25 mai 2024

ERIC BURDON AND THE ANIMALS : See see rider


Acquis sur le vide-grenier d'Athis le 14 septembre 2014
Réf : 071 081 -- Édité par Barclay en France en 1966
Support : 45 tours 17 cm
Titres : See see rider -- Mama told me not to come -/- Help me girl -- That ain't where it's at

J'ai vraiment fait de bonnes emplettes sur la broc d'Athis en 2014 : une vingtaine de 45 tours, un CD et même sept 78 tours. Fait exceptionnel je crois, c'est le quatrième disque des achats de ce jour-là que je chronique, après les McCoys, les Sheiks et les Four Tops. Excusez du peu !

Si je suis allé rechercher ce disque, c'est à nouveau pour Mama told me not to come. Je n'avais pas du tout prévu de me lancer dans cette aventure quand j'ai acheté J'ai bien mangé, j'ai bien bu de Patrick Topaloff, mais de toute façon je ne savais pas au moment de l'acheter qu'il y avait en face B une adaptation de la chanson de Randy Newman. Ensuite, on s'est intéressé à la première version que j'ai connue de cette chanson, celle par The Wolfgang Press en 1991. Et aujourd'hui, avec Eric Burdon, on termine le tour des versions que j'ai chez moi, et surtout on se penche sur ce qui est chronologiquement la toute première parution de cette chanson, tous territoires confondus !

Comment se fait-il qu'un titre inédit, écrit par un américain, enregistré par un anglais aux États-Unis, soit sorti d'abord sur un
45 tours en France ? Eh bien tout simplement parce que l'industrie du disque dans les années 1960 c'était parfois un beau chantier, et en plus l'année 1966 a particulièrement été chaotique pour les Animals et Eric Burdon.

On peut d'abord s'étonner que la première version n'ait pas été publiée par son auteur-compositeur, Randy Newman. Mais en fait, pendant presque toutes les années 1960 Randy Newman a surtout fourgué ses chansons à d'autres, américains ou anglais. Ce n'est qu'en 1968 qu'il a sorti son premier album comme interprète et il a attendu 1970 et 12 songs pour publier sa propre version de Mama told me not to come.

Pour Eric Burdon, la situation en 1966 c'est que le groupe The Animals se sépare officiellement en septembre. Lui continue sous le nom d'Eric Burdon and the Animals, mais le groupe qui l'accompagnera, également connu sous le nom de The New Animals, ne sera formé qu'en fin d'année. Ce qui n'empêche pas les disques de sortir, avant et après la séparation des Animals, avec des différences selon qu'ils sortent aux États-Unis chez MGM ou en Angleterre chez Decca. Sans parler des licences dans d'autres territoires comme ici avec Barclay.

Essayons de retracer l'origine des quatre titres de cet EP :
  • See see rider paraît en juin 1966 en Angleterre sur l'album des Animals Animalisms.

  • See see rider paraît en single en septembre 1966 aux États-Unis, avec She'll return it en face B. Crédité à Eric Burdon and the Animals, mais les deux titres ont été enregistrés par The Animals.

  • Decca prévoit de sortir Help me girl en single en septembre 1966 avec Mama told me not to come en face B, mais cette sortie est annulée.

  • Help me girl paraît en single en Angleterre en octobre 1966, avec See see rider en face B.

  • Help me girl paraît en single aux États-Unis en décembre 1966, avec That ain't where it's at en face B.

  • L'album Eric is here crédité à Eric Burdon and the Animals paraît aux Etats-Unis en mars 1967. Il contient Mama told me not to come, Help me girl et That ain't where it's at.

Logiquement, la première parution de Mama told me not to come aurait dû être en septembre 66 chez Decca, mais la sortie du single a été annulée, ou en mars 1967 sur l'album MGM. Mais à l'automne 1966, quand cet EP a dû paraître, Barclay avait besoin de piocher quatre titres récents dans la production d'Eric Burdon. Officiellement publiés, il y avait See see rider, She'll return it, Help me girl et That ain't where it's at. Mais Barclay avait déjà sorti She'll return it sur l'EP Outcast et l'album The Animals. C'est comme ça qu'ils ont dû sélectionner Mama told me not to come dans les bandes à leur disposition, sans savoir que ce titre était inédit.

L'écheveau étant enfin plus ou moins démêlé. On va pouvoir écouter le disque.

See see rider est une version du standard du blues parfois intitulé C.C. rider. L'arrangement est crédité au clavier des Animals Dave Rowberry et ça s'entend, car l'orgue tient une bonne place dans cette bonne version rhythm and blues, avec une batterie sèche, un riff de guitare entêtant, Burdon qui fait son truc et une partie instrumentale guitare/orgue.

