31 janvier 2021

NINA SIMONE : Young, gifted and black


Acquis par correspondance via Momox en janvier 2021
Réf : DYN 2029 -- Édité par Dynamic Entertainement en Angleterre en 2003
Support : CD 12 cm
16 titres

L'autre jour, je suis tombé sur cette vidéo du passage de Nina Simone dans l'émission 1, rue Sésame du 18 février 1972, où elle interprète To be young, gifted and black entourée d'enfants :



J'ai trouvé ça fort et émouvant. On dirait que la chanson a été écrite spécifiquement pour ça, avec ses paroles en faveur de l'"empowerment" des Noirs (J'ai cherché une traduction à ce mot, et le Larousse n'en propose même pas. Il est réputé être particulièrement difficile à traduire en français, "émancipation" ne recouvrant pas tous les aspects...) :
"Tu es jeune, doué et noir, c'est ce qu'on doit commencer à dire à nos jeunes. Il y a un monde qui t'attend, ta quête ne fait que commencer. Quand tu te sens vraiment mal, il y a une vérité importante à connaître. Quand tu es jeune, doué et noir, ton âme est intacte."
Une chanson positive comme j'en connais peu. Nina Simone a créé cet hymne fort à la fierté noire en 1969, une époque particulièrement troublée, un an après l'assassinat de Martin Luther King.
Elle a été inspirée par son amie l'auteur Lorraine Hansberry, qui est morte à 34 ans en 1965. En mai 1964, déjà malade, elle avait utilisé l'expression "Young, gifted and black" lors d'une remise de prix à de jeunes écrivains, comme cela est relaté dans cet extrait d'un documentaire, où une actrice redit son discours :



L'ex-mari et exécuteur testamentaire de Lorraine Hansberry a rassemblé certains de ses écrits dans une pièce posthume, To be young, gifted and black, qui a eu un grand succès hors Broadway à New York en 1968-1969.
A l'occasion d'un concert à Atlanta en juin 1969, Nina Simone explique comment une photo dans un article du New York Times sur cette pièce l'a inspirée pour écrire cette chanson, et comment elle a fait appel à son chef d'orchestre Weldon Irvine pour l'aider à mettre en forme son propos :



Le contexte est complètement différent, mais la force d'encouragement dans cette version en public me rappelle le Morning of our lives de Jonathan Richman & the Modern Lovers.
Pour ma part, j'ai d'abord connu Young, gifted and black par la reprise reggae qu'en ont fait Bob & Marcia en 1970.



To be young, gifted and black a été publié à l'origine sur un 45 tours hors album. Sur la face B, on trouvait une reprise de Save me d'Aretha Franklin. Par un intéressant effet de miroir, notons qu'en 1972, c'est Aretha Franklin qui a repris Young, gifted and black, dans une version aux tonalités Gospel plus marquées, et cette chanson a donné son titre à son album de cette année-là.

Au départ, mon idée était de chroniquer ici le 45 tours français de 1969 ci-dessus, mais je n'ai pas eu envie de mettre 15 € port compris dans un disque dont je possède déjà les deux faces sur des compilations. Alors j'ai cherché, et j'ai trouvé ce CD de 2003 Young, gifted and black, paru juste avant la mort de Nina Simone. C'est une édition pas chère de titres sous licence du label anglais Charly. Le son est bon et la photo de pochette de Nina avec sa fille Lisa, née en 1962, serait très bien si elle n'avait pas été grossièrement colorisée. Voici la photo noir et blanc originale :



Comme il n'y a évidemment pas de crédits détaillés, il m'a fallu enquêter un peu pour trouver l'origine des enregistrements en concert qu'on trouve sur ce CD.
La grande majorité d'entre eux( 13 sur 16) est parue à l'origine sur l'album Live & kickin' de 1988. Il a été enregistré en 1985 à Ronnie Scott's à Londres et au Carnegie Hall à New York, lors de la tournée qui a suivi la parution de l'album Nina's back !.
C'est un bon album, où l'on retrouve des interprétations de quelques-unes des grandes chansons de Nina Simone, Mississippi Goddam, The other woman, I sing just to know that I'm alive (avec un passage en Soukous), Four women,...
Les trois titres ajoutés sont de grands succès, Please don't let me be misunderstood, The house of the rising sun et la chanson qui nous intéresse particulièrement aujourd'hui, Young, gifted and black.
Il me semble en avoir trouvé la trace (en tout cas les durées correspondent) sur l'album Live de 1995, également sous licence Charly, qui reprend également des enregistrements en public des années 1980, sans plus de précisions.
Pour Young, gifted and black, en fin de concert visiblement, Nina Simone fait éclairer la salle et fait chanter le public, après avoir à nouveau rendu hommage à Lorraine Hansberry.


