03 novembre 2007

THE CRAMPS : Gravest hits


Acquis à La Clé de Sol à Châlons-sur-Marne vers 1980
Réf : ILS 12013 -- Edité par Illegal en Angleterre en 1979
Support : 45 tours 30 cm
Titres : Human fly -- The way I walk -- Domino -/- Surfin' bird -- Lonesome town

Du rock'n'roll. Si on voulait jouer au jeu à la con de choisir un seul disque pour synthétriser l'esprit du rock'n'roll, plus de cinquante ans après son big bang original,celui-ci ferait l'affaire, bien mieux qu'un bon paquet d'autres.
Après tout, il a été enregistré à Memphis, la ville d'Elvis et de Sun Records, il y a trente ans, avec Alex Chilton à la production, par un groupe toujours plus ou moins en activité aujourd'hui, mais ses références (quatre reprises et un original qui ne dépare pas du tout) sont entièrement ancrées dans les années cinquante.
Les clins d'oeil à tout un pan de la culture rock sont bien présentes aussi : le groupe au look gothique qui fait penser aux films d'horreur de série Z, tout comme le titre du disque, (un jeu de mots sur Greatest hits : Les tubes les plus tombesques !, sachant que le disque compile effectivement leurs deux premiers singles, parus en 1978) et le logo du groupe qui rappelle les BD genre Creepshow.
Et il y la photo de concert au verso de la pochette, qui saisit un grand moment de rock'n'roll, au Palladium à New-York, probablement le 17 février 1979, en première partie de Clash. On met un moment à réaliser que Lux Interior, le chanteur, n'est pas sur scène, mais debout sur deux fauteuils en train de la regagner, habillé d'un superbe costume rayé. On ne sait pas ce qu'il est allé faire dans le public, mais deux filles au look propret ont l'air de se sauver en courant pendant qu'un mec avec un gilet sur son T-shirt Ramones les regarde. Un gars au look punk, avec un autre T-shirt Ramones, semble haranguer Lux Interior.
Devant la scène, une bonne partie du public a gardé un look baba. Sur scène, Ivy Rorschach à la guitare et Nick Knox à la batterie assurent le rythme, pendant que Bryan Gregory se roule part terre pour produire son solo de guitare. L'équipe technique est assez stoïque sur le côté de la scène, sauf un technicien qui s'occupe du câble de guitare de Gregory... On regrette vraiment de ne pas avoir été présent ce soir-là ! A défaut, on peut se consoler avec le live de 1978 à l'hôpital psychiatrique NAPA en Californie, édité en DVD il y a peu de temps.
Ah, j'allais oublier. Il y a aussi les notes de pochette, attribuées à un certain Docteur J. H. Sasfy, Professeur de Rockologie (!) à l'American Rock'n'Roll Institute de Washington (!!), qui contribuent grandement à construire leur légende.
Pour savoir à peu près à quel moment j'ai acheté ce disque, c'est pas dur : c'est pas longtemps après la parution de l'article historique de plusieurs pages publié par Philippe Garnier dans Rock & Folk, qui a carrément lancé les Cramps en France, et en tout cas avant la parution du premier album Songs the Lord taught us, autant que je m'en souvienne. De cet article, je me souviens surtout d'une photo pleine page de Bryan Gregory, les mains au mur, avec sa longue mèche blanche et sa guitare Flying V à pois dans le dos !
Côté musique, le disque s'ouvre avec Human fly, une chanson dans la grande tradition des "Je suis une mouche", qui va au moins de Polnareff à XTC en passant par Wire, mais là, entre la guitare principale, le fuzz de la seconde guitare et les "bzz bzz bzz" de Lux Interior, l'effet est particulièrement saisissant.
The way I walk est une reprise d'un tube de Jack Scott de 1959. Robert Gordon et Link Wray ont aussi enregistré leur version de ce titre la ême année que les Cramps, sur l'album Fresh fish special, mais je connais mieux la version instrumentale de Pascal Comelade publiée sur 33 bars/Cent regards et Danses et chants de Syldavie. Avec Domino, les Cramps s'attaquent à un tube de Roy Orbison de 1956, composé par Sam Phillips le fondateur de Sun Records.
Des bouquins entiers ont été écrits sur Papa oom mow mow/The bird's the word/Surfin' bird. Avec mon frère, on connaissait juste une version de Papa oom mow mow du début des années 70, mais la version de Surfin' bird des Cramps, un véritable tour de force, nous a littéralement éclatés.
Ce n'est que récemment, en préparant ce billet, que j'ai découvert ce film de Ricky Nelson interprétant Lonesome town pour la télévision en 1958, et j'ai été surpris de constater que les Cramps avaient été très fidèles à la version de Ricky Nelson. Ils se sont contentés de mettre encore plus d'écho sur la voix, plein de vibrato sur la guitare et d'ajouter une grosse caisse qyu fait son effet en battant au rythme d'un coeur brisé.
Les cinq titres de ce disque ont été réédités dès 1983, en ouverture de la compilation Off the bone, toujours disponible actuellement en CD.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

regarde-bien ton skeud en transparence... le vinyl est quelquefois rouge

Pol Dodu a dit…

Jeff,
J'ai mis un peu de temps à répondre parce que, même si je me doutais de a réponse, je tenais à ressortir le disque pour vérifier.
Comme je m'en doutais, mon disque (pressage anglais, pas américain) est bien noir, noir un peu comme doit l'être l'intérieur d'une tombe quand on est enfermé vivant dedans...