13 juin 2025

ESSOUS DE L'ORCHESTRE BANTOUS : Côte d'Ivoire an 7


Offert par Claire B. à Châlons-en-Champagne le 11 mai 2025
Réf : GKL 152 -- Édité par Comoe en France en 1967
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Papa Houphouët-Boigny -- Côte d'Ivoire an 7 -/- Côte d'Ivoire ya Africa -- Mbula sambo

Après le Jack Scott, Les Barbecues ou le Papoose, voici un autre 45 tours trouvé pas cher et offert par ma sœur Claire. Elle les choisit au feeling plutôt qu'au hasard : elle se doutait bien que ce disque de musique d'Afrique risquait de m'intéresser.

Et elle ne se trompait pas, ne serait-ce que parce que Jean Serge Essous est un artiste dont on a déjà eu l'occasion de parler ici, avec Congo rhythm, un disque de l'O.K. Jazz, un 45 tours des Bantous de la Capitale et un titre qu'il a signé en face B du 45 tours de Moshé.

C'est une façon de souligner le parcours musical impressionnant d'Essous (1935-2009), clarinettiste, saxophoniste, chanteur et chef d'orchestre congolais. En voici quelques étapes, par ordre :
  • 1954 : Membre de l'Orchestre Négro Jazz
  • 1956 : Membre fondateur de l'Orchestre O.K. Jazz
  • 1957 : Membre fondateur de l'Orchestre Rock-A-Mambo 
  • 1959 : Membre fondateur des Bantous de la Capitale, qu'il dirige jusqu'à son départ en 1966. Il rejoindra le groupe par la suite dans diverses formations, pendant des décennies.
  • Fin des années 1960 : Membre important de l'Orchestre RyCo Jazz, dans la période où le groupe est installé aux Antilles, où il diffuse la rumba congolaise.
  • 1969-1970 : Membre de l'Africa Team, qui joue avec Manu Dibango.

La teneur des notes de pochette est assez surprenante :

"Ce disque, réalisé dans des conditions financières particulièrement difficiles, à la suite d'innombrables obstacles qui m'ont été dressés de toutes parts, est ma modeste contribution à l'évolution historique de mon pays.
Que la côte d'Ivoire tout entière accepte ici mon humble participation à l'accomplissement du Devoir National.
"

Ces notes sont signées par Germain K. Loukou. Je m'en doutais un peu à la lecture et ça semble confirmé par le fait que la référence du catalogue porte ses initiales : Germain K. Loukou devait être le patron du label Comoe. Il n'y a qu'une grosse quinzaine de disques du label référencés sur Discogs, probablement une petite partie seulement de sa production, mais trois autres disques contiennent aussi des titres en référence à Félix Houphouët Boigny, par l'Orchestre Agnéby-Jazz, Les Rythmes de la Bia et Laba Sosseh.
Il faut essayer de se replacer dans le contexte de la Côte d'Ivoire de l'époque, pays nouvellement indépendant, dirigé dès ses débuts (et pendant 33 ans) par un président autoritaire et un parti unique, un régime qui a a très vite tourné à la dictature, qui devait encourager le culte de la personnalité qui accompagne souvent un pouvoir fort.

Ce disque précisément a été publié à l'occasion du 7e anniversaire de l'indépendance du pays, proclamée le 7 août 1960. En juillet 1967, le président Félix Houphouët Boigny était en visite officielle à Paris., reçu notamment à Matignon par Georges Pompidou, qu'il avait connu lorsqu'il était Ministre d’État en France entre 1958 et 1961. En août, la Fête de l'Indépendance, la fête nationale du pays qui à cette époque tournait entre plusieurs villes, a eu lieu à Daloa.
Il y en a sûrement eu plus, mais au moins un autre disque a été publié pour célébrer cette occasion, Houphouët & Thérèse d'Amédée Pierre.

Ce 45 tours n'est donc pas simplement un produit culturel et commercial, c'est un acte politique et un signe d'allégeance au pouvoir ivoirien. 
Mais que vient faire le congolais Jean Serge Essous dans cette histoire, auréolé du succès des Bantous de la Capitale qu'il venait de quitter ?
Eh bien, selon Nzolele TV, Les Bantous de la Capitale étaient le groupe préféré d'Houphouët Boigny, et ils ont été invités lors de la première Fête de l'Indépendance en 1961, mais aussi pour la sixième en 1966.
Essous et les Bantous figurent également sur un EP compilation publié à l'occasion d'un Grand Prix de la chanson ivoirienne (disque sur lequel on trouve un Merci Président Boigny...).
Quand Essous quitte les Bantous en 1966, c'est pour honorer des contrats en France métropolitaine. On sait aussi qu'il séjourne aux Antilles début 1968. Entre les deux, j'imagine que ce disque était pour lui un projet de commande et de circonstance. Mais notons qu'il s'est largement impliqué, puisqu'il signe seul les quatre titres du 45 tours.

Et le disque lui-même ? Eh bien, il n'est pas révolutionnaire, mais il est de bonne tenue. Je regrette de ne pas comprendre les paroles, qui sont dans une langue qui m'est inconnue, peut-être bantoue.
Papa Houphouët Boigny, est dans un style purement afro-cubain, qui décolle un peu dans la deuxième partie avec les cuivres.
Côte d'Ivoire an 7, emmené par le saxophone, est un titre entraînant. 
D'une manière générale, je préfère la face B du disque.
Pour Côte d'Ivoire ya Africa, on est toujours dans un style afro-cubain pas hyper original, mais c'est mon titre préféré, avec un bon alliage du saxophone et des percussions, et surtout un solo de guitare électrique qui est bienvenu.
Dans une veine un peu similaire, Mbula sambo est très bien aussi, avec des percussions, des chœurs et pour finir à nouveau de la guitare électrique.

Je profite de l'occasion pour rappeler que j'accepte en cadeau tout EP de musique d'Afrique, des Antilles, de l'Océan Indien ou d'ailleurs, qu'il soit "politique" ou non...!

A voir, Qui est Essous ?, un documentaire de Denis Landa dans sa série Les artistes inoubliables.
A lire, Jean Serge Essous : Clarinettiste, saxophoniste et chanteur congolais - (1935-2009) de 
Joachim E. Goma-Thethet et François Roger Byhamot (2012).

07 juin 2025

BAUHAUS : She's in parties


Acquis neuf probablement à Paris en 1983
Réf : BEG 91T -- Édité par Beggars Banquet en Angleterre en 1983
Support : 45 tours 30 cm
Titres : She's in parties -/- Here's the dub (Special effects by "Loonatik β Drinks"®) -- Departure

Transporter un vinyl 30 cm à vélo ce n'est pas simple. A une période où je n'avais que ce moyen de transport à ma disposition à Châlons, j'optais généralement pour la solution la plus basique : le sac en plastique de disquaire accroché au guidon. La plupart du temps, je n'ai eu aucun problème et le disque n'a pas souffert, même s'il voletait au vent. Sauf une fois. C'était la nuit, je faisais le trajet entre chez mon père aux Grévières et chez mes grands-parents où j'habitais rue Saint Loup. Une fois remontée la rue des Vieilles Postes, j'ai traversé aux feux l'avenue de Metz et, au moment où je suis passé devant l'ancien bureau de l'octroi (qui abritait à l'époque un coiffeur, il me semble), mon sac de disque s'est pris dans les rayons. J'ai oublié plein de choses, y compris des soirées de concert complètes, mais je me souviens très bien de cet incident !
Le sac ne contenait qu'un disque, ce maxi de Bauhaus. La pochette a souffert, avec un coin arraché plus un trou, mais heureusement le disque est intact. Et c'est tant mieux, car je venais quelques semaines plus tôt d'investir 35 francs dans ce disque neuf, ce qui n'était pas rien dans mon budget d'étudiant. C'est le seul disque de Bauhaus que j'ai acheté à sa sortie.

