04 octobre 2009

GEORGE THOROGOOD AND THE DESTROYERS : Move it on over


Acquis probablement à Châlons-sur-Marne vers 1979
Réf : STO 8506 -- Edité par Sonet en France en 1978
Support : 33 tours 30 cm
10 titres

Lorsque je faisais chambre commune avec mon frère, et dans la période qui a immédiatement suivi, ce disque était l'un des seuls sur lesquels nous étions d'accord. C'est révélateur du peu de goûts musicaux que nous avions en commun, mais ça montre aussi à quel point une interprétation pêchue et inventive de rock and roll, de blues et de country (il n'y a que des reprises ici) peut rassembler très largement.
Je ne sais plus comment nous avions découvert ce disque. Des chroniques dans Best et Rock & Folk, et aussi sûrement des copains qui avaient ce deuxième album de George Thorogood, ou bien le premier ? Ce qui est sûr en tout cas c'est qu'un voisin avait en 1979 l'album Better than the rest qui reprenait des démos de 1974.
A partir de là, mon frère a continué à s'intéresser notamment à des guitaristes virtuoses, quand à moi, parmi d'autres pistes, j'ai exploré celle du blues électrique, en commençant par Elmore James, dont deux titres sont repris ici.
Ça fait bien longtemps que je n'avais pas réécouté Move it on over, mais comme pour des centaines d'autres, il n'est pas oublié pour autant : la musique est autant gravée dans mon cerveau que dans les sillons du disque et la moindre écoute, même à des années d'écart, le confirme et ravive des souvenirs. La grosse différence avec les années qui passent, cependant, c'est que ma culture musicale n'est pas la même. La plupart des chansons présentes ici, c'est avec ces reprises par George Thorogood que je les ai écoutées pour la première fois. Depuis, bien sûr, j'ai eu l'occasion d'écouter d'autres reprises et les versions originales de classiques comme Who do you love ? de Bo Diddley ou Move it on over de Hank Williams, du coup je ne réécoute pas ce disque aujourd'hui avec la même oreille. Et j'ai même des surprises, car on oublie beaucoup quand même, par exemple en redécouvrant qu'il y a ici une version de Cocaine blues, alors que je n'avais pas fait du tout le lien quand j'ai découvert Cocaine blues/Transfusion blues dans les versions de Johnny Cash vers la fin des années 1990.
Pour moi à l'époque, Thorogood était surtout réputé comme grand guitariste de blues spécialiste de la slide guitar au bottleneck. Lui disait plutôt, c'est dans les excellentes notes de pochette de cet album, qu'il faisait dans le rock'n'roll traditionnel. C'est sûrement plus juste car ça englobe l'ensemble des influences concentrées ici et amplifiées pour proposer un album sans temps mort qui a une énergie d'enfer.
La face A enchaîne sans sourciller Move it on over de Hank Williams, dans une version qui confirme le caractère proto-rock de ce classique country, Who do you love ?, avec à chaque fois des envolées transperçantes de guitare slide, un titre lent à l'origine, The sky is crying d'Elmore James (cette version puissante et énergique reste ma préférée), le Cocaine blues popularisé par Johnny Cash donc et It wasn't me, un titre de 1965 de Chuck Berry !
Il ne faut pas espérer souffler une fois le disque retourné. Sur la face B on trouve That same thing (The same thing de Muddy Waters, un titre signé Willie Dixon), So much trouble de Brownie mcGhee, I'm just your good thing, en fait I've been a good thing for you de Slim harpo (Comme souvent dans les musiques populaires, Thorogood fait varier les titres). Les Rolling Stones ont repris plusieurs titres de Slim Harpo mais pas celui-ci je crois, pourtant cette ballade est tout à fait digne des Stones à leur sommet du milieu des années 1960. L'album se termine avec Baby, please set a date de Homesick James Williamson et New Hawaiian boogie de son cousin Elmore James.
Outre les Stones des débuts, auxquels les notes de pochette font aussi référence, le point de comparaison qui me parait le mieux convenir, dans un domaine de tradition proche et avec une énergie similaire, c'est le Dr Feelgood époque Wilko Johnson.
Les notes de pochette dont j'ai parlé nous révèlent entre autres que ce disque, comme le premier, est sorti à l'origine aux Etats-Unis chez Rounder, le label indépendant connu avant tout pour son travail sur le folk. Ils expliquent d'ailleurs qu'ils ont longtemps hésité à éditer Thorogood, justement parce que son style de rock stonien correspondait peu à leur catalogue. Une fois qu'ils ont eu rencontré et vu sur scène Thorogood et ses Delaware Destroyers, leurs doutes ont immédiatement disparu. Ce qu'ils disent de Thorogood et de sa réaction au succès inattendu de son premier album (non affecté, volontaire, attitude saine vis-à-vis du show-business, importance de la scène, têtu, pas de road manager ni d'équipe technique), tout cela, additionné au fait que cet album a été enregistré à Boston, ne peut que me faire penser à un certain Jonathan Richman, qui a aussi enregistré plus tard pour le label Rounder pendant presque dix ans, ça ne peut pas être un hasard !

Je ne suis pas absolument certain que l'exemplaire du disque que j'ai est celui-là même que nous avions il y a trente ans. Il n'est pas impossible que mon frère ait ce disque et que moi je l'ai racheté entre-temps d'occasion. Ce qui est sûr, c'est que la copie que j'ai aujourd'hui correspond à l'édition originale française que nous avions. Donc, si ce n'est pas l'exemplaire d'époque, c'est donc son frère !

A voir : le concert en Allemagne de 1980 pour l'émission Rockpalast, qui confirme les dires des gens de chez Rounder sur l'attitude de Goerge Thorogood sur scène.
A écouter : des titres de Thorogood sur Deezer, mais je ne saurais dire si cet album fait partie du lot car le système d'exploitation de mon ordinateur ne me permet plus d'accéder à ce site.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

effectivement ça vaut le détour. Entre autres cette vidéo où le parallèle avec jojo du début est saisissant: attitude avec le public et même la voix par moment.Un jojo qui une fois ne serait pas coutume aurait pris plus que des vitamines.
ph

Charlie a dit…

Ton frère a donc mauvais goût !??

Pol Dodu a dit…

Ah non, ses goûts sont des plus respectables ! Ils sont juste très différents des miens (et des tiens aussi, je présume) !

Anonyme a dit…

Tu ne sais plus quand tu as acheté ce disque?! Peux être que, comme moi, c'est après avoir vu sa prestation à couper le souffle à Chorus.

Pol Dodu a dit…

Salut,
Je pense bien avoir aussi vu Thorogood à Chorus, mais d'après un listing d'enregistrements live que j'ai trouvé en ligne, cette émission aurait eu lieu en 1981, et je crois qu'on avait acheté l'album avant ça...