30 décembre 2018

SENIOR MODEL : Praxis


Acquis par correspondance chez Bandcamp le 21 décembre 2018
Réf : [Sans] -- Édité par Senior Model via Bandcamp en 2018
Support : 8 x fichier MP3
8 titres

S'il y a une chose que je suis bien content d'avoir faite en 2018, c'est de contribuer à rendre possible la sortie en CD de l'album Easy listening (not) de Family Fodder, que j'avais apprécié tout au long de l'année 2017 après sa sortie initiale en numérique sous le nom de Senior Model. Une édition sans budget de promotion ni contrat de distribution ni contacts dans les milieux spécialisés, donc sans trop d'écho public, mais elle a au moins le mérite d'exister.
Senior Model, c'est l'identité utilisée par Alig Fodder sur Bandcamp pour diffuser tout un tas d'enregistrements les plus variés, dont certains finissent éventuellement par sortir sous le nom de Family Fodder. En mars dernier, il y avait eu  par exemple le "one man trio" jazzy rigolo de Piano bar.
Tout récemment est paru ce Praxis, un album huit titres associant chansons anciennes et nouvelles, rares ou inédites.
L'album s'ouvre avec une très belle et très calme chanson, The songlines. Cet enregistrement est paru originellement sur Unsampled en 1994, la première sortie sur Alligator Discs, un label créé par Alig qui a publié trois disques à cette époque. Sur cette compilation, une petite moitié des chansons était créditée à Vox Humana, les autres l'étant à Johnny Human (alias Alig) et à divers autres artistes. The songlines était crédité à Gail Tao, chanteuse principale et co-auteur de la chanson. Ici, c'est le même accompagnement musical discret, mais c'est Alig qui chante.
On trouve sur Praxis deux autres extraits d'Unsampled, mais dans des versions identiques : Black light, black noise de Vox Humana, chanté par l'acteur Bill Jongeneel Brand, et une reprise façon "barber shop quartet" du Sunny afternoon des Kinks par Fishermen's Friends.
Parmi les titres qui me semblent précédemment inédits, il y a Full fathom five, une de ces chansons à l'accordéon assez typique des productions d'Alig sous le nom de Johnny Human, et Whatever, le titre le plus électrique du lot, qui aurait pu être la face A d'un excellent single de n'importe laquelle des incarnations de Family Fodder ces quarante dernières années.
Les trois derniers titres sont la droite ligne de ceux d'Easy listening (not). Gramvousa est inspirée par les griffons, les vautours fauves de ces îles de Crète. On tourne et on plane dans les airs en l'écoutant.
You just gotta move se veut le thème principal d'un film de Pedro Almodovar portant ce titre. Un thème très dansant construit en partie sur des souvenirs qu'on partage tous, à base de Louie Louie, Hang on Sloopy ou de Je t'aime (moi non plus).
L'album se clôt plus calmement, avec Lady Jesus Christ, une chanson qui aurait été parfaitement d'actualité mardi dernier, puisque les paroles sont librement adaptées du poème A Christmas carol (plus connu sous le titre In the bleak midwinter) de Christina Rossetti.
Praxis est une preuve supplémentaire de la qualité et de la variété du travail d'Alig. Vous pouvez vous procurer cet album en ligne et, si ça vous dit, il reste aussi quelques exemplaires du CD d'Easy listening (not).


26 décembre 2018

HANK LOCKLIN : Please help me, I'm falling


Acquis chez Sue Ryder Care à Walthamstow le 19 janvier 2018
Réf : 45-RCA 1188 -- Édité par RCA en Angeterre en 1960
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Please help me, I'm falling -/- My old home town

Lors d'un week-end à Londres en début d'année, j'ai acheté une poignée de 45 tours à 50 pence dans cette boutique caritative du nord de Londres. Il y avait dans le lot un Duane Eddy de la même année et un Fats Domino qui ont dû avoir précédemment le même propriétaire.
Il semble bien que j'ai un faible pour les Hank en country : Hank Williams, Hank Snow, Hank Thompson et Hank Locklin, donc. peut-être parce qu'ils sont tous plus ou moins issus de la veine honky tonk du genre, une garantie de chansons et d'arrangements basiques susceptibles de plaire aux oreilles élevées au rock 'n' roll.
Il ne faut pas se leurrer, les disques qui se retrouvent dans ce style de boutique cinquante ans plus tard ne sont pas des raretés le plus souvent. Au contraire, ce sont les disques les plus populaires et les mieux vendus. C'est bien le cas ici avec ce 45 tours de 1960 de Hank Locklin, qui est tout bonnement son plus grand succès dans une longue carrière discographique qui couvre les années 1949 à 1977.
Menée par le piano, Please help me, I'm falling est une chanson toute simple, mais efficace. "S'il te plait aide-moi, je suis en train de tomber... amoureux de toi". Mais c'est pas bien car il "appartient à une autre dont les bras sont devenus froids" mais il lui a juré fidélité alors c'est le drame :
Je ne serai jamais libre ma chérie mais quand je suis avec toi
Je sais que je perds ma volonté de rester fidèle 
S'il te plaît aide-moi je suis en train de tomber et ce serait un péché
Ferme la porte à la tentation, ne me laisse pas entrer
Aïe aïe aïe ! Je ne sais  pas si c'est en raison du nombre de maris et d'épouses torturés par la tentation de l'infidélité qui se sont retrouvés dans cette chanson, mais toujours est-il que le succès de ce 45 tours a été immense.
Quelques mois plus tard, les auteurs de la chanson, Don Robertson et Hal Blair, ont écrit avec la chanteuse Skeeter Davis une chanson en réponse, sur la même musique, qui prolonge le drame puisque la femme aimée subit les mêmes affres : (I can't help you) I'm falling too ! Joli coup en tout cas, puisque ce fut un autre succès.
La face B, My old home town, est dans la même veine, mais plus enlevée. Ce côté rétro convient bien à cette période des fêtes, il me semble, et les passages successifs de Hank et Skeeter dans l'émission Grand Ole Opry en 1962 valent leur pesant de cacahuètes :


Hank Locklin, Please help me, I'm falling, dans l'émission Pet Milk Grand Ole Opry en 1962.


Skeeter Davis, (I can't help you) I'm falling too, dans l'émission Pet Milk Grand Ole Opry le 26 février 1962.

22 décembre 2018

THE RAMBLERS DANCE BAND : The hit sound of The Ramblers Dance Band


Acquis chez Hervé L. à Épernay le 8 décembre 2018
Réf : 258.075 (WAPS 25) -- Édité par Decca en France en 1973
Support : 33 tours 30 cm
13 titres

Après le Prince Nico Mbarga et le Slim Ali, je chronique un troisième et dernier des cinq disques acquis auprès d'Hervé au début du mois. Pour information, les deux autres disques sont intéressants également et ils auraient sûrement eu droit à leur chronique si je les avais achetés isolément. Il s'agit du maxi Africa for Africa, un disque qui fait écho au grand succès "humanitaire" We are the world de USA for Africa, avec entre autres la participation de Franco, et de l'album à visée historique Regard sur le passé de Bembeya-Jazz National sur le label guinéen Syliphone.
Avant de tomber sur cet album, je crois bien que je n'avais jamais entendu parler du Ramblers Dance Band, également connu sous le nom de Ramblers International Band. Cet orchestre a été formé au Ghana en 1961 par le saxophoniste Jerry Hansen.
Musicalement, ils jouent de la spécialité locale, le Highlife, mâtiné de soul et de musique latino-américaine, avec comme particularité d'avoir un duo de chanteurs en harmonie.
Les groupes africains devaient très souvent faire des reprises de succès rhythm and blues américains dans les soirées dansantes qu'ils animaient, mais c'est assez rare de voir cette influence soulignée par l'inclusion d'une reprise sur un album, ce qui est pourtant le cas ici avec une version d'excellente tenue du Knock on wood d'Eddie Floyd. Mais c'est une preuve de la qualité de cet album, sorti en 1968 mais mon pressage français date de 1973, que la grande majorité des douze titres originaux composés par Hansen qui accompagnent cette reprise sont bien plus intéressants.
Ekombi, qui ouvre l'album, est l'une de mes chansons préférées, à la fois douce et dansante, mais là encore, la qualité des autres titres démontre amplement la valeur de l'album, comme Ama bonsu avec ses flûtes, Onua pa, due ! avec sa basse ondulante, l'excellent Meda gbefa !, Better ni, avec son introduction style musique de film ou Ima abasi, avec son association de basse, chant et clarinette.
Pour vérifier que tout est bon sur ce disque, n'hésitez pas à écouter aussi Nyame mbere, Alome, Agyanka dabre, et Nyame ne nhyehyee.
Le succès s'étiolant à partir du milieu des années 1970, Jerry Hansen a fini par s'installer à New York. Le Highlife ayant connu un fort regain de popularité et l'intérêt pour le Ramblers Dance Band ayant été ravivé par des rééditions, l'orchestre a été ressuscité en 1990, cette fois sous la houlette de Jerry Hansen Junior.