Le gothique, ce n'est pas vraiment mon truc. Ou alors à la marge, avec Joy Division, le Cure de Faith / Pornography ou le troisième Siouxsie and the Banshees. Mais bon, quand le titre (généralement entendu dans l'émission Feedback de Bernard Lenoir) me plaisait, je n'hésitais pas à investir. J'ai notamment le single Anaconda de Sisters of Mercy, que j'ai souvent pensé chroniquer ici (et rien ne dit que ça ne finira pas par se faire).

Donc, She's in parties me plaisait en 1983 et j'aime toujours autant cette chanson aujourd'hui. Il faut dire que tous les ingrédients sont là pour me plaire : la basse énorme façon Jah Wobble dans la Metal Box de PIL, la guitare acérée typiquement new wave, un truc qui ressemble à du mélodica à la Augustus Pablo, l'influence clairement ressentie de Bowie sur le chant de Peter Murphy... Les paroles additionnent les références à un tournage de cinéma. Apprendre son texte, baiser de cinéma, salle de montage, effets spéciaux... : c'est dans la boîte !
Cette version maxi dure deux minutes de plus que le petit 45 tours, mais en fait je crois qu'il s'agit tout simplement de la version intégrale de l'album. Ce temps rajouté, c'est la partie instrumentale finale, une sorte de cold dub excellent, un peu à la Basement Five.

Autant j'apprécie vraiment la fin instrumentale de la face A, autant je trouve assez décevante Here's the dub, la véritable version dub de She's in parties en face B. Les ingrédients sont les mêmes, mais c'est plus percussif et la mayonnaise ne prend pas aussi bien, à mon goût.

L'autre face B, l'inédit Departure, a été enregistré pour une Peel session. Il y a beaucoup de texte parlé, un peu comme dans The gift du Velvet Underground, ou Love like Anthrax de Gang of Four, mais ce n'est pas du tout du même niveau. Pas étonnant que ce soit resté une expérimentation d'un jour à la BBC.

Ce single est sorti en avril 1983. Il est monté à la 26e place du classement des ventes et le groupe est passé à Top of the Pops. Il est aussi bien sûr parti en tournée, mais a annoncé sa séparation après un ultime concert le 5 juillet, soit dix jours avant la sortie de l'album Burning from the inside. Ils venaient de sortir quatre albums studio en quatre ans, ils étaient peut-être au bout du rouleau...

Depuis, Bauhaus s'est reformé deux fois et a même sorti un cinquième album, mais ça s'est tellement mal fini que ça ne devrait plus se reproduire. Les membres du groupe sont toujours actifs en solo ou avec leurs autres projets (Tones On Tail, Love and Rockets), mais le chanteur Peter Murphy vient juste d'annuler pour raisons de santé la tournée qui devait suivre la sortie de son nouvel album.




Bauhaus, She's in parties, dans l'émission Top of the pops, en 1983.

31 mai 2025

SAM CASTENDET ET SON ORCHESTRE ANTILLAIS : Souvenirs


Acquis sur le vide-grenier de Mareuil sur Ay le 1er mai 2025
Réf : DF 3406 -- Édité par Columbia en France en 1951
Support : 78 tours 25 cm
Titres : Souvenirs -/- Tombé levé

Pour l'instant, je fais très peu de trouvailles cette année sur les vide-greniers. Pour la grande broc de Mareuil, à domicile, les amateurs de capsules de Champagne sont plus à la fête que les chineurs de disques. J'ai quand même acheté deux 33 tours d'Everything But The Girl à 1 € pièce, quelques CD à 50 centimes et puis, la bonne surprise, ce disque qui était en bas d'une petite pile de cinq-six 78 tours.
C'était le seul disque antillais du lot, malheureusement, mais ça m'a fait un coup au cœur de voir écrit Sam Castendet sur l'étiquette, car ça fait quelques années que je connais ce nom et que je recherche un des disques de cet artiste.

Ce disque que j'ai trouvé a deux défauts.
D'abord, il a une petite cassure sur le bord, ce qui fait que le début des chansons n'est pas écoutable. Le propriétaire du stand voulait le jeter quand je lui ai fait la remarque, mais je lui ai dit que je voulais quand même bien payer les 50 centimes qu'il demandait pour ce disque abîmé.
Et puis, ce disque ne contient pas la chanson Martinique 48 qui est celle que je recherche. Je l'ai entendue pour la première fois en 2021 sur une compilation double CD assez quelconque intitulée Souvenirs des Antilles. Je l'ai donc, mais j'aurais bien aimé avoir le 78 tours pour le chroniquer ici.
Voici ce qu'en dit Jean-Pierre Meunier dans le livret de Biguine à La Canne à Sucre : "...la redoutable biguine Martinique 48, composée par Sam Castendet pour exprimer sa déception et son aigreur au retour de son premier voyage en Martinique, vingt-quatre ans après l’avoir quittée. Aucune classe de la société martiniquaise n’est épargnée dans cette satire incroyablement virulente, chantée par l’auteur en personne. Avec le temps, les choses ont forcément changé, il faut du moins l’espérer. Ne voyons donc plus dans ce document qu’un épisode truculent d’une époque révolue. Si l’on se replace dans le contexte d’alors, on peut cependant imaginer le scandale provoqué par cette irrévérencieuse biguine qui ne tarda pas d’ailleurs à être rigoureusement interdite de diffusion à la radio.".

Avant ça, je crois bien que je n'avais jamais entendu parler de Sam Castendet (1906-1993), qui a quand même un parcours impressionnant.
Né à la Martinique, il s'installe en Métropole en 1924. Il débute sa carrière de clarinettiste puis de chef d'orchestre en 1931, en prenant la suite de la grande vedette Stellio à l'Exposition Coloniale. Il travaille ensuite dans de nombreux cabarets, à Paris, en province ou en Suisse. Il est notamment le chef d'orchestre de La Canne à Sucre à Paris de 1946 à 1951. A ce moment là, remarquablement, il est passé en raison de problèmes de santé de la clarinette à la batterie.
La majeure partie de sa discographie a été enregistrée entre 1946 et 1954. Elle a fait l'objet d'une réédition "intégrale 1950" Festival Biguine chez Frémeaux et d'une Intégrale 1951-1954 chez Aztec.
Sam Castendet a arrêté de jouer professionnellement de la musique en 1962.

A défaut de Martinique 48, je suis bien content quand même d'être tombé sur ce 78 tours, même un peu cabossé. On y trouve deux biguines instrumentales.
La face A, Souvenirs, une composition de Sam Castendet, est très bien dans son genre.
Je ne sais pas ce que ça signifie, mais la face B, Tombé levé, est décrite spécifiquement sur l'étiquette comme une "Biguine La Haute". C'est une composition de Maurice Noiran (1914-1978), qui avait pris la succession de Sam Castendet à la clarinette dans son orchestre. C'est mon titre préféré des deux.