Nina Simone, To be young, gifted and black, en concert à Hambourg le 6 mai 1988, avec une belle introduction au piano.


25 minutes de Nina Simone en concert au Festival d'Antibes-Juan les Pins en 1969, avec Four women, Save me, I ain't got no - I got life et To love somebody.

23 janvier 2021

STEREO TOTAL : Schön von hinten


Acquis par correspondance via Ebay en décembre 2020
Réf : BUNG 014 -- Édité par Bungalow en Allemagne en 1997
Support : CD 12 cm
Titres : Schön von hinten (Original) -- Schön von hinten (Rimini-Mix - Brezel Göring) -- The other side of you (Momus & Laila France) -- Schön von hinten (Halb-Remix - Hermann Halb) -- Schön von hinten (Sons of '68 & Jan Bontempi mix) -- Schön von unten (Andreas Dorau, Michel und DJ It mix)

A certains moments, Stereo Total a été un groupe, mais c'est avant tout un duo composé de Brezel Göring (ex-Sigmund Freud Experience) et Françoise Cactus (ex-Lolitas).
Les Lolitas, je me souviens qu'on passait des extraits de leurs albums dans Rock Comptines sur Radio Primitive, avec Raoul Ketchup et Phil Sex. Notamment leur reprise d'Antoine, Canelle, et Sexy sex, qui était tout naturellement devenu l'hymne personnel de Phil Sex. Quant à Stereo Total, ça fait partie d'une génération de groupes que j'ai découverts au début des années 2000 en téléchargeant des MP3. Depuis, j'ai eu l'occasion de me procurer une bonne partie de leurs nombreux albums.
Une des compilations du groupe est titrée Yéyé existentialiste. Ça peut être une bonne façon de les décrire. Pour ma part, je n'en étais pas loin car j'étais parti sur "électro-yéyé". Les chansons sont généralement courtes et chantées en plusieurs langues (anglais, allemand, français et même d'autres), avec ce nombreuses reprises et collaborations.
Schön von hinten est une chanson que j'aime beaucoup, extraite de l'album Monokini. Je pensais que la version "Original" du single, qui est utilisée pour la vidéo ci-dessous, était identique à celle de l'album, mais le mixage est légèrement différent, avec moins de guitare hawaïenne.
La musique est rigolote, et les paroles d'amour/rupture sont bien vaches : "Tu es beau vu de derrière, à quelques mètres de distance", "Montre-moi ton dos, c'est quand tu dois partir que tu es le plus beau", "Comment peux-tu me manquer quand chaque jour, chaque nuit, tu es près de moi ?",  "Je me suis beaucoup amusée avec toi, mais sans toi c'était pas mal non plus, peut-être même mieux", "Envoie-moi une photo de toi, ou une carte postale. Allez, c'est fini, bye bye !".
La pochette de ce maxi est assez quelconque, mais le chien dessiné sous le "Stereo Total" rappelle celle, beaucoup plus marquante, de Monokini, où l'on voit Françoise, en mono- voire en zérokini, assise sur la dépouille d'un chien qui la protège de l'herbe !
J'avais déjà l'album, mais j'ai voulu me procurer ce maxi car il contient The other side of you, qui est non pas un remix mais une reprise de Schön von hinten, par Momus et Laila France, qui étaient eux aussi sur le label Bungalow à cette époque. C'est une version que j'aime beaucoup, minimale avec boite à rythmes et synthé, un clin d’œil au Fade to grey de Visage et des paroles adaptées en anglais, avec même un pont en français ("Je sais que tu m'en veux, mais lâche-moi un peu !").
Les maxis où les remixes s'accumulent sont parfois pénibles à écouter sur la longueur, mais ce n'est pas le cas de celui-ci : j'arrive à enchaîner les six pistes à la suite sans m'ennuyer, en m'amusant et en dansant, car les pistes sont agréables et variés.
Il y a le Rimini-Mix de Brezel Göring qui évoque l'italo-house, et, aussi dans un style techno-dance, le Schön von unten d'Andreas Dorau, Michel und DJ It. Le Halb-Remix d'Herman Halb est amusant, avec des voix accélérées et ralenties noyées dans de l'écho. Quant au remix (disons plutôt la reprise, là également) de Sons of '68 et Jan Bontempi, c'est carrément une version garage-punky de la chanson !
Et si les six versions de ce maxi ne suffisaient pas, sachez qu'il en existe au moins une autre, Bonito por atrás, publiée en 2009 sur la compilation espagnole No controles.

