28 novembre 2020

KISS : I was made for lovin' you


Acquis à Ay le 9 mai 2014
Réf : C. 10518 -- Édité par Casablanca en France en 1979
Support : 33 tours 30 cm
Titres : I was made for lovin' you -/- Charisma

Quand j'ai commencé à m'intéresser à la musique, vers 14 ans en 1977, je n'avais pas de grand frère à la maison pour me guider, puisque j'étais le grand frère. Alors je me suis tourné vers les copains du quartier et j'ai commencé à fouiner dans leurs étagères de disques, à en discuter avec eux, à leur en emprunter.
De même qu'il y avait un Éric dans presque une maison sur deux (y compris la nôtre), il y avait des groupes présents en nombre dans les collections de presque tous les copains. Genesis, notamment, mais aussi Pink Floyd, Ange, Deep Purple, AC/DC (sans compter bien sûr les Beatles et les Rolling Stones)...
Il faut croire que j'ai assez vite affirmé mes propres goûts musicaux, puisque, je n'ai acheté à l'époque aucun disque de ces groupes (juste le premier album de Peter Gabriel, que j'aime bien mais que j'ai échangé deux ans plus tard contre des manuels scolaires), et très vite je me suis distingué en plongeant à fond dans la New Wave.
Ça ne m'empêchait pas, sans écouter les disques, de suivre de près les discussions autour de Kiss, l'un des autres groupes très populaires chez mes copains. Il y avait celui qui avait acheté le Kiss Alive ! en import américain avant qu'il sorte en France, ceux qui préféraient Kiss alive II, cet autre qui affirmait doctement que le meilleur album studio était Destroyer et celui qui avait réussi l'exploit de piquer un des albums à Carrefour sous le nez du vigile et des caméras qui ressemblaient à C-3PO (et qui étaient sûrement factices). Plus les discussions sur le maquillage des membres du groupe et les personnages associés...
Les plus accrochés d'entre eux ont sûrement même acheté la collection des quatre albums solo des membres du groupe parus en 1978 avec des pochettes similaires. Par contre, je ne pense pas que ces fans de rock de la première heure, qui ont peut-être acheté l'album Dynasty à sa sortie, soient parmi les centaines de milliers d'acheteurs qui ont contribué à faire de I was made for lovin' you un tube énorme en France et dans le monde entier. Car, c'était écrit en toutes lettres sur la pochette de l'édition française du 45 tours à partir du second tirage, I was made for lovin' you, c'est du "Disco-Rock".
L'impact du disco sur tous les styles musicaux dans ces années-là est impressionnant. Je ne peux que faire le parallèle avec Miss you des Stones, grand tube de 1978, et soit dit en passant le seul single du groupe que j'ai acheté à peu près au moment de sa sortie. D'ailleurs, si j'avais eu à l'époque les moyens de m'offrir le maxi anglais de Miss you sur lequel j'ai plusieurs fois bavé, avec sa pochette aux bords arrondis et son vinyl rose, c'est sûrement ce disque que je serais en train de chroniquer aujourd'hui.
Et notons pour l'anecdote que, sur Dynasty, I was made for lovin' you est enchaîné avec une reprise de 2000 man des Stones.
Non, le disque que je chronique aujourd'hui, c'est une édition en maxi de I was made for lovin' you, récupérée ce fameux jour de 2014 où j'ai acheté des dizaines de disques chez un particulier, dont le Sir Lancelot, l'Émy de Pradines, et des 45 tours de Franco et des Variations.
Il y a eu une vogue du vinyl coloré en France vers 1978, avec notamment la série "Disque en couleur" de Pathé Marconi EMI. Ce maxi de Kiss a été sorti par Vogue en quatre couleurs, rouge et jaune étant les plus courantes, vert et bleu les plus rares.
Le disco, chez Casablanca Records, le label de Kiss, on savait faire, puisque c'est eux qui éditaient les disques de Donna Summer, Village People ou Lipps, Inc. J'imagine que les producteurs se passaient des tuyaux, même si celui de Kiss, Vini Poncia, n'a jamais travaillé avec ces autres artistes.
La version originale est déjà une réussite pop, avec ses "Ouh ouh ouh ouh ouh ouh" et son refrain qui restent en tête. Dans le genre, la version maxi de I was made for lovin' you est parfaite, qui réussit à quasiment doubler les quatre minutes initiales sans aucune longueur et sans qu'on s'ennuie un instant pendant qu'on danse.
J'apprécie particulièrement les parties qui associent la basse (le principal auteur et chanteur de la chanson est le bassiste Paul Stanley) et le séquenceur à la Giorgio Moroder, le producteur de Donna Summer qui a notamment fortement inspiré New Order. Un rapprochement a priori incongru, mais écoutez la section à partir de 5'30 : même les "Ouh ouh ouh" peuvent rappeler Temptation...!
Sur le petit 45 tours, c'est Hard times qui était en face B, une composition du guitariste Ace Frehley. Sur ce maxi, c'est un autre extrait de Dynasty, Charisma, un titre rock de Gene Simmons, mais qui, sans surprise, n'est pas trop ma tasse de thé.




