04 avril 2020

BONNIE LOU : Just out of reach


Acquis chez YMCA à Douvres le 2 mars 2020
Réf : R. 3730 -- Édité par Parlophone en Angleterre en septembre 1953
Support : 78 tours 25 cm
Titres : Just out of reach -/- Tennessee wig walk

Bon, on ne pourra pas compter sur les brocantes de printemps pour faire des trouvailles. Certes, j'ai des réserves à la maison et je ne vais pas manquer de disques à chroniquer, entre mes piles de disques en attente, ceux que je réécoute et ceux que je redécouvre, mais je suis quand même d'autant plus content d'avoir fait main basse tout début mars sur un très beau lot de 78 tours qui va m'occuper un bon moment.
Après le Stan Freberg, en voici un deuxième, par Bonnie Lou. Vous la connaissiez ? Moi non plus !
J'ai sélectionné ce disque sur la foi du titre Tennessee wig walk. Je me suis dit que ça risquait d'être rythmé et j'ai eu le nez creux puisque c'est un disque excellent d'une chanteuse country qui s'avère également être considérée comme une pionnière du rockabilly !
Dès l'introduction à la guitare de Just out of reach, j'ai su que la chanson allait être bonne. Le rythme est lent, les paroles d'amour tristes, le petit solo de steel guitar est parfait. Dans le style, on est dans le honky-tonk, avec le pendant féminin parfait d'un Hank Williams, ce qui en soi n'est pas très surprenant, sachant que les deux faces de ce disque ont été enregistrées en 1953, dans les mois qui ont suivi la mort du roi de la musique country.
L'humeur sur la face B, Tennessee wig walk, est très différente. Enlevée et rythmée, avec accompagnement de claquements de mains, c'est une chanson à danser. En fait, quand on regarde les paroles, on se rend compte qu'on n'est pas loin de La danse des canards (La danse des poulets, dans ce cas précis) avec jambes arquées, genoux serrés, coudes qui volettent et croupion qui remue ! Oui, mais c'est aussi très bien musicalement, avec là aussi un solo, de cuivres mais je ne saurais pas en dire plus, qui est très réussi.
Comme pour le Stan Freberg et une bonne partie de mes autres 78 tours, ce disque britannique compile en fait deux titres sortis sur deux singles séparés aux États-Unis, en mars et juin 1953.
Et, si ce disque est sorti en Angleterre sur le label Parlophone, la future maison des Beatles, alors déjà établie de longue date et membre du groupe EMI, aux États-Unis ces deux disques ont été publiés par le célèbre label indépendant King, fondé en 1943 à Cincinnati, d'abord spécialisé dans la musique hillbilly avant de se tourner vers le rhythm and blues et le rock and roll.
Just out of reach était la face B du premier disque de Bonnie Lou chez King, Seven lonely days, qui a eu un certain succès. Tennessee wig walk, face A du troisième disque, s'est encore mieux vendu.
Mon disque anglais, sorti en septembre 1953, a lui aussi eu du succès, classé pendant neuf semaines parmi les dix meilleures ventes. Bonnie Lou n'a pas eu d'autre tube en Angleterre, mais Tennessee wig walk y est devenue à nouveau très populaire dans les années 1970, après sa diffusion dans une émission de télévision. Depuis, c'est devenu l'une des chansons les plus chantées dans les stades de foot anglais, le plus souvent avec des paroles modifiées, pour leur donner un sens paillard, bien sûr ! Sinon, et sans surprise, les clubs de danse country s'en sont également emparés.
Bonnie Lou se voyait avant tout comme chanteuse country, mais c'est King qui décidait des titres qu'elle enregistrait. Après quelques temps, le label a orienté son répertoire vers un style plus rock and roll. C'est ainsi qu'elle a eu du succès notamment avec Daddy-O en 1955 et La dee dah en 1958, un duo avec Rusty York. Des titres qui lui ont valu d'être admise dans le Rockabilly Hall of Fame.
Après la fin de son contrat avec King, Bonnie Lou a continué à chanter. Elle a aussi présenté des émissions de radio et de télévision, notamment, pendant vingt ans, le Paul Dixon show à Cincinnati. Elle est morte en 2015 à 91 ans. Plusieurs compilations CD ont été éditées ces dernières années, chacune avec une trentaine de titres. On peut encore se les procurer assez facilement.


Bonnie Lou revient sur son parcours, en compagnie d'une autre chanteuse et présentatrice de l'émission Paul Dixon Show, Coleen Sharp. Elle explique qu'elle a appris le Yodel de sa grand-mère, qui était suisse.


La couverture d'une partition pour Tennessee wig walk.

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