Acquis par correspondance en Angleterre en 2003
Réf : CRDVD25 -- Edité par Cherry Red en Angleterre en 2003
Support : dvd 12 cm
10 titres
Ce DVD a une grande qualité : c'est un document d'archive à peu près unique, parait-il le seul concert de Felt entièrement filmé dont un enregistrement ait survécu.
Malheureusement, il a aussi les défauts de certains documents anciens, le son est saturé et l'image pas très bonne. Cela n'est probablement pas dû à une mauvaise conservation du film original, mais plutôt au fait qu'au départ toute l'affaire a dû se monter sans aucun budget, probablement en vue de fabriquer le clip de Stained glass window in the sky fourni ici en bonus.
Donc, si la pochette du DVD est assez réussie, dans la lignée de celle de Poem of the river, le son n'est vraiment pas génial (je doute qu'il y ait eu un gros travail de remastérisation) et le tout n'est filmé qu'avec une seule caméra, qui du coup bouge beaucoup et zoome souvent d'avant en arrière. En plus, pendant une grande partie du concert, un mec en casquette, avec une caméra Super 8 n'arrête pas de venir sur la scène ou de la traverser, et c'est assez pénible (en voyant le bonus, on comprend qu'il tourne des images complémentaires pour le clip).
Du coup, on ne rentre vraiment dans le concert que quand le gars se calme et que Felt se lance dans la longue partie instrumentale de Riding on the equator.
Ce court concert est annoncé comme complet, avec seulement neuf titres, mais on se doute bien que, si Lawrence rejoint le groupe à la fin du dernier morceau, et unique rappel, c'est bien pour en jouer au moins un autre. En tout cas, ce rappel, une version instrumentale d'Ame câline de Polnareff, popularisée dans les pays anglo-saxons en 1968 dans une version easy listening due à Raymond Lefèvre et son Orchestre sous le titre Soul coaxing, et l'excellent When the dawn starts creeping in, prévu à l'origine pour figurer sur Poem of the river, sont deux titres que Felt n'a sorti sur aucun disque et qui ajoutent de la valeur à ce film.
Ce concert a été enregistré à l'University of London Union en février 1987. C'était probablement un concert en tête d'affiche, dans une salle relativement grande pour Felt. One st loin de leurs concerts dans des pubs ou des petits clubs, mais l'effet sonore et visuel n'a rien à voir avec la claque que je devais prendre quelques jours plus tard lors du concert de Felt à l'Ancienne Belgique de Bruxelles. Quand même, ce DVD immortalise une période intéressante de Felt en live, quand ils utilisaient les diapos à huile psychédéliques de Roger Cowell et les photos de Sandy Fleming, et surtout il permet de se souvenir de ou de découvrir Felt sur scène. Autrement dit, une musique très belle et très élaborée, fabriquée sans frime, et un groupe qui communique peu avec le public : Gary Ainge ne regarde que sa batterie, Marco Thomas laisse sa guitare prendre le peu de lumière qui lui est accordé, Martin Duffy a gardé son manteau de cuir, comme s'il était pressé de partir après le concert. Seuls Phil King et Lawrence bougent un peu. Phil King, avec sa basse, ses cheveux longs et son pantalon de cuir, a une aura de star. Lawrence, en chemisette, se cache derrière sa frange et mâche son chewing-gum en ne donnant pas vraiment l'impression d'avoir envie d'être là...
Je savais que j'avais vu Felt en concert à Londres dans un bâtiment universitaire. Avant de savoir que le DVD datait de février j'étais tout de suite allé vérifier si c'était à l'ULU que je les avais vus. Non, en fait, c'est à peine deux mois plus tard et dans des conditions très similaires, que j'avais vu Felt au King's College, le 24 avril 1987.
La veille, avec Philippe R., nous avions choisi d'aller voir Julian Cope plutôt que Felt, qui se produisait sous le nom des Scarlet Servants dans un pub pour un concert d'échauffement, avec Momus en première partie.
Dans l'après-midi, dans une scène qui aurait pu nous faire croire que Londres est une toute petite ville, nous étions montés avec Philippe au deuxième étage du Record & Tape Exchange de Notting Hill Gate, l'étage des collectors. Il n'y avait qu'un seul client dans la boutique à notre arrivée, Lawrence (!), dans une superbe chemise colorée, plongé dans le rayon des disques années 60 de Françoise Hardy...! Le lendemain, nous devions tomber sur Dan Treacy, attablé dans un pub de Dalston pour voir le groupe qui faisait la première partie des Jasmine Minks !
Le soir du 24, toute la bande des copains de Creation était présente, dans les coulisses ou dans le public, pour ce grand concert avec trois groupes dans une grande salle londonienne.
Le premier groupe était complètement inconnu. Ils n'ont guère joué plus d'une quinzaine de minutes mais ils m'ont complètement scotché, grâce notamment à leurs trois guitares qui s'entremêlaient. Quelques jours plus tard, Philippe et moi quittions Londres avec chacun un exemplaire du premier maxi de ce groupe, sur le point de sortir chez Creation. Le dique s'appelait Shine on et le groupe The House of Love...
Les Wishing Stones leur ont succédé sur scène. Le groupe de Bill Prince poursuivait dans la lignée de The Loft, avec cependant des compositions moins fortes que celles de Peter Astor. Je crois que c'est cette fois-là aussi que suis reparti de Londres avec leur maxi New ways, offert par Jeff Barrett.
J'ai un meilleur souvenir du concert de Felt ce 24 avril que ce que je vois dans A declaration, même si mon souvenir le plus fort reste le concert de Bruxelles. Globalement, ça a dû être très proche de ce que l'on voit sur le DVD, mais avec un bien meilleur son, une meilleure image, et un choix de titres un peu différent. Il y a même eu un moment magique pendant Primitive painters, leur chef d'oeuvre hypnotique qui a clôt leur concert ce soir-là. Je m'étais un peu déplacé sur le côté de la scène, près d'une grande verrière et à un moment j'ai tourné la tête pour découvrir une lune énorme qui éclairait la City : la ville à l'extérieur semblait comme en communion avec Felt et son light-show à l'intérieur. Ou, pour citer Primitive painters, à ce moment précis la vie pouvait sembler aussi étrange qu'un complot...
A lire, Felt, beautiful losers, un historique du groupe récent, très complet et en français.