30 décembre 2022

WET LEG : Chaise longue (in French)


Consulté sur YouTube en novembre 2022
Réf : [RUG1232D2] -- Édité par Domino en 2022
Support : 1 fichier FLV
Titre : Chaise longue (in French)

Comme plein de monde en 2021, j'ai vu passer et apprécié Chaise longue, le premier single et tube surprise de Wet Leg. Couplées à une vidéo solaire, la légèreté et la gaieté qui se dégagent de cette chanson ont dû faire grandement pour son succès. Dans l'esprit, on est proche d'un autre jeune groupe également signé chez Domino, Superorganism.

C'est par Renaud Sachet de Groupie, qui l'a incluse dans la playlist des nouveautés d'octobre de Section 26, que j'ai appris que le groupe avait remis le couvert cette année avec une version en français de Chaise longue. J'ai tendu l'oreille tout de suite car j'apprécie en général quand des non-francophones font l'effort d'enregistrer dans notre langue. Un des premiers exemples qui me vient en tête quand je cherche un exemple de ce cas de figure, c'est le Traison (C'est juste une histoire) de The Teardrop Explodes.

Domino a publié en novembre, uniquement au format numérique, cette version en français. Le titre original est bien sûr une expression française utilisée couramment par les anglais (avec un sens différent du nôtre, car les anglais pensent plutôt en l'utilisant à une sorte de canapé, une méridienne, qu'à un relax ou un transat), mais les paroles originales sont toutes en anglais.
Boris Hackman a disserté chez Gonzaï pour essayer de comprendre pourquoi Wet Leg avait décidé de faire cette version française, sans arriver à une conclusion claire. La RTBF avance que cette version a peut-être été enregistrée à l'occasion d'une session radio.
 
En tout cas, la traduction est plutôt réussie, même si au bout du compte on perd au passage pas mal des allusions salaces de la version anglaise. En français, quand on entend "As-tu besoin de quelqu'un pour te beurrer la brioche ?", on se doute qu'il y a anguille sous roche. En anglais, quand on entend "Is your muffin buttered ?", le contexte est beaucoup plus clair (ce bout de dialogue vient d'une série, Mean girls). De mon côté, je n'ai pas trouvé de meilleure proposition...

En tout cas, Chaise longue est une chanson joyeuse, parfaite pour terminer l'année du bon pied (de chaise), sur une note légère. On la retrouve aussi en ouverture de ma dernière compilation en date, Ta brioche est beurrée ?. Vous savez maintenant d'où vient son titre !


Wet Leg, Chaise longue, dans sa version originale en anglais.


Wet Leg en concert à la maison pour Tiny Desk en décembre 2021. Le premier titre est Chaise longue (en anglais).

23 décembre 2022

THE COLOUR FIELD : Take


Acquis neuf en solde dans la Marne vers 1984-1985
Réf : 106 775 -- Édité par Chrysalis en Allemagne en 1984
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Take -/- Pushing up the daisies

J'évite de chroniquer ici des disques en réaction à des décès récents, sinon ce blog deviendrait vite une simple rubrique nécrologique : les gens, artistes compris, meurent tout le temps, et quelques heures après l'annonce de la mort à 63 ans de Terry Hall, on apprenait celle à 55 ans de Martin Duffy, le clavier de Felt et Primal Scream.

Mais pour Terry Hall j'ai un regret car, en faisant le point, je vois que je ne me suis penché jusqu'ici que sur un seul de ses disques, Specials plus. C'était il y a plus de seize ans, et depuis j'ai envisagé à plusieurs reprises de chroniquer d'autres disques des Specials (hors Special A.K.A., sans lui), ou bien Fun Boy Three (je pensais à Our lips are sealed, mais j'aurais préféré avoir le single The lunatics have taken over the asylum), The Colour Field, ou encore Terry, Blair & Anouchka (mais au bout du compte j'ai chroniqué l'original de Love will keep us together plutôt que leur reprise). Quand je l'ai acheté il y a trois ans, j'ai même pensé m'attaquer à The collection, un résumé de son parcours insensé de 1979 à 1992, des Specials à Vegas.
La preuve que sa musique continue à m'accompagner encore aujourd'hui : on trouve une version live de 1979 de Blank expression sur ma dernière compilation en date, Ta brioche est beurrée ?.

