30 juin 2007
THE TELEVISION PERSONALITIES : She can stop traffic
Acquis au Record & Tape Exchange de Notting Hill Gate à Londres le 22 juin 2007
Réf : [sans] -- Edité par Domino en Angleterre en 2006 -- For promotional use only -- Not for sale
Support : CD 12 cm
Titre : She can stop traffic
La semaine dernière, j'ai passé deux jours à Londres à faire la razzia dans les disques d'occasion soldés dans les caves des boutiques Record & Tape Exchange de Camden et Notting Hill Gate (J'ai choisi une fois pour toutes la dénomination Record & Tape Exchange pour ces boutiques, mais en fait leur raison sociale a évolué au fil des années : ce fut un temps Music & Video Exchange et actuellement c'est Music & Goods Exchange).
Pour ceux qui ne connaitraient pas le principe qui a fait leur succès (et mon bonheur), rappelons qu'ils achètent des produits d'occasion, les mettent en vente à un certain prix avec une étiquette à cases, et baissent le prix à intervalle régulier (jusqu'à 10 p, soit 0,15 €) tant que le produit n'est pas vendu. A partir d'un certain prix (1 £ ou 50 p), le produit est relégué dans un rayon à part, souvent au sous-sol.
A de rares exceptions près, comme le Heartland du Band of Blacky Ranchette, j'ai presque toujours acheté mes disques chez eux au prix le plus bas. Je connais donc bien mieux leurs caves labyrinthiques, reliant plusieurs immeubles, que les boutiques elles-mêmes.
Je procède ainsi depuis ma première visite à Londres en 1981 à chaque fois que j'en ai l'occasion, mais je me doute bien que ça ne durera plus trop longtemps : dans cinq à dix ans, ces boutiques existeront toujours, mais se concentreront surtout sur les collectors. Pourquoi ? Parce que leur approvisionnement va se tarir à la source. Sur une soixantaine de disques achetés la semaine dernière (un tiers de 45 tours, deux tiers de CDs, surtout des maxis), une grande majorité est constituée de disques promo récents revendus par des professionnels. Quand on n'éditera quasiment plus de disques, on n'enverra plus de disques aux professionnels, et donc il y aura beaucoup moins de disques à acheter d'occasion.
Music & Goods a senti le vent tourner depuis longtemps, puisqu'à Notting Hill gate les boutiques de disques sont désormais minoritaires et ont laissé la place à aux livres et comics, aux instruments, aux jeux vidéo et même aux vêtements rétro et aux bijoux !
Quant à l'amateur de musique gérant strictement son budget, je ne sais pas encore vers quelle solution il pourra se tourner : je n'ai encore jamais vu de titre en téléchargement soldé ! (en fait, j'ai quand même une petite idée pour le futur mais j'en ai laissé l'exclusivité à Bob Morlock pour lui donner une chance de lancer sa petite entreprise et faire fortune...).
Voici un premier exemple de mes trouvailles de la semaine dernière.
Ce promo 1 titre de She can stop traffic des Television Personalities, diffusé en août 2006 par Domino Records, a comme particularité de faire la promotion d'un de mes titres préférés de l'album My dark places, mais sans qu'un single équivalent ait été diffusé dans le commerce.
Pas de musique inédite sur ce disque probablement diffusé à quelques centaines d'exemplaires, donc, mais une pochette inédite, elle, et très réussie qui plus est : la photo figure au verso de My dark places et je la préfère de loin à celle qui a été choisie pour le recto.
PS : Je viens de m'amuser à faire le compte. Grosso modo, 10% des 300 disques chroniqués ici à ce jour viennent de chez Record & Tape Exchange. Et cette proportion va probablement augmenter dans les prochains jours !
24 juin 2007
THE FLYING LIZARDS : Move on up
Acquis au Virgin Megastore de Londres en septembre 1982
Réf : VS 381 -- Edité par Virgin en Angleterre en 1980
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Move on up -/- Portugal
J'ai eu du mal à en choisir un parmi tous mes disques des Flying Lizards : belles pochettes, bonne musique... Celui-là n'est pas le meilleur, loin de là, mais je l'aime bien, et ça change un peu de Money et Tube, qu'on trouve un peu partout par chez nous. J'aime beaucoup aussi la plupart des pochettes xérographiées de Laurie Rae Chamberlain. Rétrospectivement, on regarde celle-ci, dans les tons jaunes et verts qui sont devenus associés au groupe au fil des pochettes, avec un oeil particulier à cause de ses tours du World Trade Center penchées dans le vide, prêtes à tomber comme un château de cartes prétentieux.
