15 novembre 2024
CROWBAR : Bad manors (Crowbar's golden hits, volume 1)
Acquis chez Happy Cash à Dizy le 5 octobre 2024
Réf : PAS 6007 -- Édité par Paramount aux États-Unis en 1971
Support : 33 tours 30 cm
14 titres
Je passe régulièrement dans ce magasin Cash situé à quelques pas de ma ressourcerie locale. La plupart du temps pour rien, car les arrivages de lots de disques sont assez rares, même si, au fil des années, j'y ai trouvé une cinquantaine de CD neufs à 50 centimes, une des compilations reggae Tighten up et assez récemment un petit lot de 45 tours parmi lesquels il y avait le T.H.X. et le Fortunel.
Au bout du compte, depuis six mois que le rayon disques de la ressourcerie s'est presque entièrement tari, c'est au Cash que j'ai fait le plus d'affaires. Le mois dernier encore, j'y ai pris trois 45 tours, de Carl Douglas et George McCrae (pas leur tubes), ainsi qu'une réédition de Leader of the pack, avec une face B différente de mon original anglais. Alors que j'attendais à la caisse pour les payer, j'ai repéré une grosse pile de 33 tours posés sur le comptoir. Évidemment, j'ai beuqué les tranches des pochettes et j'ai noté qu'il y avait un bon paquet de daube, mais aussi des choses assez alléchantes comme un Chambers Brothers ou un Groundhogs.
J'ai donc demandé au vendeur quand les disques seraient mis en vente, en espérant qu'il me propose d'y jeter un œil de suite, mais il m'a répondu qu'ils seraient en rayon normalement dans l'après-midi.
J'ai fait preuve d'une assez remarquable force de caractère en n'y retournant pas le jour même, principalement parce que je craignais de faire le déplacement pour rien, mais le lendemain matin j'étais sur place dans l'heure qui a suivi l'ouverture.
Je croyais que le délai pour la mise en rayon se justifiait par l'évaluation et l'étiquetage individuel des disques, mais le vendeur aurait aussi bien pu me laisser les regarder immédiatement car il les a mis en rayon tels quels, mélangés dans les différents bacs.
Le prix des albums dans ce Cash varie entre 1 et 30 €, je ne savais donc pas trop à quoi m'attendre, mais au bout du compte la bonne nouvelle c'est que tous les disques étaient encore là et que, comme ils n'étaient pas étiquetés, ils étaient tous au prix de base, récemment abaissé à... 30 centimes !
Autant vous dire que j'ai pris mon temps pour examiner les disques un par un (il devait y en avoir peut-être 200) et rafler tous ceux qui présentaient le moindre intérêt, pour moi ou un pote. Je suis reparti avec plus de trente albums, dont trois Ventures, un Albert King, un Kris Kristofferson, un Steve Hillage, un Shadows, un Edgar Broughton Band...
Quasiment tous les disques que j'ai achetés sont tamponnés : ils viennent de la collection d'une même famille de la région. Ils datent pour la plupart des années 1970, répartis à peu près équitablement entre pressages français et américains, dont plusieurs ont un coin coupé, dans des genres qui couvrent le blues, le folk, la country, le rock et tout ce qui mélange un peu tout ça. Il y a des noms que je connaissais, et des choses à peu près inconnues pour moi, comme Earl Hooker, The Youngbloods, Heads Hands and Feet et Artful Dodger.
Rétrospectivement, je suis impressionné par le fait que les goûts de cette famille étaient aussi pointus. Pour une bonne partie, je pense que ces disques n'étaient pas disponibles chez les disquaires de la région, il fallait soit aller à Paris, soit les importer ou voyager pour les acheter. Et il y a une chose dont je suis sûr : tous ces disques que j'ai achetés ne constituent qu'une infime partie de la collection initiale, peut-être un "reste" vendu pour pas cher à Cash. Des gens qui avaient ces albums d'artistes inconnus ou quasi-inconnus chez nous avaient forcément plein d'autres disques. Je pense que les Stones, les Led Zeppelin, les Who, les Creedence etc. qu'ils avaient n'ont pas été perdus pour tout le monde.
Quand j'ai mis le disque sur la platine, je ne connaissais absolument rien de Crowbar.
L'album s'ouvre avec un instrumental bluesy, le premier de quatre Frenchman's filler (Bouche-trou du français, je dirais) qu'on trouve en début et en fin de chaque face. On enchaîne ensuite avec Too true Mama, un titre bien gras, assez rhythm and blues, avec des chœurs et des cuivres. J'étais assez convaincu à la fin de cette chanson pour me dire que j'allais chroniquer le disque et je me suis renseigné sur le groupe.
Il s'avère que Crowbar est un groupe fondé au Canada en 1970. Les gars avaient déjà un certain pédigrée car ils avaient pour la plupart précédemment accompagné Ronnie Hawkins sous le nom de And Many Others (leur seule trace discographique avec lui serait le single de 1968 Mary Jane). On n'est donc pas surpris d'entendre leur cocktail de rock, de boogie et de blues.
Le titre de l'album, Bad manors, est un jeu de mots sur "mauvaises manières" et sur le nom de la propriété où le groupe s'était installé en communauté, à Ancaster dans l'Ontario. Le sous-titre est trompeur : avec cette mention de "golden hits, volume 1", j'ai cru qu'il s'agissait d'une compilation, mais c'est bel et bien le deuxième album du groupe; le premier aussi en quelque sorte car Official music en 1970 créditait en premier le chanteur King Biscuit Boy, qui a quitté le groupe peu de temps après.
Et je ne dois pas être le seul par ici à ne jamais avoir entendu parler de Crowbar : un seul de leurs albums est sorti en France, un live de 1972.
La face A se poursuit sur un rythme d'enfer : une version survitaminée de Let the four winds blow de Fats Domino et trois autres reprises à la suite : House of blue lights, un boogie-woogie à double vitesse, Train keep rollin' et Baby let's play house, avec King Biscuit Boy en invité au yodel. La face se termine en beauté avec Oh what a feeling, le plus grand succès du groupe, presque un classique au Canada. Là, ça démarre carrément funky. Ça surprend, mais l'explication est simple : la chanson prend racine dans un medley de titres de James Brown que certains membres du groupe jouait sur scène dans une formation pre-Crowbar.
La face B continue dans la même veine, avec plus d'originaux, comme Murder in the first degree ou Mountain fire, avec son accompagnement de glou-glous. L'album se conclut joyeusement et religieusement avec Prince of peace, où Crowbar est notamment accompagné par la chorale de la bibliothèque publique de Terryberry. A la fin du disque, même dans son salon, on a l'impression de sentir la bière, le tabac et la sueur !
Au total, c'est un très bon disque dans son genre, que j'apprécie, même si je ne vais pas me mettre à écouter du boogie-blues à longueur de journées. C'est en tout cas une découverte bien représentative de ce beau lot de disques. Un lot comme j'aimerais en trouver plus souvent...!
Crowbar s'est séparé en 1975, mais s'est reformé dès 1977. Une version du groupe tournait encore en 2019.
Un reportage d'époque sur Crowbar à Bad Manors.
09 novembre 2024
TYPICAL COMBO : Pas couri
Acquis sur la braderie-brocante d'Ay le 27 octobre 2024
Réf : J.D. 116 -- Édité par Duli Disc en France en 1973
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Pas couri -/- Nous typical
Le temps était ensoleillé et très doux. On est arrivé sur place à presque 11h. A une heure aussi tardive, autant dire qu'il s'agissait avant tout de prendre l'air et que toute trouvaille serait un bonus inespéré. Et pourtant, c'est au final la brocante d'où j'ai ramené le plus de disques cette année : une douzaine, dont trois 78 tours, achetés sur quatre stands différents.
