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02 janvier 2018

ORCHESTRE PATHÉ FRÈRES : La Croupionnette


Acquis chez Emmaüs à Tours-sur-Marne le 29 décembre 2017
Réf : 6892 et 6896-- Édité par Pathé en France vers 1918
Support : 90 tours 21 cm
Titres : La Croupionnette (Nouvelle danse originale) -/- American parade (Marche caractéristique)

Le dernier disque acheté en 2017 et ma première chronique de 2018... Celle d'un disque qui aura cent ans cette année, carrément !
Je suis allé faire un petit tour chez Emmaüs vendredi sous la pluie, mais je n'ai pas eu grand chose à me mettre sous la dent car je n'ai pas laissé passé suffisamment de temps entre deux visites.
Après avoir constaté qu'il n'y avait pas de nouveaux CD dans les tiroirs, j'ai jeté un œil désabusé sur le stock de vinyls qui reste présent entre deux ventes spéciales (aucun disque n'est ajouté entre deux ventes, donc on sait que ce stock a été ratissé en long, en large et en travers) avant d'avoir la bonne idée de demander si la boîte de 78 tours que j'avais trop rapidement fouillée en septembre dernier était disponible.
Je m'attendais à une réponse négative, mais non, les disques étaient là, sauf qu'ils étaient passés d'une boîte à une caisse fermée, c'est pour ça que je ne les avais pas vus, en perdant au passage tous les disques de chansons grivoises que j'avais aperçus et laissés le jour où j'ai acheté le Tramel... le Bouif. Ça m'apprendra.
Mais de nouveaux disques étaient arrivés entre temps. J'ai pris un 78 tours d'un chanteur turc, Haffous Kemal Effendi. Un disque fabriqué en Allemagne, importé en France et un peu décevant à l'écoute.
Il y avait aussi toute une pile de disques Pathé des années 1900-1910. Je sais depuis que j'ai acheté La Mousmé que l'audition de ces disques Pathé, plus petits que les 78 tours les plus courants, commence par le centre, à la vitesse de 90 à 100 tours par minute et avec un diaphragme Pathé spécial pour disques à Saphir inusable. Autrement dit, je n'ai pas la possibilité de les écouter chez moi. Mais un disque qui contient La Croupionnette, présentée comme une "nouvelle danse originale", vous auriez pu vous empêcher de l'acheter ? Pas moi en tout cas !
Et le plus beau de l'histoire, c'est qu'une fois rentré à la maison, j'ai découvert que les deux faces du disque étaient en écoute sur YouTube. On va donc pouvoir profiter pleinement de ce disque.
Ce que j'ai appris tout de suite, c'est que la Croupionnette a été créée vers 1906 au Bal Tabarin, l'un des cabarets qui ont fait la réputation de Montmartre.  Ses "entraîneuses", ses fêtes galantes et folichonnes, les concours (des plus belles parties anatomiques) et les nouvelles danses qui y étaient expérimentées ont fait le succès de ce lieu ouvert en 1904.
Question nouvelles danses en vogue, je croyais en connaître un bout avec les différentes modes qui se sont succédées dans les années 1950 à 1970, du Rock and Roll au Twist en passant par le Popcorn et même le Reggae (!), mais au Bal Tabarin, on faisait mieux que chez Régine ou au François Patrice - Saint Hilaire.
Outre la Croupionnette, on pouvait y danser la Tabarinette (bien sûr),  mais aussi, comme mentionné dans trois contributions (ici, et ) sur le forum Pages 14-18, la Likette, la Mouyette, la Kraquette, le Tango, le Pas de l'Ours, le King King, le Kily Kiwiky, la Kekette, la Maxixe brésilienne, la Pélikette, le Rhadada... C'est pas tout, n'en jetez plus !
C'est énorme, tellement d'ailleurs qu'on se moquait de cette frénésie créatrice de danses dans la presse, et aussi en chanson, comme dans Le Zipholo, une chanson de 1907 interprétée par Victor Lejal et Charlus.
Il y a visiblement eu un très grand nombre de cartes postales éditées qui présentent la Croupionnette telle qu'elle se dansait au bal Tabarin. Elles nous donnent une idée des différents pas de cette danse :





Il existe aussi des partitions pour piano. Elles ont le mérite de nous apprendre que l'auteur de cette musique est Henri José, ce qui n'est mentionné nulle part sur mon disque :