Les trois autres titres sont enregistrés par Burdon avec le batteur des Animals Barry Jenkins (le seul membre du groupe à être resté avec lui) et l'orchestre d'Horace Ott. Ils sont produits par Tom Wilson, qui à cette époque a notamment travaillé avec Bob Dylan, The Mothers of Invention, Simon and Garfunkel et The Velvet Underground.

La version de Mama told me not to come, avec ses arpèges en introduction et à la fin, sonne bien 1966. Je l'aime bien, notamment l'arrangement de cuivres. Plutôt que celle de Newman, c'est sûrement à partir de cette version que Three Dog Night a travaillé, en exagérant les traits jusqu'à la parodie.

Help me girl est plus pop, c'est sûrement pour ça que les labels l'ont sortie en face A de single. Burdon y est moins à son aise. That ain't where it's at confirme que la face B est inférieure à la face A.

A 83 ans, Eric Burdon a un concert à son programme pour la suite de l'année 2024, ce qui n'est déjà pas si mal.
Je ne sais pas avec quelle autre série je vais enchaîner. Peut-être avec d'autres chansons de Randy Newman ? (après tout, sur Eric is here, Mama told me not to come est enchaînée avec I think it's going to rain today, une chanson interprétée notamment par Nina Simone ou UB40). A moins que je retourne piocher dans mes trouvailles d'Athis...


Eric Burdon and the Animals, See see rider, en direct en 1967 dans l'émission de la télévision allemande Beat-Club.


Eric Burdon and the Animals, See see rider. Un montage vidéo sur la version du disque.

18 mai 2024

THE WOLFGANG PRESS : Mama told me not to come


Acquis probablement à la Petite Boutique Primitive à Reims vers 1991
Réf : bad 1007 cd -- Édité par 4AD en Angleterre en 1991
Support : CD 12 cm
Titres : Mama told me not to come -- Mama told me not to come (Bad boy mix) -- Summer time

Or donc, comme on l'a vu la semaine dernière, la face B du 45 tours de Patrick Topaloff est une adaptation en français de Mama told me not to come, une chanson dont l'auteur est Randy Newman. On n'avait pas le 45 tours à la maison à l'époque en 1971 et la première fois que j'ai entendue cette face B, c'est récemment quand j'ai fini par l'acheter.
Et la première fois que j'ai écouté une version de Mama told me not to come, je crois bien que c'est au tout début des années 1990, avec cette autre reprise par The Wolfgang Press, extraite de leur album Queer, le seul du groupe auquel j'ai eu l'occasion de m'intéresser. J'en avais passé des extraits dans mon émission Vivonzeureux! et ça doit être pour ça que j'ai acheté (pas cher) les deux singles extraits de l'album quand on les a mis en vente à la Petite Boutique Primitive.
A ce moment de son parcours, The Wolfgang Press, l'un des piliers du label 4AD, était déjà bien loin de ses débuts très sombres. Et même, Queer aurait été marqué par l'impact de l'excellent 3 feet high and rising de De La Soul. A tel point que, lorsqu'il a été question de sortir Queer aux États-Unis, il a fallu supprimer des échantillons piqués ça et là sur des disques et ré-enregistrer certaines parties pour respecter la législation américaine de l'époque et éviter de très coûteux procès.

A l'écoute de Mama told me not to come, je dois bien dire que ce n'est pas à De La Soul que j'ai pensé d'emblée. On est plutôt en plein dans l'ambiance baggy/indie dance qui faisait fureur et qui dominait toute la production anglaise. Une impression confirmée par le Bad boy mix réalisé par Hugo Nicolson, un compagnon de route d'Andrew Weatherall, qui a lui aussi travaillé par exemple avec Primal Scream sur Screamadelica. C'est la recette habituelle, avec du rythme, de la basse et une longue version largement instrumentale.

Quelques temps après avoir acheté ce disque, j'ai emprunté et écouté l'album 12 songs que Randy Newman a sorti en 1970. C'est celui sur lequel on trouve sa version de Mama told me not to come. A l'époque, l'album m'avait paru mou du genou et ennuyeux. Aujourd'hui, je trouve cette Mama plus enlevée et plus agréable que dans mon souvenir, avec la guitare slide de Ry Cooder qui répond au piano de Newman.
Pour les paroles, c'est un peu Sur le pont de Nantes en moins tragique. Un jeune gars un peu coincé se retrouve dans une grosse chouille, avec de l'alcool, de la fumée d'herbe qui fait rire, du bruit, de la musique forte dans une pièce où on ne respire pas, et même la maîtresse de maison qui est dans les vapes au sol; sur le refrain, il se dit que "Maman m'avait bien dit de ne pas y aller".

