28 mars 2010

THE HUMAN LEAGUE : Empire State Human


Acquis au Record and Tape Exchange de Notting Hill Gate le 24 septembre 2009
Réf : VS 294 -- Edité par Virgin en Angleterre en 1979
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Empire State Human -/- Introducing

Ce n'est qu'après avoir acheté et fortement apprécié au moment de sa sortie Travelogue, le deuxième album de Human League, que je me suis procuré Reproduction, le premier, sorti l'année d'avant. Du coup, j'ai toujours eu une petite préférence pour Travelogue, un disque excellent de bout en bout avec une très forte unité. Pourtant, Reproduction est aussi un excellent album, avec plein de bonnes chansons mais il passera toujours un peu après pour moi, ne serait-ce aussi que parce que je n'ai jamais aimé son dessin de pochette, qui fait un très fort raccourci entre les rencontres sur une piste de danse et les éventuelles naissances qui s'en suivent.
Comme j'avais l'album Reproduction, je n'ai pas cherché à me procurer le seul 45 tours qui en a été extrait, cet Empire State Human. Il faut dire que je n'ai pas dû le voir dans les bacs au moment de sa sortie. Ce n'est que dans les années suivantes que j'ai eu l'occasion de découvrir sa pochette avec ce super-héros de briques, croisement de Superman et de La Chose, mais quand je suis tombé dessus à 30 pence l'automne dernier, sachant en plus que je n'avais pas la face B, j'ai sauté dessus.
En conséquence des éternels jeux de pouvoir entre un groupe et son label, Empire State Human a eu le rare privilège de servir à la promotion de l'album dont il est extrait, lors de sa sortie initiale en octobre 1979, et aussi à celle du suivant, à l'occasion d'une réédition un mois après la sortie de Travelogue en juin 1980. Cela s'explique par le fait que le groupe avait bloqué au dernier moment la sortie d'un 45 tours avec en face A Only after dark, une excellente version d'un titre de Mick Ronson, préférant mettre en avant ses propres chansons plutôt qu'une reprise. Du coup, au lieu de choisir un autre titre de Travelogue, Virgin avait préféré rééditer Empire State Human en y joignant en bonus le 45 tours sûrement déjà pressé d'Only after dark. Ce deuxième essai a au moins permis au titre d'entrer dans les charts, mais de façon minimale : pour deux semaines avec un meilleur classement à la 62e place.
Je me souviens avoir lu à l'époque une interview de Human League dans Best ou Rock & Folk dans laquelle ils expliquaient que, bien qu'ils revendiquaient le fait qu'ils utilisaient uniquement des boites à rythmes et des synthétiseurs, ils fonctionnaient comme un groupe de rock : certains d'entre eux se chargeaint de la rythmique, d'autres de l'accompagnement ou de la mélodie. C'est assez net sur Empire State Human qui, comme Life kills sur Travelogue, est ni plus ni moins un rock rapide, la boite étant réglée à peu près sur 120 bpm, avec une basse au synthé marquée et d'autres synthés qui servent surtout d'écrin à la voix de Phil Oakey, qui tient tout le titre par son chant, notamment quand sa voix monte de note en note sur le refrain pour faire le parallèle avec le personnage qui, par la seule force de sa concentration, grandit de plus en plus. L'humour est présent aussi, avec une voix qui précise "Au moins" quand il dit avoir atteint quatorze étages de haut. Ils auraient sûrement traité ça très différemment, mais je me dis en passant que le Monochrome Set aurait pu faire quelque chose d'intéressant de cette chanson.
Dans la lignée du maxi The dignity of labour et des débuts du groupe sous le nom de The Future, la face B Introducing est un instrumental, proche dans l'esprit de que faisaient leurs voisins de Sheffield Cabaret Voltaire.

Ecouter ou télécharger Empire State Human chez Helpless dancer.


The Human League mime à la télé sur la version du disque de Empire State Human.


Empire State Human live dans l'émission Mainstream de la BBC en octobre 1979.

