27 janvier 2008
GRANDADDY : Machines are not she
Offert par Big Cat Records par correspondance en juillet 1998
Réf : ABB128 P -- Edité par Big Cat en Angleterre en 1998
Support : 33 tours 30 cm
6 titres
Pendant un long moment en 97-98, pendant ma grande période Grandaddy, qui malheureusement s'est assez rapidement calmée après la parution de The sophtware slump, j'ai bavé devant le seul titre de ce EP qui était listé dans la discographie du site de Grandaddy comme étant resté inédit.
Ensuite, j'ai ragé quand le label anglais Big Cat a décidé d'accompagner un retirage du premier album de Grandaddy, Under the western freeway, d'un coupon pour recevoir gratuitement ce Machines are not she : j'avais vraiment envie d'écouter ce disque, mais je ne voulais pas avoir à acheter une deuxième fois l'album pour ça ! J'ai donc pris ma plus belle plume pour écrire à Big Cat et leur expliquer que j'avais déjà Under the western freeway et que je comptais publier un article sur Grandaddy dans mon fanzine Vivonzeureux!. J'ai dû être suffisamment convaincant car, quelques temps plus tard, j'ai eu la joie de recevoir chez moi cet exmplaire de 33 tours 6 titres de Grandaddy offert grâcieusement par Big Cat !
Comme la plupart des EPs du groupe et des productions extérieures de Jason Lytle, l'enregistrement de ce disque a surtout été l'occasion pour Grandaddy de tester du nouveau matériel d'enregistrement et donc de laisser libre cours à l'expérimentation sur certains titres (c'est ce qu'on trouvait comme explication à l'époque sur le site du groupe). Le disque n'est pas mauvais pour autant et je le préfère de loin à leurs albums suivants au son plus polissé.
Le disque s'ouvre sur deux titres excellents, Levitz (birdless) et For the dishwasher, que Big Cat avait d'ailleurs retenus en 1998 pour figurer parmi les faces B des nombreux singles extraits de l'album. Avec ces deux-là, mon autre titre préféré du disque est Sikh in a baja VW bug, un titre très rythmé et rigolo. Jason Lytle raconte au début l'histoire de ce sikh dans une Coccinelle Volkswagen jaune, donc, avec une planche de surf sur le toit à deux heures de route de la mer, qui fait la course au démarrage quand le feu passe au vert sans se soucier de ceux qui se moquent de lui. Ensuite la musique démarre, et les seules paroles qui restent sont celle du titre qui sert de refrain. Les trois autres titres sont moins remarquables, mais ne sont pas mauvais du tout.
Machines are not she a été réédité intégralement sur deux albums compilations différents : The broken down comforter collection chez V2 en Europe en 1999 (avec l'autre EP A pretty mess by this one band) et Concrete dunes chez Lakeshore aux Etats-Unis en 2002 (avec aussi A pretty mess by this one band et trois autres raretés en plus, toutes excellentes, qui sont la seule raison de préférer celle-ci). Vous pouvez trouver ces CDs facilement et pour pas cher, mais si vous cherchez ce vinyl, ça risque d'être une autre paire de manches !
26 janvier 2008
THE CLASH : Train in vain
Acquis à La Clé de Sol à Châlons-sur-Marne en 1980
Réf : CBS 8370 -- Edité par CBS en Europe en 1980
Support : 33 tours 17 cm
Titres : Train in vain -/- Bankrobber -- Rockers galore... UK tour (avec Mikey Dread)
Je tenais absolument à acheter ce single, tout simplement parce que je n'avais pas la chanson Train in vain. J'avais pourtant acheté London calling au Grand Bazar de la Marne dès sa sortie, en décembre 1979, et tout le monde sait que Train in vain est la 19e chanson de London calling, celle que le groupe a enregistrée vers la fin des sessions, celle qu'il a décidé d'inclure dans son double-album alors que la pochette était déjà chez l'imprimeur. Même si on n'utilisait pas trop l'expression à l'époque, c'est ainsi que Train in vain est devenue l'un des meilleurs et l'un des plus célèbres morceaux cachés de l'histoire du rock sur un disque désormais reconnu comme un grand classique.
Oui mais voilà, le tout premier pressage de London calling distribué en France, celui que j'ai acheté, est probablement le seul au monde à ne compter que les 18 chansons indiquées sur la pochette. Pas de Train in vain en 5e titre de la face 4 ! Très vite, dès début 1980, les exemplaires de London calling disponibles en France ont été dotés de leur 19e titre, mais aussi d'un ridicule autocollant avec un canard jouant de la guitare, la manière qu'avait trouvé CBS de promouvoir le "Rock of the 80's" sur toute une série de disques qui, de Trust à Nina Hagen, n'avaient parfois en commun que leur label !