Une des chansons les plus marquantes de Terry Hall restera pour moi Well fancy that, une valse aux paroles glaçantes sur le deuxième album de Fun Boy Three, dans laquelle il s'adresse au prof qui l'a violé lors d'un voyage linguistique en France.
Mais le disque que j'ai sélectionné aujourd'hui, c'est un 45 tours de son groupe suivant, The Colour Field, avec une face B de circonstance puisque son titre signifie Faire pousser les pâquerettes, c'est à dire en bon français Manger les pissenlits par la racine.

C'est l'un de mes disques préférés de The Colour Field, avec deux faces d'excellentes qualité. Je l'avais trouvé pour 5 francs en solde quelques mois après sa sortie.
Même si la musique avait évolué, Fun Boy Three pouvait être considéré comme une suite directe des Specials, puisque le groupe avait été fondé par trois compères qui venaient de s'en échapper. Avec The Colour Field, Terry a vraiment volé de ses propres ailes pour la première fois, accompagné initialement par Karl Shale et Toby Lyons, un ancien du groupe 2 Tone The Swinging Cats.
C'est le deuxième single du groupe, produit par Hugh Jones, réputé à l'époque pour son travail avec Echo & the Bunnymen (mais aussi avec The Sound). C'est d'ailleurs Pete de Freitas des Bunnymen qui est à la batterie.

La face A, Take, fait partie de ses chansons qui mettent en avant le côté un peu triste et misérable de Terry Hall. C'est assez enlevé, mais côté paroles il n'y va pas avec le dos de la cuillère pour cette chanson de rupture. Elle est partie et en rajoute dans la souffrance. Seule lueur d'espoir, "le chat et moi on a le bail de l'appart et tu ne pourras jamais rien y faire. Le lait est toujours livré, on est assis au coin du feu, on pourrait dire qu'on a la belle vie".

Pushing up the daisies est peut-être bien tout simplement ma chanson préférée du groupe. Je me suis toujours étonné qu'elle ait été reléguée en face B de single (Take est sur l'album original anglais Virgins and philistines, pas Pushing up, mais les américains ont modifié la liste des titres et l'ont incluse).
Il y a un bon riff et les paroles sont il me semble une oraison funèbre sans compassion ("Tu manges les pissenlits par la racine et la vie continue continue continue") ainsi qu'une réflexion sur le show business.
En préparant cette chronique, j'ai découvert la genèse de cette chanson. En effet, je suis tombé sur le passage de The Colour Field en direct dans l'émission The Tube le 3 février 1984 (j'étais à Londres ce soir-là et j'ai sûrement vu l'émission). Pour le dernier titre, on reconnaît bien la musique de Pushing up the daisies, mais les paroles sont différentes. Et pour cause, car la chanson n'était à l'époque qu'une version de The trip, le premier 45 tours solo de Kim Fowley, en 1965. Quelques mois plus tard, ils ont conservé l'arrangement travaillé pour cette reprise (et donc, quelque part, un peu du riff de la chanson de Fowley) pour en faire cette nouvelle chanson.

Les choses ont assez vite mal tourné pour The Colour Field, puisque le groupe s'est désintégré en 1987, avant même la fin de l'enregistrement du deuxième album Deception, co-produit par Richard Gottehrer et sur lequel figurent des musiciens de session.




The Colour Field reprend The trip de Kim Fowley, en direct dans l'émission The Tube le 3 février 1984. Avec des paroles originales, cette reprise deviendra quelques mois plus tard la chanson Pushing up the daisies. Leur prestation complète ce jour-là, avec aussi Sorry et The colour field, vaut le coup.


Entretien de Terry Hall avec Sunie Fletcher dans une émission de la chaîne cablée Sky le 7 août 1984, suivi de la vidéo de Take.