Au stand où j'ai fait mes meilleurs affaires, j'ai failli ne pas me baisser pour fouiller : j'ai repéré un carton de 45 tours de la taille d'une demi-boite à chaussures par terre, et je me suis dit qu'ils avaient l'air bien pourris. Je me trompais ! Ils n'étaient pas en si mauvais état que ça, et surtout il y en avait plusieurs d'intéressants. J'avais à peine commencé à les regarder que j'ai trouvé un disque d'une chanteuse africaine, Bella Bellow. J'ai demandé le prix au vendeur et il m'a donné une bonne réponse, 50 centimes ! J'ai repris ma quête et j'ai fini avec un éventail assez complet de mes goûts actuels : un James Brown années 60 que je n'avais pas; un Bee Gees de la même époque que j'ai cru ne pas avoir; un superbe EP live de 1964 de Jerry Lee Lewis avec deux reprises de Chuck Berry, malheureusement sans sa pochette; un quatre titres de Ricet-Barrier que je n'avais jamais vu; et enfin ce 45 tours de Typical Combo en parfait état.
Typical Combo, c'est un groupe dont Philippe R. me parle depuis des années, m'encourageant à écouter et chroniquer leur succès, l'excellent Makchiner. Je crois bien même que c'est même lui qui m'a offert mon exemplaire de ce disque. J'en ai quelques autres d'eux et de leur chanteur Georges Plonquitte, l'auteur notamment de la chanson Rosalie, bien connue de toute une génération grâce à Carlos et les pubs pour la boisson Oasis.
Je n'ai pas associé de lien à Typical Combo dans le paragraphe ci-dessus car figurez-vous que, même si ce groupe guadeloupéen fondé à la fin des années 1960 a eu un grand succès, notamment dans les années 1970, et une histoire compliquée sur des décennies avec divers schismes et factions, eh bien je n'ai trouvé nulle part en ligne une biographie ou une discographie sérieuse du groupe, même pas un embryon de page Wikipedia. Ce qu'on trouve, ce sont des éléments d'information liés aux annonces de décès de membres du groupe, comme le fondateur Harry Simonnet et Daniel Dimbas. C'est une nouvelle preuve du manque de considération générale que nous avons pour nos artistes antillais. Un groupe équivalent en métropole aurait des biographies détaillées, voire des sites qui lui seraient dédiés.
A la place, voici les lignes qu'Henri Debs a écrites à leur sujet dans son livre de 2011 Mémoires et vérités :
"Fondé par Harry Simonnet il y a environ 43 ans, cet orchestre a connu un vif succès à partir de 1970. Après un bal joué à la Mutualité de Pointe-à-Pitre, ils emballèrent le public. Les musiciens étaient : Harry et Christian Simonnet (sax) et Georges Simonnet (piano), Georges Plonquitte (chant), Philogène Astasie, Edgard Mahomet (trompette), Billy Avinel (batterie), Serge Yéyé (congas), Fred "Kapyo" Josué (percussions). Les années suivantes, ils enregistrèrent deux tubes dont "Makchiner" pour mon compte et "Bobiné" pour Jacky Dulice.
Au cours des années, l'orchestre se transforma. Georges Plonquitte quitta Typical pour monter son G.P. Orchestra, Daniel Dimbas prit la relève comme guitariste-chanteur ainsi que Jacques Rosmade au chant. Le nombre de bals joués par cet orchestre était très important. Après une trentaine d'années, les musiciens de la première génération quittèrent Simonnet. Ce fut la grande guerre, avec procès et bien d'autres problèmes. Typical Combo devint Typical Abidos, ce qui obligea Harry à faire appel à de nouveaux musiciens. Typical Abidos a fait fureur et à tous ses bals, les salles étaient combles. La bagarre s'installa entre Philogène Astasie et Yves Abidos. Astasie monta un nouveau groupe avec le nom Le Grand Typical.
Qui gagnera ce combat ? L'avenir nous le dira. Mais en attendant, bravo à Harry d'avoir fondé le premier Typical, et de l'avoir dirigé avec brio.
Aujourd'hui, le Grand Typical de Philogène Astasie semble l'emporter. Cela va-t-il durer ?"
Ce 45 tours date de la première période du groupe, bien avant les guerres intestines. Je pense que la formation en photo sur la pochette doit être proche de celle créditée sur leur album de 1974.
Selon un commentaire sur YouTube, ce disque aurait été enregistré à la discothèque La Plantation à Blanchet Gourbeyre, en Guadeloupe, en 1973. Les deux faces sont signées Plonquitte.
Pas couri est indiqué sur la rondelle comme étant dans le style cadence. Il y a un côté cubain très marqué dans le refrain, renforcé par ce qui sonne à mes oreilles comme des mots espagnols. La chanson décolle vraiment à partir de 2'30, avec une partie instrumentale et le chant "Faut pas courir, faut rester là".
Très bien, mais à première écoute j'ai préféré la face B, Nous Typical, pour son énergie. Là, il s'agit d'un campa direct sur un tempo rapide. On est proche du Désordre musical des Maxel's (le Typical Combo a aussi mis son propre Désordre musical), avec les cuivres et les autres instruments qui se répondent, et c'est sûr que ça devait bien chauffer dans les bals animés par le groupe.
On peut donc faire de bonnes affaires même en plein midi sur un vide-grenier, et ces trouvailles m'ont presque redonné le goût de les fréquenter. Mais, à quelques exceptions près, il va falloir maintenant attendre le printemps prochain.
03 novembre 2024
PIXIES : Velouria
Acquis neuf probablement à Reims en 1990
Réf : 30364 -- Édité par 4AD en France en 1990
Support : CD 12 cm
Titres : Velouria -- Make believe -- I've been waiting for you -- The thing
Je ne sais plus à quelle occasion c'était, mais j'ai récemment réécouté Velouria et je me suis dit que c'était quand même excellent. Un revirement pour moi car, j'ai beau avoir acheté fidèlement tous les disques des Pixies à partir de Surfer Rosa et jusqu'à leur séparation après Trompe le monde, j'ai toujours considéré que Monkey gone to heaven et Velouria étaient toutes les deux un ton en dessous de Gigantic ou Here comes your man et d'autres chansons de leurs albums pas sorties en single. Je pense aujourd'hui que j'avais tort, et ce single, avec ses quatre titres en 10'30, est un disque de haute tenue.
1990, ça correspond au moment où je suis passé au CD (j'ai dû acheter mon premier lecteur courant 1989). Jusque-là, j'avais tous les disques du groupe en vinyl. Je ne regrette pas ce changement, sauf pour la taille des pochettes (là, l'illustration a même été tournée d'un quart de tour pour gagner un peu en échelle). Par contre, je regrette par principe d'avoir revendu mes 33 tours de Come on pilgrim et Surfer rosa quand, vers cette époque, je les ai rachetés en doublon en CD.
Dès la guitare rythmique bien crade en intro (celle de Black Francis je suppose), avant que la rythmique solide arrive et que la guitare solo toujours aussi remarquable de Joey Santiago se lance, Velouria a un gros son, mais sur un tempo pas très rapide. Avec deux particularités remarquables, le thérémine du musicien de session invité Robert F. Brunner et le travail impressionnant que fait Kim Deal tout au long en deuxième voix.
La rime vocalement accentuée de "velouria" avec "adore ya" me fait toujours penser à celle un peu tirée par les cheveux de "Cleopatra" avec "at-ra" dans Abdul & Cleopatra. Le point de référence qu'apparemment personne n'a saisi, c'est Victoria des Kinks. Rien d'évident pour moi à l'écoute en-dehors bien sûr du "-ria", mais Frank Black lui-même s'en est étonné dans un entretien pour Q en 1990 : "Velouria : c'était Ma Victoria, pas mal, mais la chanson des Kinks... Je ne sais pas, ça doit être une bonne chanson pour que je m'en sois sorti". Il a confirmé son intérêt pour les Kinks en reprenant This is where I belong pour une face B en 1994.
Une version de Velouria a été enregistrée le 11 juin 1990 en session pour John Peel. Visiblement, Black Francis l'interprète seul à la guitare électrique.
Vu qu'il est question dans la chanson de velours ("Velouria", "Velveteen"), j'ai toujours eu naturellement tendance à associer Velouria avec la face B instrumentale du single suivant, Velvety. Mais les deux n'ont rien à voir : Velvety est une chanson que Black a écrite vers ses 15 ans et qu'il a fini par chanter en 2002 sur l'album Devil's workshop.
Make believe est un petit rock classique à la Pixies. C'est aussi une pochade chantée par le batteur David Lovering, qui fait référence à sa fanscination pour la chanteuse Debbie Gibson, dont la carrière fulgurante et assez fugace aux États-Unis a inspiré au moins une autre chanson, Debbie Gibson is pregnant with my two headed love child de feu Mojo Nixon et Skid Roper.
