerciale du single.

Alors, qu'est-ce qui me plaît tant dans Je veux nager ? Ben, la musique est intéressante, d'abord. Un peu saccadée, ce qui pourrait lui donner un côté un peu new wave, mais l'instrumentation, à commencer par le banjo en intro, la place sur un terrain bien à elle, plus original.
Mais c'est surtout Arno qui marque la chanson, avec ses paroles et son chant. Il semble initialement surpris des compliments d'une admiratrice ("Tu penses que mon nez n'est pas trop grand", "Tu penses que je pense", et aussi "Tu penses que je suis assez beau", tempéré juste après par "Tu penses que j'ai une tête de veau" !), mais ce qui l'intéresse vraiment c'est de retourner nager avec elle, même si on sait bien qu'il a autre chose en tête puisqu'il croit utile de préciser "Ma femme n'est pas là" !!
Sur le CD bonus d'une édition limitée de l'album, on trouvait une version démo de la chanson. Swim with me était alors entièrement en anglais et le vers, "Do you believe in love at first sight ?" ("Crois-tu au coup de foudre ?"), a été supprimé ensuite. Ça marche quand même beaucoup mieux pour nous avec les paroles en français.
L'an dernier, à l'occasion de la parution de l'album Vivre, sur lequel Arno reprend certains de ses titres avec le pianiste Sofiane Pamart, et alors même que Je veux nager n'y figure pas, c'est cette chanson que Rebecca Manzoni a choisi de disséquer dans sa chronique Tubes 'co sur France Inter. Et elle a visiblement eu accès à l'enregistrement multipistes, ce qui permet d'isoler des pistes vocale et instrumentales.

L'été dernier, Arno, qui a de très gros soucis de santé, a dû annuler tous ses concerts. La partie française de la tournée n'a pas été reprogrammée, mais il joue actuellement à Bruxelles et Ostende. Le Monde a rendu compte du concert du 6 février à l'Ancienne Belgique et le 13 février, dans la même salle, il a été rejoint sur scène par Stromae pour Putain putain.


Arno, Je veux nager, en direct le 6 mars 2002 dans l'émission Des mots de minuit.


Arno, Je veux nager, en concert au festival de Werchter en 2003.


Arno, Je veux nager, en décembre 2020 dans l'émission de la RTBF Plan cult.

19 février 2022

THE BEATNIGS : Television


Acquis par correspondance via Discogs en février 2022
Réf : VIRUS 71T -- Édité par Alternative Tentacles en Angleterre en 1988
Support : 45 tours 30 cm
Titres : Television (Extended mix) -- Television (Dub mix) -/- Television (Radio edit) -- Jazzy beats

A la maison, quand on entend prononcer le mot "Television" à l'anglaise, il y en a le plus souvent un pour enchaîner du tac au tac avec "The drug of the nation".
C'est en référence à Television, the drug of the nation, un single de 1991 des Disposable Heroes of Hiphoprisy, repris en 1992 sur leur unique album, Hypocrisy is the greatest luxury.
Mais, presque aussi systématiquement que l'air me vient en tête et que je continue à chanter "Breeding ignorance, feeding radiation", je pense en même temps : "Oui, mais, ce n'est pas la version originale. Et celle des Beatnigs est vraiment très bien".
C'est un cas où les créateurs d'un titre persévèrent avec une bonne chanson et finissent par avoir du succès au bout de quelques essais. Il doit y avoir pas mal d'autres exemples, mais aujourd'hui ne me vient en tête que celui de Fingerprintz puis The Silencers avec Bullet proof heart.
Finalement, au bout de trente ans, et alors que j'ai le CD d'Hiphoprisy depuis longtemps, j'ai fouiné sur Discogs et je me suis trouvé un exemplaire de ce maxi des Beatnigs à un prix raisonnable.