Le disque entier est actuellement en écoute ici.

15 décembre 2018

CLUB DIMA JUKE-BOX N° 6


Acquis chez Emmaüs à Tours-sur-Marne le 8 décembre 2018
Réf : N° 6 -- Édité par Créations D.I.M.A. en France vers 1965
Support : 33 tours 17 cm
Titres : [Paul Mattei et son Orchestre] : Kiss, kiss -- [Ron & Joe and the Crew] : Ain't love grand.

Samedi dernier, je suis allé à la "grande vente de Noël" d'Emmaüs car j'avais vu dans le communiqué de presse que, pour l'occasion, les vinyls seraient de sortie. Je suis arrivé moins d'une heure après l'ouverture et j'ai été surpris de voir que le rayon était complètement désert, alors que la dernière fois c'était la cohue. Certes, il faisait froid et l'information avait été diffusée tardivement, mais j'ai compris ce qui se passait quand j'ai fini par regarder les 33 tours : ceux absolument sans intérêt étaient à 2 €, le prix habituel, mais plus de la moitié du lot, pour la plupart aussi des disques sans intérêt, était à 4 €, 7 € ou bien plus, avec, cerise sur le gâteau, une grosse étiquette blanche collée sur le devant de la pochette. Les habituels collectionneurs-revendeurs acharnés ont vite dû fuir après avoir découvert ce carnage...
Pour ma part, je me suis contenté de regarder les 45 tours. J'en ai acheté une petite poignée, des trucs sympas mais pas renversants.
Ce petit disque souple monoface glissé dans une pochette papier, diffusé par Créations D.I.M.A. (pour "Diffusion de marques"), je l'ai pris car, visiblement, ce Club DIMA juke-box, que je ne connaissais pas, servait à faire la publicité de l'apéritif sans alcool San Pellegrino Bitter et rentre tout à fait dans la thématique de mon récent livre, Vente interdite.
Il existe au moins dix volumes de cette série. Le 1 et le 9 ont été présentés par des collègues sur leur blog.
Il n'y pas d'artiste crédité sur ce disque et je ne m'attendais à rien de particulièrement intéressant lorsque je l'ai écouté. Attente confortée par l'écoute du premier titre, Kiss-kiss, un exercice de style Letkiss, agréable mais générique au possible.
Le son est pourri car c'est un disque souple qui, en plus, a pris des jetons, mais je me suis réveillé et j'ai dressé l'oreille dès les premières notes du deuxième titre, Ain't love grand. La guitare principale en intro, le sifflement, la guitare rythmique, le chant en anglais : c'est une excellente petite chanson pop. On imagine bien un chanteur yéyé genre Claude François en chanter une adaptation française au début des années 1960.
Dès mes premières recherches sur ce disque, j'ai appris que la plupart des titres du Club DIMA sont interprétés, sans qu'il soit jamais crédité, par Paul Mattei et son Orchestre. D'accord pour le premier, mais j'étais bien sûr que le second était un original anglais ou américain.
Il ne m'a pas fallu trop longtemps pour déterminer que Ain't love grand est la face B de l'unique single de Ron & Joe and the Crew, sorti en 1959. La face A était une reprise de Riot in cell block no. 9, qui a depuis été incluse sur un bon nombre de compilations de titres de cette époque.
Mais comment cette face B, qui je crois est un titre original, a-t-elle bien pu se retrouver sur un disque souple français de publicité pour San Pellegrino Bitter ? Mystère, mais le parcours éditorial de ce titre en France, pour autant que j'ai pu en partie le reconstituer, est bien compliqué.
Déjà, Riot in cell block no. 9 semble ne jamais avoir été diffusé par chez nous. Ain't love grand l'a été, mais seulement sur Top hits vol. 3, un EP de compilation de succès américains, comme ça se faisait un peu à l'époque.
Ensuite, je ne sais pas ce qui s'est passé, mais un éditeur a dû prendre cette chanson sous licence et l'a exploité sur des disques publicitaires. J'en ai identifié au moins trois en plus du Club DIMA : deux disques "durs", Twist chez le Cardinal pour les chaussures Athos à Romans et Dans le vent pour les Lunettes "Club", et un autre disque souple, pour les disques Armor des feuilles carbone Isotop !
Contrairement à la face A du 45 tours original, Ain't love grand a été très peu réédité sur des compilations (je n'en ai trouvé qu'un exemple). Alors voici du sirop pour vos étiquettes avec cette petite sucrerie pop :

Ron & Joe and the Crew : Ain't love grand.

09 décembre 2018

SLIM ALI AND THE HODI BOYS : Sweet mother


Acquis chez Hervé L. à Épernay le 1er décembre 2018
Réf : S 95003 -- Édité par Reprise en France en 1977
Support : 33 tours 30 cm
Titres : Sweet mother -- Aki special -/- Christiana -- Wayo in law