Habituellement, ces danses à la mode durent rarement plus d'une saison. Ce qui est étonnant avec la Croupionnette, c'est qu'elle a fait parler d'elle pendant plus de dix ans. Elle est créée en 1906, mais mon disque date de 1918 et, pendant la guerre, des Pioupious l'avaient même rebaptisée la Kruppionnette, en référence au marchand d'armes allemand.
Après tout ça, il serait peut-être temps d'écouter La Croupionnette, puisqu'on en a l'occasion. Rien d'extraordinaire, sans surprise, c'est de la musique d'harmonie-fanfare, fort agréable, avec juste une petite particularité, un instrument percussif qui fait penser au son des sabots d'un cheval.
Sur l'autre face, American parade, est annoncé comme une "marche caractéristique", et ce n'est pas moi qui vais me risquer à contredire cette mention. Notons que sur l'exemplaire qui a été numérisé figure la mention du compositeur Frémaux et le numéro de matrice 46070. Sur mon exemplaire, l'autre rondelle est strictement identique mais celle d'American parade ne mentione pas Frémaux (du coup "caractéristique" est écrit en toutes lettres) et le numéro de matrice est 35443, ce qui signifie probablement que ce n'est pas le même enregistrement.
J'espère avoir l'occasion cette année de continuer à faire un peu d'archéologie phonographique...


25 juillet 2016

LOUISE & FERERA-FRANCHINI : Southern blues / Hawaiian nightingale



Offert par Philippe R. à Nantes le 18 juillet 2016
Réf : 88 -- Édité par Francis Salabert en France dans les années 1920
Support : 78 tours 25 cm
Titres : LOUISE & FERERA : Southern blues -/- FERERA-FRANCHINI : Hawaiian nightingale

Ces derniers temps, il est peut-être plus facile de trouver sur les vide-greniers des disques intéressants des années 1920 ou 1930 que des années 1950 et 1960. Celui-ci, c'est Philippe qui l'a trouvé dans le coin de Nantes et qui me l'a gentiment offert, pour ses guitares hawaïennes et ses belles étiquettes, et parce qu'il n'est pas encore équipé pour écouter des 78 tours.
Francis Salabert est avant tout réputé comme l'un des plus importants éditeurs musicaux français, mais il a également publié des disques, avec plus de 800 références, probablement dans les années 1920-1930. Cette référence-ci, la 88, se situe plutôt dans les débuts.
J'avais été surpris de l'apprendre il y a quelques années, mais la musique hawaïenne a été l'une des plus populaires aux débuts de la musique enregistrée. Les premiers enregistrements remontent à la fin du 19e siècle et les disques se sont vendus à la pelle au moins jusqu'aux années 1930.
Frank Ferera (aussi nommé Palakiko Fereira), hawaïen de descendance portugaise, a été l'une des premières vedettes mondiales de la guitare hawaïenne. Il a fait carrière aux Etats-Unis dès le tout début du 20e siècle.
Il a beaucoup enregistré avec sa deuxième épouse, Helen Louise Greenus, la fille d'un homme d'affaires de Seattle, passionnée par la musique hawaïenne, qui avait appris à jouer de la guitare et du ukulélé. Ils avaient commencé à jouer ensemble à la fin de l'exposition Panama-Pacific à San Francisco en 1915, qui a déclenché une vogue immense pour la musique hawaïenne. Ils ont eu énormément de succès ensemble, mais la belle histoire s'est terminée en décembre 1919 quand Louise a disparu d'un paquebot qui emmenait le couple de San Francisco à Seattle.
Ce disque édité en France, reprend des probablement des enregistrements d'époque différentes.
Southern blues, un duo de guitare steel et de guitare ou ukulélé, crédité à Louise et Ferera, a dû être enregistré il y a pile cent ans, le 18 juillet 1916 à New York. La chanson a dû être éditée initialement chez Victor. J'ai aussi vu la trace d'un 78 tours de 1923 chez Pathé crédité à la Louise and Ferera Hawaiian Troupe. Ferera a de toute façon enregistré plusieurs versions de cette composition, puisqu'on trouve sur archive.org une version de 1924 par Ferera et John K. Paaluhi éditée chez Edison, qui est plus énergique.
Hawaiian nightingale est une composition populaire façon Tin Pan Alley de Vaughn de Leath sur des paroles d'Anne Hampton. Elle a été publiée en 1922. Là encore, je pense que Ferera l'a enregistrée au moins deux fois sur disque, dans des versions orchestrées. Avec le Palakiko's Hawaiian Orchestra chez Edison et avec le guitariste Anthony J. Franchini chez Pathé Actuelle, dans une version plus épurée ou j'entends du piano et du violon, c'est celle qui est sur mon disque.
Au bout du compte, je me félicite de la sélection des versions sur ce disque édité par chez nous sûrement à partir de 1923. Et on risque de parler encore de vieilleries prochainement par ici car j'ai acheté hier un petit lot d'une quinzaine de 78 tours...

Louise & Ferera : Southern blues.
Ferera-Franchini : Hawaiian nightingale.