26 mars 2010

DE BREEDBEK KIKKERS : Maak van uw scheet een donderslag


Acquis chez Troc.com à Tournai le 20 mars 2010
Réf : 100.291 -- Edité par Ariola au Benelux en 1979
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Maak van uw scheet een donderslag -/- Hete tranen, visservet

En chemin pour aller voir Les Frères Nubuck, je me suis arrêté dans ce magasin Troc et j'ai presque été surpris d'y trouver un petit rayon de disques vinyl bien tenu et pas mal achalandé : j'ai commencé par trouver un 25cm de Marino Marini en pressage italien et en parfait état.
Quand on passe en revue comme ça des dizaines de disques, ce n'est jamais complètement par hasard si on s'arrête sur la pochette de parfaits inconnus. Dans ce cas précis, ce sont les grenouilles vertes en costard dessinées devant une vieille photo d'une fanfare façon dixieland qui m'ont attiré l'oeil. Du coup, j'ai sorti le disque et, quand j'ai vu que les deux chansons étaient signées "H. Brood", je l'ai mis sur ma pile d'achats sans plus d'hésitation.
Ça aurait pu être un parfait hasard, mais il s'avère que ce disque est bien une production sous pseudonyme d'Herman Brood avec son groupe Wild Romance, sortie au sommet de sa gloire, peu de temps après son album Shpritsz et la même année que le film Cha Cha.
Evidemment, le tout est une grosse blague. Même sans comprendre le néerlandais, il m'a suffi d'écouter quelques mesures du disque, et notamment les bruitages qui accompagnent le refrain, pour en avoir confirmation. Le nom du groupe signifie "Les grenouilles à bouche large". Le titre de la face A doit se traduire grosso modo par Fais-le sonner comme un coup de tonnerre et pour la face B, qui est en fait une suite de la même chanson, je n'ai pas trouvé de traduction pour "visservet", mais "Hete tranen" signifie  "Chaudes larmes".
La blague est des plus sympathiques. Le rythme est presque ska mais on a surtout l'impression d'écouter un Ian Dury pétomane en plus d'être hollandais.
Vu la popularité d'Herman Brood à l'époque, ce disque a dû avoir un certain succès en Hollande. Ça lui a valu en tout cas au moins deux passages télé, chacun avec une chorégraphie différente. Je vous laisse juger sur pièce ci-dessous mais pour ma part, même si l'image est moins bonne, je crois que je préfère la première des deux vidéos.
Il y a eu en tout trois 45 tours des Breedbek Kikkers tous avec des grenouilles bien sûr en pochette. Si vous êtes fasciné par les pochettes de disques à grenouilles, vous pouvez vous plonger dans cette liste illustrée de plus de 250 pochettes sur ce thème.



21 mars 2010

TOWNES VAN ZANDT : Pancho & Lefty - The collection


Acquis chez Noz à Dizy le 19 février 2010
Réf : MS037 -- Edité par Music Sessions aux Pays-Bas en 2006
Support : CD 12 cm
16 titres

