28 mars 2012
CONGO RHYTHM
Acquis chez Emmaüs à Tours-sur-Marne le 24 mars 2012
Réf : 7 EMF 291 -- Edité par La Voix de son Maître en France vers 1962
Support : 45 tours 17 cm
Titres : L'ENSEMBLE FRANCO-VICKY-ESSOUS : Alliance mode succès -- DE WAYON accompagné par FRANCO-ESSOUS : Tongo se elangisa -/- VICKY ET L'ORCHESTRE O.K. JAZZ : Nakolela mama azonga -- Ah bolingo pasi
En allant samedi chez Emmaüs à Tours, je me disais que ça faisait bien longtemps, au moins un an, que je n'y avais pas trouvé de disque vraiment intéressant. En fait, les archives du blog montrent que ça fait bien plus longtemps que ça puisque que le dernier disque chroniqué en provenant a été acheté il y a plus de trois ans. Et encore, ce 45 tours des Halfbreeds était intéressant, mais pas renversant.
Je ne nourrissais donc pas de grands espoirs en arrivant, même si j'ai d'emblée trouvé deux CD de Peter Tosh à 1 €, d'autant qu'un coup d'oeil rapide au rayon des vinyls m'a appris qu'il n'y avait visiblement pas eu de gros arrivage de disques depuis mon dernier passage au coeur de l'hiver.
J'ai quand même, par acquis de conscience, passé très rapidement en revue les différents bacs de disques, et bien m'en a pris puisqu'à un moment mes yeux ont attrapé au vol la mention "Congo" sur une pochette. Mes doigts étaient déjà quatre ou cinq disques plus loin. Je suis revenu en arrière. Plein d'excitation, j'ai sorti la pochette de ce disque dont je venais de découvrir le recto et, comme elle était décollée sur un côté, je me suis retrouvé avec dans les mains le disque lui-même, sur lequel j'ai tout de suite vu le nom de l'Orchestre O.K. Jazz. Sentiments contradictoires : pendant un instant j'étais tout content d'avoir trouvé ce 45 tours, et en même temps je pestais car j'avais l'impression que le disque et la pochette ne correspondaient pas. Un quart de seconde de plus, le temps de retourner la pochette, et j'étais rassuré...
Il faut savoir que, avec Philippe R., ça fait bien deux ans qu'on bave sur les pochettes des éditions françaises années soixante des disques de Franco, telles qu'on les voit sur les blogs où en illustration des sons mis en ligne sur YouTube. Evidemment, on rêvait de de tomber un jour sur un de ces disques d'occasion, sur un vide-grenier ou dans un dépôt-vente, tout en sachant que ces disques avaient dû être peu distribués en France métropolitaine. Mais certains coups de chance espérés finissent par arriver et là j'ai presque sauté de joie !
Ce disque est le quatrième édité par La Voix de Son Maître/Pathé Marconi en France, après trois numéros d'une série "O.K. Jazz". Mon exemplaire a dû être intialement vendu, si j'en crois le tampon au dos, par le magasin La Radio Africaine à Dakar, tenu par C. Bernardot, en 1962.
Les enregistrements ont été initialement publiés en 78 tours au Congo par le label Loningisa et ils font partie (ça rajoute bien sûr à l'intérêt de ce disque) des tous premiers disques de Franco et de ses différents acolytes de l'O.K. Jazz.
La chronologie de l'orchestre, celle de ses débuts en particulier, est plutôt compliquée. Retenons que le groupe a été officiellement lancé sous ce nom à l'O.K. Bar le 6 juin 1956 et que, dès le 27 décembre de cette année-là, plusieurs membres importants l'ont quitté pour rejoindre le label concurrent Esengo puis fonder le groupe Rock-A-Mambo. Parmi eux, on compte Essous (décédé en 2009) et Rossignol. La face A de mon EP correspond à un 78 tours sorti en décembre 1956, avec donc la première formation de l'O.K. Jazz. La seconde formation est lancée dès le 31 décembre 1956 et c'est elle qui a enregistré (en 1957 je crois bien) les deux titres de la face B du EP.
Quelle que soit la formation, le résultat est excellent !!! La grande différence avec les enregistrements ultérieurs de Franco sur 33 tours, c'est que, comme l'explique le Dr Kazadi wa Mukuna dans les notes de pochette du CD Originalité, l'introduction de la guitare électrique dans la musique congolaise moderne était alors toute récente et, combinée avec la durée limitée à trois minutes d'une face de 78 tours, elle empêche ici les musiciens de se lancer dans des improvisations. Cependant, les chansons comptent déjà des interludes instrumentaux assez longs.
Deux des titres présentés ici sont des rumbas. Sur Alliance mode succès, qui compte notamment une énumération de prénoms féminins, le style Franco est déjà bien en place. La guitare électrique et les cuivres ont la vedette, ensemble ou séparément, et on imagine bien justement les longues parties instrumentales qui auraient pu compléter cette chanson sur un 33 tours. Cette chanson a été incluse sur la compilation Rumba on the river.
L'autre rumba, Nakolela mama azonga, est encore plus enlevée si c'est possible. Il y a une basse très marquée, et aussi de la guitare électrique et des cuivres, bien sûr. Ce titre a été repris en CD sur Merveilles du passé vol. 1.
Tongo se elangisa, un boléro, pâlit peut-être un peu en comparaison des autres titres présentés ici, mais d'aucuns se contenteraient d'une chanson de cette qualité !