18 décembre 2022

SHAKIN' STREET : Solid as a rock


Acquis sur la braderie-brocante d'Ay le 30 octobre 2022
Réf : CBS 8282 -- Édité par CBS en France en 1980
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Solid as a rock -/- Every man, every woman is a star

L'ami Damien avait pris un stand à Ay cette année, où il revendait quelques-uns de ses disques. J'ai d'abord laissé passer ce 45 tours de Shakin' Street, puis je me suis ravisé car il se trouve que j'avais une anecdote à raconter à propos de ce groupe. Dix mètres plus loin, je suis tombé sur un autre exemplaire de ce 45 tours (moins cher...!). Je l'ai pris aussi, pour mon frère, qui pour le coup est un vrai fan de cette musique.

Mes premiers souvenirs de concert (Martin Circus, Il Etait Une Fois, Souchon,...) sont liés à la Foire Exposition de Châlons et j'y suis allé en famille.
C'est à l'automne 1978 que j'ai commencé à aller seul aux concerts. Pas seul en fait, mais en tout cas sans adulte accompagnant. J'avais quinze ans et demi, j'étais en première. De 1978 à 1980, j'ai vu sans surprise des concerts à Châlons, où j'habitais (Thiéfaine au moment d'Autorisation de délirer, peut-être Memphis Slim et/ou une tournée genre Chicago Blues Festival), mais ce qui me surprend aujourd'hui c'est que je suis allé à 20 km à Épernay voir Higelin, et plusieurs fois à Reims, où j'ai dû voir notamment Béranger. Ça veut dire qu'à chaque fois il y avait quelqu'un dans la bande qui avait plus de 18 ans, le permis et accès à une voiture. Je ne sais plus du tout comment ces voyages se sont arrangés. Je pense que, les premières fois, l'ami Bruno a dû être impliqué pour m'associer à ses plans. Mais je suis encore étonné d'avoir eu l'autorisation d'y aller à chaque fois, tout comme je m'étonne moi-même encore d'être allé voir Lewis Furey à Bobino à 16 ans, alors que je ne connaissais pas du tout Paris...



J'ai très peu de souvenirs de ces premiers concerts. Je n'ai gardé en tête que quelques événements marquants, comme la porte en verre qui a éclaté au Palais des Fêtes à Épernay, car les organisateurs avaient tardé à ouvrir les portes du concert d'Higelin et ça poussait pour entrer. Pour Shakin' Street, ce fut un peu folklo, aussi.

On se rend compte que l'union de la gauche avait gagné les élections municipales de 1977 à Reims rien qu'en regardant les concerts organisés dans la ville dans les mois qui ont suivi.
Le 24 juin 1978, Téléphone a joué au Parc de la Patte d'Oie pour la Fête du P.S. (il faudra que j'attende presque un an, pour les voir à Reims, le 18 mai 1979 à la Maison des Sports). Trois mois plus tard, en septembre (je n'ai pas retrouvé la date exacte, mais les amis de Reims Punk 'N' Roll ont récupéré un fragment de billet de l'événement), le P.S. a remis ça au même endroit pour la Fête de la Rose.
C'est à cette manifestation que j'ai assisté. Pour la partie concert, il y avait des groupes folkloriques, mais aussi le groupe Terre, Catherine Derain et, on ne voit que le "A" final sur le fragment de billet, mais je pense que la tête d'affiche était Mama Béa.

Tout ça devait être bien bricolo dans l'organisation, puisque le seul souvenir qui me reste de la journée, c'est que, le soir venu, il y avait un problème d'éclairage de la scène. Le groupe jouait (Shakin' Street, je pense), mais dans l'obscurité ! La seule solution que les organisateurs ont trouvée pour pallier ce problème, ce fut de pousser des voitures (au moins deux...) jusqu'à l'arrière de la foule, puis de tenter tant bien que mal d'éclairer la scène avec leurs phares...!