J'ai mis assez longtemps à vraiment découvrir et apprécier Townes van Zandt. Au début, c'était juste un nom sur les crédits de chansons de quelques groupes que j'aimais bien, mais ces reprises ne m'avaient pas assez accroché pour m'inciter à aller rechercher les versions originales. En fait, ce n'est qu'après sa mort en 1997 que je me suis vraiment mis à l'écouter : des compilations, des albums originaux et des live, officiels ou non, mais jusqu'à ce que je déniche cette compilation à vil prix chez un soldeur je n'avais acheté qu'un seul de ses disques, Documentary, sorti en Allemagne juste après sa mort.
Cet album paru dans la collection Music Sessions du label hollandais Weton fait partie de ce qu'on pourrait appeler la grande famille des éditions pseudo-légales. Comprenons-nous bien. A priori, ce n'est pas un disque pirate à proprement parler, simplement il est plus que probable que les droits pour éditer ce disque sous licence ont été négociés avec une société qui, si elle les a détenus pendant un moment, n'était sûrement pas habilitée à les céder à une autre société dans les années 2000.
Reste que, contrairement à de nombreux disques de ce genre qui proposent des versions live au son pourri ou des réenregistrements tardifs des grands tubes, cette compilation de Townes van Zandt est uniquement constituée d'enregistrements originaux parus à l'origine sur les nombreux albums qu'il a sortis chez Poppy/Tomato entre la fin des années 1960 et le milieu des années 70.
La sélection est judicieuse et on trouve parmi ces seize titres quasiment  tous ceux de TVZ qui sont en train de devenir des classiques.
Il n'y a pas un seul titre mauvais là-dedans. Même ceux qui sont moins personnels, dans une veine traditionnelle, qu'elle soit folk (Blue Ridge Mountains, Turnstyled junkpiled) ou blues, comme White freightliner blues et Cocaine blues (tous les deux ici en version live), passent très bien la rampe.
Mais les sommets sont atteints sur les compositions de Van Zandt bien plus noires que des blues, comme For the sake of the song, Waitin' round to die, avec un superbe travail de production sur les percussions, et Kathleen. Quand j'écoute cette dernière, dominée par une voix profonde et des violons menaçants, je me dis que les Tindersticks ont quand même pris le risque de se brûler les ailes en reprenant cette chanson : tous les ingrédients qui ont fait le succès de leur première formule semblent concentrés ici en moins de trois minutes.
Parmi mes titres préférés, il y a aussi les deux monuments de narration tragique que sont Tecumseh Valley et Pancho and Lefty.
J'aime aussi beaucoup To live is to fly (Vivre c'est fuir) mais, pour que cette compilation soit presque parfaite, c'est à dire pour qu'elle contienne à peu près toutes mes chansons préférées de Townes van Zandt, il aurait fallu enchaîner avec I'll be here in the morning, une autre très belle chanson d'amour, presque positive celle-là ("Ferme les yeux, je serai encore là au matin"), même s'il reste un bémol puisque le vers suivant précise, ("Ferme les yeux, je serai encore là un certain temps").