25 mai 2025

PIERRE VASSILIU : Le dragon


Acquis à la Bourse aux Disques de Radio Primitive à Reims le 23 mars 2025
Réf : CBS A3947 -- Édité par CBS en France en 1983
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Le dragon -/- Fanny

Dans les bacs de la bourse aux disques de Radio Primitive, je n'ai pas seulement racheté des disques que j'y avais mis en vente il y a plus de trente ans, comme celui de The Call, mais j'ai aussi pris celui-ci, qui a intégré la discothèque de la radio avant 1986, quand la station s'appelait encore Reims Radio FM. A l'époque, la radio n'avait justement pas de discothèque. Les labels ne nous envoyaient quasiment pas de disques promo et chacun venait faire ses émissions avec ses propres disques. L'embryon de la discothèque commune s'est formé quand Luc R., l'un des premiers piliers de l'association, lui a fait don d'une bonne partie de sa collection personnelle, avec principalement je crois du folk ou de la chanson française, dont on a un exemple ici.

Cela fait un moment que je pense à chroniquer un disque de Pierre Vassiliu. Pour l'heure on n'a parlé de lui ici qu'à l'occasion d'un disque promotionnel où il présentait deux extraits de La foire aux boudins et Le Maçon de Macon.
Ayant grandi dans les années 1970, je ne connaissais de lui que son très grand succès, Qui c'est celui-là ?. Même si les deux n'ont pas de lien direct et plusieurs années d'écart, j'ai toujours associé ce tube à celui d'un chanteur d'un style proche qui a lui aussi eu un seul gros tube, Louis Chédid et son T'as beau pas être beau.
Ce n'est qu'assez récemment, à force d'acheter régulièrement les disques quand je tombe dessus, que je suis devenu familier avec la discographie des années 1960 de Pierre Vassiliu. Et avant de mettre ce 45 tours des années 1980 sur la platine, sans en attendre grand chose, j'imaginais plutôt chroniquer Ivanhoé, A marée haute (La Marne) (pour des raisons évidentes de proximité), Armand, Et ta sœur ou Les défilés.
J'ai été surpris de découvrir au passage que Geoff Leigh d'Henry Cow avait collaboré et tourné avec Vassiliu vers 1979-1981. Je l'associais plus aux Musiques de Traverses qu'à la chanson...

Les deux titres de ce 45 tours sont extraits de l'album Roulé... Boulé. C'était un moment un peu particulier pour Vassiliu car il avait été viré par son précédent label RCA et venait de signer chez CBS.
La pochette est la même que pour l'album. C'est quelque chose, cette photo ! Je ne sais pas qui est le chien rock star mais, comme Pierre est accompagné de son épouse Laura, je ne serais pas surpris que ce soit tout simplement un cliché pris le jour de leur mariage !

Je n'en suis pas certain, mais il me semble que Le dragon a quelque chose dans le rythme des musiques des îles. C'est en tout cas une chanson entraînante avec des gimmicks amusants et un refrain qui fait le job puisqu'il est entêtant.
Le dragon dont il est question, c'est l'information. Ce qui m'a surpris dans ces paroles de 1983, c'est leur actualité. Pas d'internet ni de réseaux sociaux à l'époque, mais la presse à sensation c'est vieux comme la presse et ces extraits des paroles n'ont pas pris une ride :

Attention voici le dragon de l'information qui arrive
Porté par les esclaves colporteurs de faux bruits
Il crache les mauvaises nouvelles avec une délectation profonde
Et peut vous faire avaler n'importe quelle salade (...)

Chaque, chaque, chaque jour des nouvelles
Chaque, chaque, chaque jour dans la poubelle
Chaque, chaque, chaque jour des bêtises
Chaque, chaque, chaque jour on s'enlise (...)

Nos journalistes sont sur place
De façon a bien vous miner le moral
Et rappelez-vous que
Si la liberté d'expression n'est toujours pas autorisée
Le mensonge est toléré


La face B, Fanny, une chanson lente, est moins intéressante pour moi. Sur un ton qui rappelle presque Souchon, il raconte l'histoire somme toute malheureusement classique d'une femme que son mec a mise sur le trottoir.

Ni Le dragon ni Roulé... Boulé n'ont été de grands succès et la collaboration avec CBS s'est arrêté là. Côté show business, la décision de s'installer au Sénégal pendant plusieurs années n'a pas dû aider la carrière de Pierre Vassiliu. Dans les années 1980, il a publié isolément chez les majors Philips et Polydor, et un album chez l'indépendant Yaba Music. Il est mort en 2014 à 76 ans.

18 mai 2025

RICK DEES AND HIS CAST OF IDIOTS : Disco duck


Acquis chez Depostorage à Couvin le 4 mars 2025
Réf : 2090 204 -- Édité par RSO en Belgique en 1976
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Disco-duck (Part 1) -/- Disco-duck (Part 2) (Instrumental)

Il faut bien admettre que, question achat de disques, je ne suis pas quelqu'un de difficile. On me propose un "canard disco" ? C'est comme avec le "poulet fou", je suis tout de suite intéressé. On rajoute à ça une "bande d'idiots" qui accompagne la vedette ? Non seulement, je prépare mon euro pour acquérir le disque, mais je le garde précieusement et je montre les dents si quelqu'un l'approche pendant que j'examine le reste du stock de cet antiquaire-brocanteur.
Depostorage est situé à Couvin, pas loin de la frontière française, mais en Belgique. Ce qui explique sûrement pourquoi c'est sur un pressage belge du disque que je suis tombé.

Il n'y a pas qu'en Belgique que le label a choisi, assez logiquement, d'illustrer la pochette avec un canard : c'est pareil en Allemagne, aux Pays-Bas, au Japon, en Turquie... Mais pas en France, où la pochette est moche et purement utilitaire. On y apprend que c'est la "version originale" (c'est vrai), que le disque a été n°1 aux États-Unis (c'est vrai aussi, pendant une semaine) et qu'il sert d'indicatif du Hit Parade RTL présenté par André Torrent. Ce qui contredit mes souvenirs : j'aurais dit que je ne connaissais absolument pas ce Disco duck, mais j'ai donc dû en entendre régulièrement au moins quelques notes à la radio puisque le Hit Parade était une émission que j'écoutais à cette époque.

A l'origine, Rick Dees est surtout un animateur radio. Alors qu'il animait des émissions à Memphis, il a écrit et enregistré Disco duck, une chanson parodiant gentiment le genre, où le héros en boite de nuit ne peut s'empêcher de danser à l'écoute de la chanson, puis il se met à battre des bras et à cancaner et se transforme en canard disco. On a donc affaire ici à une forme particulière de la danse des canards !

C'est vraiment un disque complètement associé à Memphis. Il a été enregistré aux studios Shoe et Ardent, avec à la production et aux arrangements des musiciens de session du coin, Bobby Manuel, Lester Snell et Mark Blumberg.
L'édition originale du disque a été sortie par une légende locale, Estelle Axton, co-fondatrice de Stax, sur son nouveau label Fretone. Le contrat a ensuite été repris par RSO, qui a pu assurer une distribution nationale et internationale et transformer cet essai en tube vendu à millions.

Pour Disco duck, Dees se serait inspiré d'un titre de Jackie Lee de 1965, The duck. Certes, il s'agit de deux chansons qui parlent de danse et de canard, mais musicalement je n'entends pas de lien direct.
En tout cas, la rythmique de Disco duck est souple, les arrangements de qualité, mais ce qui fait le succès du titre, c'est bien la voix de canard de Ken Pruitt et les chœurs. C'est pourquoi, la part 2 instrumentale en face B, sans ces ingrédients, intéressera surtout les vrais fans de disco.