Ah bolingo pasi, repris en 1999 sur le CD Originalité, a été enregistré avec des joueurs de cuivres sénégalais de passage. Le titre est affiché comme un
Cha cha cha mais je dois avouer que je n'arrive pas à reconnaître à l'écoute le rythme de cette danse si populaire à l'époque. Ce qui me marque surtout et me réjouit, c'est la ligne rythmique aussi originale qu'intéressante, lancée par les cuivres vite renforcés par une contrebasse énorme. C'est inouï et suprêmement dansant. Et si je cherchais un son à échantillonner, j'y jetterais une oreille attentive...
En conclusion de ce billet, j'ai une pensée pour Kasongo Musanga qui s'était lancé dans l'aventure d'un blog, Franco et TPOK Jazz Restored, blog que j'avais eu l'occasion de consulter lors de mon précédent billet sur Franco il y a deux ans. Kasongo est mort il y a un an dans un accident de voiture.
J'y ajoute un salut à Clément Ossinonde, dont les nombreux articles parus sur CongoOne m'ont fourni les principales informations sur l'histoire de l'Orchestre O.K. Jazz.
24 mars 2012
THE BAPTIST GENERALS : Void touching faster victuals
Acquis par correspondance via Amazon aux Etats-Unis en mars 2012
Réf : SPCD 609 -- Edité par Sub Pop aux Etats-Unis en2002
Support : CD 12 cm
Titres : Going back song -- Jim's head -- Fucked up life -- Unimaginative
Les Baptist Generals font partie de ces nombreux artistes américains qui trouvent plus de soutien en Europe que chez eux, chez les Hollandais (Munich Records) ou les allemands (Glitterhouse) notamment. Dans la même catégorie, rock/folk/country lo-fi ou non, on trouve Steve Westfield, Ramsay Midwood, Johnny Dowd, mais aussi Bobby Bare Jr, Lambchop, Vic Chesnutt, Howe Gelb même et plein d'autres.
Dog, leur premier EP, est sorti aux Etats-Unis chez Quarter Park en 2000. En Europe, Munich en a fait un vrai premier album en y ajoutant six titres. Le deuxième album, No silver/no gold est sorti en 2002, toujours chez Munich et Glitterhouse en Europe, mais il a aussi eu droit à une sortie aux Etats-Unis en 2003, chez Sup Pop s'il vous plait. C'est pour annoncer l'arrivée prochaine de l'album que Sub Pop a diffusé fin 2002 Void touching faster victuals, un EP au titre intriguant : "Void", c'est sûrement un "Avoid" qui a perdu son "A", mais j'ai du mal à comprendre le "faster" associé à "victuals".
Going back song est l'une des nombreuses excellentes chansons de No silver/no gold (disponible en téléchargement gratuit chez Sub Pop). Plutôt lente, assez poignante, au son brut comme il se doit (le groupe a l'habitude d'enregistrer dans une boutique ou un garage, dans les conditions du direct), associant sons électriques et acoustiques, l'ensemble étant rythmé par la guitare acoustique du chanteur et meneur du groupe Chris Flemmons.
Les trois autres titres ne sont disponibles que sur ce disque. C'est Jim's head surtout qui m'a donné envie d'investir dans ce CD. En effet, Dog s'ouvrait sur 2/3rds Jim's head, un titre d'1'20. Les 2/3 se rapportent non pas à la tête de Jim, qui est bel et bien complète même si elle est détachée du corps de Jim qui s'est pris des barbelés à moto à plus de 150 à l'heure (en l'air, la tête se surprend à entonner des chants religieux...), mais à la chanson elle-même qui est coupée avant la fin par l'aboiement d'un chien (celui du titre et/ou de la pochette ?). Cette fois-là, ça se passe assez calmement. Quelqu'un dit "Stop it" et la chanson s'arrête aux deux-tiers. Par contre Ay distress, le titre d'ouverture de No silver/no gold, s'interrompt lui aussi avant la fin (ça ne peut pas être un hasard s'ils ont aussi mis en premier) avec le téléphone portable de Jim qui se met à sonner (il avait oublié de le laisser dans l'appartement). Et là, comme il l'expliquait à Munich Records dans une interview au moment de la sortie du disque, il se met dans une rage incontrôlée et se jette plusieurs fois contre une porte en métal. Ils ont gardé la prise car ils n'ont pas réussi à faire aussi bien dans leurs autres tentatives...
On a donc ici pour la première fois une version complète de Jim's head. L'intro instrumentale sonne bien, mais le chant est vraiment saturé et crasseux. Dommage car Chris fait des wou-wou et des ah-ah à la Frank Black qu'il n'y a pas sur Dog. la chanson fait 2'50, on pourrait donc dire qu'on a plus de 4/3 de Jim's head !
Les deux autres titres sont tout aussi bruts de décoffrage. Le meilleur est sans conteste Fucked up life, une chronique familiale poignante et désespérée, un titre qui aurait mérité d'être sur un album. Unimaginative est un cran en dessous, mais n'est pas mal quand même.
Etant donné que leur dernier disque est sorti il y a presque dix ans, j'ai été surpris de voir que Wikipedia parle du groupe au présent. Et effectivement, The Baptist Generals existe toujours. Depuis quelques années, le groupe a pris une option plus acoustique. Comme Chris Flemmons l'explique dans une interview au Dallas Observer, ils ont essayé plusieurs fois d'enregistrer un successeur à No silver/no gold, mais le résultat ne leur convenait pas. Ça devrait changer en 2012 : Chris Flemmons s'est retiré de la direction du festival 35 Denton qu'il a fondé il y a quelques années, et le groupe vient de passer une semaine à enregistrer un album annoncé pour le début de l'été.
Going back song en concert le 9 mars 2007 au Denton Center for the Visual Arts.