15 mai 2016

ORCHESTRE PATHÉ FRÈRES : La mousmé



Acquis sur le vide-grenier d'Avize le 8 mai 2016
Réf : 6758 et 6753-- Édité par Pathé en France  vers 1914
Support : 90 tours 21 cm
Titres : La mousmé -/- Gage d'amour

Quand j'ai débuté ce blog, je pensais que les enregistrements les plus anciens susceptibles de m'intéresser remonteraient aux années 1930, au blues de Big Bill Broonzy ou Robert Johnson. Mais au fil du temps, je me suis mis à apprécier des disques des années 1920, comme ceux de Washington Phillips ou du Memphis Jug Band. Et plus tard encore, j'ai eu le moyen d'écouter des 78 tours et je ne me suis plus contenté de rééditions, j'ai commencé à acheter des disques des années 1930, et même de 1929 pour le Blind Willie Dunn's Gin Bottle Four. Mais même à ce moment-là, je n'imaginais pas ouvrir un jour la rubrique des années 1910, que ce soit au titre d'une réédition ou d'un disque que je posséderais.
C'est pourtant bien ce qui arrive aujourd'hui, avec ce disque acheté 1 € la semaine dernière à Avize, pendant le premier week-end vraiment chaud de l'année.
Je l'ai choisi pour sa taille inhabituelle, à mi-chemin entre le 45 tours et le 33 tours 25 cm. Je trouvais aussi élégant son rond central, avec les informations directement gravées sur le disque plutôt qu'imprimées sur une étiquette. Et puis, les deux titres étaient indiquées comme étant des Mazurkas. Or, je venais de passer la semaine à me régaler de mazurkas haïtiennes... Et justement, un des titres, La mousmé, faisait un peu exotique. J'associais ce terme à l'Afrique du Nord ou à l'Orient, mais il faut en fait voyager jusqu'en Extrême Orient puisque la mousmé est une jeune japonaise.
Grosse déception une fois rentré à la maison puisque, comme pour un 80 tours de Fredo Gardoni, je n'ai pas pu du tout écouter mon disque puisque l'aiguille a ripé dessus d'un bord à l'autre.
J'aurais dû mieux lire les avis parfois un peu redondants qui jalonnent la pochette de ce disque ! On y apprend que l'audition des disques Pathé commence par le centre, qu'ils doivent être entendus à la vitesse de 90 à 100 tours à la minute, qu'ils s'écoutent avec toutes les machines parlantes à disques de bon fonctionnement qu'il suffit de munir du diaphragme Pathé spécial pour disques, que les disques Pathé sont d'un prix unique par chaque grandeur de disque, quelle que soit la notoriété de l'artiste (à 21 cm, le mien coûtait 2 francs).
Il ne me restait plus alors qu'à chercher des informations en ligne.
Chez De la belle époque aux années folles, j'ai d'abord trouvé mes deux titres dans un Répertoire 'Danses', ainsi que, parmi plein de choses intéressantes, une Histoire de Pathé Frères, dont je retiens que la production de disques à double face Pathé remonte à 1906.
Ensuite, j'ai eu la chance de trouver sur YouTube une vidéo de la face A de mon disque, La Mousmé, et j'ai eu la surprise de découvrir une autre particularité des disques Pathé de l'époque, l'annonce en début d'enregistrement du titre interprété (et souvent de l'interprète, mais pas dans ce cas). Il y aussi sur YouTube une autre version, avec clochettes, par l'Orchestre Militaire Pathé, sur un disque visiblement plus grand, qui porte pourtant le même numéro 6758. J'ai trouvé chez Phonobase une troisième version de cette danse, interprétée par la Musique de la Garde Républicaine, publiée sur cylindre.
Tout ça tend à montrer que cette Mousmé a connu un certain succès. Il faut dire que son compositeur, Louis Ganne (1862-1923), était très populaire pour ses marches militaires. Il a même présidé de 1901 à 1903 la Société des Compositeurs, un des ancêtres de la SACEM.
Autre indice de la popularité de cette composition, le fait que Gabriel Montoya, lui aussi très réputé, ait composé une poésie sur la partition, publiée en 1914.
Dernière preuve que le commerce du disque était déjà florissant, avant et après la guerre de 1914 : La Mousmé a été rééditée trois fois sur disques 80 tours Pathé, la dernière en 1929.

http://imslp.org/wiki/Special:ImagefromIndex/400835

A part l'initiale du compositeur E. Marie, j'ai trouvé très peu d'informations sur Gage d'amour, l'autre face de mon disque, si ce n'est deux enregistrements différents sur disque, par la Musique de la Garde Républicaine pour la maison de disques Eden Favorite, dont le premier remonte à 1904.

Voilà qui m'ouvre de nouveaux horizons pour mes collectes de disques. Il ne me manque plus qu'un phonographe pour écouter ces antiquités !


La Mousmé, dans la version de mon disque, a priori par l'Orchestre Pathé Frères.


La Mousmé, avec clochettes, par l'Orchestre Militaire Pathé.