Le grand projet de RSO dans ces années-là, c'est le film Saturday night fever. Dans le film, on entend quelques notes de Disco duck dans une scène où des étudiants apprennent le disco. Une scène entière a été tournée, où John Travolta fait le canard, mais elle a été coupée au montage. Peut-être parce que le manager de Dees avait refusé d'inclure la chanson dans l'album de la bande originale du film, pour ne pas parasiter les ventes du 45 tours. Un mauvais calcul, puisque la BO du film est l'un des albums les plus vendus au monde.

Rick Dees n'a plus vraiment donné dans le disque par la suite, mais il reste un animateur radio très populaire.


Rick Dees, Disco duck, en direct dans l'émission Midnight special. Une bonne version, plus rapide que celle du disque.






Rick Dees, Disco duck, dans l'émission Solid gold, avec une introduction par un jeune auteur-compositeur-interprète plein de talent.

09 mai 2025

JEFFERSON AIRPLANE : White rabbit


Acquis sur le vide-grenier de Mardeuil le 27 avril 2025
Réf : 45.617 -- Édité par RCA en France en 1967
Support : 45 tours 17 cm
Titres : White rabbit -/- Somebody to love

La semaine précédente, quelqu'un avait fait circuler la pochette de la réédition de 1971 de ce 45 tours, liée à la publication du livre L'Herbe bleue (Go ask Alice), et je m'étais dit que c'était quand même un excellent disque, puisqu'on y trouve les deux plus grands tubes de Jefferson Airplane, qui se trouvent être mes deux chansons préférées du groupe (dont j'ai dû écouter deux ou trois albums et un best-of).

Quand je suis tombé  sur ce disque l'autre dimanche, j'étais donc bien sûr de le chroniquer en cas d'achat, mais j'ai hésité un moment à investir 2 € dans ce 45 tours original français de 1967 car il lui manque sa pochette originale. Je me suis vite traité d'imbécile et j'ai conclu l'achat pour deux très bonnes raisons. 1°) Il m'est revenu que, de toute façon il était rare que les 45 tours français deux titres de cette époque aient une pochette illustrée. Et effectivement, celui-ci avait une pochette générique RCA. J'aurais bien aimé l'avoir, mais je m'en passerai, d'autant que 2°) un ancien propriétaire du disque a, en découpant la couverture d'un cahier de travaux pratiques Sciences & Cartographie, fait un superbe travail pour se fabriquer une pochette maison, avec des illustrations trouvées dans des magazines. Le verso est particulièrement réussi et tout à fait de son époque. On a là un très bel exemple ce que Patrice Caillet appelle le discographisme récréatif.
Il existe bien un EP français avec une pochette illustrée, mais bon, je ne compte pas trop tomber dessus prochainement à 2 € dans un vide-grenier...

Il y a une autre chose qui m'intéresse particulièrement dans ce disque, c'est l'histoire de ces deux chansons, que j'ai découverte il y a quelques temps en lisant Mojo ou Uncut.
En effet, elles ont toutes les deux été enregistrées le même jour, le 3 novembre 1966, pendant les sessions du deuxième album, Surrealistic pillow, mais elles n'étaient pas nouvelles. Grace Slick, qui venait d'intégrer le groupe, les a amenées avec elle. Quelques semaines plus tôt, elle les chantait encore avec son précédent groupe, The Great Society, dans lequel jouaient notamment son mari Jerry et son beau-frère Darby Slick.
En février 1966, Someone to love était sorti en 45 tours et, par la suite, un album a été édité sur lequel on trouve une version live de White rabbit enregistrée en 1966.
Sur les deux faces de mon 45 tours, les chansons sont créditées "G. Slick", mais c'est une erreur : White rabbit est bien de Grace, mais c'est Darby l'auteur de Somebody to love. Je suppose que ça lui assure une bonne rente depuis 1967...!
Il est ironique en tout cas que les deux plus grands succès de l'Airplane, sortis en single en février et en juin 1967 et montés à la cinquième et à la huitième place du classement des ventes, soient en fait des reprises de The Great Society.

Ce qui est surprenant avec White rabbit, c'est que la chanson est courte (2'30 à peine), mais que c'est tout sauf une pop song avec couplets, refrain et mélodie qui reste en tête. Au contraire, sur un rythme de boléro, elle est toute en tension, qui monte, qui monte et qui ne se libère que dans les trente dernières secondes. Grace Slick insiste sur le fait que le sujet de la chanson, qui contient de nombreuses références à Alice au pays des merveilles, n'est pas la drogue, mais elle a quand même été écrite à la fin d'un trip au LSD, et Grace pointe le fait que les drogues sont présentes en sous-texte dans de nombreux classiques de la littérature jeunesse.

Somebody to love, pour le coup, est une grande excellente chanson. La version de Jefferson Airplane transforme la chanson originale un peu pataude en un grand moment de rock and roll.

Ce disque fait partie de ceux qui ont annoncé le fameux Été de l'Amour hippie de 1967. Il est aussi innovateur parce que c'est peut-être bien la première fois, avant Big Brother and the Holding Company, qu'un groupe de rock avec une chanteuse qui compose certains des titres rencontre un très grand succès.


Jefferson Airplane, White rabbit et Somebody to love, dans l'émission American Bandstand à la veille de l’Été de l'amour, le 3 juin 1967.


Jefferson Airplane, White rabbit, dans l'émission The Smothers Brothers Comedy Hour.


Jefferson Airplane, White rabbit.


Jefferson Airplane, Somebody to love, en concert au Monterey International Pop Music Festival le 17 juin 1967.


Jefferson Airplane, Somebody to love, en direct à la télévision en 1969 dans l'émission Dick Cavett Show, avec David Crosby en invité au second tambourin et aux chœurs.


Jefferson Airplane, Somebody to love et White rabbit, en concert au Woodstock Music and Art Fair le 16 août 1969.



02 mai 2025

THE CALL : The walls came down


Acquis probablement au Record and Tape Exchange de Notting Hill Gate à Londres vers 1984
Acquis à la Bourse aux Disques de Radio Primitive à Reims le 23 mars 2025
Réf : LON 28 -- Édité par London en Angleterre en 1983
Support : 45 tours 17 cm
Titres : The walls came down -/- Upper birth

C'est la troisième fois que j'achète cette chanson, et c'est aussi la deuxième fois que j'achète précisément cet exemplaire de son édition en 45 tours !
La première fois, c'était au printemps 1983 dans une FNAC parisienne. J'avais dû lire une bonne chronique du deuxième album Modern romans et décidé d'investir 47 francs dans ce disque en "import hollande". A vingt ans, on a encore beaucoup à apprendre et c'est une époque où j'ai commencé à découvrir que, des disques moyens voire même mauvais, ça existe, et qu'apprécier un artiste ou être tenté par des critiques ça ne suffit pas à garantir la qualité d'une œuvre. Ça m'est arrivé par exemple avec le premier album de Positive Noise, mais aussi avec Punch the clock d'Elvis Costello. C'est ce qui s'est passé avec Modern romans, qui m'a toujours paru manquer d'originalité : le chant de Michael Been sur le titre d'ouverture The walls came down m'évoque immanquablement David Byrne et le titre suivant, Turn a blind eye, semble décalqué de Shadowplay de Joy Division.