C'est le premier single extrait de Fourth wall, le deuxième album des Flying Lizards. Il y en a eu trois en tout, et aucun n'a approché, même de loin, le succès de Money. On sait tous très bien pourquoi le label a choisi cette chanson comme premier single : c'est la seule reprise de l'album, et c'est avec des reprises de Summertime blues et de Money que le groupe de David Cunningham s'est fait un nom. Cette version du Move on up de Curtis Mayfield est moins folle que les premiers enregistrements du groupe, mais, dans le même esprit que d'autres reprises de l'époque (Satisfaction par Devo, toutes celles des Silicon Teens et des dizaines d'autres), elle est à la fois déstructurée et distanciée, ce qui s'exprime ici surtout dans le chant de Patti Palladin.
C'est avec cette version que j'ai fait la connaissance de ce classique qu'est Move on up. Elle m'a bien plu, plus que celle sortie par The Jam l'année suivante sur le 45 tours Beat Surrender, mais bien sûr, depuis que je la connais, je sais que la seule version essentielle c'est l'originale, celle de près de neuf minutes de l'album Curtis de Curtis Mayfield en 1970.
La face B, très rythmée, avec quelques bouts de voix par ci-par là, ressemble beaucoup plus à ce que David Cunningham a produit sur les albums et les faces B des Flying Lizards lorsqu'il ne s'amusait pas à fabriquer de la musique pop.
Je ne sais pas si ça tient à des problèmes entre David Cunningham et Virgin, mais en tout cas l'ensemble du catalogue des Flying Lizards n'a quasiment jamais été réédité en CD (sauf au Japon), et, si on trouve Money sur quasiment toutes les compilations de tubes des eighties, aucune rétrospective des Flying Lizards n'existe, et celle qui est annoncée depuis longtemps déjà n'a toujours pas vu le jour.
19 juin 2007
BABY AMPHETAMINE : Chernobyl baby
Offert par Creation Records par correspondance en 1987
Réf : CRE 041 T -- Edité par Creation en Angleterre en 1987
Support : 45 tours 30 cm
Titres : Chernobyl baby (Meltdown mix) -/- Cheque it out -- Chernobyl baby (Who needs the government)
Pour ceux qui ne connaissent pas l'histoire, Baby Amphetamine c'est un "coup" tenté par Alan Mc Gee et Joe Foster : préfabriquer un groupe encore plus artificiel que Bananarama et les girl-groups spectoriens des sixties (dans ce cas précis, avec trois caissières du Virgin Megastore choisies pour leur look) et leur faire enregistrer un tube pop hip hop sur un thème vaguement spectaculaire (Tchernobyl et le futurisme). Et surtout, vendre le truc dès le départ comme un coup de génie, avec la complicité active du NME, qui a mis le "groupe" en couverture.
Au final, ça a plus ou moins réussi : Chernobyl baby a certes été n° 1 des charts, mais seulement des indépendants. L'année suivante, Bill Drummond et Jimmy Cauty feront beaucoup mieux avec les Timelords, qui seront n° 1 des vrais charts avec Doctorin' the Tardis. Je les cite parce que, outre qu'il s'est pas mal inspiré de Malcolm Mc Laren, Alan avait probablement en tête au moment de lancer Baby Amphetamine les Justified Ancients of Mu Mu, qui démarraient juste leurs premières provocations musicales (et Alan était aux premières loges, puisque Bill Drummond venait de sortir son album solo chez Creation), ainsi que le début de carrière à grand spectacle de Sigue Sigue Sputnik.
Le plus drôle de l'histoire, c'est qu'après ce 45 tours les membres de Baby Amphetamine ont annoncé leur émancipation de leur mentor : elles ont signé sur une autre label, sorti un deuxième single qui a coulé sans laisser de trace, et on n'a plus jamais entendu parler d'elles.