Mine de rien, on peut relier Shakin' Street à pas mal de beau monde, de Téléphone (Corinne et Louis sont des membres fondateurs de Shakin' Street) aux américains Chrome (la chanteuse Fabienne Shine a été mariée à Damon Edge), en passant par les Dictators, dont le guitariste Ross "The boss" Friedman" a été membre avant de rejoindre Shakin' Street puis de fonder Manowar, et Era, le projet à succès du guitariste-fondateur du groupe, Eric Lévi.
Pour ma part, j'avais sûrement vu la prestation du groupe dans l'émission Blue jean (voir ci-dessous), mais je ne me suis jamais particulièrement intéressé à eux.
Ils étaient en tournée pour leur premier album quand je les ai vus en concert. Il avait été enregistré à Londres, mais pour le deuxième, dont mon 45 tours est extrait (La photo de pochette, identique pour le 33 et le 45 tours, est parfaite pour un disque de rock), c'est carrément aux États-Unis qu'ils sont allés, sous la houlette de Sandy Pearlman (Blue Öyster Cult, notamment).
C'est peut-être en ayant cette référence en tête que je me suis dit, en écoutant le refrain qui ouvre Solid as a rock, qu'il n'aurait pas déparé sur Give 'em enough rope de The Clash, lui aussi produit par Pearlman. J'aime bien ce refrain, avec les effets sonores façon "en public", les "Rock Rock" en écho après le titre et le riff de guitare, qui m'en rappelle un peu un autre (des Who ?). Les débuts de couplet passent aussi pour moi, mais pas les parties qui suivent avant de retourner au refrain. N'empêche, dans son style c'est efficace.
Every man, every woman is a star, de la guitare solo aux roulements de batterie, c'est pas pour moi...! Et c'est bizarrement produit, on a l'impression que certaines parties ont été copiées-collées, avec des traces de scotch bien visibles !

Pour la tournée de ce deuxième album, Shakin' Street a rejoué à Reims, le 24 novembre 1980 à la Maison des Sports, mais je n'y étais pas. La dernière tournée en date du groupe, avec Fabienne Shine et Ross the Boss, remonte à 2019.
Jean-Eric Perrin a publié en 2014 une biographie romancée de Fabienne Shine, Sexe, drogues & rock 'n' roll.

Quant à un possible nouveau concert de rock au Parc de la Patte d'Oie, avec ou sans éclairage à la Renault/Peugeot, à mon avis il ne faut plus trop y compter depuis le retour de la droite à la mairie en 1983, avec la construction du centre des congrès et la transformation du parc en 1994.




Shakin' Street, No time to loose, dans l'émission Blue jean de Jean-Loup Lafont diffusée le 21 mai 1978. J'ai probablement vu cette émission, quelques mois avant le concert de Reims.
Cette chanson a la particularité de figurer à la fois sur le premier et sur le deuxième album du groupe (dans des versions différentes).



Portrait de Fabienne Shine en 1980, avec un extrait de Solid as a rock en concert dans une salle de province.

10 décembre 2022

!DELADAP with voice & musicians of THE 17 HIPPIES : Lautlos


Acquis par correspondance via Ebay en octobre 2022
Réf : CCR007-5 -- Édité par Chat Chapeau en Autriche en 2006
Support : CD 12 cm
6 titres

Depuis un peu plus d'un an que je fais une chronique mensuelle pour Casbah, c'est la deuxième fois, après Juniore, que ça me conduit à découvrir un disque que j'achète et chronique ici.
Pour rappel, le principe de la chronique est, à partir d'une thématique donnée, de me balader sur Bandcamp juste qu'à ce que je découvre une musique emballante.
En novembre, j'ai commencé par m'énerver contre les groupes zombies du rock, qui continuent à enregistrer et tourner en ayant perdu leur âme, parfois sans aucun des membres originaux. Je citais Dr. Feelgood et les Stranglers avant même les décès récents de Wilko Johnson et Jet Black, mais je suis quand même parti à l'aventure dans Bandcamp sur une note positive en retenant le "feelgood".
Comme je le raconte dans la chronique, c'est au dernier moment et presque par hasard que j'ai écouté le premier titre de la compilation Balkanyca V1 ! et que j'ai été saisi par le fait que les premières paroles de la chanson soient en français, ce qui était complètement inattendu dans ce contexte.