Cette déception ne m'a pas empêché, quand je suis tombé dessus très probablement dans la cave à 10 pence de Record and Tape Exchange, de m'offrir ce 45 tours de The Call extrait de l'album.
Mais le jour où j'ai eu la mauvaise idée de mettre en vente un lot de disques à la petite boutique de Radio Primitive, j'ai gardé l'album mais je me suis séparé du 45 tours. C'était il a plus de trente ans, au début des années 1990, et ces disques mis en dépôt, j'en ai vendu quelques-uns, j'en ai repris d'autres quelques années plus tard, et il y en a que j'ai laissés dans le stock de la radio. Et j'en ai retrouvé quelques-uns le mois dernier lors de la bourse aux disques primitive, le jour où j'ai trouvé Solsbury Hill, que j'ai décidé de racheter ! Cela concernait trois disques, de Paul Brady, Voice Farm et donc The Call.

The walls came down est pour le coup une bonne chanson, avec un riff très accrocheur dès l'introduction. On est dans un style de rock épique à la U2 ou Big Country. Les paroles font référence à la politique du moment, et quarante ans plus tard les choses n'ont guère changé ("Je crois qu'il n'y a pas de russkofs, et il n'y a pas de ricains, juste des criminels affairistes qui jouent avec des tanks"). D'autant que les murs qui tombent dont il est question font référence au récit biblique des trompettes de Jéricho, et donc à un conflit guerrier en Palestine.
J'ai été surpris de voir dans les crédits le nom de Garth Hudson, de The Band. En fait, ils étaient visiblement amis et Garth est invité sur les trois premiers albums du groupe. Sur le quatrième, c'est Robbie Robertson qui joue sur un titre. Et le deuxième prénom du fils de Michael Been, membre du groupe Black Rebel Motorcyle Club, est Levon ! Vers 1985, Been et le batteur de The Call Scott Musick, ont même joué dans The Band lors d'un concert de leur tournée de reformation, pour pallier les absences de Robbie Robertson et Levon Helm.

La face B, Upperbirth, est un titre du premier album The call, sorti l'année précédente, en 1982. The Call est un groupe américain, mais ce disque a été enregistré en Angleterre, produit par Hugh Pagdam, qui avait travaillé notamment avec XTC, Peter Gabriel et Kate Bush.

Michael Been est mort à 60 ans en 2010, d'une crise cardiaque lors d'un festival alors qu'il était ingénieur du son sur la tournée de Black Rebel Motorcycle Club. Il avait sorti huit albums avec The Call et deux sous son nom.
Si The walls came down a eu assez peu de succès au moment de sa sortie, cette chanson est en passe de devenir un classique mineur : elle a été reprise par Simple Minds en 2022 sur l'album Direction of the heart, et aussi sur scène, par exemple par Calexico ou Todd Rundgren.




The Call, The walls came down, en concert.


The Call, The walls came down, en concert en 1984, diffusé par la télévision nationale suédoise.

25 avril 2025

ANARCHIC SYSTEM : Pop corn


Acquis chez Happy Cash à Dizy le 15 mars 2025
Réf : SG 397 / AZ 10 796 -- Édité par Disc'AZ en France en 1972
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Pop corn (Vocal) -/- Pop corn (Instrumental)

Il y a eu deux filons musicaux différents intitulés Popcorn qui sont nés en 1969 et ont prospéré au début des années 1970.
L'un, créé par James Brown avec son single The popcorn et l'album du même titre, est une danse funk. On a eu l'occasion d'en parler deux fois ici avec les disques de Vic Upshaw et Vigon. C'est assez paradoxal car je ne connaissais pas du tout cette danse à l'époque. Par contre, en 1972 je connaissais très bien et j'appréciais énormément la composition électronique minimale de Gershon Kingsley dont il est question aujourd'hui.

Comment en est-on arrivé à cette "version originale chantée" publiée par le groupe français Anarchic System ? On va essayer de décrire ce parcours assez tortueux en trois étapes :
  • En 1969, Gershon Kingsley (1922-2019) sort l'album Music to moog by, qui contient la composition Pop corn. C'est la première version publiée, excellente, avec même des sons un peu saturés.
    Notez que le titre est en deux mots, car il ne fait pas référence à du maïs soufflé mais, comme c'est souvent le cas avec la musique instrumentale, il décrit le style de la composition, de la pop kitsch.

  • Kingsley fonde ensuite le First Moog Quartet, qui tourne aux États-Unis et sort deux albums. Le second, en 1972, s'intitule Popcorn et contient une deuxième version, plus électronique, qui est de fait la matrice des versions suivantes.
    A priori, selon ce que je vois sur Discogs, aucune de ces deux premières versions n'a été publiée en 45 tours sur le moment.

  • Début 1972, un responsable du label Musicor, emballé par Popcorn, décide d'en produire une nouvelle version. On fait appel à Stan Free, membre du First Moog Quartet, pour jouer le synthé. La troisième version, créditée à Hot Butter, sort en single. Initialement, le disque n'intéresse personne, mais il finit par être passé dans une discothèque parisienne.
A partir de là, tout s'emballe, Popcorn devient un tube mondial et les versions se multiplient. J'en ai connu qui les collectionnaient et c'est une entreprise de presque aussi longue haleine que de rassembler l'intégrale de la discographie de Georges Jouvin !

Après après chroniqué le disque de Vigon, j'ai eu envie de me pencher sur le cas du Popcorn électronique. J'avais acheté récemment la "version dansante" par Mister K, l'une de celles qui s'est bien vendue en France en 1972, mais celle que je cherchais, je pensais l'avoir, c'est la version d'Anarchic System, tout simplement parce que c'est celle que je connaissais le mieux à l'époque, ne serait-ce que parce que ma jeune tante Nadette avait le disque. Au bout du compte, il n'y en avait pas d'exemplaire dans mes étagères, mais dès le lendemain j'en ai trouvé un en bon état et pas cher au Cash près de chez moi.
La pochette met en avant le titre du tube, plus gros c'est presque pas possible, et mentionne le nom du groupe presque en passant. Et évidemment, le graphisme/drapeau cherche à faire croire qu'on a affaire à des américains.

Cette version Anarchic System a elle aussi connu un grand succès. On la doit au duo bien français Olivier Toussaint et Paul de Senneville, responsable entre beaucoup d'autres du disque d'Electric Arena, qui a recruté pour l'occasion un groupe de Lille précédemment nommé Moby Dick. Suivant les versions, le groupe aurait été choisi car son clavier Christian Lerouge maîtrisait le Moog, ou bien Popcorn aurait été enregistré par des musiciens de studio et Moby Dick embauché ensuite pour tourner avec ce morceau.

Comme il faut bien se distinguer sur un marché encombré, la face A est présentée comme la "version originale chantée" de Popcorn. Fallait y penser, mais c'est tout con : toutes les versions "originales" de Popcorn ne sont pas chantées, tout bêtement parce que la composition originale est instrumentales. Alors là c'est vrai, c'est original puisque c'est chanté, avec des paroles, en anglais s'il vous plaît, pour perpétuer le côté pseudo-américain (la face B, version instrumentale non originale pour le coup, se rapproche le plus possible de celle de Hot Butter).