Musicalement, la version originale de Chernobyl baby, celle qui est en face B du maxi, est excellente. avec sa guitare samplée, elle fait évidemment penser à la reprise du Kiss de Prince par Age of Chance, gros succès indé de 1986, tandis que le "hé hé hé" samplé me rappelle le coin-coin nargueur du Queen and I des Justified Ancients of Mu Mu.
La version maxi délaie un peu tout ça, bien sûr, mais reste tout à fait écoutable.
Par contre, l'autre chanson, Cheque it out, est sans aucun intérêt et ne sert qu'à souligner que la seule façon d'obtenir un chant passable des filles c'était de les faire chanter les trois ensemble.
Ce disque est très particulier pour moi : non seulement il fait partie de ceux pour lesquels je suis remercié au dos de la pochette, sous mon pseudonyme de J.C. Brouchard, mais surtout j'ai eu l'occasion d'enregistrer à Londres en avril 1987 Bébé Tchernobyl, une reprise en français de Chernobyl baby, dans le studio maison de Revolving Paint Dream, sous la houlette d'Andrew Innes et Dick Green, avec la participation aux chœurs de Christine Wanless. De l'enregistrement, je garde surtout le souvenir d'avoir été affamé pendant deux longues journées (ils ne mangent donc rien, les rockers anglais, à part du thé et des petits gâteaux ??). Du résultat, je suis toujours très fier. Je ne dirai rien du chant, mais je suis content de ma traduction de Playgirl heir in Spy-Fi drama par Panty-tille en série-golarde, en référence bien sûr à Objectif Nul. Musicalement, notre version est plus rapide et plus électrique que l'originale, avec notamment un solo de guitare saturé de Dick Green qui décape.
Malheureusement, le 45 tours projeté avec cet enregistrement n'a jamais vu le jour, mais vous avez quand même la possibilité de vous faire votre propre idée en écoutant Bébé Tchernobyl, disponible en téléchargement sur le site de Vivonzeureux!.
18 juin 2007
THE MELODY FOUR : Shopping for melodies
Acquis à La Clé de Sol à Reims vers 1989
Réf : CD OH 19/21 -- Edité par Chabada en France en 1988
Support : CD 12 cm
26 titres
Je n'ai pas un souvenir très précis du concert des Melody Four à Reims le 9 mai 1986 dans le cadre du Festival des Musiques de Traverses (bon, en fait, je ne m'en souviens pas du tout).
Je me souviens que le programme insistait sur le fait que le saxophoniste Tony Coe était celui des musiques des films de la Panthère Rose avec Peter Sellers. Moi, des membres du trio, je connaissais plus Steve Beresford pour son travail avec les Flying Lizards et les Frank Chickens et Lol Coxhill, surtout pour ses multiples apparitions aux Traverses dans les configurations musicales les plus diverses en tant qu'invité d'honneur permanent du festival.
Sur le coup, je n'ai pas acheté les 25 cm que le groupe a sortis, mais j'ai sauté sur ce CD quand je l'ai trouvé en soldes à La Clé de Sol, probablement lors d'une des gargantuesques braderies de la Quasimodo de ces années-là.
Il reprend les deux volumes de Shopping for melodies sortis en 25 cm, et j'aime beaucoup la façon dont le disque est présenté dans les notes de pochette comme une compilation de titres extraits d'albums fictifs plus improbables les uns que les autres (Les Melody Four à l'Hôtel de la Plage, Les Melody Four au Petit Conservatoire, Sausage Beach Party,...), mais après tout pas plus improbables que les véritables titres de disques du groupe comme The Melody Four ? Si señor ! ou T. V. ? Mais oui !.
Je n'aime pas tout dans cet album qui ne se prend pas un instant au sérieux, notamment tous les titres plutôt jazz, mais les quelques-uns que j'adore sont largement suffisants pour me rendre ce disque indispensable. Il a d'ailleurs joué un rôle important dans le développement de la hip-pop optimiste, avec notamment The Melody Four ? Si, Senor ! Please stop, nouvelle version d'un titre précédemment paru, et Porque me dejaste, que j'ai dû utiliser pendant quelques temps en fond sonore pour l'une des rubriques de l'émission Vivonzeureux!.