Kiss, I was made for lovin' you, en version rock en concert à Sydney le 22 novembre 1980.

21 novembre 2020

SMALL FACES : Hey girl


Acquis à la Bourse BD Disques d’Épernay le 8 mars 2020
Réf : F.12393 -- Édité par Decca en Irlande en 1966
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Hey girl -/- Almost grown

Rétrospectivement, c'est vraiment un coup de chance que la Bourse de BD-Bulles ait pu se tenir en mars, juste avant le confinement de printemps. Et en plus, j'y ai trouvé une poignée de disques intéressants pour pas cher.
Avant de mettre la main sur le Monguito Santamaria, j'avais acheté à un copain six 45 tours à 1 € les trois, dont celui-ci des Small Faces. C'est le même copain à qui j'ai acheté le Rip Chords en août, lors de l'une des rares brocantes que j'ai pu faire cette année.
Les Small Faces, c'est bizarre. Je connais certains de leurs tubes depuis longtemps (All or nothing, Watcha gonna do about it,...) et j'ai lu leur histoire et celle des Faces en long en large et en travers dans des articles de Mojo et Uncut, mais jusqu'à 2014, quand j'ai trouvé le 45 tours d'Itchycoo Park, je n'avais aucun disque d'eux.
Là, j'ai pris ce 45 tours car un disque des années soixante à ce prix-là ça ne se refuse pas, surtout quand il est par un grand groupe, et pressé en Irlande en plus (du coup, son propriétaire a viré la partie centrale du disque pour en faire un rond central à la française).
Mais sinon, très honnêtement, je n'avais jamais entendu parler de cette chanson, Hey girl.
C'est leur quatrième single, sorti en mai 1966, quatre mois après leur tube Sha-la-la-lee  et une semaine avant leur premier album. Et comme c'était la pratique à l'époque en Angleterre, aucune des faces de ce 45 tours ne figure sur l'album.
A l'écoute, ce fut une bonne découverte. Certes, il n'y a rien d'original là-dedans, on est encore sur le format yéyé des Beatles, survitaminé par l'expérience Kinks et Who, mais ça passe très bien.
C'est Ronnie Bird qui, peu de temps après la sortie de la version originale, a publié une adaptation en français très fidèle de Hey girl.
Contrairement à ce que j'ai immédiatement pensé en voyant le titre, Almost grown n'est pas une reprise de Chuck Berry. Un précédent propriétaire a écrit sur l'étiquette "Jerk valable" et "Très bon". On peut donc penser que c'est quelqu'un qui passait des disques en boite de nuit, ou un accroc aux boums échevelées. En tout cas, il avait raison. C'est un excellent titre à 99% instrumental, très énergique, dans le moule de ce que faisaient Jr.Walker and the All Stars ou Booker T & the MGs. Le genre de musique qui servait de fond sonore aux inévitables scènes de danse des épisodes d'Amicalement vôtre.
Hey girl a obtenu un succès tout à fait honnête en Angleterre, mais c'est en septembre avec le 45 tours suivant que les Small Faces vont toucher le gros lot, puisque All or nothing se classera n°1 des ventes.
L'année suivante, le groupe quittera Decca pour Immediate. Ma collection de disques des Small Faces s'est vraiment enrichie cette année, puisque j'ai acheté cet été deux CD de cette deuxième période, à 50 centimes pièce. Le Best of n'est pas mal, mais je crois que je préfère les tubes chez Decca. Quant à leur album devenu un classique, Ogden's nut gone flake, il faut que je prenne le temps de l'écouter, mais je crains d'être déçu.