Ils ont peut-être été les premiers au monde à chanter Pop corn, mais Anarchic System n'ont pas été les seuls à le faire, puisqu'on trouve des versions chantées en flamand, tchèque, norvégien, roumain, russe, perse... Antoine s'est distingué puisqu'il a enregistré trois versions en français, allemand et espagnol. Sa version se veut parodique et même moqueuse, mais ça ne l'a pas empêché de faire le tour des plateaux télé pour la présenter, notamment ici et . Cette dernière version, dans l'émission de Danièle Gilbert, débute avec un invité, probablement connu mais je n'arrive pas à le replacer (*** On me murmure à l'oreille que cette personne est Gaston, qui à l'époque co-animait Midi trente avec Danièle Gilbert, et qui l'année suivante est devenu un Compagnon de la Chanson ***), qui "interprète" Pop corn en tapant sur sa joue. C'est peut-être cette prestation qui m'avait inspiré à l'époque, car ce qui m'est revenu c'est que je m'étais fait une spécialité de jouer Pop corn intégralement en faisant claquer mes lèvres et en jouant sur mon souffle pour faire varier les notes. J'ai dû faire ça des journées entières et s'il y a une chose dont je suis sûr aujourd'hui, c'est que ça devait être insupportable pour mon entourage !

Anarchic System, Pop corn, dans l'émission Cadet Rousselle en 1972.
C'est la fin de l'émission en direct, les animateurs sont fatigués, Guy Lux a du mal à se souvenir du nom d'Anarchic System. De toute façon, ce n'est pas le groupe qui joue, mais le grand orchestre de l'émission. Seul le chanteur apparaît pour chanter un refrain. Les ballets Upshaw sont en vedette.

18 avril 2025

FAWZI AL-AIEDY : Amina


Acquis sur le vide-grenier de Oiry le 6 avril 2025
Réf : K 167 -- Édité par Arc En Ciel en France en 1981
Support : cassette
16 titres

C'était mon premier vide-grenier de village de l'année, sous un franc soleil. Ne manquait plus que d'en ramener une cargaison de disques curieux et inconnus. Ce fut presque que le cas, car j'ai eu à un moment en main une poignée de 45t africains en bon état et alléchants. Mais je n'y croyais pas trop car le propriétaire du stand m'avait fait une réponse que je déteste quand j'avais demandé le prix des disques en arrivant : "Choisissez et on verra ensemble après". On a vite vu. Je n'avais pas fait attention aux petites étiquettes blanches bêtement collées sur le recto des pochettes. Ah oui, c'était le 'prix Discogs', comme base de discussion. J'ai à peine regardé ces étiquettes, mais ça allait de 15 à 25 €. Sachant que mon prix de base est à 1 €, et que je peux exceptionnellement monter à 2 voire 3 € si ça le justifie, je n'ai pas pris la peine de faire une offre et j'ai reposé les disques.
J'ai aussi failli reposer cette cassette, étant donné que, quand je lui ai demandé le prix, l'antiquaire qui la vendait m'a dit qu'elle me faisait le carton à chaussures qui en contenait une quinzaine à 1 €. Je lui ai répondu que je n'en voulais qu'une et, vu le prix du lot, je lui en ai proposé 20 centimes. Elle trouvait que ce n'était pas suffisant, mais a changé d'avis quand j'ai fait mine de la reposer. Heureusement car, cet album m'ayant vraiment plu, ça aurait été dommage de m'en priver pour quelques centimes.

Fawzi Al-Aiedy est né et a grandi en Irak. Il est venu vivre en France en 1971. Il a étudié la musique dans ces deux pays et cela s'entend dans ses productions. C'est lui-même qui l'explique le mieux : "Mon double bagage culturel m'a placé face à une alternative : ou je devenais un musicien traditionnel oriental, ou bien je restais un musicien classique européen. Alors je me suis trouvé une troisième voie ! Celle de la création, que m'indiquait mon amour de la poésie, et dont le fer de lance serait cette dualité entre Orient et Occident."
De 1977 à 1985, il a participé, avec Guy Jacquet, comédien, et Hassan Massoudy calligraphe, au groupe Khamsa, qui a produit le spectacle L'Arabesque à voir et à entendre, associant poésie, calligraphies et chants arabes.
Je pense que cet album est en partie issu de cette collaboration au sein de Khamsa, puisque Guy Jacquet signe deux textes et Hassan Massoudy s'est chargé de la calligraphie du livret.

Amina est sous-titré "Chansons et musiques pour enfants".  Mais on sait bien que la musique plaît ou ne plaît pas, mais quand elle plaît elle captive aussi bien les jeunes que les moins jeunes. La plupart des chansons interprétées ici sont de tradition populaire, d'Irak, de Palestine, du Maghreb..., mais même si elles sont nées en tant que comptines, elles n'ont rien de spécifiquement 'jeunesse'. Et un disque où le plus grand nombre de crédits est pour des "rires", j'ai tout de suite envie de l'écouter !

L'album s'ouvre avec Ya chauffeur, avec un violoncelle qui évoque le son d'un autobus. Il y a des instruments qui font le klaxon. Les enfants encouragent le chauffeur, comme dans la chanson "Chauffeur, si t'es champion, appuie sur le champignon" que j'ai souvent chantée !
Pour La mariée, les chœurs font des youyous.
Les rires, c'est à la fin de Gahou gahi qu'on les entend. A l'écoute, ce titre m'évoquait certaines chansons catalanes. Il y a peut-être un rapport puisque je vois que l'album Trobar e tarab de 1995 de Fawzi Al-Aiedy avait pour thème la voix occitane et arabe des troubadours.

Ce court album de seize titres comprend deux instrumentaux. Je pensais qu'il y en avait trois, mais les crédits indiquent que le presque expérimental Conversations lunaires est une improvisation vocale.
Parmi mes chansons préférées de l'album, il y a celle sur Toubou le vendeur de pommes, Djindjil, et surtout Autobus n° 11. Il faut savoir que "prendre l'autobus n° 11" est une expression qui signifie aller à pied. Et pourtant, on en couvre du terrain dans cette chanson, qui mentionne de nombreuses villes, de Samarkand à Tell al Zaatar.
Chachalabi et Hlayil sont aussi des chansons qui m'ont particulièrement marqué dans cet album qui, de fait, m'a réjoui de bout en bout.

Amina est en vente en numérique sur le site de Fawzi Al-Aiedy
. On peut y écouter Autobus n° 11 en entier, ainsi qu'un extrait de toutes les autres chansons.

Fawzi Al-Aiedy
se produit régulièrement, avec ses fils dans sa formation. J'espère avoir l'occasion de le voir en concert. Son dernier album, Ishtar connection, date de 2019.
Noces-Bayna, son album 'jeunesse' de 2009, a été réédité en 2023.



11 avril 2025

HERB ALPERT'S TIJUANA BRASS : Lollipops and roses


Acquis chez YMCA à Douvres le 2 mars 2020
Réf : NEP 44047 -- Édité par Pye International en Angleterre en 1965
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Lollipops and roses -- Butterball -/- Green peppers -- Love potion No. 9

J'ai acheté ce 45 tours le même jour et au même endroit qu'un super lot de 78 tours, parmi lesquels il y avait le Stan Freberg, le Bonnie Lou le Red Ingle et le Cheers.
Je pense que j'avais déjà à cet époque un exemplaire de l'album Whipped cream and other delights, dont les quatre titres de cet EP sont extraits, mais ça me plaisait bien d'avoir ce disque de poche, avec une version réduite de sa fameuse pochette.

Le Tijuana Brass, c'est un concept de pop jazzy, latino et instrumentale développé par le trompettiste Herb Alpert. Cet album est l'un de ses plus grands succès. Certes, sa pochette y a contribué, avec la photo assez suggestive prise par Peter Whorf d'une femme apparemment nue et apparemment recouverte de crème fouettée (c'est de la mousse à raser...), mais la pochette ne passait pas en radio et c'est bien la musique qui a permis à ce disque d'être classé numéro 1 des ventes aux États-Unis pendant huit semaines et rester dans ce classement pendant 141 semaines.