I've been waiting for you est une reprise, d'une chanson du premier album de Neil Young. Elle est pas mal, mais elle pâlit à côté de la version de Winterlong que le groupe avait publiée l'année précédente sur la compilation hommage The bridge : A tribute to Neil Young.
L'autre grand moment du disque avec Velouria, c'est The thing. C'est le titre que j'ai le plus écouté et diffusé depuis sa parution. C'est en fait la deuxième partie de la chanson The happening sur Bossa nova, mais elle est présentée ici dans un autre arrangement et en tant qu'entité indépendante. Elle raconte le trajet en voiture d'un gars qui se rend à Las Vegas, où l'atterrissage d'extras-terrestres a été annoncé dans l'émission de radio The Billy Goodman happening.
Le chant est "parlé" et la musique joue comme en boucle. Et, si mes oreilles ne me trompent pas, fait exceptionnel pour ce groupe, c'est un piano qui donne une partie du rythme ! Le tout est pour moi assez hypnotique.
Ce disque a beau avoir largement plus de trente ans, il tombe en pleine actualité : les Pixies viennent de sortir un nouvel album, The night the zombies came, tandis que Kim Deal s'apprête à sortir ce mois-ci un premier album sous son nom, Nobody loves you more.
Et sinon, je changerai peut-être d'avis d'ici quelques décennies, mais je trouve toujours Dig for fire et Alec Eiffel un ou deux crans en-dessous dans la discographie single des Pixies.
Pixies, Velouria, en direct en studio en 1990.
Pixies, Velouria, en concert à la Brixton Academy à Londres le 26 juin 1991.
Pixies, The happening, en concert à la Brixton Academy à Londres le 26 juin 1991.
26 octobre 2024
JOHNNY CASH AND THE TENNESSEE THREE : One piece at a time
Acquis chez Demelza Bookshop à Hythe le 15 octobre 2019
Réf : S CBS 4287 -- Édité par CBS en Angleterre en 1976
Support : 45 tours 17 cm
Titres : One piece at a time -/- Go on blues
L'autre jour, j'ai vu passer un article relatant l'arrestation de cinq personnes pour avoir volé des voitures dans les usines Stellantis pendant plusieurs années.
Ma réaction immédiate a été de me demander s'ils étaient inspirés de la chanson One piece at a time de Johnny Cash, qui raconte comment un ouvrier de General Motors aidé de ses potes s'est fabriqué une Cadillac maison en piquant des pièces à l'usine sur plus de vingt ans.
Ma deuxième réaction a été de me demander si cette excellente chanson rigolote (étonnant qu'Henri Salvador ne l'ait pas reprise) était sortie en single. La réponse est oui, puisque ce fut même l'ultime tube de Cash aux États-Unis, numéro 1 dans les classements country notamment. Et le plus drôle c'est qu'en faisant cette vérification j'ai découvert que j'avais le pressage anglais de ce 45 tours dans ma collection !
J'ai parfois ce genre de bonne surprise, tellement ma mémoire me joue des tours ! Là, il s'agit d'un disque acheté le même jour que l'album de Russ Henderson, dans un lot de quatre 45 tours de Cash en pochette générique (les autres sont Smokey factory blues, A thing called love et l'excellent 25 minutes to go).
Je me souvenais de cet achat, même si j'avais oublié le détail des titres. Je sais même pourquoi, avant de l'oublier, j'ai rangé ce disque sans le chroniquer en 2019 : c'est parce que je me suis déjà penché en 2005 sur les chansons drôles de Johnny Cash, par l'intermédiaire de la compilation Crazy country, sur laquelle on trouve notamment One piece at a time. J'avais voulu éviter une redite, mais la chronique originale remonte à 19 ans maintenant, et en plus c'était au tout début du blog, où je faisais beaucoup de chroniques très courtes, sans supplément audio ou vidéo. Là j'ai décidé de ressortir mon 45 tours, surtout que je suis tombé, caché dans des vidéos de versions live de la chanson, sur un petit film d'époque accéléré façon film muet, où l'on voit Johnny et June Carter faire les cons dans une Cadillac.
L'auteur de la chanson est Wayne Kemp. Un nom qui ne me disait rien, mais il a eu un certain succès comme interprète et il est l'auteur de chansons comme Next in line, ou I'm the only hell my Mama ever raised de Johnny Paycheck.
One piece at a time est une chanson entraînante, parfaite pour Johnny Cash, dans un style rock-country dépouillé qui a fait son succès. Les couplets sont chantés-parlés, le refrain est accrocheur, et surtout les paroles sont drôles.
L'idée de base est de sortir des pièces de voiture de l'usine, dans sa besace ou dans le camping-car d'un de ses potes, une par une chaque jour, quitte à ce que ça lui prenne jusqu'à la retraite pour avoir de quoi se construire une voiture complète.
Sauf qu'au moment de la monter, il se rend compte que les pièces des différents millésimes ne sont pas compatibles et ça donne au bout du compte une Cadillac "Psychobilly" des années 1949 à 1970 (ce serait là l'origine du nom du genre musical), qui est la risée de la ville et qui épuise le service des mines car le certificat d'immatriculation pèse 60 livres. Ca... c'est de la bagnole, comme disait Georgius !
Six mois avant le 45 tours, toujours en Angleterre, je m'étais procuré l'album One piece at a time. Un bon cru, pour lequel Cash a choisi de crédité son groupe The Tennessee Three (mais je n'ai pas trouvé le nom des musiciens sur la pochette...!). La raison est peut-être à trouver dans la production assez dépouillée, sans arrangement de cordes.
La face B du 45 tours, Go on blues, écrite par Cash, est l'une des bonnes chansons de l'album, avec aussi Sold out of flagpoles. On est dans la lignée de son classique I walk the line.
Cash en a enregistré une nouvelle version avec Rick Rubin pendant les sessions d'American recordings. La version a été écartée de l'album mais elle est sortie en face B du single Delia's gone.
Je vous laisse apprécier le talent d'acteurs de Johnny et June dans les vidéos ci-dessous et je retourne fouiller dans mes disques pour y chercher d'autres pépites oubliées.
Johnny Cash avec des fans qui lui ont offert une Cadillac façon One piece at a time.
Johnny Cash, One piece at at time, en concert à Las Vegas en 1979, avec inséré le petit film comique avec June Carter.
Johnny Cash, One piece at at time, en concert, avec également inséré le petit film comique avec June Carter.
Thèmes :
1970s,
country,
johnny cash,
vidéo,
vinyl
18 octobre 2024
FORTUNEL : Au balèti de mon quartier
Acquis chez Happy Cash à Dizy le 13 septembre 2024
Réf : N° 114 -- Édité par Astroson en France en 1960
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Au balèti de mon quartier (Au bal) -/- La polka des fadas
J'ai trouvé ce disque le même jour que le T.H.X.. Initialement, j'allais le laisser sans même le regarder : il n'y a qu'une pochette générique, en mauvais état, chiffonnée, avec un coin en moins là où l'humidité qui l'a tachée l'a le plus atteinte.
Mais même une pochette générique ça peut être intéressant. Là, ce qui a retenu mon attention c'est l'ensemble rond central/pochette, avec le logo spatial et le slogan Le disque Astroson "Séduit par le son".
Après, j'ai regardé le disque, et j'ai vu le mot "balèti" sur la face A, avant de le retourner pour découvrir que la face B s'intitule La polka des fadas. L'affaire était faite sans plus barguigner ! D'autant que, pour moi qui suis largement du nord de la Loire et qui ai très peu de culture provençale, j'ai vu là une double évocation de Massilia Sound System, avec son Commando fada et l'album promo de leur label Ragga balèti (l'article de Wikipedia pour Balèti précise même qu'ils ont contribué au retour en vogue de ce terme).
Il n'y pas beaucoup d'informations en ligne à propos d'Astroson. Vingt disques sont répertoriés à ce jour sur Discogs. Celui-ci n'y est pas, mais il y en a un que j'ai par ailleurs, un EP de rock and roll de Sammy Frank qui contient une adaptation en français de Baby I don't care d'Elvis Presley.