Sa famille ayant récupéré en justice les droits sur son oeuvre, je vous conseille de vous rendre sur le site officiel pour consulter le catalogue des rééditions récentes si vous cherchez un disque de Townes van Zandt.


I'll be here in the morning par Townes van Zandt, en "concert privé" dans une chambre de l'Holiday Inn de Houston en 1988 !

14 mars 2010

FELT : Let the snakes crinkle their heads to death


Offert par Creation sûrement par correspondance en 1986
Réf : CRE LP 009 -- Edité par Creation en Angleterre en 1986
Support : 33 tours 30 cm
10 titres

Felt a publié beaucoup de titres instrumentaux, sur ses albums, en face B de singles et même sur deux disques entièrement instrumentaux, celui-ci et Train above the city. On se demandera toujours pourquoi Lawrence a choisi de sortir ces dix très courts titres ensemble, sur un album à peu près invendable, au moment où il venait d'enchaîner deux singles à peu près populaires, Primitive painters, surtout, et, dans une moindre mesure, Ballad of the band, sorti quelques semaines plus tôt sur son nouveau label, Creation. Le son n'étant pas incompatible, il aurait pu les glisser trois mois plus tard sur l'album suivant, Forever breathes the lonely word, et en face B des singles du moment, mais il a choisi de les sortir, fin juin-début juillet 1986, sur ce mini-album, qui fait la part belle au nouveau soliste du groupe, l'organiste Martin Duffy (Il est précisé sur la pochette "Lawrence's songs coloured in by Martin" alors que, en 1988 pour The pictorial Jackson review la mention deviendra "Songs coloured in by the band").
Je ne suis pas un immense fan des instrumentaux de Maurice Deebank en solo à la guitare, publiés dans les débuts du groupe, ni des instrumentaux solo au piano de Martin Duffy qu'on trouvait sur la face B du maxi Ballad of the band. Je ne parle même pas de l'album Train above the city, sur lequel ne jouent que Martin et Gary Ainge, carrément jazzy avec vibraphone et piano électrique : les descriptions que j'en avais lu m'ont fait tellement peur que j'ai attendu plus de vingt ans pour me décider à l'écouter tout récemment, par pur acquis de conscience. Je ne suis pas près de recommencer.
Par contre, j'ai toujours bien aimé Let the snakes crinkle their heads to death. Certes, ça restera toujours un album instrumental de Felt auquel la voix de Lawrence manque cruellement. Ça sera toujours aussi un album relativement mineur dans la discographie du groupe, mais au moins, même sans la voix, c'est du Felt, ça se reconnait dès qu'on écoute quelques notes, et cet album jamais chiant (Il ne s'en donne pas le temps avec dix titres en 19 minutes), fait même écho d'un titre à l'autre à l'ensemble du parcours de Felt, des tous débuts (la batterie de Nazca plain rappelle Crumbling the antiseptic beauty) aux maxis de la fin, Final resting of the ark (Viking dress) et Space blues (Voyage to illumination, une excellente composition signée Martin Duffy).
A d'autres moments, notamment sur la face A, on est proche de Poem of the river et de la face A de The pictorial Jackson review, mais aussi de The strange idols pattern and other short stories, les intitulés de certains morceaux (The palace, Indian scriptures, Ancient city where I lived, Nazca plain) pouvant renvoyer au titre de cet albums.Avec des sons d'ambiance maritime en intro et à la fin et sa partie de guitare centrale, Ancient city where I lived réussit d'ailleurs l'exploit d'être un morceau élaboré très bien construit qui ne dure que 88 secondes.
Il y a un style de musique auquel je n'aurais jamais pensé à associer Felt à l'époque de la sortie de ce disque, ne serait-ce que parce que je le connaissais alors très peu, c'est l'easy listening. Pourtant, Felt a dû en écouter, comme le montre la reprise de Soul coaxing, la version instrumentale bourrée de cordes d'Âme câline de Polnareff par Raymond Lefèvre et son grand orchestre, enregistrée sur scène en 1987, disponible sur le DVD A declaration.
Plus ou moins en référence à ce style, si le titre d'ouverture Song for William S Harvey, en hommage au graphiste des pochettes du label Elektra dans les années 1960 et 1970, est très réussi, j'ai du mal à supporter le piano électrique de Jewel sky. Mais le sommet du disque, avec un orgue très sixties, reste pour moi le tout dernier titre, Sapphire Mansions. Le rythme au début me rappelle un peu le Yellow ball de Revolving Paint Dream et le morceau aurait vraiment eu toute sa place sur The pictorial Jackson review. Ce n'est évidemment pas un hasard si, des dix titres de l'album, celui-ci est le seul que Felt ait joué sur scène, très régulièrement en plus. Avec des paroles de Lawrence, c'était un tube !
Lawrence a dû avoir des remords quant au choix de la photo de pochette, au demeurant pas géniale : peu de temps après sa sortie, le disque a été diffusé avec une nouvelle pochette, reprenant le gros plan sur le gilet, la ceinture et les mains gantées de Lawrence qu'on trouvait au départ au verso. Un cartouche a été rajouté avec le titre du disque. C'est un peu mieux réussi à mon sens, sauf que je n'aime pas du tout la police utilisée.