Voilà pourquoi je ne pouvais pas rater ce disque, un très bel objet avec une pochette qui fait écho à celle de l'album dont il est issu, mais avec cette fois une photo qui met Mick Jones en valeur, le principal auteur et le chanteur de Train in vain. C'est une chanson plutôt bonne et réussie, de l'intro, avec la batterie et le riff de guitare presque funky qui semblent déjà annoncer The magnificent seven, au refrain, "Did you stand by me ?", qui reste bien en tête. Je l'aime bien, mais c'est loin d'être une de mes chansons préférées de Clash, mais je ne suis pas surpris que, dans son édition américaine, avec la chanson London calling en face B, ce single ait été le premier du Clash à monter haut dans les charts, ce qui n'a pas été le cas en France où on a très peu entendu ce single, contrairement au précédent, London calling justement.
Vous avez peut-être remarqué le bel autocollant rose "33t." apposé en France sur la pochette de ce disque. C'est à cause de lui que j'ai dû m'empêcher au moins cinq fois depuis le début de ce billet d'écrire "45 tours" pour parler de ce single ! Et pourquoi donc ce petit disque s'écoute-t-il en 33 tours ? Parce que les deux titres de la face B totalisent plus de neuf minutes, ce qui n'aurait pas tenu sur une face de 45 tours.
En fait, cette face B contient les deux faces du 45 tours sorti deux mois plus tard en Angleterre à la place de Train in vain. La première, c'est Bankrobber, un excellent reggae écrit par le Clash, pas une reprise comme Police and thieves ou Armagideon time, et produit par Mikey Dread, le chanteur producteur et animateur radio jamaïcain que Clash avait emmené avec lui en tournée. La chanson, chantée par Joe Strummer, est excellente, avec cette histoire de papa cambrioleur qui a toujours aimé ce mode de vie et n'a jamais blessé personne. Juste un regret, que les gris-gris sonores de Mikey Dread, qu'on réussit à repérer ici à l'oreille quand on connait ses propres disques, ne soient pas plus mis en avant.
Mikey Dread lui-même est mis bien en avant sur Rockers galore... UK tour puisqu'il raconte en toastant sur la version instrumentale de Bankrobber ses aventures en tournée avec The Clash, et il est ainsi le troisième chanteur en trois titres de ce disque !
Pour conclure les aventures éditoriales de ces chansons à l'époque, il faut savoir que Bankrobber n'est jamais sorti en single aux Etats-Unis. par contre, la chanson et sa version dub se sont retrouvées en octobre 1980 sur une compilation de titres de Clash inédits aux USA, Black market clash, un disque 25cm de la collection Nu-disk de CBS US, ce qui prouve que les départements marketing de CBS dans le monde entier étaient hyperactifs en 1980 !
Quant à mon exemplaire de London calling à 18 titres, je ne l'ai plus depuis longtemps ! Je l'avais amené pour le passer dans une boum, mais Philippe M. avait eu la même idée et malheureusement nos disques ont été échangés dans le feu de l'action. Je m'en suis rendu compte trop tard pour que nous ayons jamais eu l'occasion de refaire l'échange depuis...
A voir : The Clash sur scène dans le New Jersey le 8 mars 1980, filmé par les caméras de surveillance de la salle (!) avec le son de la table de mixage, jouant Train in vain et aussi Bankrobber/Rockers galore avec Mikey Dread.
21 janvier 2008
FELT : Me and a monkey on the moon
Acquis à La Clé de Sol à Reims en 1989
Réf : ACME 024CD -- Edité par El en Angleterre en 1989
Support : CD 12 cm
10 titres
L'affiche était alléchante pour cette première soirée du 2ème Festival des Inrockuptibles à La Cigale : Felt, les Chills, les La's et les Stone Roses !
Qu'on ne s'y trompe pas cependant. Je n'apprécie pas trop ces concerts dans des salles de mille places ou plus pleines à craquer et, si j'ai fait le déplacement à Paris ce jour-là, c'est uniquement pour Felt, que je n'avais pas vu en concert depuis celui de Londres deux ans et demie auparavant, et dont les concerts en France étaient des plus rares : à part celui-ci et le premier, que j'avais organisé à Reims le 21 juin 1986, je ne trouve mention, dans un article de Libération non daté, que d'un autre concert annoncé de Felt, à Paris au Rex-Club en première partie de Primal Scream, fin 1988 ou début 1989.
Je ne sais plus dans quel ordre sont passés les groupes. Je me souviens d'avoir un peu écouté les Chills du fond de la salle, un groupe que j'aimais pourtant bien depuis que Creation avait sorti la compilation Kaleidoscope world sous licence Flying Nun en 1986.