Small Faces, Hey girl et All or nothing, en direct dans une émission de télévision en 1966.


En France, l'EP sorti en septembre 1966 associait les faces A et B du tout dernier single des Small Faces, All or nothing, et du précédent, Hey girl. J'aimerais bien le trouver à 34 centimes, voire même à 1 € !


14 novembre 2020

DAVID LAFORE : Incompréhensible


Acquis chez David Lafore par correspondance en août 2020
Réf : [sans] -- Édité par David Lafore en France en 2019
Support : CD 12 cm
14 titres

Un mercredi de janvier dernier, comme j'étais à Paris pour affaires l'ami Philippe D. a proposé qu'on se retrouve au Théâtre Thénardier à Montreuil. C'est là qu'il allait du 15 janvier au 12 février pour assister aux concerts hebdomadaires de David Lafore.
Je ne connaissais pas du tout David Lafore, même pas de nom. Pourtant, il a un parcours remarquable, débuté vers le milieu des années 1990. Les informations discographiques le concernant sont parcellaires et contradictoires mais, de ce que je vois chez Discogs, il a sorti un premier album en 1997, puis en 1999 et 2001 un album et un 4 titres de son groupe David Lafore Cinq Têtes. Ces deux parutions ont été plus ou moins compilées ou réenregistrées pour l'album David Lafore Cinq Têtes chez Crépuscule France en 2004, qui fut suivi de II en 2007. Les albums suivants sont sous son seul nom : J'ai l'amour en 2015, Les cheveux en 2017 et donc Incompréhensible en décembre 2019.
J'ai passé un excellent moment lors de ce concert. Nous étions une trentaine assis en demi-cercle autour de David, seul, sans sonorisation, avec sa guitare, une chaise et une carafe d'eau. De la chorégraphie de Petit culotte à la déclamation du Bateau ivre de Rimbaud en rappel, ce fut réjouissant et souvent très drôle. Je n'imaginais pas un instant que ce serait mon seul concert de l'année, avant le maintien inespéré d'une partie du Festival des Musiques d'Ici et d'Ailleurs à Châlons dans l'accalmie de l'été.
Et pourtant, après le concert, j'ai décidé de ne pas acheter le tout nouvel album de David Lafore, Incompréhensible. Mon idée était de rester sur la très bonne impression du concert acoustique et dépouillé, je pensais que les versions arrangées et produites des chansons sur l'album risquaient de moins me plaire.
Et puis, pendant le confinement de printemps, je suis tombé sur la vidéo de la chanson-titre de l'album, Incompréhensible, et j'ai tout de suite été complètement accroché. C'était particulièrement défoulant pendant mon heure réglementaire de balade de chanter "Une petite balade" à pleine voix dans les vignes !
Je me suis mis à regretter de ne pas avoir acheté l'album, alors j'ai fini par le commander et j'ai fini par le recevoir, accompagné de deux cadeaux, un CD promo de J'ai l'amour, et un deuxième exemplaire, promo aussi, d'Incompréhensible, qui depuis fait le bonheur de Philippe R., qui l'a écouté en boucle pendant deux mois dans sa voiture, et pas seulement parce que le CD était physiquement coincé dans l'auto-radio !
L'album est réalisé avec Christophe Van Huffel, guitariste de Tanger, qui a beaucoup travaillé avec Christophe au 21e siècle. En-dehors des invités, les crédits ne détaillent pas qui joue quoi, je suppose donc que c'est David Lafore lui-même qui joue ce qui produit tous les autres sons, dont beaucoup sont synthétiques.
J'étais donc déjà conquis par Incompréhensible,qui, avec ses touches électro-pop légères, me rappelle l'Objet du décor de Seb Adam. Au fil des écoutes j'ai fini par grandement apprécier le disque dans son ensemble, même si, ça arrive de temps en temps, les deux premières chansons, que j'aime bien, ne figurent pas parmi mes préférées.
Il y a par contre un enchaînement très fort selon moi dans le milieu du disque avec Le ciel, qui a de l'ADN techno/danse, Gros (il faut attendre un bon moment avant de découvrir à quelle espèce de narrateur on a affaire), C'est pas vrai (chanson post-rupture, réussie, enfin la chanson plutôt que la rupture), Petit village, que j'aime beaucoup, avec un chœur d'enfants sur la fin (depuis Another brick in the wall, ça marche à chaque fois les chœurs d'enfants), et La nuit dehors, une très belle chanson.
Parmi les autres titres, il y a plein de choses plutôt rigolotes, comme Qui es-tu ?, un dialogue de sourds très contemporain, à la pointe de la technologie, Le monde est petit, un titre dansant bilingue franco/anglais qui se termine par une minute de punk, J'arrive pas à m'arrêter, un tour de force linguistique avec des petits côté Gontard!, et Rémi Duquenne, qui fait très Katerine, avec une gamine qui crie à pleins poumons.