Astroson était visiblement l'une de ces maisons de disques touche à tout de la fin des années cinquante et du début des années soixante. Ils fonctionnaient par collection. Le Sammy Frank est dans la collection Princes de la chanson. Il y avait aussi une collection Internationale, une Collection de la Constellation, une Collection des Troubadours, mais ma préférée c'est la collection Vedettes et Camping qui a accueilli le Mademoiselle Rock and Roll d'André Fandrex !
Avant de me procurer les albums Opérette et Opérette volume 2 de Moussu T e lei Jovents (Un groupe qui comprend plusieurs ex-Massilia; je vous conseille pour découvrir C'est marseillais), qui contiennent des reprises de chansons des années 1930 et 1940, je ne connaissais rien du tout de l'opérette marseillaise. Mon 45 tours est plus tardif (la Bibliothèque Nationale de France, qui a numérisé son exemplaire, indique que le dépôt légal date de 1960), mais ce disque est strictement dans la même veine.
Je pensais trouver sur un site rétro ou local une biographie de Fortunel, le chanteur de ce disque. Eh bien, rien, nada ! Aucun disque de lui sur Discogs, et rien ailleurs.
On trouve un peu plus d'infos sur les autres personnes mentionnées sur les étiquettes : Gaston Jean, le chef d'orchestre, est crédité sur un bon paquet de disques. La Houppa et Christian Dupriez, qui co-signent la face A avec lui, ont aussi une fiche Discogs. Mais rien sur Gina Lore, la parolière de la face B.
On est tout de suite dans l'ambiance avec Au balèti de mon quartier, dont les premières paroles sont "A Marseille et à Toulon". La chanson est sans surprise vue la thématique, mais c'est une réussite des plus agréables.
La vraie perle du disque, c'est comme je l'espérais La polka des fadas. Ça commence assez sagement, mais le chanteur s'échauffe au fil des couplets au fur et à mesure que la folie gagne. On se retrouve quand même avec une belle-mère qui gigote dans son peignoir. La danse est contagieuse !
J'ai essayé de transcrire une bonne partie des paroles :
Sur la Canebière avec Tétin, l'autre jour nous faisions la causette
Lorsque d'un hôtel sortit soudain un jeune couple en maillot de bain
Aussitôt ils firent sensation dans cette tenue bien trop simplette
En dansant avec passion, ils ont fredonné cette chanson
C'est la polka des fadas, des fadas, des fadas
Cette danse est une vraie merveille que l'on a composée à Marseille
C'est la polka des fadas, des fadas, des fadas
... qu'on se réveille ... d'oublier tous ses tracas
Et patati et patata, vive l'amour et la musique
Et patati et patata, vive la polka des fadas
Ma belle-mère l'autre matin en se levant pour faire sa toilette
Est allée dans la salle de bain en bousculant tout sur son chemin
Quand elle est sortie fallait la voir, les deux yeux lui sortaient de la tête
Tout en gigotant dans son peignoir, elle a fredonné sans s'émouvoir
C'est la polka des fadas, des fadas, des fadas
Qui m'a redonné mon caractère, le regard câlin et la peau claire
C'est la polka des fadas, des fadas, des fadas
Qui a fait de votre belle-mère une poupée qui ... dans ses bras
Et patati et patata, vive l'amour et la musique
Et patati et patata, vive la polka des fadas
Pétalude le grand guérisseur ne fait plus de passes magnétiques
Pour vous faire passer vos douleurs, il emploie un truc qui est meilleur
A tous ses malades jeunes et vieux, il leur fait entendre une musique
Aussitôt ils se sentent bien mieux et en sautillant chantent joyeux
C'est la polka des fadas, des fadas, des fadas
Grâce à elle plus de sciatique, de torticolis et de colique
C'est la polka des fadas, des fadas, des fadas
C'est bien mieux que la bombe atomique pour vous guérir sans faire de dégâts
Et patati et patata, vive l'amour et la musique
Et patati et patata, vive la polka des fadas
...
Et voilà comment à partir d'un disque en sale état on se retrouve à danser comme un fada !
12 octobre 2024
PRETENDERS : Stop your sobbing
Acquis neuf à Châlons-sur-Marne en 1979
Réf : 2C 008 62718 -- Édité par Sire en France en 1979
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Stop your sobbing -/- The wait
J'ai regardé récemment le documentaire The Pretenders - Chrissie Hynde ou la vie en rock. Je n'ai pas appris grand chose, mais il y avait pas mal d'extraits d'archives intéressants.
De coup, je me suis demandé comment j'en étais venu, à 16 ans, à investir 11 francs dans ce premier 45 tours du groupe, à un moment où mon budget était très limité (l'étiquette est restée au dos, elle ne porte aucune autre indication que le prix, mais clairement ce n'est pas celle de Carrefour ni celle d'A la Clé de Sol, le plus probable est donc que j'ai acheté ce disque au Grand Bazar de la Marne ou chez Prisunic).
Je crois me souvenir que ce 45 tours des Pretenders a dû être chroniqué comme disque du mois dans Best et/ou Rock & Folk. Il devait y être fait mention du producteur Nick Lowe, et j'étais entré depuis quelques mois dans une intense phase Elvis Costello. Et puis, le disque a dû passer un peu en radio (rien à voir avec le raz-de-marée Brass in pocket l'année suivante, cependant) et surtout je pense que je n'ai pas raté la prestation du groupe dans l'émission Chorus en juin 1979.
En tout cas, une chose est sûre, ce n'est pas parce qu'il s'agit d'une reprise des Kinks que je me suis intéressé à Stop your sobbing. A l'époque, je ne connaissais à peu près rien aux Kinks, à part You really got me par Van Halen ou David Watts par The Jam, et il a fallu des années avant que j'écoute la version originale de 1964. Je crois même que je n'avais toujours pas écouté cette version originale en 2002 quand Jonathan Richman a publié sa version de cette chanson qui lui va comme un gant sur l'album hommage This is where I belong.
Débuter son parcours discographique par une reprise, ça sonne un peu comme une défaite. Ça n'a pas empêché Chrissie Hynde et les Pretenders de faire preuve de leur talent par la suite, mais comment en est-on arrivé là ? On a l'explication pages 180-182 du livre de Will Birch, Cruel to be kind : The life & music of Nick Lowe : Le groupe, qui n'avait pas encore de nom, a enregistré une démo de six titres le 12 août 1978, parmi lesquels Stop your sobbing et The wait. La formation était composée de Chrissie Hynde, Pete Farndon à la basse, Gerry Mackleduff à la batterie et James Honeyman-Scott à la guitare. Mais ce dernier hésitait encore à rejoindre le groupe pour de bon. Pour le convaincre, sachant qu'il était un grand fan de Nick Lowe, avec qui Chrissie était amie, Chrissie et Pete ont déposé la démo chez Nick, qui a notamment été emballé par Stop your sobbing, au point d'accepter de produire leur premier disque. C'est donc ainsi que le choix de la face A s'est fait. L'enregistrement du 45 tours a duré une journée, mais Nick s'est enregistré aux chœurs par la suite.
La version démo de 1978 était plus lente que la version de Stop your sobbing en face A du 45 tours des Pretenders. Tout en la musclant un peu, cette reprise rend parfaitement justice à la chanson des Kinks, publiée sur leur premier album Kinks, celui où on trouvait You really got me. C'est l'un des premiers exemples des grandes chansons que Ray Davies allait écrire au cours des années 1960, de Sunny afternoon à Waterloo sunset ou l'album The village green preservation society. Mon seul reproche concerne les paroles, qui manquent particulièrement d'empathie puisque le narrateur menace en quelque sorte son amour : "Tu n'as qu'une chose à faire si tu veux que je continue à t'aimer, il faut que tu arrête de chialer" !
On connaît la suite de l'histoire : Chrissie Hynde et Ray Davies ont eu une relation amoureuse au début des années 1980. Ils ont failli se marier en 1982 et ont eu une fille en 1983.
The Pretenders ont joué Stop your sobbing pour des millions de personnes pour Live Aid en 1985.
Avec Precious et Tatooed love boys, The wait fait partie des grandes chansons rock originales du premier album des Pretenders. La version Nick Lowe en face B du 45 tours est pour le coup assez proche de la version démo mais, contrairement à Stop your sobbing, qui a été inclus tel quel sur The Pretenders, The wait a été réenregistrée pour l'album dans une version produite par Chris Thomas.