Le sommet de l'album, c'est peut-être bien la reprise de Papa n'a pas voulu de Mireille, avec Lol Coxhill au chant, je pense ("Papa n'a pas voulou, et Maman non plou, mon idée leur a déplou tant pis n'en parlons plou"), mais il ne faut pas négliger Surfing sausage, l'histoire de la petite saucisse surfeuse idiote qui préfère surfer plutôt que de rentrer à temps à l'heure du thé pour se faire manger, Astronaut girl, un doo-wop digne de Ruben & the Jets, Clopin, une marche italienne rapide arrangée un peu à la Comelade, La maison de la mélodie, une tentative de house, comme son titre l'indique et Working is a job ("Travailler, c'est du boulot !).
Quelques titres de ce disque ont été repris en 2005 sur la compilation On request.
17 juin 2007
APHRODITE'S CHILD : Let me love let me live
Acquis sur le vide-grenier d'Aigny le 27 mai 2007
Réf : 132 506 MCF -- Edité par Mercury en France en 1969
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Let me love let me live -/- Marie Jolie
Celui-ci, je ne l'ai pas seulement pris pour faire un lot négociable avec le Turtles. J'ai craqué pour sa photo de pochette pas croyable : trois hippies grecs hirsutes qui posent dans les jardins du château de Versailles (sauf erreur de ma part), en train de se goinfrer, de gauffrettes à la vanille pour l'un, et d'un cornet de glace pour les deux autres. Ça commence comme ça et ça finit par des livres sur les régimes miracles, hein Demis ?
Oui, car, pour ceux qui ne le savent pas, Aphrodite's Child est ce groupe au sein duquel officiaient notamment Vangelis et Demis Roussos.
La bonne surprise, c'est que la face A de ce 45 tours, extrait de leur deuxième album, "It's five o'clock", n'est pas mal du tout. C'est un titre pop-rock écrit et chanté par le batteur Lucas Sideras, avec plus de couplets que de refrain (qui se résume à un "Let me love let me live" sans trop de conviction) et surtout une guitare électrique bien d'époque, je n'irai pas jusqu'à dire hendryxienne mais c'est dans l'esprit. Dommage que le titre soit trop long (près de 5 minutes) et s'essouffle dans la deuxième moitié. Selon certaines sources, ce 45 tours aurait été numéro un au hit-parade en France.
La face B est un slow, chanté en anglais, malgré son titre en français, moins réussi que "Rain and tears", et pour tout dire assez insupportable : c'est là qu'on se rend compte que c'est bel et bien Demis Roussos qui chante !
16 juin 2007
BEN VAUGHN COMBO / SOUCOUPES VIOLENTES
Acquis par correspondance avec le n° 25 de Nineteen en 1988
Réf : NIT 1908 -- Edité par Nineteen en France en 1988 -- Réservé aux abonnés
Support : 45 tours 17 cm
Titres : BEN VAUGHN COMBO : My first band (le remake) -/- SOUCOUPES VIOLENTES : Love potion #9
Ça fait un moment que je comptais parler de ce disque ici, et c'est un billet de Philippe Dumez dans son tout récent I wanna be your blog qui m'a rappelé de le faire.
Je ne sais plus trop si, lorsque j'ai reçu ce 45 tours dans le cadre de mon abonnement à Nineteen, j'avais déjà acheté l'album "Beautiful thing", sorti juste avant, mais il me plaît de penser que c'est avec cette version acoustique de son premier single, complètement inédite par ailleurs, que j'ai fait la connaissance de Ben Vaughn et de son Combo.
En tout cas, je sais l'effet exaltant que m'a fait "My first band" à première écoute : l'effet Jonathan Richman ! De l'enthousiasme, des références au rock sixties (riff de "Louie Louie", citation vocale de "Gloria" et "A little bit of soul"), des paroles-souvenirs rigolotes ("J'ai joué dans mon premier groupe en 1967, j'avais une guitare à une corde, j'en jouais sur les genoux car je n'avais pas de sangle et j'avais douze ans. On ne savait jouer qu'une seule chanson, mais elle durait parfois plus de quatre heures"). L'effet est d'ailleurs encore plus fort avec cette version acoustique qu'avec celle de son premier single, qui figure sur la compilation "Mood swings".
