26 mars 2022
AMÉLIE MORIN : J'étais venue pour dire bonjour
Acquis chez Récup'R à Dizy le 23 décembre 2021
Réf : 6010 395 -- Édité par Philips en France en 1981
Support : 45 tours 17 cm
Titres : J'étais venue pour dire bonjour -/- Toute seule le soir
Dans la disette de l'hiver et de la période des fêtes, je me suis offert une poignée de disques à pas cher à la ressourcerie, en piochant large. Par exemple, ce 45 tours d'Amélie Morin, ça fait quarante ans que je le vois passer d'occasion sans l'acheter. Mais là, il était en bon état et à 10 centimes alors je me suis lancé sans trop de risques, et je ne regrette pas cet investissement.
Je connais et j'apprécie ce tube J'étais venue pour dire bonjour depuis sa sortie. Je me souvenais notamment avoir vu Amélie Morin l'interpréter à la télé, sur une balançoire. Ça tombe bien, c'est la seule vidéo de l'époque que j'ai trouvé d'elle. C'était dans l'émission Numéro Un - Francis Cabrel le 7 novembre 1981 :
Je l'appréciais, donc, mais pas au point d'acheter le disque. J'avais d'autres priorités en 1981, excellente année new wave au cours de laquelle j'ai acheté autant de disques que possible !
Non, ce que j'avais surtout retenu d'Amélie Morin, c'était qu'elle venait du Québec et que, sur sa pochette, elle avait des airs de Carole Laure, une Carole Laure dont, pour le coup, je suivais dans le détails la moindre des aventures avec son compère Lewis Furey !
Ce qui a probablement fait beaucoup pour le succès de J'étais venue pour dire bonjour, c'est la voix de petite fille d'Amélie Morin, une voix qui anticipe de quelques années celle de Sabine Paturel pour un tube encore plus gros, Les bêtises.
Et le contraste est intéressant, car cette petite voix contraste avec les paroles pour raconter des horreurs ("J'avais mal vu dans vos cervelles. Vous ne valez pas mieux qu'les autres. Qu'est ce qu'ils ont tous j'suis même pas belle ? On va encore dire que c'est d'ma faute s'il y a du sang sur mes dentelles. Vraiment, fallait pas vous entr'tuer pour moi.").
Ce qui m'a agréablement surpris quand j'ai écouté attentivement mon 45 tours, c'est la qualité de la production et l'originalité des arrangements. L'accompagnement est minimal, le son de la basse surprend, il y a comme des grattements de guitare et on dirait que les chœurs sont échantillonnés (déjà du Fairlight ?).
La face B, Toute seule le soir, est bien aussi. Il y est question de l'insécurité des femmes dans l'espace public ("J'aimerais sortir toute seule le soir, faut toujours qu'on me guette dans le noir"). C'est toujours d'actualité mais je me demande si ce n'était pas pire à l'époque. L'arrangement est intéressant là encore, avec des cordes cette fois. Au bout du compte, on n'est pas si loin que ça des ambiances à la Lewis Furey.
Les paroles des deux chansons écrites du point de vue d'une femme sont de Jean-Yves Luley, qui signe la musique de la face A, celle de la face B étant due à Jean-Paul Malek. Ils ont réalisé le disque ensemble.
On ne trouve quasiment rien en ligne sur le parcours de Jean-Yves Luley. Il a pourtant une discographie conséquente, avec six albums sous son nom entre 1970 et 1982. On me glisse à l'oreille qu'il y a des choses intéressantes dans ses productions sous son nom.
Pour ce qui est d'Amélie Morin, elle a sorti un deuxième album en 1982, Drôle de dream, qui n'a pas connu le même succès. Et un troisième aussi, en 2008. Parallèlement, elle a poursuivi sa carrière d'actrice, principalement de doublage pour des dessins animés, à commencer par Candy. Elle raconte son parcours dans une interview de 1996.