22 mars 2012
JONATHAN RICHMAN : Having a party with Jonathan Richman
Acquis probablement à Reims en 1991
Réf : ROUNDER CD 9026 -- Edité par Rounder aux Etats-Unis en 1991
Support : CD 12 cm
12 titres
Mardi 27 mars à La Cartonnerie, Jonathan Richman, accompagné du batteur/percussioniste Tom Larkins, se produira à Reims pour la troisième fois. Contrairement aux deux fois précédentes où j'étais du côté de l'organisation, je pourrai savourer ce concert en simple spectateur.
La première fois, c'était le 13 juin 1985 dans la salle des mariages de la Maison Commune du Chemin Vert (j'en parle un peu ici et là).
Pour le deuxième concert, il y a pile vingt ans le 19 mars 1992, c'était une affaire plutôt simple et légère, puisque pendant cette période, assez courte au bout du compte, Jonathan tournait tout seul.
Avec la fine équipe de Radio Primitive, nous avions réservé le centre culturel saint-Exupéry. Côté technique, il fallait une sono la plus petite possible pour la voix et la seule exigence dans le contrat était de fournir un ampli de guitare Fender Twin Reverb. Un copain nous en a trouvé un mais, manque de bol, la réverb avec son ressort ne fonctionnait pas. J'en ai été quitte pour un aller-retour une soirée à Châlons afin que le fer à souder magique de mon frère fasse son office.
Le concert en lui-même, je n'ai pas dû l'apprécier pleinement, avec le stress de l'organisateur. J'ai le souvenir d'une salle un peu froide, mais je me trompe sûrement. En tout cas, ça ne ressort pas dans le compte-rendu du concert signé Dominique Berthéas dans le journal L'Union, que vous pouvez lire ci-dessous après les deux annonces publiées dans le même journal.
Quand Jonathan Richman a joué à Reims en 1992, son dernier album en date était ce Having a party with Jonathan Richman et, autant que je m'en souvienne, il a joué ce soir-là une bonne partie de cet album, dont notamment Monologue about Bermuda (Le titre de Trenet dont il est question dans l'article, chanté tout à la fin du concert, est Coin de rue, j'en suis à peu près certain).
Ce disque est un peu bizarre. Il n'y a aucun de crédit de musiciens, contrairement à l'habitude, mais Jonathan n'est pas en solo complet pour autant. Des enregistrements ont eu lieu en concert dans quatre lieux différents mais au moins les deux-tiers du disque sont enregistrés en studio, probablement dans les conditions du direct. Le disque s'appelle Faisons la fête avec Jonathan Richman mais, sans être lugubre du tout, il est moins festif que le suivant, I, Jonathan.
La meilleure présentation du disque est probablement fournie par l'artiste lui-même dans les notes de pochette : "Une fois de temps en temps, un disque sort qui représente un tel changement de style pour un chanteur qu'une explication est nécessaire. Ce disque n'en fait pas partie. Autant que je sache, le style de chant, les mélodies et les paroles ont très proches de ce que j'ai fait ces dix dernières années. Alors si vous avez aimé cela, vous aimerez ceci."
En fait, les fidèles de Jonathan Richman auront sûrement compris depuis longtemps que ses albums, une fois tous les un, deux, trois ou quatre ans, ne lui servent qu'à chroniquer ponctuellement la création de ses chansons et que l'interprétation unique qu'ils fixent n'a pas plus d'importance que celle qu'il donne sur scène 150 à 200 soirs par an dans le monde entier.
Comme le titre l'indique, ce disque est bien à placer sous le signe de la fête, avec notamment d'excellents morceaux rock 'n' roll comme Capuccino Bar (en concert, rythmé par les claquements de main du public), They're not trying on the dancefloor (en studio, avec des percussions) et Our swingin' pad (avec un groupe au complet : basse ou guitarron, deuxième guitare, choeurs, claquements de mains), mais le thème du couple est aussi largement abordé, dès l'ouverture avec The girl stands up to me now (comme en écho à Since she started to ride, qui ouvrait l'album précédent Jonathan goes country),She doesn't laugh at my jokes (un rock'n'roll sur l'humour avec des mots d'origine française, une rime sur Freud et "Dude", et des mentions de Jean-Luc Godard et Albert Camus), Just for fun, qui sera réenregistré en espagnol sur ¡Jonathan, te vas a emocionar!, et l'hilarant When I say wife, enregistré en public, un des grands moments du disque et peut-être l'une de mes chansons préférées sur le mariage :
"Je dis "ma femme" car je n'ai pas trouvé d'autre terme pour notre situation
Mais "ma femme" ça sonne comme "crédit immobilier",
"ma femme" ça sent le linge à laver
Je dis "ma femme" car je n'ai pas trouvé d'autre terme pour notre ménage
Mais "ma femme" ça sonne comme "crédit immobilier",
"ma femme" ça sent la berline familiale
La déclaration d'impôts arrive et je coche "marié" car je sais ce qu'ils attendent
Mais je vous dis que je suis juste une personne, tout comme auparavant
Je dis "ma femme", parce que si on disait "ma maîtresse" tous les jours, on serait vite épuisé
Mais "ma femme" ça sonne comme "crédit immobilier", "ma femme" ça sent la corbeille de linge sale
La déclaration d'impôts arrive, je coche "marié", un artifice technique
Mais je vous dis que je ne suis pas marié, je ne suis pas célibataire, je suis juste moi
Je dis "ma femme" parce que ça coupe court à toute conversation sur notre situation
Mais "ma femme" ça sonne comme "crédit immobilier",
"ma femme" ça sent le linge à laver".