Après quelques recherches, j'ai appris qu'il s'agissait d'un enregistrement de Deladap (Donne-Moi le Rythme en romani), un projet développé par Stani Vana, qui est né à Prague et qui vit en Autriche. Lautlos (Silencieux) est extrait du deuxième album, Dela paji, sorti en 2006.
J'ai aussi repéré que Lautlos avait été sorti en single, en maxi-45 tours quatre titres (réédité et disponible en vinyl et en numérique sur Bandcamp) et en CD six titres, que j'ai trouvé en vente pour pas cher et que je me suis dépêché d'acheter.

La particularité de Lautlos, ce n'était pas précisé sur la page de Balkanyca, c'est que c'est une collaboration entre Deladap et des membres d'un groupe que j'aime beaucoup, 17 Hippies de Berlin. Quatre des musiciens participent à l'enregistrement, et c'est Kiki Sauer qui a écrit les paroles, un mélange d'allemand, de français et d'anglais, et qui les chantent.

Il y a cinq versions différentes de Lautlos sur le CD. La version de l'album est déjà très bien. Le Remix4Radio en est assez proche. La version essentielle, c'est le Remix4Club, soit sept minutes qui passent très bien : une rythmique avec un instrument qui sonne comme un violoncelle, des coups de guimbarde et d'accordéon, de la guitare slide, des solos de violon, de trombone et d'accordéon. Ça coule bien et c'est dansant. Superbe.
Il y a deux autres remixes, un par Jeremiah (un peu électro, ça passe, mais bof) et l'autre par Dunkelbunt, sur un rythme reggae.
Deladap a retravaillé Lautlos en 2014 : la chanson est devenue Tu es beau sur l'album This is Deladap. Je préfère la version originale.

Le sixième titre, c'est Goldregen (Pluie d'or), lui aussi tiré de Dela paji. On est dans une veine similaire, enjouée, entre ska et balkans, avec l'adaptation d'une musique traditionnelle.

Le dernier album en date de Deladap, c'est Play, qui est sorti fin 2021.
Au cours de ma balade du Bandcamp, j'étais aussi tombé sur Feelgood, une collaboration entre Maribou State et Khruangbin. Les deux titres s'enchaînent parfaitement sur ma toute récente compilation, Ta brioche est beurrée ?.



02 décembre 2022

VALIUM ORGASMS : A CREATION COMPILATION


Acquis par correspondance via Discogs en novembre 2022
Réf : RTD/CRE 1-39 -- Édité par Rough Trade / Creation en Allemagne en 1986
Support : 33 tours 30 cm
12 titres

On va dire qu'on fait dans la pochette à thématique comestible cette année : après l'épi de maïs des Léopards, voici la moule de Creation.

J'ai repensé à ce disque quand l'ami Bertand a entrepris de passer en revue ses compilations Creation. Je lui ai parlé de celle-ci, qu'il ne connaissait pas, et comme cela faisait longtemps qu'elle manquait à ma collection, j'ai décidé de me l'offrir.
En fait, c'est depuis 1986 que j'ai envie d'avoir ce disque. Depuis le jour où Luke de Chromatone Design m'a montré chez lui ses dernières productions graphiques, deux compilations jumelles, I love the smell of napalm, pour le marché américain, et Valium orgasms, pour le marché allemand. Il m'avait offert un exemplaire de la première, mais il n'avait pas de double de la seconde.
Luke m'avait aussi expliqué comment il avait pris ces photos de pochette: pour I love the smell of napalm, il était allé un soir récupérer des fleurs sur un massif devant une église près de chez lui sur l'Île aux Chiens à Londres, qu'il avait ensuite étalées et photographiées sur sa table de salon. Pour Valium orgasms, il avait tout simplement pris un gros plan d'un mollusque tiré d'un bocal de moules au vinaigre !