En tout cas, ce 45 tours m'a rendu curieux et je ne manquerai pas d'acheter les albums d'Amélie Morin si je tombe dessus à bon prix.
19 mars 2022
THE COASTERS : Besame mucho
Offert par Philippe R. à Saint Nazaire le 25 février 2022
Réf : 212.023 -- Édité par Atlantic en France en 1960
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Besame mucho I -- Besame mucho II -/- Run Red run -- What about us
Philippe a trouvé récemment ce superbe 45 tours dans son Emmaüs local et il a eu la grande bonté de le mettre de côté pour me l'offrir, sachant qu'il risquait fort de m'intéresser pour le blog. Il avait évidemment raison !
Déjà, la pochette est une anomalie. Quand on voyait ce disque dans un bac en magasin, il fallait se tordre le cou pour déchiffrer le nom du groupe, The Coasters, puisque c'est le titre Besame mucho qui est mis en avant en haut et à l'horizontal. Et puis, la photo, de cette pseudo-Dalida aux cheveux teints en blond avec une grosse peluche, n'a rien à voir avec le groupe.
N'étant pas totalement naïf, on se doute bien de la raison de ce choix, pas si rare à l'époque. Comme pour mon EP de Dionne Warwick, il s'agit d'éviter de trop mettre en avant des artistes à la peau sombre. Mais ce procédé n'était pas systématique. Pour le même groupe sur le même label, l'ambiance était tout autre quelques mois plus tôt, avec une photo du groupe sur la pochette du EP précédent :
Comme c'était aussi souvent le cas pour les 45 tours quatre titres français, celui-ci regroupe les faces A et B de deux singles américains des Coasters. On n'a ici aucun de leurs grands succès ou classiques (Yakety yak, Charlie Brown, Poison ivy, Along came Jones, Little Egypt, Love potion n° 9,...), mais l'ensemble est quand même de très haute tenue.
Besame mucho fait partie de ces scies qui me plaisent bien, quelle que soit la version. J'en connais surtout des interprétations instrumentales (dont plusieurs par Pascal Comelade, et j'ai déjà chroniqué ici celles d'Harold Smart et de Tommy Garrett), souvent du domaine de l'easy listening, mais j'aime aussi les versions chantées.
Il y a deux versions sur le 45 tours des Coasters, l'une chantée et l'autre principalement instrumentale, numérotées 1 et 2. Le label français a réussi l'exploit des les interchanger, mais au final, sachant que les deux versions s'enchaînent sur la même face de cet EP français, ça fait un effet intéressant, la première jouant le rôle d'une longue introduction pour la seconde.
Donc, la face A commence avec Besame mucho 1 (en fait, la 2 américaine), avec un groove énorme, deux types de chœurs, ceux qui font "Besame" en rythme dès le début et pendant toute la chanson et d'autres ensuite qui chantent un couplet ("This joy is something new, My arms they're holding you, I never knew this thrill before, Who ever thought I'd be Holding you close to me, Whispering, "It's you I adore" ?"), et surtout l'instrument principal, le saxophone, tenu par un des musiciens attitrés des Coasters, King Curtis.
L'autre version de Besame mucho est plus classique. La base instrumentale et les chœurs sont les mêmes, mais le saxophone n'intervient plus que très discrètement (surtout dans les dernières secondes) et il laisse la place à la voix de basse très très grave du chanteur principal, Will "Dub" Jones.
En face B, on trouve deux titres signés Leiber et Stoller, les deux faces du 45 tours sorti juste avant Besame mucho.
Les paroles de Run Red run sont amusantes, comme souvent avec Leiber et Stoller (Red est poursuivi par son singe apprivoisé et armé parce qu'il a triché au poker quand ils ont joué ensemble !). C'est très bien, mais la meilleure chanson du lot c'est la dernière, What about us (Et nous alors), avec un ton toujours léger, mais pour aborder un thème beaucoup plus sérieux, le fossé entre les jeunes pauvres qui s'expriment et les riches de leur âge ("Il a une voiture en daim avec une capote en cuir noir, nous si on sort pour un rencard on y va dans un carton sur nos patins à roulettes")
Ces deux titres originaux ont été inclus en 1962 sur l'album-compilation de singles Coast along with the Coasters, mais pas Besame mucho.