Si 1963 est un poème récité (Je vais vivre à la campagne car l'ambiance me rappelle celle des villes en 1963, une année qui ne reviendra certainement pas), When I say wife est une vraie chanson, même si son accompagnement est minimal au possible. La preuve, c'est que j'en ai trouvé trois reprises sur YouTube, par
Pat Vecchione, le groupe de reprises The Modern Ovens et ma préférée par John et Liz, qui ont tenu à montrer lors de leur fête de mariage qu'ils savaient dans quoi ils se lançaient, et qui s'en sortent très bien.
L'autre grand moment du disque, également enregistré en public (c'était à cette période un temps fort de ses concerts), c'est le Monologue about Bermuda. : Jonathan commence à interpréter Down in Bermuda, une des chansons de l'album Rockin' and romance, s'arrête quand il mentionne combien il était coincé à l'époque où il a visité Les Bermudes et revient pour la première fois sur disque sur les Modern Lovers première période pour se moquer, citation de She cracked à l'appui, de ce groupe qui avait de beaux instruments pour jouer une musique monotone et expliquer que le début de la fin pour eux est intervenu quand il a vu jouer The Bermuda Strollers, des "vieux de quarante ans" on ne peut plus cool. C'est drôle et impeccablement exécuté.
Les autres chansons du disque sont très bonnes, de My career as a homewrecker, dont le thème peut rappeler The neighbors sans être quand même de ce niveau, à When she kisses me, que Jonathan a réenregistré sur l'album Surrender to Jonathan (et que The School s'apprête à reprendre sur son nouveau disque), en passant par At night ("that's when I get my bright ideas", avec une deuxième guitare, de la batterie et des choeurs).
Having a party n'est peut-être pas le disque auquel on pense en premier si on cherche à lister les albums les plus marquants de Jonathan Richman, mais il est divertissant et d'excellente tenue. D'ailleurs, Al Brown chez Sound Blab le tient pour un classique oublié.
Having a party with Jonathan Richman est toujours distribué par Rounder. On peut facilement le commander en neuf.
Habituellement, je ne mets pas ici de vidéo où il n'y a que le son, mais le gars qui a mis Just for fun sur YouTube a choisi pour l'illustrer une des photos que Marc Roger a faite lors du concert à Reims le 13 juin 1985. Ça mérite bien une exception.
Thèmes :
1990s,
cd,
concert,
jonathan richman,
rencontre
18 mars 2012
DEVO : E-Z listening disc
Acquis par correspondance probablement chez Cheap CDs aux Etats-Unis à la fin des années 1990
Réf : RCD 20031 -- Edité par Rykodisc aux Etats-Unis en 1987
Support : CD 12 cm
19 titres
Quand j'ai acheté un exemplaire du pressage américain du Shout de Devo le 28 novembre 1987 en même temps que l'album de Fred Schneider, j'ai eu droit à l'intérieur à une feuille de pub pour les produits 1984-1985 du Club Devo, (T-shirts, poster, dome d'énergie, lunettes 3-D...), dont les volumes 1 et 2 de leurs cassettes E-Z listening.
J'ai dû noter cette offre, mais je n'y ai guère prêté attention : mon intérêt pour les productions de Devo allait s'amenuisant au fil du temps, je n'avais aucune intention de commander quoi que ce soit dans la liste, surtout trois ans après, et puis je n'avais pas compris que l'E-Z listening désignait l'easy listening et la muzak.
Par contre, une dizaine d'années plus tard, quand j'ai commencé à naviguer sur internet et que j'ai découvert l'existence des CD inédits par ailleurs sortis par Ryko (Hardcore vol. 2, Live : The Mongoloid years et celui-ci), je me suis senti beaucoup plus concerné et je les ai tous commandés.
Donc, ce CD E-Z listening disc, sorti à l'origine en 1987 (mon exemplaire, avec un code-barres au dos, doit être une réimpression des années 1990), compile les deux cassettes Volume 1 et Volume 2 diffusées respectivement en 1981 et 1984, à l'exception de l'une des deux versions de Shout qui a sauté, probablement pour que tout puisse tenir sur un seul CD.
Je ne sais pas exactement quel était l'objectif poursuivi par Devo en enregistrant ces cassettes, mais je peux essayer de deviner. C'était probablement le même que lorsqu'ils faisaient leur propre première partie en tant que Dove (The band of love), pseudo-groupe de rock chrétien : s'amuser, se décaler de la norme, surprendre.
Le problème avec l'E-Z listening disc, c'est que Devo a un peu trop bien réussi son coup et produit avec ces versions à 99% instrumentales de la vraie soupe pour ascenseur ou lounge bar, allant de la sauce jazzy à l'électronique façon Jean-Jacques Perrey. C'est volontairement mou et au bout du compte aucune des versions proposées ici n'est indispensable. C'est surtout vrai des grands classiques du groupe, peut-être les plus défigurés (Satisfaction reprend même le riff original des Rolling Stones !), et les titres qui s'en sortent le mieux, surtout issus de la cassette de 1984, sont les meilleures chansons des albums sous-estimés New traditionalists et Oh, no ! It's Devo, Time out for fun, Jerkin' back and forth, It's a beautiful world et Goin' under, auxquelles j'ajouterais juste Space junk.
Ce CD n'est plus distribué et les exemplaires d'occasion se vendent parfois à des prix prohibitifs. De nombreux extraits du disque sont en écoute sur YouTube et on peut télécharger les deux cassettes chez I'm learning to Share !.