Une lettre promotionnelle envoyée à la presse au moment de la sortie du disque. Ou comment justifier l'incompréhensible : "As a career move for most bands it would be suicidal, for Felt it makes perfect sense".

13 mars 2010

SPARKLEHORSE : Rainmaker


Acquis probablement par correspondance chez Action Records en Angleterre vers 1998
Réf : CDCL 777 -- Edité par Parlophone en Angleterre en 1996
Support : CD 12 cm
Titres : Rainmaker -- Homecoming Queen (Live on KCRW) -- Gasoline horseys (Live on KCRW)

J'ai appris la mort de Mark Linkous dimanche soir. Sur le coup, l'annonce de son suicide ne m'a pas touché autant que pour Vic Chesnutt il y a quelques semaines à peine. Il faut dire que, la veille de sa mort, j'écoutais encore le dernier album de Vic Chesnutt en vue d'en parler ici alors que, après avoir beaucoup écouté Sparklehorse à la fin des années 1990 et au début des années 2000, j'avais lâché l'affaire depuis quelques temps. Depuis 2006 en fait, quand est sorti le très décevant album Dreamt for light years in the belly of a moutain où, après plusieurs années d'absence, justement, Mark Linkous revenait en faisant du sur place (la moitié de l'album datait du précédent disque). Le pompon, ça a été la Black session du 25 septembre 2006 (qui apparemment sera rediffusée en hommage après-demain, lundi 15 mars 2010), avec Paula Jean Brown (des Go-Go's et de Giant Sand) à la basse. L'énorme majorité des titres joués, et les plus intéressants, dataient des débuts du groupe, mais l'interprétation était de toute façon gâchée par un gros défaut de prononciation, un chuintement dans la voix, que Linkous n'avait pas auparavant il me semble.
A mon sens, Sparklehorse fait partie de ces groupes qui ont donné leur meilleur à leurs tous débuts, alors autant nous replonger dans cette période : avec ses 16 titres, Vivadixiesubmarinetransmissionplot avait largement de quoi nous rassasier et ce disque est certainement l'un des grands albums qui nous ont été livrés dans les années 1990.
Je ne me suis pas intéressé à ce disque immédiatement après sa sortie, tout simplement parce que le premier grand article que j'ai lu sur le groupe, dans le NME en 1996, insistait - déjà - sur ses anciens problèmes d'héroïne et sur la surdose de valium qui avait failli lui coûter la vie à Londres en 1995, et ce n'est pas le genre de thématique qui m'attire. J'ai quand même fini par raccrocher les wagons de Sparklehorse, vers 1997-1998 je crois, juste avant la sortie du deuxième album Good morning spider, et à partir de là j'ai acheté tout ce que j'ai pu trouver, dont les nombreux CD singles édités en Angleterre.
Celui-ci en est un, le 2e CD avec Rainmaker en face A (le premier était un double-digipack en mesure d'accueillir ce deuxième CD, vendu séparément).
On pourrait grossièrement diviser les titres de Vivadixiesubmarinetransmissionplot en deux groupes : les rapides et électriques d'un côté, les plus lents et plus acoustiques. Rainmaker fait partie du premier groupe, avec Hammering the cramps et Someday I will treat you good notamment (également sortis en single),et aussi Saturday et Ballad of a lost cold marble. Ce n'est pas ma préférée du lot, mais Rainmaker est efficace et je comprends que le label l'ait choisie pour l'éditer en single.
Ma préférence a quand même tendance à aller vers les chansons du deuxième groupe, dont on a ici deux des plus beaux exemples, enregistrées en live pour la radio américaine KCRW.
Sur l'album, Homecoming queen et Gasoline horseys ouvraient et fermaient respectivement le bal. Dans des notes manuscrites publiées sur son site, Mark Linkous expliquait notamment qu'il avait su très vite que Homecoming queen devrait être la première chanson de cet album. Ces deux chansons, que j'ai tendance à associer depuis qu'elles se sont retrouvées ensemble sur ce single et parce que, quelque part, elles mentionnent toutes les deux des chevaux, ont dû beaucoup compter sur lui : il les a beaucoup jouées sur scène et on trouve une autre version live de Gasoline horseys sur l'un des CD du single Sick of goodbyes (ou alternativement, aux Etats-Unis, sur le EP Distorted ghost). Ce sont même les (belles) paroles de la face B qui sont reproduites à l'intérieur de la pochette du single, pas celles de la face A : "The flowers of evil you left at my door, set them in a broken glass and tasted my own blood and charge forth with firey manes and bellys full of clocks". A l'écoute aujourd'hui, les instruments de bric et de broc et les bruitages qu'on entend sur les différentes versions de Gasoline horseys me semblent tout à fait anticiper La maison de mon rêve de CocoRosie.
Quelques semaines avant sa mort, Vic Chesnutt expliquait dans une interview qu'il était sûr qu'il y aurait un disque avec Sparklehorse dans le futur (on entendait déjà sa voix enregistrée sur un répondeur sur un titre de Good morning spider). On savait depuis Noël qu'il y avait au moins une raison imparable pour que ça ne se fasse jamais. Depuis le 6 mars, il y en a deux.
Par contre, il a été annoncé quelques jours avant la mort de Mark Linkous que Dark night of the soul, l'album qu'il a enregistré avec Danger Mouse, allait être sorti commercialement prochainement, après avoir été diffusé en ligne l'an dernier à la suite d'un conflit avec leur label.

07 mars 2010

DAVID Mc NEIL : Group Captain Crash


Acquis chez Noz à Dizy le 6 mars 2010
Réf : SH 40046 -- Edité par Saravah en France en 1972
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Group Captain Crash -/- Hollywood