Ce maxi, je le connais bien, puisqu'il était dans la discothèque de Radio Primitive au moment de sa sortie et je l'ai régulièrement diffusé à l'antenne. Alternative Tentacles avait beau être un label punk fondé par les Dead Kennedies, ils avaient décelé le potentiel commercial de ce titre de l'unique album des Beatnigs et l'ont sorti en single, en faisant appel à Adrian Sherwood d'On U Sound pour le remixer.
Mais la version qui compte pour moi, c'est le Radio edit de Television, c'est à dire la version de l'album raccourcie et remixée par les Beatnigs eux-mêmes. C'est celle qui réussit le mieux à équilibrer les différents ingrédients de la formule musicale du groupe : le punk hardcore, le hip hop  et l'industriel.
L'Extended mix d'Adrian Sherwood, n'est pas foncièrement mauvais (la chansons n'est pas bousillée), mais il n'apporte rien : la première moitié est relativement proche de la version originale, mais ensuite on a droit à plusieurs minutes d'instrumental. Et c'est pire bien sûr avec le Dub mix, d'autant plus inutile que du dub instrumental était déjà inclus dans le premier mix.
Quant à la face B inédite Jazzy beats, qui doit aussi être un bout de Television retravaillé en version principalement instrumentale, elle manque aussi d'intérêt.

Vu qu'on trouve trace en ligne (voir ci-dessous) de passages à la télé des Beatnigs pour promouvoir Television, on peut se dire que ce disque n'est pas passé totalement inaperçu. Mais le groupe s'est séparé très vite et deux de ses membres, Michael Franti et Rono Tse, ont fondé en 1990 The Disposable Heroes of Hiphoprisy. Ce second groupe a eu beaucoup plus de succès, mais s'est arrêté en 1994. Michael Franti a continué ensuite avec Spearhead, puis en solo.

Évidemment, cette critique de la télévision n'a pas pris une ride en plus de trente ans, alors que les écrans sont omniprésents dans nos vies...


The Beatnigs, Television, en concert au Hot Point Festival à Lausanne le 17 juin 1989.




The Beatnigs, Television. Pour la musique de cette vidéo, c'est plutôt la version album qui est utilisée. Je préfère décidément la version Radio edit du maxi.


La page dédiée à Television du livret "Mode d'emploi oral" inséré dans l'album.

12 février 2022

PENSÉES NOCTURNES : Douce fange


Acquis par correspondance chez Les Acteurs de l'ombre Productions en janvier 2022
Réf : AO-168 -- Édité par Les Acteurs de l'ombre Productions en France en 2022
Support : CD 12 cm
9 titres

Que j'achète un disque de death metal ? Je pense avoir des goûts musicaux un peu touche-à-tout, mais si on m'avait posé la question, j'aurais répondu que c'était très improbable !
Et puis, et puis, quelqu'un a partagé à la fin de l'an dernier un lien vers une chanson intitulée Gnole, torgnoles et roubignoles. Certes, je me remettais à peine de la sortie, quarante ans après la formation du groupe, du premier album des Combinaisons, mais ce titre était suffisamment à la fois intrigant et alléchant pour que je clique pour aller découvrir la chanson en question.
Et c'est comme ça que j'ai fait la connaissance de Pensées Nocturnes, présenté par Wikipedia comme un "projet musical black metal néo-classique" (N'en jetez plus !).
Ce qui m'a surpris et beaucoup plu, c'est l'association d'un son rock brutal avec un rythme de valse et de l'accordéon. Comme si Tom Waits s'était lancé dans un duo avec Napalm Death ! Il y a un côté chants russes également. Tourneboulant !
La chanson était diffusée en avant-première de l'album Douce fange. Comme une édition CD était proposée, j'ai décidé de la pré-commander.

Il s'agit du septième album de Pensées Nocturnes, un projet qui a longtemps été celui en solo et uniquement en studio de Léon Harcore, le taulier, également connu sous le nom de Vaerohn. Depuis 2017, Pensées Nocturnes est devenu un groupe et s'aventure sur scène.