Alan m'a expliqué un jour l'intérêt qu'il y avait pour lui de sortir ces compilations (Il y en a eu en moyenne une par an pendant dix ans. Quelqu'un a pris la peine d'en faire une liste sur Discogs). Cela permettait de prolonger la "durée de vie" des 45 tours du label, souvent tirés à juste 1000 exemplaires, mal distribués et pourtant vite épuisés quand même. Les albums pouvaient se trouver plus facilement partout dans le pays, et même à l'étranger. Et, comme c'est le cas ici, quand un contrat de licence était signé à l'étranger, il pouvait être inauguré par une compilation.

Le prototype de Valium orgasms, c'est Different for Domeheads, la compilation anglaise de 1985. A double titre : six des huit titres sont repris ici, et surtout, on trouvait gravé en fin de face sur les sillons du disque, "Valium orgasms" pour la face A et "Syphilis mouth" pour la B (la pochette figurait un tube de pommade prescrit contre cette maladie vénérienne). I love the smell of napalm, parue au même moment aux États-Unis est la compilation sœur de celle-ci : elles ont neuf titres en commun sur douze.

Avec plus de trente-cinq ans de recul, on peut réécouter ces chansons avec une oreille neuve et voir comment elles ont passé l'épreuve du temps (même si pour la plupart je les ai régulièrement écoutées entre-temps...!). Six artistes ont droit à deux titres chacun.

Les amis de Biff Bang Pow ! s'en sortent particulièrement bien avec deux titres du premier album Pass the paintbrush, honey..., Love and hate et le classique et également single There must be a better life.
Pour ceux que ça intéresse, Cherry Red a sorti cette année la compilation ultime de BBP!, un coffret de 6 CD (!) avec l'intégrale et bien plus.

Les autres amis The Jasmine Minks ont eux aussi deux titres imparables et classiques, Think! et Where the traffic goes, les faces A énergiques de leurs deux premiers singles, qui figuraient également sur leur premier album One, two, three, four, five, six, seven, all good preachers go to heaven
Jim Shepherd le chanteur a sorti cette année un album solo, The circle, dont j'ai rédigé les notes de pochette. Le groupe prépare un nouvel album pour 2023.

Dans le lot, c'est Primal Scream qui a eu le parcours le plus impressionnant depuis. A peu près inimaginable quand on écoute les deux faces de leur premier 45 tours qui sont reprises ici, All fall down et It happens. C'est très poppy, la face B est meilleure que la A, ils ont fait bien mieux depuis mais c'est quand même très bien.

Les deux faces du premier single de Slaughter Joe (alias Joe Foster), I'll follow you down et Napalm girl passent moins bien la rampe aujourd'hui. On les entend pour ce qu'elles étaient vraiment, un exercice de style pour recréer l'ambiance d'Upside down, le premier single de The Jesus and Mary Chain, que Joe avait co-produit. Je n'avais jamais fait attention au fait que la basse de Napalm girl sonne pas mal comme celle de Jah Wobble époque Metal box.

Les deux titres que j'aime le moins du lot, c'est God bless et Paradise, soit le premier single des Bodines. C'est déjà ce que je pensais quand j'avais chroniqué ce disque en 2006.

In the afternoon est une chanson écrite par Alan McGee, qui existe dans plusieurs enregistrements, alternativement par Revolving Paint Dream ou Biff Bang Pow !. Là, on a droit à la première version publiée, celle de la face B de Flowers in the sky de Revolving Paint Dream (CRE 002). Elle est chantée par Christine Wanless, qui est morte il y a quelques semaines.

L'autre titre isolé, c'est Worm in my brain, le tout premier enregistrement de The Weather Prophets. Une excellente chanson publiée pour la première fois sur It's different for domeheads.
Pete Astor vient de sortir un nouvel album, Time on Earth.

Cela fait des années que je n'ai pas eu de contact avec Luke Hayes, qui aux dernières nouvelles vivait aux États-Unis, mais je suis bien content d'avoir complété ma collection de ses pochettes.
Comme pour celle-ci, j'ai tous les titres bien sûr, et même souvent en plusieurs exemplaires, mais un de ces jours je m'offrirai peut-être deux autres compilations Creation qui me manquent, Creation : Flowers in the sky et Purple, parues toutes les deux en CD en 1988, et toutes les deux avec des fleurs sur la pochette.