Depuis la parution de ce disque en 1997, Stereo Total poursuit son bonhomme de chemin. Le dernier album en date, Ah! Quel cinéma!, est paru en 2019.






Stereo Total, Schön von hinten, en direct en 2010 dans l'émission de télévision Konspirative KüchenKonzerte.


16 janvier 2021

DONNA SUMMER : Can't we just sit down (And talk it over)


Acquis par correspondance via Rakuten en décembre 2020
Réf : 10958 -- Édité par Atlantic en France en 1977
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Can't we just sit down (And talk it over) -/- I feel love

Parmi les quelques blogs que je lis très régulièrement, il y a The (new) Vinyl Villain, publié par un JC écossais. L'été dernier, une de ses chroniques s'intitulait L'un des disques les plus influents, et l'un des meilleurs, de tous les temps. La chronique lui a été inspirée par la lecture d'un article du Guardian où le critique Jon Savage et le producteur Ewan Pearson revenaient sur l'importance dans l'histoire de la pop de la chanson I feel love de Donna Summer.
Chez JC, j'ai appris notamment que la chanson est extraite d'un album, I remember yesterday, dont le concept était de confronter le disco aux différents styles de musique dansante des décennies passées. Mais I feel love, en fin d'album, était censée anticiper le futur de la musique. Ce qui n'est jamais facile, mais on peut confirmer rétrospectivement que ce fut assez réussi.
J'ai aussi appris à cette occasion que, initialement en 1977, I feel love n'était que la face B du premier 45 tours extrait de l'album. Par la suite, les deux faces ont assez vite été inversées. Le cas n'est pas rare du tout mais toujours intéressant. Ça m'a donné envie d'en savoir plus et je me suis mis en quête de l'une des éditions de ce disque, ce qui n'est pas très compliqué ni très cher.
Pour les quarante ans de la chanson en 2017, plusieurs articles de fond ont été publiés sur I feel love, notamment par Simon Reynolds chez Pitchfork, et par Bill Brewster chez Mixmag (ce dernier ayant l'intérêt d'avoir été traduit en français).

Passons rapidement sur la face A de ce 45 tours, Can't we just sit down (And talk it over). C'est une version d'une chanson écrite par Tony Macaulay. Dans l'album, elle est apparemment censée représentée le genre de la ballade rhythm and blues. Dans les faits, c'est un slow avec violons et compagnie, sans intérêt.

I feel love c'est tout autre chose. J'ai bien sûr dû entendre régulièrement cette chanson à la radio au moment de son succès en 1977-1978, mais je l'ai aussi en disque depuis 1981 : dans le lot de disques Vogue offert par mon cousin qui comprenait Incontinent de Fad Gadget, il y avait aussi le Volume I du On the radio - Greatest hits de Donna Summer. Il est sans pochette, mais je l'ai toujours conservé parce qu'il contient I feel love, et je l'ai régulièrement ressorti, notamment quand je voyais des mentions de l'influence de son utilisation du séquenceur sur des groupes comme New Order.
Car c'est ça qui fait l'originalité d'I feel love. Un chef d'oeuvre de production électronique par Giorgio Moroder et Pete Bellotte, avec une utilisation innovante du synthétiseur Moog grâce à l'apport de l'ingénieur du son Robby Wedel, qui avait travaillé avec Eberhart Schoener et qui a apporté ses connaissances pour le séquençage et la synchronisation des pistes.
Le résultat est ce qu'il y a de mieux en matière de musique électronique en 1977 avec le Trans Europe Express de Kraftwerk, mais en plus dansant. Et effectivement, le disque annonce la suite, à commencer par Human League et jusqu'à la House, la Techno et Daft Punk.
Mais la bande instrumentale de la chanson toute seule n'aurait sûrement pas eu le même impact. Ce qui fait le succès d'I feel love, c'est l'association de l'aspect synthétique et machinal de la musique avec le chant par définition humain et très sensuel de Donna Summer.

