18 août 2018

PRIMAL SCREAM : Movin' on up


Acquis par correspondance via Discogs en juin 2018
Réf : INT 828.916 -- Édité par Creation en Allemagne en 1991
Support : CD 12 cm
Titres : Movin' on up -- Slip inside this house -- Don't fight it, feel it - High high...

Il y a quelques temps, j'ai regardé à nouveau mon DVD du documentaire de la collection Classic albums dédié à Screamadelica de Primal Scream, probablement le seul de la série où j'ai l'occasion de voir autant de connaissances, avec Bobby Gillespie, Andrew Innes, et Martin Duffy notamment, plus Alan McGee.
Screamadelica mérite bien d'être qualifié de "classique", et même de classique instantané presque, vu son succès à sa sortie et, par exemple, l'attribution du premier Mercury Music Prize en 1992. Mais je me suis souvent dit qu'il était rare qu'un album fait d'autant de bric et de broc fonctionne aussi bien.
En effet, sur les dix chansons du disque (une est présente deux fois), il y en a une, Loaded, qui est un remix d'un titre de l'album de 1989, sorti initialement en 1990. Il y a aussi Slip inside this house, une reprise des 13th Floor Elevators, sortie aussi en 1990, sur Where the pyramid meets the eye, un album-hommage à Roky Erickson. Il y a les autres singles égrenés en 1990-1991 avant la sortie de l'album, le gospel-rave de Come together, le chef d’œuvre psychédélique Higher than the sun et Dont' fight it, feel it. Et, sur un disque qui symbolise la fusion rock/house, on trouve quand même deux chansons produites par Jimmy Miller, archétype du classicisme rock.
Malgré tout, la sauce prend, et Screamadelica est un album emblématique, grâce aussi à sa pochette, une peinture de Paul Cannell, l'une des dix choisies en 2010 par Royal Mail pour les timbres de la série Classic album covers.
A un moment dans le DVD, j'ai repéré que quelqu'un avait un t-shirt avec le fameux soleil halluciné de Screamadelica, sur fond bleu ou noir plutôt que rouge. J'ai trouvé que ça rendait bien. Avant d'être tenté de faire une bêtise, en achetant par exemple un t-shirt à 30 $ ou un mug à 14 $, j'ai repensé à ce single allemand de Movin' on up, que j'avais vu sur Discogs, avec un réagencement des couleurs de la pochette de l'album qui rend très bien avec son fond jaune éclatant, et je me le suis offert pour même pas le prix de l'anse du mug.
C'est aussi l'occasion de rendre hommage à Paul Cannell, qui s'est suicidé en 2005 à 42 ans. Paul Cannell est rentré dans l'orbite de Creation via Jeff Barrett, de Heavenly Records (dont il a réalisé le logo à l'oiseau) et de Creation Records. Une de ses peintures a d'abord été choisie pour la pochette de Higher than the sun, et une autre quelques semaines plus tard pour Don't fight it, feel it. Le soleil est un détail de la pochette de Higher, repéré dès la sortie du single puisqu'il illustre aussi bien les rondelles des disques que le recto du maxi remixé, dans ses couleurs originales je présume.
Pour la pochette de l'album, Alan McGee a expliqué au Daily Record que, en juillet 1991, ils n'avaient toujours pas choisi la pochette de Screamadelica. Bobby avait proposé une photo du groupe assis avec un mannequin sexy, mais Alan l'a refusée en expliquant que personne n'achèterait le disque. Il a alors repéré le soleil, en jaune et bleu, sur une affiche pour Higher than the sun et a pensé que ça serait très bien pour l'album avec d'autres couleurs. Bobby l'a mis sur fond rouge et l'affaire était faite !
Pour ce qui concerne l'histoire éditoriale de Movin' on up en single, c'est aussi un peu compliqué.