L'une de mes plus belles pioches en brocante cette année, c'est le coffret 1960/2010 : Africa - 50 years of independance - 50 ans de musique que j'ai acheté à un vendeur professionnel qui le bradait. 20 CD pour 7 €, qui dit mieux ?
Depuis, j'en écoute un CD par semaine environ, dans la voiture, en essayant d'éviter de regarder la liste des titres pendant que je conduis. Sur le premier CD que j'ai écouté, il y avait le classique Sweet mother de Prince Nico Mbarga. Quelques semaines plus tard, je repars du boulot, je mets un autre CD, et qu'est ce que j'entends ? A nouveau Sweet mother ! A l'écoute, sans point de comparaison, cette version m'a paru identique à celle que je connaissais. J'ai cru qu'il y avait eu une erreur au pressage et que le titre avait été mis par erreur à la place d'un autre, ce qui peut arriver sur un coffret de cette envergure. Mais non, une fois rentré j'ai vérifié le livret et j'ai constaté que, sur le CD 1 d'Afrique de l'Est, c'était bien une version différente de Sweet mother qui était listée, datée d'un an après la version originale et créditée à Slim Ali and the Hodi Boys.
Je n'ai pas cherché à en savoir plus sur le moment, d'autant que je n'imaginais pas que, à peine deux mois plus tard, j'allais me retrouver en possession du disque original. En effet, la semaine dernière chez Hervé, dans la même pile que le Sweet mother de Prince Nico, il y avait cet album de Slim Ali ! Je n'ai pas été complètement surpris du coup car je connaissais l'existence d'une deuxième version de la chanson, mais, tout content, j'ai bien sûr pris les deux disques.
Ce n'est qu'une fois rentré à la maison que je me suis rendu compte que, sur cet album de Slim Ali, on trouvait non seulement Sweet mother, mais aussi les trois autres titres de l'album de Prince Nico Mbarga & Rocafil Jazz !! Cerise sur le gâteau, sur l'étiquette les quatre titres sont crédités à Slim Ali et non pas à Prince Nico... Le quarté est dans le désordre, mais c'est un très bel exemple de parasitisme commercial, sorti pourtant sur un label réputé, la branche sud-africaine de Reprise. On a vu souvent ici des 45 tours tentant de cannibaliser le succès d'un disque (voir Pro Cromagnum, Big Tears and the Crocodile ou The Blocking Shoes pour quelques exemples particulièrement gratinés), mais un album entier, en-dehors des compilations en vente sur les étals des marchés par des faux Beatles, Rolling Stones ou Creedence Clearwater Revival, je crois que je n'ai jamais vu ça. D'autant qu'il s'agit d'un album studio complet qui est copié, pas juste une sélection de tubes.
En prenant bien soin de ne jamais mentionner Prince Nico, les notes de pochette au verso tentent de justifier cette appropriation en expliquant que ces chansons utilisent des rythmes originaires du Kenya et qu'il s'agissait de les ramener à la maison :
"Sweet Mother" and "Aki Special" amongst others on this album have been two of the most popular records in the history of African music. The sound that Kenya made famous, with the hard-driving Benga beat spread from Malawi to Senegal and influenced music indirectly thoughout the continent. The beat was taken and adapted in West Africa and from there it has been brought back home. The already famous Slim Ali and The Hodi Boys have now put Kenya back into this particular group of songs, have added their own distinctive sounds and present them here for your enjoyment.
Alors, qu'est-ce qu'il y a de changé par rapport au disque ?
La première chose qu'il faut noter, c'est que les Hodi Boys ont une section de cuivres, alors que les instruments à vent sont totalement absents du disque de Rocafil Jazz.
Sweet mother est très proche de la version originale, donc, mais le rythme est un peu plus rapide il me semble. D'une manière générale, sur Aki special et sur l'ensemble du disque, les rythmes sont peut-être plus dansants.
La très bonne surprise, c'est la face B. Les deux titres qui me plaisaient un peu moins sur le disque de Prince Nico sont ici de vraies réussites. Ces versions de Christiana et Wayo in law y gagnent beaucoup et constituent une face d'album vraiment prenante. Au final, je les préfère aux versions originales.
Slim Ali est donc loin d'être tout à fait un inconnu. Il a sorti en 1977 et 1978 deux albums très remarqués, You can do it et Smile, qui forment la trame de deux compilations sorties il y a quelques années chez l'excellent label Arc Music, 70s soul! et 70s pop!. Je note que le livret de 70s pop! omet complètement de mentionner l'épisode de l'album décalque de Prince Nico.
Entre les périodes où il a vécu chez lui au Kenya, Slim Ali a beaucoup exercé ses talents dans des hôtels ou des boites de nuit au Moyen Orient, à Dubai ou, aux dernières nouvelles, au Yemen. On n'a pas de nouvelles récentes de lui.
En tout cas, des copies de disques connus de cette qualité, je veux bien en trouver toutes les semaines !

L'album est intégralement en écoute chez Soul Safari.

08 décembre 2018

PRINCE NICO MBARGA & ROCAFIL JAZZ : Sweet mother


Acquis chez Hervé L. à Épernay le 1er décembre 2018
Réf : 278.159 (ASALPS 6) -- Édité par Decca en France en 1977
Support : 33 tours 30 cm
Titres : Sweet mother -- Wayo inlaw -/- Aki special -- Christiana

L'ami Hervé a eu une très bonne idée, celle d'acheter un exemplaire de mon livre Vente interdite. La semaine dernière, je suis allé chez lui pour le lui livrer et, au cours de la conversation, comme mû par un réflexe irrépressible, je me suis mis à passer en revue une petite pile de 33 tours posée contre un mur. J'y'ai vu plusieurs disques qui m'intéressaient. J'ai acheté l'an dernier à Hervé une bonne pile de disques, mais ceux-ci n'étaient pas présents alors. J'ai demandé à Hervé s'il souhaitait garder ces disques, il m'a répondu non, et la vente du livre s'est transformée en troc. Je suis reparti de chez Hervé avec cinq 33 tours africains ayant bien vécu, dont celui-ci.
Cela fait un bon paquet d'années que j'ai découvert Prince Nico Mbarga. C'était en 1982 ou 1983, chez Dorian Feller à Reims. Il avait chez lui un double album intitulé Music and rhythm que j'ai dû lui emprunter. C'était une compilation au bénéfice de World of Music, Arts and Dance, qu'on connaît surtout par son acronyme WOMAD, qui connaissait des difficultés financières au bout de deux ans d'existence. Sur ce disque, on trouvait aussi bien Peter Gabriel, David Byrne, The Beat et XTC, du domaine pop-rock-new wave qui me passionnait à l'époque, que des artistes d'un peu partout dans le monde comme Nusrat Fateh Ali Khan, Ekome, Alhaji Bai Konte and Malamini Jobate, Alhaji Ibrahim Abdulai and his Dagbamba Cultural Group et donc Prince Nico Mbarga.
J'avais enregistré mes titres préférés sur une cassette, qui doit être dans une malle au grenier mais je n'ai pas le courage d'aller la chercher, et parmi eux il y avait Sweet mother de Prince Nico. Je commençais alors tout juste à m'intéresser un peu à la musique africaine. Je m'étais laissé convaincre d'acheter les albums de King Sunny Adé and his African Beats chez Island, en partie je crois me souvenir à cause des comparaisons avec Elmore James pour la guitare slide, mais en fait je n'ai jamais beaucoup écouté ces albums. Par contre, j'ai instantanément apprécié Sweet mother, et j'ai été très déçu quand je suis tombé il y a quelques années à Épernay sur la pochette de l'album, toute seule sans disque à l'intérieur. Je me la suis fait offrir en complément d'un autre disque acheté sur le stand, mais je suis bien content, après 35 ans, d'avoir enfin mis la main sur ce disque.
Je ne m'étais jamais intéressé dans le détail au parcours de Prince Nico Mbarga. Il est né en 1950 au Nigéria d'un père camerounais et d'une mère nigériane et, entre la guerre civile au Biafra, les tracasseries administratives (musiciens De Rocafil Jazz sans papiers renvoyés au Cameroun) et une polémique quand il a dit se sentir à 70 % camerounais, cette double appartenance n'a pas été sans causer des problèmes.
Sweet mother est le premier album de Prince Nico. Il est sorti en plein milieu des années 1970 et il suffit de voir les talons des bottes de Prince Nico pour en avoir la confirmation. Ce disque a connu un succès immense grâce à sa chanson-titre. Il s'est apparemment vendu par millions d'exemplaires, sans compter les multiples copies pirates. Je ne sais pas ce qui a fait le succès de Sweet mother, l'ode d'un fils à sa mère. Le chant en anglais pidgin et le mélange de styles ont pu aider cette chanson à se diffuser dans toute l'Afrique et au-delà. Apparemment, le rythme s'apparente au Highlife de l'Afrique de l'Ouest, tandis que le jeu de guitare en picking de Prince Nico est influencé par la rumba congolaise.
Les trois autres titres de l'album sont dans la même veine. Mon préféré, et le plus connu, est Aki special. Sur la trame posée par les percussions et la basse, les guitares s'entremêlent et se répondent pendant de longues minutes et finissent par créer un effet de transe. Wayo inlaw et Christiana, peut-être un cran en-dessous, complètent l'album.
Par la suite, Prince Nico Mbarga n'a jamais eu un succès comparable. Il a pourtant exploité inlassablement le filon familial avec Good father en 1977, Le père notre pays et Family movement sur l'album du même titre en 1978 et l'album et le titre Sweet family en 1987.
Prince Nico est mort dans un accident de la circulation à 47 ans en 1997, alors qu'il s'apprêtait à repartir en tournée aux États-Unis. Alors que le moindre groupe indépendant des années 1980 se voit rééditer à tour de bras, ça en dit long sur l'état de l'industrie discographique africaine de constater que cet album important n'a, selon les informations disponibles sur Discogs, jamais été réédité officiellement en CD. Aucun coffret ni aucune compilation rétrospective n'est disponible non plus.


