25 avril 2020

RED INGLE & THE NATURAL SEVEN : Cigareets, whuskey, and wild, wild women


Acquis chez YMCA à Douvres le 2 mars 2020
Réf : CL 13015 -- Édité par Capitol en Angleterre en 1948
Support : 78 tours 25 cm
Titres : RED INGLE & THE NATURAL SEVEN : Cigareets, whuskey, and wild, wild women -/- THE UNNATURAL SEVEN : Serutan yob (A song for backward girls and boys under 40)

Après le Stan Freberg et le Bonnie Lou, voici un troisième 78 tours choisi dans le très beau lot que j'ai acheté début mars à Douvres. Et une fois de plus la morosité ne sera pas de mise car, comme la majorité de ces disques, celui-ci est plein de bonne humeur et de bon humour.
Après avoir étudié la musique, Red Ingle, un multi-instrumentiste (violon, saxophone et clarinette s'il vous plaît !) assez bon pour avoir joué dans des concerts de musique classique dans les années 1920, a ensuite été membre pendant dix ans de l'orchestre de Ted Weems, avant de rejoindre les City Slickers de Spike Jones dans les années 1940. Il a quitté cet orchestre fin 1946 pour créer le sien et a signé chez Capitol avec ses Natural Seven.
En 1947, leur premier disque, Tim-tayshun, une parodie du grand succès Temptation de Perry Como, s'est vendu à trois millions d'exemplaires.
Cigareets, whuskey, and wild, wild women est sorti en 1948, et l'interdiction de le passer en radio aux États-Unis pour "immoralité" a en fait, comme souvent, dopé ses ventes.
La chanson a été écrite par Tim Spencer, des Sons of the Pioneers, mais je pense qu'elle a bien été créée par Red Ingle et que ce n'est ni une reprise ni une parodie.
Présentée sur l'étiquette de l'édition américaine comme de la "musique de chambre d'extérieur", pourtant exactement ce qu'il nous faudrait en ce moment, Cigareets, whuskey, and wild, wild women est une chanson pas du tout de saison. C'est le genre de chanson à boire qu'une foule entonne dans un saloon en fin de soirée, le verre levé, en se balançant tous de gauche à droit en se tenant par les coudes. On se demande si le grand-père du Captain Beefheart n'est pas de la partie, et je suis surpris que les Pogues n'aient pas mis cette chanson à leur répertoire. Elle figure en bonne place dans un court-métrage musical de 1948 avec Red Ingle et ses Natural Seven en vedette (en version basse qualité ci-dessous).
Il y a évidemment plein de reprises de cette chanson à boire. Je préfère celle de Peter Sellers avec les Muppets à celle, un peu trop propre et rétro, de Buck Owens et Buddy Alan en 1972.
En France, cette chanson est très connue sous le titre Cigarettes, whisky et p'tites pépées. Je pense que c'est Eddie Constantine qui a dû la créer en français, en 1957, près de dix ans après la version originale. Seul problème, sa version est toute molle. Ce n'est plus une chanson de fête, c'est plutôt celle d'un type qui cuve le lendemain avec la gueule de bois. La même année, Annie Cordy a eu du succès avec une version pas plus enlevée, d'atmosphère un peu jazzy.
Parmi les nombreuses autres versions, il y a eu, toujours en 1957, celles d'Edouard Duleu et de Michèle Montana, mais c'est bien Annie Cordy qui reste vraiment associée à cette chanson puisque, en 1958, elle a été la vedette d'un film policier de Maurice Regamey intitulé Cigarettes, whisky et p'tites pépées, dans lequel elle interprète à nouveau la chanson. Et cette version du film est un massacre...!
En face B de mon disque, on trouve Serutan yob. A la suite du titre, il est précisé "Une chanson pour les garçons et les filles à l'envers de moins de 40 ans". C'est parce que, si on remet les lettres à l'endroit, on retrouve le titre du très grand succès de 1948 de Nat King Cole, Nature boy, sur lequel Serutan Yob est basé. Mais là encore, il n'y a pas grand chose à voir entre la chanson pleine de cordes, calme et bucolique de Nat King Cole, et celle folk-country et un peu folle de Red Ingle, chantée par Karen Tedder, avec la participation de Enrohtwah, alias l'animateur de radio Jim Hawthorne. Pour l'occasion, le groupe a été rebaptisé The Unnatural Seven.
Deux excellents titres sur ce disque, donc, qui, autant que je sache, n'ont jamais été édités en France.
Red Ingle est mort en 1965 à 58 ans. L'excellent label allemand Bear Family a publié une compilation assez complète de ses oeuvres, Tim-Tayshum (Temptation).


Red Ingle & the Natural Seven, Cigareets, whuskey, and wild, wild Women. Ci-dessous, en deux parties, le petit film complet dont cette vidéo est extraite.





Peter Sellers et les Muppets reprennent Cigareets, whuskey, and wild, wild women.






Une partition anglaise d'époque.

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