Pour les Stone Roses, dont j'aimais beaucoup quelques titres, surtout Made of stone, c'était tellement la folie, avec notamment les fans anglais qui avaient dû descendre de Londres, Manchester ou Liverpool, que j'ai passé une bonne partie du concert dans le hall de La Cigale, me contentant de quelques incursions dans la salle.
Pour les La's, mes souvenirs sont très flous. J'ai en tête un très bon son sixties et un John Power sautillant avec sa tête bouclée, mais j'associe ce souvenir à un concert à L'Usine de Reims ! Seul problème : je ne retrouve dans mes archives aucune mention d'un concert des La's à Reims !! Il est possible que je confonde avec l'excellent concert des Real People à L'Usine le 9 novembre 1991, un autre groupe de Liverpool dont le son ce soir-là était bien meilleur que celui de leur album.
Par contre, je n'ai pas perdu une miette du concert de Felt, et quelle déception ce fut ! Felt n'a jamais eu de jeu de scène à proprement parler (voir le DVD A declaration pour confirmation), mais a toujours donné d'excellents concerts à chaque fois que j'ai eu l'occasion de les voir dans leurs différentes formations, sans jamais rechercher à reproduire vainement les délicates broderies de leurs enregistrements studio. Mais ce soir-là, rien ne fonctionnait. On avait l'impression que le groupe ne jouait pas ensemble, que Lawrence faisait la gueule...
Il n'est jamais facile d'accéder aux loges des groupes quand on n'a pas de pass, surtout lors des gros concerts et encore plus à Paris. Ce soir-là, alors que je prenais l'air sur le boulevard Rochechouart, j'ai hésité à me battre pour essayer d'aller voir le groupe avant de renoncer : j'aurais eu bien du mal à trouver quoi que ce soit de positif dire au groupe sur leur prestation sans leur mentir. J'avais vu un groupe en pleine décomposition, dont je voyais mal comment il pouvait survivre longtemps après ça.
Je n'ai donc pas du tout été surpris d'apprendre quelques semaines plus tard dans le NME que Felt annonçait sa séparation fin 1989 après une dernière tournée anglaise et la sortie d'un nouvel album, Me and and a monkey on the moon.
Après ce concert parisien, je craignais le pire en achetant ce disque, mais pour le coup j'ai été agréablement surpris : il n'est pas mauvais du tout ! Il est certes très différent du reste de la production de Felt, à des années lumières du maxi The final resting of the ark par exemple, ou du premier mini-album Crumbling the antiseptic beauty. C'est un disque de pop-rock presque normale, et la production discrète d'Adrian Borland, de The Sound, y est peut-être un peu pour quelque chose. Mais pas seulement. Les paroles de Lawrence sont plus directes (Budgie jacket relate une agression pédophile sur un ton presque journalistique) et le son a évolué : les solos de guitares sonnent très américains parfois et les claviers de Martin Duffy sont moins en avant mais plus variés, avec le petit son de synthé qu'on trouvait sur Space blues qui revient plusieurs fois et qui, comme le disque dans son ensemble, confirme l'intérêt de Lawrence pour un retour sur les années 70 qui se cristallisera avec Denim.
L'excellente chanson d'ouverture, I can't make love to you anymore, synthétise tous ces éléments. Au niveau du titre, on ne peut guère faire plus direct, et on est très loin du style ampoulé qui a fait la réputation de Felt, comme Whirlpool vision of shame, Sunlight bathed the golden glow ou Trails of couleur dissolve ! La guitare slide et l'ambiance générale font penser au meilleur Weather Prophets ou Peter Astor en solo, et on n'est pas surpris de découvrir dans les crédits que Peter Astor fait justement les choeurs sur ce titre, avec Rose McDowall des Strawberry Switchblade.
Avec cette seule chanson, Felt avait réussi ses adieux en beauté et aurait pu s'arrêter là, ou nous coller une demie-heure de piano solo pour boucler le disque comme sur The Pictorial Jackson Review. Mais non, le reste du disque est d'un très bon niveau de bout en bout, avec des titres enlevés (Mobile shack, Get out of my mirror) et de belles chansons Never let you go, Cartoon sky ou Free qui n'auraient pas déparé sur Forever breathes the lonely word ou Ignite the seven cannons.
New day dawning est particulièrement intéressante puisqu'elle synthétise avec un meilleur son les principales qualités de Poem of the river : le début de la chanson ressemble beaucoup à A declaration (surtout le rythme de basse) et commence justement par une déclaration ("There are some things that I should say before I go and there are some things that you should know") et elle se termine dans une longue envolée de solos de guitares qui pourrait rappeler Riding on the equator.