Une émission spéciale Prince Nico Mbarga de Black Voices sur Decibel FM, en janvier 2017.

03 décembre 2018

THIS PERFECT DAY : Simply irresistible


Acquis chez Gilda à Paris le 23 février 2017
Réf : PROMO 017-5 -- Édité par ZYX Music en Allemagne en 1996 -- For promotional use only
Support : CD 12 cm
Titres : Simply irresistible -/- It's a shame

Qu'est-ce que je peux être bête des fois !
Quand j'ai acheté ce disque, j'avais déjà bien en tête mon projet de livre Vente interdite et, assis par terre chez Gilda à regarder les CD singles bradés, j'ai dû me dire que celui-ci y aurait parfaitement sa place.
Et puis je suis rentré à la maison et, quelques temps plus tard, j'ai écouté le disque. Il ne m'a pas accroché particulièrement, alors je l'ai rangé dans une boîte et je l'ai oublié.
Le livre est paru le mois dernier et, la semaine dernière, en rangeant d'autres disques dans la même boîte, je suis retombé sur cette pochette et aussitôt j'ai su que j'avais vraiment été un imbécile de ne pas chroniquer ce disque. L'effet nigaud est parfaitement réussi, avec ce gars en tenu de fan de foot de Manchester United, bonnet compris. Avec le pansement en travers du visage et l'ovale annonçant "For promotional use only", c'est une pochette tout simplement irrésistible. C'est une honte que je ne l'ai pas reconnue d'emblée comme tel !
Mais il n'est jamais trop tard pour essayer de corriger ses erreurs, alors je chronique ce disque aujourd'hui, et il intégrera peut-être un jour une (improbable) deuxième édition du livre.
Envelopes, découvert récemment, était un groupe contenant une majorité de suédois, mais établi en Angleterre. This Perfect Day (tirent-ils leur nom de la chanson des Saints ?) était un groupe suédois établi en Suède, originaire d'une ville du nord du pays, Skelleftea. Ils ont débuté en 1987 et ont longtemps été signés sur le même label que The Wannadies. Ils ont sorti cinq albums avant de se séparer vers 2007.
Le label allemand ZYX a édité dans son pays le troisième album de This Perfect Day, Don't smile. Pour en faire la promotion, ils ont diffusé aux professionnels (sans le mettre en vente) ce CD deux titres, qui reprend les faces A des deux extraits de l'album commercialisés en single en Suède, avec une particularité intéressante, puisque la pochette est celle du single It's a shame alors que le titre mis en avant ici est Simply irresistible.
Après avoir réécouté le disque plusieurs fois, je dois bien admettre que je me suis planté non seulement en ne prenant pas en compte l'intérêt de la pochette mais aussi en dédaignant la musique après une seule écoute. Certes, il n'y a absolument rien d'exceptionnel ou d'original là-dedans, mais dans un style bien balisé de pop à guitares électriques, les deux chansons sont de bonne qualité.
Simply irrestible, avec des ingrédients similaires, est largement au niveau des meilleurs titres de Teenage Fan Club, avec une pointe d'humour bienvenue en plus. Quant à It's a shame, avec son riff accrocheur, c'est encore un cran au-dessus, un bon hymne pop qui reste en tête.
Outre l'album Don't smile, qu'on trouve encore facilement, vous pouvez vous procurer la rétrospective Setting things straight 1987-2007 si vous voulez découvrir ce groupe. Quant à moi, je vais retourner fouiller dans mes cartons, voir si je n'y découvre pas d'autres pépites négligées.




01 décembre 2018

OUI AU ROCK


Acquis chez Emmaüs à Tours-sur-Marne le 20 octobre 2018
Réf : 6114 -- Édité par Marie-Jeanne Godard/Polygram Produits Spéciaux en France en 1995 -- Hors commerce
Support : CD 12 cm
6 titres

Mine de rien, le disque publicitaire a survécu à l'âge du vinyl. A moins grande échelle, certes, mais ça fait quand même trois CD publicitaires que j'achète chez Emmaüs à Tours. Il y avait eu le Burning Spear d'Indesit il y a quelques années, qui du coup se retrouve dans mon recueil Vente interdite. Au mois d'août, j'y ai trouvé un disque au titre alléchant : Tahiti : Les rythmes du paradis. Sauf que le contenu était bien décevant, puisque ce disque qui faisait la promotion des produits de beauté Tahiti ne contenait pas des enregistrements faits à Tahiti par Gaston Guilbert, Yves Roché ou Eddie Lund, mais une compilation pop-rock dix titres qui commence par enchaîner Genesis, Texas, David Hallyday, Tears For Fears et Elton John !
Et deux mois plus tard, c'est sur ce CD associant la beauté et le rock que je suis tombé. Et, comme c'est le cas très souvent, j'ai bien du mal à essayer d'imaginer ce qui a bien pu passer par la tête des commerciaux et des spécialistes en communication publicitaire qui ont mis en place une telle promotion.
La beauté et le rock, pourquoi pas ? Mais les parfumeries Marie-Jeanne Godard, un partenariat avec NRJ et le rock, quel rapport ? Et quel est le gain recherché ? Que les "clientes" (c'est  ainsi qu'on s'adresse à elles dans le livret), séduites par cette "sélection des meilleurs hits" qui était offerte pendant un mois en septembre-octobre 1995 dans la chaîne de magasins, se mettent à achèter plus de produits de beauté ?
Je ne sais pas et, comme je le disais, ça reste un mystère pour moi.



Ce disque est donc un objet publicitaire assez classique, mais il est quand même surprenant par l'un de ces aspects : la sélection des titres. Je n'aurais pas été surpris si on avait été dans une veine de grands succès pop-rock à la manière du disque de Tahiti. Mais là, un seul des six titres, Good thing de Fine Young Cannibals, correspond à ce que l'on entend généralement sur ce genre de compilation. Pour le reste, il y a visiblement un employé de chez Polygram Projets Spéciaux qui s'est fait plaisir. Jugez-en :
Le disque s'ouvre avec Backwater de Meat Puppets. Certes, c'est le plus grand succès commercial de ce groupe, à une époque où le grunge et Nirvana lui ont ouvert des portes, mais les Meat Puppets ! Chez Marie-Jeanne Godard !
Il y a aussi un tube de Rod Stewart, mais pas D'ya think i'm sexy ou un de ses grands succès des années 1980, plutôt le très honnête Maggie May de 1972, pourtant devenu plutôt relativement obscur en 1995.
Il y a même sur ce CD un titre qui a déjà été chroniqué ici, Shake it baby de John Lee Hooker !
Les deux derniers titres sont pour le coup des classiques du rock, mais ils sont présentés ici non pas dans leur version la plus connue mais dans des prises plus rares, en session pour la radio anglaise en 1967 pour Hey Joe de Jimi Hendrix (extrait de la compilation Radio One), et sur scène en août 1987 à Oslo avec un chanteur qui fait participer le public pour Smoke on the water de Deep Purple (version de l'album Nobody's perfect).
Je ne sais pas quel a pu être l'impact de cette campagne publicitaire, mais en tout cas les parfumeries Marie-Jeanne Godard ne lui ont pas survécu très longtemps : la chaîne a été rachetée par LVMH en 1998, qui a fait disparaître l'enseigne quelques temps plus tard, au profit notamment d'une de ses autres marques, Sephora.