La distribution commerciale et les circuits de déstockage garderont éternellement une part de mystère. Trouver chez Noz quelques disques vinyl des années 90 (un picture-disc des Happy Mondays, mais surtout des rééditions de 1996 de Jacques Higelin et Johnny Rivers), ça me parait relativement logique, mais qu'il y ait avec eux une petite poignée de trois 45 tours Saravah de 1972, ça réussit encore à me surprendre !
Volontairement, mais peut-être à tort, j'ai laissé les deux raretés de Catharsis qui se trouvaient là. Par contre, j'ai pris ce 45 tours de David Mc Neil car Philippe R. avait dû me recommander chaudement et me prêter son premier album il y a déjà un bon moment, et je connaissais aussi quelques-uns de ses titres via des compilations Saravah.
Comme je l'espérais, ce 45 tours date bien du premier album. Ce disque "neuf" n'avait jamais été écouté auparavant. Il est à peine gondolé, l'apparence des sillons est parfaite, mais ses 38 ans d'âge se font entendre à l'écoute : ça craque un peu...
Les deux titres, chantés en français, sont entièrement placés sous le signe de l'Amérique mythique. Côté musique, on est du côté du folk avec le banjo, le piano (tenu par Pierre Barouh), la flûte, l'accordéon (Jacques Higelin) et même une référence à Crosby, Stills et Nash dans les paroles. Les paroles sont la grande réussite du disque, et là aussi ça se passe aux States. Group Captain Crash est une chanson en "ache" qui conte les aventures conjugales du Capitaine, avec des passages bien vus ("Sans que tu saches, ta femme vend ses appas laches"). Quant à Hollywood, avec moins de jeux de mots, il y est question des aventures d'un personnage, d'Est en Ouest (sur un vélo volé !), avec ménage à trois sur un bâteau.
Hollywood est je crois l'une des chansons les  plus connues de David Mc Neil, notamment parce qu'elle a été reprise en 1980 par Yves Montand. Je n'ai écouté de cette reprise que les trente secondes réglementaires, mais ça a suffit pour répondre à presque toutes mes questions : la version est accélérée, Montand est ridicule quand il prononce "Sunset" "Cent sept", et surtout j'ai compris comment la question des paroles a été réglée (Je ne l'imaginais pas du tout chanter "En deux mois on jouait tout Gerschwin sur des verres à moutarde") : elles ont été tout simplement passées à la troisième personne, ce qui en réduit fortement l'impact.
J'ai juste un petit problème avec l'histoire discographique de la chanson Hollywood. Elle donne son titre au premier album de David Mc Neil, sorti en 1972. Philippe R. a d'ailleurs acheté cet album surtout pour cette chanson. Il n'a plus son exemplaire mais se souvient bien que la chanson était dessus. Le problème est que, partout en ligne, et notamment sur le site officiel, la chanson n'est pas listée parmi les titres du disque. Elle figure bien sur le deuxième album, L'assassinat, paru en 1975, mais il s'agit d'un autre enregistrement, avec piano et guitare slide, chanté en anglais qui plus est.
Alors ? Est-ce qu'à l'origine la chanson-titre n'était que sur la face B du 45 tours (ça s'est déjà vu) ? Est-ce qu'elle était dès le début sur l'album sans être listée, ou est-ce qu'il y a eu un nouveau couplage lors d'un repressage ? Pour l'instant, je n'ai pas la réponse, mais j'en saurai peut-être plus si je tombe sur l'album lors d'une prochaine visite chez Noz...

06 mars 2010

FRIGHTENED RABBIT : Sing the greys


Acquis chez Parallèles/Gilda à Paris le 4 février 2010
Réf : FATCD67P -- Edité par Fat Cat en Angleterre en 2007 -- Promotional copy - Not for fucking sale
Support : CD 12 cm
12 titres

Comme pour celui de White Denim, il s'agit du premier album d'un jeune groupe réédité par un autre label peu de temps après sa sortie initiale, après avoir été quelque peu bidouillé (réenregistré, remixé, remasterisé, reséquencé...).
Contrairement à White Denim, ce n'est pas la qualité esthétique de la pochette (très moche, si on me demande mon avis, mais c'est probablement volontaire) qui m'a d'abord attiré, juste la mention d'avertissement concernant ce disque hors-commerce. Ce n'est pas menaçant, comme parfois, ce n'est pas non plus neutre : ils se sont juste contentés de rajouter un gros mot bien senti à la formule la plus courante ("Promotional copy - Not for fucking sale") et ça m'a bien plu.
A l'écoute du premier titre, la voix a évoqué des souvenirs à Christophe Dufeu, le chroniqueur de ce disque pour PopNews. Il pensait, à tort apparemment, au chanteur des Counting Crows. Plus loin, il mentionne comme point de repère The Wedding Present et pour ma part c'est surtout à ce groupe que j'ai pensé à l'écoute de The greys et de quelques autres titres de l'album. Pas tant à cause de la voix elle-même, même si la façon de la poser et l'énonciation rappellent effectivement David Gedge, mais c'est plutôt le rythme et la construction de certains morceaux qui, vingt ans après, rappellent le groupe de Leeds, même si la musique de Frightened Rabbit est généralement un peu moins frénétique et électrique. Tous les titres ne sont d'ailleurs pas sur le même schéma, mais à l'exception de Behave ! et Snake, ce sont généralement les titres rapides que je préfère (The greys, Be less rude, Go-go girls), ceux qui du coup se rapprochent le plus de Wedding Present.
Depuis trois ans, Frightened Rabbit suit son chemin, avec un certain succès visiblement. Ils viennent, déjà, de sortir leur troisième album studio, The winter of mixed drinks, et il y a même eu un album live.