Avec cet album, Felt tire sa révérence de manière très élégante et, a posteriori, Me and a monkey on the moon peut constituer un point d'entrée très accessible pour qui voudrait faire connaissance avec la musique de Felt, à la condition expresse bien sûr de faire ensuite le chemin à rebours jusqu'à Crumbling the antiseptic beauty.
20 janvier 2008
ALAIN SOUCHON : S'asseoir par terre
Acquis sur le vide-grenier du Jard à Epernay le 13 janvier 2008
Réf : PB 8002 -- Edité par RCA en France en 1976
Support : 45 tours 17 cm
Titres : S'asseoir par terre -/- Petit pois
Le premier vide-grenier de l'année, sous le soleil. Rien d'exceptionnel à se mettre sous la dent, mais j'ai pris ce 45 tours qui avait l'air en bon état parce qu'on ne le voit pas souvent, et surtout parce que S'asseoir par terre est une chanson que j'aime beaucoup et qui m'a fortement marqué.
La chanson elle-même est très réussie. Après une intro légère à base de guitares, on attaque directement avec le refrain et sa belle mélodie. Les arrangements signés Voulzy sont légers, à base de guitare slide et de choeurs féminins, ce qui donne à l'ensemble un petit côté west coast ; la section rythmique un peu pataude qui encombre la face B est ici très discrète.
Mais ce qui m'a surtout marqué, à l'âge fortement influençable de 13-14 ans, ce sont les paroles et le "message" de cette chanson :
Tu verras bien qu’un beau matin fatigué, j’irai m’asseoir sur le trottoir d’à côté
Tu verras bien qu’il n’y aura pas que moi, assis par terre comme ça
Le temps d’un jean et d’un film à la télé, on s’retrouve à vingt-huit balais
Avec dans le cœur plus rien pour s’émouvoir, alors pourquoi pas s’asseoir
Depuis l’temps qu’on est sur pilote automatique, qu’on fait pas nos paroles et pas not’musique
On a l’vertige sur nos grandes jambes de bazar, alors pourquoi pas s’asseoir
J'ai toujours compris ce titre comme une "protest song" un peu particulière, très indivualiste dans son incitation à un "sit-in" personnel pour échapper au train-train quotidien, mais avec quand même cette certitude de ne pas se retrouver seul à l'écart.
J'ai très vite et littéralement appliqué les préceptes d'Alain Souchon puisque, lorsque je l'ai vu en concert à la foire-exposition de Châlons-sur-Marne, en 1977 ou 1978 je pense, je me suis appliqué à écouter cette chanson, ostensiblement assis sur une bordure de trottoir, quelques mètres en retrait de la foule familiale qui assistait au concert, sous un hangar ouvert, entre les derniers modèles de moissonneuses-batteuses et les chars de l'armée.
13 janvier 2008
LISA TUCKER : The song reader
Acquis au Music & Goods Exchange de Notting Hill Gate à Londres le 22 juin 2007
Réf : 0-7434-6445-1 -- Edité par Down Town Press aux Etats-Unis en 2003
Support : 306 p. 21 cm
21 titres
Il y a vingt ans, ce magasin était plein de disques vinyl. Ils ont laissé la place aux CDs, et maintenant à des livres. Dans le magasin d'à côté, on trouve désormais des vêtements et des bijoux rétro, mais le principe de cette chaîne de magasins reste toujours le même : des articles d'occasion dont le prix est baissé au fur et à mesure de leur séjour en rayon. Et à la fin, on les retrouve bradés à prix fixe à la cave, à 50 pence dans le cas de ce livre.
Parmi les centaines de tranches de livres que j'ai scrutées ce jour-là, c'est bien sûr le titre mentionnant "song" qui m'a fait sortir celui-là et lire la quatrième de couverture, qui m'a elle-même assez intrigué pour que je me décide à ajouter ce livre à mes bagages déjà bien chargés.
L'accroche est simple. Deux soeurs, Mary Beth et Leeann se retrouvent à vivre seules suite au décès de leur mère, le père ayant quitté la famille depuis des années. Mary Beth se rend compte qu'elle a le don d'analyser les chansons qui trottent dans la tête des gens pour en déduire ce qui leur trotte dans la tête tout court, psychologiquement, et leur donner des conseils de vie. Petit à petit, elle en fait une activité professionnelle annexe.
Cela nous vaut, dans la première partie du livre, qui n'est pas la plus intéressante, de nombreuses références musicales, bien datées puisque l'action se passe au début des années 80, avec des mentions de Devo ou des Talking Heads, mais de Flashdance aussi, film de triste mémoire puisque c'est celui qui nous a été projeté lors de la seule soirée que j'ai passée sous les drapeaux.