La première phase des Pretenders s'est terminée en juin 1982, quand Pete Farndon a été viré du groupe et que James Honeyman-Scott est mort deux jours plus tard. Depuis, le groupe continue sous la houlette de Chrissie Hynde dans diverses incarnations. Un album, Relentless, est sorti l'an passé. Une tournée est en cours, mais malheureusement les deux concerts prévus à Lyon et Paris au début de ce mois d'octobre ont dû être annulés pour maladie.
The Pretenders, Stop your sobbing, mimé pour l'émission Kenny Everett Video Show diffusée le 19 mars 1979.
The Pretenders, Stop your sobbing, Tatooed love boys et Mystery achievement, en public au Théâtre de l'Empire en 1979, prestation diffusée dans l'émission Chorus du 24 juin 1979.
The Pretenders, Stop your sobbing, en concert à Londres le 4 mars 1980.
The Pretenders, The wait, en direct dans l'émission Alright now, en 1980.
The Pretenders, The wait, en concert au Capitol Theatre dans le New Jersey le 27 septembre 1980.
The Pretenders, The wait, en public dans l'émission Rockpalast du 17 juillet 1981.
05 octobre 2024
113 : Jackpotes 2000
Acquis par correspondance via Ebay en septembre 2024
Réf : CHR019/37000784002 2 -- Édité par Chronowax/Small en France en 2000
Support : 33 tours 30 cm
7 titres
Récemment, quelqu'un demandait sur Twitter, "Qui n'a pas encore fait son éloge du documentaire sur DJ Mehdi ?". Et ce matin-même, alors que je m'apprêtais à rejoindre le gros de la troupe avec cette chronique, Le Monde a publié un article entièrement dédié à l'analyse de la réaction des plus de 50 ans à ce documentaire ! Je me suis connu moins prévisible dans mes choix musicaux, mais ce n'est pas ça qui va m'empêcher de les assumer.
Je me souviens de l'annonce dans la presse de la mort de DJ Mehdi en 2011. Je m'étais fait la réflexion que je ne connaissais pas du tout ce producteur/metteur en sons qui venait de mourir accidentellement à 34 ans. Et les choses n'avaient pas évolué cet été quand est arrivée en ligne la série documentaire DJ Mehdi - Made in France. Ma première réaction quand j'ai fini par m'y intéresser, ce fut de m'étonner qu'on puisse remplir six épisodes sur le parcours de celui qui restait pour moi un inconnu. Et après chacun de ces épisodes, je me suis dit que je venais sûrement de voir la partie qui m'intéresserait le plus, mais à chaque fois la suivante réussissait à capter mon attention, avec de nouvelles collaborations, de nouvelles aventures, depuis les débuts à 12 ans à bricoler un sampler dans son HLM jusqu'au concert complet de son groupe Idéal J à l’Élysée Montmartre, puis le grand succès (double-disque de platine) avec l'album Les princes de la ville de 113 et les aventures électro avec la bande d'Ed Banger Records.
Quand j'ai commencé à chercher un disque lié à DJ Mehdi je me suis rendu compte que plein de gens étaient en train d'acheter ces disques après avoir vu le documentaire.
Et puis, il y a le cas particulier de l'album de 113. Autant j'ai suivi de très près par exemple IAM au moment de leur premier album, autant dix ans plus tard je m'intéressais tellement peu à l'actualité du hip hop français que je ne connaissais pas du tout ce groupe produit par DJ Mehdi qui, c'est l'un des grands moments du documentaire, a raflé deux Victoires de la Musique en 2000 (en partie grâce au vote du public), s'est pointé sur la scène du Zénith en Peugeot 504 et a fait se pincer le nez à une bonne partie du monde du spectacle présent dans la salle, qui a eu l'impression d'être envahi par la banlieue.
Je me serais bien acheté un CD de Les Princes de la Ville, qui contient deux chansons qui me plaisent énormément, Ouais gros (qui sample Kraftwerk, même si ce n'est pas aussi révolutionnaire que le docu le laisse entendre, puisque la fusion rap/Trans Europe Express ça remonte au moins à 1982 avec Planet rock d'Afrika Bambaattaa) et le tube Tonton du bled. Oui mais voilà, Tonton du bled contenait un sample non déclaré qui a valu au groupe un procès. C'est étonnant, mais ce n'était sûrement pas le seul échantillon non négocié sur l'album, ce qui explique pourquoi il n'a pas été réédité depuis. Et on se retrouve dans une situation paradoxale où un disque qui s'est vendu il y a 20 ans à 350 000 exemplaires vendus est devenu très rare et très cher sur le marché de l'occasion.
Pour ma part, comme à mon habitude, je me suis refusé à payer un prix "collector" et je ne suis pas mécontent d'avoir réussi à dénicher sur Ebay un exemplaire en état tout à fait correct de ce maxi extrait de l'album, pour la somme royale de 3,99 € port compris, alors qu'il m'en coûterait plus de 6 pour envoyer moi-même ce disque par la poste, et alors que ce disque s'est vendu quatre fois entre 44 et 59 € sur Discogs depuis la mi-septembre.
La chanson principale s'appelle Jackpotes 2000, parce qu'elle est parue à la veille de l'an 2000, et aussi sûrement pour la distinguer d'une première version, Jack-potes, sortie en 1998 sur le mini-album Ni barreaux ni barrières ni frontières. J'aime assez bien le sample principal d'un titre de Rene and Angela. La chanson raconte une soirée en boîte et en ça on ne peut que la rapprocher de l'immense tube d'IAM Je danse le mia.
Comme pour les maxis de rap américains, on a droit aussi à l'instrumental et à l'a'cappella.
Les deux titres de la face B ne figurent pas sur l'édition originale de l'album de 1999. Ils ont été ajoutés en bonus sur une deuxième édition parue en 2000.
Tonton d'Afrique vient compléter une série débutée sur l'album avec Tonton du bled et Tonton des îles. Ce n'est pas DJ Medhi qui a réalisé la piste instrumentale ni produit ce titre, mais Clément Chassaing/Curtis. Entre la basse, le sample de Sékouka Bambino Diabaté, le rap et les chœurs, c'est excellent.
Pour On l'a pas mérité, l'un des samples est de Bobbi Humphrey (connais pas, comme pour les précédents), mais les éléments les plus intéressants, dont la basse énorme, n'en proviennent pas. Les rappers de 113 y reviennent sur leur parcours. C'est peut-être bien mon titre préféré des trois.
Vous n'aviez sûrement pas besoin de moi pour vous décider, mais j'imagine que si ce n'était pas déjà fait vous allez peut-être maintenant aller voir DJ Mehdi - Made in France.
Le prince de la ville, le quatrième épisode de la série documentaire de Thibaut de Longeville DJ Mehdi - Made in France. Les six épisodes sont disponibles ici.
29 septembre 2024
T.H.X. : Telstar
Acquis chez Happy Cash à Dizy le 13 septembre 2024
Réf : COB 47008 -- Édité par Cobra en France en 1978
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Telstar -/- Rhizosphère suite
Ces temps-ci, la ressourcerie ne reçoit presque plus de disques en don. Il reste la même trentaine de 45 tours depuis plusieurs semaines (il y en avait plusieurs centaines il y a encore quelques mois), parfois il n'y a même plus de 33 tours et le rayon CD a été réduit au moins des deux tiers et ne se renouvelle presque plus.
Heureusement, le Cash à côté met de temps en temps en vente des lots de 45 tours à 30 centimes. La fois précédente c'était en mai. Là, ils avaient surtout l'air d'être de variétés et pas en super état, mais au final je suis reparti avec une dizaine de disques, dont un Gainsbourg, Lady Heroine, que je n'avais pas, Ali be good de Topaloff aussi, et celui-ci.
Je ne connaissais pas ce disque. Si je l'ai sorti du rayon pour l'examiner de plus près, c'est bien sûr parce que je me demandais si le Telstar en question était bien une reprise du tube des Tornados, sommet des productions de Joe Meek. J'ai noté au passage que ce disque est édité par Cobra, label éclectique qui a notamment accueilli Métal Urbain et Castelhemis. J'ai eu confirmation par le rond central qu'on avait bien affaire à une reprise du tube de 1962, et en retournant le disque, j'ai eu la grande surprise de découvrir que la face B est créditée à "R. Pinhas - F. Auger". Autrement dit, je venais de trouver un disque lié à Heldon !