En tout cas, les ambiances sont variées, mais ce disque est excellent de bout en bout. Si ça vous dit de m'offrir d'autres EP des Coasters, n'hésitez pas, je suis preneur !!
Thèmes :
1950s,
1960s,
cadeau,
rhythm and blues,
vinyl
12 mars 2022
VIC CHESNUTT : Replenished - Until the led - Woodrow Wilson
Acquis par correspondance via Discogs en janvier 2022
Réf : PLRCDP011-- Edité par Pinnacle Entertainement en Angleterre en 1998 -- For promotional use only - Not for resale
Support : CD 12 cm
Titres : Replenished -- Until the led -- Woodrow Wilson
Les trois titres de ce CD promo sont extraits de l'album The salesman and Bernadette, un album que j'ai déjà chroniqué ici en 2014. Cela faisait donc au moins deux bonnes raisons de ne pas acheter ce disque.
Mais bon, je ne vais pas me priver de faire des exceptions à des règles qui sont d'autant plus souples que je me les impose à moi-même sans aucune contrainte !
Tout est parti d'une réflexion que je me suis faite. Vic Chesnutt a été très prolifique et je possède un grand nombre de ses albums (il en a sorti 14 sous son nom en solo ou en collaboration de 1990 à 2009, plus 2 albums du groupe Brute), mais je n'avais aucun single de lui.
Du coup, je suis allé vérifier sur Discogs et j'ai pu constater que, effectivement, Vic semblait préférer les albums aux singles. En fait, on ne trouve qu'un 45 tours de lui seul (à diffusion limitée, visiblement, et donc très recherché) et deux autres partagés, l'un avec Tom Leach, l'autre avec trois autres artistes d'Athens.
Pour le reste, on ne trouve que quatre singles promo. Celui-ci a l'avantage d'avoir une pochette inédite largement illustrée. Comme le vendeur autrichien qui m'a fourni le Tindersticks proposait aussi ce CD pour un prix de vente et des frais de port tout à fait corrects, j'en ai profité pour me l'offrir.
On a donc ici une sélection de trois des quatorze titres de The salesman and Bernadette, sur lequel Vic Chesnutt est accompagné par Lambchop. L'album est de toute façon excellent, mais la sélection tape bien parmi mes titres préférés.
Replenished démarre sur un coup de batterie presque surprenant, mais le tempo est moyen, avec chœurs en "Sha la la" accompagnent Vic. Il prend son temps avec deux couplets avant d'arriver au refrain et à l'accroche principale de la chanson, "It's never finished 'till the other's replenished". Les cuivres de Lambchop s'en donnent à cœur joie.
Until the led est un titre plus rapide, qui aurait fait une parfaite face A de single. C'est d'ailleurs cette chanson qui a été choisie comme titre unique d'un single promo du label américain (avec une pochette différente, également inédite) et c'est aussi elle qui a été jouée en direct à la télévision dans l'émission de Conan O'Brien (voir ci-dessous). Les paroles ont l'air à la fois cruelles et drôles.
Woodrow Wilson est une belle chanson plutôt lente, que j'aime bien. On peut penser que le label l'a sélectionnée en partie parce qu'on peut lui accoler un nom très connu, celui d'Emmylou Harris, qui interprète ici la voix remémorée de Bernadette
Cela fait plus de douze ans maintenant que Vic Chesnutt est mort.
Il y a peu d'activité du côté de sa discographie, que ce soit en matière de rééditions ou de sorties de titres inédits ou live.