Je parle d'atmosphère à la Jonathan Richman, surtout pas de plagiat. D'ailleurs, le titre de Jonathan Richman qui se rapproche le plus de "My first band", c'est "Parties in the USA", qui reprend, lui, le riff de "Hang on Sloopy", mais il n'est sorti qu'en 1992 !
Les programmateurs du Printemps de Bourges, comme d'autres, ont fait ce rapprochement, et c'est pour ça que la seule fois où j'ai vu Ben Vaughn en concert, et échangé quelques mots avec lui dans les loges, c'était à la Maison de la Culture de Bourges dans l'après-midi du 21 avril 1994, un concert où il ouvrait pour Jonathan Richman, accompagné si je me souviens bien de son seul bassiste Aldo Jones, qui avait le poignet plâtré.
J'avais juste eu le temps de lui parler de son premier album, "The many moods of Ben Vaughn Combo", que j'avais failli acheter à Lille quelques temps avant (la boutique avait la pochette, mais n'avait jamais remis la main sur le disque pour me le vendre !). Il m'avait expliqué que le disque était devenu introuvable, et qu'il n'avait pas la possibilité de le rééditer pour de sombres questions de droits, à tel point qu'il envisageait de réenregistrer certains des titres à l'occasion. Contrairement à Philippe Dumez, je n'ai pas le disque sous la main, mais je me demande si ce n'est pas ce qu'il a fini par faire pour la compilation "Mood swings". En tout cas, avec beaucoup de chance, j'avais fini par trouver "The many moods..." au Record & Tape Exchange, pour 30 pence !
La reprise de "Love potion #9" des Soucoupes Violentes est excellente. Eux, je ne les ai jamais vus en concert, mais je me souviens que Raoul Ketchup les passait souvent dans Rock Comptines.
10 juin 2007
URBAN DANCE SQUAD : Deeper shade of soul
Acquis probablement à La Petite Boutique Primitive à Reims en 1990
Réf : 663.180 -- Edité par Ariola en Allemagne en 1990
Support : CD 12 cm
Titres : Deeper shade of soul (Dancemix) -- Deeper shade of soul (Radiomix) -- Man on the corner -- Deeper shade of soul (Freakmix)
Voici encore l'un des disques fondateurs et importants de la hip-pop optimiste : c'est gai, dansant, mélangé, pas sectaire...
Pendant longtemps, je me suis demandé sur quel titre de soul ce single extrait du premier album des hollandais Urban Dance Squad était basé. Ce n'est qu'hier, en lisant un billet du Goûter du Mercredi, que j'ai eu le fin mot de l'histoire : il s'agit, non pas d'un titre de rythm'n'blues américain comme je le pensais, mais de "A deeper shade of soul" de Ray Barretto, sorti sur l'album "Acid" en 1972. J'aurais dû y penser, puisque que "Raymond Barretto" est bien crédité comme co-compositeur de la chanson.
Du rythm'n'blues, il y en a de toutes façons plein dans "Deeper shade of soul", avec des bouts de "Hold on, I'm coming" de Sam and Dave, de cuivres qui viennent probablement de chez Otis Redding et plein d'autres trucs que je ne suis pas capable d'identifier. Il faut dire que cette période charnière des années 80-90 était un âge d'or pour le sampling. Les groupes pouvaient encore se risquer à créer de nouveaux titres à partir de collages sans craindre d'avoir à refiler la totalité des droits et plus jusqu'à la fin de leur vie aux artistes concernés ou à leur label. Aujourd'hui, des batteries d'avocats sont convoqués pour le moindre échantillon et, à moins d'être un auto-produit inventif, l'art du sampling est fossilisé (voir à ce sujet la mésaventure arrivée à Jens Lekman à propos de son prochain album - à lire à la date du 4 mars).