Alors que le disque précédent, Grand Guignol Orchestra, était dédié au cirque, Douce fange revient plutôt sur "une vieille France aux Halles insalubres, aux ruelles coupe-gorge, aux bobinards malfamés et aux bistrots dépravés".
Du passé donc, mais aussi de l'actualité. Une ambiance qui convient malheureusement à cette année électorale qui s'annonce nauséabonde.
Le ton de l'album est parfaitement rendu par le graphisme de la pochette et du livret abondamment illustré qui l'accompagne. Du bleu, du blanc, du rouge et beaucoup de noir dans ces illustrations rétros retravaillées et brillamment mises au goût du jour et de Pensée Nocturnes par Cäme : Roy de Rat.
Dans le livret, on trouve également les paroles, ce qui permet de saisir les jeux de mots qui les parsèment. Il y a beaucoup de raisiné et, d'une manière générale, c'est sombre et pas ragoûtant.

Il s'avère que Gnole, torgnoles et roubignoles est le dernier titre de l'album. Celui qui l'ouvre, Viens tâter d'mon carrousel, fait aussi partie de ceux qui me plaisent, avec son ambiance de manège, même si le manège a tendance à s'emballer parfois !
Dans la même veine, un de mes titres préférés est Le tango du vieuloniste, sous-titré Concerto pour vieille à roue. Il y a aussi Saignant et à poings, avec la voix de Benoit Poelvoorde repiquée d'un film (C'est arrivé près de chez vous, probablement), qui est presque une reprise du Padam, padam de Piaf (l'album est parsemé de références à des airs connus).
AU bout du compte, le plus surprenant est que j'apprécie la plupart des titres de l'album. C'est hardcore, mais toutes les chansons ont des orchestrations ou des rythmes qui surprennent, comme PN mais costaud, avec ses respirations un peu reggae. En tout cas, c'est vivifiant et décoiffant !

Je ne peux m'empêcher de faire le lien entre Douce fange et Fête sans village de Tina Thorner, une autre découverte musicale, faite il y a pile un an. Il y a au moins deux points de rapprochement : l'accordéon (Tina Thorner expérimentait avec du techno-musette, là c'est plutôt du death-musette) et le hardcore, puisque Tina avait adapté un titre d'un groupe hardcore suisse.

Je ne sais pas si Pensées Nocturnes pourra faire une vraie tournée en 2022. Pour l'heure, un concert est annoncé le 18 mars à Nantes. En tout cas, s'ils passent près de chez moi, je me munirai peut-être de protections d'oreille, mais je serais curieux d'aller les écouter.







05 février 2022

TINDERSTICKS : Travelling light


Acquis par correspondance via Discogs en janvier 2022
Réf : WAY 4555 / 854 349-2 -- Édité par This Way Up en Europe en 1995
Support : CD 12 cm
Titres : Travelling light -- Plus de liaisons -- Waiting 'round you -- I've been loving you too long

J'ai longtemps été très présomptueux. Comme je ne buvais pas d'alcool et ne prenais pas de drogues, je pensais que j'étais préservé de certains effets indésirables de ces substances. Pas pour moi le trou noir en me réveillant le matin en me demandant où je suis, comment je suis arrivé là et ce que j'ai bien pu faire la veille (Effectivement, ça ne m'est jamais arrivé). Et puis, comme j'étais pleinement conscient lors de mes périodes d'éveil, notamment lors des soirées et des concerts, je croyais que je ne risquais pas de les oublier. Et là, ça fait bien longtemps que je me suis rendu compte que je me trompais complètement. Il y a plein d'événements qui sont complètement effacés de ma mémoire, et particulièrement, ce que je n'aurais jamais cru possible, des concerts entiers, où j'ai choisi de me rendre, où j'ai passé une soirée entière et dont je n'ai plus aucun souvenir. Pour citer l'oncle de La java des bombes atomiques de Boris Vian, "A mesur' que je deviens vieux je m'en aperçois mieux j'ai le cerveau qui flanche. Soyons sérieux disons le mot c'est même plus un cerveau 'est comm' de la sauce blanche" !