Heldon et Richard Pinhas, ce n'est pas particulièrement ma tasse de thé. Je me souviens des publicités dans la presse en 1979/80 pour Stand by et East/West. J'ai acheté plusieurs albums d'occasion un jour dans les années 1980, parce qu'ils étaient pas chers, certains avec des pochettes marquantes. Je ne l'ai pas écouté récemment, mais j'avais apprécié à ce moment-là le premier album, Electronique guerilla. Mais depuis, je n'ai suivi les activités de Richard Pinhas que par le biais de ces collaborations régulières avec Pascal Comelade.
Quelqu'un indique en commentaire sur Bide & Musique que l'enregistrement de cette reprise est une réponse au label qui réclamait un single plus commercial. En tout cas, le disque enregistré avec le batteur d'Heldon François Auger a été sorti prudemment sous le pseudonyme T.H.X. (il n'y a pas eu d'autre sortie sous ce nom). Il semble clair à l'écoute de Telstar que cette version synthétique n'existerait pas si Jean-Michel Jarre n'avait pas eu un tel succès avec Oxygène.
En face B, Rhizosphère suite reste accessible, avec pas mal de zigouigouis au synthé. C'est sauf erreur de ma part la troisième version publiée de cette composition, après Rhizosphère et Rhizosphère sequent en 1977 sur le premier album de Richard Pinhas sous son nom, Rhizosphère. La version Suite est assez logiquement plus proche de la version Sequent que de l'autre, qui dure 17 minutes. Cette version, comme la face A, a été enregistrée en février 1978 au studio Davout. Les deux faces du 45 tours ont été incluses en 2006 sur la compilation Singles collection 1972-1980 (mais attention, sur Bandcamp la compilation s'appelle Singles collection 1972-1981, comporte moins de titres, et par erreur la Suite y est titrée Sequent !).
Un 45 tours d'Heldon/Richard Pinhas chez Cash, je ne l'avais pas vue venir celle-là ! Si seulement je pouvais faire quelques autres trouvailles de cet acabit d'ici la fin de l'année...
21 septembre 2024
PIERRE MALAR : Boléro flamenco
Acquis sur le vide-grenier de Sarry le 8 septembre 2024
Réf : 282.047 -- Édité par Odéon en France en 1949
Support : 78 tours 25 cm
Titres : Boléro flamenco -/- Sérénade argentine
Ces temps-ci, je repars bredouille des brocantes plus d'une fois sur deux. Et quand ce n'est pas le cas, ce n'est pas pour autant que j'y trouve des disques intéressants en nombre. La plupart du temps, c'est juste un ou deux disques "de consolation".
A Sarry, par un beau temps frais, j'ai commencé par assurer le minimum en voyant à l'avant d'un carton de 33 tours à 3 € (j'ai ignoré les autres cartons à 5, 10 et 15 €) le troisième album de George Thorogood and the Destroyers. Je l'ai pris de bon cœur, d'autant que je ne le connaissais pas du tout.
Pas grand chose sur les autres stands. J'ai examiné une première petite pile de 78 tours sur une table, sans succès. Puis une deuxième un peu plus tard, avec quelques disques de chansons, dont deux des Soeurs Etienne, que j'ai pris. Je suis déjà tombé sur des disques de Pierre Malar, j'en ai même déjà un, mais là, quand j'ai eu en mains celui-ci, il m'a fallu un instant quand j'ai vu inscrit Sérénade argentine sur la rondelle pour réaliser que je venais de boucler une quête entamée il y a des années : trouver la version originale de Si vous passez par là.
J'ai déjà raconté cette histoire ici en deux étapes, en 2006 avec la chronique de Si vous passez par là de 3 Mustaphas 3, disque acheté en 1986 qui m'a fait découvrir cette chanson, puis en 2015 avec un autre 78 tours, une version instrumentale à l'accordéon de Sérénade argentine par Tony Murena.
Je me suis demandé quel pouvait être l'original de la reprise des Mustaphas dès 1986. Il m'aura fallu 29 ans pour avoir les références de ce titre (Sérénade argentine par Pierre Malar, donc) et 9 ans de plus pour l'acquérir.
Je vais essayer de profiter de l'occasion de ce nouvel achat pour tenter de retracer, peut-être une bonne fois pour toute, l'historique de cette chanson, connue sous les titres Amparito, Sérénade argentine et Si vous passez par là.
Les auteurs
Ce serait presque le plus simple, s'il n'y avait pas des pseudonymes dans tous les sens.
Ils sont trois.
Pueca signe la musique.
C'est le pseudonyme de quelqu'un appelé Puech, mais qui ? Par le passé, j'avais repris des informations signalant qu'il s'agissait d'Yves Puech, dont l'un des pseudonymes serait Enrico Cueca. La BnF donne cette information. Mais Discogs indique plutôt un certain Henri Puech et la BnFne fait pas de lien entre la fiche de Pueca et les fiches des deux Puech, tout en donnant la même année de décès, 1951, pour Henri et pour Pueca. Et les deux Puech ont des titres au catalogue des Editions Universelles, l'éditeur de la chanson qui nous intéresse.
Alors je ne me prononcerai pas aujourd'hui. D'ici à ce qu'on apprenne qu'Yves et Henri sont une seule et même personne, ou qu'ils étaient deux frères qui utilisaient le pseudonyme Pueca il n'y a pas loin...!
J. Teruel signe les paroles espagnoles sous le titre Amparito. C'est un pseudonyme de José Sentis (1888-1983). Né en Espagne et installé en France, il aurait contribué à l'introduction du tango dans notre pays.
Max François signe les paroles françaises sous le titre Sérénade argentine. C'est le pseudonyme de Max Raio de San Lazaro (1914-1995). Il est notamment le co-auteur des paroles de Si toi aussi tu m'abandonnes, du film Le train sifflera trois fois.
Tous les auteurs et le label étant basés en France, je ne m'explique toujours pas pourquoi, sur une partition d'époque, il est fait mention d'une maison d'édition A. Teruel à La Havane à Cuba. La seule explication que je vois, c'est que ce serait bidon pour faire authentiquement afro-cubain, mais ça parait vraiment tordu.
Les versions de la chanson
Sur le site Musée SACEM, on trouve une partition Ⓒ 1948 tirée d'un recueil postérieur. Sous le titre Sérénade argentine (Amparito), on y trouve à la fois les paroles françaises et espagnoles. C'est la seule trace concrète que j'ai trouvée d'Amparito. Autant que je sache, aucun enregistrement de ces paroles n'a été publié. Et les paroles françaises ne sont visiblement pas une traduction de l'espagnol.
En 1949, Pierre Malar crée la chanson sur disque chez Odéon.
Assez vite, deux versions chantées par des femmes sont publiées, celle de Jacques Hélian et son Orchestre et celle de Rina Ketty.
A la même époque, plusieurs versions instrumentales sortent, à l'accordéon surtout, par Tony Muréna, donc, mais aussi Edouard Duleu et René Sudre. Mais ma préférence irait presque à celle au piano d'Emil Stern, accompagné par les Careno Cuban Boys, qui devaient être aussi cubains que moi !
Vers 1966, sort Si vous passez par là par l'Orchestre O.K. Jazz de Franco. C'est là que le titre alternatif apparaît. Cette version, chantée à deux voix, est fortement ralentie et épurée. C'est un chef d’œuvre.
En 1986, sort donc la version de 3 Mustaphas 3 de Si vous passez par là, clairement basée sur celle d'O.K. Jazz, pas seulement pour le titre, et excellente également.
Je vous déconseille de cliquer sur ce lien pour écouter une version instrumentale très tardive par André Verchuren !
Pierre Malar
Pierre Malar est né il y a 100 ans à huit jours près, le 29 septembre 1924 à Montréjeau en Haute-Garonne, sous le nom de Louis Azum. On l'a vu avec les auteurs de la chanson, la musique et les pseudonymes hispanisants étaient en vogue à l'époque. Mais ce n'était pas qu'une question de mode pour Pierre Malar, puisque sa mère était d'origine espagnole et son père, tiens tiens, était né en Argentine.