Impossible d'espérer revoir David Lafore en concert ces temps-ci, alors, en attendant, on peut guetter sa chaîne YouTube, sur laquelle il publie depuis quelques jours des vidéos en "live chaussettes".

Le site officiel de David Lafore
n'est pas en ligne actuellement (une ancienne version est visible ici). Si vous voulez vous procurer Incompréhensible en CD plutôt qu'en version numérique, le mieux pour le contacter est peut-être de passer par sa page Bandcamp ou sa page Facebook.






David Lafore, Avant le soleil, en "live chaussettes", novembre 2020.










Puisqu'on a peu l'occasion de voir David Lafore en concert en ce moment, le voici à la ferme de La Mazraa à La Laigne, le 23 novembre 2018.

08 novembre 2020

MC SOLAAR : Victime de la mode


Acquis par correspondance via Discogs en novembre 2020
Réf : 877 673-2 -- Édité par Polydor en France en 1991
Support : CD 12 cm
Titres : Victime de la mode -- Western modern -- Raggadget -- Love supreme

Il y a quelques années, j'ai eu envie de chroniquer ce disque. Je suis allé le rechercher dans mes étagères et j'ai été tout surpris de ne pas l'y trouver. Il y avait bien le premier album d'MC Solaar, Qui sème le vent récolte le tempo, sur lequel on trouve Victime de la mode, mais pas de single, ni en CD (que je pensais avoir), ni en 45 tours.
Pendant longtemps, j'ai pensé que j'avais dû bêtement revendre le single car j'avais l'album. Aujourd'hui, après avoir décidé de me l'offrir, ne serait-ce que pour me consoler du fait que je ne risque pas de chiner des disques d'occasion dans les prochaines semaines, et alors que je n'ai pas de souvenirs des différentes faces B du CD single, je me dis que je n'ai jamais dû avoir ce disque. J'ai sûrement confondu avec les exemplaires de Radio Primitive, que j'ai régulièrement passés à l'antenne à l'automne 1991, après avoir déjà bien accroché au premier single et premier tube Bouge de là.
Le 6 décembre 1991, on avait dû arriver trop tard de Reims et je n'ai vu que la fin du concert d'MC Solaar aux Transmusicales de Rennes. J'ai juste eu l'impression que Solaar n'était pas trop à l'aise sur la scène, qu'il arpentait la main dans la poche. Il faut dire aussi que ce type de concert rap est très particulier, avec la musique sur bandes enregistrées, et juste les voix, les scratches de Jimmy Jay et la danse en direct (on peut voir un extrait de ce concert ici).
En tout cas, près de trente ans plus tard, j'apprécie toujours autant Victime de la mode, qui reste ma chanson préférée d'MC Solaar.
La différence aujourd'hui, c'est qu'il m'a suffi d'un clic pour apprendre que la base musicale de la chanson provient de quelques secondes d'introduction mises en boucle de Hey hey baby, un titre de Ben Sidran de 1974.
Ce qui m'a toujours surpris dans cette chanson, c'est le choix du prénom de l'héroïne, Dominique. C'est sûrement pour des questions de sonorité, mais ça fait tellement années cinquante-soixante... En tout cas, les paroles sont l'une des grandes réussites de cette chanson. Le refrain est tout simple mais reste bien en tête, et on peut passer des heures à chanter en rythme des phrases comme "Maso, à l'assaut de ses formes rondelettes, elle était occupée à couper du PQ car on lui piquait les fesses" !
