21 mai 2022

LOU REED / JOHN CALE : Nobody but you


Acquis par correspondance via Ebay en avril 2022
Réf : 7599 21555-2 -- Édité par Sire / WEA en Allemagne en 1990
Support : CD 12 cm
Titres : Nobody but you -- Style it takes -- A dream

Au tournant des années 1990, Lou Reed ne s'est pas contenté d'empocher les droits d'auteur pour l'utilisation d'un échantillon de Walk on the wild side par A Tribe Called Quest. Il a aussi sorti son album New York, un disque encensé par la critique (de façon un peu excessive à mon sens), ce qui n'a pas toujours été le cas pour les sorties précédentes dans les années 1980. Et surtout, après avoir repris contact avec John Cale début 1987 lors des obsèques d'Andy Warhol, il s'est lancé avec lui dans un projet pour lui rendre hommage, qui a abouti à l'album Songs for Drella et à de nombreuses prestations en duo en 1989 et 1990.

On a parlé récemment de Songs for Drella car on vient de rééditer le film tourné par Ed Lachman où Reed et Cale jouent toutes les chansons du projet lors des répétitions pour les concerts des 4 et 5 décembre 1989 à la Brooklyn Academy of Music. J'ai vu ce film à l'époque lors de sa diffusion à la télévision (sur Arte je pense) et j'ai l'impression que, comme pour moi, un bon nombre de personnes connaissent plus le projet par sa version filmée que par l'album studio qui est sorti début 1990.
Voilà ce que John Cale dit du projet dans les notes de pochette du disque : "Songs for Drella est une collaboration, la seconde que Lou et moi avons menée à bien depuis 1965. Je dois dire que, bien qu'il ait fait le plus gros du travail, il m'a permis de conserver une position digne tout au long du processus.
Cela constitue ainsi, conformément au but recherché, un hommage à quelqu'un dont on se souvient aujourd'hui avec beaucoup d'amour et d'admiration pour l'inspiration et la générosité dont il a fait preuve au fil des années.
".
La grande qualité de ce projet, c'est qu'il a été réalisé en duo de bout en bout. Même si Lou Reed a visiblement fait plus de boulot, et même si l'expression "il m'a permis de conserver une position digne" interroge un peu sur l'ambiance qui régnait. En tout cas, j'imagine très bien, vu comment les disques de Lou Reed sonnaient à l'époque, ce qu'aurait donné Songs for Drella avec des musiciens de session. J'entends déjà la basse fretless slap et le saxophone ! Mais non, sur le disque comme pour les concerts, c'est juste Lou Reed et John Cale qui font tout, et c'est très bien comme ça.

Ce cycle de quinze chansons, dont cinq sont chantées par John Cale, fait surtout parler fictivement  Andy Warhol et retrace les différentes étapes de son parcours. Pour le dernier titre, Hello it's me, c'est Lou qui s'adresse à Andy, qui exprime des regrets, et qui donne peut-être une piste ("You hit me where it hurt I didn't laugh. Your diaries are not a worthy epitaph") sur la motivation à l'origine du projet, faire que la publication posthume de son journal ne soit pas sa seule épitaphe.

Il y a une grande majorité des chansons que j'aime bien dans Songs for Drella, à commencer par Nobody but you, choisi comme face A de ce single dans le seul pays, l'Allemagne, où un titre a été extrait de l'album. La chanson tourne bien et reste bien en tête. J'aime bien dans les paroles l'utilisation de "Nobody" avec deux sens différents, comme pronom ("there's nobody but you", "il n'y a personne sauf toi") et comme nom ("a nobody like you", "un moins que rien comme toi").
Il y a une courte partie instrumentale dans la chanson et, elle change à chacune des performances, jouée parfois par Cale au piano ou au synthé, ou par Reed à la guitare. Ma préférée est celle à la guitare à la Fondation Cartier.

Les deux autres titres font partie de ceux chantés par Cale. J'aime bien Style it takes, qu'on aurait pu trouver sur l'un de ses albums, même si le son des synthés est un peu daté. J'aime moins A dream, l'un des derniers titres composés pour le projet.

Parait-il que, après la parution de l'album, Cale a juré de ne plus jamais collaborer avec Reed, et une tournée prévue a été annulée. Mais, le 15 juin 1990 à la Fondation Cartier, après qu'ils aient joué quelques titres de Songs for Drella, Sterling Morrison et Moe Tucker les ont rejoint sur scène pour jouer Heroin, ce qui a mené à la reformation du Velvet Underground en 1993. Après quoi, Cale aurait juré, encore une fois, de ne plus jamais travailler avec Lou Reed !


Lou Reed et John Cale, Nobody but you. La "vidéo officielle", soi-disant. Ce n'est pas la version studio de l'album, mais celle en public du film Songs for Drella.


Lou Reed et John Cale, Style it takes et Nobody but you, en direct dans l'émission Sunday night en 1989.


Lou Reed et John Cale, Nobody but you, en concert à la Fondation Cartier à Jouy-en-Josas le 15 juin 1990 à l'occasion de l'exposition Andy Warhol System : Pub-Pop-Rock.


Lou Reed et John Cale, Nobody but you, en direct à la télévision.


Lou Reed et John Cale, Nobody but you, en direct dans l'émission A + E Revue diffusée le 8 juin 1990.


Lou Reed, Nobody but you. Sans John Cale, mais avec une allumette dans la bouche.


Lou Reed et John Cale, Songs for Drella. Le film entier d'Ed Lachman. Toutes les chansons de l'album filmées pendant les répétitions des concerts des 4 et 5 décembre 1989 à la Brooklyn Academy of Music à New York.

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