13 mars 2012
LEONARD COHEN : Winter Lady
Acquis d'occasion dans la Marne dans les années 2000
Réf : CBS 7684 -- Edité par CBS en France en 1971
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Winter Lady -- Sisters of Mercy -/- The stranger song
Pour fêter la parution de son nouvel album Old ideas, Mojo, dans son édition datée de mars 2012, a mis Leonard Cohen sur sa couverture et a fait reprendre l'intégralité de son premier album Songs of Leonard Cohen (et même plus) par divers artistes sur le CD qui l'accompagne. Il y a du beau monde là-dessus, de Palace Songs (le seul titre pas inédit) à Bill Callahan, en passant par Cass McCombs, Marc Ribot, et plein de jeunes talents. A l'écoute, il y a des choses bonnes, intéressantes ou agréables sur ce disque, mais comme souvent avec ce genre de compilation, le principal effet qu'elle a eu sur moi, c'est de me donner envie d'aller réécouter les versions originales !
J'aurais pu chroniquer tout l'album, que j'ai depuis une vingtaine d'années, ou même le 45 tours original français de Suzanne, que j'ai eu la chance d'acheter neuf et en soldes pas plus tard que l'an dernier (!), mais mon choix s'est finalement porté sur ce 45 tours où l'on retrouve trois titres (sur dix) du premier album de Leonard Cohen. Il a été publié en 1971, l'année du troisième album Songs of love and hate et près de quatre ans après la sortie du premier, tout simplement parce que ces trois chansons ont été incluses dans le film John Mc Cabe (Mac Cabe and Mrs. Miller en VO) de Robert Altman.
CBS a été la première des grandes maisons de disques à concentrer et unifier sa production européenne (hors Royaume-Uni) : tous leurs disques étaient fabriqués en Hollande et distribués à l'identique sur tout le continent. Mais au tout début des années 1970, ce n'était pas encore le cas et, dans le cas des 45 tours de Leonard Cohen, les pochettes et le choix des titres changeaient d'un pays à l'autre. Pour celui-ci, le titre principal est Winter Lady en France, mais c'est Sisters of Mercy en Angleterre tandis qu'en Allemagne c'est The stranger song (et le disque n'a que deux titres).
Quand j'ai appris que John Mc Cabe est un western qui se déroule au début du XXe siècle, j'ai eu du mal à saisir le rapport possible entre les chansons de Leonard Cohen des années 1960 et le film (que je n'ai pas vu). Mais, après avoir lu le synopsis du film, où il est question d'étrangers à la ville, de parieurs et de bordel, et les paroles des chansons sélectionnées, je comprends mieux comment celles-ci peuvent s'insérer en contrepoint du récit.
Selon Wikipedia, si Cohen s'est retrouvé à signer la musique du film, ce n'est pas dû au fait qu'il a été tourné au Canada mais tout simplement parce qu'Altman avait adoré l'album et a contacté directement Cohen pour le lui proposer. Dans l'article de Mojo, on apprend que le groupe américain Kaleidoscope (avec David Lindley) a contribué à six des titres de The songs of Leonard Cohen (dont les trois de ce disque) et que certaines des pistes instrumentales qu'ils ont enregistrées ont été incluses dans la musique du film.
Il y a une bonne moitié de très grandes réussites sur The songs of Leonard Cohen, mais Winter Lady n'en fait pas vraiment partie à mon sens. Certes, dans sa version de 1994 Will Oldham en fait quelque chose de bien à lui, grâce à son chant notamment, mais la version de Cohen, très folky, est lisse et s'oublie très vite dès qu'arrivent les titre suivants (The stranger song, Sisters of Mercy, So long, Marianne et Hey, that's no way to say goodbye, quand même, sacrée concurrence !).
Sisters of Mercy, par contre, est bel et bien l'un des monuments de la chanson écrits par Cohen. Quand je l'ai connue et appréciée pour la première fois, j'étais tout content d'avoir compris et traduit le titre (Les Soeurs de la Miséricorde). Sauf que, bien sûr, il n'y est pas question de religieuses. Loin de casser le charme, Cohen a sûrement encore renforcé l'attrait de la chanson en expliquant dans les notes de pochette de son Greatest hits en 1975 qu'il l'avait écrite en quelques heures une nuit d'hiver dans sa chambre d'hôtel à Edmonton, inspiré par Barbara et Lorraine, deux auto-stoppeuses qu'il hébergeait pour la nuit et qui dormaient sur le canapé. Une très belle chanson de désir et d'amour (platonique, pour une fois chez Cohen), qui démarre avec juste de la guitare, comme quand Cohen devait la jouer seul en scène, jusqu'à ce que surgisse de nulle part une valse de fête foraine qui vient l'accompagner.
Le CD de Mojo a aussi eu le mérite de me faire mieux apprécier encore The stranger song. C'est une chanson qui fonctionne très bien avec une grande économie de moyens. Il y a beaucoup de texte et c'est donc avant tout un récit, pas si loin du Bob Dylan période folk, mais apaisé. Le chant est plus rythmé que mélodieux, mais c'est impressionnant comment, simplement grâce à la façon dont il répète "I told you when I came I was a stranger", cette chanson réussit à s'insinuer dans ma tête et à y rester pendant des heures.
Pour l'anecdote notons que, de nos jours, Mc Cabe and Mrs. Miller, c'est aussi un groupe fondé par Victor Krummenacher de Camper Van Beethoven et Alison Faith Levy (The Sippy Cups, The Loud Family).