Notons que, ironiquement, Herb Alpert, qui est par ailleurs le A d'A&M, n'aimait pas ce projet de pochette, qu'il trouvait trop leste. C'est son associé Jerry Moss (le M d'A&M) qui a insisté pour la valider. Depuis, elle a été très souvent parodiée. Pour ma part, je pense que c'est par un disque de Soul Asylum de 1989 que je l'ai connue.

Le disque fête ses 60 ans cette année. Pour l'occasion, Herb Alpert est reparti à 89 ans en tournée avec une version du Tijuana Brass.
On reparle donc du disque et j'ai été surpris de voir circuler cette photo :



On y voit Herb Alpert et le mannequin de la photo, Dolores Erickson. Elle prend la même pose que sur l'album, mais elle est dans une robe blanche assez sage.
J'ai cru initialement qu'il s'agissait d'une photo retravaillée utilisée pour de l'affichage publicitaire là où la pochette risquait de choquer. Au bout d'un moment, je me suis rendu compte que les jambes de Dolores "sortent" du cadre et qu'il ne s'agit pas d'une affiche, mais qu'elle est bien assise et présente au moment où le cliché a été pris avec Herb Alpert.
J'ai trouvé ensuite un autre exemple, utilisé pour la couverture d'un livret, où Herb lui sert à boire :



L'explication est donnée par Dolores Erickson elle-même dans un entretien : au-delà de la session photo initiale, on a fait appel à elle pour apparaître, notamment lors de cérémonies de remise de prix. Visiblement, A&M avait même fait fabriqué un cadre avec un siège pour 'reproduire' la pochette et les photos ci-dessus ont dû être prises  dans ce genre d'occasion.

Bon, et la musique alors ? Eh bien, possédant des dizaines de disques de Georges Jouvin dans ma discothèque, je suis mal placé pour critiquer, mais c'est assez léger.
A force de l'écouter, j'apprécie Lollipops and roses, qui est un original composé, comme d'autres succès du groupe, par Sol Lake. C'est le cas ici aussi de Green peppers.
Les deux autres titres sont des reprises. Butterball n'est pas trop pour moi. Par contre, comme je m'en doutais avant même de l'écouter, Love potion No. 9 est mon titre préféré du disque. Pas étonnant, puisqu'il s'agit d'une version assez dynamique d'un succès composé par Jerry Leiber et Mike Stoller pour The Clovers en 1959.


Hert Alpert's Tijuana Brass, Lollipops and roses, une vidéo d'époque amusante où l'on voit le groupe, visiblement en studio, écouter son enregistrement. A voir dans une moindre qualité cette version plus longue, avec Herb Alpert qui présente les membres de Tijuana Brass de façon humoristique.


Hert Alpert's Tijuana Brass, Love potion N°. 9, en concert dans le Kentucky le 16 février 2025.

05 avril 2025

PETER GABRIEL : Solsbury Hill


Acquis à la Bourse aux Disques de Radio Primitive à Reims le 23 mars 2025
Réf : SA 1295 -- Édité par Virgin en France en 1990 -- Échantillon promotionnel, vente interdite
Support : 45 tours 17 cm
Titre : Solsbury Hill

Comme beaucoup d'autres voisins ou copains de classe, Eric S. avait plusieurs albums de Genesis. Mais je crois que c'est lui qui avait aussi le premier Peter Gabriel et qui me l'a fait écouter. Et c'est comme ça que j'ai eu envie de l'acheter et cet album s'est retrouvé parmi les 17 premiers entrés dans ma collection, comme le documente une liste dactylographiée retrouvée dans mes archives.
C'est aussi l'un des premiers à en être sorti, quelques mois après l'établissement de la liste, en même temps qu'un Jethro Tull et un Emerson, Lake & Palmer, quand j'ai échangés à un autre voisin du lotissement contre des manuels scolaires de lycée.

En fait, il y a une chanson en particulier qui m'a fait m'intéresser à Peter Gabriel, c'est Solsbury Hill, qui m'a instantanément accroché et que j'apprécie toujours autant aujourd'hui.
A tel point que, l'an dernier, j'ai vérifié si cette chanson était bien sortie en single (oui) et regardé si je ne pouvais pas m'en procurer un exemplaire avec pochette à un prix correct (non).
Mais l'autre dimanche à la bourse aux disques organisée par Radio Primitive, j'ai eu de la chance. Parmi les quelques 45 tours désherbés de la discothèque primitive qu'il restait à vendre, il y avait ce promo mono-face envoyé par Virgin fin 1990.
Certes, ce n'est pas le 45 tours de 1977, et certes, la pochette de la compilation Shaking the tree : Sixteen golden greats dont il fait la promotion n'est pas géniale, même si la photo est de Robert Mapplethorpe, mais c'est bien un 45 tours avec Solsbury Hill, dans la version originale, ni remixée, ni réenregistrée et ça me satisfait pleinement.

La chanson s'ouvre en mode folk rock, à la guitare acoustique. Elle a un côté sautillant, peut-être renforcé par le fait qu'elle est, me dit-on (je n'y connais rien) principalement en rythme 7/8.
Le thème, décliné sur trois couplets dont la fin fait office de refrain, c'est une méditation nocturne lors d'une balade sur la colline du titre, avec des réflexions qui touchent à la grande décision que Peter Gabriel venait de prendre, de quitter Genesis en plein succès pour, pensait-il initialement, tourner complètement le dos au show business.
La composition s'étoffe petit à petit, d'abord avec les quatre notes accrocheuses ("ta ta ta-ta"), qui sont ce qu'on retient le plus facilement de la chanson. Je n'arrive pas à déterminer quel instrument les joue (synthé ? flûte ? J'ai toujours pensé que c'étaient des cordes d'orchestre, mais le London Symphony Orchestra n'est crédité que pour deux autres titres de l'album).
Puis arrivent des percussions, façon talking drums. Enfin, je l'avais oublié, il y a, pendant la dernière minute principalement instrumentale une bonne grosse guitare bien saturée. Comme l'acoustique du début, elle est jouée par Steve Hunter, que l'on avait déjà entendu sur des albums d'Alice Cooper  et sur Rock 'n' roll animal.

C'est vraiment une excellente chanson. J'ai cherché des comparaisons possibles et, avec le côté anglais et bucolique, j'ai surtout pensé à XTC, époque English settlement.
On trouve une version sur l'album Plays live de 1983 et il y en a eu pas mal d'autres depuis, dont des reprises, mais la version originale est parfaite pour moi et me suffit.


Peter Gabriel, Solsbury Hill, une vidéo réalisée après la sortie initiale du disque en 1977.


Peter Gabriel, Solsbury Hill, en public à Essen en Allemagne pour l'émission Rockpalast, le 15 septembre 1978. La prestation ce soir-là s'est conclue par une version de The lamb lies on Broadway.


Peter Gabriel, Solsbury Hill, en concert à Athènes en octobre 1987. Ambiance complètement années 1980.

29 mars 2025

AKLI D. : C.facile


Acquis par correspondance via Rakuten en mars 2025
Réf : [CA BECAUSE0068] -- Édité par Because en France en 2006
Support : CD 12 cm
Titres : C.facile (Audio) -- C.facile (Vidéo)

Quand j'ai trouvé il y a quelques semaines à la Recyclerie de Châlons l'album Ma yela d'Akli D., j'ai su tout de suite que cet album allait être intéressant, ne serait-ce qu'à cause de l'instrument bricolé à partir d'un bidon d'huile qu'Akli tient sur la pochette.
Le disque m'a bien plu en effet, et le titre qui m'a le plus accroché c'est C. facile. En cherchant un peu, j'ai vu qu'il existait un single pour ce titre. Je l'ai trouvé à prix modique, port compris, et je l'ai commandé.