Dans la deuxième partie du livre, narré de bout en bout par la plus jeune des soeurs, Leeann, qui a treize-quatorze ans au début, l'analyse des chansons est laissée de côté et c'est la saga et l'histoire de cette petite famille qui devient le sujet principal du roman, et le tout est assez passionnant et mouvementé pour qu'on dévore les 300 pages du bouquin.
The song reader est le premier roman de Lisa Tucker. Il a connu un certain succès, grâce notamment à un passage télé chez Oprah Winfrey, qui est plus ou moins l'équivalent américain de Bernard Pivot. Il a été traduit en allemand, en italien, en croate et même en français, chez Flammarion en 2007, sous le titre Une femme de paroles. Je trouve dommage que cette traduction du titre évacue presque complètement toute référence aux chansons. Quelque chose comme L'analyseuse de chansons, même si c'est tout sauf élégant, aurait mieux rendu compte du thème du roman.
Lisa Tucker a sorti son troisième roman, Once upon a day, en 2006 et les droits en ont aussi été acquis pour la France par Flammarion.
12 janvier 2008
DICK ANNEGARN : Accordons
Acquis chez Parallèles/Gilda à Paris le 24 octobre 2007
Réf : PR015334 -- Edité par Tôt ou Tard en France en 2005 -- Disque de promotion interdit à la vente
Support : CD 12 cm
Titre : Accordons
Mes souvenirs de Dick Annegarn remontent loin. A Mireille, qu'on chantait tous en choeur et par coeur à la maison, et à ses passages télé au Petit Conservatoire de Mireille et à Midi-Magazine, mais je pense que je n'avais pas vu à l'époque la demie-heure du Discorama de Denise Glaser du 24 avril 1974, qu'on peut voir là.
Malheureusement, je n'ai jamais vu Annegarn en concert, probablement surtout parce qu'il s'était un peu mis en retrait et ne tournait pas beaucoup au moment où j'aurais été le plus intéressé pour aller l'écouter, au début des années 80.
J'ai eu l'occasion d'écouter quasiment tous les disques que Dick Annegarn a sortis depuis le début des années 90 et à chaque fois j'y ai trouvé au moins une ou deux chansons qui me plaisent beaucoup, notamment Les Tchèques. C'est encore le cas avec Plouc, son dernier en date, dont j'adore le titre d'ouverture, Accordons, que j'ai donc bien été content de dégoter en single hors commerce.
Accordons est un concentré de bonne humeur de deux minutes qui a l'énergie d'une fanfare de rue et le rythme d'une valse. Je ne suis pas sûr qu'il y ait des violons dans l'enregistrement, mais tous les autres instruments cités dans le refrain doivent être présents, ainsi que plein d'autres : "Accordons, accordons, accordons nos violons Tambours et trompettes, cornemuses, accordéons Accordons, accordons, accordons nos violons Clairons, clarinettes, saxophones, soubassophones". Le mot "bonde" me rend l'un des couplets très mystérieux : "Rondes et bonde Le cul de Cunégonde Rondes et bonde Comme une cerise ronde".
La photo de pochette, signée Serge de Rossi, la même que celle de l'album, est très réussie. Elle fait un peu écho à celle d'Approche toi, signée Mondino, et aurait pu illustrer un autre album d'Annegarn, Adieu verdure.
04 janvier 2008
TOM WAITS : In the neighborhood
Acquis neuf à Londres ou à Paris fin 1985 ou début 1986
Réf : ISD 260 -- Edité par Island en Angleterre en 1985
Support : 2 x 45 tours 17 cm
Titres : In the neighborhood -/- Singapore & Tango till they're sore -/- Rain dogs
Cette semaine, j'ai vu avec plaisir le film de Barry Levinson Liberty heights, qui raconte l'histoire d'une famille juive à Baltimore en 1954 et de ses relations avec les communautés noire, pour qui la ségrégation scolaire commence à prendre fin, et blanche anglo-saxonne protestante. Plusieurs scènes se passent dans le cabaret du père, qui sert de couverture à son activité de paris clandestins. La première fois qu'on entend la musique qui accompagne les strip-teaseuses, je me suis dit, tiens, on dirait une rythmique à la Tom Waits. La deuxième fois ça chantait et je me suis dit, que ça ressemblait vraiment à du Tom Waits quand il prend sa voix un peu haute. La troisième fois, je n'avais plus aucun doute, il s'agissait bien de Waits, avec un excellent titre, It's over, que j'aurais dû repérer l'an dernier quand j'ai écouté le coffret Orphans : Brawlers, bawlers & bastards sur lequel il figure.