Thèmes :
1960s,
1970s,
leonard cohen,
vidéo,
vinyl
11 mars 2012
LES FRERES NUBUCK : [L'histoire du monde]
Offert par Le Vieux Mad par correspondance en décembre 2008
Réf : [sans] -- Edité par Sorry But Home Recording en France en 2008
Support : CD 12 cm
7 titres + 10 vidéos + 37 titres
La publication de Mes disques virtuels s'est accompagnée de l'addition de trois nouveaux titres au catalogue de Vivonzeureux! Records : un disque inédit de Pascal Comelade, 4 rock 'n' roll hits, une compilation de raretés de Tom Waits, Trained Gods, et une rétrospective des Frères Nubuck, L'éducation musicale.
Cette compilation sort à un moment particulier du parcours des Frères Nubuck : elle permet de faire un bilan des dix premières années de leur production discographique au moment même où le groupe se métamorphose avec une nouvelle formation et un nom raccourci, Nubuck!. Un nouvel album est attendu en 2012.
L'éducation musicale est un disque virtuel, bien sûr, mais il fait partie de la collection Available, ce qui signifie que, grâce au Vieux Mad et à son écurie Sorry But Home Recording, vous pouvez le télécharger gratuitement. Une occasion unique de découvrir le meilleur groupe français de rock du XXIe siècle !
Mais ici on s'intéresse aux disques réels, c'est pourquoi j'ai ressorti de son enveloppe (il ne tient pas dans mes étagères) ce superbe objet que Le Vieux Mad a eu la gentillesse de m'offrir fin 2008.
Grâce à une subvention bienvenue, Les Frères Nubuck ont pu se lâcher pour fabriquer ce disque et réaliser leurs rêves les plus fous. Foin de CD-R gravé sous pochette plastique comme à l'habitude, ici on droit à un vrai CD pressé, emballé dans une pochette cartonnée ouvrante en forme de cercueil.
Cet "EP deluxe" était prioritairement destiné aux professionnels et aux médias. Ce n'est déjà pas facile de faire la promotion d'un album, Chaque vivant est un mort en puissance, dont les thèmes principaux sont la maladie, la mort et l'enfer, mais je ne suis pas sûr qu'envoyer aux journalistes, tourneurs et patrons de label un cercueil, même plein d'humour, a beaucoup aidé à faire progresser la cause des Nubuck !
Côté CD, on trouve sept extraits de Chaque vivant est un mort en puissance. Le premier titre, Mes maladies, donne le ton : c'est un jerk bancal et probablement la seule chanson pop-rock au monde qui croise les thèmes de la mauvaise santé et de la surpopulation des cimetières...!!!
Le disque compte au moins trois bombes pop : le morceau-titre, L'histoire du monde, qui s'interroge sur la nostalgie et l'expérience ("Je sais bien que tout reste à faire, je sais bien on ferait mieux de se taire"), Jésus t'aime, où drogue et religion se mêlent ("Marche tout droit, n'oublie pas, Jésus t'aime. A chaque seringue, change de bras, t'es une reine.") et Un tour en enfer ("J'ai au moins droit à une photo de l'enfer, que je puisse l'envoyer par la poste à ma mère, y a des chances que j'y pourrisse en enfer car j'ai pas pleuré pour la mort de Drucker").
Parmi les autres titres, on compte une valse malsaine au banjo,Du goudron et des plumes. Pour le final, avec Mon hublot, on prend de la hauteur et on quitte l'enfer et même la terre, au son du violoncelle et avec des choeurs. On ne termine pas sur une note gaie pour autant, puisque le dernier son du du disque est celui d'un électrocardiogramme qui s'aplatit, définitivement...
Une moitié d'un excellent album et une superbe pochette, c'est déjà beaucoup pour un simple EP, mais celui-ci comporte en plus une partie multimédia, et là c'est carrément la fête !
Côté vidéo, il y a un clip pour Jésus t'aime, mais aussi neuf titres inédits, sept enregistrés en direct en studio en août 2007 lors de la Goodmorning Twist session, et deux autres en public (dont L'éducation musicale, ci-dessous) à L'Auditorium de Valence en février 2008.
Côté juke-box MP3, il y a le reste de Chaque vivant est un mort en puissance, une bonne moitié de Chez les nudistes et une bonne partie de la compilation de reprises Home // Fame, sortie pour les dix ans du label Sorry But Home Recording, dont, ne cachons pas notre plaisir, celle de la chanson Le débonnaire des Frères Nubuck par votre serviteur...
Quelques exemplaires de ce magnifique disque, collector suprême, sont en vente chez Sorry But au prix cassé de 8 €, port compris. Une occasion immanquable !
La compilation virtuelle L'éducation musicale est en téléchargement gratuit chez Vivonzeureux!.
10 mars 2012
COUSIN JOE : I'm Cousin Joe from New Orleans
Acquis auprès de "M. Beatnik" sur le vide-grenier du Jard à Epernay le 2 octobre 2011
Réf : 2C006-98934 -- Edité par EMI en France en 1977
Support : 45 tours 17 cm
Titres : I'm Cousin Joe from New Orleans -/- Barefoot boy
Après le Bill Black's Combo, voici le deuxième des trois 45 tours que j'ai achetés à "M. Beatnik" l'automne dernier. Je n'avais absolument jamais entendu parler du Cousin Joe (comme j'avais eu l'occasion de l'écrire ici l'an dernier), mais le fait qu'il se présente comme étant originaire de La Nouvelle Orléans, ça m'a largement suffi comme carte de visite. Ça, plus la photo de pochette, qui n'est pas très belle mais qui nous le montre tout content et quasiment en train de danser à son piano. En scrutant bien, on devine que le Cousin a de la bouteille, et effectivement il avait 70 ans quand ce disque est sorti en France. Son vrai nom, c'est Pleasant Joseph, et pour ma part, si j'avais été doté d'une telle association prénom-nom je n'aurais surtout pas pris la peine de m'affubler d'un pseudonyme.