Plusieurs versions d'I feel love ont été publiées au fil des années :Dans les années 1980, Bronski Beat a largement contribué à confirmer le statut de classique d'I feel love, en incluant une reprise sur son premier album Age of consent avant d'avoir un tube avec une autre version en single en 1985, en duo avec Marc Almond de Soft Cell.

Donna Summer est morte à 63 ans en 2012. Pete Bellotte et Giorgio Moroder poursuivent chacun leur chemin. Moroder notamment a une carrière impressionnante. Et si vous insistez, je chroniquerais peut-être un jour sa Symphonie des amoureux solitaires de 1973, que j'ai trouvée en 45 tours la semaine dernière.


Donna Summer, I feel love, en concert à l'Universal Amphitheatre de Los Angeles en 1978.


09 janvier 2021

ANNE SYLVESTRE avec BOBBY LAPOINTE : Depuis l'temps que j'l'attends mon prince charmant


Acquis chez Récup'R à Dizy le 23 décembre 2020
Réf : 128.517 R -- Édité par Meys en France en 1976
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Depuis l'temps que j'l'attends mon prince charmant -/- Chanson grise en do -- Berceuse pour un ouragan

Au lendemain de la mort à 86 ans d'Anne Sylvestre, l'INA a mis en ligne un extrait de l'émission Top à la Une du 25 décembre 1970 dans lequel elle interprète sa chanson Depuis l'temps que j'l'attends mon prince charmant, en duo avec Boby Lapointe.
Je connais bien Anne Sylvestre de réputation, j'ai chroniqué ici une de ses chansons et j'ai deux ou trois disques d'elle, mais je ne connaissais pas ce titre d'anthologie :



C'est un excellent duo et un très bon anti-conte de fées plein d'humour !
Cette version est très proche de celle du disque, mais elle est écourtée (il manque plus d'une minute au début) et on se rend compte en écoutant avec attention qu'Anne et Boby rechantent sur la bande musicale enregistrée, comme ça se pratiquait à la télévision à l'époque : on entend le micro qui frotte contre les barreaux, il y a plus de "Voilà j'arrive mon aimée" répétés à la fin et le fou rire qu'Anne Sylvestre ne peut retenir est plus prononcé.
Après cette découverte, j'ai envisagé de chroniquer cette chanson ici, mais j'ai déjà fait le coup de la vidéo sans disque pour Petit bonhomme et je ne voulais pas recommencer. Je me suis renseigné et j'ai vu que cette chanson n'était sortie que sur un album de 1969 et plus tard sur ce 45 tours.
J'ai donc abandonné l'idée mais, trois semaines plus tard, alors que j'examinais sans trop d'espoir le rayon disques de la ressourcerie, car visiblement il n'y avait quasiment rien de nouveau (en-dehors d'un EP du Modern Jazz Quartet que je venais de trouver), v'là-t’y pas que je tombe sur cet album 45 tours ! On aurait dit qu'il avait été mis là pour moi...
J'ai su tout de suite que j'allais chroniquer ce disque, mais j'ai très vite été intrigué. Sachant qu'Anne Sylvestre a soigneusement évité, suite au succès de ses Fabulettes, d'être considérée principalement comme une auteur de chansons pour la jeunesse, c'est assez bizarre de se retrouver avec dans les mains un objet qui reprend tous les codes du disque pour enfants : pochette ouvrante, illustrations, reproduction des paroles, rappel au dos du disque d'autres publications pour la jeunesse, dont les Fabulettes, alors que, quand on écoute attentivement les paroles de cette fable acide, on se rend bien compte que le public visé n'est pas particulièrement enfantin : "Voilà j'arrive mon aimée, de ton lit je m'en charge il va se réveiller" ou le couplet "Tranquillise-toi mon aimée, s'il n'est pas trop mariolle amène ton curé, longtemps déjà je t'ai cherchée et pour la gaudriole plus besoin du clergé". Sans compter qu'à la fin de la chanson le prince charmant renonce à son aimée qui l'a attendu des années : "Mais pourquoi donc t'ai-je cherchée ? La vie est trop amère avec une vieille peau" .
Très intrigant. On a l'impression d'un disque qui a été maquillé en 45 tours pour la jeunesse. Et il se trouve que c'est effectivement bien le cas !
Deux fois n'est pas coutume, mais c'est dans un commentaire sur Bide et Musique, de Gozette et Gogo, que j'ai trouvé une explication à mes interrogations. Je n'ai pas trouvé plus direct comme source d'information, mais ça me parait tellement plausible que je la prends pour argent comptant.
Il se trouve que, après avoir été signée chez Philips, Anne Sylvestre a été sous contrat avec les Disques Meys de 1968 à 1971. Par la suite, elle a fondé en 1973 son propre label, A Sylvestre.
En 1969, comme mentionné dans la biographie de Boby Lapointe, Depuis l'temps que j'l'attends mon prince charmant a connu un certain succès, mais aucun 45 tours n'a été édité.
En 1976, regrettant peut-être d'avoir perdu une poule aux œufs d'or avec les Fabulettes, les Disques Meys ont sciemment décidé de repêcher cet ancien enregistrement et de l'habiller pour le vendre sur le marché du disque jeunesse. Sans en avertir Anne Sylvestre, qui a porté l'affaire en justice et obtenu le retrait du disque du commerce. Sauf que, le temps que le procès se tienne, le tirage avait déjà été épuisé...
Me voilà donc avec une rareté, dont les faces B, pas mauvaises du tout, sont présentées comme précédemment inédites. Mais il y a encore une petite entourloupe, puisque Chanson grise en do (qui par certains aspects me fait penser à Françoise Hardy) et de Berceuse pour un ouragan figurent toutes les deux un album de 1970.
Ça fait un moment que je cherchais une occasion de chroniquer un disque de Boby Lapointe. Je n'imaginais pas que c'est Anne Sylvestre qui m'en donnerait l'occasion !