Ça, je le sais depuis longtemps, donc, mais j'ai quand même eu un coup au cœur en juin 2020 quand j'ai recherché une information dans mon agenda de 1996 et que je suis tombé sur ce que j'ai noté de ma présence à l'édition 1996 du Printemps de Bourges :
  • Jeudi 18 avril :
    Soul Coughing
  • Vendredi 19 avril :
    M. Untel, Silvain Vanot, Electric Buttocks, Elliott Murphy, Laurel Aitken
  • Samedi 20 avril :
    De Parels En De Funkie Reddingsbrigade, Lou Reed, Baby Bird, Tindersticks
Je me suis rendu au Printemps de Bourges plusieurs années de suite dans les années 1990, principalement pour deux raisons : pour accompagner les artistes que nous avions sélectionnés en Champagne-Ardenne avec l'antenne régionale des Découverts du Réseau Printemps et pour retrouver en tant que représentant de Radio Primitive nos collègues de toute la France pour une réunion de la Férarock.
Ces séjours étaient très actifs, donc, puisque bien sûr en plus de ces activités j'avais un passe pour les concerts et j'essayais de voir ceux qui m'intéressaient le plus.

Si je reprends la liste ci-dessus et que je fais le point, c'est quand même pas brillant :
  • Pour Soul Coughing, je me souviens plutôt bien de leur précédent concert, aux Transmusicales de Rennes le 3 décembre 1994, mais je dois bien avouer que je n'ai quasiment aucun souvenir de celui de Bourges, sauf peut-être la vague impression qu'il m'avait moins plu que le premier.
  • Pareil pour Elliott Murphy. Je me souviens l'avoir vu au Cirque à Reims et en plein air aux Musiques d'Ici et d'Ailleurs à Châlons, mais je n'ai aucun souvenir de Bourges.
  • Pour Silvain Vanot, j'ai juste le sentiment diffus de sûrement m'y être un peu ennuyé.
  • Pour les Découvertes, je me souviens bien sûr un peu de la prestation scénique du champenois M. Untel, mais surtout de sa caravane qu'il avait installée sur le site du festival et de l'oie qu'il trimballait avec lui. Je ne peux pas dire que je me souviens du concert d'Electric Buttocks le même jour.
    J'ai obligatoirement vu beaucoup d'autres concerts Découvertes sur les trois jours, mais je n'en ai noté qu'un, celui des hollandais De Parels En De Funkie Reddingsbrigade. C'est parce que leur prestation avait dû particulièrement me marquer. Mais pas de façon indélébile car aujourd'hui quand je vois ce nom c'est en fait aux Belges de PPz30 que je pense ! Ça devait être très bien, pourtant...
  • Laurel Aitken, j'avais oublié que je l'avais vu, mais en voyant son nom il m'est revenu qu'il s'était produit dans le chapiteau Magic Mirrors, là-même où j'avais vu l'année précédente d'autres papys du ska, les Skatalites.
  • Bon, des trous dans la mémoire, j'en ai plein et je commence à y être habitué et à vivre avec (d'autant mieux que je ne peux rien y faire...). Mais le nom qui me pose vraiment problème dans la liste c'est de lui de Lou Reed. Lou Reed !
    Certes, j'avais soigneusement évité la reformation du Velvet Underground en 1993 (par principe, les reformations ne m'intéressent pas) et je suis bien content d'avoir interviewé Moe Tucker à Reims en 1992 (une interview inutilisable pour cause de piles usées !), mais Lou Reed m'intéressait et m'intéresse beaucoup, et je ne suis pas surpris que, étant sur place et n'ayant pas à payer mon billet, je me sois arrangé pour assister à tout ou partie de son concert au Pavillon.
    Le problème, c'est que je n'en ai aucun souvenir. Et pire, alors qu'avec mon optimisme béat j'ai tendance à penser que ma mémoire peut être ravivée par une photo, une affiche ou un enregistrement, eh bien même la prestation filmée de Lou Reed interprétant Sweet Jane ce jour-là ne provoque aucune étincelle dans ma cervelle...! C'est désespérant.
  • En fait, le seul souvenir un peu précis des concerts de Bourges 1996 en-dehors de M. Untel c'est celui de Baby Bird et Tindersticks à La Hune, qui devait être la salle à l'étage de la Maison de la Culture de Bourges. Et encore, vous allez le voir, c'est très fugace. Je ne sais même plus si c'était l'après-midi, ou en toute fin de soirée. Plutôt en fin de soirée, en fait, et peut-être bien que j'ai quitté le concert de Lou Reed pour aller m'enfoncer dans les moelleux fauteuils de La Hune.
    Je ne me rappelle pas vraiment de Baby Bird, si ce n'est que le concert avait dû me décevoir à peu près autant que ses disques, que j'avais achetés sur la foi de critiques dithyrambiques.
    Quant à Tindersticks, c'était bien. Doux, lent,... Je me souviens très bien avoir été pris d'une douce torpeur et, après trois jours de festival intensif, m'être laissé tomber dans un demi-sommeil où j'étais bercé par leur musique et la voix de Stuart Staples.