Du coup, ça m'a donné l'idée de ressortir ce double 45 tours, un disque studio et un disque live, sorti juste après l'album que beaucoup considèrent comme le plus réussi de Tom Waits, Rain dogs. D'ailleurs, on pourra longtemps s'interroger pour essayer de comprendre pourquoi, pour faire la promotion de Rain dogs, un album plein de titres accrocheurs, Island a choisi en Angleterre de mettre en face A... un titre de l'album précédent, Swordfishtrombones, sorti deux ans plus tôt !!
C'est avec Sworfishtrombones que j'ai découvert Tom Waits et je sais précisément quand ça s'est passé. C'était le 9 mai 1984 dans la légendaire salle de concert de Londres l'Hope & Anchor. J'attendais que le concert de The Lo Yo Yo débute et la sono diffusait cette musique étrange et enthousiasmante qui, quand je me suis décidé à aller poser la question au sonorisateur, s'est révélée être cet album de Tom Waits.
In the neighborhood, avec son ambiance de fanfare de rue nostalgique, est une excellente chanson, c'est juste dommage que le label l'ait utilisée pour faire de l'ombre à celles toutes aussi bonnes de Rain dogs, de Downtown train (le single français) à Jockey full of bourbon en passant par Blind love, Hang down your head ou Clap hands. Ou encore n'importe laquelle des trois autres chansons de ce disque, qui figurent toutes sur l'album Rain dogs.
Singapore est là dans la version de l'album, et il suffit du premier vers, "We sail tonight for Singapore" pour qu'on soit dans l'ambiance. Quant à Tango till they're sore et à la chanson Rain dogs, elles sont ici dans des versions live enregistrées à Paris aux Folies Bergère le 16 novembre 1985 et introuvables ailleurs. Le choix des instruments, l'inventivité des arrangements et la finesse de l'interprétation de ces deux titres me rappellent immanquablement à chaque écoute les spectacles et le premier album de l'une de mes idoles, Lewis Furey.
J'ai deux petits regrets par rapport à Tom Waits. D'abord, ne jamais être tombé sur un exemplaire de l'édition de Sworfishtrombones qui aurait dû sortir sur son ancien label Elektra-Asylum, avec une pochette différente, et qui avait été chroniquée en grande pompe, genre album du mois avec pleine page et tout, dans Rock & Folk avant que la sortie en soit annulée. Ensuite, ne pas avoir eu l'occasion de voir l'un de ses concerts, quand c'était encore abordable (pour les rares dernières tournées de Tom Waits, les places étaient assez chères et surtout vendues en un rien de temps). J'aurais bien aimé, par exemple, être à ce concert de Paris le 16 novembre 1985, mais bon, quand je regarde mon agenda de l'époque, je me dis que je n'ai pas trop de regrets à avoir. Ce jour-là, j'étais à Glasgow, hébergé chez des membres de Primal Scream. J'y avais accompagné Dick Green pour convoyer Primal Scream et Meat Whiplash entre un concert à Aberdeen le 14 et un autre à Croydon, au sud de Londres, le 20, en première partie des Weather Prophets.
Ajout du 2 février 2008 :
En triant mes archives, j'ai retrouvé la fameuse chronique de Swordfishtrombones dans Rock & Folk, vers décembre 1982, en album du mois devant le Thriller de Michael Jackson, dont la chronique, notez-le, commence étrangement par "James White, vous connaissez ?".
L'année suivante, après la sortie effective de l'album, le chroniqueur Philippe Leblond a interviewé Tom Waits pour Rock & Folk, à propos de la non-sortie de cette version de l'album chez Elektra :
"R & F - Et la fausse sortie du disque ? Nous, on avait une bande.
T.W. - Je sais. J'allais quitter Elektra et l'album ne devait pas sortir, c'est une erreur. Tout ce que j'ai à endire c'est que je préférais l'ancienne pochette, parce que c'était un dessin de moi..."
03 janvier 2008
OTTO : Mon pied sur une chaise
Acquis chez Parallèles à Paris en août 2005
Réf : R'N'D 01 -- Edité par Rock'n'Drôle en France en 1994
Support : CD 12 cm
13 titres
J'ai découvert cet album au moment de sa sortie lorsqu'on l'a reçu en nouveauté à La Radio Primitive. Je l'ai programmé à partir de juillet 1994 et je l'ai inclus quelques mois plus tard dans la sélection de mes disques préférés de 1994.
A l'époque, j'avais copié mes titres favoris du disque sur une cassette. Quelques temps plus tard, je me suis procuré le CD single J'ai d'tout, j'jette rien avec trois titres extraits de l'album, mais à chaque fois que je réécoutais la cassette, je regrettais de ne pas avoir l'album entier. J'ai fini par tomber dessus au moments des soldes d'été de Parallèles en 2005, à 1 €, mais je pense qu'à 4 ou 6 euros je l'aurais pris quand même.