Présenté à Piaf lors d'une émission de radio à Toulouse, il monte à Paris à son invitation et fait ses débuts au Théâtre de l’Étoile en février 1945. Sérénade argentine est l'un de ses plus grands succès. Sa carrière de chanteur décline à partir de la fin des années 1950 et il se reconvertit avec succès en 1968 comme professeur de chant. Il est mort à 89 ans le 13 décembre 2013.
Ce qui m'a surpris initialement dans la version de Sérénade argentine de Pierre Malar, c'est sa voix placée assez haut, celle d'un chanteur de charme un peu à la Tino Rossi. L'accompagnement d'orchestre de Jean Faustin, avec beaucoup de cordes, est moins "typique" que pour certaines des reprises. Pour les paroles, comme pour toutes les versions, il y a toujours quelque chose qui me gêne : dans un premier temps, le narrateur se lamente, "Pourtant je suis parti", avant d'expliquer à la fin "que j'attends son retour". A chaque fois je me dis que si c'est lui qui est parti, c'est peut-être plutôt à lui de revenir.
Même si ce fût le succès du disque, Sérénade argentine n'en est que la face B. Le titre principal, Boléro flamenco, s'annonce cette fois doublement hispanisant, boléro comme la Sérénade, et flamenco en plus. On est strictement dans la même veine, musicalement et thématiquement ("Puis elle est partie à son tour, alors loin d'elle tout mon ciel est devenu lourd, la vie cruelle, sans espoir j'attends son retour et je l'appelle, car sans ma belle, mon cœur meurt d'amour").
Ce coup-ci je pense avoir fait le tour du sujet Sérénade argentine, à un ou deux questionnements près. Je ne compte plus y revenir, sauf peut-être dans neuf ans, pour garder le rythme, si je réussis d'ici là à me procurer un exemplaire en 45 tours de Si vous passez par là par O.K. Jazz.
14 septembre 2024
DAOUDA : Gbakas
Acquis par correspondance via Ebay en septembre 2024
Réf : MOY.451 -- Édité par Moya en France en 1976
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Gbaka -/- Lola
Parmi toutes les chaînes accessibles sur la box télé de mon fournisseur internet, il n'y en a guère que deux susceptibles de m'intéresser, BBC News et Melody d'Afrique, un robinet à musique nostalgique entièrement dédié à la musique africaine des années 1960 à 1990.
L'autre jour, en allumant l'appareil resté réglé sur Melody d'Afrique la fois précédente, j'ai entendu quelques notes de musique qui m'ont tout de suite accroché l'oreille. Je me suis donc mis à regarder l'émission et j'ai passé un excellent moment.
J'ai vite compris que l'artiste s'appelle Daouda. Dans cette émission Pour une fête, enregistrée en public en 1986, il interprétait à la guitare acoustique ses plus grands succès, avec des paroles principalement en français, accompagné uniquement par un percussionniste au jeu léger et inventif. Ce style de "chanson africaine", douce et acoustique, m'a instantanément fait penser à G.G. Vikey, et je suis loin d'être le premier à faire ce rapprochement.
Après l'émission, j'ai voulu en savoir plus sur Daouda, et surtout j'ai cherché à commander un disque pour pouvoir en parler ici. J'en ai trouvé un assez vite, en bon état et pas cher, même avec le port. Ce n'est qu'après l'avoir reçu que j'ai su qu'il s'agit en fait du premier disque publié par Daouda, dont il avait joué les deux faces lors de l'émission.
Tout dans ce 45 tours indique que c'est une édition "française" : il y a le tampon SACEM, l'imprimeur est français. Mais comme souvent avec les disques d'Afrique ou des Antilles, je suis à peu près persuadé que l'essentiel du tirage a été distribué hors de l'hexagone, en Côte d'Ivoire dans ce cas précis. L'enregistrement, lui, s'est fait au Nigeria avec un orchestre de Lagos.
Daouda Koné est né en 1951. On l'a surnommé "Le sentimental" d'après le titre de l'un de ses succès. Parmi ses autres titres de référence, on trouve La femme de mon patron, Le villageois, Le margouillat et Match nul. Contrôleur technique à la Radio Télévision Ivoirienne, sa carrière a été lancée quand ses collègues qui l'entendaient souvent chanter ont alerté les animateurs de la station. C'est le directeur des programmes Georges T. Benson, un grand nom de l'audiovisuel ivoirien, qui l'a mis à l'antenne et lui a proposé d'enregistrer ce premier 45 tours.
Comme l'explique Soro Solo chez #AuxSons, Gbaka est une chanson d'actualité. Les gbakas (ainsi nommés en raison du bruit qu'il font en brinquebalant) sont les minibus privés et pirates qui assurent une bonne partie des transports en commun à Abidjan, dont la SOTRA, Société des Transports Abidjanais, est censée avoir l'exclusivité. L'insécurité routière étant forte, le ministère des transports a publié en 1976 une proposition de loi pour interdire les transports informels, pourtant très utiles à la population, dont Daouda, qui en a fait une chanson/tranche de vie qui met en scène un trajet en gbaka. La popularité de la chanson a alimenté la contestation contre cette mesure. Au bout du compte, la présidence l'a suspendue et les gbakas ont simplement été soumis à un contrôle technique.
La pochette est très réussie. On note que le gbaka est nommé "Petit SOTRA", en référence à la SOTRA officielle, et qu'il vient de Blokosso, un village de la commune de Cocody, celle dont Daouda est originaire; ça ne peut pas être un hasard.
Le dessin est signé G. Ferrant, qui a fait au moins une autre pochette, celle d'un album du Conjunto Estrellas Africanas. Il s'agit en fait de Gilles Ferrant, qui s'y connaît en dessin de transport puisqu'il est l'auteur en 1971 de la première série non-publicitaire publiée en Cote d'Ivoire, Yapi, Yapo et Pipo, dont l'un des héros, Yapi, est chauffeur de taxi.
Ce n'est pas la première fois que ça m'arrive (la fois précédente c'était avec les Chambers Brothers je crois) : il m'a fallu un bon moment pour me rendre compte que les versions des chansons qui sont en ligne, même quand elles reprennent la pochette en illustration, ne sont pas celles de mon 45 tours. Je les ai donc numérisées pour que vous puissiez faire la différence.
Sur le 45 tours, l'Orchestre Melodia est une formation électrique. Gbaka dure 5'15, sur un tempo assez lent, avec des arrangements délicats. Il y a des chœurs et, à partir de 2'45, une partie instrumentale à la guitare de plus d'une minute.
Daouda a enregistré plusieurs autres version de Gbaka. La plus courante en ligne est celle qui dure 4'45, qui doit être tirée de l'album Le sentimental de 1978 et reprise sur la compilation Le margouillat. Elle est plus acoustique et sans chœurs.
Il y a aussi une version sur un album en 1986 et une autre en 2009 sur un album qui a connu deux éditions, La misère et la mer et C'est pas ma faute.
Pour la face B, Lola, une autre excellente chanson, dont je n'ai trouvé que deux versions. Je ne veux pas dire de bêtises, mais celle du 45 tours sonne un peu rumba congolaise à mes oreilles. Et là encore, celle de 1978 et de Le Margouillat fait trente secondes de moins et est plus dépouillée et acoustique.
Au final, vous vous en doutez, je ne regrette pas du tout d'avoir allumé la télé ce soir-là !
A écouter :
Daouda : Gbaka
Daouda : Lola
Daouda et son orchestre interprètent Gbaka en direct dans une émission de la RTI vers 1977-78. Une excellente version, dans la veine de celle du 45 tours.
Daouda, Le sentimental, bande annonce de l'émission Pour une fête, rediffusée par Melody d'Afrique.
Survol du parcours de Daouda en trois minutes de morceaux choisis, dont des extraits de l'émission Pour une fête.
Emission spéciale Daouda de C'Midi du 15 février 2019. Il y raconte notamment ses débuts et fait une explication de texte de certaines paroles de Gbaka.