Il me semble que le single Victime de la mode a eu beaucoup moins de succès sur le moment que Bouge de là, mais c'est bien cette chanson qui est en passe de devenir un classique, au sens propre d'ailleurs puisque, apparemment, l'étude de ses paroles de sa vidéo a figuré pendant plusieurs années au programme de français dans les collèges.
Il y a aussi des reprises, comme celle de Tryo en 2014 sur l'album Né quelque part. Et puis, après les reprises de Caroline, autre grand morceau du premier album d'MC Solaar, par le père Marka en 1998 et 2004, il y a les diverses interprétations de Victime de la mode par sa fille Angèle en 2017, par son fils Roméo Elvis avec M en 2019, par le fils et la fille ensemble en 2018 et enfin par les deux ensemble avec MC Solaar en invité vedette sur la Grand Place de Bruxelles en 2019.
Les trois faces B sont intéressantes.
Western modern est une chanson complète, sûrement un titre écarté de l'album. MC Solaar continuera d'exploiter ces thématiques avec ses singles suivants Gangster moderne (1997) et Nouveau western (1998).
Love supreme est un titre court et sympathique, principalement instrumental, dû à Pigalle Boom Bass. Eh oui, j'ai pris la peine de vérifier, la ligne de basse vient bien du titre de John Coltrane.
Comme son titre l'indique, Raggadget est bien un ragga, sur l'insécurité. Je suis un grand fan de ragga de manière générale, mais celui-ci est particulièrement réussi.
Les artistes qui attaquent en justice leur maison de disques sont nombreux, mais ceux qui gagnent sont évidemment plus rares. C'est pourtant ce qui s'est passé après que Polydor n'ait pas respecté la volonté de l'artiste (ni le contrat) en sortant en deux fois à un an d'écart plutôt qu'en un double album les titres qu'on trouve sur Paradisiaque et MC Solaar. En conséquence de quoi, Polydor ne peut plus exploiter commercialement les quatre premiers albums et, faute d'accord entre les deux parties, ils ne sont pas réédités ni disponibles sur les sites de téléchargement.
Vu ce contexte, je préfère ne pas mettre en ligne moi-même Raggadget, que je n'ai pas trouvé sur YouTube. Je vous suggère à la place de réécouter l'excellent Ragga jam, un titre de Qui sème le vent récolte le tempo, avec Raggasonic et Kery James en invités.
J'ai cessé de suivre l'actualité d'MC Solaar après Le bien, le mal, sa collaboration avec Guru de Gang Starr pour l'album Jazzmatzz volume 1. Ce qui s'est passé, c'est un peu la même chose qu'avec les interventions de Raymond Devos à la télé. A chaque fois, je me dis au début que c'est vraiment bien et qu'il est fort, et au bout d'un moment je trouve que c'est vraiment trop systématique. Avec MC Solaar aussi, j'ai fini par faire une indigestion de jeux de mots et d'allitérations.




MC Solaar, Victime de la mode, dans l'émission The beat, en février 1993.


MC Solaar, Western modern, le 14 février 1994.

05 novembre 2020

VOICE OF THE CONGO


Acquis chez Récup'R à Dizy le 24 octobre 2020
Réf : RLP 4002 -- Édité par Riverside aux États-Unis en 1953
Support : 33 tours 30 cm
26 titres