Bref, pour résumer en une phrase mon Printemps de Bourges 1996 : j'ai complètement oublié le concert de Lou Reed où j'étais éveillé, mais je me souviens m'être endormi à celui de Tindersticks !

Mais intéressons-nous au disque du jour, extrait du deuxième album de Tindersticks, dont ils devaient faire la promotion lors de cette tournée en 1996. Pour autant, je ne pense pas qu'ils aient joué Travelling light à Bourges, car c'est un duo avec Carla Thogerson des Walkabouts et je ne pense pas qu'elle était présente ce jour-là, ni une autre chanteuse.
Tindersticks a enregistré pas mal de duos, à commencer par A marriage made in heaven en 1993, en hommage marqué à Nancy Sinatra et Lee Hazlewood, mais Travelling light est mon préféré. Je ne suis pas un grand fan de pop orchestrale, mais quand il y a des cordes chez Tindersticks, comme ici, c'est toujours parfaitement dosé et jamais sirupeux et le résultat est superbe et prenant de bout en bout. Je ne sais pas comment le lien s'est fait avec Carla Torgerson, mais quand on écoute The light will stay on, le single des Walkabouts extrait de l'album Devil's road paru lui aussi en 1995, on comprend très vite que les groupes suivaient des chemins très proches l'un de l'autre à cette époque.

Pour les faces B, Waiting 'round you, est un instrumental où les claviers jouent un rôle important. Il annonce peut-être leur travail sur des musiques de film.
Quant à I've been loving you too long, cette reprise d'Otis Redding est parfaite pour la voix bien grave de Stuart Staples. On dirait bien qu'ils la jouent plus lentement que l'originale. Avec cette voix et ce rythme, je ne peux m'empêcher de penser au Lambchop de cette époque, celle de leur premier album.

Le single anglais, en 45 tours et en CD, ne contient que ces trois titres. Pour l'édition européenne que j'ai achetée, le label a intercalé en supplément Plus de liaisons, la version en français de No more affairs, un autre titre au rythme très lent, paru initialement sur un 45 tours une face en bonus de la version vinyl du deuxième album.
Je ne vais pas me plaindre de cet ajout, au contraire, car c'est une des chansons des Tindersticks que je préfère, ne serait-ce parce que j'apprécie toujours quand les non francophones se lance dans ce genre d'aventure. Comme pour d'autres, comme par exemple Julian Cope avec  Traison (C'est juste une histoire) de Teardrop Explodes, on se demande ce qui au départ leur a donné l'envie de tenter l'adaptation en français. En tout cas, je ne pense pas qu'à l'époque Stuart Staples imaginait que, quelques années plus tard, il viendrait s'installer en famille dans la Creuse (ni qu'il se ferait une moustache à la Lee Hazlewood...).

Sinon, Tindersticks a joué au moins une autre fois au Printemps de Bourges, en 2014, mais cette fois c'était dans la cathédrale Saint Etienne. Pour marquer les trente ans du groupe, ils sortent prochainement une compilation, Past imperfect, sur laquelle on trouvera Travelling light, et prévoient une tournée européenne en mars-avril.


La vidéo de Travelling light, tournée volontairement en Super 8 pourri, sans aucun membre du groupe. Les personnages principaux sont joués par Matt, qui travaillait sur les tournées du groupe, et Ilona, alors employée à la boutique Rough Trade. Ce sont eux aussi sur la pochette du disque.


Les Tindersticks retrouvent Carla Torgerson pour interpréter Travelling light pendant leur tournée de 2003.