07 septembre 2024
NME's BIG FOUR
Acquis probablement d'occasion à Londres en 1986
Réf : GIV 3 -- Édité par NME en Angleterre en 1986 -- Given free with NME Feb '86 -- Not for sale
Support : 33 tours 17 cm
Titres : TOM WAITS : Downtown train (NME version) -- THE JESUS & MARY CHAIN : Some candy talking -/- HUSKER DÜ : Ticket to ride -- TROUBLE FUNK : Let's get small
J'ai lu plusieurs articles sur Tom Waits ces derniers temps dans Mojo/Uncut suite à la réédition de ses albums chez Island. Du coup, j'avais ressorti son 45 tours Downtown train pour éventuellement le chroniquer, vu que le cas In the neighborhood a déjà été abordé en 2008.
Par ailleurs, on parle aussi pas mal de The Jesus and Mary Chain, avec un nouvel album il y a quelques mois et un livre autobiographique, Never understood, qui vient de paraître.
C'est alors que j'ai repensé à ce 45 tours diffusé par le NME avec son numéro du 1er février 1986. Il y a toujours eu à boire et à manger avec les enregistrements offerts par des journaux et magazines (45 tours, parfois souples, cassettes ou CD selon les époques). Mais là, comme avec le Sounds waves 3 qui contenait deux inédits des Pixies, on est dans le haut du panier.
A l'époque, c'était la croix et la bannière pour récupérer à Reims ces "cadeaux" des hebdos anglais. Déjà, les magazines arrivaient de façon aléatoire. Plus d'une fois, j'ai fait la demi-heure de marche aller-retour à pied depuis chez moi pour rien car ils n'avaient pas été livrés. Et ensuite, quand il y avait un disque, c'était la loterie. Parfois le disque était bien là et en bon état. Parfois, il avait disparu en route et il ne restait que la trace du scotch. Souvent, il n'y avait rien, sauf une mention expliquant que le disque pouvait ne pas être disponible dans certains territoires pour des questions de droits.
Celui-ci, je pensais bien l'avoir eu comme d'autres chez Guerlin-Martin à Reims, mais en retrouvant les quelques pages du magazine que j'ai conservées, j'ai su que ce n'était pas le cas.
En effet, voici la couverture du NME en question trouvée chez Discogs :
Or, pour mon exemplaire, l'illustration est pleine page, le titre Ten years on est en gros et toute la partie de gauche sur le "Free E.P." est absente. Ça signifie qu'il y eu une couverture spéciale pour l'Europe continentale et que le 45 tours n'y a pas été diffusé. J'en déduis que je l'ai acheté par la suite lors d'un séjour à Londres : ces 45 tours étaient diffusés à tant de milliers d'exemplaires qu'on les trouvait généralement d'occasion facilement et pour pas cher.
Au fil des années, j'ai viré à peu près tous mes hebdos anglais, après y avoir découpé ce qui, sur le moment pouvait m'intéresser. Je n'ai gardé que 3 ou 4 numéros entiers, et quelques dizaines d'articles pleine page. Quand j'ai revu la couverture, ça m'a rappelé des souvenirs et je me suis dit que j'avais peut-être conservé ce numéro précis pour l'article sur Mary Chain qu'il devait contenir. En fait, c'est pour une autre raison que je l'ai gardé : c'est précisément dans ce numéro que j'ai eu mon millionième de seconde de gloire : dans les NME charts, c'est ma sélection du moment que j'avais envoyée qui a été publiée dans le Dancefloor 20 ! :
C'est une sélection dont je ne suis pas mécontent encore aujourd'hui. On voit bien que j'ai tenté d'y placer un maximum de mes obsessions musicales, celles du moment et celles sur un plus long terme. Avec le recul, le seul choix qui me laisse perplexe c'est celui d'Imperial bedroom d'Elvis Costello. Certes, comme il s'agit de chansons individuelles plutôt que de disques, c'est à la face B du single Party party que je pensais, pas à l'album. Je l'aime bien et je la chante souvent, mais je m'étonne de ne pas avoir sélectionné un de ses nombreux autres titres qui me tiennent plus à cœur.
J'étais dans le ton avec ma liste où figurent Tom Waits et The Jesus and Mary Chain, puisqu'ils venaient justement, selon les journalistes du NME, de produire dans cet ordre les deux meilleurs albums de 1985 avec Rain dogs et Psychocandy. C'est sûrement pour cette raison qu'on les retrouve en face A de ce disque.
A l'époque, quand on parlait des guitaristes invités sur Rain dogs, j'ai surtout retenu les noms de Keith Richards et Marc Ribot. Mais parmi ce beau monde il y avait aussi Chris Spedding, sur un titre, et Robert Quine, des Voidoids et de Lou Reed, sur deux chansons, dont Downtown train.
Downntown train sonne un peu à part, sur l'album, un peu plus "normale" que certains autres titres. Ce n'est pas un hasard si, à mes oreilles, elle sonne très Springsteenienne et si Rod Stewart en a fait un tube en 1990 (une version que je ne vous conseille pas particulièrement !). C'est le résultat de la volonté de Tom Waits, qui a fait appel à des musiciens différents pour cette session, notamment Tony Levin, un ancien de King Crimson et Peter Gabriel. L'autre guitariste est G.E. Smith, qui a notamment beaucoup joué avec Hall & Oates. Ce ne sont pas des références qu'on associerait d'emblée à Tom Waits !
La prise de cette version NME de Downtown train est différente de celle de l'album. Les variations ne sautent pas aux oreilles lors d'une écoute distraite, mais les écarts sont bien là, surtout dans la guitare et l'orgue. Je les différencie notamment avec la guitare vers 3'35, qui ne joue pas la même chose dans les deux cas.
En Angleterre, cette version NME n'est pas restée "exclusive", puisque c'est elle qui a été choisie comme face A du single en Angleterre, où il est bien précisé sur le rond central que la version est différente de celle de l'album. Mais ce n'est pas la cas partout : mon 45 tours français a la même pochette et la même face B, mais la face A est celle de l'album...
Parmi tout le catalogue de mon label de disques virtuels, une des références dont je suis le plus content est la compilation de Tom Waits Trained Gods, pour la sélection elle-même, mais aussi pour le titre et la pochette.
A l'entame de 1986, The Jesus and Mary Chain avait sorti quatre singles, dont trois figuraient sur leur premier album, qui a marqué les esprits à sa sortie à l'automne 1985. Avec cet album, et avec une Peel session entièrement acoustique en octobre, ils avaient amplement démontré qu'on ne pourrait pas longtemps réduire leur talent au bruit et à la furie. Il y avait deux chansons inédites sur quatre pour cette session, dont Some candy talking.
Cette excellente chanson n'était donc pas complètement inconnue des fans quand elle est arrivée sur ce 45 tours, mais cette version NME est le premier titre studio publié par le groupe après l'album et aussi la première version officielle de cette chanson qui, six mois plus tard, serait publiée en titre principal d'un EP, avant d'être incluse en bonus des éditions CD de Psychocandy.
Les deux versions sont différentes l'une de l'autre : musicalement, et aussi par le chant. Je ne l'aurais pas repéré par moi-même, mais c'est William plutôt que Jim qui fait la voix principale sur la version NME. Celle-ci est restée longtemps exclusive à ce 45 tours. Elle n'a été rééditée que sur la version Deluxe de Darklands, que je regrette de ne pas avoir achetée à sa sortie en 2011 car son prix s'est envolé depuis.
La face B est moins exceptionnelle, mais reste très intéressante.
Elle s'ouvre avec Husker Dü, qui s'attaque au bon vieux Ticket to ride des Beatles (par ailleurs, ils ont aussi fait un sort au Eight miles high des Byrds). De ce que je vois, cette version studio est restée inédite par ailleurs. Par contre, on trouve en ligne une version en concert à Londres en 1985 (diffusée notamment sur l'émission Décibels de FR3 en 1986), qui nous permet de constater que c'est le batteur Grant Hart qui en assure le chant principal.
Le dernier titre du disque Let's get small, est une version en concert de 1983 d'un single de 1982 de Trouble Funk. Je ne suis généralement pas un grand fan de Go-Go music, mais là c'est entraînant, et surtout, ce son électro-funk semble bien en avance sur son temps. Une bonne façon de boucler un excellent petit disque en remuant son popotin !
Husker Dü, Ticket to ride, en concert au Camden Palace de Londres le 14 mai 1985.
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