Depuis la réouverture de la ressourcerie après le confinement du printemps, il n'y a pas eu de gros lots de vinyls proposés à la vente, juste quelques poignées de disques mises en rayon de temps à autre. J'y ai quand même fait quelques achats cet été, mais ma meilleure trouvaille je l'ai faite lors de ma dernière visite avant le confinement d'automne. C'est là que j'y ai trouvé cet album, coincé au milieu de quatre ou cinq disques de musique classique de la même époque. Comme d'habitude, on se demande comment cette édition américaine d'enregistrements réalisés au Congo a bien pu atterrir au fin fond de la Marne...
La pochette, signée Hal Zamboni, est une réussite, et le disque est publié par Riverside, label indépendant de New York plutôt spécialisé dans le jazz mais qui, dès ses débuts, avait lancé une collection de "World folk music", dont ce disque fait partie.
Les enregistrements ont été réalisés en 1951 et 1952 au Congo belge et au Ruanda-Urundi, territoire sous mandat belge à cette époque, par Alan P. Merriam et son épouse Barbara W. Merriam.
Au dos de la pochette, Alan Merriam est présenté ainsi : "Merriam est un jeune anthropologue dont l'intérêt pour la musique africaine indigène découle en partie de ses études poussées du jazz américain et de ses racines africaines.". Ses recherches se situaient dans le champ émergent de l'ethnomusicologie en anthropologie plutôt que dans la musicologie ou le folklore. Son livre de 1964 The anthropology of music fait référence dans le domaine.
Les enregistrements sont d'une qualité technique exceptionnelle. Ils ont été réalisés sur un appareil d'un type alors en plein développement, le magnétophone à bande, avec comme particularité que la bande magnétique utilisée était sur support papier.
On entend sur les deux faces des enregistrements de musique et de chansons des peuples de la région. Il y a du chant en chœur ou en solo, par des enfants ou des adultes, des percussions, des instruments à corde et aussi de la flûte. Pour enregistrer des berceuses, deux mères vivant à mille kilomètres de distance ont toutes les deux décidé de le faire avec un enfant dans les bras. On entend l'un d'eux pleurer pendant l'enregistrement.
Sur le site des bibliothèques de l'Université de l'Indiana à Bloomington, qui conserve le fonds d'archives Merriam, on peut écouter une sélection de sept minutes de ces enregistrements.
Il y a plein de choses que j'ai appréciées dans ces enregistrements de musique traditionnelle mais, sans trop de surprise, ce sont les chansons modernes du Congo qu'on trouve à la toute fin du disque qui m'ont le plus attiré l'oreille. Elles sont présentées ainsi : "Un changement radical est en cours dans la musique du Congo. La guitare et les structures de chansons européennes conventionnelles gagnent rapidement en popularité. Parmi les facteurs qui y contribuent, on compte les nombreux phonographes mécaniques et la radio, ainsi que les missionnaires - qui rejettent les formes indigènes de chansons religieuses et enseignent les formes européennes."
J'aime vraiment beaucoup les deux dernières chansons. Pour la première, c'est un quatuor qui chante en Bangala en s'accompagnant à la guitare et avec une bouteille de bière frappée avec le manche d'un canif. Cette chanson m'a rappelé Timoulamoudé, sur la bande du film Liberté 1.
Ensuite, c'est Joseph Massele qui chante, aussi en Bangala, en s'accompagnant à la guitare. Une partie des paroles est reproduite dans les notes de pochette : "Je m'appelle Jose DeLux et je viens du Bas Congo (...) Vous admettrez sans conteste que dans toutes les sociétés humaines par ici, quoi qu'on fasse on ne peut contenter tout le monde."
Les deux sont vraiment des pépites et je suis bien content de les avoir trouvées !
Un autre album a été publié chez Riverside, Ekonda - Tribal music of the Belgian Congo, probablement issu du même voyage.
Alan Merriam est mort accidentellement en 1980. Sa discographie et bibliographie a été publiée en 1982 dans la revue Ethnomusicology, qu'il avait dirigée pendant plusieurs années.

A écouter :
Voice of the Congo : Band 26b - Bangala Quartet
Voice of the Congo : Band 26c - Joseph Massele


01 novembre 2020

TENNENTS PLAY BACK : SCOTLAND'S LATEST


Offert par Jim Shepherd par correspondance en septembre 2020
Réf : PSPMC064 -- Édité par Polygram Special Products au Royaume-Uni en 1987 -- Not for resale
Support : Cassette
8 titres

Ça a commencé par un tweet de Jim Shepherd des Jasmine Minks, qui expliquait qu'à l'époque où il buvait de la bière par tonneaux il avait été tout content d'être soutenu par Tennent's lager (la brasserie la plus populaire d’Écosse, et de loin, avec 60% du marché) qui les avait fait figurer sur cette cassette.
Le principe, vieux comme le marché du disque, était simple : il fallait acheter des cannettes de bière, collectionner les coupons et les envoyer pour recevoir "gratuitement" la cassette. Le même principe que pour Coca-Cola à la fin des années 1970, quand j'avais obtenu le 45 tours de Téléphone et Starshooter.
J'ai répondu à Jim que je n'avais jamais entendu parler de cette cassette, qui aurait eu parfaitement sa place dans mon livre Vente interdite sur les disques hors commerce, et que si quelqu'un en avait une en rab, ça m'intéressait. Et Jim a alors proposé de m'offrir son exemplaire, sachant qu'il serait dans de bonnes oreilles. Merci bien, Jim !