L'autre face B du CD de Wolfgang Press, Summer time, est un nouveau mix du titre de l'album Question of time. Trois autres mixages avaient déjà été publiés sur le précédent single Time. J'aime bien le côté un peu Kraftwerk des parties instrumentales de cette version.



11 mai 2024

PATRICK TOPALOFF : J'ai bien mangé, j'ai bien bu


Acquis chez Récup'R à Dizy le 19 avril 2024
Réf : CF 18 -- Édité par Flèche en France en 1971
Support : 45 tours 17 cm
Titres : J'ai bien mangé, j'ai bien bu -/- Maman viens me chercher

Cette fois, je crois qu'on a vraiment passé un cap cette année et je doute de trouver suffisamment de disques en 2024 pour produire une sélection de Mes grandes trouvailles de chine (chine s'entendant par "disque acheté d'occasion sans savoir d'avance qu'on pourrait le trouver, et c'est encore mieux quand on n'en connaissait même pas l'existence avant de commencer à fouiller".
Dans les Emmaüs près de chez moi, ça fait déjà un bon moment qu'il n'y a plus beaucoup de disques, et ceux qui restent sont vendus beaucoup plus cher qu'avant. Pour les vide-grenier, j'y pars maintenant en sachant qu'il y a de bonnes chances de revenir bredouille, et cette année la météo n'aide pas, alors je n'en ai quasiment fait aucun. Le dernier endroit où je trouvais régulièrement des disques ces dernières années, c'était la ressourcerie, mais le rayon disques se tarit pour tous les formats de semaine en semaine, et ne se renouvelle pas avec le temps.
La bonne preuve de tout ça, c'est qu'on est en mai et que c'est le premier disque chiné dans l'année que je chronique. Un 45 tours trouvé justement à la ressourcerie, avec un Michel Polnareff et un Martin Circus. On fait avec ce qu'on a, c'est toujours mieux que rien. Au moins ce disque à 10 centimes est en bon état et, tout le monde s'en fout mais c'est sûrement le premier pressage, en BIEM, les suivants étant tamponnés SACEM.

Au tournant des années 1970, Patrick Topaloff était un animateur radio d'Europe 1 comique et célèbre quand il a commencé à bricoler dans le cinéma. C'est Claude François qui l'a orienté vers la chanson en le signant sur son label Flèche. Son premier 45 tours, Qu'i m'énerv', était une reprise d'une chanson de Lee Hazlewood Mike Hazlewood.

Apparemment, Carlos avait été initialement pressenti pour chanter la face A de ce deuxième 45 tours. Cette chanson lui aurait parfaitement convenu. Tout le monde souligne que Claude François ne s'est pas foulé pour composer la musique, qui serait basée sur une comptine populaire, mais personne ne cite le titre ou les paroles de cette comptine.
J'avais huit ans quand J'ai bien mangé, j'ai bien bu est paru, et je crois que je mangeais déjà à la cantine. Autant dire que, avec mon frère et ma sœur, on entonnait "J'ai bien mangé, j'ai bien bu, j'ai la peau du ventre bien tendue, merci petit Jésus" à la moindre occasion. Et souvent on se faisait reprendre par ma Maman qui n'aimait pas cette chanson. On sortait à peine de la guerre du Biafra et de sa famine et les images des enfants au ventre ballonné par la faim étaient partout.
Au moins, elle aurait pu se réjouir qu'on ne prête aucune attention aux paroles des couplets, en particulier le vers "Ma petite sœur Thérèse qui rit quand elle me cueille des fraises", que nous étions trop jeunes pour corriger de nous mêmes...!

J'ai été surpris en regardant le dos la pochette de voir que la face B, Maman viens me chercher, est signée R. Newman. Avec ce titre, j'ai tout de suite pensé qu'il devait s'agir d'une adaptation en français du Mama told me not to come de Randy Newman. C'est bien le cas, et c'est même une version calquée sur la version que je ne connaissais pas par Three Dog Night, qui a été un succès en 1970. L'adaptation est assez fidèle, sauf que le narrateur est joué ici façon efféminée, assez typique de l'humour de l'époque, mais ce n'était pas dans la version originale. En tout cas, on constate que, à cette époque, Claude François ne s'intéressait pas qu'au répertoire de Motown.

