21 novembre 2007

RODRIGUEZ : Swing like a metronome


Acquis par correspondance probablement chez Devil In The Woods aux Etats-Unis en 2001
Réf : DIW #22 -- Edité par Devil In The Woods aux Etats-Unis en 1999
Support : CD 12 cm
15 titres

J'imagine que la première fois que j'ai noté dans un coin de ma tête le nom de ce groupe, Rodriguez, c'est vers le moment de sa sortie en 1999 quand j'ai appris que leur album, comme le premier de Fiver, était en partie produit par Jason Lytle de Grandaddy. Jason Lytle a expliqué par la suite que ce type de travail de production lui servait entre autres à s'entraîner à maîtriser les nouveaux équipements de son studio personnel.
Peu de temps après, en 2000, je faisais la connaissance de M. Ward et j'ai tout de suite craqué pour son premier album Duet for guitars # 2. J'ai eu aussi la chance de le voir en concert plusieurs fois de suite à ce moment, seul ou en groupe, en première partie de Giant Sand ou Grandaddy ou en tête d'affiche. Je pense que j'ai dû à l'époque l'interroger sur Rodriguez, mentionné dans toutes les bios comme le groupe dont il faisait partie avant de se lancer sous son nom, mais il avait été assez évasif, ne souhaitant probablement pas trop s'apesantir sur le passé au moment où il se lançait dans une nouvelle aventure, d'autant plus que - je ne le savais pas à l'époque - la séparation du groupe devait être récente puisqu'elle n'était pas effective au moment de la sortie de l'album en 1999 (Duet for guitars # 2 a plus que probablement été enregistré alors que Matt jouait encore avec Rodriguez).
Malgré tout, j'ai assez vite commandé l'album de Rodriguez chez Devil In The Woods, label qui éditait aussi à l'époque l'excellent magazine D.I.W., accompagné parfois de 45 tours avec titres inédits de gens comme Jason Lytle ou Sparklehorse, mais je l'ai mis de côté trop vite après quelques écoutes, ne le trouvant pas aussi bon que les excellents disques que Matt sortaient à un rythme soutenu.
Au fil du temps, je suis revenu vers ce disque et je me suis mis à l'apprécier de plus en plus. A commencer par les meilleurs des titres chantés par M. Ward (le chant est pris à part équitable par Matt et l'autre chanteur-compositeur du groupe, le bassiste Fieldmouse; le trio est complété par un batteur, Mike Funk), dont deux au moins, Teresa et Must be waiting, auraient eu tout à fait leur place sur Duets, tout comme le très bel instrumental For Kat be true, qui me fait aussi penser aux titres acoustiques de Dearling darling, le second album des Feelings. J'appréciais aussi plusieurs des chansons chantées par Fieldmouse, en me faisant d'ailleurs la remarque que son chant n'était pas très différent de celui de Matt, au point d'avoir du mal à les distinguer sur certains titres.
En fait, cet unique album de Rodriguez n'est pas le premier disque d'un groupe débutant. Il a été composé sur cinq années, de 1992 à 1997, comme l'explique Matt ici, et, étant donné que le groupe s'est séparé peu de temps après, il a le mérite d'avoir conservé pour la postérité la production d'un jeune groupe tirant à sa fin, qui a quand même existé pendant huit ans, de 1991 à 1999.
En tout cas, en plus de la dualité de compositeurs-chanteurs et de producteurs (Jason Lytle et l'ami Adam Selzer de Norfolk & Western), le fait que ces chansons aient été composées sur une longue période explique peut-être le manque d'unité de cet album, dont mes titres préférés sont plutôt au milieu ou en fin de disque, et dont la diversité est aussi illustrée par son choix de reprises, Loretta, en hommage à Townes Van Zandt peu de temps après son décès (pas géniale) et Tom Violence de Sonic Youth (pas mal, mais je ne connais pas la version originale).
Outre les trois titres à la M. Ward cités ci-dessus, il y en a plusieurs autres que j'aime beaucoup sur ce disque, et la liste s'allonge à chaque écoute au fur et à mesure que je rédige ce billet : All night long qui fait un tout petit peu penser à Grandaddy, Fountain avec son intro à la Feelies et surtout Take a rest et (More like an ocean than a) Bathtub.
J'en étais resté là jusqu'à il y a quelques mois quand, au détour de mes lectures, je suis tombé sur une nouvelle bien bonne. Je n'avais pas reconnu sa voix (pourtant, quand on le sait ça devient évident), je n'avais pas fait le lien avec le Kyle qui avait fait les dessins de la pochette, mais le Fieldmouse qui chante une bonne moité des chansons de cet album n'est autre que Kyle Field, également connu sous le nom du projet musical qu'il a lancé après la séparation de Rodriguez, Little Wings !!! (Et pour le coup, Take a rest et (More like an ocean than a) Bathtub auraient tout à fait leur place sur un disque de Little Wings !).
Et Little Wings, même si jusque récemment je n'avais pas de disque de ce groupe, je connais et j'aime beaucoup, grâce notamment à une série de titres excellents diffusés par son label K Records pendant un temps, Faith children, What wonder, Next time, Look at what the light did now... (Et pour le coup, Take a rest et (More like an ocean than a) Bathtub auraient tout à fait leur place sur un disque de Little Wings !)
Alors, ne me faites pas dire que cet album de Rodriguez, parce qu'il est peu connu et pas si facile à se procurer, surtout depuis que Devil In The Woods a connu une période de difficultés, est un chef d'oeuvre négligé et qu'il faut remuer ciel et terre pour se le procurer, mais bon, un disque sympathique avec au moins une moitié d'excellentes chansons, par un groupe qui a fait éclore en son sein des talents comme ceux de M. Ward et Little Wings, ça mérite au moins que les fans de l'un ou l'autre de ces artistes tentent de s'y intéresser.

Rodriguez : M. Ward, Fieldmouse (Kyle Field), Mike Funk (Photo : Peter Ellenby)

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Le premier Sparklehorse est vraiment un monument. je l'écoute encore. Malheureusement les autres ne sont pas vraiment au même niveau.