Dès la pochette, qui parodie Brassens, on sait qu'on n'a pas à faire à un disque qui se prend au sérieux, ce que confirme l'intitulé du label (Rock'n'Drôle a également édité, entre autres, les Barking Dogs et Jo Butagaz et ses Brûleurs).
Le titre d'ouverture, Bon aryen, donne une bonne idée du disque : musique synthétique minimale avec des échos sixties, chant détaché, avec quelque chose de Tom Novembre, des jeux de mots (mais en dose numériquement très inférieure à ce que propose Sttellla, dans un registre proche). Pour ce titre précisément, on peut ajouter une litanie d'anathèmes débitée sur le même ton que celui utilisé par Jacques Dutronc en 1980 pour L'hymne à l'amour (moi l'noeud) et un refrain, "Je serai l'maître du monde" qui ne peut que rappeler aux afficionados le classique underground de Rex Bolido. On entend aussi sur ce titre pour la première fois la "voix additionnelle" de Gabriel Gaultier, dont les interventions tout au long du disque sont efficaces et hilarantes. C'est sur Une p'tite belle dans la tête, une chanson dont le seul défaut est de recycler un jeu de mots pré-empté par Gainsbourg pour Douze belles dans la peau dès 1958, que cette voix est le plus utilisée et je ne résiste pas au plaisir d'en recopier quelques paroles (deuxième voix entre parenthèses) :
Ils faisaient l'amour 3 fois par jour (Mais non, c'est pas ça)Cette chanson a été incluse en 2002 sur la compilation La vie de couple éditée par le magazine de BD Le Psikopat, où elle se trouve d'ailleurs juste avant un morceau de Sttellla.
Ils faisaient l'amour tous les 2 jours (Non plus)
Ils faisaient l'amour 1 fois par mois (Oui, mais ça, c'était y'a longtemps)
Ils faisaient l'amour tous les 3 ans (C'était un couple merveilleux)
mais ce salaud s'est tiré une petite belle dans la tête
Hormis ces deux-là, mes titres préférés du disque sont Lundi, j'ai rencontré une fille très gentille et Liturgie esthétique. Je trouve d'ailleurs le séquençage du disque assez raté car mes titres préférés sont un peu éparpillés dans tout le disque et un enchainement immanquable n'a pas été fait, entre Monde moderne, qui se termine brusquement par un infarctus du narrateur, et L'ambulance, dont les seules paroles, répétées ad-libitum, sont "L'ambulance ne va pas tarder, elle vient me chercher".
A ma connaissance, ce disque est le seul qu'Otto a sorti sous ce nom. D'ailleurs, dans un premier temps, je n'ai trouvé aucune information sur lui par une recherche simple, en-dehors des références du disque. J'ai assez vite localisé Gabriel Gaultier, un publicitaire renommé, qui visiblement gagne sa vie grâce à son humour. Ensuite, j'ai fait des recherches sur ce qui, d'après les crédits, est le vrai nom de famille d' "Otto", "Quéméré". Je suis alors parti sur une fausse piste pendant près d'une heure en essayant de vérifier si Otto pouvait être l'illustrateur et dessinateur de BD Olivier Quéméré. Ça ne me paraissait pas invraisemblable, car l'initiale du prénom est la même et il y a des dessins non crédités sur le livret. C'était raté, mais de peu. C'est quand je me suis décidé à visiter le site du producteur du disque, Vincent Malone (un site en flash, donc pas indexé en détail par Google) que j'ai enfin eu la réponse à mes questions : Otto s'appelle François Quéméré, il est dessinateur et a fait partie des Rabbins Volants, l'un des groupes de Gabriel Gaultier, le premier à avoir sorti la chanson Coin coin.
La petite bande Malone-Gaultier-Quéméré se fréquente probablement encore, puisqu'en 2005 ils ont tous les trois participé à la publication de Les plus jolies chansons de notre enfance, un livre-CD qui détourne des chansons enfantines.
Je vous conseille d'aller visiter le site de Vincent Malone, en passant par la page d'accueil, qui est très drôle. En choisissant la rubrique "Le roi de la prod" puis "Disques" vous tomberez sur la page consacrée au disque d'Otto, dont vous pourrez écouter et/ou télécharger deux titres.