"They call it rogue-rock, but it's a deeper shade of soul" dit la chanson. Un titre dansant, sans être rapide, un groove élastique, une guitare hi-life à la King Sunny Adé, une ligne de basse dans le refrain qui me rappelle "Melody Four ? Si, señor!" de Melody Four (mais cela est sûrement dû à l'origine latine commune aux deux titres), un chant un peu rappé très efficace : "Deeper shade of soul" est une réussite de bout en bout, et un classique de ces années-là. En plus, le "Dancemix" rallongé passe très bien, ce qui est une exception à la règle, et le "Freakmix", qui est je crois celui que je passais le plus souvent dans l'émission Vivonzeureux!, est très bien aussi (mais pas meilleur).
Le problème que j'ai eu par la suite avec Urban Dance Squad, en fait dès que j'ai eu acheté "Mental floss for the globe", le premier album, c'est que c'était avant tout un groupe de rock bien électrique, du rock fusion, certes, mais, à part "No kid" je crois, je n'avais pas trop apprécié l'album et je n'étais pas allé les voir lorsqu'ils étaient venus jouer à Reims, à L'Usine probalement.
08 juin 2007
THE TURTLES : Sound asleep
Acquis sur le vide-grenier d'Aigny le 27 mai 2007
Réf : 69.004 -- Edité par London en France en 1968
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Sound asleep -/- Umbassa the dragon
De nos jours, je m'étonne de ne pas trouver systématiquement sur internet la pochette d'un disque que je souhaite présenter ici, ce qui m'arrive encore très souvent. Pourtant, les sites de référence se multiplient et, pour ne parler que des 45 tours édités en France, nous avons 45 tours de rock français (pour les groupes de rock français, bravo, vous suivez bien) et 45 Vinyl Vidi Vici (pour les groupes de toutes les autre nationalités).
Et bien, par un temps frais et menaçant, sur le premier vide-grenier d'Aigny, petit village encore très rural que j'ai traversé par la départementale deux fois par jour pendant des années sans jamais faire un crochet jusqu'à son centre, j'ai trouvé à moins de trente mètres d'écart l'un de l'autre deux 45 tours dont les pochettes n'étaient pas encore sur 45 Vinyl Vidi Vici : celui-ci et "It's the same old song" des Four Tops avec une pochette annonçant qu'il s'agit de la version originale de "C'est la même chanson".
Cet exemplaire français du "Sound asleep" des Turtles, avec la même photo que le 45 tours américain chez White Whale, mais dans une mise en page différente, n'a dû voyager que sur une quinzaine de kilomètres depuis qu'il a été acheté chez Degraeve & Coulhon, 21 rue Grande-Etape à Châlons-sur-Marne. La pochette est en état assez correct, mais le disque est bien marqué par des rayures (qui passent à l'écoute), du coup je me suis permis de le négocier à 1,50 € les quatre dans un lot dans lequel j'ai mis le "All right now" de Free, un Aphrodite's child (pour la pochette) et un Pop Tops, qui utilise justement le même air classique que "Rain and tears" !
Ce 45 tours n'a pas très bonne réputation dans la discographie des Turtles. Sorti début 1968, c'est le premier à ne pas avoir été un hit après leur série de succès. Pourtant, il est très agréable à écouter. Certes, les couplets sont un peu faibles, mais au niveau sonore il se passe des tonnes de choses pendant les 2'30" que dure cette mini-symphonie pop psychédélique post-"Pet sounds" et post-"Sergeant Pepper" : des choeurs, des cuivres, une scie en solo pendant un break du premier refrain, des sons orientaux, un délire à la fin... On en redemande.
La face B est encore plus bizarre. J'en avais entendu parler l'an dernier dans un billet de l'excellent blog Little Hits. Dans une ambiance tribale (africaine ?), ce titre, qui sonne plus comme une histoire pour enfants que comme une chanson, raconte l'histoire d'Umbassa qui doit tuer le dragon, et non pas celle d'Umbassa le dragon, comme le donne à penser le titre imprimé sur le disque, suite à une erreur typographique.
04 juin 2007
NORFOLK & WESTERN : Brigadier farewell
Offert par Matt Ward à Reims le 26 octobre 2001
Réf : [sans] -- Edité par Norfolk & Western ou Film Guerrero aux Etats-Unis en 2001
Support : CD 12 cm
16 titres
Ça, c'est une petite curiosité. Vous pouvez chercher partout dans la discographie de Norfolk & Western, vous ne trouverez pas trace de ce "Brigadier farewell", même s'il ne vous faudra pas longtemps pour faire le lien avec "Winter farewell", le titre définitif sous lequel ce disque promo est finalement sorti début 2002.