Ce type d'opération promotionnelle n'est donc pas très original (il était même très courant dans les années 1960), mais ce qui est très étonnant avec cette cassette c'est que la sélection des groupes est très pointue. Certes, on y trouve deux groupes très populaires, Deacon Blue et Wet Wet Wet, mais, même si le single Cold heart des Jasmine Minks avait été bien classé dans les charts indépendants en 1986, il fallait quand même bien creuser en 1987 pour réussir à contacter Creation pour négocier les droits d'un tel titre (c'est peut-être bien la première fois que le label a ainsi placé un titre sous licence).
Et la chanson est bien choisie car, avec Cut me deep notamment (c'est un drame que cette chanson n'ait jamais été éditée en single), Cold heart est l'une des grandes chansons des Jasmine Minks. C'est produit avec trois bouts de ficelle et ça s'entend, mais j'apprécie particulièrement la façon dont les deux voix d'Adam Sanderson et Jim se combinent, en enchaînant chacun un vers dans les couplets avant de chanter ensemble le refrain. Plus la partie de solo de guitare, soutenue par l'orgue de Dave Musker... Qui se décidera un jour à reprendre cette chanson et à rafler la mise ? Et Tennents aurait pu aller plus loin à l'époque en adaptant la chanson pour un slogan publicitaire, du style "Cold beer, warm heart my dear" !
Il y a d'autres groupes qui me tiennent à coeur sur cette cassette, à commencer par les Pastels, présents avec Ride, le titre d'ouverture de leur premier album, Up for a bit with The Pastels. Cela fait bien longtemps que je n'ai pas réécouté ce disque, et j'ai été tout surpris d'entendre des synthés sur ce titre.
Il y a aussi Through my window, un extrait du premier album Drop des Shamen, à l'époque où ils étaient déjà psychédéliques, sans avoir découvert les raves et l'ecstasy.
Apb est un groupe qui était très proche des Jasmine Minks (Jim a édité en 2011 sur son label Oatcake leur mini-album Jaguar, sur lequel il chante sur deux titres). Missing you already est une réussite dans leur style, du rock avec une rythmique funk, avec des échos du Gang of Four moins abrasif des troisième et quatrième albums.
Lowlife s'étant formé en 1982, le groupe tire son nom de la chanson de Public Image Limited plutôt que de l'album de 1985 de New Order. Pourtant, c'est bien à ces derniers et même à Joy Division que je pense en écoutant Given to dreaming, un titre de leur album Diminuendo.
Les titres choisis pour les groupes les plus connus ne sont pas les tubes, mais des choses un peu plus obscures, et contrairement à ce que je craignais, ce ne sont pas les plus mauvais du lot. Riches de Deacon Blue ne figurait à l'origine que sur l'édition CD de leur album Raintown. Quant à Heaven help us all, la reprise de Stevie Wonder par Wet Wet Wet, c'est même une petite rareté, puisqu'il ne s'agit pas de la version de 1988 produite par Willie Mitchell qu'on trouve sur l'album The Memphis sessions, mais d'une face B produite par le groupe de leur maxi 45 tours Four track wet pack.
La seule horreur de la compilation, c'est Romeo, par Heavy Pettin'. A l'origine, c'est un groupe de heavy metal, formé à Glasgow en 1981, mais ils ont enregistré cette daube pour participer à la finale d'une sélection pour l'Eurovision. Au moins on peut se consoler en sachant qu'ils se sont tellement ridiculisés que ça leur a coûté leur carrière !

Je ne bois pas de bière donc, même si j'avais vécu en Écosse, j'aurais eu du mal à me procurer cette cassette, qui vient compléter ma collection de disques offerts par Panach' ou d'autres producteurs de boissons, alcoolisées ou non. En tout cas, elle est plus intéressante que le 45 tours de Joe Dassin "offert par Kanterbräu" que j'ai acheté récemment !


Une carte postale des Jasmine Minks qui accompagnait l'envoi de la cassette. Elle date d'un peu plus tard, probablement 1989, au moment de l'album Scratch the surface.