25 novembre 2018

BECK : Guerolito album sampler


Acquis au Record & Tape Exchange de Greenwich à Londres le 8 novembre 2018
Réf : GUEROLITO1 -- Édité par Interscope en Europe en 2005 -- For promotional use only - Not for sale
Support : CD 12 cm
Titres : Ghettochip malfunction (Hell yes) -- Shake shake tambourine -- Girl -- Heaven hammer (Missing)

Allez, encore un disque promo pour vous rappeler que Vente interdite, mon recueil de chroniques de disques dits "hors commerce", est désormais disponible.
Alors, le 8 novembre, avant le concert-hommage à Dan Treacy du soir, on s'est retrouvé un peu par hasard sur l'Île aux Chiens. De là, on a pris le tunnel piéton sous la Tamise qui mène à Greenwich et, une fois là, je n'allais pas me priver d'une visite au Music and Video Exchange, la dernière boutique de disques qui reste de cette mini-chaîne en-dehors de la maison-mère à Notting Hill Gate. Comme à mon habitude, j'ai foncé direct à la cave et j'ai pris un bon moment pour passer en revue les CD singles (1 £ les 10) et les albums CD (50 pence pièce) qui y étaient bradés. J'en suis ressorti avec 5 £ de moins dans le porte-monnaie mais plein de disques en plus dans mon sac, dont ce CD de Beck, qui servait à annoncer la sortie prochaine de son album de remixes Guerolito, avec quatre extraits de l'album et une pochette différente car elle en agrandit un détail.
En 2005, cela faisait un moment que je n'achetais plus systématiquement les disques de Beck (j'ai arrêté après Midnite vultures en 1999). J'ai quand même toujours suivi de loin son parcours, écouté ses albums quand j'en ai eu l'occasion et acheté ses disques quand je suis tombé dessus pas cher. Pour Guero, il se trouve que je suis passé complètement à côté : je pense bien ne jamais avoir écouté cet album (et encore moins les remixes de Guerolito), qui a pourtant un argument de vente intéressant, étant donné qu'il est co-produit par les Dust Brothers, avec qui Beck avait déjà travaillé sur Odelay et Midnite vultures.
En 2005, son nouveau label Interscope a vraiment exploité au maximum les productions de Beck : il y a eu Guero, trois singles officiels qui en ont été extraits (E-pro, Girl et Hell yes), des disques promo et, en toute fin d'année, Guerolito, dont certains des titres avaient déjà été diffusés sur des éditions spéciales de Guero ou en face B de single.
Habituellement, je préfère d'abord écouter les versions originales avant de découvrir les remixes et, le plus souvent, être déçu par ce que j'entends. Là, comme je n'ai qu'un disque de remixes, je les ai d'abord écoutés avant, rapidement, de les comparer à la version originale. Dans plusieurs cas, c'est la version remixée que j'ai tendance à préférer. Peut-être que depuis des années la théorie que j'ai établie est fausse, c'est peut-être tout simplement la première version entendue et appréciée que je préfère, pas spécialement la version originale par rapport à la remixée...
Le disque s'ouvre avec Ghettochip malfunction, un titre remixé par 8bit, un groupe qui se spécialise apparemment dans les sons électroniques vieille école à la Nintendo. Musicalement, c'est effectivement agréablement robotique, et ça fonctionne très bien, notamment parce que c'est tout à fait dans le style de l'âge d'or de Beck, époque Loser/Odelay. La version originale, Hell yes, est moins électronique et plus funky. Bof.
Ensuite vient Shake shake tambourine qui est un remix par Ad Rock des Beastie Boys. Là, c'est pas que c'est mauvais, mais c'est très bizarrement mixé. La musique est en avant et la voix semble cachée derrière de façon très déséquilibrée. L'effet est un peu le même dans la version originale, Black tambourine, mais ce n'est quand même pas aussi prononcé.
Le troisième titre, Girl, est remixé par Octet qui, sauf erreur de ma part, est un groupe français. C'est pas mal du tout et c'est mon titre préféré avec le premier. La version de Guero est bien aussi.
Le dernier titre, Heaven hammer, est remixé par d'autres français, Air, avec qui Beck avait déjà collaboré, dès 1998 notamment pour un remix de leur Sexy boy. C'est pas mal, et plutôt mieux que la très bossa nova version originale Missing
Au bout du compte, ces quatre extraits de Guerolito forment un disque agréable mais sans plus puisque, au mieux, j'y entends comme un écho atténué des grandes réussites du Beck des années 1990.



23 novembre 2018

ENVELOPES : Sister in love


Acquis chez St Vincent's à Dalston le 7 novembre 2018
Réf : BRILS02S - 094634215176 -- Édité par Brille en Angleterre en 2005
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Sister in love -/- The Nicotines -- It is the law (Acoustic version)

Je suis allé à Londres ce mois-ci, notamment pour assister à un événement des plus sympathiques, ...And don't the kids just love it : A celebration of the genius of Dan Treacy, un concert hommage et de soutien à Dan Treacy de Television Personalities, très diminué depuis plusieurs années suite à de gros soucis de santé. L'occasion sur scène de célébrer la quantité impressionnante de chansons d'anthologie créées par Dan, avec un groupe comprenant d'anciens membres du groupe des différentes époques et de nombreux chanteurs invités. Le spectacle était aussi dans la salle, et ça tournait un peu à la réunion des anciens combattants du Living Room. A un moment dans la soirée, je me suis rendu compte qu'il y avait dans la salle à peu près tous les participants à l'enregistrement de l'album The girl who runs the beat hotel de Biff, Bang, Pow !, à l'exception de la chanteuse Christine et des copines choristes, soit: Alan McGee, Dick Green, Dave Evans, Ken Popple, Joe Foster et Andrew Innes !
La veille, à peine arrivés à Londres et les affaires déposées à l'hôtel, on est allé faire les boutiques à Dalston. De la première qu'on a visité, je suis ressorti avec une trentaine de CD, deux livres et une poignée de 45 tours. Pas mal, sachant qu'un des livres est un roman de Julian Cope et que les CD étaient à 50 pence et qu'il y en a plein d'intéressants.
Il y avait deux-trois caisses de 33 tours, mais je les ai survolées très rapidement car visiblement c'était la daube habituelles des charity shops et je n'avais pas envie de m'encombrer de toute façon. Les 45 tours, il n'y en avait que quelques-uns dans une boite à chaussures et j'ai tout de suite vu un 45 tours Debs ! Malheureusement, la pochette était vide. Je me suis rattrapé en y glissant un autre 45 tours Debs qui était sans pochette et j'en ai trouvé un autre, complet disque et pochette mais un peu décevant, plus un David Devant (que j'ai retrouvé sur scène le lendemain pour chanter un titre de Television Personalities) et ce disque d'Envelopes. Le groupe m'était complètement inconnu, mais la pochette m'a attiré l’œil et, à 50 pence aussi, ça se tentait.
Malheureusement, ce n'est pas si souvent que ça arrive à la première écoute d'une chanson inconnue : dès les premières secondes de Sister in love, j'ai dressé l'oreille et à la fin des trente secondes d'introduction j'étais déjà accroché. Puis il y a au un break, avec une autre partie différente mais aussi intéressante, chantée/parlée ce qui fait qu'on peut la qualifier d'unique couplet, avant le refrain entêtant et répété à l'envi avant et après une autre partie instrumentale dans la lignée de l'intro. Excellent ! De la noisy pop à faire danser un The Legend! comme un fou devant la scène (il était aussi à l'affiche le lendemain), quelque chose comme, pour prendre un groupe avec des influences similaires, du Urusei Yatsura à son meilleur ou The Feelings à leur plus réjouissant.
Il y a deux titre sur la face B. The Nicotines est très brinquebalant mais aussi très bien. It is the law est une version acoustique d'un autre single du groupe, qui m'a moins plu à première écoute mais qui s'avère quand même très agréable.
Bien sûr, j'ai cherché à en savoir un peu plus sur Envelopes. Le groupe était composé de trois suédois et d'une française, Audrey Pic, qui se sont rencontrés au lycée ou à l'université. Au moment de la sortie de ce disque, ils étaient installés en Angleterre, mais ils ont donné leur premier concert à Paris en 2002 sous le nom de The Nicotines (tiens, tiens...). C'est sous ce nom aussi qu'est sorti en 2004 leur premier EP, I don't like it. Mais en 2005, quand est sorti l'album Demon, le groupe était devenu Envelopes. Sur l'album, on retrouve les quatre titres du EP de The Nicotines et les deux singles suivants, It is the law et Sister in love. Le titre de l'album serait un jeu de mots sur Démos, car le groupe le considérait comme une simple compilation de ses premiers enregistrements. Un deuxième album, Here comes the wind, est sorti en 2008, mais le groupe a dû s'arrêter assez vite ensuite.
En tout cas, Sister in love est l'une de mes découvertes les plus explosives et enthousiasmantes de l'année.