02 janvier 2021

MAMADOU DOUMBIA : Vol 1


Offert par Christophe S. à Épernay le 22 décembre 2020
Réf : SD 113 -- Édité par Safie Deen en Côte d'Ivoire en 1965
Support : 45 tours 17 cm
Titres : N'dogo mousso -- Kissi Dabila -/- Oko ile sorodi -- Sou brako

Le vide-grenier de Chauny a pu se tenir l'été dernier. En y allant, l'ami Christophe espérait y dénicher un exemplaire du 45 tours de Gonthier, Ô Chauny, comme tu es jolie. Il n'en a pas vu trace, mais d'un autre côté c'est sûrement dans cette ville-même que ce disque est le plus recherché.
Ce que Christophe y a trouvé, par contre, c'est une poignée de 45 tours de musique d'Afrique, achetés à une dame qui visiblement vendait les disques de sa propre collection. Il n'en a pas su plus sur leur provenance ou leur histoire, mais il a eu la très bonne et très gentille idée de m'offrir ces disques. Je l'en remercie vivement, et je précise que, si vous aussi vous voulez m'offrir des disques, surtout de cette trempe, n'hésitez pas un instant !
Quand on s'est vu, Christophe avait sélectionné ce 45 tours pour me le faire écouter en priorité, et c'est effectivement le plus intéressant du lot.

Je ne connaissais pas du tout Mamadou Doumbia (ou Doumbia Mamadou Bachir, pour éviter de le confondre avec ses homonymes).
Né en 1929 en Côte d'Ivoire et mort en 2000, il a fondé en 1962 le Trio de l'Entente. L'un de ses premiers succès est Super bébé. Sa discographie, avec ou sans son Orchestre de l'Entente, est conséquente, avec notamment deux albums Vol 1 et Vol 2 chez Badmos au milieu des années 1970.
Ce 45 tours est son premier paru chez Safie Deen, un label ivoirien. Tout dans ce disque est lié à la Côte d'Ivoire, puisque le tampon au verso indique que cet exemplaire a été acheté initialement chez Ricoci à Daloa.
Je me suis un moment interrogé sur la mention "Joula" qui figure en gros sur la pochette. J'ai fini par en déduire que c'est l'une des façons d'orthographier le nom de la langue Dioula, une langue mandingue. Je ne pense pas me tromper en avançant que les paroles de ces quatre chansons sont chantées en dioula.

Outre la Côte d'Ivoire, ce qui domine également dans ce disque, c'est bien sûr Mamadou Doumbia lui-même. Il est l'auteur et le compositeur des chansons, ainsi que le chef d'orchestre. Étant donné qu'il était notamment guitariste, je présume que c'est aussi lui qui tient la guitare électrique, très présente sur ces enregistrements, et c'est très probablement lui qui est le chanteur principal.