C'est un très bel objet. Ce n'est pas mentionné, contrairement à l'habitude, mais c'est une édition hors commerce. La pochette est légèrement surdimensionnée, avec un livret cartonné pelliculé de 12 pages. C'est un disque à ranger à côté d'un autre CD promo illustré, le Punk ouvrier de Didier Wampas illustré par Lindingre.

J'avais noté la participation active de Manu Chao à ce projet, qui a réalisé et mixé le disque, joue de plusieurs instruments et fait des chœurs. C'est mentionné très discrètement dans les les crédits de l'album. Ce n'est évidemment pas un hasard si ce disque est sorti chez Because, qui publie aussi les disques de Manu
Pour le single, c'est différent. Quiconque a jamais vu une image liée au livre-CD Sibérie m'était contéee de Manu Chao et Wozniak y pensera en voyant ce CD. Ce sont les deux compères qui ont fait les illustrations, utilisées également pour la vidéo. Les crédits sont mentionnés plus clairement, et surtout Manu signe un texte/poème de présentation d'Akli D.. Les deux se sont rencontrés lors d'une soirée à Paris. Ils se sont liés d'amitié, ont eu l'occasion de jammer ensemble, avant de se lancer dans l'enregistrement de l'album.

Je me suis vite rendu compte que la version de C. facile sur ce single n'est pas la même que celle de l'album. Musicalement, aucune différence, mais la version originale est chantée principalement en kabyle, tandis que celle-ci, qui est aussi celle de la vidéo, est en français.
En fouillant un peu, j'ai vu qu'il existe une autre édition de l'album avec la version française en bonus, et encore une autre qui intègre la version française et met la kabyle en bonus.

Le thème de la chanson, c'est la condition de l'exilé, une situation vécue par Akli D., qui a quitté l'Algérie pour la France au début des années 1980 : "C. facile, C. pas facile, l'immigré n'est jamais trankil. C. facile, C. pas facile, le jour c'est la vie le soir c'est l'exil." (une traduction des paroles qui figure dans le livret de l'album).
Dans la version française, il y a aussi "Combien de cartes ? Combien de séjours ? Toutes les promesses, tous les détours. Combien de temps, pour l′intégration ?".
On pense dans l'esprit à Rachid Taha et Carte de Séjour, à qui Akli fait indirectement référence avec le très bien vu "Douce France, douces souffrances".
C'est une excellente chanson, sur un rythme enlevé, avec un thème vieux comme le monde et toujours d'une actualité brûlante.

Akli D. est toujours actif musicalement. Dans quelques jours, le 1er avril, il donnera un concert dans un festival en Libye.




Akli D., C. facile, en concert.


Akli D., C. facile, en direct depuis Carcassonne dans une émission présentée par Michel Drucker.


Akli D., C. facile, en répétition.



22 mars 2025

THE WAITRESSES : I know what boys like


Acquis au Prisunic de Châlons-sur-Marne vers 1981
Réf : 106 225 -- Édité par ZE / Celluloid en France en 1981
Support : 45 tours 17 cm
Titres : I know what boys like -/- No guilt

Il y a une étiquette à deux francs de chez Prisunic au dos de la pochette. Ce disque fait donc partie de la razzia que j'ai faite un jour dans ce grand magasin du centre-ville à Châlons, où j'avais acheté Trans Europe Express et un album des Stranglers à dix francs, et tout un lot de 45 tours à deux francs, dont plein de Two Tone, et aussi un Department S. Une journée à marquer d'une pierre blanche !

I know what boys like est une petite pépite new wave entêtante, sur une rythmique funky légère (Tom Tom Club n'est pas très loin).
A l'époque, même sans comprendre les paroles et sans avoir vu la vidéo, il me semble bien que j'avais saisi l'esprit très sarcastique de la chanson, avec la chanteuse/narratrice Patty Donahue qui se moque des mecs : "J'aime bien les asticoter, ils veulent me toucher, je ne les laisse jamais faire" avant, cruelle de balancer "C'est amusant de les frustrer". Au dernier couplet, elle fait mine de regretter "Cette fois je te laisserai faire tout ce que tu veux" et le dédain culmine avec son "Tu peux me faire confiance... crétin !".
Il y a d'autres chansons où les gars se font mener comme ça par le bout du nez, mais aujourd'hui je n'ai repensé qu'à Vous me quittez déjà de Melon Galia.

Le plus drôle dans tout ça, c'est peut-être que la chanson a été écrite par un gars, Chris Butler. Originaire d'Akron, il a notamment joué avec 15 60 75 The Numbers Band. En 1978, alors qu'il est membre de Tin Huey, il lance en parallèle le projet The Waitresses et sort un premier 45 tours.

En 1978, il enregistre dans l'appartement de Devo une première démo d'I know what boys like, dont le son d'ailleurs n'est pas très éloigné du Devo époque Hardcore. Dans une deuxième démo, on entend une guitare électrique et on note l'apparition des "Nyah nyah nyah nyah nyah" moqueurs. Patty Donahue a répondu à un appel de Chris Butler un midi dans un café, et la chanson a été enregistrée à Akron avec Ralph Carney de Tin Huey au saxophone.

Butler s'est ensuite installé à New York et a signé un contrat avec ZE Records pour sortir I know what boys like en single. Il fallait une face B et à ce moment-là The Waitresses n'était pas encore un groupe. Pour No guilt, influencée par la vague ska, Chris Butler a de nouveau fait appel à Patty et Ralph, ainsi qu'à des musiciens new yorkais, dont Don Christensen des Contortions et des Raybeats à la batterie.

Un groupe a ensuite été formé, de haute tenue, avec Billy Ficca, ancien batteur de Television, Tracy Wormworth, qui est bassiste des B-52's depuis une trentaine d'années, et le saxophoniste Mars Williams, qui a ensuite rejoint les Psychedelic Furs.
Les Waitresses ont signé chez Polydor, qui a réédité le 45  tours et sorti en 1982 un premier album, Wasn't tomorrow wonderful ?. On y retrouve les deux faces du 45 tours, dans la même version.
Si vous avez bien suivi tout ça, vous comprendrez que les musiciens qu'on voit sur la vidéo de 1982 n'ont pas tous participé à l'enregistrement de la chanson, réalisé avant la formation du groupe.

I know what boys like a eu son petit succès et reste actuellement bien réputée. Je l'apprécie toujours autant. L'autre chanson la plus connue du groupe, c'est Christmas wrapping, enregistrée pour la compilation A Christmas record de ZE. J'ai acheté l'album à sa sortie, mais je n'ai jamais particulièrement accroché à cette chanson.
Le groupe s'est séparé en 1983 après deux albums. Patty Donahue est morte à 40 ans en 1996. Chris Butler est toujours actif musicalement.




The Waitresses, I know what boys like, en direct dans l'émission anglaise The old grey whistle test, en avril 1982.


The Waitresses, un court extrait de I know what boys like dans le premier épisode de la série Square pegs, dont le groupe a également signé le générique.


The Waitresses, No guilt, en direct dans l'émission anglaise The old grey whistle test, en avril 1982.