Guitariste, pianiste, chanteur, le Cousin Joe a démarré sa carrière professionnelle dans les années 1920, plutôt dans le blues mais, installé quelques années à New-York dans les années 1940, c'est surtout en tant que chanteur de jazz dans le septet de Mezz Mezzrow et Sidney Bechet qu'il est connu. A partir des années 1960, revenu à La Nouvelle Orléans, où il joue notamment avec l'orchestre de Dave Bartholomew, il tourne régulièrement en Europe. En 1964, il est à l'affiche avec Sister Rosetta Tharpe et Muddy Waters du Blues and Gospel train, filmé à Manchester le 7 mai. L'an dernier sur YouTube, les images de Sister Rosetta interprétant Trouble in mind nous ont ravis, Philippe R. et moi. C'est Pleasant Joe qui vient s'installer dans le rocking chair. Il venait d'interpréter son Fried chicken blues.
En 1971, c'est en France à Toulouse qu'il enregistre son album Bad luck blues, répouté pour être l'un de ses meilleurs. Plus tard dans les années 1970, il enregistre plusieurs disques pour le label Big Bear à l'occasion de tournées en Angleterre, à commencer par l'album Gospel-wailing jazz-playing rock'n'rolling soul-shouting tap-dancing bluesman from New Orleans en 1974, dont le titre à rallonge détaille le CV de Cousin Joe. Mon 45 tours est l'édition française d'un single anglais de 1976, mais la face B est un extrait de cet album de 1974.
I'm Cousin Joe from New Orleans est encore un titre où Pleasant se décrit : "Watching me strut my stuff, watching me good enough, I'm hotter than a plate of red beans, 'cause I'm Cousin Joe from New Orleans". Avec piano, choeurs et cuivres, le son est typique de ce qu'on connait de la Nouvelle Orléans, de Fats Domino à Allen Toussaint. En face B, Barefoot boy est un blues, qui démarre surtout au piano mais qui compte ensuite d'excellents solos de guitare.
Au bout du compte, ce disque est plus sympathique que renversant, mais en commençant à m'intéresser à l'histoire de Cousin Joe, je ne pensais pas remonter aussi loin dans le temps et je n'imaginais pas qu'il avait travaillé avec autant de grandes figures du jazz et du blues. Il est d'ailleurs à noter que, avec Big Bill Broonzy, dont j'ai justement acheté un album le même jour, Cousin Joe est l'un des rares bluesmen à avoir publié une autobiographie, Cousin Joe: Blues From New Orleans, publiée par The University of Chicago Press en 1987, soit deux ans avant la mort de Pleasant Joseph.
03 mars 2012
THE OXFORD AMERICAN : Thirteenth annual Southern music issue
Acquis par correspondance chez Oxford American aux Etats-Unis en janvier 2012
Réf : N° 75 -- Edité par Oxford American aux Etats-Unis en 2011
Support : 196 pages 28 cm + CD 12 cm
38 + 27 titres
J'avais repéré le magazine Oxford American une première fois en 2007 grâce à un billet de Living In Stereo. Présentement, je n'arrive pas à remettre la main sur le billet d'un autre blog qui, fin 2011, m'a annoncé la sortie du tout dernier numéro de cette revue, mais toujours est-il que, après avoir vu la superbe couverture avec Chester Burnett qui hurle sur un fond rouge et après avoir découvert que la chose était livrée avec un CD rempli jusqu'à la gueule, j'ai su tout de suite qu'il fallait que je me la procure.
Oxford American est une revue éditée par une structure à but non lucratif, hébergée sur le campus de l'université de Central Arkansas. On voit pas trop ce genre d'association par chez nous... C'est une revue littéraire qui accueille des écrivains, des universitaires et des journalistes pour des numéros thématiques sur tous les aspects de la culture du Sud des Etats-Unis. Et, comme le titre l'indique, OA dédie chaque année l'un de ses numéros entièrement à la musique, avec un CD (deux parfois) pour l'accompagner. Celui de 2011 est entièrement consacré au Mississippi et je l'ai engouffré et m'en suis délecté autant que si on m'avait servi un plat de côtes de porc grillées au barbecue à la mode de là-bas.
Côté textes, il y plein de choses intéressantes, avec des vedettes comme Peter Guralnick (l'article sur Howlin' Wolf, la plus grande découverte de Sam Phillips ?, déjà publié au moins en partie je crois dans Feel like going home) et Nick Hornby (un Top 5 d'une page), des connaissances comme LD Beghtol (sur l'appel de la côtelette, justement) mais aussi des textes intéressants, par exemple sur les rapports des écrivains Eudora Welty et Barry Hannah avec la musique.
Les deux-tiers du magazine portent sur les 27 artistes qu'on trouve sur le CD, et là encore c'est une joie : au lieu d'avoir droit à seulement quelques lignes de notes de pochette, on a à chaque fois à au moins deux pages d'un vrai article, et c'est tant mieux car si, dans le lot, il y a quelques célébrités (Howlin' Wolf , donc, Bo Diddley avec un excellent titre de 1955 resté inédit à l'époque, Guitar Slim, Charles Wright & the Watts 103rd Street Rhythm Brass Band), la plupart de ces gens, qui ont tous un rapport avec le Mississippi, m'étaient complètement inconnus.