Un genre est assigné à chacun des quatre titres. A l'exception du blues africain, il s'agit de rythmes afro-cubains alors très en vogue en Afrique : la pachanga, la rumba et le cha-cha-cha.
L'ensemble du disque est de très haute tenue et j'ai du mal à dégager une préférence. N'dogo mousso se distingue par son rythme très enlevé. Pour Kissi dabila, c'est la façon dont les deux voix s'associent et se complètent qui est remarquable.
Le vinyl de mon disque comporte plusieurs impacts, mais il passe plutôt bien. C'est malheureusement sur Oka ile sorodi qu'il y a le plus d'accrocs, mais ça n'empêche pas d'apprécier cette excellente chanson. Le disque se conclut sans baisse de rythme ni de qualité avec Sou brako, avec des interventions remarquées de cuivres.

Je n'ai trouvé en ligne aucun des titres de cet EP, c'est pourquoi je les ai exceptionnellement tous numérisés. Comme pour de nombreux autres artistes africains, il n'existe visiblement pas de rééditions ni de compilations des disques de Mamadou Doumbia et c'est bien dommage.

A écouter :
Mamadou Doumbia - N'dogo mousso
Mamadou Doumbia - Kissi dabila
Mamadou Doumbia - Oka ile sorodi
Mamadou Doumbia - Sou brako


01 janvier 2021

MES GRANDES TROUVAILLES DE CHINE 2020

Pour mes achats de disques d'occasion aussi, l'année 2020 aura été une année très particulière. Un seul séjour en Angleterre, une seule bourse aux disques, quasiment pas de vide-grenier, les dépôt-vente et les ressourceries fermés pendant plusieurs mois...
Il a bien fallu s'adapter pour continuer à se procurer ses doses de musiques curieuses et surprenantes. Comme bien d'autres, j'ai eu un peu plus tendance à me tourner vers l'achat en ligne (ce fut le cas pour 4 des 11 disques sélectionnés cette année). C'est généralement plus cher et il faut payer du port, mais surtout, choisir et commander un disque spécifique n'apportera jamais le coup au cœur qu'on peut ressentir quand on découvre sur une pépite sympathique au milieu d'une caisse de disques de variétés dans l'une de nos provinces reculées.
Reste que, même si j'ai acheté moins de disques en 2020, et même si le nombre de disques chroniqués continue à diminuer (on en est à un par semaine en moyenne), la qualité était présente à défaut de la quantité et il y avait largement de la matière pour vous proposer cette sélection-bilan.

Un clic sur le titre ou la pochette vous emmènera sur la chronique correspondante.
Les disques sont listés dans l'ordre d'apparition de leur chronique sur le blog.



Celui-ci est un intrus : c'est l'un des derniers disques achetés et chroniqués en 2019. Trop tard pour l'inclure dans ma sélection, mais avec un an de recul j'ai la confirmation qu'il mérite d'être distingué. Un excellent album avec plusieurs chansons phare qui m'ont accompagné une bonne partie de l'année.


Une compile punk-new wave belge de 1977 qui vaut autant par son titre que par son excellente sélection musicale.


Ma plus grande trouvaille de l'année et ma plus grande excitation, c'est quand, à peine descendu du ferry à Douvres, je suis tombé sur des caisses de 78 tours country et comiques, dont cette parodie de rhythm and blues par Stan Freberg.


La bourse aux disques d’Épernay a pu se tenir in extremis avant le confinement de printemps, et mine de rien j'y ai fait plus de bonnes affaires que les années précédentes à Hautvillers, à commencer par cet excellent 45 tours Fania de "Latin soul".


J'ai découvert cette année l'impact particulier que l'Egyptian reggae de Jonathan Richman avait eu en Belgique en 1977, avec cette reprise-copie et (ci-dessous) un démarquage parasitaire.




A la réouverture de l'Emmaüs près de chez moi en juin, il n'y avait pas énormément de disques nouveaux, mais j'ai acheté deux excellents CD.
D'abord cette compilation du début du XXIe siècle de productions de Kaysha...


... et, de la même époque, ce CD d'un groupe du cru, que j'ai eu l'occasion de voir plusieurs fois en concert, saisi ici dans sa phase que je préfère.


Mon dernier vide-grenier de l'année, c'était le 9 août... J'en suis revenu notamment avec cet album de hip-hop, un projet dont les membres étaient liés à Run DMC et aux Beastie Boys.


Pour marquer les 15 ans du blog, un 45 tours carré et une ode à ces cornichons de rémois. Ça valait bien ça et ça m'a donné l'occasion de découvrir le parcours passionnant de Daniel Laloux.


Très bel album d'enregistrements réalisés dans les années 1950. Ma plus belle trouvaille de l'année dans ma ressourcerie locale.