Ce titre accrocheur a beau être celui d'ouverture de l'album, il n'a pas été choisi au Royaume-Uni pour être l'un des quatre premiers singles de l'album ! Il faudra attendre début 1992 pour le voir arriver en titre principal d'un single en Angleterre, mais seulement comme premier titre du Dixie-narco EP, avec en pochette une photo de William Eggleston. Mais dans d'autres pays, on avait repéré le potentiel de la chanson et des singles étaient déjà sortis, aux États-Unis et au Canada, avec Dont fight it, feel it en face B et un bout de la pochette de ce single pour l'illustrer; en France, avec aussi Don't fight it... mais avec la même pochette que l'album; et en Allemagne, donc, avec cette pochette aux couleurs inédites.
On trouve sur ce disque les trois premières chansons de Screamadelica, dans le même ordre.
J'ai longtemps eu tendance à dénigrer Movin' on up pour son côté Rolling Stones trop prononcé. Après les excellents "Wou wou" à la Sympathy for the devil de Loaded, je trouvais que ça faisait un peu trop. D'autant que, pour l'occasion (et pour Damaged aussi sur l'album), le groupe s'est fait plaisir en travaillant avec Jimmy Miller, le producteur de Let it bleed, Sticky fingers et Exile in Main St.
Aujourd'hui, je suis beaucoup plus indulgent pour ce titre aux accents gospel-blues, comme Bobby le décrit dans le bout de documentaire ci-dessous tout en bas. C'est une bonne chanson très efficace, qui suinte la bonne humeur et donne envie de se bouger. Que demander de plus ? Pour l'anecdote, notons que le bout de phrase "You made a believer out of me" vient du You doo right de Can.
En face B de single, je veux bien, mais pour le coup je reste aujourd'hui encore très sceptique sur l'intérêt d'avoir collé Slip inside this house sur l'album. C'est une reprise, qui était déjà parue, d'une chanson qui est loin d'être l'une de mes préférées des 13th Floor Elevators, et le résultat est loin d'être aussi innovant que les propres compositions du groupe. Certes, ça permet de faire le lien entre le psychédélisme sixties et celui des raves, et ça permet un jeu de mot sur la House music avec "trip inside this house", mais je suis bien sûr que le groupe avait mieux que ça dans ses cartons pour boucler son album.
Pour Don't fight it, feel it, j'ai aussi été bien trop sévère pendant très longtemps. Ce single m'avait déçu après Come together et Higher than the sun (difficile de faire mieux, il faut dire), et je trouvais que c'était de la house un peu trop pure. Mais aujourd'hui, force est de constater que c'est un titre vraiment dansant et efficace, avec son "Rama lama lama fa fa fa" et le gimmick au sifflet trouvé par Andrew Weatherall. Je pense que la version la mieux dosée est celle un peu raccourcie du single, qui sert aussi pour la vidéo ci-dessous.
Sur ce CD allemand, la version "High high" n'est pas la version de l'album ni celle du single. Il s'agit en fait du remix par Graham Massey de 808 State sorti en Angleterre sur la deuxième version maxi du single. Je ne l'avais pas, ça tombe bien. Cette version perd le sifflet mais est intéressante par l'équilibre recherché entre guitares électriques et sons électroniques.
Screamadelica est un album tellement classique qu'il a été réédité de multiples fois, notamment pour ses vingt et ses vingt-cinq ans, dans des coffrets avec plein de bonus. Le groupe l'a aussi joué sur scène en intégralité lors d'une tournée en 2010, ce qui a donné lieu à un CD/DVD live. Je ne crois pas que le groupe ait joué l'album dans son intégralité lors de l'étape parisienne de la tournée originale de Screamadelica à laquelle j'ai assistée le 19 janvier 1992,  l'Elysée-Montmartre et au Rex.
Sinon, dans le même style, j'aime bien la pochette de Souls, une compilation promo japonaise de 1994 :






Primal Scream, Movin' on up, en direct en 1991 dans l'émission The Word sur Channel 4.


Primal Scream, Don't fight it, feel it. Il s'agit de la vidéo de la version single, soit la version de l'album produite par Andy Weatherall, légèrement raccourcie pour l'occasion.


Primal Scream, Movin' on up, en direct le 21 mars 1992 dans l'émission Les Nuls sur Canal Plus.

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