La plus belle histoire d'entre toutes, c'est sûrement celle des International Sweethearts of Rhythm, qui font la couverture du CD. A l'origine, en 1937, le groupe est constitué uniquement de jeunes filles élèves d'une école très stricte, qui tournent en bus dans tous les Etats-Unis. Le succès vient, mais les élèves se sentent exploitées et à un moment, elles fuguent littéralement (avec le bus !) et poursuivent leur carrière indépendamment de l'école, ce qui ne fut pas toujours facile. Un groupe entièrement composé de jeunes femmes, ce n'était déjà pas courant dans les années quarante, mais quand elles osent associer une blanche à des noires, ça chauffe, notamment lors des concerts dans le Sud...
Le CD couvre de nombreux genres musicaux et 80% du vingtième siècle, des années 1920 à 1990. Ça ne l'empêche pas d'être excellent et passionnant de bout en bout.
Une fois de plus, je me surprend à réellement apprécier des enregistrements de 1928, le folk endiablé (quasiment une gigue) de Carter Brothers and Sons et l'ode à son chien (Old dog Blue) de Jim Jackson.
Au gré des pistes, on se ballade du folk-blues (Mattie Delaney en 1930, Henry Green) à la country (Ernie Chaffin) en passant par le rockabilly (Travis Wammack) et le rhythm & blues (Harold Dofman, Jimmy Donley et Leon Bass avec l'excellent Love-a-rama). Il y a plusieurs bons titres funky, de The Golden Nugget (Gospel train, du gospel à la sauce Diddley), Ruby Andrews et surtout Syl Johnson, qui, comme d'autres, a été sauvé de la misère par les samples des rappers.
Je ne vous parle pas du jazz et de la musique contemporaine, également représentés, mais on a droit à un groupe entre les Shaggs et les Calamités, The Riviaires, à du bon post-punk entre Delta 5 et Au-Pairs avec The Germans, et même à un excellent titre de The Hilltops dans la lignée de R.E.M..
L'album se termine en beauté avec une reprise du Biloxi de Jesse Winchester par Ted Hawkins. Ça date de 1994, sur l'album The next hundred years (Hawkins, lui, est mort dans les mois suivant sa la sortie du disque) et ça m'évoque un autre Sudiste, Vic Chesnutt, surtout lorsqu'il était accompagné par le groupe de Sudistes Lambchop.
Cerise sur la gâteau, Oxford American est un magazine où même les publicités sont intéressantes. Elles vous font voyager et surtout, du Robert Johnson Life & legacy tour au Country music highway en passant par l'Arkansas Delta music trail, elles révèlent à quel point une industrie touristique s'est développée autour du passé musical du Sud.
Certains articles sont en accès libre en ligne ici et là. La revue est en vente ici et les autres numéros spéciaux sur la musique là. Des titres complémentaires à ceux du CD sont disponibles ici et là.
01 mars 2012
THE SMITHS : Reel around the fountain
Acquis avec le n° 15 de Jamming! à Londres vers septembre 1983
Réf : Page 3 -- Edité par Rough Trade en Angleterre en 1983
Support : Impression papier 20,5 x 14,5 cm
Titres : Reel around the fountain -/- Jeane
Le week-end dernier, en faisant du rangement, j'ai eu à déplacer une pile de vieux magazines anglais, parmi lesquels le n°15 de Jamming!, un des deux seuls que j'ai jamais acheté de ce fanzine devenu magazine vendu en kiosque.
Ce numéro-là, c'est clair que je l'avais acheté pour sa couverture avec Elvis Costello, que je m'apprêtais à voir en concert pour la deuxième fois, le 24 octobre 1983 à l'Hammersmith Palais.En feuilletant le magazine, c'est sur une publicité pour le deuxième single de The Smiths que mes yeux se sont arrêtés.
Il y a de nombreux cas de disques dont la parution a été annulée au dernier moment, pour une raison ou pour une autre, parfois même après que des échantillons test-pressings ont été diffusés aux médias. Pour ma part, je crois que je n'ai qu'un seul disque de ce genre, le maxi inédit d'Upside down de The Jesus and Mary Chain.
Rough Trade a diffusé des 45 tours test-pressings (sans pochette) de Reel around the fountain avant d'annuler la sortie du disque au dernier moment. Ils avaient une très bonne raison pour le faire : les Smiths venaient de composer une nouvelle chanson, This charming man, et le label a pensé, à raison, tout le monde ou presque doit être d'accord, que ça ferait une meilleure face A.
This charming man a été très vite enregistré et est sorti quelques semaines plus tard, avec le même n° de catalogue que celui initialement prévu (RT 136), mais ce qui est fascinant, c'est de découvrir que, comme le prouve cette publicité, la photo de Jean Marais tirée du film Orphée de Jean Cocteau qui est éternellement associée à This charming man avait initialement été choisie par Morrissey pour illustrer une autre chanson !
Ce disque ne figure pas au catalogue de Vivonzeureux Records et ne compte donc pas parmi Mes disques virtuels, mais il rentre quand même parfaitement dans cette catégorie.
Connaissant le culte que leurs fans vouent aux Smiths, il n'est pas surprenant de constater qu'un petit cercle d'entre eux a pris la peine de reconstituer, sur le blog Extra track (and a tacky badge), ce 45 tours resté virtuel.
On peut y entendre la version inédite de Reel around the fountain prévue pour ce single, produite par Troy Tate lors des sessions rejetées pour le premier album. Elle est donc différente de celle qu'on trouve sur l'album The Smiths et de celle enregistrée lors d'une Peel session, ma préférée, reprise sur Hatful of hollow.
En face B, on trouve Jeane, dans la version sortie en face B de This charming man. Excellente chanson, et sans contexte le seul gros manque de la compilation Hatful of hollow. Peut-être parce que la version enregistrée avec Sandie Shaw est encore meilleure, mais probablement plutôt parce que cet enregistrement est issu des sessions Troy Tate.
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