Voilà pour ma première chronique de disque chiné en 2024. Attention, si la disette se confirme, je ne m'interdis pas de plonger plus avant dans la discographie de Topaloff. Certes, je crois que je n'ai pas (encore) Ali be good, mais j'adore Où est ma ch'mise grise avec Sim et j'ai même Le couple idéal en duo avec André Verchuren...!


Patrick Topaloff, J'ai bien mangé, j'ai bien bu, en direct le 13 avril 1971 dans l'émission Les étoiles de la chanson.


Patrick Topaloff, J'ai bien mangé, j'ai bien bu, avec la participation de Thierry Le Luron il me semble.

Patrick Topaloff, J'ai bien mangé, j'ai bien bu, avec Zanini cette fois.

04 mai 2024

JONA LEWIE : Hallelujah Europa


Acquis je ne sais plus trop où ni comment ni quand mais pas au prix fort - Peut-être bien quand même chez Gilda à Paris
Réf : 423453 -- Édité par New Rose en France en 1993
Support : CD 12 cm
Titres : Hallelujah Europa (LP mix) -- Hallelujah Europa (African mix) -- You will always find me in the kitchen at parties (Chill down mix) -- Hallelujah Europa (Political mix)

J'avais déjà sorti ce disque pour le chroniquer quand est arrivée l'annonce d'un nouvel album de Jona Lewie. Ostensiblement, il s'agit de marquer un demi-siècle de carrière discographique du sieur John Lewis, né en 1947. Son premier disque avec Brett Marvin and the Thunderbolts date de 1970, son tube Seaside shuffle avec Terry Dactyl and the Dinosaurs est sorti pour la première fois en 1971, il faut croire donc que c'est la sortie du premier disque sous le nom de Jona Lewie, Piggy back Sue, qui a été prise comme repère temporel.
Pour ce qui est de l'élasticité du temps, Jona Lewie est un as et cette annonce a été une surprise. En effet, mis à l'abri du besoin grâce aux droits d'auteur de ses tubes du début des années 1980, principalement Stop the cavalry, Jona profite de sa liberté et passe pas mal de temps à jouer de son piano et à bidouiller en studio. Et le temps passe vite : le nouveau Are you free Tuesday ? n'est que son troisième album depuis 1982, et le précédent était sorti il y a plus de trente ans, en 1993 !
Jona Lewie est par ailleurs minutieux et obstiné quand il s'agit de sa musique, comme son ancien patron de label chez Stiff Dave Robinson, le confiait au Guardian en 2015 : Jona est un vieux schnock passionné, attachant et talentueux. Il a des enregistrements plein d'idées et il n'en abandonne jamais aucune. Il m'a récemment fait écouté des idées pour un nouvel album. Je lui ai dit : "Jona, ce sont les mêmes chansons que celles que j'ai refusées il y a 35 ans."
Dans un petit mot glissé au dos de la compilation Gatecrasher en 1980, Jona expliquait qu'il n'est jamais parfaitement content de ce qu'il fait et il s'excusait d'avoir pris plusieurs années pour enregistrer suffisamment pour que cet album sorte.

L'histoire de la chanson qui nous intéresse aujourd'hui, Hallelujah Europa, illustre parfaitement cet aspect de la personnalité de Jona Lewie. Mon disque, un CD single extrait de l'album Optimistic (les deux disques n'ont été publiés qu'en France, en 1993) va nous permettre de retracer les aventures de cette chanson depuis 49 ans. Pas mal, on y est presque, à ce demi-siècle...!

Nous sommes en 1975 et Jona Lewie est signé sur le label Sonet, chez qui il a déjà sorti deux 45 tours. Toujours selon les notes de pochette de Gatecrasher, on apprend que l'hymne composé par Jona Lewie a été refusé par le comité de sélection des chansons pour le concours de l'Eurovision. Quelle erreur ! Jona Lewie y chante pourtant les louanges de cette grande aventure commune, en multipliant, sciemment je pense, les clichés : les tours Eiffel et les tours de Pise, l'herbe verte d'Irlande et la blanche neige de Suisse, les belles filles de Copenhague. Il glisse au passage que "si on l'aime elle ne nous laissera pas tomber" et qu'il croit qu'il commence vraiment à craquer pour elle. Il y avait de quoi rivaliser avec Ding-a-dong et Save your kisses for me, les vainqueurs du concours en 1975 et 1976.
Pour l'occasion, Jona Lewie a enregistré une première version d'Hallelujah Europa, en deux parties. Elle sort de façon confidentielle en 1976 sur un maxi uniquement promotionnel. Après les succès chez Stiff, Sonet l'inclut en 1980 sur la compilation Gatecrasher et la commercialise en single (sorti en Angleterre et en Allemagne).
Pour distinguer cette version, on repérera les percussions vers le début, qui sonnent assez bizarrement indiennes. Il y a aussi des touches d'accordéon, et un pont avec l'exclamation "We don't need a visa", qui rime avec le vers précédent "towers of Pisa". La deuxième partie est en grande partie instrumentale, mais il y a quelques mentions d'autres lieux de l'Europe qui sont ajoutées vers la fin.