C'est Matt Ward qui m'a donné de CD-R de son pote Adam Selzer emballé dans un petit sac plastique pour que j'en fasse la promo dans Vivonzeureux!, à l'issue du concert le plus bizarre que j'ai vu de lui : un concert en trio (avec notamment Tony Moreno, par ailleurs également membre de Norfolk & Western à l'époque) très électrique, alors que toutes les fois où j'avais vu M. Ward en concert avant, c'était plutôt très calme et très acoustique. Là, c'était rock au point que les flics sont intervenus deux fois sur plainte d'un voisin et ont fait arrêter ce concert prématurément, avant vingt-deux heures !, alors qu'il était organisé dans le cadre du festival Octob'Rock, co-organisé ou presque par la municipalité. Du coup, il était tellement tôt après ce concert que j'avais pu foncer au Cirque pour y voir Brigitte Fontaine.
N'empêche que, avec ce Brigadier dans le titre, même si les paroles n'y font pas référence, on comprend mieux que le disque s'ouvre avec de la batterie martiale, et que "Sound west" commence par l'air de la Marche des Dragons de Turenne ("Ils ont traversé le Rhin, avec Monsieur de Turenne...") joué au violon.
C'est le troisième album du groupe, mais le premier avec Rachel Blumberg, qui en forme depuis le noyau dur avec Adam Selzer. On sent encore un groupe qui se cherche. Depuis, N&W a fait bien mieux que ça, que ce soit sur disque ou sur scène (court et excellent concert à Lyon en 2005 en première partie de M. Ward). Ce disque est lent et calme, et dans ce domaine, ce n'est pas facile de faire aussi bien que les Radar Brothers ou Low, par exemple.
Il y a quand même plein de choses que j'aime bien sur ce disque. Mon titre préféré est "Slide", qui est précédé et non pas suivi comme le voudrait la logique de sa "Reprise", seul moment électrique du disque.
"All the towns near Boston" et "Your Sunday best" marchent bien, avec les deux voix d'Adam et Rachel qui se mêlent. "The evergreen" est très bien aussi, avec Richard Buckner comme invité à la guitare et au chant (Je sais ça pour avoir lu des chroniques, car avec ce CD promo, il n'y a ni liste des titres ni crédits).
Quant à "They spoke of history", c'est un instrumental, où la batterie de Rachel me fait bien penser à celle de John Convertino dans Calexico.
03 juin 2007
RENALDO & THE LOAF : Hambu ho do
Acquis à La Clé de Sol à Reims à la fin des années 1980
Réf : rD4 -- Edité par Some Bizz Are en Angleterre en 1987
Support : 45 tours 30 cm
Titres : Hambu ho do -/- The elbow is taboo -- Writing postcards from Italy
J'ai connu Renaldo & the Loaf assez tôt dans leur carrière : c'est fin 1982 ou début 1983 que Dorian Feller a dû me prêter South Specific, une compilation de groupes de Portsmouth, sur laquelle on trouvait trois titres de Renaldo & the Loaf.
Pour une raison ou pour une autre, il se trouve que je n'ai jamais eu l'occasion par la suite d'acheter l'un des disques de ce groupe anglais parus chez Ralph, le label des Residents. Pourtant, j'ai toujours aimé leur mudique triturée, un peu "expérimentale" ou "d'avant-garde", mais à mon goût toujours accessible.
C'est une fois de plus grâce aux soldes à 10 Francs de la Clé de Sol, qui liquidait les vinyls pour faire de la place aux CDs et à l'électro-ménager, que j'ai fini par acheter un disque de ce groupe, l'un de leurs tout-derniers. Pourquoi Danceteria, l'importateur lillois qui abreuvait La Clé de Sol, a-t-il fait venir en France fin 1989 ce disque paru fin 86 ou début 87, c'est un mystère.