01 janvier 2008
BIFF BANG POW ! : There must be a better life
Acquis à la Living Room ou chez Rough Trade à Londres au printemps 1984
Réf : CRE 007 -- Edité par Creation en Angleterre en 1984
Support : 45 tours 17 cm
Titres : There must be a better life -/- The chocolate elephant man
Les tous premiers singles Creation je les ai achetés chez Rough Trade, mais je me demande si celui-ci je ne l'ai pas acheté directement auprès d'Alan McGee à la Living Room, avec le Do the ghost des X-Men qui a dû sortir en même temps. Quelques temps plus tôt, j'avais commandé à Alan, le "Creation cow-boy", un lot à 2 £ des trois singles de son précédent groupe, The Laughing Apple, suite à une pub parue dans son fanzine Communication Blur.
A leurs débuts, je considérais Biff, Bang, Pow ! avant tout comme un groupe revival sixties. Et il y avait de quoi : le nom du groupe, les plans piqués aux Byrds, le look Beatles époque Rubber Soul d'Alan, le slogan de Pink Floyd réapproprié pour 1984 au verso de cette pochette ("The next projected sound of 1984"). Impression confirmée par le premier concert du groupe que j'ai vu, non pas à la Living Room mais au Noise Above, en première partie des Pastels et avec les June Brides au même programme (excusez du peu !), avec Alan et sa guitare douze cordes qui menaient le bal.
There must be a better life est une excellente chanson, en net progrès par rapport au premier single, une vraie pépite garage des eighties qui méritait bien sa place dans le coffret Children of Nuggets. A part la batterie, le son ne souffre pas trop des conditions précaires d'enregistrement. Il y a toujours des références sixties psychédéliques (les chœurs très réussis, le solo de guitare à l'envers), mais il y a aussi une ligne de synthé style Casio qui n'a rien de rétro et surtout la chanson a une énergie propre, des paroles et un refrain réussis ("Love me... There must be a better life") qui en font un grand titre hors de toute référence passéiste, au niveau des titres les plus énergiques des premières vedettes du label, les Jasmine Minks.
Quelques mois plus tard, c'est There must be a better life qui ouvrait Pass the paintbrush, honey, le premier album de Biff, Bang, Pow !, un disque qui m'est dédié.
Parmi les huit titres de cet album, on trouve aussi The chocolate elephant man, la face B de ce 45 tours. C'est l'une des premières belles ballades composées par Alan, avec là un titre et un son très psychédéliques, et pour le coup un son de batterie très réussi, avec des roulements de toms sur le refrain.
Comme je ne comprenais rien aux paroles de There must be a better life, j'ai insisté un jour auprès d'Alan, alors que je séjournais chez lui, probablement en 1985, pour qu'il m'écrive les paroles. Il a cherché autour de lui un papier pour écrire et a pris, pas au hasard car il savait que j'étais fan, un dossier de presse de Julian Cope de début 1984 qui traînait par là.
Ce n'est pas le seul lien que l'on peut faire entre Julian Cope et Biff, Bang, Pow !, puisqu'on trouve au verso de la pochette du maxi Eve's volcano la reproduction de l'affiche du concert de Julian Cope au Westminster Central Hall de Londres le 23 janvier 1987, avec Biff, Bang, Pow ! en première partie. Sans parler qu'en 1988, Joss Cope, le propre frère de Julian, a rejoint le groupe aux claviers.
L'affiche du concert de Biff, Bang, Pow ! à la M.J.C. Claudel de Reims le 25 octobre 1986.
Sérigraphie inspirée de la pochette de There must be a better life réalisée par Jean-Paul, le directeur de la M.J.C., sur ma suggestion.
A l'origine, ce sont les Weather Prophets, alors très bien classés dans les charts indépendants anglais avec Naked as the day you were born, qui devaient être en tête d'affiche du concert à la place de Biff, Bang, Pow ! Quant à Phil Wilson, il n'a finalement pas pu faire le voyage à Reims.
Biff, Bang, Pow ! en concert à Reims, M.J.C. Claudel, le 3 novembre 1984, en première partie de The Jesus & Mary Chain et The Jasmine Minks. (Photo : Marc Roger ?)
De gauche à droite : Alan McGee, Dave Evans, Dick Green, Luke Hayes, London, Philippe Roger.London porte la parka qui, j'imagine, lui a valu son surnom !
Biff, Bang, Pow ! en concert à Reims, M.J.C. Claudel, le 25 octobre 1986. (Photo : Jean-Frédéric Albert ?)
De gauche à droite : Alan McGee, London.
Soit les mêmes, au même endroit, près de deux ans plus tard. Philippe Roger ne fait pas le technicien de scène comme en 1984 car là il jouait en première partie avec Brigitte Rurale.
Ce soir-là, j'ai rejoint Biff, Bang, Pow ! sur scène aux choeurs (faux) et au tambourin pour deux titres, If I die et There must be a better life.
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