Par contre, depuis 2016, le Vic Chesnutt Award a été lancé. C'est un prix doté d'une bourse financière en soutien aux auteurs-compositeurs d'Athens, la ville d'origine de Vic Chesnutt. Des ateliers sont aussi organisés. Vic le rebelle et le mouton noir aurait sûrement apprécié l'ironie : ce prix a été lancé par le Rotary Club local !
Vic Chesnutt et Lambchop, Until the led, en direct dans l'émission Late night with Conan O'Brien, le 8 janvier 1999.
Vic Chesnutt et Lambchop, Replenished, en concert en 1998 au 40 Watt Club à Athens.
Vic Chesnutt en concert le 9 janvier 1999 au Bowery Ballroom à New York, lors de la tournée avec Lambchop qui a accompagné la sortie de The salesman and Bernadette. Il interprète dix titres de l'album, dont les trois de ce CD.
04 mars 2022
PRINCE BUSTER'S ALL STARS : Al Capone
Offert par Dorian Feller à Villedommange le 12 octobre 2021
Réf : 71.125 -- Édité par Decca en France en 1967
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Al Capone -/- One step beyond
L'an dernier, Dorian Feller s'est procuré un exemplaire de ce 45 tours. Et je dois bien avouer que, quand il me l'a montré, j'ai quelque peu bavé dessus. Cela a suscité quelque étonnement pour lui, mais les deux faces de 45 tours sont des classiques pour moi, dont les années de lycéen ont été marquées par la vague ska 2 Tone (je vous rappelle que j'ai même gagné un album dans un concours Feedback de Bernard Lenoir avec une photo "ska"). Or, j'ai depuis longtemps une compilation de Prince Buster, et aussi un 45 tours, mais pas celui-là, même si j'ai déjà chroniqué ici une reprise-parasite de sa face A. La pochette précise donc bien ici qu'il s'agit de "La seule version originale de Al Capone" !
Ce disque n'est pourtant peut-être pas extrêmement rare. La preuve : Dorian en a trouvé un deuxième exemplaire quelques semaines plus tard, qu'il a très gentiment mis de côté à mon intention !
La première chose que que je note, quand je regarde la discographie des Prince Buster's All stars, c'est le nombre délirant de singles qu'ils ont sortis dans les années 1960.
Il y a un mystère aussi que je ne m'explique pas, c'est qu'Al Capone est sorti à l'origine en 1964, mais c'est en 1967 que ce titre a connu son plus grand succès en Angleterre. Je ne sais pas quel événement en particulier a relancé cette chanson à ce moment-là, mais c'est ce succès anglais qui a entraîné la sortie de cette édition française sous licence par Decca.
Quand je dis qu'on a deux classiques sur ce disque, je n'exagère pas. On a quand même ici les versions originales de deux des plus grands succès des Specials et de Madness, avec Prince Buster qui les accompagne vocalement plus comme un DJ/chauffeur de salle que comme un chanteur. En tout cas, ça me fait tout drôle de les écouter car je ne connais vraiment que les versions reprises en 1979 de ces chansons.
Il n'y a aucun doute à l'écoute, Al Capone c'est Gangsters des Specials, et c'est scandaleux que ce groupe, qui a fait beaucoup pour la musique indépendante, n'ait jamais crédité Cecil Bustamente Campbell, alias Prince Buster, pour Gangsters, même pas sur les rééditions. J'espère quand même que, par un biais ou un autre, il a touché un pourcentage des droits d'auteur de cette chanson.
Madness au moins a crédité Prince Buster pour sa reprise de One step beyond sur son deuxième 45 tours. Il faut dire que le premier 45 tours, sorti un mois plus tôt, comportait en face A un hommage à Buster, The Prince, et en face B une reprise de Madness, un autre de ses succès, qui a donné son nom au groupe !
On notera que, musicalement, les jamaïcains qui jouent sur la version originale, dont des membres des Skatalites, touchent plus leur bille que les enthousiastes londoniens.
Prince Buster est mort en 2016 à 78 ans.
Prince Buster avec les Skatalites, Al Capone, au festival Reggae Sunsplash en 1983.
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