18 novembre 2018

STROMAE : Alors on danse


Acquis par correspondance via Discogs en novembre 2018
Réf : 0600753254899 -- Édité par B1 en Allemagne en 2010
Support : CD 12 cm
Titres : Alors on danse -- Alors on danse (Vidéo)

C'est ce disque que je tenais à commander et qui m'a amené à me procurer un petit lot de disques auprès d'un vendeur allemand, dont le Grandaddy dont on parlait hier.
Quand ça m'arrive, j'assume complètement le fait d'arriver après la bataille. Bien sûr, ce n'est pas le mois dernier que j'ai entendu parler pour la première fois de Stromae. J'étais conscient que ce jeune belge avait eu un énorme succès, mais j'étais persuadé que Formidable était son plus grand tube (c'est sûrement le cas) et que c'était le titre qui l'avait révélé (c'est faux, c'est Alors on danse).
Ce n'est pas non plus le mois dernier que j'ai entendu pour la première fois Alors on danse. En fait, j'ai dû souvent en entendre des bribes ces dernières années, à la radio ou dans des magasins, mais je n'ai jamais su qui était l'interprète. A chaque fois, je trouvais ça pas mal, et je pensais que c'était Gaëtan Roussel qui chantait, avec ou sans Louise Attaque. Je ne suis pas le seul à avoir trouver une analogie entre ces deux voix, Les Inrocks, par exemple, l'ont mentionnée dès 2010.
C'est bien le mois dernier par contre que, un matin en me rasant, pré-annoncé comme étant une chanson de Stromae, j'ai écouté à la radio pour la première fois attentivement et intégralement Alors on danse.



Et là, j'ai eu la confirmation que cette chanson me plaisait vraiment bien, et j'ai été impressionné par l'efficacité et l'économie de moyens de la production. Il y a la suite de notes au synthé du début qu'on entend tout au long ou presque et le son entêtant de saxophone, mais il y aussi, avec presque rien, un pouvoir d'évocation très fort : un petit rythme et un peu de synthé, le tout très minimaliste, suffisent à nous transporter en boîte avec la techno à fond ou dans une rave. Les paroles en français sont très bien aussi.
Dès ses débuts, Stromae a pris l'habitude de filmer des "leçons" pour expliquer ses méthodes de production. Avec le succès d'Alors on danse il a eu de nombreuses occasions de le faire à la télévision, en français ou en anglais, et on en trouve des témoignages sur YouTube, mais cette leçon-ci, en public, est particulièrement intéressante, car elle a été mise en ligne le 8 mai 2009, alors que le titre était sûrement déjà diffusé sur les les radios belges mais avant que le disque sorte et qu'il devienne un tube mondial :



Allez, je vous laisse danser toute la semaine, et prochaine fois je vous parle de 1987, le titre électro-pop de Calogero, et du nouvel album de Patrick Bruel, qui sont aussi tous les deux souvent au programme de France Bleu Champagne le matin.



17 novembre 2018

GRANDADDY : Elevate myself


Acquis par correspondance via Discogs en novembre 2018
Réf : VVR5040088P -- Édité par V2 en Europe en 2006 -- For promotional use only - Not for resale
Support : CD 12 cm
Titre : Elevate myself (Edit)

Allez, un petit disque promo de plus pour marquer la sortie de mon nouveau livre, Vente interdite.
J'ai déjà chroniqué ici deux disques promo de Grandaddy. Nature anthem se retrouve dans Vente interdite. Machines are not she n'y est pas, car j'avais déjà inclus cette chronique dans Mes disques improbables en 2010. J'avais décidé de ne pas faire de doublon d'un livre à l'autre, mais je viens de me rendre compte que j'en ai laissé passé au moins un. Je vous laisse trouver lequel, si ça vous chante...!
Il parait clair que ce CD est moins alléchant que les deux promos que j'ai déjà chroniqués : la pochette n'est pas illustrée (contrairement à celle du 45 tours qui a été commercialisé) et il n'y a qu'un seul titre, extrait d'un album qui plus est. Je n'aurais d'ailleurs pas commandé spécifiquement ce disque, mais le vendeur Discogs le faisait pas cher et je pouvais l'ajouter sans augmenter les frais de port à une commande où il y avait d'autres disques qui m'intéressaient plus, alors je l'ai pris.
Ce disque n'est malgré tout pas dénué d'intérêt, ne serait-ce que parce que c'est un vrai CD (pas un CD-R) avec une pochette imprimée, qui n'a pas d'équivalent dans le commerce puisque le single n'a pas été édité au format CD. Et aussi, mais c'est un détail, ce n'est pas tout à fait la version de l'album qu'on trouve ici, mais une version réduite d'une trentaine de secondes, dans l'espoir de faciliter les passages en radio. Mon exemplaire était destiné à un professionnel allemand, si j'en crois le communiqué de presse dans cette langue glissé dans la pochette cartonnée. Mais ce qui compte vraiment c'est que la chanson Elevate myself est ma préférée de l'album Just like the fambly cat sur lequel elle figure.
Arrivé en 2006, Jason Lytle n'en était plus à cacher le fait que Grandaddy en studio c'était lui et lui seul, ou presque (Aaron Burtch assure quasiment toutes les parties de batterie sur l'album). C'est apparent dans les notes de pochette : elles sont rédigées à la première personne du singulier et les membres du groupe sont désignés comme "my boys". De toute façon, ça ne prêtait plus trop à conséquence d'exprimer que Grandaddy n'était vraiment un groupe que sur scène puisque sa séparation avait été annoncée avant la sortie de l'album.
Alors qu'il s'apprêtait à quitter sa ville de Modesto, Jason exprime dans sa chanson un rejet de son rôle de "rock star" et sa volonté de prendre du champ :
"I don't wanna work all night and day on writing songs that make the young girls cry
Or playing little solos on the keyboard so the kids will ask me how and why
I just wanna, I just wanna, I just wanna elevate myself
And maybe for a little, get to where I find it really hard to hate myself
(...)
I don't wanna be a part of all the quality that falls apart these days
I'd rather make an honest sound and watch it fly around, and then be on my way"
L'ironie, bien sûr, c'est que, pour accompagner ces paroles, il a composé une chanson très accrocheuse, un de ses hymnes pop les plus réussis, dans la lignée de AM 180, Go progress chrome ou Chartsengrafs !
Par la suite, Jason Lytle a sorti deux albums solo, mais Grandaddy s'est reformé, d'abord sur scène, avant de sortir un nouvel album, Last place, en 2017. Malheureusement, cette sortie a été suivie quelques semaines plus tard de la mort soudaine du bassiste Kevin Garcia.