Contrairement à d'autres titres du groupe, "Hambu ho do" ne sonne pas du tout comme les Residents. Le titre a été inspiré au groupe par le panneau d'une camionnette annonçant "Hamburger Hot Dogs" qui avait perdu quelques lettres. Les paroles de la chanson ont été écrites en conséquence, à partir de titres de livres lus par le groupe : "Zen and the art of motorcycle maintenance" est devenu "Ze an he ar o moto", par exemple. La musique est construite sur le même principe, avec des bandes coupées, recollées ou passées à l'envers. Côté instruments, il y a de la boite à rythmes, de la basse et ce qui sonne comme un kazoo.
Ce qui m'a toujours surpris le plus dans tout ça, c'est que le résultat sonne très asiatique. A la première écoute, j'étais persuadé que les paroles étaient en japonais !
Au total, ça donne un morceau emballant dans une version très longue de près de sept minutes, qui aurait pu avoir du succès sur les dancefloors décalés. Le label avait même commandé au groupe une version "radio" de 4 minutes, mais elle n'est jamais sortie officiellement.
Sur la face B, "The elbow is taboo" a donné son titre à l'ultime album du groupe l'année suivante. C'est la même version que celle de l'album qui est proposée ici, alors que la version de "Hambu ho do" de l'album sonne comme un mixage moins accrocheur de la version du maxi. Par contre, on ne trouve "Writing postcards from Italy" nulle part ailleurs. Sur ce titre, une italienne récite les paroles d'un madrigal médiéval, mais musicalement, je lui trouve aussi des airs asiatiques.
02 juin 2007
BLUE BEAT SPECIAL
Acquis sur le vide-grenier d'Oeuilly le 23 juin 2002
Réf : CSP 1 -- Edité par Coxsone en Jamaïque en 1968
Support : 33 tours 30 cm
10 titres
C'est le genre de trouvaille qu'on espère toujours faire sur les vide-greniers, mais ça arrive très rarement. En reggae, l'année 2002 a été des plus fructueuses : grâce à L'Incohérent et Dorian Feller, j'avais déjà eu le bonheur de participer à la trouvaille de Condé-sur-Kingston, et, peu de temps plus tard, je suis tombé sur ce disque sur le vide-grenier d'un village des côteaux champenois.
La famille qui tenait le stand avait tout un fatras de vieilleries, probablement une récupération de grenier, parmi lesquelles quelques disques en ayant bien vécu, dont celui-ci.
Comment ce "Blue beat special" fabriqué en Jamaïque en 1968 s'est-t-il retrouvé dans la Marne trente-quatre ans plus tard ? Ça fait partie du mystère de la vie des disques. Cet exemplaire a appartenu à une Carla, et je suppose qu'il a été importé en Europe par un distributeur car on voit la trace d'une étiquette ronde en haut à droit du recto.
En tout cas, une compilation originale de ska et rock steady enregistré au Studio One de Coxsone Dodd dans les années 60, ça ne se laisse pas passer. Et c'est bon en plus, excellent même.
L'ossature du disque est fournie par le groupe-maison de Studio One, les Soul Brothers/Soul Vendors. Le titre d'ouverture, "Something special", est digne des Skatalites, et c'est pas étonnant car les Soul Vendors ont succédé aux Skatalites à Studio One et comprennent plusieurs anciens membres du groupe (Lloyd Brevett, Jackie Mittoo, Roland Alphonso), et "Early bird", crédité aux Soul Brothers, est mon titre préféré du lot. La version de "Midnight special" de Jackie Mittoo fait partie des autres excellents instrumentaux du disque.
Du côté des titres chantés, c'est pas mal non plus, comme "Groove to the beat" de Keith & Ken (très beau titre à deux voix, comme la reprise de "You are my sunshine" de Gregory & Sticky), "Do it right now", un single des Termites, "Let him try" d'Alton Ellis (avec un titre comme ça, j'étais persuadé que c'était une reprise d'un titre de soul américain, mais non, c'est apparemment un original) ou le "Run boy run" de Duddley Sibbley, qui clôt l'album.
En tout cas, des disques comme "Blue beat special", qui craquent pas mal mais qui passent, je veux bien en acheter tous les dimanches, même à un peu plus d'un euro... La pochette, qui sent encore le grenier, est bien marquée elle aussi, mais son dessin a peut-être bien inspiré Jerry Dammers une dizaine d'années plus tard quand il a créé le logo de son label Two-Tone.
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