Entre les deux publications de la première version, Jona Lewie avait signé chez Stiff fin 1977 et publié son premier album On the other hand there's a fist en 1978. C'est là qu'on trouve la deuxième version d'Hallelujah Europa. Celle-ci se démarque par sa boite à rythmes basique d'orgue automatique, présente tout du long.
Stiff avait prévu de la sortir en single en Angleterre, avec un autre extrait de l'album, Police trap, en face B. Ça ne s'est pas fait, mais ce single a bien été publié en Allemagne, en Espagne, au Portugal et en Australie. La chanson est aussi en face B de God bless whoever made you aux États-Unis. C'est cette version aussi qu'on a retrouvé en 2016 pour en face B de la réédition pour le Record Store Day de You'll always find me in the kitchen at parties.

Comme il l'explique lui-même (dans un article de 2015 où il annonce travailler sur l'album qui vient de sortir...!), Jona Lewie a passé les années 1980 et 1990 à digérer le succès de Stop the cavalry. Il a quand même pendant cette période sorti en 1993 un troisième album, Optimistic, mais ce fut une publication très confidentielle, sortie uniquement en France chez New Rose. Un beau coup pour l'excellent label français, mais pas le meilleur moyen de revenir sur le devant de la scène (ce qui est peut-être justement ce que Jona Lewie voulait éviter...!).
C'est là qu'on peut entendre la troisième version d'Hallelujah Europa. En plus de l'accordéon, on y entend de la cornemuse, de la mandoline et peut-être bien du bouzouki, et même du yodel. Et surtout, il y a sur le refrain ce que cet hymne réclamait depuis le début : une chorale d'enfants élèves de l'école primaire Julian's de Londres.
New Rose a publié ce CD single extrait de l'album et une vidéo a même été tournée (mais je ne peux pas l'intégrer ici, alors il faut suivre ce lien pour la voir).
Deux remixes d'Hallelujah Europa figurent parmi les faces B. On sent que la vague house/dance music était passée par là avec l'African mix par Leigh Gorman (ex-Adam and the Ants et Bow Wow Wow) et Jona Lewie . Il est percussif et principalement instrumental, avec quand même des bouts de voix glissés ça et là, et la cornemuse aussi bien sûr. Le Political mix par Bonus Track (?) garde la trame de la version de l'album et la chorale mais supprime une bonne partie du chant de Jona Lewie.
Le quatrième titre est un remix dance de l'excellent tube You'll always find me in the kitchen at parties par Harri Kakouli, l'ancien bassiste de Squeeze.

J'ai été passablement excité quand j'ai vu qu'on trouvait dans la liste des titres d'Are you free Tuesday ? une chanson intitulée Europa. Quelle coordination ! : Jona sort une quatrième version au moment pile où je m'apprête à chroniquer la troisième, me suis-je dit. Je dois bien avouer que j'ai été un peu déçu : 31 ans après, Jona Lewie a recyclé dans ce "nouvel" album la plupart des meilleures chansons d'Optimistic : Catchy lady, I will take the furniture, but leave you with the French au pair, Feel optimistic guru, et Hallelujah Europa, donc !!
Il y a eu un peu de bidouillage en plus, mais c'est bien le même enregistrement que la troisième version, avec la chorale. Et pareil avec le titre suivant, Travel, qui s'avère être l'African mix. Dave Robinson avait mille fois raison !
J'aime bien la chanson et elle n'a jamais eu le succès qu'elle mérite, mais il y a vraiment une occasion ratée avec cette version 2024. En effet, les précédentes versions sont toujours arrivées à des moments clés de l'histoire mouvementée du Royaume Uni avec l'Europe. Celles des années 1970 sont venues peu de temps après l'adhésion, qui avait fait l'objet de longs débats. En 1993 pour la troisième version, on était juste après l'ère Thatcher et au moment de la difficile ratification du traité de Maastricht. En 2024, le Brexit est une réalité et il faut à nouveau un visa ou presque pour voyager entre le Royaume Uni et l'Union Européenne. C'était l'occasion ou jamais pour Jona Lewie de d'actualiser son hymne pour chanter fort son soutien à une Europe unie.