16 novembre 2018

POL DODU : Vente interdite : Mes disques hors commerce


Acquis par correspondance chez The Book Edition à Lille en novembre 2018
Réf : 978-2-9536575-9-3 -- Edité par Vivonzeureux en France en 2018
Support : 290 p. 21 cm
3 titres

Après Mes disques improbables en 2010 et Discographie personnelle de la New Wave en 2015, voici le troisième recueil de chroniques de disques publiées ici-même.
Cette fois, le fil rouge qui relie les disques sélectionnés c'est leur statut : tous autant qu'ils sont, ces disques n'ont pas été distribués dans le circuit traditionnel. Certains sont des objets publicitaires, d'autres des tirages promotionnels destinés aux professionnels de la profession. A un moment ou un autre, j'ai réussi à mettre la main dessus, souvent dans des magasins d'ailleurs, indépendamment de toutes les mentions restrictives qui peuvent être apposés dessus.
Sur 180 chroniques de disques promos publiées ici, j'en ai sélectionné environ 140, qui ont toutes été revues et actualisés.
Comme les précédentes parutions Vivonzeureux, ce livre est disponible gratuitement au format pdf. L'édition imprimée est disponible chez TheBookEdition.com.
Pour agrémenter votre lecture, je vous ai concocté une compilation de 17 titres qui ont pour point commun, sauf erreur de ma part, de n'avoir été diffusés que sur des disques dits "hors commerce".



  1. Mario Pagaro - Le rock du roc
  2. Pascal Comelade - Under my thumb
  3. ? (Marlène Jobert) - Monsieur Maurice
  4. Pierre Spiers - Cha Cha Shah de Perse
  5. Brigitte Fontaine - Le chef de gare
  6. Castafiore Bazooka - NTP remix
  7. Alain Bashung - L'arrivée du tour (Remix club)
  8. Radar - Living eyes
  9. Wave Machines - Punk spirit (Instrumental)
  10. Primal Scream - Subterranean
  11. The Go‐Betweens - The devil’s eye
  12. Catchers - Clocks and clones
  13. Papas Fritas - Live by the water (Live in Paris)
  14. Ramsay Midwood - Shadow mayor of tiny town
  15. Michel Colombier - Surfari (2)
  16. Golden Smog - Love & Mercy (Live)
  17. Joseph Arthur - Crying like a man

11 novembre 2018

ZAO : Ancien combattant


Acquis probablement chez A la Clé de Sol à Reims en 1991
Réf : 67016-7 -- Édité par Barclay en France en 1991
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Ancien combattant -/- Ne va pas là-bas

11 novembre 2018. La date est éminemment symbolique pour nous tous qui avons toujours vécu avec un jour férié commémorant l'armistice du 11 novembre 1918. Elle l'est peut-être un peu plus pour moi qui suis né dans la Marne, qui ai vécu à Reims, qui habite une maison qui a probablement été endommagée pendant l'une des guerres mondiales, dans un village où l'on trouve un bon nombre de tombes militaires dans le cimetière municipal.



Parmi ces tombes, il y en a plusieurs de "tirailleurs sénégalais", dont les trois ci-dessus, qui sont celles de :
  • SANA, né en 1898 en Haute-Volta, mort le 18 août 1918.
  • Guilaogui TIECOURA, né en 1892 en Guinée, mort le 14 août 1918.
  • LANDOGO, né en 1896 en Haute-Volta, mort le 12 août 1918.
Mareuil sur Ay n'était pas sur la ligne de front en août 1918. Si ces soldats du 103e Bataillon de Tirailleurs Sénégalais sont enterrés ici, c'est parce que l'ambulance militaire n° 13/22 y était stationnée, à l'arrière des lignes et qu'ils y sont morts, comme l'indique la fiche de SANA, qui a été victime d'intoxication au gaz.
Je fais rarement dans l'actualité ou dans la commémoration pour mes chroniques de disques, mais je suis tombé cette semaine en rangeant un autre disque sur ce 45 tours de Zao, avec sa pochette très réussie dessinée par Ben Radis et je me suis dit que c'était l'occasion ou jamais d'en parler.
Ancien combattant est la chanson la plus connue de Zao. La première version sur disque date de 1984. C'est la version essentielle, avec un bel arrangement, avec guitare et ce qui doit être de la flûte. Les paroles de cette chanson à la fois pacifiste et légère ont fait beaucoup pour le succès de la chanson :
"Mundasukiri
La guerre mondiaux
Ce n'est pas beau, ce n'est pas bon
Quand viendra la guerre mondiaux
Tout le monde cadavéré
Quand la balle siffle, il n'y a pas de choisir
Si tu ne fais pas vite changui, mon cher, ho!
Cadavéré
Avec le coup de matraque
Tout à coup, patatras, cadavéré"
Ces paroles, Zao l'a reconnu, sont inspirées en partie d'une chanson plus ancienne, Petit imprudent d'Idrissa Soumaoro, qui n'a jamais été crédité sur les disques de Zao. Mais "l'emprunt" de Zao se limite aux paroles. Tout ce qui "accroche" musicalement dans Ancien combattant, je ne l'entends pas dans Petit imprudent.
Sur mon 45 tours, ce n'est pas la version de 1984 d'Ancien combattant que l'on entend, mais une nouvelle version produite quand Zao a signé chez Barclay. C'est une version survitaminée, électronisée, réalisée par Rap Two et Vi Avelino. On perd beaucoup en subtilité par rapport à la version originale, mais la chanson elle-même est assez forte pour résister à ce traitement, et on comprend que Barclay ait essayé d'en faire un succès. Le disque, ça passe, donc, mais pour la vidéo j'ai vraiment du mal avec les chorégraphies et les danseuses :



Cette version d'Ancien combattant a été incluse sur l'album Barclay Zao 93, qui contient notamment une nouvelle version "techno" d'un autre ancien titre de Zao, Moustique.
Par contre, la face B du 45 tours, Ne va pas là-bas, n'est pas reprise sur l'album. C'est une chanson déconseillant l'exil, avec une production qui laisse plus de place à la guitare et aux percussions et avec des paroles très réussies :
"Là-bas on n'aime pas les autres. Si tu vas là-bas, on t'arrête. Si tu parles beaucoup, on te coupe la tête. Là-bas, on dort dehors. Toi aussi, tu vas dormir dehors. Là-bas, c'est la prostitution. Là-bas, on demande des papiers (...) Ne va pas là-bas, mon cœur est blessé, mon moral est cassé,..."
L'ironie de l'histoire, c'est que Zao a eu lui-même à souffrir de la guerre, en partie en raison de la notoriété d'Ancien combattant. Menacé, il a dû quitter Brazzaville pendant la guerre civile de 1997-1998 au Congo pour se réfugier pendant neuf mois dans la forêt, où l'un de ses enfants est mort de déshydratation.
Par la suite, il a repris son parcours artistique. En 2014, il a sorti un album dont le morceau-titre, Nouveau combattant, est une nouvelle version de son titre fétiche.

06 novembre 2018

NEIL DIAMOND : Classics : The early years


Acquis à la Bibliothèque Georges Pompidou à Châlons-en-Champagne le 3 décembre 2016
Réf : CBS 25531 -- Édité par CBS en Europe en 1983
Support : 33 tours 30 cm
12 titres

La même semaine, j'ai chroniqué le I'm a believer de Robert Wyatt, j'ai acheté une compilation des Inrockuptibles de titres des B.O.F. de Tarantino avec Girl, you'll be a woman soon par Urge Overkill dessus et j'ai entendu Red red wine par UB 40 à la radio un matin en me rasant. Si avec ça je n'avais pas compris le message m'indiquant qu'il était temps de ressortir cette compilation de Neil Diamond, alors ça voudrait dire que je suis en train de devenir sourd !
J'ai acheté ce disque la dernière fois que je suis allé à une des ventes de la bibliothèque municipale de Châlons, qui écoule notamment une partie des 33 tours en double de son stock. Les fois d'avant, j'avais ramené l'album de Kanté Facelli et Keita Fodéba et un Memphis Slim, pas mal...
Avec Neil Diamond, j'ai débuté sur un mauvais pied. J'ai grandi à l'époque où il était devenu une vedette mondiale, celle de la bande originale de Jonathan Livingston le goëland, notamment, avec sa pochette ouvrante, sa photo romantique de lui sur une plage avec le soleil couchant. C'était parfait pour mes tantes et mes cousines, mais très vite j'ai su que ce n'était pas pour moi. J'ai classé le Neil dans la pop mièvre et je ne m'y suis plus intéressé, sans savoir par exemple que son album de 1976 Beautiful noise était produit par Robbie Robertson du Band (Diamond a participé à The last waltz).
Puis, dans les années 1980, j'ai commencé à voir le nom de Neil Diamond associé à des titres intéressants, comme I'm a believer, que les Monkees ont été les premiers à enregistrer, ou le Red red wine de UB 40. Mais je crois que ce n'est que quand Johnny Cash a sorti son American III : Solitary man que j'ai vraiment commencé à m'intéresser à la première partie du parcours de Neil Diamond, celle où il a écrit et interprété toutes ces chansons qui sont devenues des classiques (Outre celles déjà mentionnées, Kentucky woman a aussi été reprise, par Deep Purple dès 1968).
Et j'ai fini par tomber sur cette compilation il y a presque deux ans. Pour le coup, sur la pochette, avec son blouson et ses bottines, sa banane, ses favoris et sa guitare acoustique, le Neil a plus l'air d'un croisement entre Elvis Presley et Johnny Cash que d'un bellâtre pour midinettes.
Toutes les chansons de cet album ont été enregistrées par Neil Diamond en 1966 et 1967 quand il était en contrat avec Bang Records, après avoir été repéré par Jeff Barry et Ellie Greenwich. Elles avaient déjà été compilées, à deux exceptions près, en 1968 après son changement de label sous le titre Neil Diamond's greatest hits. La plupart sont sorties en face A ou B de 45 tours, et sur deux albums, The feel of Neil Diamond (1966, pour trois d'entre elles) et Just for you (1968, pour huit autres).
Il parait que certains des enregistrements étaient à l'origine des démos, devant servir à proposer les chansons à d'autres éditeurs ou interprètes. Cela explique sûrement pourquoi il y a souvent une production pas trop chargée, dans une ambiance pop-folk, avec relativement peu de cordes. Et du coup, la bonne nouvelle c'est qu'il n'y a quasiment que du bon ici, et que ça donne un disque très agréable à écouter.
Le titre d'ouverture, Kentucky woman, est peut-être l'un de ceux qui m'accrochent le moins, mais j'aime beaucoup les versions par leur créateur des titres que je connaissais, Solitary man, I'm a believer, Red, red wine et même Girl, you'll be a woman soon, quand j'arrive à faire abstraction des paroles ("Jeune fille, tu seras une femme bientôt. Bientôt, tu as auras besoin d'un homme"). Et avec ce disque j'ai découvert d'autres bonnes chansons, comme Cherry, cherry (avec une accroche à l'orgue qui rappelle le truc de I'm a believer), Do it, The boat that I row. You got to me et Thank the Lord for the night time ont même d'agréables accents gospel.
Le succès ultérieur de Neil Diamond a eu tendance à éclipser cette première partie de sa carrière, mais ces titres ont eu suffisamment de succès pour qu'ils les interprètent presque tous à la télévision américaine et qu'on en trouve trace aujourd'hui sur YouTube.

L'intégrale des 23 titres enregistrés par Neil Diamond pour Bang Records est actuellement disponible sur une compilation CD, The Bang years 1966-1968.


En 2011, Neil Diamond se souvient de ses années Bang.









04 novembre 2018

ORCHESTRE NEGRO-SUCCES : Bea nakokufa


Acquis sur le vide-grenier de Magenta le 14 octobre 2018
Réf : 2C 006-15144 M -- Édité par Pathé en France en 1971
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Bea nakokufa -/- Diaka malou

Après le Dany Doriz, c'est l'autre disque intéressant que j'ai trouvé à Magenta cette année.
Là, c'est un brocanteur professionnel qui le vendait et, entre la dame qui négociait les trois cadres dont un avec le verre cassé et les amateurs de capsule de Champagne, le gars ne savait plus où donner de la tête. Il m'avait annoncé 1,50 € pour ses 45 tours qui se battaient en duel dans une boîte à chaussures. Pour la plupart, ils ne les valaient pas du tout. Pour celui-ci, j'aurais bien sûr accepté de payer ce prix mais, par principe avec un pro comme ça, je l'ai marchandé à 1 €.
Ce disque est l'un des centaines et des centaines de 45 tours d'artistes africains sortis par Pathé Marconi EMI. Comme pour mon 45 tours d'Orchestre Tembo chez African, les pochettes Pathé étaient génériques et interchangeables.
Cette fois-ci, pas de bijou, de plante tropicale, de sculpture ou de coquillage, juste un musicien en tenue traditionnelle jouant du tam-tam. La même photo a été utilisée deux références plus tard pour un autre 45 tours du même orchestre, et je ne serais pas surpris de trouver des 45 tours d'autres groupes avec cette photo.



Plus j'y pense, et plus je trouve que ces pochettes reflètent parfaitement un mépris colonialiste qui n'avait pas diminué après les indépendances. Quand on connaît la qualité des instrumentistes sur ces disques, la richesse des arrangements, la précision des enchaînements avec des rythmiques élaborés, quand on sait que ces orchestres devaient avoir une présentation scénique élaborée, avec costumes et chorégraphies, on ne peut que trouver ces pochettes carrément insultantes pour les artistes. Pour rester dans les mêmes années, c'est un peu comme si, pour éditer un disque de Magma aux États-Unis, un label avait choisi une photo d'une alsacienne en costume traditionnel...
Mais la musique gravée dans les sillons de ces 45 tours est souvent excellente, et ça sauve tout. La liste des "succès africains et sud-américains" au verso de la pochette est impressionnante !
Il n'y a que chez Musikifan que j'ai trouvé un historique et une discographie détaillés de l'Orchestre Négro-Succès. Comme souvent avec ces grands ensembles au long cours, c'est assez compliqué.
Les deux principaux personnages sont les guitaristes Bholen, un ancien de l'OK Jazz de Franco, et Bavon Marie Marie, qui était lui carrément un jeune frère de Franco. L'orchestre a même compté parmi ses membres en 1961-1962 Vicky, qui avait été viré de l'OK Jazz, mais qui y est retourné ensuite. L'histoire du groupe a été marquée par la mort accidentelle de Bavon en 1970. Mené par Bholen, qui est mort en 2007, l'orchestre a encore eu quelques succès avant de se séparer en 1973.
Mon 45 tours fait donc partie de ces enregistrements sans Bavon. Pathé sortait tellement de disques que je ne suis pas sûr qu'ils étaient toujours diffusés en grand nombre. Mon 45 tours n'est pas référencé sur Discogs. Il est bien listé chez Afrodisc et un exemplaire est en vente chez Groove Collector, mais c'est à peu près tout.
Je n'ai trouvé nulle part en ligne ces deux excellentes rumbas congolaises qui, sauf erreur de ma part, n'ont été rééditées qu'une seule fois, en 1977 sur un double-album compilation de l'Orchestre Négro-Succès édité en France par Pathé. Alors je vais vous les faire écouter.
Chacune des faces est la plus longue possible, soit cinq minutes (mais on sent bien que l'enregistrement a pu atteindre les vingt minutes), avec un très bon son et une production excellente, même si visiblement c'est du mono. Guitares et cuivres, chant et chœurs, rythmes et percussions, c'est parfait. J'aime beaucoup Bea nakokufa et j'aime tout autant Diaka malou, difficile d'exprimer une préférence, même si j'ai l'impression que c'est la face B qui me reste le plus longtemps en tête après l'écoute.
Je trouve de moins en moins de disques intéressants sur les vide-greniers, mais tant qu'il y aura de temps en temps une exception comme celle-ci, je serais encore incité à mettre le nez dehors le dimanche matin...

 Orchestre Négro-Succès: Bea nakokufa. Orchestre Négro-Succès : Diaka malou.